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Mémoire présenté en vue de l’obtention du

DIPLOME D’EXPERTISE COMPTABLE

Session de mai 2017

LA TRANSFORMATION DES BANQUES CLASSIQUES EN

BANQUES ISLAMIQUES : MISSIONS ET RÔLE DE

L’EXPERT-COMPTABLE

EL OUNI Zouhaier

Route de Kalaa Sghira N° 169

Mai 2017 SOUSSE / TUNISIE


TABLE DES MATIERES

Table des matières…………………………………………………………….……. 1

Liste des abréviations………………………………………………………..…….. 6

Liste des figures………………………………………………………...…………. 7

Liste des tableaux……………………………………………………………….…. 8

Note à l’attention du jury…………………………………………………………... 10

Note de synthèse…………………………………………………………………… 12

Introduction générale ……………………………………………….…………….. 14

PARTIE 1 : ÉTUDE DE FAISABILITÉ…………………………………… 16

Chapitre 1 : Étude préalable……………………………………………………. 18

Section 1 : Analyse des options possibles……………………………………….. 18

§1.La transformation totale………………………………………………………… 18

a) Concept de la transformation totale…………………………………………….. 18

b) Présentation de quelques expériences…………………………………………… 19

§2. La transformation partielle…………………………………………………….. 19

a) Les fenêtres islamiques………………………………………………………. 19

b) Les filiales islamiques…………………………………………………………… 19

Section 2 : Contraintes de mise en place des produits islamiques……………. 20

§1.Les difficultés opérationnelles………………………………………………….. 20

a)Le manque de personnel qualifié………………………………………………… 20

b) L’inadaptabilité de l’adoption de la réglementation prudentielle, de contrôle et


d’audit international au système bancaire islamique……………………………….
20

c) Le manque de transparence de l’information divulguée………………………... 21

§2. Les difficultés juridiques et comptables………………………………………... 21

a) Le principe de la prééminence de la substance sur la forme…………………….. 21

b)Les normes comptables internationales (IAS/IFRS) inadaptées…………………. 22

1
Section 3 : Étude des conditions à remplir………………………………………. 25

§1. Règles spécifiques régissant l’activité………………………………………... 25

a) Les principes négatifs……………………………………………………………. 26

b) Les principes positifs……………………………………………………………. 26

§2.Règles juridiques régissant les contrats………………………………………... 26

a) Contrat du financement Mourabaha…………………………………………….. 27

b) Contrat du financement Moudharaba………………………………………….. 29

c) Contrat Ijara…………………………………………………………………….. 31

d) Contrat Musharaka…………………………………………………………….. 33

Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut……………….. 36

Section 1 :Les modifications du système comptable……………………………. 36

§1. Les modifications au niveau des règles comptables spécifiques………………. 36

§2. Les modifications au niveau des traitements comptables spécifique…………... 38

a) Contrat de financement Mourabaha……………………………………………... 38

b) Contrat Ijara……………………………………………………………………... 42

c) Contrat de financement Moudharaba……………………………………………………. 44

d) Contrat de Musharaka…………………………………………………………………… 48

e) Traitement comptable des Sukuks………………………………………………………. 50

Section 2 : Les modifications au niveau de répartition des profits…………... 52

§1. Détermination de la politique de répartition du profit…………………………. 52

§2. Modalité de détermination des profits à distribuer……………………………. 53

Section 3 : Les effets organisationnels de la transformation………………….. 53

§1. Incidence sur la gouvernance de la banque……………………………………. 54

§2. Incidence sur le contrôle interne……………………………………………….. 54

§3. Incidence sur les risques spécifiques…………………………………………… 54

Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité……………………………… 55

Section 1 : Une étude de marché et une évaluation réglementaire…………… 55

§1. Une étude de marché…………………………………………………………… 55

2
a) Analyse et étude de l’environnement bancaire………………………………….. 56

b) Évolution de la finance islamique……………………………………………….. 58

c) Développement du secteur bancaire islamique Tunisien………………………... 58

§2. Une évaluation réglementaire………………………………………………….. 59

Section 2 : Une étude de l’environnement organisationnel et financier……… 60

§1. Une évaluation de l’environnement organisationnel…………………………... 61

§2. Une analyse financière…………………………………………………………. 62

a) Le calcul du produit net bancaire………………………………………………... 62

b) Le résultat brut d’exploitation…………………………………………………… 62

c) Le résultat net de l’exercice……………………………………………………... 63

Section 3 : Assistance dans le choix de l’option la plus appropriée……………. 63

§1. Les modalités et les exigences de la transformation…………………………. 63

§2. Analyse des contraintes entravant le projet……………………………………. 64

§3. Choix de l’option appropriée…………………………………………………... 65

a) Les ratios de structure…………………………………………………………... 65

b) Les ratios de gestion…………………………………………………………….. 66

c) Les ratios de rentabilité………………………………………………………….. 67

d) Les ratios des risques financiers………………………………………………… 69

PARTIE 2 : LES ÉTAPES DE LA TRANSFORMATION…………………… 70

Chapitre 1 : La planification……………………………………………………... 71

Section1 : Les procédures préparatoires………………………………………… 72

§1. La sensibilisation des dirigeants et des salariés………………………………... 72

§2. La mise en place d’un comité de coordination du processus…………………... 74

§3. La demande d’autorisation de transformation et de modification des statuts…. 75

Section 2 : La préparation d’un plan d’exécution des tâches………………... 76

§1. Constitution de groupes de travail spécifiques…………………………………. 77

§2. Découpage et planification des actions à réaliser………………………………. 78

§3. L’ordonnancement d’exécution des tâches…………………………………….. 78

3
Section 3 : Les procédures préliminaires………………………………………... 79

§1. L’identification et les négociations avec les actionnaires……………………… 79

§2. Préparation d’un plan de formation et transfert des ressources humaines…….. 82

§3. L’élaboration des documents de gestion………………………………………. 83

Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation……………………... 84

Section 1 : Les procédures de restructuration…………………………………. 85

§1. Les restructurations organisationnelles………………………………………… 85

a) La nomination d’un comité de contrôle de la charia……………………………. 86

b) La création d’une structure d’audit interne de la charia…………………………. 86

c) L’intégration des nouveaux départements spécialisés dans la gestion des modes 86


de financement islamiques…………………………………………………………

§2. Les restructurations du système financier……………………………………… 86

a) Les restructurations au niveau des ressources financières……………………… 86

b) Les restructurations au niveau des produits bancaires…………………………... 87

Section 2 : Les procédures de réajustement……………………………………... 88

§1. Les ajustements du système informatique……………………………………… 88

§2. Les ajustements des systèmes de contrôle et de comptabilité………………….. 94

§3.Les ajustements des relations avec les autres banques………………………….. 96

a) Les relations avec la banque centrale……………………………………………. 96

b) Les relations avec les autres banques…………………………………………… 97

c) Les relations avec les banques islamiques………………………………………. 98

Section 3 : Les procédures de liquidation des effets illicites………………... 98

§1. La liquidation des droits non conformes aux principes de la finance islamique. 98

§2.La liquidation des obligations illicites…………………………………………... 98

Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation …………………………. 99

Section1 : La mise en place du système de suivi………………………………… 99

§1. Le plan d’action………………………………………………………………… 99

§2. Le budget………………………………………………………………………. 101

4
§3. Les indicateurs de performance………………………………………………… 102

Section 2 : La gestion des risques liés à la transformation……………………. 104

§1. Risque de résistance au changement…………………………………………... 104

a) Les principaux motifs de la résistance au changement………………………….. 104

b) Les stratégies de conduite du risque au changement…………………………… 105

§2. Autres risques liés à la transformation…………………………………………. 107

a) Risque de mauvaise interprétation du processus par les clients…………………. 107

b) Durée trop long de l’opération…………………………………………………. 107

Conclusion…………………………………………………………………………. 109

Bibliographie………………………………………………………………………. 112

Lexique…………………………………………………………………………….. 117

Annexes…………………………………………………………………………….. 118

Sommaire…………………………………………………………………………...183

5
LISTE DES ABREVIATIONS

AAOIFI Accounting and Auditing Organization for Islamic Finance


Institutions

BID Banque Islamique de Développement

BCT Banque Centrale de Tunisie

IAS International Accounting Standards

IASB International Accounting StandardsBoard

IFRS International Financial Reporting Standards

IFSB Islamic Financial Services Board : Conseil des Services Financiers


Islamiques

IIFM International Islamic Financial Market

KPMG Kleynweld , Peat , Marwik , Goerdeler

PLS Profits & Loss Sharing

SPV Special Purpose Vehicule

SWOT Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats

PNB Produit Net Bancaire

RBE Résultat Brut d’exploitation

6
LISTE DES FIGURES

N° Figure Titre N° Page

Figure N°1 Démarche opérationnelle de contrôle de conformité 26

Figure N°2 Principe de fonctionnement de la Mourabaha 27

Figure N°3 Principe de fonctionnement du contrat Moudharaba 29

Figure N°4 Principe de fonctionnement du contrat Ijara 31

Figure N°5 Principe de fonctionnement du contrat Musharaka 33

Figure N°6 Les étapes chronologiques de la planification du processus 70

Figure N°7 La simulation de la structure du capital de la banque WIB 79

Figure N°8 La simulation de la nouvelle structure du capital 79

Figure N°9 Les étapes chronologiques d’exécution des procédures de 83


transformation de la banque WIB

Figure N°10 Un modèle de suivi financier de la phase de planification 101

7
LISTE DES TABLEAUX

N° Figure Titre N° Page

Tableau N°1 Tests de conformité du contrat Mourabaha 28

Tableau N°2 Tests de conformité du contrat Mourabaha 30

Tableau N°3 Tests de conformité du contrat Ijara 32

Tableau N°4 Tests de conformité du contrat Musharaka 34

Tableau N°5 Illustration du contrat Mourabaha 40

Tableau N°6 Illustration du contrat Ijara 43

Tableau N°7 Illustration du contrat Moudharaba 46

Tableau N°8 Illustration du contrat Musharaka 49

Tableau N°9 La matrice de SWOT 55

Tableau N°10 Structure du système bancaire tunisien 56

Tableau N°11 Paysage selon la nature de l’actionnariat 56

Tableau N°12 Calcul de la variation du PNB 61

Tableau N°13 Calcul de la marge de profit 61

Tableau N°14 Calcul de la variation du RBE 62

Tableau N°15 Calcul de la variation du résultat net 62

Tableau N°16 Le ratio d’octroi des crédits 64

Tableau N°17 Le ratio de collecte de dépôts de la clientèle 64

Tableau N°18 Le ratio de financement des crédits accordés aux clients 65

Tableau N°19 Le ratio de productivité 65

Tableau N°20 Calcul du coefficient d’exploitation 66

Tableau N°21 Calcul du ratio de rendement 66

Tableau N°22 Calcul du ratio de rentabilité financière 67

Tableau N°23 Le ratio de marge nette 67

Tableau N°24 Les ratios des risques financiers 68

8
Tableau N°25 Nombre des personnes pouvant bénéficier d’actions de 73
sensibilisation et de formation

Tableau N°26 La simulation d’évolution des capitaux propres 80

Tableau N°27 La détermination de la valeur mathématique d’une action 80

Tableau N°28 L’évolution du cours boursier de l’action de la banque 81

Tableau N°29 Les dépôts de la clientèle 86

Tableau N°30 Les produits à commercialiser 86

Tableau N°31 Un modèle de suivi de l’avancement du processus de 98


transformation

Tableau N°32 Un modèle de suivi financier du budget de transformation 100

9
Note à l’attention du jury

Note à l’attention du jury

Pour remédier aux défaillances du mémoire que j’ai soutenu en novembre 2016,
j’ai apporté plusieurs modifications substantielles sur le fond et la forme.

Sur le fond :

J’ai été vigilant à ce que la nouvelle version soit plus riche, à la fois sur le plan
théorique, que technique et professionnel. Tout au long de la réécriture du
mémoire j’ai cherché à mieux valoriser les apports, en tenant compte de mes
expériences professionnelles, et des recherches documentaires plus approfondies.
En résume, ce mémoire, par rapport à la version précédente, renferme :

 sur le plan théorique : des analyses plus approfondies, grâce non


seulement à des références bibliographiques actualisées, mais aussi à
l’ouverture à d’autres horizons (lecture de publications scientifiques :
articles et thèses sur le sujet ou des sujets périphériques). De même, avec
mon expérience professionnelle, j’ai enrichi, modestement, les outils que
j’ai proposés.

 sur le plan technique : les outils que j’ai proposés ont été enrichis
grâce aux retours d’expériences (de ma part et celle de mes
collaborateurs).
J’ai proposé un nouvel outil d’analyse financière conçu sur Excel
(présentation des tableaux d’analyses, états financiers prévisionnels,
calcul des ratios). Ainsi, un traitement comptable approprié et spécifique
aux produits islamiques a été incorporé dans le mémoire.

10
Note à l’attention du jury

 sur le plan professionnel : ces outils permettent à l’expert-comptable


d’être guidé sur les différentes étapes de sa mission. Ainsi, l’apport
professionnel se concrétise par la mise en exergue d’un nouveau créneau à
l’international qu’un professionnel de l’expertise comptable français peut
conquérir.

Sur la forme :

J’ai valorisé mon mémoire en mettant en exergue l’esthétique du mémoire. J’ai


créée par exemple une image personnalisée, avec des mots-clés issus du mémoire,
et des marque-pages. En outre, j’ai aussi revu le style rédactionnel pour mieux
m’assurer que j’adapte bien celui d’un expert-comptable. Enfin, la présentation est
plus fluide, plus aérée.

11
Note de synthèse

Note de synthèse

D
urant ces dernières années, outre le système bancaire conventionnel,
s’est développée une nouvelle institution : dite finance islamique.
Cette dernière a pesé en 2012 environ 1,4 trillion de dollars d’actifs
financiers1.
Pendant la même période, malgré le développement de la finance islamique au
niveau mondiale elle reste faible en Afrique du Nord et particulièrement en
Tunisie où le volume d’actifs gérés est de l’ordre de 1400 Millions de dinars (560
Millions d’Euros), soit seulement 2.2 % des actifs du secteur.

Les changements législatifs, en matières comptable fiscale et juridique qu’a


connus la Tunisie, ont favorisés le développement de ces nouvelles institutions.
Elles représentent un pôle d’attraction pour les partenaires stratégiques et pour les
investisseurs étrangers.
Une banque peut voir le jour soit par le biais d’une nouvelle création soit par le
biais de la transformation. Notre étude va s’attacher à ce processus de
transformation.
Nous nous sommes alors interrogé comment réussir une opération de passage
d’une banque conventionnelle à une banque islamique ? Cette question, jamais
encore posée dans le cadre d’un mémoire d’expertise comptable, constitue notre
problématique. De cette question principale découle des sous questions :
 Quels sont les différents scenarii du projet ?
 Quelles sont les contraintes de mise en place des instruments financiers ?
 Quelles sont les implications suite à l’adoption, pour un établissement
bancaire conventionnel, du nouveau statut de banque islamique ?
 Quelles sont les modifications à apporter au niveau du système
comptable ?
 Quels sont les principes spécifiques et juridiques régissant l’activité d’une
banque islamique ?
 Quelles sont les démarches a mette en place ?

1 STORCK Michel. WEILL Laurent, HAZOUG Sami, les cahiers de la Finance Islamique, N°5,
(2013).
12
Note de synthèse

Pour répondre à ces questions préalablement posées, l’expert-comptable figure


parmi les rares personnes compétentes, de par sa maitrise des processus bancaires
en matière comptable, fiscale et juridique. Sa mission consistant à :

 conseiller la banque sur le choix de l’option la plus appropriée, et le


moment opportun pour commencer le processus,
 accompagner son client dans les différentes démarches à suivre,
 analyser le marché bancaire en tant qu’opportunité d’investissement.

Nos réflexions et nos efforts seront orientés essentiellement sur certains aspects, à
savoir :

 présenter une démarche d’étude de faisabilité du projet de reconversion


en banque islamique,
 proposer un outil d’analyse financière conçu sur Excel (présentation des
tableaux d’analyses, états financiers prévisionnels, calcul des ratios),
 proposer un traitement comptable approprié et spécifique aux produits
islamiques,
 identifier l’information comptable selon le référentiel IFRS et le
référentiel AAOIFI toute en analysant leurs divergences,
 proposer une démarche méthodique et opérationnelle de répartition des
profits du contrat Moudharaba2,
 proposer un guide pratique de contrôle de conformité de quelques
produits islamiques,
 proposer un outil de pilotage et de gestion du processus conçu sur Excel,
qui englobe toutes les actions nécessaires et les tâches à accomplir.

Ce mémoire constitue un guide pratique et méthodique destiné à la profession de


l’expertise comptable en matière de passage d’une banque conventionnelle à une
banque islamique. En outre elle nous permettra de mieux comprendre le
fonctionnement de cette nouvelle forme de banque en matière organisationnelle,
juridique et comptable.

2
Moudharaba : est un contrat par lequel l’une des parties (investisseur) fournit le capital à
une deuxième partie (entrepreneur) qui s’engage dans la gestion des activités en donnant en
contrepartie son savoir-faire afin de réaliser des profits.

13
Introduction générale

Introduction générale

epuis 2011 le législateur tunisien a voulu relancer l’économie du pays,

D par le biais entre autres du développement des banques islamiques


dans le but de stimuler l’investisseurs des pays du Golfe.
Nous citerons la loi 2011-7 du 31.12.2011 qui a apporté d’importantes
dispositions de nature à promouvoir la finance islamique :
● extension des dispositions fiscales régissant les opérations de leasing aux
opérations d’Ijara3,
● extension des dispositions fiscales régissant les opérations de financement
par crédit aux opérations de Mourabaha4.
Nous citerons également la loi n° 2016-48 du 11 juillet 2016 relative aux
établissements de crédit qui a instauré un cadre juridique spécifique aux
opérations de la finance islamique.

En effet, la finance islamique est considérée comme un pôle d’attraction des


partenaires stratégiques et des investisseurs étrangers. A titre d’exemple, nous
pouvons citer la société Islamic Corporation for the Development of the Private
Sector qui a réalisé une opération sur le capital de la banque WIB avec la
condition d’une reconversion en banque islamique.

Cette opération de transformation nécessite l’obtention d’un agrément auprès des


autorités compétentes. A cette fin, la banque a besoin :
 d’une étude de faisabilité et un planning de transformation,
 d’un programme d’activité,
 d’un rapport de la qualité des propriétaires des fonds et de la
qualité, la compétence et l’honorabilité des dirigeants.

3 Ijra : est similaire d’un contrat de crédit-bail classique.


4 Mourabaha : est un contrat de vente conclu entre la banque (celle qui va octroyer le
financement) et un client.

14
Introduction générale

C’est dans ce contexte que doit s’immiscer l’expert-comptable, en accompagnant


une banque conventionnelle dans son transfert en banque islamique.

Ce travail se propose donc: d’apporter des éléments de réponse à la problématique


précédemment soulevée. Il est alors organisé en deux parties:

La première partie portera sur l’étude de faisabilité du projet afin de fournir aux
dirigeants les facteurs clés de succès, avec une méthodologie pratique et
structurée.

La deuxième partie propose les étapes chronologiques d’un plan de


transformation, qui énonce les valeurs techniques et professionnelles
d’intervention de l’expert-comptable dans la conception, la planification et le
suivi du processus.

De notre expérience, de nos stages d’expertise comptable, et essentiellement de


nos missions effectuées dans le secteur financier, nous avons pu effectuer ce
travail.

Nous souhaitons que ce travail puisse aider l’expert-comptable français à élargir


son horizon en matière de conseil organisationnel, juridique ou comptable auprès
d’une banque, en Europe, en Afrique ou au Moyen Orient, existante ou future.

En effet, le marché bancaire islamique en Europe est entrain de devenir un marché


porteur. Il a un potentiel de développement important.

D’ailleurs, tout dernièrement le Maroc, suite à la promulgation d’une nouvelle loi


pour le développement des banques islamiques, est en voie de devenir une
plateforme de la finance islamique.

L’Afrique de l’ouest constitue aussi un potentiel de développement pour la


finance islamique. Dans ce sens, la banque centrale d’États de l’ouest a intégré la
finance islamique dans la zone de l’Union Économique et Monétaire Ouest
Africaine.

Les banques de ces pays feront appel certes aux experts-comptables locaux, mais
peuvent aussi recourir aux experts-comptables français. Étant donné que la
finance islamique pourrait être une opportunité de mission pour l’expert-
comptable français. Il a une intervention très large dans le domaine de la finance
islamique et il doit maitriser les spécificités.

15
Partie 1 : Étude de faisabilité

PARTIE 1 :
ÉTUDE DE FAISABILITÉ

Tout d’abord, nous tenons à présenter la société (WIB), objet de notre étude dans
ce mémoire, et au sein de laquelle nous avons acquis une expérience significative.
Il s’agit d’un établissement de crédit, installé au sud tunisien. Il a été créé en 2002
avec un capital de 5 millions d’euros. Il a été augmenté à quatre reprises pour
atteindre les 20 millions d’euros, divisé en 4000 000 actions.

Suite à son projet de reconversion en banque islamique, la banque WIB a signé


deux accords de partenariats stratégiques :

 la signature avec Islamic Corporation for the Developpment of the Private


Sector (ICD)5, un partenariat technique contre une participation au capital
à hauteur de 30%. L’accord a une durée de quinze ans renouvelable.
 le deuxième concerne la Caisse des Dépôts et de consignations (CDC) 6,
contre une participation au capital à hauteur de 10%.
La banque WIB compte augmenter son capital de 120 millions d’euros, pour
atteindre 150 millions d’euros selon ces modalités :
 une augmentation par incorporation de réserves de 10 millions d’euros,
 une augmentation à souscrire par les anciens actionnaires de 60 millions
d’euros,
 une augmentation réservée aux nouveaux partenaires de 60 millions
d’euros.

La banque WIB compte se transformer en banque islamique à partir du 01 janvier


2016. Elle a pour objectif d’atteindre une part de marché de 1.5% jusqu’à 2019.

5
L’ICD est un membre du groupe banque islamique de développement. C’est un partenaire
stratégique qui s’engage à fournir un apport financier, et faire bénéficier la WIB de son
expertise technique en finance islamique. L’ICD a été créée pour soutenir le développement
économique des pays membres.
6
La CDC est une institution publique créée par le gouvernement Tunisien dans le but de
développer l’investissement à long terme. Elle participe à des investissements dans le cadre
de partenariats avec le privé.
16
Partie 1 : Étude de faisabilité

Avant de comprendre la stratégie à adopter et les mécanismes de cette étude de


faisabilité, nous tenons à analyser les facteurs motivant la banque WIB à se lancer
dans ce processus7. La transformation est influencée par les facteurs exogènes et
endogènes.

 Les facteurs exogènes :

 la forte potentialité de la finance islamique en Tunisie ;


 l’entrée de deux nouveaux partenaires stratégiques, surtout Islamic
Corporation for the Development of the PrivateSector (ICD) (partenariat
technique et financier) ;
 la finance islamique est devenue un pôle d’attraction de nouveaux
investisseurs étrangers ;

 Les facteurs endogènes

 une forte croissance des produits financiers islamiques,


 un développement et une évolution continue du marché,
 la commercialisation des produits financiers islamiques est très limitée,
 le rendement élevé des banques islamiques8,
 le succès des expériences de transformation de plusieurs banques dans
divers pays encourage sans doute d’autres banques à se transformer.

La réussite d’une telle opération de passage nécessite l’élaboration d’une étude


préalable de faisabilité.

7 FAROOQ Salman Alani, HISHAM Yaacob, (Novembre 2012), Traditional Banks


Conversion Motivation into Islamic Banks: Evidence from the Middle East, International
Business Research (5), pp 83-98.
8 JONATHAN Peillex et LORENDANA Ureche-Rangau, (2015), Comment expliquer la

performance financière de l’investissement conforme à la chari’a?, Management


international/International Management/ Gestion International, vol 19, n° 2, p 128-139.

17
Chapitre 1 : Étude préalable

Chapitre 1 :

Étude préalable

Le premier facteur clé de succès du projet de transformation s’articule autour de


l’identification des véritables objectifs et enjeux qu’elle souhaite atteindre, et cela
à partir de la présentation d’une étude préalable.

Ainsi, notre rôle, à ce stade, consiste à analyser et étudier les enjeux et les
opportunités du projet de transformation ainsi que d’évaluer les différentes
solutions envisageables. La méthodologie est la suivante :

● analyse des options possibles en matière de transformation en banque


islamique,
● étude des contraintes de mise en place des produits islamiques,
● analyse des conditions préalables à remplir, en proposant un mini guide
pratique de contrôle de conformité des produits bancaires islamiques.

Section 1 : Analyse des options possibles

Dans sa réunion avec la direction de la banque, l’expert-comptable sollicité pour


une mission de transformation en banque islamique, doit présenter les différents
types et scénarii de transformation, afin de répondre convenablement à son rôle de
conseiller.

§ 1: La transformation totale

a) Concept de la transformation totale

Comme premier type de transformation, nous proposons le scénario de la


transition totale et immédiat de l’activité de la banque. Cette configuration a été
adoptée par plusieurs pays dans le monde. Néanmoins, il ressort des études et
expériences connues que c’est l’option la plus coûteuse et la moins choisie, car
elle entraîne une refonte totale de l’activité initiale et une transition complète des
encours de crédits reçus, des crédits donnés, des investissements, etc.

Cependant le scenario existe.

18
Chapitre 1 : Étude préalable

b) Présentation de quelques expériences

Á ce jour, les expériences de la transformation totale continuent. En 2011, la


National Bank For Development (NBD) en Égypte a été transformée en banque
islamique. Dans les Émirats Arabes Unis, la National Bank of Sharjah a été
totalement transformée et devient Sarjah Islamic Bank. Nous illustrons en
annexe n° 1, une évaluation du succès du processus de transformation de la
banque Aljazira.

La possibilité de la transformation partielle reste envisageable.

§ 2 : La transformation partielle

a) Les fenêtres islamiques9

La banque WIB peut opter la transformation partielle. Ce scénario se concrétise


par la création des fenêtres islamiques qui sont des simples guichets ouverts au
sein de la banque. Ces guichets sont chargés de gérer un pôle d’activités conforme
aux règles islamiques. Parmi les exemples on cite : la Barclays, la BNP Paribas, la
HSBC, la Citi-Bank, la Société Générale, le Crédit Agricole, la Deutsch Bank. etc.

Une autre solution existe : la filiale

b) Les filiales islamiques

Un troisième scénario possible se concrétise par la création des filiales islamiques


ou bien la transformation des filiales en activité bancaire islamique.

Quel que soit la solution, il convient de s’interroger sur la nature du produit


islamique.

Focus : L’expert-comptable sollicité pour une mission de transformation d’une banque


classique en banque islamique doit être au courant des différents types et scénarii de
transformation, puis des contraintes de mise en place, afin de répondre
convenablement à son rôle de conseiller.

9 FAROOQ Salman Alani, HISHAM Yaacob, (Novembre 2012), Traditional Banks


Conversion Motivation into Islamic Banks: Evidence from the Middle East, International
Business Research (5), pp 83-98.
19
Chapitre 1 : Étude préalable

Section 2 : Contraintes de mise en place des produits islamiques

Au titre de cette étape, nous tenons à faire ressortir les contraintes de mise en
place des produits islamiques. Ces contraintes sont aussi bien d’ordre opérationnel
que juridique et comptable.

§ 1 : Les difficultés opérationnelles

a) Le manque de personnel qualifié10

Actuellement, les banques islamiques encourent un risque de manque de


personnel qualifié, notamment en Europe et aux États-Unis, capable de réaliser
efficacement des opérations financières islamiques.

Dans ce contexte, nous pouvons avancer des solutions envisageables.

 recourir aux experts au niveau international et à l’élaboration de


programmes de formations spécifiques ;
 développer des formations supérieures et leur donner une véritable
visibilité internationale 11;
 organiser des sessions de formations, notamment pour la gestion des
risques spécifiques aux activités de la finance islamique12.

b) L’inadaptabilité de l’adoption de la réglementation prudentielle, de


contrôle et d’audit international au système bancaire islamique

Vu l’absence d’une réglementation prudentielle, de contrôle et d’audit spécifique


aux banques islamiques, y’a-t-il lieu d’adopter la réglementation internationale ?

L’application des nouvelles mesures prudentielles du traité de Bâle III a un impact


positif sur les banques classiques. Pour les banques islamiques, c’est loin d’être le

10JOUINI Elyès. PASTRÉ Olivier, Enjeux et opportunités du développement de la financeislamique


pour la place deParis , Paris EUROPLACE, (2008), 135 pages.
11ZAHIRI Yahia, (juin 2013), Les défis de la finance islamique, dossiers de Recherches en
Economie et Gestion, Dossier Spécial. p 87-106.
12MUNAWAR Iqbal. AUSAF Ahmad. et KHAN Tariqullah, défis au système bancaire islamique,
Institut islamique de recherches et de formations, document occasionnel n°2. Page 61.
20
Chapitre 1 : Étude préalable
cas, cela étant expliqué par le fait qu’un nombre important de risques spécifiques
aux banques islamiques ne sont pas pris en comptes dans le traité13.

Pour remédier à cette inadaptabilité, le conseil des Services Financiers Islamiques


« IFSB » à adopté des mesures prudentielles respectant les caractéristiques des
banques islamiques. Le dispositif de l’IFSB reconnaît les instruments bancaires
islamiques (Mourabaha, Ijara, Sukuk, etc) et identifie les risques propres aux
banques islamiques.

c) Le manque de transparence de l’information divulguée14

Étant donné la nature et les spécificités des comptes d’investissement participatifs,


les titulaires de ces comptes doivent pouvoir être informés sur :

 l’étendue et la nature de la gestion des comptes d’investissement et


leurs affectations aux différents investissements,
 l’affectation des résultats aux réserves,
 la méthode de répartition des pertes et profits des comptes
d’investissement participatifs.

§ 2 : Les difficultés juridiques et comptables

a) Le principe de la prééminence de la substance sur la forme

Les normes comptables internationales (IAS/IFRS) exigent que les transactions et


événements soient enregistrés et présentés en accord avec leurs substances et la
réalité économique, et non selon leurs formes juridiques. Tandis que les banques
islamiques accordent beaucoup d’importance aux accords contractuels, c’est
pourquoi l’Accounting and Auditing Organization for Islamic Finance Institutions
« AAOIFI » préconise que la banque enregistre la transaction économique, telle
qu’elle ressort des accords juridiques. Une présentation des instances de
réglementation internationale des banques islamiques se trouve à l’annexe n° 2.

13EL ATTAR Abdelilah, ATMANI Mohamed Amine, (juin 2013), L’impact des accords de
Bâle 3 sur les banques islamiques, dossier spécial de recherches en Economie et Gestion.
14 JOUINI Elyès. PASTRÉ Olivier, Enjeux et opportunités du développement de la
financeislamiquepour la place deParis , Paris EUROPLACE, (2008), page 66.

21
Chapitre 1 : Étude préalable

b) Les normes comptables internationales (IAS/IFRS) inadaptées

Les normes comptables internationales (IAS/AFRS) actuelles ne prennent pas


suffisamment en compte les spécificités des banques islamiques et nécessitent
d’être complétées par d’autres normes spécifiques.15 En effet, ce vide va
engendrer des divergences au niveau des interprétations et une absence de
comparabilité entre les états financiers du secteur bancaire16.

Les divergences entre les deux référentiels pourraient être présentées comme suit :

 la prise en compte des éléments d’actifs


Les dispositions prévues par le référentiel Divergences par rapport au référentiel AAOIFI
IFRS

Selon le référentiel IFRS, un actif est Le référentiel IFRS ne tient pas compte de quelques
comptabilisé au bilan lorsque qu’il : aspects, à savoir :
 est probable qu’il procurera  l’obligation de conformité de l’actif aux principes
des avantages économiques de la finance islamique.
futurs à l’entité, et  l’acquisition au préalable par la banque du droit de
 est mesuré de manière fiable. détention, de l’utilisation ou de cession du bien
(l’obligation de la propriété juridique et au contrôle
légal exercé sur l’actif, en contradiction avec les
dispositions du principe de prééminence de la
substance sur la forme).
 la prise en compte et l’évaluation initiale des
éléments d’actifs sont fortement influencées par la
nature de l’accord et les termes contractuels
convenus entre les différentes parties.

Selon l’AAOIFI, l’évaluation est effectuée :


 au coût historique,
 au coût actuel,
 et à la valeur de réalisation.
L’AAOIFI laisse à l’entité la liberté de choisir l’une
des trois critères.

ELHAMMA Azzouz, (2015), la comptabilité des produits financiers islamiques : Normes


15

AAOIFI vs. IFRS, revue de Management et de stratégie, pp 10-12.


16 ALDO Levy, REZGUI Hichem, (2013), Application des normes comptables
internationales dans les banques islamiques : quel impact sur l’image fidèle et leurs états
financiers ?, comptabilité sans frontière. The French Connection, Canada pp cd-rom (hal-00992978).

22
Chapitre 1 : Étude préalable

 la prise en compte des éléments de passif

Les dispositions prévues par le référentiel Divergences par rapport au référentiel AAOIFI
IFRS

Un passif est comptabilisé au bilan les deux référentiels ne présentent pas de


lorsque: divergences majeures en matière de
 il est probable que le règlement reconnaissance et de prise en compte des
de l’obligation qu’il représente éléments de passifs, sauf en ce qui concerne la
provoquera une perte non adoption des méthodes d’évaluations basées
d’avantages économiques futurs sur les taux d’actualisation.
pour l’entreprise, et
 la valeur est mesurée d’une  la principale divergence réside dans
manière fiable. l’enregistrement comptable des comptes
d’investissements restreints et non- restreints.
 selon IFRS, les dépôts de la clientèle L’AAOIFI exige la présentation des comptes
et leurs rémunérations (sous formes d’investissements participatifs non-restreints dans
d’intérêt fixe) font partie des une rubrique séparée entre les fonds propres et les
engagements à honorer par la banque et dettes, et prévoit la présentation des comptes
à comptabiliser comme passif au niveau d’investissements restreints au niveau de l’hors-
des états financiers. bilan puisque la banque assure uniquement la
gestion de ces fonds.

 la prise en compte d’instrument financier

Les dispositions prévues par le référentiel Divergences par rapport au référentiel AAOIFI
IFRS

Selon IAS 32, les actifs et passifs La norme de l’AAOIFI n° 17


financiers doivent être classés dans l’une « investissements » traite les cas des
des principales catégories d’instruments investissements qui sont :
financiers définies par la norme IAS 39  les investissements en actions,
(remplacé par IFRS 9).  les investissements en immobilisations,
Les principales catégories d’instruments  et les investissements en Sukuks17.
financiers prévus par l’IAS 39 sont :
 les actifs et passifs financiers évalués à Les instruments de couverture sont interdits par
la juste valeur, la finance islamique.
 les créances et les prêts,
 les actifs financiers détenus jusqu’à
l’échéance,
 les passifs financiers disponibles à la
vente,
 et les autres passifs financiers.

17 Sukuk : sont des obligations classiques adossées à un actif tangible. Ils sont adossés à un
des actifs qui génèrent des flux financiers permettant ainsi de rémunérer les porteurs de ces
titres
23
Chapitre 1 : Étude préalable

 La présentation de l’information financière

Les dispositions prévues par le référentiel Divergences par rapport au référentiel AAOIFI
IFRS

 les principes qualitatifs de Le cadre conceptuel de l’AAOIFI ne fait pas


l’information comptable mention de la convention de prudence.

 la fiabilité,  Le principe de la prééminence de fond


 la comparabilité, sur la forme
 la pertinence, Certains principes énoncés par le référentiel
 la compréhensibilité. IFRS peuvent donner lieu à des situations de
non conformité, ce qui explique le rejet du
 les principes comptables sont les principe de la prédominance du fond sur la
suivants : forme.
Les normes comptables conventionnelles
 les hypothèses sous- jacentes, IAS/IFRS exigent que l'information comptable
soit présentée en fonction de sa substance et sa
- la comptabilité d’engagements, réalité économique et non pas sur la base de sa
- La continuité d’exploitation forme légale.
 Le principe du coût historique
 les conventions comptables L’application de ce principe peut présenter
quelques difficultés surtout avec l’application
des spécificités des banques islamiques :
la convention de l’entité, l’unité monétaire,
o au titre de la Zakat18,
de la périodicité, coût historique, la
o dans le cadre de l’évaluation de la
réalisation du revenu, rattachement des
performance des fonds
charges aux produits, l’objectivité, la
d’investissement (les normes de
permanence des méthodes, l’information
l’IFRS préconisent parfois la
complète, l’importance relative, la
réévaluation des actifs détenus dans le
prééminence de fond sur la forme, la
cadre d’une transaction).
convention de prudence.

18 Zakat : l’obligation de payer une partie de la richesse à des organismes caritatifs.

24
Chapitre 1 : Étude préalable

 La présentation des états financiers

Les dispositions prévues par le référentiel Divergences par rapport au référentiel AAOIFI
IFRS

Le référentiel IFRS prévoit que les états L’AAOIFI prévoit que les états financiers
financiers doivent comprendre ; doivent comprendre ;
 un bilan, Pour les fonctions où la banque a un rôle
 un compte de résultat, d’investisseur, elle doit publier :
 un état de variation des capitaux  un bilan,
propres,  un état de résultat,
 un tableau de flux de trésorerie,  un tableau des flux de trésorerie,
des notes explicatives.  un état des variations des revenus,
Pour les fonctions où la banque est
responsable des comptes d’investissements
restreints, elle doit publier :

 un état des variations des


investissements restreints ou limités,

Pour les fonctions oŭ la banque assure un rôle


social, elle doit publier :

 un état sur les ressources et les emplois


des fonds de zakat,

 les états relatifs à la mission sociale de


la banque (compte de la zakat).

Après avoir étudié la transformation et ses contraintes, nous allons nous intéresser
aux conditions à remplir pour faciliter ce passage.

Section 3 : Étude des conditions à remplir

Il convient d’étudier l’activité, les conditions juridiques, les différents contrats.

§ 1: Règles spécifiques régissant l’activité

Nous présentons ci-après les principes spécifiques régissant l’activité de la banque


WIB. Elle est fondée sur cinq piliers, répartis en trois principes négatifs
(l’interdiction de l’intérêt, de l’incertitude et des secteurs illicites) et deux
principes positifs (le partage des pertes et des profits, l’existence d’un actif sous-
jacent).

25
Chapitre 1 : Étude préalable
a) Les principes négatifs

 L’interdiction de l’intérêt19 : l’interdiction de l’intérêt est présentée


comme étant la caractéristique fondamentale du système de la banque.
 L’interdiction de l’incertitude : cette interdiction réside dans le fait de
faire vendre une chose ou un produit qui n’existe pas à la date de la
transaction, ou la vente d’un élément qui est la conséquence d’un
événement dont la survenance est incertaine.
 L’interdiction des secteurs illicites : la banque interdit toute transaction
qui réalise un enrichissement sans cause, impliquant des tromperies,
spéculations et malhonnêtetés, et qui concerne certains secteurs illicites
tels que la pornographie, l’armement et l’alcool

b) Les principes positifs

 Partage des pertes et profits ou profits & loss Sharing (PLS) : ce


principe est couramment appelé PLS. C’était l’une des notions clés
dans le fondement de la banque WIB. Il s’applique aux contrats des
opérations d’investissement comprenant la Moudharaba et la
20
Musharaka .
 Adossement à un actif réel : les transactions de la banque WIB
doivent être adossées à des actifs réels, tangibles et identifiables21.
Plusieurs interdictions découlent de ce principe, notamment la
titrisation des créances et l’escompte commercial des effets.

§ 2 : Règles juridiques régissant les contrats

Les opérations de la banque WIB doivent être en conformité aux principes


spécifiques de la finance islamique. Ce souci de conformité a donné naissance à
des nouvelles règles juridiques et à des nouveaux principes spécifiques, ce qui

19 CHATTI Mohamed Ali, (Novembre 2012, Mai 2013), l’impact de l’application d’une
éthique bancaire sur la diversification des banques islamiques, études en économie islamique, Vol
6, Nos 1 et 2. pp1-27.
20 Musharaka : est un contrat via lequel deux ou plusieurs parties s’associent pour mettre en

commun leurs capitaux en vue d’investir dans un projet.


21 JOUINI Elyès. PASTRÉ Olivier, Enjeux et opportunités du développement de la finance
islamiquepour la place deParis , Paris EUROPLACE, (2008), 135 pages.

26
Chapitre 1 : Étude préalable
nous amène à présenter un mini guide de contrôle de conformité des produits
islamiques.
Ce guide pourrait servir de support de travail pour les professionnels de
l’expertise comptable. Ainsi, il recense les questions clés que l’expert-comptable
va poser lors de la conduite du projet de transformation. Ce mini guide a été conçu
sur la base des documentations techniques et des entretiens avec des responsables
des banques islamiques.

Ce guide opérationnel sera axé sur quatre modules :


 principes de fonctionnement du produit islamique ;
 présentation des conditions de conformité ;
 élaboration des tests de conformité ;
 proposition des traitements comptables spécifiques.

Figure N° 1 : Démarche opérationnelle de contrôle de conformité

Au sein de ce guide, nous allons présenter différents contrats parmi lesquels la


Mourabaha et l’Ijara.

a) Contrat de financement Mourabaha


 Principe de fonctionnement de la Mourabaha

La Mourabaha est un contrat de vente conclu entre la banque (celle qui va


octroyer le financement) et un client. Ce contrat est valable lorsque le client
demande expressément à la banque de lui financer l’achat d’un certain bien ou
marchandise. Donc la banque achète le bien demandé auprès d’un fournisseur à
un prix donné.

27
Chapitre 1 : Étude préalable
Le schéma présenté ci-après décrit bien le principe de fonctionnement de
l’opération Mourabaha.

Figure N° 2 : Principe de fonctionnement de la Mourabaha

Source : HBERT Smith LLP, Guide de la Finance Islamique, (2009), première édition, page 6.

 Conditions de conformité
Ce type de contrat est soumis à des conditions de validité spécifiques aussi bien
avant, pendant qu’après la concrétisation :

Avant la conclusion du contrat Mourabaha


 la banque WIB et son client peuvent modifier les clauses de la promesse
jusqu’à la conclusion du contrat définitif de Mourabaha,

 l’objet de contrat doit être en conformité aux principes de la finance


islamique.

Acquisition du bien par la banque WIB


 la banque WIB ne peut vendre le bien avant son acquisition,
 le contrat doit être établi au nom de la banque en tant qu’acquéreur,
La constatation du contrat de Mourabaha

 les contractants doivent connaître et accepter au préalable la date de


règlement, le prix et la marge bancaire,
 il n’est pas admis de réaliser un contrat sur l’or ou l’argent,
 il est interdit de contracter un nouveau contrat de Mourabaha sur le même
bien,
 la banque WIB ne peut ajouter au coût de revient que les dépenses
financières directes payées à autrui,
28
Chapitre 1 : Étude préalable
 le rabais sur la marchandise et /ou toute réduction commerciale, même
accordés après la conclusion du contrat, doit en être profitable au client,
 la détermination du prix ou de la marge bénéficiaire ne doit en aucun cas
dépendre d’un indice inconnu ou déterminable dans le futur,

Compte tenu de toutes ces conditions l’expert-comptable doit auditer toute


opération par le biais d’un test de conformité que nous proposons ci-après.

 Élaboration des tests de conformité

Tableau N° 1 : Tests de conformité du contrat Mourabaha


Tests de validité Objectif Observation

♦ s’assurer que le contrat d’achat est antérieur au contrat de vente,


♦ s’assurer que le bien, objet du contrat n’est pas argent ou or,
♦ s’assurer de l’indépendance du propriétaire originaire vis-à-vis du
client (vérification du registre de commerce du client et du
propriétaire originaire),
♦ vérifier l’absence d’un contrat entre le client et le propriétaire
originaire,
♦ s’assurer que la marge bénéficiaire n’est pas calculée sur un
indice déterminable dans le futur,
♦ s’assurer de l’exactitude des imputations comptables,
♦ rédiger des synthèses et une conclusion.

Source : Tableau développé par l’auteur

b) Contrat de financement Moudharaba

 Principe de fonctionnement du contrat Moudharaba


La Moudharaba est définit comme étant un contrat par lequel l’une des parties
(investisseur) fournit le capital à une deuxième partie appelé Moudharib22
(entrepreneur) qui s’engage dans la gestion des activités en donnant en

22Moudharib : la personne qui intervient en tant qu’entrepreneur dans un contrat


Moudharaba.

29
Chapitre 1 : Étude préalable
contrepartie son savoir-faire et son travail afin de réaliser des profits. Le schéma
présenté ci-après décrit le principe de fonctionnement de l’opération Moudharaba.

Figure N° 3 : Principe de fonctionnement du contrat Moudharaba

Source : HEBERT Smith LLP, Guide de la Finance Islamique, (2009), première édition, page 13.

 Conditions de conformité
Ce contrat est soumis à des conditions de validité spécifiques :

 lors de la conclusion du contrat, le capital doit être connu,


 la clef de répartition du profit doit être déterminée à l’avance entre les
deux parties,
 les pertes survenues sont supportées uniquement par les déposants,
 la banque WIB est tenue d’accorder les opportunités d’investissement à
égalité entre les fonds des déposants et les fonds des actionnaires,

 le capital de la Moudharaba est composé par des parts en numéraire. Il


peut également être constitué d’apports en nature ;
 les modalités de répartition du profit doivent être déterminées, afin d’éviter
toute ambiguïté et toute contestation ;
 en principe, le cumul d’une quote-part du profit de la Moudharaba et d’une
rémunération n’est pas permis ;
 le Mourdharib ne peut pas vendre ou acheter un bien à un prix inférieur ou
supérieur au prix du marché.

Afin de remplir l’ensemble de ces conditions il convient de procéder à un test de


conformité que nous proposons comme suit :

30
Chapitre 1 : Étude préalable

 Élaboration des tests de conformité


Tableau N° 2 : Tests de conformité du contrat Moudharaba

Tests de validité Objectif Observation

♦ examiner les rapports des évaluateurs, en cas d’apports en nature, lors


de la détermination du capital de la Moudharaba, et vérifier qu’ils sont
évalués à leur juste valeur à la date de la conclusion du contrat,
♦ s’assurer que le capital Moudharaba ne porte pas sur une créance du
propriétaire des fonds à l’égard du Moudharib ou d’une tierce personne,
♦ s’assurer que les modalités de répartition du profit ont été déterminées
sur la base d’un pourcentage indivis du profit et non sur la base d’une
somme forfaitaire,
♦ s’assurer (à la conclusion du contrat) que les deux parties se sont
accordées sur l’ensemble des modalités,
♦ s’assurer au moment de distributions des profits que la valeur
liquidative des investissements est supérieure au montant du capital de la
Moudharaba,
♦ s’assurer de l’exactitude des méthodes et des imputations comptables,
♦ rédiger des synthèses et une conclusion.
Source : Tableau développé par l’auteur

c) Contrat Ijara

 Principe de fonctionnement du contrat Ijara

L’Ijara est un contrat de location assimilable à un contrat de crédit-bail classique.


Dans le cadre d’Ijara, la banque acquière un bien auprès d’un fournisseur et le
loue à un client en contrepartie d’un versement de loyer. Le schéma présenté ci-
après décrit le principe de fonctionnement du contrat Ijara.

31
Chapitre 1 : Étude préalable
Figure N° 4 : Principe de fonctionnement du contrat Ijara

Source : HEBERT Smith LLP, Guide de la Finance Islamique, (2009), première édition, page 8.

 Conditions de conformité
Les principales règles juridiques se rapportant au contrat Ijara sont les suivantes :
 la banque reste le propriétaire du bien,
 le client bénéficie d’un droit de jouissance durant la période de location,
 le client a le droit de lever l’option d’achat à la fin du contrat.
 les contractants doivent connaître et accepter préalablement à la
conclusion du contrat, l’objet du contrat, la date de règlement, le montant
du loyer et la durée de location,
 selon les clauses contractuelles, le règlement du loyer peut être réalisé par
tranches, d’avance ou à terme,
 les clauses contractuelles peuvent être révisées d’un commun accord entre
les parties que ce soit pour la durée de location ou le montant du loyer,
 toute clause contractuelle prévoyant une augmentation du montant du
loyer en cas de non règlement est nulle,
 sauf clause contraire, la banque est tenue de réaliser toutes les réparations
et les travaux nécessaires,
 sauf clause contractuelle contraire, le bien objet du contrat de location peut
faire l’objet d’une autre sous-location,

Afin de vérifier toutes les conditions que nous avons énumérées, il


convient de mettre en place des tests de conformité.

32
Chapitre 1 : Étude préalable

 Élaboration des tests de conformité


Tableau N°3 : Tests de conformité du contrat Ijara

Tests de validité Objectif Observation

♦ vérifier si le contrat d’acquisition et le contrat de location sont bien des


documents séparés,
♦ rapprocher la date du transfert de contrôle du bien à la date du contrat, afin
de s’assurer que la conclusion du contrat a été précédée de l’acquisition du
bien,
♦ s’assurer de l’absence d’une majoration du loyer en cas de retard dans le
paiement de ces loyers,
♦ dans le cas où le loyer est variable, vérifier que le premier terme a été
déterminé. Pour les périodes suivantes, s’assurer que le loyer est indexé sur
un indice lié à une norme connue et qu’il doit comporter un seuil minimum et
un seuil maximum,
♦ examiner s’il existe un procès verbal de perte du bien objet du contrat en
cas de perte totale,
♦ s’assurer de l’exactitude des méthodes et des imputations comptables,
♦ rédiger des synthèses et une conclusion.
Source : Tableau développé par l’auteur

c) Contrat Musharaka

 Principe de fonctionnement du contrat Musharaka

Il s’agit d’une forme de partenariat entre la banque WIB et ses clients, dans lequel
chaque partie contribue au capital d’une société participative de manière égale ou
non afin de lancer un nouveau projet ou de contribuer à une affaire existante. Le
partage des pertes et des profits résultant de ce projet s’effectue selon des
proportions prédéfinies.
Le schéma présenté ci-après décrit le principe de fonctionnement de l’opération
Musharaka.

33
Chapitre 1 : Étude préalable

Figure N° 5 : Principe de fonctionnement du contrat Musharaka

Source : HEBERT Smith LLP, Guide de la Finance Islamique, (2009), première édition, page 14.

 Conditions de conformité

 le capital investi doit être bien défini dans le contrat,


 la part des associés est déterminée proportionnellement aux parts,
 chaque associé est responsable des pertes à concurrence de sa
participation, toute clause contraire étant réputée nulle.
 la clé de répartition des bénéfices doit être fixée dans le contrat,
 toute clause contractuelle affectant à l’une des parties un montant
forfaitaire des résultats est nulle,

Comme pour les autres contrats nous avons procédé à l’élaboration d’un test de
conformité, qui prend en compte aussi bien le fond que la forme.

34
Chapitre 1 : Étude préalable

 Élaboration des tests de conformité


Tableau N° 4 : Tests de conformité du contrat Musharaka
Tests de conformité Objectif Observation

♦ vérifier que le contrat de Musharaka ne comporte pas une clause


de vente et d’achat.
♦ s’assurer de l’inexistence d’une clause attribuant à l’une des
parties le droit de racheter sa part dans le capital.
♦ s’assurer que la répartition des dépenses d’assurance ou
d’entretien a été faite proportionnellement aux parts de chacun.
♦ vérifier que la répartition des bénéfices est conforme aux termes
convenus dans le contrat.
♦ s’assurer de l’exactitude des imputations comptables,
♦ synthèse et conclusion.

Source : Tableau développé par l’auteur

Après avoir étudié les différents types de contrats, qui pourraient présenter les
produits de la banque WIB, il convient d’étudier les statuts qui conditionnent ce
type d’institutions financières, son adoption et ses implications.

Le passage d’une banque conventionnelle à une banque islamique nécessite un


nouveau statut propre à son activité. Ses produits spécifiques impliquent une
organisation et une comptabilité appropriées.

Recommandation : L’expert-comptable doit être en mesure d’informer son client sur :

 les principes spécifiques régissant l’activité d’une banque islamique,


 les spécificités juridiques régissant les contrats islamiques couramment utilisés
dans la pratique.

35
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut

Chapitre 2 :

Les implications de l’adoption du nouveau statut

Dans le cadre d’étude des effets de ce passage, nos réflexions et nos efforts sont
orientés essentiellement les aspects suivants :

 proposer un traitement comptable approprié et spécifique aux produits


islamiques,
 présenter une démarche méthodique de répartition des profits du
contrat Moudharaba à caractère général,
 analyser les effets organisationnels de la transformation.

Section 1 : Les modifications du système comptable

Les traitements comptables adoptés par la banque WIB présentent certaines


divergences par rapport à ceux adoptés par les banques conventionnelles. Dans ce
contexte, cette situation nécessite parfois le recours à des traitements particuliers
inspirés des pratiques énoncées par d’autres référentiels.
De ce fait, notre démarche consiste à évaluer les conséquences comptables les
plus significatives. Elle doit notamment tenir compte des modifications au niveau
des règles et traitements comptables spécifiques.

§1 : Les modifications au niveau des règles comptables spécifiques

Dans un contexte de divergence entre le référentiel IFRS et AAOIFI, les normes


comptables internationales actuelles ne prennent pas suffisamment en compte les
spécificités d’une banque islamique, et nécessitent d’être complétées par d’autres
normes spécifiques.

Ainsi, l’inexistence des normes comptables spécifiques et obligatoires aux


banques islamiques laisse une marge de manœuvre et d’appréciation à ces
banques en termes de comptabilisation des produits islamiques.
Conformément à ce qui précède, nous tenons à proposer les modifications
comptables suivantes :

36
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
 La constitution des réserves spécifiques

Nous recommandons conformément aux dispositions de la norme comptable n°11


de l’AAOIFI provisions et réserves, la constitution de deux types de réserves
spécifiques : une pour péréquation des profits et une pour risques
d’investissements.

La réserve de péréquation des profits est constituée afin de permettre


à la banque WIB de faire face au risque commercial déplacé, qui intervient
lorsque les comptes d’investissement participatifs n’enregistrent pas de
rendements suffisants par rapport aux banques conventionnelles.
La réserve pour risques d’investissements est constituée afin de
permettre à la banque de faire face au risque lié aux particularités des
modes de fonctionnement des comptes d’investissement participatifs.

 La constitution des comptes de purification des revenus illicites

Nous proposons la comptabilisation des revenus provenant d’activités illicites


dans un compte d’attente, au niveau du passif du bilan. Ainsi, la banque purifie les
profits provenant d’activités illicites, en les transférant aux comptes de zakat23.

 La constitution des comptes d’investissement participatifs

Nous recommandons conformément à l’AAOIFI :

- la présentation des comptes d’investissements affectés ou restreints ainsi


que les actifs y afférents au niveau du hors-bilan dans un état spécifique.
- l’enregistrement des comptes d’investissements non affectés ou non
restreints, dans une ligne séparée entre les capitaux propres et les dettes.

Quant aux normes internationales IAS/IFRS, aucune précision n’est apportée sur
les droits des titulaires des comptes d’investissement non affectés. Pourtant, ces
comptes constituent une des principales ressources des banques islamiques. Il
aurait donc fallu déterminer s’il faut les mettre au passif du bilan (comme des
dépôts) ou en hors-bilan.

23 CHERIF Karim, La finance Islamique : Analyse des produits financiers islamiques,


(02/10/2008), 109 pages.

37
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
§ 2 : Les modifications au niveau des traitements comptables spécifiques

Nous proposons un traitement spécifique pour chaque type de contrat, autrement


dit pour chacun des produits.

a) Contrat de financement Mourabaha


Le traitement comptable proposé fait ressortir plusieurs étapes distinctes qui sont:

 Engagement de financement : la promesse de vente : en principe, les

engagements de financement et de garantie doivent être enregistrés en hors-bilan


dès lors qu’ils sont contractés. Ces engagements sont inscrits en hors-bilan pour
leur valeur nominale (coût d’acquisition) au niveau des comptes correspondant
aux opérations de Mourabaha.

 Acquisition du bien objet du contrat de Mourabaha : le schéma comptable


doit traduire le principe de possession du bien acheté par la banque. L’étape de
possession est incontournable et obligatoire. En fait, la banque islamique admet la
possession juridique du bien comme un fait générateur de l’écriture comptable. La
norme n° 2 de l’AAOIFI préconise que les actifs possédés par la banque islamique
dans le but de les vendre sur la base de la Mourabaha doivent être comptabilisés à
la date d’acquisition au coût historique. L’écriture comptable à proposer est la
suivante :

Actif disponible à la vente (Mourabaha)24

Fournisseurs Mourabaha

Acquisition du bien par la banque (1 ère vente)

 Avance versée par le client : l’avance versée par le client au fournisseur est
enregistrée au compte « Acomptes sur opérations de Mourabaha » lors de la

24 Selon le référentiel IFRS, l’actif objet de l’opération Mourabaha est présenté dès
l’acquisition au niveau du stock et doit être évalué au coût historique. Son évaluation à la date
de clôture est faite au plus bas entre le coût d’achat et la valeur de réalisation. Á l’inverse, le
référentiel AAOIFI prévoit la comptabilisation de l’actif dans la rubrique « actif disponibles à
la vente » au coût historique et la prise en compte de toute baisse de valeur au niveau des
provisions.
38
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
constatation de l’opération, l’acompte est soldé par le crédit du compte
« Fournisseurs Mourabaha ».

 Vente du bien : en pratique, les actes d’achat et de vente se réalisent

contractuellement d’une manière simultanée. La constatation de la créance


Mourabaha se fait pour le montant nominal25, conformément au schéma
comptable suivant26 :

Financement Mourabaha

Acomptes sur opérations Mourabaha

Actif disponible à la vente (Mourabaha)

Les créances Mourabaha sont comptabilisées à la date de leur réalisation, pour la


valeur nominale de la créance. À la clôture de l’exercice, ces créances doivent être
évaluées à la valeur de l’équivalent de trésorerie à recevoir du client déduction
faite des provisions pour créances douteuses.

 Règlement du fournisseur par la banque : l’écriture comptable de

règlement fournisseur à constater est la suivante :

Fournisseurs Mourabaha

Chèque de banque

 Constatation des profits sur contrat Mourabaha27 : les normes de

l’AAOIFI préconisent la constatation des profits du contrat Mourabaha au

25 La norme n° 2 de l’AAOIFI précise, que dans les cas où la banque islamique est
susceptible, au moment de la conclusion du contrat avec le client, d'obtenir une remise ou un
rabais sur l'actif disponible à la vente sur la base de la Mourabaha, et que le montant de la
réduction est reçu par la suite, ce montant ne doit pas être considéré comme une recette pour
la banque islamique, mais doit être réduit du montant de cet actif.
26 Selon le référentiel IFRS, la sortie de l’actif suite à sa vente donne lieu à la constatation

d’une créance financière qui est présentée au niveau des «créances à recevoir ».
27 La norme IFRS 15 prévoit que, tout revenu réalisé suite à une vente de biens ou de

marchandises en stock ou à une cession d’actifs mobilisés, est constaté au cours de l’exercice
de sa réalisation, indépendamment des encaissements à recevoir. En effet, selon la même, il
39
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
moment de la réalisation de l’accord. Ces normes prévoient que les profits des
ventes doivent être comptabilisés suivant l’une des deux méthodes :

 allocation des profits aux périodes de remboursement du financement


Mourabaha proportionnellement à la durée courue pour chaque exercice.
 allocation des profits au fur et à mesure de l’encaissement des échéances
convenues dans l’accord Mourabaha. Cette méthode ne doit être utilisée que
sur la décision du comité de contrôle de la charia de la banque ou, si cela est
nécessaire, par les autorités de surveillance.

 Illustration du contrat Mourabaha

Un client x voudrait financer l’achat d’un terrain. Il conclura un contrat


Mourabaha avec une banque islamique. Il a signé une promesse pour l’achat du
terrain. Le processus du contrat Mourabaha se déroule comme suit :

 Au 30/06/N, la banque islamique achète le terrain du vendeur. Elle a


conclu une promesse d’achat pour un montant de 200 000,00 € (la promesse
pourrait être contraignante ou non contraignante).

 Au 01/07/N, elle paie 200 000,00 € moyennant le transfert du titre de


propriété.

 Au 31/12/N, la valeur du terrain s’élève à 180 000,00 €.


 Au 31/01/N+1, la banque vend le terrain au client x à 250 000,00 € et
transfert le titre de propriété au client X. Le règlement se fait à la fin de
chaque année sur une durée de 5 ans.

L’analyse de l’impact de ces opérations est présentée de la manière suivante.

faut faire une distinction entre le produit financier et le produit commercial. En effet, au
moment de la livraison du bien et lorsque le transfert des principaux risques et avantages
inhérents à la propriété est opéré, toute différence entre le prix au comptant (sa valeur
actualisée) et le prix de vente à terme est considérée comme un produit financier et non
comme un profit sur cession.

40
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut

Tableau N° 5 : Illustration du contrat Mourabaha

Date Nature de l’opération Comptabilisation et évaluation

 Conclusion de la La promesse d’achat et l’engagement de


promesse d’achat du financement est inscrit en hors-bilan au coût
30/06/N
terrain. d’acquisition.

 Achat du terrain par la Le terrain est enregistré au bilan à son coût


banque islamique. historique sous le compte « actifs destinés à la
01/07/N
vente ».
 Cas d’une promesse non
contraignante : la diminution de la
valeur du terrain est reconnue au bilan
dans l’évaluation de l’actif

 (dépréciation de valeur).
Diminution de la valeur
31/12/N  Cas d’une promesse contraignante :
du terrain
le terrain est évalué dans le bilan à son
coût historique. La différence entre la
valeur du marché et le coût historique
est constatée en tant que provision.

Suite au transfert de propriété, le terrain est sorti


du bilan. En effet la constatation de la créance

 Mourabaha se fait pour le montant nominal au


Transfert de la propriété compte « financement Mourabaha ». La marge
31/12/N+1
du terrain bénéficiaire est reconnue proportionnellement à
la période de remboursement28.
Source : Tableau développé par l’auteur

28 Selon le référentiel IFRS, la marge bénéficiaire réalisée est considérée intérêt à recevoir et
est présentée au niveau des revenus financiers. La détermination et la prise en compte des
produits dépendent de l’échéancier de règlement convenu entre les deux parties et du taux
d’intérêt fixé par la banque. Par opposition aux dispositions prévues selon le référentiel
AAOIFI considère la marge bénéficiaire comme un produit commercial.
41
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut

b) Contrat Ijara

Le traitement comptable du contrat Ijara est présenté en tenant compte des étapes
suivantes :

 la conclusion du contrat : préalablement à la location du bien au preneur, la


banque islamique doit procéder au montage de l’opération Ijara, à travers
l’acquisition du bien objet de la location et elle est parfois amenée à engager les
coûts nécessaires à la mise en place du contrat.

 la comptabilisation de l’immobilisation 29
: l’actif acquis, dans le but d’être

loué sous forme d’Ijara simple ou Ijara bittamlik (Leasing financier)30 est
enregistré au coût historique31. Il est présenté dans le bilan sous la rubrique
Investissements dans les actifs Ijara au coût historique, incluant les dépenses
nécessaires. Le schéma comptable proposé est le suivant :

Investissements dans les actifs Ijara

Fournisseurs Ijara

L’amortissement de l’actif acquis est constaté dans les comptes de la banque


islamique. Ces actifs doivent être amortis sur une base cohérente avec la politique
d’amortissement retenue pour les biens similaires au sein de la banque.

29 Il est admis en IFRS 16 (la norme IFRS 16 Contras de location publié le 13/01/2016
remplace la norme IAS 17, qui s’applique aux exercices ouverts à compter du 01/01/2019)
de comptabiliser un bien loué parmi les actifs du preneur à la juste valeur du bien loué, ou à
la valeur actualisée des paiements minimaux. Dans l’actif de la banque en tant que bailleur, il
est admis de comptabiliser seulement des loyers sous forme d’une créance envers le client. Le
montant du loyer est défalqué entre le remboursement du principal et les produits financiers.
30 La norme IFRS 16 abandonne pour les preneurs, dès le début du contrat, la distinction

entre les contrats de location-financement et les autres contrats de location simple.


31 La norme de l’AAOIFI n° 8 Ijara and Ijara Muntahia bettamlik énonce, qu’à la date

d’acquisition le bien doit être comptabilisé au coût historique. Ce coût comprend le coût
d’achat de l’actif après déduction des remises et des réductions obtenues, et est majoré des
frais nécessaires à la mise en place de l’actif loué.
42
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut

 La comptabilisation des revenus de la location : les produits doivent être


alloués proportionnellement aux périodes financières s’étalant jusqu’au terme du
contrat et présentés parmi les revenus de la banque sous la rubrique « Revenus
Ijara »32. En principe, la comptabilisation des charges concerne surtout les
dotations aux amortissements de l’immobilisation, les dotations aux provisions et
les frais d’entretien et de réparation.

 Illustration du contrat Ijara

Un client x vaudrait financer l’acquisition des équipements pour un montant de


100 000,00 €. Au 31/07/N il a conclu un contrat Ijara sur 5 ans avec une banque
islamique. Le loyer sera payé annuellement pour un montant de 25 000,00 €.

 Premier cas : une location simple sans transfert de propriété à la fin du


contrat.

 Deuxième cas : une location avec promesse d’achat à la fin du contrat (Ijara
muntahia bittamlik ).

L’analyse de l’impact de ces opérations est présentée de la manière suivante :

32
Selon la norme n°8 de l’AAOIFI, les coûts directs initiaux encourus par le bailleur lors de
la mise en place du contrat de bail doivent être répartis sur toute la durée du bail sur la même
base retenue pour la constatation des revenus. Cependant, si ces coûts ne sont pas
significatifs, ils peuvent être constatés directement en charge au cours de l’exercice auquel le
contrat de bail est conclu.
43
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut

Tableau N° 6 : Illustration du contrat Ijara

Date Nature de l’opération Comptabilisation et Évaluation

Les équipements acquis, dans le but d’être loués

 sous forme d’Ijara simple ou Ijara bittamlik


Acquisition des (Leasing financier) sont enregistrés au coût
31/07/N
équipements historique. Il est présenté dans le bilan sous la
rubrique « Investissements dans les actifs Ijara » au
coût historique.

Ijara simple et Ijara muntahia bittamlik : les


Les amortissements amortissements sont constatés dans le compte de
résultat comme une charge. La méthode utilisée est

 l’amortissement linéaire.

31/12/N
Ijara simple et Ijara muntahia bittamlik : le
revenu net d’Ijara est composé du montant de loyer
Les revenus net des amortissements. En principe les revenus du
contrat Ijara doivent être alloués
proportionnellement aux périodes financières
s’étalant jusqu’au terme du contrat.

Source : Tableau développé par l’auteur

c) Contrat de financement Moudharaba


Nous présenterons le traitement comptable du cas où la banque apporte le capital
à une autre personne (le Moudharib). Le schéma comptable proposé du contrat
Moudharaba comporte trois phases :

 Conclusion du contrat : cette phase concerne la sortie des fonds donnés en


Moudharaba. Le capital destiné au Moudharaba est comptabilisé en tant qu’actif
dans le bilan au moment où il a été rendu disponible pour l’entrepreneur. Le
schéma comptable proposé est le suivant :

Financement Moudharaba

Comptes courant Moudharib

44
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
Il est à signaler qu’il faut distinguer trois cas possibles. Le premier consiste à
gérer les fonds en numéraire quand ils sont retirés en totalité, la deuxième consiste
à ne pas retirer les fonds en totalité et enfin traiter le cas des fonds en nature33.

 Réalisation des pertes et des profits : la comptabilisation des profits et des


pertes peut se présenter selon que le contrat à moins d’un an ou s’étale sur
plusieurs exercices.

En cas de perte : selon l’AAOIFI, la perte a été constatée directement dans les
comptes de charges, en contre partie d’une diminution du capital de Moudharaba

(puisque le Moudharib n’est pas responsable de la perte réalisée). Le schéma


comptable sera comme suit :

Pertes sur Moudharaba

Financement Moudharaba

En cas de profit : par prudence, il n’y aura aucune écriture comptable. Les profits
sur contrat Moudharaba ne seraient acquis qu’à l’expiration du contrat. Selon le
référentiel de l’AAOIFI, les profits seront enregistrés aux comptes de la banque et
le Moudharib doit donc verser les profits même avant la fin du contrat. Le schéma
comptable sera comme suit :

Créances Moudharib

Produits à recevoir sur Moudharaba

 Fin du contrat Moudharaba : en principe, le gestionnaire du Moudharaba


doit verser le capital initial et les profits réalisés et non versés à la banque.

Comptes ordinaires

Financement Moudharaba
Créances Moudharib

33
L’AAOIFI n°3 préconise la valorisation de la sortie de l’immobilisation à sa valeur de
marché ou d’utilité.
45
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
Au niveau des comptes consolidés de la banque, le traitement comptable de la
Moudharaba prévu par le référentiel IFRS dépend de la nature du contrôle exercé
par la banque. Pratiquement, l’entrepreneur est le premier responsable de la
gestion du projet. En fait, la banque n’exerce qu’une influence notable et donc la
méthode de mise en équivalence est appliquée34.

 Illustration du contrat Moudharaba

Un client d’une banque islamique décide de créer un projet industriel et conclue


un contrat Moudharaba avec sa banque. En tant que propriétaire des fonds, la
banque a fourni 200 000,00 € en capital pour le projet.

Le pourcentage de partage des pertes et profits prédéfini dans le contrat


Moudharaba est de 70% pour la banque et de 30% pour le client. Le processus du
contrat de Moudharaba se déroule comme suit :

 Au 30/06/N, la banque transfert le capital de 200 000,00 € au client.

 Au 31/12/N, le projet dégage un résultat bénéficiaire et le profit distribué


s’élève à 600 000,00 €.

 Au 31/12/N+1, le projet est toujours bénéficiaire et dégage un résultat de


10 000,00 €. Aucun bénéfice n’est distribué.

 Au 31/12/N+2, le projet rencontre quelques difficultés et ses actions


enregistrent une baisse de leur juste valeur estimée à 196 000,00 €. La perte
est estimée à 4 000,00 €.

 Au 31/12/N+3, le Moudharib perd la totalité de son capital.

L’analyse de l’impact de ces opérations est présentée de la manière suivante :

34L’acquisition de la participation est enregistrée au coût d’acquisition. À la clôture, la valeur


comptable de la participation est augmentée ou diminuée pour prendre en compte la quote-
part de la banque dans les résultats de l’investissement détenue après la date d’acquisition.
Selon IFRS, Lors de l’acquisition de la participation, toute différence positive ou négative
entre le coût d’acquisition et la quote-part de l’investisseur dans les justes valeurs des actifs
identifiables nets de l’entreprise associée est comptabilisé en goodwill.
46
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut

Tableau N° 7 : Illustration du contrat Moudharaba

Date Nature de Comptabilisation et Évaluation


l’opération
Le financement du capital Moudharaba est pris en
compte dans le bilan sous le compte « financement

 Moudharaba ».
Transfert du capital Le capital Moudharaba est la somme mise à la
30/06/N
au client disposition de l’entrepreneur. Les coûts de conclusion
du contrat sont exclus, sauf si cela est consenti par les
deux parties.

 La part de la banque aux profits est enregistrée au


Distribution des compte de résultat comme revenu de la période
31/12/N
profits pendant laquelle il a été distribué.

La part de la banque au profit non distribué à

 Profit non distribué comptabiliser dans un compte de produit à recevoir au


niveau de passif en contre partie d’une créance sur le
31/12/N+1
client « créances Moudharib ».
La perte de la période vient en déduction des profits

 intermédiaires non distribués. En principe, la perte est


Perte de la juste supportée par la banque islamique sauf en cas de
31/12/N+2
valeur des actions mauvaise gestion du Moudharib. La perte est
enregistrée en déduction du compte « créances
Moudharib »
La perte est enregistrée comme une perte ordinaire et

 Le capital de la supportée par la banque islamique. la perte réduit le


Moudharaba est capital de la Moudharaba. Dans ce cas, le solde du
31/12/N+3
entièrement perdu compte « financement Moudharaba » est crédité par le
débit du compte de résultat.
Source : Tableau développé par l’auteur

47
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut

d) Contrat de Musharaka
Le traitement comptable proposé traite principalement les aspects liés à la
reconnaissance, à l’évaluation à la date de clôture, et à la constatation dans les
pertes et profits 35.

 La reconnaissance de la part de la banque au contrat Musharaka : la part


de la banque dans le capital correspond au montant de la valeur mise à la
disposition du client pour les apports en numéraire ou à la juste valeur convenue
entre la banque et son partenaire pour les apports en nature. Elle doit être
comptabilisée dans le bilan sous la rubrique financement Musharaka. Si une
différence existe entre la juste valeur de l’actif apporté et sa valeur comptable elle
doit être comptabilisée au compte pertes ou profits de l’investissement sur
Musharaka36.
 Évaluation à la date de clôture : l’évaluation à la date de clôture doit être
enregistrée au coût historique. Dans le cas où le contrat Musharaka est résilié et
que la part du capital de la banque n’a pas été recouvrée, la partie qui demeure
impayée doit être comptabilisée comme créance dûe sur le partenaire du contrat
Musharaka.

Créance de Musharaka
Financement Musharaka

 La constatation de la part de la banque dans les profits et les pertes : les


profits ou les pertes sont constatés à la liquidation de l’association. Si la
Musharaka s’échelonne sur plusieurs exercices, les profits et les pertes sont

35 Contrairement au référentiel de l’AAOIFI, le référentiel IFRS préconise que la


présentation et l’évaluation du capital Musharaka au bilan et la prise en compte des revenus
au niveau de l’état de résultat varie en fonction de la nature du contrôle exercé par la banque
islamique.
36 Selon IFRS, les apports de la banque sont comptabilisés dans ses états financiers

individuels comme une participation dans l’entité contrôlée conjointement.


Dans les états financiers consolidés, la banque doit présenter sa participation dans une
Musharaka contrôlée conjointement en utilisant la méthode de l’intégration proportionnelle.
Par, ailleurs doit être traitée comptablement conformément à la participation dans les co-
entreprises (accord contractuel qui établit un contrôle conjoint).
48
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
constatés à la fin de l’exercice où ils sont réalisés. La perte vient en diminution du
capital de la banque.
Les pertes et les profits au titre des opérations de financement Musharaka qui
commencent et se terminent au cours de l’exercice comptable doivent être
comptabilisés à la date de recouvrement de la part de la banque.
Les profits au titre des opérations de financement Musharaka qui se poursuivent
sur plusieurs exercices comptables doivent être reconnus dès leurs encaissements
par la banque islamique. Les pertes doivent être reconnues au cours de la période
de leur réalisation et doivent être déduites de la part de la banque dans le capital
Musharaka.

 En cas de pertes

Pertes de l’investissement sur Musharaka


Financement Musharaka

 En cas de pertes (l’associé est responsable de la perte)

Créance de Musharaka ou compte courant de l’associé


Financement Musharaka

 En cas de profits
Trésorerie
Profits de l’investissement sur Musharaka

 Illustration du contrat Musharaka

Une banque islamique conclut un contrat Musharaka avec un client pour


développer un projet en télécommunication. Le client a une expérience dans ce
secteur.

 Le 30/06/N : le client et la banque islamique concluent un contrat de


partenariat. La banque islamique apporte 150 000,00 € et dédie à l’un de ses
cadres la gestion du projet. Le client apporte 150 000,00 € de capital et il est
aussi impliqué dans la gestion du projet. Le capital est de 300 000,00 €, divisé
49
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
en 300 actions, la valeur nominale de l’action est à 1000,00 €. Les profits sont
distribués proportionnellement au pourcentage détenu dans le capital.

 Le 31/12/N : le client rachète 30 actions, évaluées chacune à 1100,00 €.

Au 31/12/N+1 : le projet a réalisé un profit de 22 000,00 € et a été


distribué.

L’analyse de l’impact de ces opérations est présentée de la manière suivante :

Tableau N° 8 : Illustration du contrat Musharaka

Date Opération Comptabilisation et Évaluation

La participation de la banque dans le capital


Musharaka doit être reconnue quand elle est mise

30/06/N Signature d’un projet à la disposition de l’associé. La participation est
de partenariat reconnue en tant qu’actif de la banque et est
enregistrée sous le compte « Financement
Musharaka ».
Le compte « Financement Musharaka » est réduit
de la valeur de 30 actions à leur coût historique.

31/12/N Rachat de 30 actions La différence entre le coût historique et la juste
par l’associé valeur des actions est enregistrée comme produits
en contre partie d’une créance sur l’associé sous
le compte « Créances sur Musharik »
Le profit distribué est enregistré dans le compte
 Distribution de de résultat de la banque islamique relatif à la
31/12/N+1
bénéfice période pendant laquelle il a été distribué.

Source : Tableau développé par l’auteur

e) Traitement comptable des Sukuks

Les Sukuks sont des obligations classiques adossées à un actif tangible. Ils sont
adossés à un des actifs qui génèrent des flux financiers permettant ainsi de
rémunérer les porteurs de ces titres. Ces derniers perçoivent une part des profits.

50
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
Le traitement comptable des opérations du Sukuk diffère selon que l’on se place
du côté de la banque islamique, du SVP (Special Purpose Vehicule)37, ou alors du
côté des fonds d’investissement Sukuk38. En fait, la norme n° 14 de l’AAOIFI a
considéré que les porteurs de Sukuks sont regroupés dans une entité comptable
qui devra établir ses états de synthèse. La comptabilisation de l’opération Sukuk 39
la plus utilisée « Sukuk – Ijara » est schématisée en trois phases40. Nous allons
nous limiter au traitement comptable chez la banque islamique.

 Cession du bien au SPV : cette étape consiste à constater le transfert de la


propriété de l’immobilisation à l’entité SPV. L’écriture comptable proposée est la
suivante :

Comptes ordinaires

Immobilisations corporelles

Au titre de cette écriture comptable, nous avons négligé l’aspect de


l’amortissement et celui des provisions du bien immobilisé. De même, nous avons
fait l’hypothèse que le bien est acquis spécialement dans le cadre du mon de
Sukuks.

 paiement des charges de gestion du bien : il s’agit du paiement des charges


de la banque islamique, qui sont des charges locatives versées à l’entité SPV,
mandataire des porteurs de Sukuks.

Charges externes

Comptes ordinaires

37CHERIF Karim,La finance Islamique : Analyse des produits financiers islamiques, (02/10/2008 ),
109 pages.
38BANNENI Salima, Adaptation du plan comptable des établissements de crédit et application des normes
IFRS aux particularités de la finance islamique, (2014).
39L’IFRS 9 (a remplacé l’IAS 39) est assimilé à la norme comptable de l’AAOIFI n°14.

40 BANNENI Salima, « Adaptation du plan comptable des établissements de crédit et

application des normes IFRS aux particularités de la finance islamique », (2014).

51
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut

 acquisition du bien par la banque islamique à la fin du contrat :


pratiquement, à l’expiration de la durée du Sukuk, la banque islamique récupère le
bien objet de contrat. Le prix à la date de la cession est la valeur marchande.

Recommandation : L’expert-comptable doit évaluer au préalable l’impact de la


spécificité liée à une banque islamique au niveau des traitements comptables
appropriés. Ce traitement nécessite la conduite d’une analyse détaillée au niveau de la
reconnaissance, l’évaluation et la prise en compte de ces principaux produits.

Section 2 : Les modifications au niveau de la répartition des profits

Le processus de répartition des pertes et profits générés par les projets et les
investissements, conjointement financés par les fonds propres de la banque et les
fonds des titulaires de comptes d’investissement participatif, nécessite la mise en
place d’une démarche méthodique spécifique.

Dans ce contexte, nous proposons une démarche opérationnelle de répartition des


profits du contrat Moudharaba à caractère général. Cette méthodologie est
composée de deux phases : la première consiste à formaliser la politique générale
de répartition du profit, la deuxième à présenter une démarche méthodique de
détermination du panier des profits à distribuer.

§1 : Détermination de la politique de répartition du profit

Il s’agit de formaliser les procédures de répartition du profit aux déposants


titulaires des comptes de dépôts affectés et non affectés. Ce formalisme
doit contenir :

 le mécanisme clair pour le traitement de chaque type de perte et profit


ainsi que des provisions et dotations,
 l’interdiction de transfert du reliquat des comptes affectés non encore
investis aux comptes non affectés, et inversement,
 la méthode de constitution des réserves pour risques
d’investissements et pour lissage des profits,

52
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut
 la détermination de la date de distribution des profits dans les
comptes d’investissements participatifs,
 les priorités d’investissements entre les comptes d’investissement
participatifs restreints et non restreints,
 la définition d’un minimum de documents que chaque déposant doit
fournir et remplir avant toute ouverture de compte.

De même, il faut s’assurer de l’existence des modèles de contrats conclus entre la


banque et les déposants. Ce modèle doit être suffisamment clair, c'est-à-dire ne
pas donner lieu à d’autres interprétations. Il doit désigner la partie qui va
supporter le risque de perte. Il doit aussi prévoir une clause de la solidarité entre
les déposants, et une autre qui prévoit la manière de résolution des conflits
éventuels. Enfin, il doit préciser la part de la banque en tant que Moudharib.

§ 2 : Modalité de détermination des profits à distribuer

Créer un guide de répartition des profits du contrat Moudharaba à caractère


général, qui concerne la détermination du panier des profits, intégrant trois étapes
suivantes : la détermination des ressources, le contrôle de la détermination des
profits et enfin la répartition des profits.

Nous proposons en annexe n° 3, une démarche méthodique de détermination du


panier des profits à distribuer.

Section 3 : Les effets organisationnels de la transformation

Á ce stade, notre effort sera consacré à présenter et analyser les implications


organisationnelles de la reconversion de la banque WIB.

En effet, notre analyse sera basée sur trois axes primordiaux :

- l’effet de la transformation sur la gouvernance de la banque,


- l’incidence sur le système de contrôle interne,
- l’impact sur les risques.

53
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut

§1: Incidence sur la gouvernance de la banque41

Du fait de l’évolution et la modification de l’activité financière de la banque WIB,


la structure organisationnelle doit être réajustée et modifiée. Des cellules prennent
de l’importance, quand d’autres disparaissent, ou ont relativement moins
d’activité.
Dans ce cadre, la promulgation de la loi n° 2016-48 du 11 juillet 2016 relative aux
établissements de crédit a exigé la présence d’un organe de contrôle spécial
nommé comité de la charia42, en plus des structures d’audit interne de la charia43.
En effet, la banque WIB est tenue de désigner un comité de contrôle de la charia,
chargé de valider les transactions avec les règles régissant la finance islamique44.

§ 2 : Incidence sur le contrôle interne45

Le système de contrôle interne de la banque WIB doit être en mesure d’identifier


et de prévoir les différents types de risques liés à l’activité, notamment les risques
liés au capital, les risques de crédit, les risques de liquidité, les risques de marché,
les risques opérationnels, etc.

§ 3 : Incidence sur les risques spécifiques

Notre rôle s’attachera à identifier les principales zones de risques liés aux produits
financiers islamiques suivants : Mourabaha, Ijara, Moudharaba. Ces produits
représenteront la majeure partie des transactions de la banque WIB. Nous
proposons en annexe n° 4, l’identification des principales zones de risque liées à
ces produits.

41 PLUCHART Jean-Jacques &C.Zied, (Février 2006), La gouvernance de la banque


islamique, proposition de communication.
42 Comité de la chari’a : chargé d’émettre des avis juridiques relatifs aux conditions de
licéité des opérations et des produits proposés par la banque
43 Le comité d’audit interne de la chari’a a pour objectif d’examiner et d’évaluer les avis

et recommandations émis par le comité de la chari’a.


44 CHERIF Karim, La finance Islamique : Analyse des produits financiers islamiques,
(02/10/2008), 109 pages.
45 ABDENBI Hord, (2009), « Finance islamique : règlementation et contrôle du système
bancaire islamique », article publié dans le site : http://www.france-finances.fr/finance-islamique-
reglementation-et-controle-du-systeme-bancaire-islamique.php, dernière consultation le 20/02/2016.
54
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

Chapitre 3 :

Les éléments de l’étude de faisabilité

La réussite du processus de transformation nécessite une connaissance


approfondie de l’environnement interne et externe de la banque, et une bonne
compréhension des différentes exigences du marché, ainsi que les défis à
surmonter.

Avant tout processus de transformation, l’élaboration d’une étude de faisabilité est


nécessaire pour comprendre la viabilité du processus proposé et indiquer la
capacité de la banque à se transformer et à réaliser ses nouveaux objectifs.

Pour effectuer cette étude de faisabilité nous avons procédé à la collecte des
informations nécessaires, par le biais, entre autres, de questionnaires, de
discussions avec la direction et les cadres de la banque, l’étude de documents
importants, etc.

Dans ce contexte, notre apport sera ainsi consacré à la présentation d’une


méthodologie d’étude de faisabilité du processus de passage d’une banque
conventionnelle à une banque islamique. Nous avons proposé une démarche
pratique et opérationnelle de l’étude de marché, la faisabilité réglementaire,
l’étude de l’environnement organisationnel, et enfin une démarche d’analyse
financière des éléments clés de la future activité de la banque.

Section 1 : Une étude de marché et une évaluation réglementaire

§1 : Une étude de marché

L’étude de faisabilité du marché est une étape incontournable pour la réussite du


projet de transformation. Elle donne une explication sur les tendances du marché
cible. Elle assure aussi la faisabilité commerciale des produits islamiques.

Dans notre cas et pour mettre en lumière les opportunités et les menaces du projet
de transformation, nous proposons la matrice de SWOT (Strengths, Weaknesses,
Opportunities, Threats) en tant qu’outil d’analyse stratégique.

55
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

Tableau N°9 : La matrice de SWOT

FORCES FAIBLESSES

 Un réseau d’agence en cours de  La concurrence forte et les coûts de


développement. financement peuvent affaiblir la
 Un excellent positionnement sur le marge nette.
marché.  Une faible configuration du réseau
 Un développement et évolution et des agences.
continue du marché.  Un cadre légal spécifique
 Une diversification de l’activité. insuffisant.
 Une maîtrise des risques.  Le manque de transparence de
 Une structure financière confortable. l’information divulguée.
 Les normes comptables
internationales sont inadaptées.
OPPORTUNITÉS MENACES

 Une forte croissance des produits  Les coûts de transformation sont


financiers islamiques. très élevés.
 L’entrée des deux nouveaux  Une transformation totale du
partenaires stratégiques (partenariat système d’information et des
technique et financière). structures organisationnelles.
 Une volonté de l’État pour soutenir
le développement de la finance
islamique.
 La commercialisation des produits
financiers islamiques est très limitée.

a) Analyse et étude de l’environnement bancaire

À cette étape et afin d’apprécier la faisabilité du projet de transformation, nous


évaluerons et étudierons les principales caractéristiques du secteur bancaire et les
grands acteurs du marché, en précisant leurs caractéristiques, leurs atouts et leurs
points faibles.

 Composition du système bancaire Tunisien

Jusqu’à la fin de 2015, le système bancaire tunisien est composé de 43


établissements de crédits agréés. Le réseau d’agences a réalisé une augmentation
de 75%. Les principaux indicateurs financiers sont présentés dans les tableaux
suivants :

56
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

Tableau N° 10 : Structure du système bancaire tunisien

Structure et taille 2013 2014 2015


Banque résidentes 21 22 22
Banques non résidentes 8 7 7
Banques d’affaires 2 2 2
TOTAL 31 31 31
Réseaux d’agences bancaires 1518 1625 1700

Source : site BCT46

Quant à la densité de répartition des réseaux d’agences, elle semble très


satisfaisante mais dissimule une répartition inéquitable entre les régions.

 Paysage bancaire selon la nature de l’actionnariat

Tableau N°11 : Paysage selon la nature de l’actionnariat

Nombre
Banques à capitaux étrangers 9
Banques publiques 7
Banques non résidentes 7
Banques à capitaux privé tunisiens 3
Banques mixtes 5
Source : site BCT

Ce tableau montre bien que le système bancaire tunisien semble concentré sur les
banques à participation publique majoritaire.

 Analyse du système bancaire tunisien

Le secteur bancaire tunisien est spécifié par un taux de bancarisation faible (32 %
seulement des tunisien âgés plus de 15 ans ayant un compte bancaire. Tandis que
pour le Maroc 39%, l’Egypte 10%).
En Tunisie, les crédits octroyés sont estimés à 70% du PIB (pour la Jordanie
118%, le Liban 151%).
Le volume moyen des avoirs gérés par une banque est dans l’ordre de 3,3
milliards TND (1, 32 milliards Euros). Par contre, au Maroc, ce volume est estimé
à 6,8% milliards TND (2,72 milliards Euros).

46 La Banque Centrale de Tunisie : Site www.bct.gov.tn (dernière consultation : 13/08/2016)

57
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

b) Évolution de la finance islamique

La banque islamique de développement a été fondée en 1974 à Djeddah. À partir


de 1975, trois banques importantes ont été créées : la Dubaï Islamic Bank en
1977, la Kuwait Finance House en 1978, et Al-Baraka Banking Group ABG
fondée à Bahreïn en 1982. Ensuite, certains pays comme le Pakistan en 1980,
l’Iran et le Soudan en 1983 ont procédé à l’islamisation totale de leur système. Au
cours des années 1990, l’ouverture des guichets islamiques par les banques
conventionnelles est une étape marquante.

Actuellement, la finance islamique a réalisé une évolution exceptionnelle. D’après


ERNST & YOUNG les actifs gérés représentent plus de 2000 milliards de dollars,
pour atteindre à l’horizon 2020 les 3000 milliards de dollars. Le profit global
consolidé sera triplé d’ici 201947.
Les experts de la finance estiment que le marché bancaire islamique maintiendra
sa forte évolution sur le moyen terme, avec un taux de croissance annuel moyen
entre 15 % et 20 %.

c) Développement du secteur bancaire islamique tunisien

Actuellement, on compte deux banques islamiques, une société de leasing et une


compagnie de réassurance. Quant aux banques islamiques nous citerons :

- Al Baraka Bank Tunisian, créée en 1983. Son capital est détenu par le
groupe bancaire islamique Al Baraka Banking (ABG).
- La Banque Zitouna créée en 2009.

Le marché bancaire islamique en Tunisie est un marché porteur, il a un potentiel


de développement important. Il est à signaler que ce marché ne représente pour
l’instant que 2.2 % des actifs bancaires (presque la moitié du taux présenté par
l’Egypte, la Jordanie et la Turquie). L’analyse stratégique montre bien que la
Tunisie, comme l’Egypte et l’Algérie, représente les pays qui ont une marge de
progression considérable au regard du faible taux de pénétration.

47
ERNST & YOUNG, World Islamic Banking Competitiveness Report 2015/2016, (2015), 88
pages.

58
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

Recommandation : Dans le cadre de l’étude de faisabilité de marché cible, l’expert-


comptable peut proposer la matrice SWOT, en tant qu’outil d’analyse stratégique. Cet
outil est utilisé dans le but de faire ressortir les forces et les faiblesses d’un marché.

§ 2 : Une évaluation réglementaire

La faisabilité juridique constitue un préalable à la faisabilité globale de la


transformation qui permet aux actionnaires de se positionner par rapport aux
possibilités juridiques qui leur sont offertes pour réaliser ce processus.

Dans ce contexte, la démarche pratique consistera à étudier :

 la possibilité juridique de l’obtention de l’agrément par la banque WIB


pour avoir le statut d’une banque islamique,
 la relation de la banque avec la banque centrale48,

 l’étude de la faisabilité juridique des contrats49, vu les spécificités de


quelques contrats islamiques (présentés à la section 3, sous-section 2,
chapitre 1, partie1),

 une analyse approfondie de la fiscalité des opérations de la banque qu’il


s’agisse des impôts directs ou indirects. Cette analyse a pour finalité
d’assurer que la concurrence entre les deux catégories de banque n’est
pas faussée par les règles de droit fiscal.

48BEAUGÉ Gilbert, Le contrôle bancaire et la politique des banques centrales : étude comparative, In :
Les capitaux de l’islam, CNRS Éditions 2001, p.165-186.
49En plus du cadre légal général de l’activité bancaire, nous citons les dispositions juridiques
spécifiques, à savoir :

 la loi 39-98 du 02/06/1998 régissant la vente à tempérament (Vente à terme) :


Mourabaha,
 l’article 1195 à 1125 du code des obligations et des contrats : Moudharaba,
 l’article 1249 et l’article 1451 du code des obligations et des contrats : Musharaka,

59
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

Recommandation : L’étude de faisabilité juridique est une étape incontournable pour la


réussite du projet de transformation. L’expert-comptable doit maitriser la juridiction, sa
portée et sa limite, afin d’envisager les solutions possibles pour réussir ce passage.

Section 2 : Une étude de l’environnement organisationnel et financier

§1 : Une évaluation de l’environnement organisationnel

Cette étape consiste à analyser l’environnement interne de la banque, sa structure


organisationnelle, et l’évaluation des compétences du personnel. Elle est
déterminante pour que la banque WIB puisse apprécier ses performances ainsi que
l’évaluation des besoins en recrutement des nouveaux salariés et cadres.
En effet, au titre de cette étape nous procéderons à l’identification et à l’évaluation
des moyens humains et matériels nécessaires pour la réussite du processus. La
démarche pratique et opérationnelle proposée s’articule autour quatre axes
suivants (il y aura une mise en place d’une démarche opérationnelle de
sensibilisation des dirigeants et des salariés section 1, chapitre 1, partie 2) :

 axe 1 : évaluation des compétences : elle consiste à réaliser une


évaluation spécifique et approfondie des connaissances et qualifications
ayant trait aux aspects islamiques.
 axe 2 : évaluation du style de direction : elle concerne l’approche
existante pour appréhender et superviser les risques spécifiques liés aux
activités de la banque, ainsi que l’attitude de la direction et ses actions à
l’égard de l’information financière qui intéresse essentiellement les
déposants investisseurs.
 axe 3 : évaluation de la structure organisationnelle : elle est
effectuée en termes de planification, d’exécution, de contrôle, de revue,
de prise en considération des postes clés, de contrôle de spécificités de
la banque et des procédures appropriées de communication.
 axe 4 : évaluation de la politique et pratiques en matière de
ressources humaines : cette évaluation peut démontrer l’attachement
de la banque aux valeurs de compétences, de confiance et des niveaux
de performance ou le contraire.

60
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

Focus : Les compétences des salariés est un facteur clé de succès quant à la réussite du
processus. L’expert-comptable assistera la banque à évaluer ses moyens humains et
matériels nécessaires pour la réussite du processus.

§ 2 : Une analyse financière

L’analyse financière de l’activité future de la banque est primordiale pour la


réussite du projet de transformation.
Dans ce contexte, nous présentons une démarche d’analyse financière du projet
pour la période allant de l’année 2015 jusqu’à l’année 2019. Cette démarche est
orientée vers :
- la présentation de quelques aspects de l’activité future de la banque,
- la présentation des résultats prévisionnels et des bilans prévisionnels,
- l’analyse d’évolution des résultats prévisionnels,
- l’analyse par des ratios financiers,

Cette méthodologie a été traduite en un outil conçu sur Excel (annexe n° 5). Les
paramètres et les variables (en jaune) alimentent automatiquement les différents
tableaux de l’outil Excel. Cet outil nous permet de présenter tous les éléments de
calcul (les dépôts des clients, l’évolution des emprunts et autres, le programme
d’investissement, les charges d’exploitation, les revenus). Ces tableaux alimentent
automatiquement les états de résultats et les bilans prévisionnels. Cet outil nous
permet aussi de présenter les différents types de ratios (ratios de gestion,
ratios de rentabilité, ratios de structure).

Nous joignons donc en annexe n° 4, la démarche complète de l’étude de


faisabilité financière du processus.

Afin de procéder à une analyse financière pertinente des résultats prévisionnels, il


serait judicieux d’utiliser les états comptables et de trouver des critères d’analyse.

Dans cette optique, nous allons procéder à l’analyse des différents soldes
intermédiaires de gestion et l’analyse par les ratios.

61
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité
Au niveau de cette étape, nous nous limiterons à analyser le PNB, le RBE et le
résultat net de l’exercice.

a)Le calcul du produit net bancaire (PNB)

Tableau N° 12 : Calcul de la variation du PNB (Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Produits d'exploitation bancaire 33 000 43 715 53 824 66 803 85 913
Charges d'exploitation bancaire 12 195 13 527 19 527 25 803 36 097
Produit Net Bancaire 20 805 30 188 34 297 41 001 49 815
Variation du PNB 45,10% 13,61% 19,55% 21,50%

Le PNB prévisionnel de la banque atteindra une progression significative de


139,44 % entre 2015 et 2019. On estime qu’il passera de 20 805 K euros en 2015
à 49 815 K euros en 2019. Une bonne stratégie commerciale adoptée par la
banque en termes de marge de profit pourrait permettre une telle performance.

La même base prévisionnelle nous permet de dégager la marge de profit suivante :

Tableau N° 13 : Calcul de la marge de profit

2 015 2 016 2 017 2 018 2 019


Marge de taux de profit 100,00% 81,47% 83,06% 85,29% 87,42%
Marge sur commissions 0,00% 18,53% 16,94% 14,71% 12,58%
PNB 100% 100% 100% 100% 100%

Dans ce contexte aussi, l’analyse de la structure du produit net bancaire


prévisionnel de la même période reste toujours dominée par la marge de taux de
profit, qui représente seule 81,47 % du PNB en 2016 et 87,42 % en 2019.

c) Le résultat brut d’exploitation

Ce résultat indique la marge qui se dégage de l’activité courante de la banque. Il


indique la richesse nette produite par la banque. Il se calcul comme suit :

RBE = PNB – Charges d’exploitation non bancaire – Charges générales


d’exploitation + Produits d’exploitation non bancaires

62
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

Tableau N° 14 : Calcul de la variation du RBE (Chiffres en k euros)

2 015 2 016 2 017 2 018 2 019


Produit net Bancaire 20805 30188 34297 41001 49815
Charges personnel 4494 4983 5580 6175 6 892
Charges générales d'exploitation 3556 4809 6516 8399 10411
Résultat brut d’exploitation 12755 20396 22201 26427 32 512
variation du résultat brut d'exploitation - 59,90% 8,85% 19,04% 23,03%

Le résultat brut d’exploitation en 2019 réalisera une progression de 154,90 % en


passant de 12 755 K euros en 2015 à 32 512 K euros en 2019. Cette évolution est
expliquée essentiellement par l’évolution du PNB.

c) Le résultat net de l’exercice

Tableau N° 15 : Calcul de la variation du résultat net (Chiffres en k euros)


2 015 2 016 2 017 2 018 2 019

Résultat net de l’exercice 1 286 5 975 6 515 8 714 16 336


variation du résultat net 364,76% 109,02% 133,77% 187,46%

Le résultat net atteindra 5 975 K euros en 2016 contre 6 515 K euros en 2017 soit
une évolution de 109,02 %.

Cette analyse nous parait comme une condition sine qua non quant au choix de
l’option relative à l’opération de passage.

Section 3 : Assistance dans le choix de l’option la plus appropriée

§1 : Les modalités et les exigences de la transformation

Dans sa réunion avec la direction de la banque, l’expert-comptable a expliqué


qu’il est parfaitement possible que la banque :

- se transforme immédiatement. Cette modalité se caractérise par une courte


durée et un degré élevé de risques en raison des coûts importants
supportés. Elle peut engendrer des crises de liquidité, un taux élevé
d’erreurs commises et une faible performance du personnel.
- se transforme progressivement par étapes. Dans ce cadre, la banque doit
élaborer un plan d’action qui comporte l’ensemble des procédures

63
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité
nécessaires pouvant être suivi et évalué. Elle doit se conformer « pas à
pas » aux règles spécifiques régissant l'activité, en éliminant
progressivement les activités illicites et la pratique de l’intérêt. Cette
modalité de transformation est considérée comme étant plus efficace et
moins coûteuse.

Toute banque désirant s’établir en Tunisie est tenue d’obtenir un agrément auprès
du ministère des Finances suite à une demande instruite par la Banque Centrale de
Tunisie. Ainsi, dans le cadre du projet de transformation de la banque WIB,
l'agrément est accordé compte tenu :

 du programme d'activité de la banque, et des moyens financiers et


techniques en œuvre,
 de la qualité des propriétaires des capitaux, de l’honorabilité et de la
compétence des dirigeants.
 d’une une étude de faisabilité et de la présentation d’un planning de
transformation.

§ 2 : Analyse des contraintes entravant le projet

La mise en place d’un plan de reconversion sera confrontée à des contraintes et


obstacles50. Il appartient à l’expert-comptable de mettre à jour ces contraintes et
exigences.

La banque WIB est soumise aux dispositions de la banque centrale. De ce fait, il


s’agit d’une vraie contrainte pour le processus de transformation, vu que certaines
dispositions fixées par la banque centrale sont contraires aux spécificités de la
banque.

Ainsi, les coûts supportés, provenant de réorganisation des structures


organisationnelles et la formation de nouveaux salariés et cadres de la banque,
peuvent entraver l’opération de la transformation (restructuration des procédures
comptables et des systèmes d’information).

50ADEL Saied, ZURINA Shafii, ( 2013), The obstacles facing conversion processus from
conventional banks to Islamic banking: A review of literature, The 5 th Islamic economicconference,
Malaysia.
64
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

§ 3 : Choix de l’option appropriée

L’expert-comptable assiste la banque dans le choix du scénario le plus approprié.


Il tient compte essentiellement de toutes contraintes juridiques, opérationnelles et
comptables, de la capacité financière de la banque, des intérêts des actionnaires et
enfin des risques majeurs.

Dans cette optique ; outre l’analyse de PNB, RBE et le résultat ; une analyse par
le biais des ratios nous parait nécessaire. Il s’agit: des ratios de structure, des
ratios de gestion, des ratios de rentabilité et des ratios de risque financiers.

a) Les ratios de structure


 Le ratio de dépôts de la clientèle :

Ce ratio présente la part des dépôts de la clientèle dans le total des ressources de la
banque. Il se calcul comme suit :

Total dépôts de la clientèle / Total bilan

Tableau N°16 : Le ratio de collecte de dépôts de la clientèle


(Chiffres en k euros)
2015 2016 2017 2018 2019
Total dépôts 141 083 216 275 366 625 623 115 1 061 785
Total bilan 454 343 537 650 706 166 966 277 1 434 552
PNB / Total bilan 31,05% 40,23% 51,92% 64,49% 74,02%

 Le ratio d’octroi des crédits

Ce ratio se calcul comme suit :

Total crédits/ Total bilan

Tableau N°17 : Le ratio d’octroi des crédits (Chiffres en k euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Total crédits 362 000 429 970 592 814 823 614 1 251 145
Total bilan 454 343 537 650 706 166 966 277 1 434 552
PNB / Total bilan 79,68% 79,97% 83,95% 85,24% 87,22%

65
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

Ce ratio présente bien que la banque a réservé 79.97% ses ressources à l’octroi
des crédits, contre 85.24 % en 2018.

 Le ratio de financement des crédits accordés aux clients

Ce ratio montre bien la capacité de la banque à financer les crédits accordés aux
clients à partir des dépôts de la clientèle. Il se calcul comme suit :

Total dépôts de la clientèle / Total crédits accordés aux clients

Tableau N°18 : Le ratio de financement des crédits accordés aux clients

(Chiffres en k euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Total dépôts / Total crédits 38,97% 50,30% 61,84% 75,66% 84,87%

b) Les ratios de gestion


 Le ratio de productivité

Ce ratio permet de donner une appréciation sur la productivité totale de la banque.


Il se calcul comme suit :

Produit Net Bancaire / Total bilan

Tableau N°19 : Le ratio de productivité (Chiffres en k euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Produit Net Bancaire 20 805 30 188 34 297 41 001 49 815
Total bilan 454 343 537 650 706 166 966 277 1 434 552
PNB / Total bilan 4,58% 5,61% 4,86% 4,24% 3,47%

 Le coefficient d’exploitation

Ce ratio représente la rigueur de la gestion de la banque. Il indique la part de la


richesse produite par le PNB prévisionnel de la nouvelle banque par l’ensemble
des charges d’exploitations (charges du personnel + charges générales
d’exploitations). Ce ratio se calcul comme suit

Coefficient d’exploitation= Frais généraux / PNB

66
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité

Tableau N° 20 : Calcul du coefficient d’exploitation (Chiffres en k euros)


2 015 2 016 2 017 2 018 2 019
Charges du personnel 4 494 4 983 5 580 6 175 6 892
Charges générales d'exploitation 3 556 4 809 6 516 8 399 10 411
Produit net Bancaire 20 805 30 188 34 297 41 001 49 815
Coefficient d'exploitation 38,69% 32,44% 35,27% 35,54% 34,73%

Le coefficient d’exploitation s’améliore en passant de 38,69 % en 2015 à 34,73


% en 2019 suite à la progression du PNB. Les charges générales d’exploitation
réalisent aussi une progression, suite à l’implantation des nouvelles agences, au
renforcement du capital humain, etc.

La banque cherche à ce que les charges d’exploitation évoluent moins rapidement


que le PNB dans le but de réaliser des économies de coût pour une meilleure
rentabilité.

c) Les ratios de rentabilité

Nous présentons les ratios de rentabilité permettant aux actionnaires de la banque


d’avoir une idée sur le rendement auquel il doit s’attendre.

 Le ratio de rendement (ROA : Return On Assets)

Ce ratio permet d’évaluer la performance de la banque. Il exprime la rentabilité de


toutes les ressources utilisées par la banque. Il se calcul de la manière suivante :
ROA = Résultat net / Total bilan

Tableau N°21 : Calcul du ratio de rendement


(Chiffres en k euros)
2 015 2 016 2 017 2 018 2 019
Résultat net de l'exercice 1 286 5 975 6 515 8 714 16 336
Total du bilan 454 343 537 650 706 167 966 277 1 434 552
ROA 0,28% 1,11% 0,92% 0,90% 1,14%

67
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité
Ce ratio atteindra une progression sur la période 2015-2019 en passant de 0, 28 %
en 2015 à 1,14 % en 2019. Cette amélioration est due principalement à la forte
progression du revenu de la banque

 Le ratio de rentabilité financière (ROE : Return Of Equity)


Ce ratio exprime la rentabilité financière des fonds investis par les actionnaires
ainsi que la capacité financière de la banque. Il se calcul comme suit :

ROE = Résultat net / Capitaux propres

Tableau N° 22 : Calcul du ratio de rentabilité financière (Chiffres en k euros)

2 015 2 016 2 017 2 018 2 019


Résultat net de l'exercice 1 286 5 975 6 515 8 714 16 336
Capitaux propres 166 086 172 061 178 576 187 290 204 137
ROE 0,77% 3,47% 3,65% 4,65% 8,00%

Le ROE de la banque a progressé de 130,40 % de 2016 à 2019. En 2016, il


atteint 3,47 % contre 8,00 % en 2019.

 Le ratio de marge nette

Ce ratio permet de comparer les résultats nets par rapport au PNB. Il se calcul
comme suit :

Résultats net / Produit Net Bancaire

Tableau N° 23 : Le ratio de marge nette (Chiffres en k euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Résultat Net 1 286 5 975 6 515 8 714 16 336
Produit Net Bancaire 20 805 30 188 34 297 41 001 49 815
Résultat Net / PNB 6,18% 19,79% 18,99% 21,25% 32,79%

L’activité bancaire n’est pas escomptée des risques. L’analyse des risques
financiers doit être anticipée.

68
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité
d) Les ratios de risques financiers

Il convient de présenter les ratios de risque financiers suivants :

Tableau N°24 : Les ratios des risques financiers

2015 2016 2017 2018 2019

Ratios de liquidité 256,6% 198,8% 161,7% 132,2%

Taux d'évolution des crédits - 18,78% 37,87% 38,93% 51,91%

Taux d'évolution des dépôts - 53,30% 69,52% 69,96% 70,40%

L’analyse financière par les ratios est un outil efficace pour la prise de décision
par les dirigeants de la banque. Ainsi, cette étude doit être dynamique pour
répondre aux différentes conjonctures économiques nationale et internationale.

Conclusion Partie I

Tout au long de la première partie, nous avons présenté les éléments-clés de


réussite d’une étude de faisabilité du type de projet de passage d’une banque
conventionnelle à une banque islamique.

L’objectif global de cette étude de faisabilité est :

 de présenter une démarche d’étude de faisabilité du projet de reconversion


en banque islamique,
 de proposer un outil d’analyse financière conçu sur Excel (présentation des
tableaux d’analyses, états financiers prévisionnels, calcul des ratios),
 de proposer un traitement comptable approprié et spécifique aux produits
islamiques,
 de proposer un guide pratique de contrôle de conformité de quelques
produits islamiques,

69
Partie2 : Les étapes de la transformation

PARTIE II :

LES ÉTAPES DE LA TRANSFORMATION

Après la réalisation de l’étude de faisabilité du projet de transformation de la


banque, et vu qu’elle a opté pour le choix d’une reconversion totale, nous
présenterons ci-après les étapes chronologiques d’un plan de transformation.

Au titre de cette deuxième partie, notre rôle et nos efforts se concrétisent


essentiellement à présenter :

- une démarche pratique de planification du processus,


- les procédures de restructuration organisationnelle et les procédures du
système financier,
- la mise en place d’une démarche opérationnelle de transformation du
système d’information comptable,
- les ajustements du système de contrôle et de comptabilité,
- la mise en place des procédures adéquates de conception du système de
suivi des tâches et des opérations du processus.

70
Chapitre 1 : La planification

Chapitre 1 :

La planification

La bonne conception d’un planning de transformation nécessite une bonne


planification51 du processus, laquelle constitue l’étape la plus importante. En fait,
la réussite de ce processus passe nécessairement par la mise en place d’une
organisation adéquate pour le projet et l’adoption d’une démarche de travail
structurée.

Nous illustrons dans le schéma présenté ci-après, que nous avons-nous-même


réalisé, les étapes chronologiques de la planification du processus.

Figure N°6 : Les étapes chronologiques de la planification du processus

La planification

Les procédures préliminaires


La préparation d'un plan d'exécution des tâches
Les procédures préparatoires

Semaines 1 2 3 4 5 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17

• La sensibilisation des dirigeants et des salariés


•La mise en place d'un comité de coordination du processus
•La demande d'autorisation de transformation et de modification des statuts

•La constitution de groupes de travail spécifiques


•Le découpage et la planification des actions à réaliser
•L'ordonnancement d'exécution des tâches

• L'identification et les négociations avec les actionnaires


•La préparation d'un plan de formation et transfert des ressources humaines
•L'élaboration des documents de gestion

51Al-JARHI Mabid Ali. et MUNAWAR Iqbal, Banques islamiques : réponses à des questions
fréquemment posées, Institut islamique de recherches et de formations, document périodique
n°4, éditons King Fahd National LibraryCataloging-in-Publication Data, première édition,
(2002), page 61.
71
Chapitre 1 : La planification

Section 1 : Les procédures préparatoires

Nous présentons ci-après les procédures préparatoires du processus qui


constituent les premières étapes de la transformation de la banque WIB. Ces
actions regroupent entre autres : la sensibilisation des dirigeants et des salariés, la
mise en place d’un comité de coordination du processus, la demande
d’autorisation de transformation des autorités compétentes et de modification des
statuts.

§1 : La sensibilisation des dirigeants et des salariés

Il est primordial de constater que la transformation de la banque WIB induira


plusieurs changements, aussi bien sur le plan organisationnel que sur le plan
opérationnel. Il est important de signaler aussi que les dirigeants et les cadres
salariés de la banque soient donc suffisamment informés à propos de tous les
changements envisageables par une bonne politique de communication.

Par conséquent, la banque WIB est tenue d’engager un dialogue avec les cadres et
les salariés sur les objectifs et l’étendue du processus de transformation. Il est utile
de recueillir leur avis car l’élaboration des outils de communication est nécessaire.

À ce stade, nous concevons une démarche opérationnelle et pratique à


destination de la banque WIB pour mener des actions de sensibilisation des
salariés et des cadres.

 Étape 1 : Cadrage de la sensibilisation

En ce qui concerne le cadrage de la sensibilisation, nous pouvons confirmer que la


réussite de cette démarche nécessite la mobilisation de personnes compétentes
pour mener ces actions. Elle est intéressante pour fournir des pistes afin de
déterminer a priori le type d’action de sensibilisation à conduire. Elle permet
d’avoir une idée claire sur les différentes cibles, ainsi que sur les thèmes à
aborder. L’action de sensibilisation vise à faire prendre conscience des objectifs, à
fournir les principaux repères sur le processus.

La banque est tenue d’identifier les besoins précis de sensibilisation des salariés et
des cadres concernés.

72
Chapitre 1 : La planification

Plusieurs approches peuvent être retenues : soit la réalisation d’entretiens


individuels, soit la réalisation de questionnaires, ou bien des réunions avec les
instances représentatives du personnel. Ce diagnostic permet de déterminer la
nécessité de l’action de sensibilisation et les contenus à privilégier, d’énumérer les
compétences et de déterminer les modalités.

 Étape 2 : Conception

La banque peut opter pour des intervenants internes ou externes. Pour les internes,
la banque peut recourir à des formateurs internes, des dirigeants, des responsables
des ressources humaines ou bien des responsables de la communication. Pour les
externes, elle peut recourir à des experts en finance islamique et aux cabinets de
conseils.

Par ailleurs, la sélection des formateurs externes doit se fonder sur les bases
suivantes : s’assurer qu’ils maîtrisent le contenu de l’action et qu’ils comprennent
les besoins de la banque, qu’ils utilisent des méthodes pédagogiques adaptées à la
banque, qu’ils proposent souvent des actions de sensibilisation, et qu’ils maîtrisent
les techniques d’animation.

 Étape 3 : Déploiement et suivi de l’action de sensibilisation

La préparation d’un plan de communication est nécessaire. Cette étape se


manifeste par l’information des cadres et des employés sur tous les changements.
Elle peut être concrétisée par des réunions périodiques pour répondre aux
prescriptions du personnel. Cette communication peut être réalisée, dans la
mesure du possible, par un bulletin d’information interne, qui peut être publié
périodiquement sur l’évaluation du processus.

En principe, la communication sur les actions de sensibilisation peut se réaliser au


niveau des sièges et des agences de la banque. Elle vise tous les salariés concernés
par l’action.

A cette étape, la banque testera l’action auprès d’un échantillon de salariés et de


cadres, afin de s’assurer qu’elle réponde aux attentes de la banque. Des
ajustements ou une nouvelle formule peuvent être envisagés avant de lancer

73
Chapitre 1 : La planification

l’action. En fait, cette démarche permet de réduire les éventuels coûts liés à
l’inadaptation du module de sensibilisation.

Enfin, des indicateurs d’évaluation et de suivi de l’action de sensibilisation


peuvent être présentés dès la phase de cadrage. Nous citons les indicateurs de
moyens, qui démontrent l’effort fourni (nombre des bénéficiaires, nombre
d’actions de sensibilisation et de formation), et les indicateurs de résultats, qui
sont déterminés par la satisfaction des participants, et l’atteinte des objectifs de
sensibilisation. Le tableau présenté ci-après, décrit le nombre des personnes qui
peuvent bénéficier des actions de sensibilisation.

Tableau N° 25 : Nombre des personnes pouvant bénéficier d’actions de


sensibilisation et de formation

Effectif %
Personnel d’encadrement 90 58 %

Personnel de maîtrise 35 23 %
Personnel d’exécution 30 19 %
Total 155 100 %

§2 : La mise en place d’un comité de coordination du processus

Tout d’abord, nous proposons qu’il soit nécessaire que le processus de


transformation de la banque WIB soit dirigé par un comité de coordination
(cellule de transformation) présidé par un cadre de la banque. Ce comité peut être
composé des personnes suivantes :

 le directeur général,
 un ou plusieurs membres du conseil d’administration de la banque,
 un ou plusieurs cadres de la banque.

Ce comité doit se réunir régulièrement durant toute la période de la réalisation


du processus de transformation. Son rôle consiste surtout à analyser les progrès
et à établir un consensus sur les différentes étapes et les décisions importantes

74
Chapitre 1 : La planification

relatives à la transformation. Ce comité a pour rôle de suivre l’avancement


opérationnel du projet et du respect des moyens. Il peut assumer les tâches
suivantes :

 valider les opérations et les tâches achevées,


 suivre, évaluer et contrôler l’avancement du processus,
 s’assurer du respect du planning de mise en œuvre du processus,
 mettre à la disposition des groupes de travail les moyens nécessaires
la réalisation des objectifs,
 arbitrer sur les décisions pouvant affecter la réalisation du planning,
 anticiper parfois les actions futures.

En effet, ce comité de coordination doit être formé sur les généralités du


processus. Ainsi, la formation se déroule sur plusieurs sessions. La session sur la
conduite du changement est sans conteste la partie principale du programme de
formation du management.

Focus : La création du comité de coordination (cellule de transformation) est une


condition sine qua non à la réussite du processus.

§3 : La demande d’autorisation de transformation et de modification des


statuts

► La demande d’autorisation de transformation :

la transformation nécessite parfois l’obtention de l’agrément auprès des autorités


compétentes. Parfois aussi, dans quelques pays, l’accord est obtenu auprès de la
banque centrale pour toutes modifications importantes, telles que la désignation
d’un nouveau président directeur général ou d’un président du conseil de
surveillance.

► La modification des statuts : en principe, la banque doit modifier ses statuts


selon la nature islamique de l’activité bancaire. Elle doit identifier les clauses à
modifier pour devenir compatibles avec les nouvelles règles spécifiques de la

75
Chapitre 1 : La planification

banque. En effet, à ce stade, l’expert-comptable assistera la banque dans son choix


des clauses statutaires adéquates.

L’assemblée générale extraordinaire est l’organe habilité à modifier les


dispositions statutaires. Ainsi, nous recommandons de vérifier que les nouveaux
statuts mentionnent les éléments suivants : la nouvelle raison sociale, la mention
de l’interdiction de l’application de l’intérêt, l’application du principe de partage
des pertes et profits, et la désignation d’un comité de contrôle de la charia.

► L’annonce de la décision de la transformation : à ce stade, la banque WIB


doit publier son nouveau statut et sa nouvelle orientation vers la nouvelle pratique
bancaire. Cette dernière doit suivre les étapes suivantes :

 informer les salariés et les cadres : Cette étape nécessite quelques


justifications et éclaircissements, en définissant les principaux
changements et la nature du travail en conformité aux principes de la
finance islamique.
 informer le public et les clients de la banque : La banque doit publier sa
nouvelle orientation vers l’application des nouveaux principes spécifiques,
cela se concrétise à travers des séminaires, des conférences, des
brochures…etc.

Recommandation : L’expert-comptable doit accompagner la banque pour rédiger les


modifications des statuts, accomplir les formalités légales relatives à l’obtention de
l’agrément auprès des autorités compétentes et procéder à l’annonce de la décision de
la transformation.

Section 2 : La préparation d’un plan d’exécution des tâches (cf Tableau 1 au


tableau 8 de l’outil Excel). Ce planning doit indiquer :

 les différentes étapes du processus de transformation,


 les différentes tâches appartenant à chacune des étapes,
 les liens entre les différentes tâches et opérations,

76
Chapitre 1 : La planification

 les moyens humains et financiers nécessaires pour chaque tâche du


processus,
 le temps nécessaire estimé pour chaque tâche.

§1 : Constitution de groupes de travail spécifiques ( cf. Tableau 6,7 et 8 de


l’outil Excel)

La constitution de groupes de travail spécifiques est un facteur crucial et


indispensable au succès du processus. Leur composition évolue selon les
exigences inhérentes à la réalisation des tâches.

Cette nouvelle équipe doit être pluridisciplinaire (aspects organisationnels,


managériaux et culturels).

L’expert-comptable assiste donc la banque dans l’identification des intervenants


adéquats en profils et en nombre. Dans l’identification des personnes, il faut tenir
compte de leur profil de compétence, en termes d’expériences dans des postes
opérationnels par rapport aux tâches envisagées, de capacité de s’intégrer dans
une équipe projet.

En effet, pour plus d’efficacité, le groupe de travail doit être représentatif des
différents métiers de la banque. Dès que le groupe est constitué, il faut l’animer
d’une manière claire, il est donc fondamental à chaque réunion de présenter les
objectifs et les enjeux. À notre humble avis, les conditions à satisfaire pour que le
groupe de travail soit efficace sont les suivantes :

 la compétence de réaction suite aux changements survenus,


 la capacité à régler efficacement les conflits,
 l’existence d’un climat de travail acceptable, fondé sur le respect et la
confiance réciproque,
 la répartition équitable des tâches, en tenant compte des expériences de
chacun,
 l’engagement de l’équipe de travail vis-à-vis des objectifs à atteindre et
des tâches à réaliser,
 la compréhension, la tolérance et l’acceptation des différences
individuelles,
 une connaissance des formes et des faiblesses de chacun des coéquipiers.
77
Chapitre 1 : La planification

§2 : Découpage et planification des actions à réaliser

Cette étape consiste à découper le projet en lots de tâches d’une façon logique.
Cette approche permet de mesurer plus facilement les tâches en termes de
ressources (matérielles, financières et humaines).

§3 : L’ordonnancement d’exécution des tâches ( cf du tableau 1, 2 et 3de


l’outil Excel)

Nous procéderons à une organisation des activités et des opérations dans un


calendrier de travail. Nous choisirons le diagramme de Gantt (Chronogramme)
comme étant l’outil de gestion du processus le plus approprié. Ce chronogramme
permet d’élaborer un programme des tâches, puis de suivre son exécution au fur et
à mesure de la réalisation du processus. En outre, le diagramme de Gantt permet
d’estimer efficacement la durée totale du projet de transformation ce qui peut
avoir le rôle de « retro-planning ». Ainsi, nous avons ordonné les différentes
tâches et opérations dans un ordre chronologique et logique comme suit :

 ordonner les différentes tâches et opérations du processus selon leur


priorité,
 définir les différentes tâches et activités du processus,
 attribuer chaque tâche au responsable concerné,
 préciser la date de début et la date de fin de chaque tâche.

Focus : Dans le cadre de pilotage et de gestion du projet de transformation, l’expert-


comptable pourrait proposer le diagramme de Gantt, comme vecteur directeur des tâches
organisées d’une manière chronologique (estimer la durée totale du processus, contrôler le
suivi et apporter les actions correctives à temps).

78
Chapitre 1 : La planification

Section 3 : Les procédures préliminaires

§1 : L’identification et les négociations avec les actionnaires

Dans le cadre de son projet de transformation, la banque WIB a signé deux


partenariats :

 la signature avec Islamic Corporation for the Development of the Private


Sector (ICD), un partenariat technique contre une participation au capital à
hauteur de 30%. L’accord a une durée de quinze ans renouvelables.
 le deuxième partenariat stratégique concerne la Caisse des Dépôts et de
consignations « CDC », contre une participation au capital à hauteur de
10 %.
La réussite du processus de transformation de la banque WIB peut dépendre de la
qualité des actionnaires, qui seront les nouveaux propriétaires. Ces nouveaux
partenaires ont les principes cités ci-après :

 la possibilité de donner des conseils et d’avoir des connaissances en


finance islamique,
 la possibilité d’injecter des liquidités et des capitaux supplémentaires,
 la volonté de travailler en groupe pour assurer la continuité de la banque,
 la connaissance du secteur, des contacts pertinents, et des privilèges
supplémentaires.

Analyse de l’opération d’augmentation du capital

Nous analysons ci-après l’opération d’augmentation du capital réalisée par la


banque WIB. Au titre d’émission des actions nouvelles, le prix d’émission a été
fixé au prix nominal de l’action de 5 Euros (sans prime d’émission).

 Nombre total des actions avant transformation (avant l’augmentation du


capital) : 4 000 000 actions
 première opération de l’augmentation du capital : 2 000 000 actions
nouvelles
 Deuxième opération de l’augmentation du capital : 12 000 000 actions
nouvelles
 troisième opération de l’augmentation du capital : 12 000 000 actions

79
Chapitre 1 : La planification

nouvelles
 Nombre total des actions après augmentation : 30 000 000 actions

La simulation de la structure du capital de la banque WIB avant la transformation


est présentée comme suite :

Figure N° 7: La simulation de la structure du capital de la banque WIB

Suite à l’entrée de ces deux nouveaux actionnaires stratégiques, nous proposons


une simulation de la nouvelle structure du capital de la banque WIB après la
transformation, qui est repartie comme suit :

Figure N°8 : La simulation de la nouvelle structure du capital

Le tableau suivant décrit une simulation d’évolution des capitaux propres de la


banque WIB.

80
Chapitre 1 : La planification

Tableau N° 26 : La simulation d’évolution des capitaux propres

Avant la Après la
transformation transformation
Capital 20 000 150 000
Réserves 10000 1 200
Réserves légales 900 1200
Primes d'émission 9100
Résultats 14500 14 886
Résultats reportés 11300 13 600
Résultat de l'exercice 3200 1 286
Total capitaux propres 44 500 166 0866

La valeur mathématique de l’action de la banque WIB est déterminée comme


suit :

Tableau N°27 : La détermination de la valeur mathématique d’une action

Libellés Montant en M€

Total des capitaux propres avant augmentation du capital 44 500 K €


Résultat prévisionnel de l’exercice après augmentation du capital 1 286 K €
Total de l’augmentation du capital 120 000 k €
Distribution dividendes 0
Total 165 786 k €
La valeur de l’action de la banque WIB (165 786 / 30 000 000) 5,526 €
Une plus- value sur la valeur de l’action 5,526 € – 5,000 € 0,526 €

Ainsi, après une prise en compte d’un résultat net prévisionnel au titre de
l’exercice de l’augmentation du capital de 1 286 M€, la valeur de l’action de la
banque WIB est de 5,526 €. En fait, pour un prix d’émission unitaire de 5 €, nous
dégageons une plus-value potentielle de 0,526 €.
Nous présentons ci-après l’évolution du cours boursier de l’action de la banque

81
Chapitre 1 : La planification

Tableau N°28 : L’évolution du cours boursier de l’action de la banque

Cours boursier de
fin de l’exercice
Évolution du cours boursier
14.07 30
2012
20
2013 13.00 Évolution du
10 cours
2014 16.25 boursier
0
2015 19.40
2012 2013 2014 2015

§2 : Préparation d’un plan de formation52 et de transfert des ressources


humaines

L’un des facteurs clés de réussite du processus de transformation permettant à la


banque WIB d’atteindre ses objectifs sera la bonne préparation de l’opération de
transfert des ressources humaines.

En effet, le processus doit s’accompagner par des modifications organisationnelles


qui peuvent mettre en cause certaines fonctions. En réalité, la réussite réside en
grande partie dans la sécurisation juridique, les modalités de transfert des
ressources humaines et les garanties conventionnelles apportées au personnel de la
banque.

Il est impératif qu’une étude juridique et sociale approfondie de la situation


individuelle de chaque salarié soit fondée sur la réglementation concernant le
transfert du contrat de travail.

En effet, lors du démarrage du processus, la banque doit élaborer un plan de


formation spécifique pour ses cadres et ses salariés et surtout l’équipe désignée
pour réaliser le processus de transformation. La réalisation des actions de

52
FATMA Ahmed, KHALED Hussainey, (décembre 2015), Conversion intoIslamic Banks:
Jurisprudence, Economic and AAOIFI Requirements, European Journal of Islamic Finance
EJIF, article publié dans le site http://www.ojs.unito.it/index.php/EJIF, dernière
consultation le 20/02/2016.

82
Chapitre 1 : La planification

formation vise à assurer aux équipes du projet et aux salariés une maîtrise du
processus afin qu’ils puissent mettre en œuvre convenablement les différentes
tâches et activités du processus. Par ailleurs, plusieurs actions préalables seront
nécessaires, telles que :

 l’identification d’un planning de sessions de formation nécessaires en


nombres, en profils et en contenus,
 l’identification des environnements et des endroits de formation,
 les supports de formation doivent présenter :
 l’identification des nouveaux processus de la banque,
 la réalisation des cas pratiques et des exercices sur la finance
islamique,
 les tâches et les activités à effectuer pour réaliser les phases du
processus.

Focus : Le premier capital d’une entité est son capital humain ; le secteur bancaire
ne fait pas exception ; pour cette raison la communication et l’encadrement de ses
ressources humaines conditionnent la réussite de l’opération du passage.

§3 : L’élaboration des documents de gestion

Pour permettre à la banque WIB de démarrer effectivement sur des bases solides,
il est intéressant d’établir une analyse approfondie des besoins en documents de
gestion nécessaires pour la poursuite de l’activité de la banque.

La banque WIB doit élaborer essentiellement des manuels de procédures et des


guides de travail, des modalités de rémunérations et de motivation des employés
et des cadres de la banque, des brochures, de nouveaux imprimés.

Une fois l’opération planifiée il convient d’étudier son exécution en passant par
des procédures de restructuration, des réajustements et enfin établir sa mise en
place et son suivi.

83
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

Chapitre 2 :

Exécution des procédures de transformation

La bonne exécution du processus de transformation nécessite une connaissance


approfondie de la banque et de son environnement juridique et financier ainsi
qu’une bonne connaissance des exigences. Par ailleurs, pour assister la banque
WIB dans l’élaboration des étapes d’exécution des procédures de transformation,
nous analyserons tous les facteurs internes et externes.

Nous avons illustré ici dans un schéma les étapes chronologiques d’exécution des
procédures de transformation de la banque WIB :

Figure N°9 : Les étapes chronologiques d’exécution des procédures de


transformation de la banque WIB

Exécutions des procédures de transformation

Les procédures de liquidation des effets illicites


Les procédures de réajustement
Les procédures de restructuration

Semaines 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34

•Les restructurations organisationnelles


• Les restructurations du système financier

• Les ajustements du système informatique


• Les ajustements des systèmes de contrôle et de comptabilité
• Les ajustements des relations avec les autres banques

• La liquidation des droits non conformes à la Charia


• La liquidation des obligations illicites

84
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

Section 1 : Les procédures de restructuration

§1 : La restructuration organisationnelle

Pour simplifier, nous pouvons constater que la restructuration organisationnelle


est une étape primordiale dans le processus de transformation53. Actuellement, la
banque WIB est assistée par trois comités :

- un comité de contrôle des risques54,


- un comité permanent d’audit55,
- un comité exécutif des crédits56.

Ainsi, l’organigramme actuel comprend quatre pôles principaux :

- un pôle administratif,
- un pôle commercial et de marketing,
- un pôle juridique et contentieux,
- un pôle financier.

La direction de la banque est rattachée par quatre cellules :

- Cellule « surveillance et suivi des risques »,


- Cellule « suivi des performances »,
- Cellule « contrôle de gestion »,
- Cellule « audit et contrôle de conformité ».

En application des orientations de l’AAOIFI, la banque WIB doit désigner :

 un comité de contrôle de la charia émanant de l’assemblée générale


des actionnaires57.

53 FATMA Ahmed, KHALED Hussainey, (décembre 2015), Conversion intoIslamic Banks:


Jurisprudence, Economic and AAOIFI Requirements, European Journal of Islamic Finance
EJIF, article publié dans le site http://www.ojs.unito.it/index.php/EJIF, dernière
consultation le 20/02/2016.
54 La circulaire de la BCT n° 2011-06 du 20/05/2011.

55 La circulaire de la BCT n° 2006-19 du 28/11/2006.

56 La circulaire de la BCT n° 2006-07 du 24/06/2007.

57 ADEL Saied, ZURINA Shafii, ( 2013), The obstacles facing conversion processus from

conventional banks to Islamic banking: A review of literature, The 5 th Islamic economic


conference, Malaysia
85
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

 un organe d’audit de la charia travaillant en étroite collaboration


avec le comité de contrôle de la charia, et placé sous l’autorité de la
direction générale et de la structure permanente de contrôle de la
conformité.
a) La nomination d’un comité de contrôle de la charia

À cette étape, nous attirons l’attention de la banque WIB sur la nécessité de la


nomination d’un comité de contrôle de la charia, suite aux dispositions de la
norme n° 1 de l’AAOIFI.

b) La création d’une structure d’audit interne de la charia

La banque WIB est tenue de créer un service d’audit interne de la charia, qui a
pour objectif d’évaluer le respect des principes de la finance islamique, ainsi que
les avis et recommandations du comité de la charia.

c) L’intégration des nouveaux départements spécialisés dans la


gestion des modes de financement islamiques

Au début du processus de transformation, la banque est tenue de créer un


département de services bancaires islamiques qui sera chargé de développer et de
concevoir des produits islamiques. Un autre chargé de suivre et de gérer les
risques propres à l’activité de la banque WIB et spécifiques aux produits
islamiques s’avère aussi nécessaire.

§ 2 : Les restructurations du système financier

L’un des facteurs clés permettant à la banque d’atteindre ses objectifs est
l’efficacité de son système financier. La banque WIB a donc élaboré un plan de
restructuration de son système financier.

a) La restructuration au niveau des ressources financières

Les ressources financières internes de la banque proviennent essentiellement de


ses fonds propres. Pour financer son projet de transformation, la banque WIB a
augmenté son capital de 120 millions d’euros, pour devenir 150 millions d’euros,
selon le détail suivant :

 une augmentation par incorporation de réserves de 10 millions d’euros,


86
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

 une augmentation à souscrire par les anciens actionnaires de 60 millions


d’euros,
 une augmentation réservée aux nouveaux partenaires de 60 millions
d’euros.

b) La restructuration au niveau des produits bancaires

 les dépôts de la clientèle

La clientèle de la banque est composée par des particuliers (clients à haut revenu,
moyen revenu, bas revenu) et des professionnels (institutionnels, multinationales,
groupes tunisiens, petites et moyennes entreprises). Nous avançons ci-après les
estimations des dépôts des clients qui sont présentées comme suit :

Tableau N°29 : Les dépôts de la clientèle (Chiffres en k euros)

Nature des Type des clients 2016 2017 2018 2019


dépôts
Clients à haut revenu 34 317 60 055 105 096 183 918
Dépôts des Clients à moyen revenu 17 158 30 884 55 592 100 065
particuliers Clients à bas revenu 3 151 5 829 10 784 19 951
Total dépôts particuliers 54 626 96 769 171 472 303 934
Institutionnels 89 486 143 178 229 084 366 535
Dépôts des Multinationales 22 689 40 840 73 512 132 322
professionnels Groupes tunisiens 17 332 31 198 56 156 101 080
Petites et moyennes 32 142 54 641 92 890 157 914
entreprises
Total dépôts des 161 649 269 857 451 643 757 851
professionnels
Total dépôts clientèle 216 275 366 625 623 115 1061 785

Le tableau ci-dessus décrit bien l’évolution de la structure de portefeuille des


dépôts. Ainsi, les dépôts des professionnels constituent l’essentiel des dépôts de la
banque . En 2019, le total des dépôts des clients atteindra 1 061 785 K euros.

 les produits à commercialiser


La direction de la banque a décidé de commencer son activité par la
commercialisation des produits innovants suivants : Ijara, Mourabaha,
Moudharaba et Musharaha.

87
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

Tableau N°30 : les produits à commercialiser (Chiffres en k euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Ijara - 145 OOO 181 250 226 563 283 203
Mourabaha - 82 000 102 500 128 125 160 156
Moudharaba - 10 000 15 000 22 500 33 750
Musharaka - 10 000 15 000 22 500 33 750
Total - 247 000 313 750 399 688 510 859

Le profit du contrat Ijara est estimé à 10 % et le délai de remboursement à 5 ans.


Le taux de profit de financement du contrat Moudharaba est estimé à 7 %, et le
taux moyen de provision à 1,5 %. Le taux de profit de financement du contrat
Musharaka est estimé à 12 %, et le taux moyen de provision à 1,5 %.

Section 2 : Les procédures de réajustement

§ 1 : Les ajustements du système informatique

Cette phase sera axée sur la mise en œuvre d’une démarche de transformation du
système d’information comptable de la banque WIB.

La démarche opérationnelle de refonte du système d’information comptable sera


basée sur trois phases :

Phase I : La rédaction d’un plan de transformation

Phase II : Le paramétrage du système d’information

Phase III : La migration comptable

88
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

Nous proposons ci-après, une analyse approfondie des étapes opérationnelle de


refonte du système d’information comptable.

 Phase 1 : La rédaction d’un plan de transformation du système


d’information

Avant le démarrage du processus de refonte du système d’information comptable,


il est nécessaire de rédiger un plan projet qui déterminera le périmètre, les
modalités de direction, les acteurs du projet et le scénario de migration envisagé.

 Étape 1: L’identification du périmètre de transformation

Cette étape consiste à déterminer le périmètre du changement global du système


d’information comptable de la banque WIB. Il est délimité comme suit58 : module
dépôt épargne, module crédits, module risques, module de gestion commerciale et
marketing, module d’accueil en agence, module moyens de paiement, modules
titres et assurances, module international, et module des fonctions supports59.

Le plan du projet délimite aussi les travaux à mener qui peuvent être classés en
plusieurs chantiers, tels que le chantier d’étude d’impacts, le chantier des données,
le chantier plateforme technique, le chantier recette, le chantier homologation, le
chantier bascule, le chantier organisation, le chantier formation et le chantier
communication.

 Étape 2 : L’identification des acteurs opérationnels du projet


Cette étape consiste à déterminer les acteurs du projet de transformation du
système d’information comptable de la banque WIB, qui sont :
 la direction du projet,

58 Actuellement, les progiciels bancaires intégrés sont conçus de manière modulaire. Chaque
module remplissant un certain nombre de fonctionnalités et étant automatiquement
interfacés avec les autres modules, de manière flexibles et paramétrables. Ces progiciels sont
conçus d’une manière à s’adapter à différents canaux et solutions.
59Il s’agit du contrôle de gestion, de la comptabilité, de la gestion actif et passif, de la gestion
des stocks, de la logistique et flux d’encaisse physiques.

89
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

 les responsables du chantier,


 les groupes de travail pluridisciplinaires.

 Étape 3 : La création d’un chantier comptable

La meilleure façon d’institutionnaliser l’implication de la fonction comptable au


sein du processus est de l’introduire dans la structure du projet par la création d’un
chantier comptable capable d’intervenir sur tous les autres chantiers fonctionnels
du projet.

 Étape 4 : La détermination des scénarii de migration et des


risques inhérents60

Cette étape consiste à choisir le scénario de migration qui dépend essentiellement


du périmètre fonctionnel et technique couvert par le projet de transformation du
système d’information comptable, de l’opérationnalité du système cible et des
moyens techniques et humains.

 Phase 2 : Le paramétrage du système d’information comptable


Cette phase vise à expliciter les référentiels d’étude d’impacts et des règles de
migration.

 Étape 1 : L’étude d’impacts

L’étude d’impacts consiste à identifier les écarts fonctionnels et techniques entre


le système d’information source et le système d’information cible, afin de définir
le périmètre de mise en œuvre et de lancer les autres chantiers du projet. Cette
étape nécessite :

 la désignation d’un responsable du chantier étude d’impacts qui


dispose d’une bonne connaissance des activités de la banque WIB,

60 Il y a deux grandes types de migrations : ♣ migration de type « big bang », c’est une
migration de la totalité des modules du système source à une date donnée vers le système
cible. ♣ migration étalée dans le temps des différents modules applicatifs les uns après les
autres, il s’agit d’une migration progressive par module.
90
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

 le découpage de l’étude d’impacts par filières d’activités de la


banque WIB (risques et contentieux, dépôt et épargne, crédits,
moyens de paiement, sécurités et habilitations, etc.).
 la constitution de groupes de travail pluridisciplinaires pour prendre
en charge chaque filière.

En effet, les tâches d’étude d’impacts consistent à déterminer les orientations


générales, et les spécifications fonctionnelles générales au niveau de chaque
module. Au cours de ce chantier, les comptables de la banque WIB sont tenus de
mener au sein de chaque filière les tâches suivantes :
 la prise de connaissance de nouveaux processus métiers,
 la rédaction des schémas comptables associés aux événements de
gestion61,
 l’étude des procédures de contrôle comptable clés et du plan de
comptes de chaque filière.
Outre les tâches citées ci-dessus, les comptables doivent étudier les impacts
fonctionnels du changement du système comptable. Ils sont tenus de s’intéresser
aux tâches suivantes :
 la sécurité du système comptable,
 les spécificités du système comptable (souplesse d’utilisation,
navigabilité, ..),
 la nature d’accès aux documents comptables (grands livres,
balance),
 les pistes d’audit,
 la gestion du plan des comptes et des schémas comptables,
 la gestion des procédures d'arrêté de la journée comptable, les
arrêtés mensuels, trimestriels et annuels.

61 Á ce stade, les comptables doivent : s’assurer que chaque événement de gestion attaché à
chaque processus génère un écriture comptable en cohérence avec les autres schémas,
s’assurer que les schémas comptables sont en conformités avec les référentiels comptables
choisis, mettre en exergue les différences des dispositions comptables entre le système
comptable cible et le système source.
91
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

 Étape 2 : L’étude des règles de migration des référentiels et des


données
L’objectif de la migration comptable consiste à reprendre fidèlement la situation
comptable de la banque WIB et à garantir la fiabilité des données transférées du
système source au système cible. La portée de cet objectif s’articule autour des
trois thèmes suivants :
 premièrement, le chargement des données de gestion au niveau du
système cible pour les différents modules opérationnels concernés
par la reprise,
 deuxièmement, la reprise au niveau du système cible de la situation
comptable telle que tenue et arrêtée par la date fixée pour le
déclenchement de la migration,
 troisièmement, l’évaluation de la fiabilité des fichiers des données
comptables transférées au système cible, le rapprochement des
données comptables avec celles de gestion pour s’assurer que la
situation comptable du système cible est identique à celle du
système source.

Cette étape démarre à partir du moment où le chantier d’étude d’impacts est bien
avancé. Elle est découpée en chantiers principaux :
 un chantier de migration des données et des référentiels62 qui se
chargera de définir les règles de migration qui permettront de
reprendre les données du système d’origine vers le système cible. Ce
chantier se chargera de déterminer les règles générales de migration, la
définition des règles détaillées pour chaque rubrique à migrer dans le
système cible et enfin d’effectuer les tests de chargement des données
dans le système cible.

 un chantier portera sur le paramétrage qui se chargera d’effectuer


la mise à niveau des paramétrages utilisateurs de la plateforme
informatique cible conformément aux décisions prises lors de l’étude
d’impacts. Ce chantier se chargera essentiellement:

62Cette étape nécessite l’existence, d’un progiciel de migration des données, une première
version de paramétrage et un échantillon du système source.
92
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

 de l’identification de la liste des tables de paramètres,


 de la mise en place de la codification en collaboration avec
les équipes projet,
 du chargement des tables de paramétrage par l’utilisation
d’un logiciel.

 un chantier de fiabilisation des données qui mettra à niveau les


données et référentiels du système source pour garantir le bon
fonctionnement du système cible. Les tâches associées à ce chantier
sont les suivantes :
 le développement des listes permettant de dresser un état des
lieux pour chaque action de fiabilisation et le traitement des
actions de fiabilisation, soit automatiquement, soit
manuellement,
 le recensement des actions de fiabilisation à mener.

 Étape 3 : Les règles de reprise des données63


La reprise des données s’articule autour des trois étapes suivantes :
 la reprise des données de gestion,
 la reprise des données comptables,
 le rapprochement de ces données de gestion et leur affectation aux
comptes cibles.
Les schémas définis dans le cadre de la bascule comptable prennent en compte les
trois étapes décrites ci-dessus.

63les traitements de reprise diffèrent en fonction des cas de gestion suivants : ♦ les comptes
de prêts, ♦ les comptes à terme, ♦ les autres comptes clients: Impayés de prêts ou
portefeuille, ♦ les comptes internes auxiliaires : Chèques de banque, oppositions, provisions
pour achat de devise et provisions pour dépôt en garantie, ♦ les comptes de caisse : Caisse
agence, caisse GAB.., ♦ les engagements Hors bilan (Cautions, garanties…), ♦ les comptes
de portefeuille : Chèques et effets à l’escompte et à l’encaissement, abonnements
correspondants, recouvrement des valeurs, ♦ la reprise des Abonnement, ♦ les autres
comptes de la comptabilité générale.
93
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

 Phase 3 : La migration comptable


Le choix de la date effective de migration et la bascule vers le nouveau système
d’information de la banque WIB constituent l’objectif ultime du processus de
transformation.

 Étape 1 : La préparation de la migration


Les comptables comme les collaborateurs des directions opérationnelles
participeront aux recettes :
- au niveau de la recette unitaire, qui consiste à vérifier les
développements complémentaires et les paramétrages qui ont été réalisés
sur chaque module correspondant aux spécifications fonctionnelles et aux
techniques détaillées réalisées par l’équipe projet,
- au niveau de la recette d’intégration, qui consiste à s’assurer de
l’adéquation entre ces modules au niveau technique et fonctionnel.

 Étape 2 : La préparation d’un plan de bascule

Il est intéressant de bien choisir la date effective de migration appelée aussi date
de bascule. Cette opération consiste à détailler la totalité des saisies et des
contrôles comptables à opérer avant, pendant et après la bascule informatique.
 Étape 3 : La stabilisation du système après migration

Le déploiement du nouveau système d’information comptable de la banque WIB


peut générer des défaillances opérationnelles qui aboutissent à un niveau de
service inférieur à celui de l’ancien système. Cette étape consiste à vérifier la
qualité et l’exhaustivité des schémas comptables qui vont être produits par le
nouveau système.

§ 2 : Les ajustements des systèmes de contrôle et de comptabilité64

Après avoir évalué les politiques et les pratiques comptables, la banque WIB doit
présenter une démarche spécifique de traitement comptable, et de contrôle

64FATMA Ahmed, KHALED Hussainey, (décembre 2015), Conversion intoIslamic Banks:


Jurisprudence, Economic and AAOIFI Requirements, European Journal of Islamic Finance
EJIF, article publié sur le site http://www.ojs.unito.it/index.php/EJIF, dernière consultation
le 20/02/2016.
94
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

découlant des changements du statut. En deux mots, nous pouvons déduire que les
spécificités des techniques financières de la banque WIB nécessitent de redéfinir
les différents postes des états financiers par rapport aux standards internationaux
qui ne sont pas parfaitement adaptés à leurs spécificités. Les éléments suivants
nécessitent une étude approfondie : la présentation des comptes d’investissements
non affectés, l’évaluation périodique des actifs et enfin la prise de connaissance
des pratiques comptables spécifiques aux banques islamiques.

L’expert-comptable assiste la banque dans les procédures d’ajustements du


système comptable à travers :

 l’adoption des normes spécifiques à la comptabilité islamique telles


que prévues par les référentiels de l’AAOIFI comme : les normes relatives
aux principes comptables, les normes relatives à la comptabilisation des
modes de financement islamique, les normes relatives à la divulgation des
informations aux états financiers, les normes déontologiques en se référant
aux codes d’éthique élaborés par le même référentiel (l’un est destiné aux
comptables et auditeurs des banques islamiques, l’autre au personnel de
ces banques).

Le traçage du traitement comptable

 le traitement comptable des transactions propres à la banque WIB, comme


la détermination et la répartition des profits entre les déposants et les
actionnaires dans les comptes Moudharaba, la comptabilisation des profits
et pertes…
 la redéfinition de certains postes d’états financiers liés aux spécificités des
transactions selon les principes de la finance islamique.
 l’intégration des comptes spécifiques aux banques islamiques tels que les
comptes de purification des produits illicites, les comptes de réserves de
lissage des profits et les comptes de réserves pour risque d’investissement.
 l’établissement des états spécifiques : l’état de variation des
investissements affectés, les états des emplois et ressources de la Zakat.

Nous présentons en annexe n° 6, un modèle complet d’états financiers spécifiques


aux banques islamiques tels que préconisés par le référentiel de l’AAOIFI.

95
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

§ 3 : Les ajustements des relations avec les autres banques

La banque WIB affrontera beaucoup de contraintes et obstacles concernant la


législation bancaire. En effet, son activité repose sur des principes différents de
ceux des banques conventionnelles, essentiellement la question de l’application de
l’intérêt.

a)Les relations avec la banque centrale65

L’expert-comptable assiste la direction de la banque WIB dans l’élaboration des


stratégies à concevoir pour sa relation avec la banque centrale. Cela touche
principalement les points suivants :

 La banque WIB est soumise au contrôle de la banque centrale ce qui n’est


pas sans donner lieu à des difficultés et des contraintes. En effet, selon la
réglementation bancaire, la banque WIB est tenue de fournir à la banque
centrale des données sur ses activités et de respecter certains ratios
techniques définis par cette dernière. Dans la pratique, la banque WIB
rencontrera des difficultés dans le calcul de ces ratios et cela s’explique
par la nature spécifique de l’activité. Cependant, nous proposons
l’élaboration d’un plan de traitement et de classement de certaines
opérations au niveau du bilan.
 La rémunération des réserves obligatoires se fait sur la base d’un taux
d’intérêt. La banque WIB ne peut pas bénéficier de cette rémunération, à
cause de l’usage de l’intérêt, or elle est contrainte de constituer ces
réserves auprès de la banque centrale.
 Le paiement des pénalités, qui sont des paiements d’intérêt sur la base des
sommes dues est contraire aux principes de fonctionnement de la banque
WIB66.

65Al-JARHI Mabid Ali. et MUNAWAR Iqbal, Banques islamiques : réponses à des questions
fréquemment posées, Institut islamique de recherches et de formations, document périodique
n°4, éditons King Fahd National Library Cataloging-in-Publication Data, première édition,
(2002), page 43.
66BEAUGÉ Gilbert, le contrôle bancaire et la politique des banques centrales : étude
comparative, In : Les capitaux de l’islam, CNRS Éditions 2001, p.165-186.

96
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

Après l’analyse de ces contraintes et obstacles, l’expert-comptable peut proposer


des mesures simples à appliquer et ne nécessitent pas de grandes réformes mais
juste quelques ajustements. La banque centrale peut :

 appliquer la réserve obligatoire sur les comptes courants de la


banques WIB et non pas sur ses comptes d’investissements, qui sont
le noyau de l’activité de la banque WIB. Elle peut même élever le
niveau des réserves requises sur les comptes courants par rapport à ce
qui est appliqué sur les autres banques conventionnelles,

 appliquer la réserve obligatoire sur les deux types de comptes de la


banque WIB, mais en cas d’insuffisance ou besoin d’investissements,
elle peut s’engager à refinancer la banque WIB en donnant la
possibilité de réinvestir la réserve obligatoire des comptes
d’investissements.

b) Les relations avec les autres banques

En pratique, le problème se pose au niveau de la rémunération des intérêts sur les


soldes débiteurs des dépôts67.

En cas de rupture de liquidités, la banque peut se réapprovisionner d’urgence, soit


auprès de la banque centrale soit auprès d’autres établissements financiers
(marché interbancaire). Une solution aujourd’hui largement recommandée serait
que la banque WIB forme un pool financier dont les ressources seraient
employées en actifs réels, exploités sur une longue durée en contrepartie de taux
fermes. Les droits de propriété sur les fonds du pool financier, émis sous forme de
certificats d’investissements, seraient négociables sur le marché par les banques.
Dans notre cas, les dispositions de l’article 3 des statuts autorisent la banque WIB
à former un pool bancaire.

67Pour résoudre ce type de problème, la banque WIB peut procéder à ces arrangements avec
quelques banques classiques, en proposant un système d’équilibre des soldes, c'est-à-dire la
régularisation immédiate de la situation en versant le reliquat
97
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation

c) Les relations avec les banques islamiques

La banque doit essayer d’accroître sa coopération avec les autres banques


islamiques en ouvrant des comptes courants et des comptes d’investissements
entre elles.

Section 3 : Les procédures de liquidation des effets illicites

Suite à la réflexion stratégique engagée par la direction de la banque sur les


procédures de liquidation des effets illicites, et dans le cadre de son projet de
transformation, la banque doit liquider tous les revenus des transactions illicites
réalisées avant la décision de transformation.

Dans ce contexte, cette étape concerne :

 La liquidation des droits non conformes aux principes de la


finance islamique68
 La liquidation des obligations illicites

Á ce stade, l’élaboration d’un plan de liquidation des revenus non conformes aux
principes de la finance islamique s’avère nécessaire.

Á cet effet, la banque WIB a opté la démarche opérationnelle suivante :

 la mise en place d’un programme de reconversion des états financiers


arrêtés au 31/12/2015,
 le remboursement des emprunts en cours (emprunts à court et moyen
terme) à leurs échéances, en utilisant l’excédent de trésorerie, sans faire le
renouvellement de ces crédits,
 l’imputation comptable à un compte de passif du bilan, les intérêts
de retard et intercalaires, dans un fonds de Zakat.

68FATMA Ahmed, KHALED Hussainey, (décembre 2015), Conversion intoIslamic Banks:


Jurisprudence, Economic and AAOIFI Requirements, European Journal of Islamic Finance
EJIF, article publié dans le site http://www.ojs.unito.it/index.php/EJIF, dernière
consultation le 20/02/2016.

98
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

Chapitre 3 :

Le suivi du processus de transformation

Le suivi du processus est un outil de gestion basé généralement sur des indicateurs
qui sont destinés à mesurer l’avancement du processus et à évaluer les objectifs
attendus.

Section 1 : La mise en place du système de suivi

Pour la mise en œuvre du système de suivi et de contrôle du processus, nous


proposons une démarche, qui permet d’apprécier :

 l’efficacité des procédures adéquates,


 les résultats et les effets du processus par rapport aux indicateurs décrits ci-
après.

En effet, pour l’élaboration de ce système, nous nous basons sur les critères
suivants : la pertinence, la quantification, la fiabilité et la disponibilité. Ainsi, le
système de suivi du processus de transformation, présenté en annexe 7 dans les
tableaux de l’outil Excel, comprend un plan d’action, un budget alloué et des
indicateurs.

§1 : Le plan d’actions (cf Tableaux 1, 2, et 10 de l’outil Excel)

Le plan d’action est utilisé comme outil de suivi de l’état d’avancement des
activités. Ainsi, les objectifs proposés du plan du processus transformation sont
les suivants :

- évaluer si les objectifs fixés dès le début sont réalisés,


- suivre les avancements du déroulement du processus,
- affecter les ressources budgétisées aux tâches.

Á partir du planning détaillé, nous élaborerons un plan de transformation qui


devra déterminer les indicateurs vérifiables pour permettre le suivi efficace des
tâches et des opérations du processus.

99
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

En effet, le suivi d’exécution du processus de transformation de la banque WIB


portera sur l’état d’avancement des différentes tâches du projet. Nous
identifierons les indicateurs suivants :

 taux de réalisation,
 suivi du budget alloué pour chaque tâche.

Nous pouvons ainsi mettre à destination du comité de coordination du projet de


transformation (cellule de transformation), un modèle d’outil de suivi du
processus. Ainsi, le plann de transformation doit indiquer ;

 les principales phases du processus,


 le séquencement entre les différentes étapes du processus,
 les resources necessaries,
 la durée nécessaire pour chaque étape.

Tableau N°31 : Un modèle de suivi de l’avancement du processus de transformation

Réalisations Prochaines Points


Tâches Date de début Date de fin % d’avancement É tat S-1 étapes S+2 d’attentions
S+2 / Risques
PHASE 1 : La planification 01/02/2015 03/08/2015 100% Démarrée en retard
Les procédures préparatoires 01/02/2015 01/06/2015 100% Démarrée en retard
La sensibilisation des dirigeants et des salariés 15/03/2015 30/04/2015 100% Démarrée en retard
La mise en place d’un comité de coordination du processus 15/02/2015 10/04/2015 100% Démarrée en avance
La demande d’autorisation de transformation et de modification des 01/02/2015 01/06/2015 100% Démarrée en retard
La préparation d’un planstatuts
d’exécution des tâches 02/06/2015 01/07/2015 100% Démarrée en retard
Constitution de groupes de travail spécifiques 02/06/2015 25/06/2015 100% Démarrée en retard
Découpage et planification des actions à réaliser 02/06/2015 20/06/2015 100% Démarrée en avance
L’ordonnancement d’exécution des tâches 02/06/2015 01/07/2015 100% Démarrée en retard
Les procédures préliminaires 02/07/2015 03/08/2015 100% Démarrée en retard
L’identification et les négociations avec les actionnaires 01/06/2015 15/07/2015 100% Démarrée en retard
Préparation d’un plan de formation et transfert des ressources 02/07/2015 31/07/2015 100% Démarrée en avance
humaines
L’élaboration des documents de gestion 02/07/2015 03/08/2015 100% Démarrée en retard
PHASE 2 : Exécution des procédures de transformation 02/07/2015 02/12/2015 100% Démarrée en retard
Les procédures de restructurations 02/07/2015 11/08/2015 100% Démarrée en retard
Les restructurations organisationnelles 02/07/2015 25/07/2015 100% Démarrée en avance
Les restructurations du système financier 02/07/2015 11/08/2015 100% Démarrée en retard
Les procédures de réajustements 02/07/2015 02/12/2015 100% Démarrée en retard
Les ajustements du système d'information comptable 02/07/2015 02/12/2015 100% Démarrée en retard
Les ajustements des systèmes de contrôle et de comptabilité 01/09/2015 30/09/2015 100% Démarrée en avance
Les ajustements des relations avec les autres banques 01/08/2015 15/09/2015 100% Démarrée en retard
Les procédures de liquidation des effets illicites 01/09/2015 15/11/2015 100% Démarrée en retard
Liquidation des droits non conforme à la charia 01/09/2015 15/11/2015 100% Démarrée en avance
Liquidation des obligations illicites 01/09/2015 15/11/2015 100% Démarrée en retard
PHASE 3 : Suivi du processus de transformation 01/02/2015 15/11/2015 100% Démarrée en retard
La mise en place du système de suivi 01/02/2015 15/11/2015 100% Démarrée en retard
La gestion des risques liés à la transformation 01/02/2015 15/11/2015 100% Démarrée en retard

Source : Outil Excel développé par l’auteur

100
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

Le plan doit être accessible et lisible par les différents acteurs du projet. En effet,
le plan du projet nécessite une révision et une mise à jour continue, il doit être en
permanence actualisé, pour qu’il puisse remplir son objectif et donner en retour
une image précise. La personne responsable du suivi du plan doit nécessairement
faire partie du comité de coordination.

§ 2 : Le budget (cf tableau 9 de l’outil Excel)

Les trois composantes majeures du projet de transformation sont la


programmation, l’échéancier et le budget. Par ailleurs, ce dernier est considéré
comme étant l’objectif et le paramètre le plus difficile à respecter. Il est établi à
partir de données complètes et fiables. Pour ce faire, les études de faisabilité
s’avèrent donc essentielles.

Nous proposons de préparer le budget réservé à chaque tâche et à chaque


opération du processus. Ainsi, les paramètres et les variables du processus (date
de début, date de fin, nom du premier responsable, et le coût journalier de chaque
membre de l’équipe) alimentent automatiquement les tableaux 9 et 11 de l’outil
Excel, et les autres tableaux de pilotage du processus. Cet instrument de gestion
du processus présenté en annexe 7, nous permettra de déterminer les coûts
budgétisés nécessaires à la réalisation du processus.

Pour réaliser le suivi financier du processus, l’expert-comptable veille à :

 assurer la conformité des réalisations avec les coûts budgétisés de


chaque tâche et opération,
 suivre l’ensemble des coûts financiers du processus de transformation.

En fait, pour maîtriser les coûts présentés ci-dessus, l’expert-comptable doit :

 surveiller la performance des coûts, détecter et comprendre les écarts par


rapport aux coûts budgétisés,
 agir pour maintenir les surcoûts prévus dans les limites acceptables.

101
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

Tableau N°32 : Un modèle de suivi financier du budget de transformation

Variation
Tâches Coûts budgétés Coûts réels
des coûts

La planification 214 420,00 € 231 139,00 €  7,2%


Les procédures préparatoires 85 620,00 € 95 312,00 €  10,2%
La sensibilisation des dirigeants et des salariés 20 500,00 € 22 180,00 €  7,6%
La mise en place d’un comité de coordination du processus 21 720,00 € 22 982,00 €  5,5%
La demande d’autorisation de transformation et de modification des 43 400,00 € 50 150,00 €  13,5%
statuts
La préparation d’un plan d’exécution des tâches 22 400,00 € 27 791,00 €  19,4%
La constitution de groupes de travail spécifiques 7 200,00 € 8 805,00 €  18,2%
Le découpage et planification des actions à réaliser 6 700,00 € 8 161,00 €  17,9%
L’ordonnancement d’exécution des tâches 8 500,00 € 10 825,00 €  21,5%
Les procédures préliminaires 76 200,00 € 71 436,00 €  6,3%
L’identification et les négociations avec les actionnaires 20 200,00 € 26 215,00 €  22,9%
La préparation d’un plan de formation et transfert des ressources 22 400,00 € 18 745,00 €  16,3%
humaines
L’élaboration des documents de gestion 33 600,00 € 26 476,00 €  21,2%
Exécution des procédures de transformation 239 600,00 € 239 408,00 €  0,1%
Les procédures de restructurations 21 600,00 € 18 918,00 €  12,4%
Les restructurations organisationnelles 3 600,00 € 6 910,00 €  47,9%
Les restructurations du système financier 18 000,00 € 12 008,00 €  33,3%
Les procédures de réajustements 146 000,00 € 137 390,00 €  5,9%
Les ajustements du système d'information comptable 92 500,00 € 93 200,00 €  0,8%
Les ajustements des systèmes de contrôle et de comptabilité 44 500,00 € 35 190,00 €  20,9%
Les ajustements des relations avec les autres banques 9 000,00 € 9 000,00 € 0,0%
Les procédures de liquidation des effets illicites 42 000,00 € 52 500,00 €  20,0%
Liquidation des droits non conforme à la charia 21 000,00 € 26 250,00 €  20,0%
Liquidation des obligations illicites 21 000,00 € 26 250,00 €  20,0%
Le suivi du processus de transformation 35 200,00 € 28 700,00 €  18,5%
La mise en place du système de suivi 15 100,00 € 14 350,00 €  5,0%
La gestion des risques liés à la transformation 20 100,00 € 14 350,00 €  28,6%

Source : Outil Excel développé par l’auteur

§ 3 : Les indicateurs de performance (cf du Tableau 13 au tableau 21 de


l’outil Excel)

Les indicateurs sont destinés à mesurer l’avancement du déroulement du


processus, et à évaluer la qualité des résultats par rapport aux objectifs fixés. Ces
indicateurs sont des moyens pertinents pour améliorer la qualité et l’impact sur le
déroulement du processus. Ces indicateurs sont considérés comme efficaces en
tant qu’outil de suivi.

Les paramètres et les variables du processus alimentent automatiquement les


tableaux 13 et 21 de l’outil Excel. Ainsi, dans le cadre de suivi du processus de
transformation, nous proposerons deux types d’indicateurs :

102
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

► Les indicateurs de suivi technique (cf tableau 10 de l’outil Excel) : ces


indicateurs concernent essentiellement l’exécution des tâches et le suivi de la
réalisation, il s’agit :

 du pourcentage d’avancement des tâches par rapport au calendrier prévu,


 de l’évaluation et de l’identification des risques affectant l’avancement du
processus,
 de la présentation des mesures pour éliminer les risques qui entravent la
réalisation des tâches.

► Les indicateurs de suivi financier : (cf du tableau 13 au tableau 21 de l’outil


Excel) il s’agit notamment :

 d’assurer la conformité des réalisations avec les coûts budgétisés,


 de suivre l’ensemble des coûts financiers du processus de transformation.

Nous présentons ci-après, un modèle de suivi financier de la phase de


planification.

Figure N° 10: Un modèle de suivi financier de la phase de planification

Source : Outil Excel développé par l’auteur

103
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

Recommandation : Pour que l’expert-comptable joue son rôle de conseiller, il doit


procéder à un suivi basé sur des indicateurs tels que :

 les indicateurs de suivi financier,


 les indicateurs de suivi de l’avancement du processus.

Section 2 : La gestion des risques liés à la transformation

Le projet de reconversion de la banque WIB est souvent exposé aux facteurs


d’échecs, par exemple :

 la remise en cause des objectifs de la transformation fixés dès le début,


 les dépassements des délais et du budget,
 les formations non adéquates aux cadres et aux salariés de la banque,
 l’inadaptation des produits islamiques proposés aux clients,
 la mauvaise interprétation du projet par les clients et le personnel.

§ 1 : Risque de résistance au changement

La transformation, comme tout changement, crée une résistance de la part de


certains cadres et salariés. En fait, la transformation est un phénomène qui induira
à un changement de l’environnement au sein de la banque, et cela est dû :

- à la remise en cause de l’activité des salariés,


- au changement des repères habituels.

a) Les principaux motifs de la résistance au changement

Le projet de transformation est généralement accompagné par des changements


majeurs au niveau de l’organisation et des procédures de travail. La banque est
amenée à réviser ses méthodes de gestion spécifiques et ses organisations, afin de
les adapter au nouveau statut. Néanmoins, ces changements ne sont pas toujours
acceptés par les salariés de la banque, puisqu’ils constituent un changement dans
les habitudes de travail, ce qui se traduit généralement par une insatisfaction, voire
un refus du nouveau statut de la banque.

104
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

En effet, cette résistance au changement, suite à une décision de transformation,


est expliquée par une combinaison de réactions individuelles et collectives. Ces
résistances ont plusieurs origines :

 insatisfaction et manque de confiance à cause du système lui-même ou du


processus de passage, insatisfaction à cause des ajustements
organisationnels du nouveau statut. L’insatisfaction des salariés peut se
traduire par une diminution de la productivité. Le phénomène peut
s’aggraver si l’organisation réduit considérablement son effectif, suite aux
changements de gestion de la banque,
 le personnel de la banque se concentre sur son propre intérêt et non sur
l’intérêt de la banque,
 la peur des salariés et des cadres de la banque de perdre ce qu’ils possèdent
ou de ne pas être capables de développer leurs compétences.

b) Les stratégies de conduite du risque au changement

La phase de conduite du changement est une étape cruciale dans le processus de


reconversion. Si elle n’est pas bien gérée, elle peut menacer tout le processus. En
effet, la réussite du projet de transformation réside en grande partie dans la
sécurisation juridique des procédures de changements et du respect des modalités
et des garanties conventionnelles apportées aux cadres et aux salariés de la
banque. Une étude approfondie de la situation individuelle des salariés concernés
par le changement est nécessaire, en se référant aux réglementations liées au
transfert du contrat de travail.

La prise en compte du facteur humain est l’une des conditions essentielles à la


réussite du processus de reconversion.

Le processus de conduite du changement vise à ce que le nouveau statut de la


banque soit compris et accepté par les salariés. L’expert-comptable assistera la
banque dans toute ou une partie du processus de conduite du changement. Par
ailleurs, il assistera la banque dans les actions de formation et de communication.

 Assistance dans les actions de communication

La communication doit se faire au fur et à mesure de l’évolution de l’avancement


du processus de transformation. Elle commence par les actions de sensibilisations

105
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

qui intéressent l’équipe intervenant dans la mise en place du processus. Elle se


poursuit au cours du lancement du processus et elle se termine par les actions de
communication destinées aux clients de la banque.

Le besoin en communication évolue au fur et à mesure du déroulement du


processus. Tout d’abord, l’équipe du projet puis les premiers responsables des
activités concernées, ensuite les collaborateurs de ces activités et enfin les clients
et les autres partenaires. Pour le personnel chargé du pilotage, il faut en
permanence fournir les informations adéquates et nécessaires tout au long du
projet. Les moyens de communication sont divers : journal interne, réunion
d’information, événement, etc. Ces actions de sensibilisation doivent mettre
l’accent sur ;

- les avantages et l’utilité de ce projet pour la banque,


- les objectifs et les gains attendus de ce projet,
- l’importance du projet,
- l’importance et le rôle de chaque personne pour la réussite du processus.

L’expert-comptable a un rôle important dans les actions de communication. Son


intervention consiste à établir un plan de communication du processus de
transformation ainsi que la participation à certaines actions de communications.

 Assistance dans les actions de formation

L’expert-comptable assistera la banque dans l’élaboration du plan de formation, la


préparation des supports et l’animation des sessions de formation.

 l’élaboration du plan de formation :


Le plan de formation doit traiter les aspects suivants :
 la présentation d’un planning et d’un programme de formation,
 les besoins et la nécessité de formation en finance islamique,
 les intervenants dans l’animation des sessions de formation et la
préparation des supports de formations,
 la préparation d’un questionnaire d’évaluation de formation.

106
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

 la préparation des supports de formation : la banque peut faire


appel à l’expert-comptable pour participer pleinement à la
préparation des supports de formation. En fait, ces supports
doivent inclure une analyse approfondie des caractéristiques des
nouveaux produits islamiques, des cas pratiques, les apports et
les différences par rapport au système classique.
 l’animation des sessions de formation : le périmètre de
formation dans le projet de transformation est important. La
banque islamique peut avoir recours aux services d’un expert-
comptable pour animer les sessions de formation.

§ 2 : Autres risques liés à la transformation

Outre les risques de résistance au changement, la transformation comporte


d’autres risques qu’il faut prendre en considération, comme le risque de mauvaise
interprétation du processus et le risque de la durée trop longue de l’opération.

a) Risque de mauvaise interprétation du processus par les clients

Pour minimiser le risque de mauvaise interprétation du processus par les clients et


les salariés, la banque doit élaborer une stratégie de communication adéquate pour
informer les différents acteurs (clients, créanciers...).

b) Durée trop longue de l’opération

Pour suivre ses activités, la banque doit en obtenir l’agrément auprès des autorités
compétentes. Parfois, l’obtention de l’agrément d’exercer l’activité d’une banque
islamique prend du temps et peut retarder le déroulement du processus.

Actuellement, la nouvelle loi n°2016-48 du 11 juillet 2016 relative aux


établissements financiers a instauré une nouveauté réglementaire concernant la
délivrance d’un agrément provisoire, jusqu’à l’accomplissement des conditions
nécessaires pour avoir l’agrément définitif.

Focus : Pour l’expert-comptable la communication avec l’ensemble des acteurs


requiert une quote-part significative du temps alloué. En outre, il doit établir un plan de
formations et de communications spécifique.

107
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation

CONCLUSION PARTIE II

L’assistance de l’expert-comptable dans l’élaboration d’un plan chronologique de


la transformation, est l’étape primordiale du processus, vu la complexité des
opérations et des tâches à réaliser, ainsi que les modifications et les réajustements
touchant la totalité des systèmes de la banque.

Nous concluons que la mise en place d’un plan de transformation nécessite une
conception adaptée au contexte spécifique de la banque et de son environnement,
ainsi que la mise en place d’une démarche prédéfinie.

Au cours de cette deuxième partie, nous avons présenté un développement détaillé


des étapes chronologiques d’un plan de transformation totale de la banque WIB.
Ce plan sera traduit en un outil de management conçu sur Excel et qui englobe
toutes les actions nécessaires et les tâches à accomplir

108
Conclusion générale

Conclusion générale

L
e marché bancaire islamique en Tunisie est un marché porteur, il a un
potentiel de développement important. Ce marché ne représente pour
l’instant que 2.2 % des actifs bancaires. A l’heure actuelle, en dépit des
changements législatifs qu’a connus la Tunisie, la finance islamique représente un
potentiel de développement et de croissance économique. Elle est considérée
comme un pôle d’attraction des partenaires stratégiques et des investisseurs
étrangers.

Le professionnel de l’expertise comptable, de par sa maîtrise des processus de la


banque, de sa compétence et de sa compréhension des produits financiers
bancaires, est un véritable allié pour accompagner la banque dans ses projets de
reconversion en banque islamique.

Dans l’accomplissement de sa mission, l’expert-comptable joue plusieurs rôles


tout au long du processus à savoir :

 le rôle de conseiller dans le choix de l’option la plus appropriée et du


moment opportun pour commencer le processus de reconversion,
 le rôle d’analyste dans le cadre de l’étude de marché du secteur bancaire,
de l’évaluation juridique, de l’évaluation organisationnelle et de l’analyse
financière,
 le rôle d’accompagnateur dans la présentation des éléments de l’étude de
faisabilité du projet et dans la proposition d’un plan chronologique de
transformation.

La bonne conception du processus de transformation nécessite une connaissance


approfondie de la banque et de son environnement juridique et financier, d’une
bonne compréhension des différentes exigences nécessaires, ainsi que des
contraintes et les difficultés à surmonter pour garantir le succès du processus.

109
Conclusion générale

Ce mémoire se propose donc de mettre les différents outils et solutions concrètes


à la disposition d’un professionnel de l’expertise comptable, et d’avancer une
démarche de réflexion et d’accompagnement à laquelle un expert-comptable peut
se référer comme un guide lorsqu’il est amené à accompagner un projet de
transformation.

Les apports de ce mémoire s’articulent autour des trois domaines (nous avons
traités les aspects professionnel, scientifique et technique du passage d’une
banque conventionnelle à une banque islamique).

 L’apport scientifique consiste en l’utilisation du diagramme de Gantt


dans le cadre de la gestion de ce type de projet. Cet outil permet à l’expert-
comptable d’élaborer un programme chronologique des tâches, d’estimer
efficacement la durée totale du processus de passage, et de suivre au fur et
à mesure la réalisation de ce processus. Un autre apport se concrétise par
l’application de la matrice SWOT, en tant qu’outil d’analyse stratégique.
Cet outil permet à l’expert-comptable de faire ressortir les forces et les
faiblesses d’un marché dans le cadre d’un projet de transformation.

 L’apport professionnel se concrétise par la mise en exergue d’un


nouveau créneau à l’international qu’un professionnel de l’expertise
comptable français peut conquérir. Ce mémoire permet à l’expert-
comptable d’être guidé sur les différentes étapes de sa mission. Il propose
une méthodologie structurée et complète de conduite du projet de
transformation et apporte des analyses spécifiques et des solutions
concrètes.

 L’apport technique se récapitule en plusieurs points :


 proposition d’une méthodologie d’étude de faisabilité du projet de
reconversion en banque islamique, et rôle de l’expert-comptable
dans le choix de l’option la plus appropriée,
 proposition d’un outil d’analyse financière conçu sur Excel
(présentation des tableaux d’analyses, états financiers
prévisionnels, calcul des ratios),

110
Conclusion générale

 présentation d’un traitement comptable approprié et spécifique aux


produits islamiques,
 analyse des principales divergences de présentation de
l’information comptable prévues par les référentiels l’IFRS et
AAOIFI,
 proposition d’un guide pratique de contrôle de conformité de
quelques produits islamiques aux règles spécifiques régissant
l’activité d’une banque islamique,
 présentation des étapes chronologiques d’un plan de reconversion
en banque islamique et apport de l’expert-comptable dans le suivi
du processus,
 proposition d’un outil de pilotage et de gestion du processus conçu
sur Excel, qui englobe toutes les actions nécessaires et les tâches
à accomplir,

Pour conclure, ce nouveau créneau de missions de transformation aura


incontestablement une valeur ajoutée sur la profession de l’expertise comptable.
Nous croyons que dans un avenir proche, nous pourrons avoir de nouvelles
missions de conseil organisationnel, juridique ou comptable auprès d’une banque,
en Europe, en Afrique, ou au Moyen orient, existantes ou futures.

Focus : La conception de deux applications Excel que nous avons développé dans
ce mémoire constitue une aide précieuse pour l’expert-comptable quant à
l’opération du passage d’une banque conventionnelle à une banque islamique.

111
Bibliographie

Bibliographie

OUVRAGES

 Al-JARHI Mabid Ali. et MUNAWAR Iqbal, Banques islamiques :


réponses à des questions fréquemment posées, Institut islamique de
recherches et de formations, document périodique n°4, éditons King Fahd
National Librairie Cataloging-in-Publication Data, première édition,
(2002), 80 pages
 AL-JARHI Mabid Ali, Introduction aux techniques islamiques de
financement, Recueil des communications données dans le cadre du
séminaire conjointement organisé par l’institue Islamique de Recherches et
de Formation et de la banque Al-Baraka, Première édition, (1996), 206
pages
 BEAUGÉ Gilbert, le contrôle bancaire et la politique des banques
centrales : étude comparative, In : Les capitaux de l’islam, CNRS Éditions
2001, p.165-186.
 CHAPRA M Umer. et KHAN Tariqullah, Réglementation et contrôle des
banques islamiques, Institut islamique de recherches et de formations,
étude spéciale n°3, éditons King Fahd National Librairie Cataloging-in-
Publication Data, première édition, (2002), 196 pages
 MUNAWAR Iqbal. AUSAF Ahmad. et KHAN Tariqullah, défis au
système bancaire islamique, Institut islamique de recherches et de
formations, document occasionnel n°2. 99 pages
 KHAN Tariqullah. et AHMED Habib., La gestion des risques : Analyse de
certains aspects liés à l’industrie de la finance islamique, Institut
islamique de recherches et de formations, Banque, éditons King Fahd
National Librairie Cataloging-in-Publication Data, première édition
document occasionnel n°5, Première édition, (2002).196 pages

112
Bibliographie

RAPPORTS ET GUIDES PRATIQUES

 AZOKLY René. CAMAR Ibrahim Fane, Guide de transformation


Institutionnelle des SFD de la zone UEMOA, (2009), 57 pages.
 ERNST & YOUNG, World Islamic Banking Competitiveness Report
2015/2016, (2015), 88 pages
JOUINI Elyès. PASTRÉ Olivier, Enjeux et opportunités dudéveloppement
de la finance islamique pour la place de Paris , Paris EUROPLACE,
(2008), 135 pages
 HERBERT Smith LLP, Guide de la Finance Islamique, première
édition,(2009),34 pages
 STORCK Michel. WEILL Laurent, HAZOUG Sami, les cahiers dela
Finance Islamique, N°5, (2013), 155 pages

MÉMOIRE D’EXPERTISES COMPTABLES

 BANNENI Salima, (2014), Adaptation du plan comptable des


établissements de crédit et application des normes IFRS aux particularités
de la finance islamique, 186 pages
 DAMMAK Zied, (2013), Refonte du système d’information bancaire :
Contribution de l’expert-comptable et conduite du changement au sein de
la fonction comptable, 156 pages
 FKI Dhia Eddine, (2012), Audit d’une banque islamique : émergence de
nouvelles zones de risques et contrôles spécifiques étendus, 220 pages
 MEFTEH Ridha, (2011), Adéquation de la normalisation comptable et
prudentielle pour les banques islamiques en Tunisie, 185 pages
 MOUSSA Mohamed, (2011), La mise en place d’un « Global Banking » :
Conduite du projet et rôles de l’expert-comptable, 186 pages

113
Bibliographie

ÉTUDES ET THÈSES UNIVERSITAIRES

 CHERIF Karim, (2008), La finance Islamique : Analyse des produits


financiers islamiques, 109 pages
 ZEYYED Cekici Ibrahim, (2012), Le cadre juridique français des
opérations de crédit islamique, 767 pages

ARTICLES SCIENTIFIQUES

 ABDENBI Hord, (2009), « Finance islamique : règlementation et contrôle


du système bancaire islamique », article publié dans le site : www.france-
finances.fr/finance-islamique-reglementation-et-controle-du-systeme-
bancaire-islamique.php. Dernière consultation : 20/02/2016.

 ADEL Saied, ZURINA Shafii, (2013), the obstacles facing conversion


processus from conventional banks to Islamic banking: A review of
literature, The 5 th Islamic economic conference, Malaysia.

 ALDO Levy, REZGUI Hichem, (2013), Application des normes


comptables internationales dans les banques islamiques : quel impact sur
l’image fidèle et leurs états financiers ?, comptabilité sans frontière. The
French Connection, Mai 2013, Canada ppcd-rom (hal-00992978).

 CHATTI Mohamed Ali, (Novembre 2012, Mai 2013), l’impact de


l’application d’une éthique bancaire sur la diversification des banques
islamiques, études en économie islamique, Vol 6, Nos 1 et 2. pp 1-27.

 DESQUILBET Jean-Baptiste, KLAI Fedi, (2013), La banque


conventionnelle et la banque islamique avec fonds propres : contrat de
dépôts et partage de liquidité, <hal-00996357>.
 ELHAMMA Azzouz, (2015), la comptabilité des produits financiers
islamiques : Normes AAOIFI vs. IFRS, revue de Management et de
stratégie, pp 10-12.
 EL ATTAR Abdelilah, ATMANI Mohamed Amine, (juin 2013), L’impact
des accords de Bâle 3 sur les banques islamiques, dossier spécial de
recherches en Economie et Gestion.

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Bibliographie

 EL QORCHI Mohamed, (2005), La finance islamique est en marche,


Finances et Développement, pp.46-49.

 FAROOQ Salman Alani, HISHAM Yaacob, (Novembre 2012),


Traditional Banks Conversion Motivation into Islamic Banks: Evidence
from the Middle East, International Business Research (5), pp 83-98.

 FATMA Ahmed, KHALED Hussainey, (décembre 2015), Conversion into


Islamic Banks: Jurisprudence, Economic and AAOIFI Requirements,
European Journal of Islamic Finance EJIF, article publié dans le
site http://www.ojs.unito.it/index.php/EJIF dernière consultation:
20/02/2016.
 IMAM Patrick et Kpodar Kangni, (2015), Finance islamique et croissance
économique : une analyse empirique, Revue d'économie du développement
2015/1 (Vol. 23), p. 59-95
 JONATHAN Peillex et LORENDANA Ureche-Rangau, (2015), Comment
expliquer la performance financière de l’investissement conforme à la
chari’a?, Management international/International Management/ Gestion
International, vol 19, n° 2, p 128-139
 JUAN Solé, Introducing Islamic Banks into Conventional Banking
Systems, IMF Working Paper WP/07/175, Washington: International
Monetary Fund,(2007).
 PLUCHART Jean-Jacques & C.Zied ,( Février 2006), La gouvernance de
la banque islamique, proposition de communication.
 TOUMI Kaouther, LAURENT VIVIAN Jean, (2013), Le risque lié aux comptes
d’investissement participatif : Un risque propre aux banques islamiques, Sciences
de Gestion, pp 131-142.
 ZAHIRI Yahia, (juin 2013), Les défis de la finance islamique, dossiers de
Recherches en Economie et Gestion, Dossier Spécial. pp 87-106.

115
Bibliographie

SITES INTERNET

 International Financial Reporting Standards :


Site http://www.ifrs.org/(dernière consultation : 26/04/2016)
 Conseil des Services Financiers Islamiques :
Site www.ifsb.org(dernière consultation : 03/02/2016)
 Conseil Français de la Finance Islamique :
Site www.coffis.fr (dernière consultation : 20/06/2016)
 Accounting and Auditing Organization for Islamic Finance Institutions:
Site www.aaoifi.com (dernière consultation : 05/03/2016)
 La banqueAlJazira :
Site www.baj.com (dernière consultation :22/12/2015)
 Comprendre l’information financière IFRS :
Sitewww.focusifrs.com (dernière consultation : 08/07/2016)
 Conseil du marché Financier :
Site www.cmf.org.tn(dernière consultation le 29/07/2016)
 Banque Centrale de Tunisie :
Sitewww.bct.gov.tn(dernière consultation :13/08/2016)

116
Lexique

Lexique

Sukuk : sont des obligations classiques adossées à un actif tangible. Ils sont
adossés à un des actifs qui génèrent des flux financiers permettant ainsi de
rémunérer les porteurs de ces titres.

Ijra : il est similaire d’un contrat de crédit-bail classique.

Chari’a : loi islamique.

Comité de la chari’a : comité chargé de valider les principes de la finance


islamique. Il a pour objectif d’émettre des avis juridiques relatifs aux conditions
de licéité des opérations et des produits proposés par la banque.

Comité d’audit interne de la chari’a : comité de contrôle des avis et


recommandations du comité de la chari’a.

Mourabaha : est un contrat de vente conclu entre la banque (celle qui va octroyer
le financement) et un client.

Moudharaba : est un contrat par lequel l’une des parties (investisseur) fournit le
capital à une deuxième partie (entrepreneur) qui s’engage dans la gestion des
activités en donnant en contrepartie son savoir-faire afin de réaliser des profits.

Moudharib : la personne qui intervient en tant qu’entrepreneur dans un contrat


Moudharaba.

Musharaka :est un contrat via lequel deux ou plusieurs parties s’associent pour
mettre en commun leurs capitaux en vue d’investir dans un projet.

Zakat : l’obligation de payer une partie de la richesse à des organismes caritatifs.

Rab al mal : la personne qui investi les fonds dans un contrat de Moudharaba.

117
Liste des annexes

LISTE DES ANNEXES

N° Annexe Titre N° Page

Annexe N °1 Illustration d’une expérience de transformation 119

Annexe N°2 La présentation des instances de réglementation internationale 121

Annexe N°3 Une démarche méthodique de détermination du panier des 123


profits à distribuer

Annexe N°4 Identification des principales zones de risques liés auxproduits 127
financiers islamiques

Annexe N°5 Outil d’étude de faisabilité financière 130

Annexe N°6 Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par 149
le référentiel de l’AAOIFI

Annexe N°7 Outil de gestion du processus de transformation 158

118
Annexe N°1 : Illustration d’une expérience de transformation

ANNEXE N° 1 :
Illustration d’une expérience de transformation

La banque ALJAZIRA est installée actuellement à Djeddah en Arabie Saoudite.


Elle a été créée en 1975 en tant que banque classique. Elle a pris la décision de se
transformer totalement en une banque islamique. Elle a opté pour la stratégie de se
transformer progressivement et qui a pris fin en 2007.

Afin d’évaluer le succès du processus de transformation de la banque AlJazira


(BAJ), nous présenterons l’évolution des indicateurs financiers pour la période
allant de 2007 jusqu’en 2012 comme suit :

Évolution des indicateurs financiers de la banque ALJAZIRA

Indice fin. (Au 2007 2008 2009 2010 2011 2012


millier de $) / Année

Total des Actifs 5.822.280 7.430.400 8.039.790 8.914.860 10.502.460 13.758.390

Total des Capitaux 1.268.460 1.251.990 1.211.220 1.219.320 1.277.910 1.400.220


propres

Volume des dépôts 4.224.690 5.643.000 5.978.610 7.383.150 8.412.930 10.982.250


clientèle

Nombre d’agences 24 24 48 50 51 54

Revenu net
217.350 59.940 7.560 7.830 81.810 135.270

Source : Rapports annuels des années 2007 à 2012 de la Banque ALJAZIRA69

69La banque AlJazira site www.baj.comdernière consultationle 22/12/2015.

119
Annexe N°1 : Illustration d’une expérience de transformation

Nous présentons un graphique d’évolution des indicateurs financiers de la banque


Aljazira.

En analysant ces indicateurs financiers, nous pouvons constater que la banque


d’ALJAZIRA a réalisé des pertes énormes pour la période allant du 2007 jusqu’en
2009. Nous pouvons conclure aussi que les difficultés financières sont dues
essentiellement au coût élevé du processus de la transformation, et surtout suite à
la liquidation des effets illicites. À partir de l’année 2010, la banque a réalisé un
taux de croissance du revenu dans l’ordre de 65 % en 2012.

Pour les autres indicateurs, nous remarquons que les actifs et les capitaux propres,
ainsi que les dépôts des clients, ont réalisé une évolution positive très importante.
Cette évolution s’explique par le fait que la banque a augmenté ses actifs, pour
opter le choix de créer de nouvelles agences, dans le but d’élargir sa part du
marché.

120
Annexe N°2 : La présentation des instances de réglementation internationale

ANNEXE N° 2 :

La présentation des instances de réglementation internationale

En pratique, le système bancaire islamique souffre d’une hétérogénéité des


pratiques, malgré la création et l’intervention de plusieurs organisations
internationales. Parmi ces organisations:

Accounting and Auditing Organization for Islamic and Financial


Institution (AAOIFI): créée à Bahreïn en 1991. L’AAOIFI a été déclarée
un organisme international autonome à but non lucratif. Elle a pour
mission de :
 publier des normes pour les banques islamiques;
 organiser des séminaires et des sessions de formations ;
 publier des brochures et des bulletins d’informations ;
 préparer, diffuser, interpréter, examiner et modifier les normes d’audit et
de comptabilité;
 harmoniser les règles comptables et d’audit des instituions financières
islamiques.
International Islamic Financial Market70 (IIFM) : elle a été fondée à
Bahreïn en 2001. Elle a pour mission d’établir le cadre conceptuel de
développement de capitaux islamiques.
Banque Islamique de Développement (BID) : la BID a joué un rôle
important dans le développement économique71. Elle a participé dans
l’élaboration des règles comptables et d’audits des institutions financières
islamiques.

70L’IIFM a pour mission annexes: ♦ l’harmonisation des avis réglementaires; ♦ la création


des produits islamiques; ♦ la promotion de la cotation de produits islamiques.
71 La banque Islamique de Développement a pour objectif aussi l’amélioration sociale dans
les États membres de l’organisation de la conférence Islamique et dans toutes les
communautés musulmanes.
121
Annexe N°2 : La présentation des instances de réglementation internationale

Institut Islamique de Recherche et de Formation (IIRF) : filiale de la


banque islamique de développement, elle contribue à l’harmonisation et à
l’expansion de la finance islamique par ses nombreuses publications, telles
que des documents de recherches, des actes de séminaires, des traductions,
des documents « Réponses à des questions posées ».
Conseil des Services Financiers Islamiques (CSFI) ou Islamic
Financial Services Board (IFSB) : créée en 2000 en Malaisie, il a pour
rôle d’établir des règles prudentielles et de supervision. Il est analogue au
comité de Bâle pour les banques classiques. Il a publié des standards et
notes techniques relatives à la gestion des risques, à la suffisance du
capital, à la gouvernance, aux processus de supervision et aux critères de
conformité aux principes régissant la finance islamique.
International Islamic Rating Agency (IIRA) : créée en 2002, elle a pour
objectif principal l’évaluation et la notation des banques islamiques.
L’IIRA a pour mission également, l’évaluation et la notation des produits
islamiques. Elle évalue également la conformité de ces banques et les
produits qu’elles offrent aux principes régissant la finance islamique.
Association Internationale des Banques Islamiques (AIBI) : créée en
1977 à Djeddah, elle a pour mission de coordonner entre les institutions
financières islamiques, de réaliser des promotions du concept islamique.
Agence Islamique Internationale de Notation (AIIN) ou Islamic
International Rating Agency (IIRA) : créée à Bahreïn en 2002, elle a
pour objectif de rassurer les investisseurs, d’homogénéiser les activités des
institutions financières islamiques et d’améliorer leurs modes de
gouvernance.
Conseil Français de la Finance Islamique (COFFIS) : créée en 2009, il
a pour but de créer un cadre normatif français dans le but de favoriser
l’émergence d’une industrie financière islamique en France. Le COFFIS
propose aussi, une certification « Shari’a compliant » et accompagne ses
partenaires financières pour assurer la conformité de leurs produits aux
principes de la finance islamique.

122
Annexe N°3 : Une démarche méthodique de détermination du panier des
profits à distribuer

ANNEXE N° 3 :

Une démarche méthodique de détermination du panier des profits à


distribuer

 Étape 1: la détermination des ressources du panier de profit à


répartir

En principe, les profits dégagés par la banque résultent de la somme des


ressources réalisées, de laquelle nous déduisons les dépenses. Par ailleurs, les
ressources de la banque sont de trois types :

 les ressources qui génèrent des profits exclusivement pour la


rémunération des actionnaires, tels que le capital social, les réserves
reportées. . .
 les ressources qui génèrent des profits pour la rémunération des
déposants dans le cadre de contrats de Moudharaba à caractère
spécifique, tels que les dépôts affectés. Dans ce cas, la banque, en sa
qualité de Moudharib, prend uniquement une part des profits,
 les ressources qui génèrent des profits à répartir entre les
actionnaires et les déposants dans le cadre de contrats de
Moudharaba à caractère général, tels que les comptes de dépôts
affectés72.

 Étape 2 : le contrôle de la détermination des profits à répartir

Les profits à répartir doivent être distingués des profits propres de la banque. Ils
sont déterminés après élimination d’une part, de tout produit qui bénéficie
exclusivement à la banque et d’autre part, des charges qui doivent être supportées

72Ce dernier type de ressources est déterminé en tenant compte : ♦ de la priorité


d’investissement entre les actionnaires et les déposants telle qu’elle a été fixée au préalable
par la banque, ♦ du montant des fonds minimum exigé pour chaque type de contrat de
Moudharaba à caractère général, ♦ de la période minimale exigée par chaque type de contrat
de Moudharaba à caractère général.

123
Annexe N°3 : Une démarche méthodique de détermination du panier des
profits à distribuer

exclusivement par la banque (exemple : les dotations aux amortissements des


immobilisations, les charges de personnel, etc.). Le reliquat constitue la somme à
repartir.

Pour les charges à éliminer, leur déduction doit se faire selon la démarche
opérationnelle concrétisée par le schéma suivant :

Sommes déduites

Avant détermination du profit à repartir

Dotations aux provisions Autres charges

Provisions individuelles/
Créances ou autres actifs
Zakat (**)

Provisions collectives

Impôts
Après détermination du profit à répartir

Toutes autres
Réserve de lissage des profits dépenses
communes non
spécifiques à la
banque (*)
Après détermination de la part des actionnaires
dans le panier des profits et avant répartition
des déposants

Réserve pour risque


d'investissement

Source : développé par l’auteur

124
Annexe N°3 : Une démarche méthodique de détermination du panier des
profits à distribuer

(*) Dans ce cadre nous citons :

- les dépenses supplémentaires contractuelles : le déposant peut se mettre en


accord avec le Moudharib pour réaliser une prestation en contre partie d’une
rémunération qui sera déduite de la base des profits à répartir.

- les dépenses spécifiques : parfois l’opération Moudharaba nécessite le recours


à des compétences spécifiques, les dépenses engagées seront déduites de la base à
répartir.

(**) Le taux de zakat est de 2.5% pendant une année civile lunaire. La Banque
doit liquider la zakat, si elle a été expressément mandatée pour la liquider par une
loi, par ses statuts, par l'assemblée générale ou bien par les clients. Les modalités
de calculs et liquidation de zakat sont régies par la norme n° 35 promulguée par
l’AAOIFI.

Deux méthodes peuvent être utilisées pour le calcul de la zakat :

♦ la méthode de l’actif courant net : actifs courants - Passifs courants. Cette


méthode présente l'avantage qu'elle est une méthode très facile et elle est aussi
appelée la méthode directe de la détermination de l'assiette de la zakat.

♦ la méthode de l’investissement net : (Capitaux propres + Dettes à long et


moyen terme)- (Actifs non courants nets d'amortissement). Cette méthode est
utilisée en Arabie Saoudite et elle est appelée aussi la méthode indirecte de
détermination de l'assiette de la zakat. Ces deux méthodes doivent aboutir au
même résultat.

Quant aux produits à éliminer : les produits cités ci-dessous doivent être
éliminés du panier des pertes et profits à répartir, c'est-à-dire qu’ils profitent
exclusivement aux actionnaires. Il s’agit notamment des produits des
investissements (les dividendes du portefeuille d’investissement et du portefeuille
commercial), des services financiers et des investissements des comptes courants.

125
Annexe N°3 : Une démarche méthodique de détermination du panier des
profits à distribuer

Il est à signaler que toute perte est déduite en premier lieu du profit du projet en
question. En cas d’insuffisance, le reliquat peut être déduit des autres projets,
puisqu’il s’agit de fonds affectés à un panier de projets et non à un projet
spécifique.

 Étape 3 : la répartition des profits entre les déposants

Les profits sont répartis entre la banque et les déposants. Cette répartition se fait :

 selon une pondération par le montant de chaque déposant et la durée


de l’investissement ;
 sur une base réelle et non budgétisée ;
 selon les clefs de répartitions fixées dans le contrat ;
 et en aucun cas sur la base d’un taux de profit fixe.

126
Annexe N°4 : Identification des principales zones de risques liés aux
financiers islamiques

ANNEXE 4 :

Identification des principales zones de risques liés aux produits


financiers islamiques

 Identification des risques liés au contrat Ijara


L’analyse des différentes étapes nécessaires à la réalisation du contrat Ijara nous a
permis d’identifier les principales zones de risques décrites dans le tableau ci-
dessous.

Sources de risques Impactes Types de risques

Responsabilité pour vices Possibilité de résiliation du


cachés contrat par le preneur.
Défaut ou retard de paiement de Perte financière, impossibilité de
loyer récupérer le manque à gagner.
Risque de crédit
Détérioration du bien. En cas de Perte rendement.
destruction totale, le contrat est
résilié de plein droit.
Lorsque le taux de rendement
de l’opération est différent des Perte de rendement
taux de référence. Risque de marché
Contrat libellé dans une devise Perte de change
différente de la monnaie locale.
Facture d’achat libellé au nom Non-conformité de la transaction Risque de non-
du client preneur, objet ou cause aux principes régissant l'activité conformité
illicite du contrat, non- de la banque WIB.
indication des termes de
l’Ijara .73

Source : Tableau développé par l’auteur

73 Loyers, durée, périodicité de paiement des loyers, désignation du bien objet du contrat.
127
Annexe N°4 : Identification des principales zones de risques liés aux
financiers islamiques

 Identification des risques liés au contrat Mourabaha

L’analyse des différentes étapes nécessaires à la réalisation du contrat Mourabaha


nous a permis d’identifier les principales zones de risques décrites dans le tableau
ci-dessous.

Sources de risques Impacts Types de


risques
Variation du taux d’inflation,
variation du taux de change, Perte de rentabilité sur les actifs de Risque de
variation du prix des matières l’entité. marché
premières.
Contrat libellé en devise différente de Perte de change suite à la variation du
la monnaie locale. cours de change.

Défaut de livraison du bien par le La banque WIB ne peut pas honorer


fournisseur. ses engagements
Défaut d’exécution d’engagement La banque WIB est dans l’incapacité Risque de
d’achat du bien par le donneur de convaincre le client d’honorer ses crédit
d’ordre d’achat. engagements.
Défaut ou retard de règlement par le Perte de rendement.
client.
Lorsque le taux de rendement de Perte financière. Risque de
l’opération est différent du taux de liquidité
référence actuel.
Au cours de la transaction, la La banque WIB ne peut pas maitriser Risque
propriété du bien doit être transférée les risques inhérents à la détention et à opérationnel
à la banque. la conservation du bien.
Facture d’achat libellée au nom du Non-conformité de la transaction aux Risque de non-
client et non pas au nom de la banque principes régissant l'activité de la conformité
WIB, contrat Mourabaha antérieur à banque WIB.
la facture d’achat, objet illicite du
contrat, marge bénéficiaire indexée,
contrat Mourabaha sur or, argent.
Source : Tableau développé par l’auteur

128
Annexe N°4 : Identification des principales zones de risques liés aux
financiers islamiques

 Identification des risques liés au contrat Moudharaba


L’analyse des différentes étapes nécessaires à la réalisation du contrat
Moudharaba nous a permis d’identifier les principales zones de risques décrites
dans le tableau ci-dessous.

Sources de risques Impactes Types de risques

Risque de non-paiement du capital


investi ou de paiement de sa part de Perte de rendement
bénéfice. Risque de crédit
La responsabilité ne peut être Difficultés de prouver la faute
engagée qu’en cas de faute lourde du gestionnaire de l’opération
et de contrôler la gestion des
litiges pouvant déboucher sur
une perte de rendement.
Défaut d’énumération des
défaillances contractuellement Perte de rendement Risque
comme des cas de mauvaise gestion opérationnel
de l’association impliquant la mise à
jour de la responsabilité du client.
Partage des pertes et profits sans
rapport avec les apports respectifs,
le rachat de l’apport de la banque à Non-conformité de la Risque de non-
un prix fixé d’avance, clause transaction aux principes conformité
garantissant le capital du bailleur de régissant l'activité de la banque
fonds, prise de participation dans WIB.
des sociétés exerçant dans des
secteurs illicites.
Source : Tableau développé par l’auteur

129
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

ANNEXE N° 5 :

Outil d’étude de faisabilité financière

Source : Outil développé par l’auteur

Pour financer son projet, la banque WIB compte augmenter son capital de 120
millions d’euros, pour devenir 150 millions d’euros.
Conformément à ce qui précède, nous présentons ci-après le tableau de la
simulation d’évolution des capitaux propres de la banque.

(Chiffres en K euros)

Avant la Après la
transformation transformation
Capital 20 000 150 000
Réserves 10000 1200
Réserves légales 900 1200
Primes d'émission 9100 0
Résultats 14500 14 886
Résultats reportés 11300 13600
Résultat de l'exercice 3200 1286
Total capitaux propres 44 500 166 086

130
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

(Chiffres en K euros)

2014 2015 2016 2017 2018 2019

CP1: capital 20000 150000 150000 150000 150000 150000

Outre les emprunts et les crédits encours, la direction de la banque a décidé dans
le cadre de financement de son projet de transformation de faire recours aux
crédits étrangers et à l’émission des Sukuks.

Dans ce contexte, nous avons retenu une durée de remboursement estimée à 10


ans pour les Sukuks, et à 15 ans pour les crédits étrangers. Le taux de profit est
estimé à 7,5%.

Conformément à ce qui précède, nous présentons ci-après le calcul de l’évolution


des emprunts et autres ressources de la banque :

(Chiffres en k euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Emprunts début de la période 193000 136934 142404 134638 116118
Déblocage Sukuk 48000 11000 6000 22000
Déblocage crédits étrangers 33000 17000 13000 3000 20000
Remboursement des crédits à court terme, -89066 -57330 -23632 -17419 -9625
moyen terme, et emprunts
Remboursement Sukuk 0 0 -4800 -5900 -6500
Remboursement crédits étrangers 0 -2400 -3533 -4400 -4600
Total emprunts en principal en fin de période 139934 142204 134439 115919 137393

Veuillez ci-après le tableau du montant de refinancement du projet.

(Chiffres en k euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Emission des Sukuks 48 000 11 000 6 000 22 000
Crédits étrangers 36 000 17 000 13 000 3 000 20 000
Total 36 000 65 000 24 000 9 000 42 000

131
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

La clientèle de la banque est composée par des particuliers (clients à haut revenu,
moyen revenu, bas revenu) et des professionnels (institutionnels, multinationales,
groupes tunisiens, petites et moyennes entreprises).

Nous avançons ci-après les estimations des dépôts des clients qui sont présentées
comme suit :

(Chiffres en k euros)

Nature des Type des clients 2016 2017 2018 2019 TCAM*
dépôts
Clients à haut revenu 34 317 60 055 105 096 183 918 85%
Dépôts des Clients à moyen revenu 17 158 30 884 55 592 100 065 85%
particuliers Clients à bas revenu 3 151 5 829 10 784 19 951 90%
Total dépôts particuliers 54 626 96 769 171 472 303 934 90 %
Institutionnels 89 486 143 178 229 084 366 535 80%
Dépôts des Multinationales 22 689 40 840 73 512 132 322 80%
professionnels Groupes tunisiens 17 332 31 198 56 156 101 080 80%
Petites et moyennes 32 142 54 641 92 890 157 914 80%
entreprises
Total dépôts des 161 649 269 857 451 643 757 851 80 %
professionnels
Total dépôts clientèle 216 275 366 625 623 115 1061 785

Le tableau ci-dessus décrit bien l’évolution de la structure de portefeuille des


dépôts. Ainsi, les dépôts des professionnels constituent l’essentiel des dépôts de la
banque . En 2019, le total des dépôts des clients atteindra 1 061 785 K euros.

(*) Taux de croissance annuel moyen

Calcul des intérêts sur dépôts clients

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018

Total dépôts des particuliers 1 494 2 646 4 686 8 301

Total dépôts des professionnels 3 817 6 363 10 634 17 819

Total 5 312 9 009 15 320 26 120

132
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

Calcul de la réserve auprès de la banque centrale

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019

Total dépôts des clients 185000 216275 366625 623115 1061785

Avoirs auprès de la BCT 9250 10814 18331 31156 53089

Les paramètres des produits à commercialiser


(Chiffres en K Euros)

Estimation de TCAM Taux de Taux IMPAYÉ


réemplois 2016 profits moyen de
moyen provision

Ijara 145000 25% 10% 3% 4%

Mourabaha 82 000 25% 8% 3% 4%

Moudharaha 10 000 50% 7% 2% 0%

Musharaka 10 000 50% 7% 2% 0%

133
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

Les estimation du financement à debloquer

La direction de la banque a décidé de commencer sa nouvelle activité en tant que


banque islamique par la commercialisation des produits suivants : Ijara,
Mourabaha, Moudharaba et Musharaha. Elle a prévu l’estimation de financement
à débloquer comme suit :

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Ijara - 145 OOO 181 250 226 563 283 203
Mourabaha - 82 000 102 500 128 125 160 156
Moudharaba - 10 000 15 000 22 500 33 750
Musharaka - 10 000 15 000 22 500 33 750
Total - 247 000 313 750 399 688 510 859

Le profit du contrat Ijara est estimé à 10 % et le délai de remboursement à 5 ans.


Le taux de profit de financement du contrat Moudharaba est estimé à 7 %, et le
taux moyen de provision à 1,5 %. Le taux de profit de financement du contrat
Musharaka est estimé à 12 %, et le taux moyen de provision à 1,5 %.

En se basant sur ce qui précède, nous estimons l’encours des clients à la fin de
chaque période comme suit :

Encours sur la clientèle =encours financiers + impayés – provisions

134
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019


stock initial avant 362000 181000 90500 45250 22 625
transformation
Encours financier - 82000 170 833 268 208 376 260
Impayés - 4920 6 833 10 728 15 050
Mourabaha
Provisions - 2460 5 125 8 046 11 288
Encours fin période - 84460 172 542 270 890 380 023
Encours financier - 145000 297 250 458 563 631 203
Impayés - 10150 11 890 18 343 25 248
Ijara
Provisions - 4350 8 918 13 757 18 936
Encours fin période - 150800 300 223 463 148 637 515
Encours financier - 10000 15000 22500 33750
Impayés - 0 0 0 0
Moudharaba
Provisions - 150 225 338 506
Encours fin période - 9850 14775 22163 33244
Encours financier - 10000 15000 22500 33750
Impayés - 0 0 0 0
Musharaka
Provisions - 150 225 338 506
Encours fin période - 9850 14775 22163 33244
Encours des clients 362000 429 970 592 214 823 614 1106
Encours des clients
fin de période de
période

135
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

 Le programme d’investissement se résume comme suit:

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Investissements en agences en 7 860 6 813 11 341 10 329 12 290
Autres investissements 3 370 1 125 915 845 1 155
Total des investissements 11 230 7 938 12 256 11 174 13 445

 Le programme de développement des agences est estimé comme suit :

2015 2016 2017 2018 2019


Nouvelle location d’agences 8 7 7 6 8
Nouvelle acquisition d’agences 6 5 8 7 8
Nombres total des agences 14 12 15 13 16

 Les investissements en agences sont détaillés de la manière suivante :

(Chiffres en euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Nombre des acquisitions 6 5 8 7 8
Surface des agences (en m 2 ) 150 150 150 150 150
Coût d’acquisition par agence 750 000 787 500 826 875 868 219 911 630
Coût total d’acquisition 4 500 000 3 937 500 6 615 000 6 077 531 7 293 038
Coûtd’aménagement par m2 2 000 2 100 2 205 2315 2 431
Coût total d’aménagement 1 800 000 1575 000 2 646 000 2 431 013 2 917 215
Agencement, ameublement, 1560 000 1 300 000 2 080 000 1 820 000 2080 000
etc.
Coût total de l’investissement en 7 860 000 6 812 500 11 341 000 10 328 544 12 290253
agences

136
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

 Les autres investissements prévus pour réussir le projet de transformation


sont détaillés comme suit :

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Nouveau système 7000 300 130 70 60
d ’information
Aménagements 1 300 150 150 150 150
Matériel informatique 30 45 45 45 45
Équipement système d’information 500 40 40 40 40
Agencement 350 100 60 60 60
Matériel de transport 490 490 490 480 800
Total 3 370 1 125 915 845 1 155

137
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

 Les dotations aux amortissements sont détaillées comme suit :

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019

Dotations aux amortissements antérieurs à 2015 2479 2450 2402 2358 2349

Dotations aux amortissements des nouveaux 1058 1643 2394 2677 3514
investissements

Total dotations aux amortissements 3537 4093 4796 5035 5863

Valeur comptable nette 64993 68838 76298 82437 90019

 Les charges du personnel : la moyenne des nouveaux recrutements est de 6


personnes pour chaque nouvelle agence.

(Chiffres en euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Charges du personnel 4 200 000 4 410 4 631 000 4 862 025 5 105 126
(ancien) 000
Nombre de nouveaux recrus 84 72 90 78 96
Total nouveaux recrus 84 156 246 324 420
Salaire moyen brut/personne 3500 3675 3859 4052 4255
Évolution des salaires 5% 5% 5% 5% 5%
Charges du nouveau 294 000 573 300 949 253 1 312 747 1 786 794
personnel
Total 4 494 000 4 983000 5 580 000 6 175 000 6 890 000

138
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

 Le programme de location des nouvelles agences est détaillé comme


suit :

(Chiffres en euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Nombre de location 8 7 7 6 8
Coût de location par 6000 6300 6615 6946 7293
agence /mois (en euros)
Coût total de location/mois 48000 44100 46305 67641 58344

 Les estimations des charges générales d’exploitation sont détaillées


comme suit :

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019 TCAM


Location agences 576 1134 1746 2334 3151
Jetons de présence 80 85 90 95 100 6%
Rémunération des 300 300 300 300 300 0%
intermédiaires
Frais de formation 400 200 200 200 200 -13%
Marketing et communications 400 550 700 850 1000 26%
Entretiens et réparations 100 140 180 220 260 27%
Frais postaux et 200 300 400 500 600 32%
télécommunication
Impôts et taxes 300 400 500 600 700 24%
Maintenance système 800 1100 1500 2100 2600 34%
d'informations
Autres charges 400 600 900 1200 1500 40%
Total 3556 4809 6516 8399 10411

139
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

Les revenus de financements et des investissements sont détaillés de la manière


suivante :

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019

MOURABHA 0 5300 11043 17337 24321

IJARA 0 11716 24018 37052 51001

MOUDHARBA 0 552 827 1241 1862

MUSHARKA 0 552 827 1241 1862

Revenus de l'activité encours 33000 20000 11300 3900 600

Total 33000 38120 48015 60771 79646

140
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

Les estimations des commissions sont détaillées de la manière suivante :

(Chiffres en K euros)

Les commissions à recevoir TCAM

2015 2016 2017 2018 2019

Les commissions d'étude 0 310 313 316 319 1%

Les commissions sur les opérations 0 2000 2040 2081 2122 2%


internationales

Les commissions sur les comptes 0 1450 1523 1599 1679 5%

Les commissions sur les remises à 0 140 144 149 153 3%


l'encaissement chèques et traites

Les Commissions de transfert 0 850 884 919 956 4%

Les commissions sur les 0 95 101 107 113 6%


engagements par signature

Frais de tenu de comptes 0 600 642 687 735 7%

frais d'étude 0 150 162 175 189 8%

Autres frais et commissions 0 0 0 0 0 9%

Total des commissions à recevoir 0,00 5595 5809 6032 6267

141
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Actif
AC1- Caisse et avoirs 9 250 10 814 18 331 31 156 53 089
AC2- Créances sur les établissements
bancaires
AC3- Créances sur la clientèle 362 000 429 970 592 814 823 614 1 251 145
AC4- Portefeuille commercial
AC5- portefeuille d'investissement
AC6- Valeurs immobilisées 64 993 68 838 76 298 82 437 90 019
AC7- Autres actifs 18 100 28 029 18 723 29 071 40 299
TOTAL ACTIF 454 343 537 650 706 166 966 277 1 434 552
2015 2016 2017 2018 2019

PASSIF
PA1- Banque centrale et C.C.P
PA2- Dépôts et avoirs des
établissements bancaires
PA3- Dépôts et avoirs de la clientèle 141 083 216 275 366 625 623 115 1 061 785
PA4- Emprunts et ressources spéciales 139 934 142 204 134 439 115 919 137 393
PA5 - Autres passifs 7 240 7 110 26 527 39 953 31 236
TOTAL PASSIF 288 257 365 589 527 591 778 987 1 230 414
CAPITAUX PROPRES
CP1- Capital 150 000 150 000 150 000 150 000 150 000
CP2- Réserves
Primes d'émission -
Réserves légales 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200
CP5- Résultats reportés 13 600 14 886 20 861 27 376 36 090
CP6- Résultat de l'exercice 1 286 5 975 6 515 8 714 16 847
TOTAL CAPITAUX PROPRES 166 086 172 061 178 576 187 290 204 137
TOTAL PASSIF ET CAPITAUX
454 343 537 650 706 167 966 277 1 434 552
PROPRES

142
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

(Chiffres en K euros)

2015 2016 2017 2018 2019


Produits d'exploitation bancaire
PR1- Intérêts et revenus assimilés 33 000 38 120 48 015 60 771 79 646
PR2 - Commissions perçues - 5 595 5 809 6 032 6 267
PR3- Gains sur portefeuille titres commerciales
PR4- Revenus du portefeuille d'investissement

Toatl produits d'exploitation bancaire 33 000 43 715 53 824 66 803 85 913


Charges d'exploitation bancaire
CH1- Intérêts encourus et charges assimilées 12 195 13 527 19 527 25 803 36 097
CH2- Commissions encourues
Total charges d'exploitation bancaire 12 195 13 527 19 527 25 803 36 097
PRODUIT NET BANCAIRE 20 805 30 188 34 297 41 001 49 815
CH4- Dotations aux Provisions sur créances,
7 240 6 810 7 233 7 761 1 181
CH5- Dotations aux provisions sur portefeuille - 300 150 225 338
PR7- Autres produits d'exploitation 0 0 0 0 0
CH6- Frais de personnel 4 494 4 983 5 580 6 175 6 892
CH7- Charges générales d'exploitation 3 556 4 809 6 516 8 399 10 411
CH8- Dotations aux amortissements sur
3 537 4 093 4 796 5 035 5 863
immobilisations

RESULTAT D'EXPLOITATION 1 978 9 193 10 022 13 407 25 132

CH11- Impôt sur les sociétés -692 -3 218 -3 508 -4 692 -8 796

RESULTAT NET DE L'EXERCICE 1 286 5 975 6 515 8 714 16 336

143
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

Les indicateurs de gestion 2015 2016 2017 2018 2019

Dépôts des clients 141 083 216 275 366 625 623 115 1 061 785

les dettes 139 934 142 204 134 439 115 919 137 393

Crédits aux clients 362 000 429 970 592 814 823 614 1 251 145

Capitaux propres 166 086 172 061 178 576 187 290 203 626

Résultat de l'exercice 1 286 5 975 6 515 8 714 16 336

Total du bilan 454 343 537 650 706 167 966 277 1 434 552

Produit net bancaire 20 805 30 188 34 297 41 001 49 815

Commissions nettes - 5 595 5 809 6 032 6 267

Charges générales 8 050 9 792 12 096 14 574 17 303

Charges de personnel 4 494 4 983 5 580 6 175 6 892

Dotations aux 3 537 4 093 4 796 5 035 5 863


amortissements

Dotations aux provisions 7 240 7 110 7 383 7 986 1 518

144
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

Les ratios de structure 2015 2016 2017 2018 2019

Capitaux propres / Total bilan 36,56% 32,00% 25,29% 19,38% 14,20%

Dépôts / Total bilan 31,05% 40,23% 51,92% 64,49% 74,02%

Crédits / Total bilan 79,68% 79,97% 83,95% 85,24% 87,22%

Dépôts / Total crédits 38,97% 50,30% 61,84% 75,66% 84,87%

145
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

Les ratios de gestion 2015 2016 2017 2018 2019

Commissions nettes / Charges de personnel 112,27% 104,10% 97,69% 90,93%

Produit net bancaire / Capitaux propres 12,53% 17,54% 19,21% 21,89% 24,46%

Coefficient d'exploitation 38,69% 32,44% 35,27% 35,54% 34,73%

Dotations aux provisions / Produit net bancaire 34,80% 23,55% 21,53% 19,48% 3,05%

146
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

Les ratios de rentabilité 2015 2016 2017 2018 2019

ROE = Résultat net / Total capitaux propres 0,77% 3,47% 3,65% 4,65% 8,02%

ROA = Résultat net / Total du bilan 0,28% 1,11% 0,92% 0,90% 1,14%

Résultat net / Produit net bancaire 6,18% 19,79% 18,99% 21,25% 32,79%

Commissions nettes / Produit net bancaire 0,00% 18,53% 16,94% 14,71% 12,58%

147
Annexe N°5 : Outil d’étude de faisabilité financière

2015 2016 2017 2018 2019

Ratios de liquidité 256,6% 198,8% 161,7% 132,2%

Taux d'évolution des crédits - 18,78% 37,87% 38,93% 51,91%

Taux d'évolution des dépôts - 53,30% 69,52% 69,96% 70,40%

148
Annexe N°6 : Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le
référentiel de l’AAOIFI

ANNEXE N° 6 :

Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le


référentiel de l’AAOIFI
Banque islamique

Etat de la situation financière

arrêté Au xxx (exercice) xx (exercice antérieur)

note Xxx unité monétaire Xx unité monétaire

Actifs

Trésorerie et équivalents de trésorerie -

Créances commerciales - -

Titres d'investissements - -

- -

Financement Mourabaha

Financement Moudharaba - -

Financement Musharaka - -

Placements dans d'autres entités - -

Stock - -

Investissement Immobiliers - -

Actifs acquis pour la location - -

Istisn'a - -

Autres placements - -

Total des investissements

Autres actifs - -

Actifs net - -

Total actifs - -
149
Annexe N°6 : Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le
référentiel de l’AAOIFI

Banque islamique
Etat de la situation financière arrêté
Au xxx (exercice) xx (exercice antérieur)

note Xxx unité Xx unité


monétaire monétaire

Passif, contrat d’investissements libres, intérêts


minoritaires et capitaux attribuables aux propriétaires

Passifs

Les comptes courants et les comptes d'épargne - -

Dettes - -

Dividendes proposés - -

Autres passifs - -

Total passifs

Action des titulaires des comptes d’investissements libres - -

Intérêts minoritaires - -

Total passifs, contrats d’investissements libres et intérêts - -


minoritaires

Capitaux propres attribuables aux propriétaires - -

Capital libéré - -

Réserves - -

Bénéfices non distribués - -

Total capitaux propres - -

Total passifs, contrats d’investissements libres, intérêts - -


minoritaires et capitaux attribuables aux propriétaires

150
Annexe N°6 : Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le
référentiel de l’AAOIFI

Banque islamique

Etat de résultat pour la période clôturée

Au xxx (exercice) xx (exercice antérieur)


note Xxx unité Xx unité
monétaire monétaire

Revenus générés par les projets et contrats finances conjointement avec les - -
investissements

Revenus sur les ventes à termes - -

Revenus sur les autres financements et investissements - -

Total - -

Les profits nets revenants aux détenteurs des comptes d’investissements - -


participatifs non restreints

Les profits nets revenants aux titulaires des comptes d'investissements - -


participatifs non-restreints

La quote-part de la banque en tant que Moudharib sur les comptes - -


d'investissements participatifs non-restreints

Total - -

Revenus sur les ventes à termes financées par les fonds propres de la banque - -

Revenus sur les investissements financés par les fonds propres de la banque - -

Quote-part de la banque en tant que Moudharib sur les comptes - -


d'investissements participatifs restreints

Revenus sur les opérations bancaires - -

Autres revenus d'exploitation - -

Total revenus d’exploitation - -

Frais de personnel - -

Dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations - -

Dotations aux amortissements et provisions sur financement et - -


investissements

Charges générales d'exploitations - -

Zakat - -

Autres charges d'exploitations - -

Total charges d’exploitations - -

Résultat d’exploitations avant impôt - -

Impôt sur les bénéfices - -

Résultat net de l’exercice - -

151
Annexe N°6 : Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le
référentiel de l’AAOIFI

Etat de Flux de trésorerie (1/2)

La période close au xxx (exercice) xx (exercice antérieur)

note Xxx unité Xx unité


monétaire monétaire

Résultats net - -
Ajustements - -
Flux nets provenant des activités d’exploitation

Dépréciation - -
Provision pour comptes douteux - -
Provision pour Zakat - -
Provision pour impôt - -
Zakat payée - -
Taxes payées - -
Retour sur comptes non affectés - -
Gain sur ventes d’actifs non courants - -
Dépréciation d’actifs loués - -
Provision pour dépréciation de litres - -
Dettes perdues - -
Flux nets provenant des activités d’exploitation

Flux provenant des activités d’investissements

Ventes immobilières - -
Achats immobilières - -
Acquisition de valeurs mobilières - -
Augmentation d’investissements Moudharaba - -
Ventes de biens Istisna - -
Flux provenant des activités d’investissements

Etat de flux de trésorerie (2/2)


152
Annexe N°6 : Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le
référentiel de l’AAOIFI

La période close au XXX (exercice) XX (exercice antérieur)

note Xxx unité Xx unité


monétaire monétaire

Flux provenant des activités de financement

Augmentation des comptes non affectés - -

Augmentation de comptes courants - -

Dividendes payés - -

Augmentation de dépenses de crédit - -

Diminution des dépenses de crédit - -

Augmentation des intérêts minoritaires - -

Diminution en autres actifs - -

Flux provenant des activités de financement - -

Augmentation (Diminution) des flux de trésorerie - -

Trésorerie initiale - -

Trésorerie finale - -

153
Annexe N°6 : Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le
référentiel de l’AAOIFI

Etat de variation des capitaux propres

La période close au XXX (exercice) XX (exercice antérieur)

Capital Réserves Réserves Bénéfices non Total


libéré légales générales distribués

Solde au xxx

Emission d’actions

Résultats net

Profits distribués

Transfert en réserves

Solde au xxx

Résultat net

Profits distribués

Transfert en réserves

Solde au xxxx

154
Annexe N°6 : Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le
référentiel de l’AAOIFI

Etat sur les ressources et les emplois des fonds destinés à la zakat et autres
fonds à caractère philanthropique pour la période close au xxx (exercice) xx
(exercice antérieur)

note Xxx unité Xx unité


monétaire monétaire

Sources de Zakat

Fonds (notes …) - -

Zakat due par la banque - -

Zakat due par les titulaires de comptes - -

Donations - -

Total sources - -

Emplois des fonds de zakat - -

Zakat pour des pauvres et des nécessiteux - -

Zakat pour des réfugiés - -

Zakat pour les endettés - -

Zakat pour les nouveaux convertis à l’Islam - -

Zakat pour servir les autres causes - -

Total emplois - -

Augmentation (diminution) des ressources sur les - -


emplois

Zakat non distribuée au début de l’exercice - -

Zakat non distribuée en fin d’exercice

155
Annexe N°6 : Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le
référentiel de l’AAOIFI

Etat sur les ressources et les emplois des fonds destinés aux crédits

La période close au (exercice) XX (exercice antérieur)

note Xxx unité Xx unité


monétaire monétaire

Solde d’ouverture - -

Prêts de bienfaisance - -

Fonds disponibles au prêt - -

Sources du fonds - -

Allocation de comptes courants - -

Allocation de bénéfices prohibés par la Shari’a - -

Total des sources durant la période - -

Emplois des fonds - -

Prêts aux étudiants - -

Prêts aux artisans - -

Règlements en comptes courants - -

Total emplois durant la période - -

Solde à la clôture - -

Prêts de bienfaisance - -

Fonds disponibles au prêt - -

156
Annexe N°6 : Un modèle complet d’états financiers tels que préconisés par le
référentiel de l’AAOIFI

Etat des variations des investissements affectés


pour la période close au xxx (exercice) xx (exercice antérieur)

Unités de portefeuilles d’investissements affectés

Description Portefeuille en valeurs Portefeuille Portefeuille Total


mobilières immobilier Mourabaha
commercialisables

xx xx xx xx xx xx xx x

Investissement en début de - - - - - - - -
période

Nombre initial d’unités investies - - - - - - - -

Valeur initiale de l’unité - - - - - - - -

Dépôts et émissions - - - - - - - -

Rachat d’unités et retrait - - - - - - - -

Pertes ou profit d’investissement - - - - - - - -

Charges administratives - - - - - - - -

Investissements en fin de période - - - - - - - -

Nombre final d’unités investies - - - - - - - -

Valeur finale d’unité - - - - - - - -

157
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

ANNEXE N° 7 : Outil de gestion du processus de transformation

Source : Outil développé par l’auteur


Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

170
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

171
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

172
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

174
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

175
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

176
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

177
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

178
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

179
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

180
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

181
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

182
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

183
Annexe N°7 : Outil de gestion du processus de transformation

184
SOMMAIRE
Introduction……………………………………………………………….... 13

PARTIE 1 : ÉTUDE DE FAISABILITÉ……………………………… 17


Chapitre 1 : Étude préalable…………………………………………….... 17
Section 1 : Analyse des options possibles………………………………………... 17
Section 2 : Contraintes de mise en place des produits islamiques……..……… 19
Section 3 : Étude des conditions préalables à remplir……………………..…... 24
Chapitre 2 : Les implications de l’adoption du nouveau statut….……. 35
Section 1 : Les modifications du système comptable…………………….……... 35
Section 2 : Les modifications au niveau de répartition des profits….……….. 51
Section 3 : Les effets organisationnels de la transformation……………….... 52
Chapitre 3 : Les éléments de l’étude de faisabilité…………..………..... 54
Section 1 : Une étude de marché et une évaluation réglementaire…………... 54
Section 2 : Une étude de l’environnement organisationnelle et financière….. 59
Section 3 : Assistance dans le choix de l’option la plus appropriée…………. 62
PARTIE 2 : LES ÉTAPES DE LA TRANSFORMATION……………. 69

Chapitre 1 : La planification……………………………………………... 70
Section1 : Les procédures préparatoires………………………………………... 70
Section 2 : La préparation d’un plan d’exécution des tâches……….……….. 75
Section 3 : Les procédures préliminaires……………………………………….. 78
Chapitre 2 : Exécution des procédures de transformation……………... 83
Section 1 : Les procédures de restructuration……………………..…………... 84
Section 2 : Les procédures de réajustement…………………………………….. 87
Section 3 : Les procédures de liquidation des effets illicites…………………… 97
Chapitre 3 : Le suivi du processus de transformation………………….. 98
Section 1 : La mise en place du système de suivi……………………………...... 98
Section 2 : La gestion des risques liés à la transformation………………….... 103
CONCLUSION……………………………………………………………... 108

185

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