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Fraude : besoin de ressources, mais aussi de

plus de collaboration du public


15.04.2010 - 09:35 - Léonie Laflamme Savoie

Il faut accorder plus de ressources à la prévention de la fraude, oui, mais il faut également
encourager une culture de collaboration du public avec les autorités légales et réglementaires.

« Le problème ce n'est pas les lois qui encadrent la fraude, mais plutôt le nombre de gens qui les
appliquent et qui recherchent les fraudeurs. Il n'y a pas assez d'inspecteurs», expliquait hier Me
Simon Roy, professeur à la faculté de droit de l'Université de Sherbrooke, lors d'une table ronde
sur la criminalité financière menée par l'Actif.

L'avocat a donné un exemple bien simple pour illustrer son propos : si une clôture électrifiée
donne un choc mortel à une personne sur cent qui la touche, elle sera moins efficace qu'une autre
qui donne systématiquement un plus petit choc à tous ceux qui la frôlent.

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« À mon avis, il ne faut pas donner des peines plus sévères, a-t-il ajouté. Il faut simplement
arrêter plus de fraudeurs. Si la personne qui veut frauder est certaine de se faire prendre, on aura
plus de chance de la dissuader de commettre son crime. »

Abda Messaoud, professeur et directeur du Programme de lutte contre la criminalité financière


de la Faculté d'administration de l'Université de Sherbrooke, abonde dans le même sens. Selon
lui, la lutte contre la fraude c'est « toujours une question de risquer, ou non, de se faire attraper ».

Citant l'exemple de la Société Générale et de son tristement célèbre courtier Jérôme Kerviel, il a
d'ailleurs critiqué la tendance des grandes entreprises à ne pas considérer qu'elles soient elles-
mêmes à risque.

« Dans le cas de la Société Générale, la direction considérait le risque de fraude comme


inexistant, a-t-il souligné. Ils ne croyaient pas que l'un de leurs courtiers pourrait faire une telle
chose à leur entreprise. »

Le tableau n'est pas plus glorieux chez les fraudes aux particuliers, en effet plusieurs victimes se
retrouveraient impliquées plus d'une fois dans les combines des fraudeurs selon Yves Trudel,
directeur adjoint des enquêtes à l'Autorité des marchés financiers (AMF).

« Les gens croient que c'est comme le casino et qu'ils ne peuvent pas perdre à tous les coups, a-t-
il lancé lors de la table ronde de l'Actif. En fait, ils perdent toujours et souvent dans des arnaques
qui se ressemblent! »

Yves Trudel a rappelé que l'AMF et la police ne peuvent rien faire sans la collaboration du
public. Selon lui, les ressources sont déjà là. Ce qui manque, c'est une collaboration systématique
des gens qui sont témoins des actions des fraudeurs.

« Si quelqu'un va dans le séminaire d'investissement d'un fraudeur qui tente de monter un Ponzi
et qu'il croit, à tort bien sûr, qu'il peut faire de l'argent, il ne dénoncera pas l'individu en question,
a-t-il indiqué. Ça va prendre trois ou quatre répétitions de ce même séminaire pour que quelqu'un
nous avertisse et il y aura déjà des victimes. »

« La prévention, ça appartient aux membres du public aussi », a-t-il ajouté.

Il a aussi mis en garde contre l'utilisation d'Internet où les fraudes abondent. Les conseillers
doivent être vigilants, particulièrement avec leurs clients plus âgés, puisque ces derniers peuvent
être tentés de prendre des décisions d'investissement dangereuses.

« Il y a les fraudeurs, oui, mais il y a aussi l'achat de titres en ligne, a rappelé Yves Trudel. Selon
une étude récente, les gens de plus de 60 ans passeraient en moyenne 17 heures par semaine sur
Internet et une majorité de ce temps serait passé à transiger à travers des comptes de courtages à
escompte. »

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