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Safari - 2 Mai 2019 À 01:11 PDF
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HISTOIRE
GENERALE
DE
L’AFRIQUE
VII. L’Afrique sous domination coloniale, 1880-1935
DIRECTEUR DE VOLUmE : A. ADU bOAHEN
Éditions UNESCO
HISTOIRE
GÉNÉRALE
DE
L’AFRIQUE
Comité scienti,que international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (UNESCO)
HISTOIRE
GÉNÉRALE
DE
L’AFRIQUE
VII
l’Afrique sous
domination coloniale,
1880-1935
Directeur du volume
A. ADU BOAHEN
Éditions UNESCO
Préface ................................................................................................................................................. 9
Présentation du projet .............................................................................................................. 17
Chapitre premier
L’Afrique face au dé/ colonial
Albert Adu BOAHEN .................................................................................................... 21
Chapitre 2
Partage européen et conquête de l’Afrique : aperçu général
Godfrey N. UzOIGwE ................................................................................................. 39
Chapitre 3
Initiatives et résistances africaines face au partage et à la conquête
Terence O. RANGER ................................................................................................... 67
Chapitre 4
Initiatives et résistances africaines en Afrique du Nord-Est
Hassan Ahmed IBRAHIm (à partir d’une contribution de feu)
Abbas Ibrahim Ali .......................................................................................................... 87
Chapitre 5
Initiatives et résistances africaines en Afrique du Nord et au Sahara
Abdallah LAROUI ........................................................................................................... 111
Chapitre 6
Initiatives et résistances africaines en Afrique occidentale
de 1880 à 1914
M’Baye GUEyE et Albert Adu BOAHEN ............................................................ 137
Chapitre 7
Initiatives et résistances africaines en Afrique orientale
de 1880 à 1914
Henry A. MwANzI ........................................................................................................ 171
Chapitre 8
Initiatives et résistances africaines en Afrique centrale
de 1880 à 1914
Allen ISAAcmAN et Jan VANSINA ........................................................................... 191
Chapitre 9
Initiatives et résistances africaines en Afrique méridionale
David CHANAIwA ........................................................................................................... 217
Chapitre 10
Madagascar de 1880 à 1939 : initiatives et réactions africaines
à la conquête et à la domination coloniales
Manassé ESOAvELOmANDROSO............................................................................. 245
Chapitre 11
Le Libéria et l’Éthiopie, 1880 -1914 : la survie de deux États
africains
Monday B. AkpAN (à partir des contributions d’Abeodu B. Jones
et Richard Pankhurst) ................................................................................................... 273
Chapitre 12
La première guerre mondiale et ses conséquences
Michael CROwDER ........................................................................................................ 307
Chapitre 13
La domination européenne : méthodes et institutions
Raymond F. BETTS (révisé par A. I. Asiwaju).................................................. 339
Chapitre 14
L’économie coloniale
Walter RODNEy ............................................................................................................... 361
Chapitre 15
L’économie coloniale des anciennes zones françaises, belges
et portugaises (1914-1935)
Catherine COQUERy-VIDROvITcH ....................................................................... 381
Chapitre 16
L’économie coloniale : les anciennes zones britanniques
Martin H. Y. KANIkI...................................................................................................... 413
Chapitre 17
L’économie coloniale : l’Afrique du Nord
Ahmed KASSAB, Ali A. ABDUSSALAm et Fathi S. ABUSEDRA ................. 455
Chapitre 18
Les répercussions sociales de la domination coloniale :
aspects démographiques
John Charles C ALDwELL ........................................................................................... 495
Chapitre 19
Les répercussions sociales de la domination coloniale :
les nouvelles structures sociales
Adiele Eberechukuwu A FIGBO................................................................................ 527
Chapitre 20
La religion en Afrique pendant l’époque coloniale
Ko/ ASARE OpOkU ........................................................................................................ 549
Chapitre 21
Les arts en Afrique à l’époque de la domination coloniale
Wole SOyINkA .................................................................................................................. 581
Chapitre 22
La politique africaine et le nationalisme africain 1919 -1935
B. Olatunji OLORUNTImEHIN................................................................................. 609
Chapitre 23
La politique et le nationalisme en Afrique du Nord-Est, 1919 -1935
Hassan Ahmed IBRAHIm ............................................................................................. 625
Chapitre 24
La politique et le nationalisme au Maghreb et au Sahara, 1919 -1935
Jacques BERQUE ............................................................................................................. 649
Chapitre 25
La politique et le nationalisme en Afrique occidentale, 1919 -1935
Albert Adu BOAHEN...................................................................................................... 669
Chapitre 26
La politique et le nationalisme en Afrique orientale, 1919 -1935
Elisha Stephen ATIENO-ODHIAmBO ................................................................... 695
Chapitre 27
La politique et le nationalisme en Afrique centrale et méridionale,
1919-1935
A. Basil DAvIDSON, Allen F. ISAAcmAN et René PÉLISSIER.................. 721
Chapitre 28
L’éthiopie et le Libéria, 1914 -1935 :
deux États africains indépendants à l’ère coloniale
Monday B. AkpAN (à partir des contributions d’A. B. Jones
et R. Pankhurst) .............................................................................................................. 761
Chapitre 29
L’Afrique et le nouveau monde
Richard David RALSTON (avec la contribution du professeur
Fernando Augusto Alburquerque Mourão pour les sections
consacrées à l’Amérique latine et aux Caraïbes) .............................................. 797
Chapitre 30
Le colonialisme en Afrique : impact et signi/cation
Albert Adu BOAHEN .................................................................................................... 837
Notice biographique des auteurs du volume VII ............................................................... 865
Membres du Comité scientifque international pour la rédaction d’une
Histoire générale de l’Afrique ............................................................................................ 871
Abréviations et liste des périodiques ......................................................................................... 873
Bibliographie....................................................................................................................................... 877
Index........................................................................................................................................................ 917
P-HI#J&
par
M. Amadou Mahtar M’Bow
Directeur général
de l’UNESCO (1974 -1987)
accréditer l’idée qu’une scission aurait existé, de toute éternité, entre une
« Afrique blanche » et une « Afrique noire » ignorantes l’une de l’autre. On
présentait souvent le Sahara comme un espace impénétrable qui rendait
impossible des brassages d’ethnies et de peuples, des échanges de biens,
de croyances, de mœurs et d’idées, entre les sociétés constituées de part et
d’autre du désert. On traçait des frontières étanches entre les civilisations de
l’Égypte ancienne et de la Nubie, et celles des peuples subsahariens.
Certes, l’histoire de l’Afrique nord-saharienne a été davantage liée à
celle du bassin méditerranéen que ne l’a été l’histoire de l’Afrique subsa-
harienne, mais il est largement reconnu aujourd’hui que les civilisations du
continent africain, à travers la variété des langues et des cultures, forment, à
des degrés divers, les versants historiques d’un ensemble de peuples et de
sociétés qu’unissent des liens séculaires.
Un autre phénomène a beaucoup nui à l’étude objective du passé afri-
cain : je veux parler de l’apparition, avec la traite négrière et la colonisation,
de stéréotypes raciaux générateurs de mépris et d’incompréhension et si pro-
fondément ancrés qu’ils faussèrent jusqu’aux concepts mêmes de l’historio-
graphie. À partir du moment où on eut recours aux notions de « Blancs » et de
« Noirs » pour nommer génériquement les colonisateurs, considérés comme
supérieurs, et les colonisés, les Africains eurent à lutter contre un double
asservissement économique et psychologique. Repérable à la pigmentation
de sa peau, devenu une marchandise parmi d’autres, voué au travail de force,
l’Africain vint à symboliser, dans la conscience de ses dominateurs, une
essence raciale imaginaire et illusoirement inférieure de nègre. Ce processus
de fausse identi/cation ravala l’histoire des peuples africains dans l’esprit de
beaucoup au rang d’une ethno-histoire où l’appréciation des réalités histori-
ques et culturelles ne pouvait qu’être faussée.
La situation a beaucoup évolué depuis la /n de la seconde guerre
mondiale, en particulier depuis que les pays d’Afrique, ayant accédé à
l’indépendance, participent activement à la vie de la communauté interna-
tionale et aux échanges mutuels qui sont sa raison d’être. De plus en plus
d’historiens se sont efforcés d’aborder l’étude de l’Afrique avec plus de
rigueur, d’objectivité et d’ouverture d’esprit, en utilisant — certes avec les
précautions d’usage — les sources africaines elles-mêmes. Dans l’exercice
de leur droit à l’initiative historique, les, Africains eux-mêmes ont ressenti
profondément le besoin de rétablir sur des bases solides l’historicité de
leurs sociétés.
C’est dire l’importance de l’Histoire générale de l’Afrique, en huit volumes,
dont l’UNESCO commence la publication.
Les spécialistes de nombreux pays qui ont travaillé à cette œuvre se sont
d’abord attachés à en jeter les fondements théoriques et méthodologiques.
Ils ont eu le souci de remettre en question les simpli/cations abusives aux -
quelles avait donné lieu une conception linéaire et limitative de l’histoire
universelle, et de rétablir la vérité des faits chaque fois que cela était néces-
saire et possible. Ils se sont efforcés de dégager les données historiques qui
permettent de mieux suivre l’évolution des différents peuples africains dans
leur spéci/cité socioculturelle.
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Préface
1. Le volume I est paru en arabe, espagnol, portugais, chinois, italien ; le volume II en arabe,
espagnol, portugais, chinois, coréen ; le volume IV en espagnol et le volume VII en espagnol et
en portugais.
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2. Dix numéros de cette série sont parus ; ils portent respectivement sur : nº 1 — Le peuplement
de l’Égypte ancienne et le déchiffrement de l’écriture méroïtique ; nº 2 — La traite négrière du XVe
au XIXe siècle ; nº 3 — Relations historiques à travers l’océan Indien ; nº 4 — L’historiographie de
l’Afrique australe ; nº 5 — La décolonisation de l’Afrique : Afrique australe et Corne de l’Afrique ;
nº 6 — Ethnonymes et toponymes ; nº 7 — Les relations historiques et socioculturelles entre
l’Afrique et le monde arabe ; nº 8 — La méthodologie de l’histoire de l’Afrique contemporaine ;
nº 9 — Le processus d’éducation et l’historiographie en Afrique ; nº 10 — L’Afrique et la seconde
guerre mondiale.
12
Préface
vision, il va sans dire, n’est pas celle des auteurs du présent ouvrage. Ici,
la résistance des esclaves déportés en Amérique, le fait du « marronnage »
politique et culturel, la participation constante et massive des descendants
d’Africains aux luttes de la première indépendance américaine, de même
qu’aux mouvements nationaux de libération, sont justement perçus pour ce
qu’ils furent : de vigoureuses af/rmations d’identité qui ont contribué à for-
ger le concept universel d’humanité. Il est évident aujourd’hui que l’héritage
africain a marqué, plus ou moins selon les lieux, les manières de sentir, de
penser, de rêver et d’agir de certaines nations de l’hémisphère occidental.
Du sud des États-Unis jusqu’au nord du Brésil, en passant par la Caraïbe
ainsi que sur la côte du Paci/que, les apports culturels hérités de l’Afrique
sont partout visibles ; dans certains cas même, ils constituent les fondements
essentiels de l’identité culturelle de quelques éléments les plus importants
de la population.
De même, cet ouvrage fait clairement apparaître les relations de l’Afri-
que avec l’Asie du Sud à travers l’océan Indien, ainsi que les apports africains
aux autres civilisations, dans le jeu des échanges mutuels.
Je suis convaincu que les efforts des peuples d’Afrique pour conquérir
ou renforcer leur indépendance, assurer leur développement et affermir leurs
spéci/cités culturelles doivent s’enraciner dans une conscience historique
rénovée, intensément vécue et assumée de génération en génération.
Et ma formation personnelle, l’expérience que j’ai acquise comme ensei-
gnant et comme président, dès les débuts de l’indépendance, de la première
commission créée en vue de la réforme des programmes d’enseignement de
l’histoire et de la géographie dans certains pays d’Afrique de l’Ouest et du
Centre, m’ont appris combien était nécessaire, pour l’éducation de la jeu-
nesse et pour l’information du public, un ouvrage d’histoire élaboré par des
savants connaissant du dedans les problèmes et les espoirs de l’Afrique et
capables de considérer le continent dans son ensemble.
Pour toutes ces raisons, l’UNESCO veillera à ce que cette Histoire
générale de l’Afrique soit largement diffusée, dans de nombreuses langues, et
qu’elle serve de base à l’élaboration de livres d’enfants, de manuels scolaires,
et d’émissions télévisées ou radiodiffusées. Ainsi, jeunes, écoliers, étudiants
et adultes, d’Afrique et d’ailleurs, pourront avoir une meilleure vision du
passé du continent africain, des facteurs qui l’expliquent et une plus juste
compréhension de son patrimoine culturel et de sa contribution au progrès
général de l’humanité. Cet ouvrage devrait donc contribuer à favoriser la
coopération internationale et à renforcer la solidarité des peuples dans leurs
aspirations à la justice, au progrès et à la paix. Du moins est-ce le vœu que je
forme très sincèrement.
Il me reste à exprimer ma profonde gratitude aux membres du Comité
scienti/que international, au rapporteur, aux directeurs des différents volu-
mes, aux auteurs et à tous ceux qui ont collaboré à la réalisation de cette pro-
digieuse entreprise. Le travail qu’ils ont effectué, la contribution qu’ils ont
apportée montrent bien ce que des hommes, venus d’horizons divers mais
animés d’une même bonne volonté, d’un même enthousiasme au service
13
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Chronologie
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PrésenTaTion du ProjeT
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c h a p i t r e p r e m i e r
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dans des empires, des royaumes, des communautés et des unités d’importance
et de nature variées.
Or, dans les trente années qui suivent, on assiste à un bouleversement
extraordinaire, pour ne pas dire radical, de cette situation. En 1914, à la seule
exception de l’Éthiopie et du Libéria, l’Afrique tout entière est soumise à la
domination des puissances européennes et divisée en colonies de dimensions
variables, mais généralement beaucoup plus étendues que les entités préexis-
tantes et ayant souvent peu ou aucun rapport avec elles. Par ailleurs, à cette
époque, l’Afrique n’est pas seulement assaillie dans sa souveraineté et son
indépendance, mais également dans ses valeurs culturelles. Comme Ferhāt
˓Abbās le fait remarquer en 1930, à propos de la colonisation en Algérie, pour
les Français, « la colonisation ne constitue qu’une entreprise militaire et
économique défendue ensuite par un régime administratif approprié ; pour
les Algériens, au contraire, c’est une véritable révolution venant bouleverser
tout un vieux monde d’idées et de croyances, un mode d’existence séculaire.
Elle place un peuple devant un changement soudain. Et voilà toute une
population, sans préparation aucune, obligée de s’adapter ou de périr. Cette
situation conduit nécessairement à un déséquilibre moral et matériel dont la
stérilité n’est pas loin de la déchéance totale »1.
Ces observations sur la nature du colonialisme valent non seulement pour
la colonisation française en Algérie, mais pour toute colonisation européenne
en Afrique, les différences étant dans le degré, non dans la nature, dans la
forme, non dans le fond. Autrement dit, au cours de la période 1880-1935,
l’Afrique doit faire face à un dé4 particulièrement menaçant : celui que lui
lance le colonialisme.
L’é$a$ d( Prépara$,-n d(/ Afr,ca,n/
Quelle est l’attitude des Africains devant l’irruption du colonialisme, qui
entraîne une mutation aussi fondamentale dans la nature des relations qui
n’avaient cessé d’exister entre eux et les Européens depuis trois siècles ?
C’est là une question que les historiens, tant africains qu’européens, n’ont
pas encore étudiée en profondeur, mais qui exige pourtant une réponse.
Celle-ci est sans équivoque : à une majorité écrasante, les autorités et les res-
ponsables africains sont violemment hostiles à ce changement, se déclarent
résolus à maintenir le statu quo et, surtout, à conserver leur souveraineté et
leur indépendance — pour lesquelles, pratiquement, aucun n’était disposé
à transiger si peu que ce soit. La réponse attendue peut être trouvée dans
les déclarations des dirigeants africains de l’époque.
En 1891, lorsque les Britanniques offrirent leur protection à Prem-
peh Ier roi des Ashanti, en Gold Coast (dans l’actuel Ghana), celui-ci leur
répond : « La proposition selon laquelle le pays ashanti, en l’état actuel
des choses, devrait se placer sous la protection de Sa Majesté la reine,
impératrice des Indes, a fait l’objet d’un examen approfondi, mais qu’il me
soit permis de dire que nous sommes parvenus à la conclusion suivante :
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