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Tunisie : la cause des femmes

Alors que la loi votée en 2017 contre toutes les violences faites aux
femmes est la plus grande avancée des dernières décennies, la
Tunisie a célébré, ce 13 août, la Journée de la femme... sans aucune
manifestation officielle organisée par les pouvoirs politiques.
Par notre correspondant à Tunis, Benoît Delmas
Publié le 13/08/2019 à 17:29 | Le Point.fr
Dans le monde arabe, la Tunisie s'est toujours distinguée des autres pays. Le
responsable de cette « exception tunisienne » se nomme Habib Bourguiba. À
peine au pouvoir, l'indépendance acquise, il édicte le 13 août 1956 un Code du
statut personnel (CSP) qui accordera aux femmes un certain nombre de droits.
L'égalité entre hommes et femmes effectue une série de progrès importants : la
polygamie (fort peu répandue en Tunisie) est abolie, le divorce est autorisé et le
mariage doit se faire avec le consentement de chacun. Celui qui n'était pas
encore président expliquera plus tard qu'il l'avait fait, entre autres raisons, en
pensant à sa mère, qu'il avait vu usée par l'éducation de ses enfants et la tenue
du foyer. La doctrine Bourguiba consistait à faire entrer dans le droit public des
questions qui étaient l'apanage du religieux. Ce qui est notable dans cette
démarche, au cœur des années 1950, c'est que Bourguiba le fait sans que
personne ne le lui demande. Au risque de froisser une palanquée de dirigeants
arabes. Sur d'autres sujets, l'avortement notamment, la Tunisie fut une nation
en avance par rapport à d'autres pays européens. Son interdiction fut levée en
1973. La contraception est un droit acquis, irrémédiable.
Héritage : les députés esquivent le projet d'égalité
Lorsqu'il mène campagne à l'automne 2014, pour la présidentielle, Béji Caïd
Essebsi évoque sa volonté d'édicter un code des libertés individuelles et de faire
voter à son initiative l'égalité entre les hommes et les femmes devant l'héritage.
La charia, la loi islamique, offre à l'homme une part double de celle de la femme.
BCE mettra en œuvre une commission, la Colibe, afin de recenser toutes les
entraves faites aux libertés individuelles et de préparer ce projet de loi. Bochra
Belhaj Hmida en sera la présidente. Cette avocate, députée Nidaa Tounes, fera
son travail accompagné de plusieurs personnes. Le texte demeure, pour l'heure,
un document de travail. L'Assemblée des représentants du peuple, pourtant
présidée par Mohamed Ennaceur (membre de Nidaa Tounes), ne consacrera
qu'un temps infime à l'étude (en commission) de cet ambitieux projet. Essebsi
reprenait là une volonté de Bourguiba, dont il fut ministre. Le père de
l'indépendance avait souhaité imposer cette égalité dans les années 1970. Le roi
Fahd d'Arabie saoudite lui avait fait savoir qu'il ne « pourrait le suivre sur ce
sujet ». La Tunisie avait alors des problèmes économiques importants. Le projet
fut remisé.

Un conservatisme qui ne dit pas son nom


Si le parti islamiste Ennahdha était opposé à cette égalité, BCE confessait : « Les
conservateurs sont dans mon camp. » Le camp des « progressistes ». À part
Bochra Belhaj Hmida, les députés du camp « séculier » seront d'une timidité
spectaculaire sur le sujet. L'un d'entre eux expliquait off : « On ne va pas se
fâcher avec une partie de notre électorat à un an des élections. » Dans les faits,
l'égalité existe. Il suffit de faire une donation entre vivants afin de léguer tout ce
que l'on veut à sa fille. Le projet BCE avait pour objectif d'inverser la logique :
l'égalité serait la norme officielle, le refus de l'égalité exigerait que les personnes
demandent qu'elle ne soit pas appliquée pour leurs enfants. L'acquis le plus
important pour les femmes date de 2017.

L'ambitieuse loi contre toutes les violences faites aux femmes


La très ambitieuse loi contre les violences faites aux femmes fut votée en
juillet 2017. Bochra Belhaj Hmida, l'une des initiatrices du texte, expliquait qu'il
s'agissait de « toutes les violences faites aux femmes dans la famille, au travail,
dans la sphère publique… » Et de préciser : « Ça concerne tous les espaces de
vie, on parle des violences économiques, morales, psychologiques, sexuelles,
culturelles… »

La loi est très ample. Elle ne se contente pas de réprimer. Elle veut éduquer,
briser les stéréotypes, l'égalité des salaires… Un projet global qui mettra, selon
certains, « une génération » afin d'être réellement en vigueur. Des centres
seront construits pour les femmes victimes de violences physiques, l'Éducation
nationale devra faire un travail de pédagogie, etc., etc. De très nombreux
ministères sont concernés par l'application de ce texte majeur. Selon les
résultats des prochaines élections (présidentielle et législatives), on saura si la
cause des femmes sera une priorité. Les grands partis ne présentent que peu de
femmes comme têtes de liste aux législatives. En moyenne 5 sur 33…

Source : https://www.lepoint.fr/afrique/tunisie-la-cause-des-femmes-13-08-2019-
2329660_3826.php

Lisez le texte et répondez aux questions.


En quoi consite « l’exception tunisienne » ?. Quand a-t-elle
commencé ?
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Comment l’égalité homme/femme se manifeste-t-elle en Tunisie ?
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« Les femmes tunisiennes, ayant atteint un statut de totale égalité
par rapport aux hommes, sont fières de leur lutte et de leurs
conquêtes ». Selon ce que vous avez lu dans le texte ci-dessus, cette
affirmation est-elle vraie ou fausse ? Justifiez.
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Vrai ou faux ? Justifiez avec un passage du texte.


Affirmation Vrai Faux
Le droit à l’héritage est déterminé dans
la constitution.

La volonté de changement dans la loi


concernant le droit à l’héritage est une
cause récente.

Aucune femme ne peut avoir droit à un


héritage égal

Citez les grandes lignes du projet de loi contre les violences aux
femmes.
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