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UNIVERSITE de TOULON
FACULTE de DROIT
INTRODUCTION
§1 : Présentation du droit pénal largo sensu : le droit pénal et les sciences criminelles
Le droit pénal fait partie des sciences criminelles. Mais aujourd’hui, il devient de plus
en plus difficile de cerner avec précision où commence et où s’arrête ce vaste ensemble formé
par les sciences criminelles. Aussi, quelques précisions s’imposent.
Elles constituent la base même du droit pénal et sont certainement à l’origine des plus
anciennes règles de droit. Même dans les sociétés archaïques et quelques soit l’origine des
civilisations, l’organisation primaire de la vie en collectivité suppose d’édicter des règles
impératives dont l’irrespect est sanctionné.
Aujourd’hui, on pourrait comparer le droit pénal à un tronc d’arbre. Cette discipline
se caractérise par un « tronc » commun, par des règles essentielles qui sont la base du droit
pénal auxquelles il convient d’ajouter diverses spécialités. Elles correspondent aux
ramifications du droit pénal (aux branches d’arbre). C’est pourquoi il est difficile de retenir
une approche univoque de cette matière. Par exemple, pour certains, il existerait un droit
criminel (qui regroupe le droit de l’infraction et le droit de la sanction c’est l’essentiel du DPS
en quelque sorte) à côté duquel subsiste le droit pénal (qui rassemble le reste du droit pénal
général et le droit pénal spécial)… mais ces subdivisions sont souvent difficiles à justifier.
Aussi, nous bornerons nous à une présentation plus traditionnelle en prenant soin de
distinguer les disciplines juridiques classiques (1) des disciplines juridiques plus modernes
(2).
Le droit pénal général rassemble toutes les règles générales applicables aux
infractions pénales. Il organise en quelque sorte la réaction de l’Etat contre la violation des
règles relatives à la paix sociale (les incriminations et les sanctions). Mais il envisage ces
règles dans leur globalité (quelle que soit la nature de l’infraction perpétrée, quel que soit
l’auteur impliqué, quelle que soit la sanction envisagée…). C’est le droit pénal du FOND
par excellence.
La procédure pénale, comme son nom l’indique, c’est le droit pénal de la FORME.
Cette matière est en quelque sorte la science du procès. Elle prévoit donc toutes les règles
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L’essentiel des règles de droit pénal actuelles résulte de l’héritage historique des codes
napoléoniens et notamment du Code pénal de 1810 et du Code d’instruction criminelle de
1808. Il va de soi que depuis 2 siècles le paysage juridique et social a considérablement
évolué. De nouveaux aspects du droit pénal ont ainsi été explorés au fil des ans. Les
préoccupations d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier, les orientations du droit pénal s’en
ressentent.
►Dès aujourd’hui, et à plus forte raison demain, le droit pénal ne saurait être envisagé
exclusivement au niveau interne. Il faut tenir compte de la « mondialisation » du droit pénal et
adapter notre politique pénale en ce sens. Pour ce faire, le droit pénal comparé est riche
d’enseignements. Il consiste à étudier et confronter le modèle français avec des modèles
étrangers pour en tirer des inspirations éventuelles (loi sur le terrorisme de janvier 2006 et caméras de
vidéos surveillance comme en GB… le statut de repenti de Perben II comme en Italie… le plaider coupable
comme chez les anglo-saxons… la rétention de sûreté en 2008 comme en Allemagne…).
Mais les règles de droit pénal français sont parfois en conflit avec des règles de droit
pénal étranger en raison d’un élément d’extranéité (Bertrand Canta…). Il faut alors mettre en
œuvre des dispositions spécifiques relevant du droit pénal international. A ce propos, il faut
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savoir que cette discipline réserve un traitement particulier aux auteurs de crimes odieux
comme les crimes contre l’humanité ou les génocides en prévoyant la création de juridictions
pénales internationales spécifiques (Nuremberg, ex-Yougoslavie, Rwanda… sans oublier les évènements
dans les pays arabes comme la Lybie + Egypte + Tunisie…).
Conclusion : Les sciences criminelles d’inspiration juridique sont de plus en plus nombreuses
et de plus en plus spécialisées.
Autre aspect que le droit pénal originel ne pouvait prévoir, c’est le recours aux
procédés scientifiques pour mieux comprendre voire pour élucider une affaire criminelle.
Dans ce domaine, on a pour habitude de distinguer :
La criminologie : c’est l’appréhension scientifique du phénomène criminel la plus
ancienne… une science du CRIME en quelque sorte. Elle est apparue mi XIX afin de fournir
des explications sur la survenance du phénomène délictueux. Elle tente de comprendre les
manifestations de la délinquance, de ce fait elle étudie l’infraction en tant que phénomène
social. Elle connaît aujourd’hui encore un essor retentissant selon le ou les critères d’analyse
retenus et les nombreux courants auxquels elle a donné naissance. D’ailleurs, on ne parle plus
de criminologie mais de sciences criminologiques au pluriel.
La criminalistique : Elle ne doit pas être confondue avec la criminologie. Ici, c’est la
science qui vient au secours de l’homme pour détecter ou élucider une infraction et en
rechercher le ou les auteurs (comme le recours au test ADN cet été 2006 pour identifier le meurtrier de ces
2 petites fillettes à Liège qui avaient échappé à la surveillance de leur Maman à la sortie d’un bar à 3h du
matin…). Parmi ces disciplines, on remarque :
- l’anthropométrie criminelle : toutes les caractéristiques extérieures du délinquant afin de
contribuer à son identification (traces, tatouages ou cicatrices… portrait-robot et depuis peu
ADN même si suppose prélèvement plus ou moins interne parfois…) ;
- tout ce qui attrait à la police scientifique (comme la biologie, la balistique, la chimie, la
toxicologie = science des poisons pour rechercher empoisonnement avant traces de drogue ou alcool
aujourd’hui…) ;
- et la médecine légale qui examine le corps humain pour le faire « parler » en auscultant
tantôt l’auteur, tantôt la victime ou le témoin (va de l’autopsie à l’examen clinique,
psychiatrique… rechercher des traces de coups, de viol…).
Remarque : L’impact des sciences criminelles à vocation SCIENTIFIQUE sur les sciences
criminelles à vocation JURIDIQUE se fait de plus en plus sentir. Elles sont complémentaires
les unes des autres (pour résoudre les énigmes des affaires criminelles mais pas seulement…). Pourtant, il
convient de rester prudent car les données scientifiques ne sont pas infaillibles (remise en cause
de la preuve scientifique dans certaines affaires… Outreau…).
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Le droit pénal est un droit ambigu. De nombreuses questions sont ainsi posées quant à
l’objet sur lequel porte le droit pénal (A) et la nature juridique du droit pénal (B).
Le droit pénal est une science normative qui organise la réponse pénale prévue par
l’Etat à l’encontre du crime (l’infraction) et du criminel (délinquant). C’est en somme le droit
de l’infraction et le droit de la sanction. L’organisation de la réponse pénale génère un débat
plus général et soulève nombre de questions de politique criminelle (tolérance 0 pour les
infractions au Code de la route… lutte contre le terrorisme… infractions sexuelles…). La question qui se
pose est de savoir si le droit pénal est un droit répressif ou un droit préventif ? La réponse doit
être nuancée.
Le droit pénal est le droit de la sanction. C’est donc un droit répressif. Il exige une
condamnation pénale du comportement dévient du prévenu pour le culte de l’exemplarité
(violences urbaines…), pour pallier toute récidive. Il tend prioritairement à punir le délinquant (En
2005 Récidive I loi tendant à la prévention et à la répression de la récidive cela veut tout dire… + Récidive II le
10 juillet 2007… parachevé par la loi du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté… + Récidive III le 9 mars
2010… ou encore la succession des lois anti-terroristes ces dernières années…).
Mais le droit pénal est aussi un droit préventif. Nombre de sanctions ne se résument
pas en une peine d’emprisonnement. On essaye de prendre en compte la personnalité du
délinquant afin d’individualiser la sanction imposée (le milieu carcéral pourrait à jamais anéantir les
chances de resocialisation du prévenu donc on a recours à des peines plus adaptées telles que les substituts à
l’emprisonnement, la rééducation, les modes alternatifs de règlement du conflit... surtout pour les courtes peines
de moins de 2 ans c’est devenu systématique avec la réforme pénitentiaire du 24 novembre 2009 + loi Taubira de
2014… à voir avec les Chantiers de la Justice pour 2018-2022…).
Le fait que le droit pénal soit à la fois le droit de l’infraction et le droit de la sanction
génère encore une autre interrogation. Cette discipline appartient-elle au droit public ou au
droit privé ? En réalité, c’est une matière hybride qui déborde sur ces deux domaines.
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Le droit pénal se rattache au droit public car il réglemente les rapports entre le
justiciable et l’Etat et plus particulièrement entre le prévenu et l’Etat. Le prévenu est
confronté au Ministère public dès le stade des poursuites, aux magistrats du siège lors du
jugement et aux différentes juridictions de l’application des peines ultérieurement.
Le droit pénal déborde aussi sur le droit privé car il organise les relations juridiques
entre l’auteur et la victime de l’infraction (plainte avec constitution de partie civile...) afin que la
sanction infligée permette la reconnaissance du préjudice occasionné à la victime en vue
d’une éventuelle indemnisation. Cet aspect jusqu’ici négligé du procès pénal prend
aujourd’hui de plus en plus d’importance.
CHAPITRE préliminaire :
de l’APPREHENSION à la REACTION contre
le PHENOMENE CRIMINEL
Etudier le droit pénal, de prime abord, c’est étudier le droit de l’infraction et le droit de
la sanction. Mais en prenant davantage de recul, on réalise que l’étude du droit pénal nous
amène à rechercher comment l’infraction est perçue puis définie au fil des âges et surtout
comment nos autorités vont réagir à l’encontre de cette infraction en précisant la sanction qui
lui est applicable (exp : aujourd’hui en envisage des formes de délinquances quasiment inexistantes autrefois
comme la délinquance routière, les violences conjugales…). En raisonnant ainsi on se livre en fait à une
étude de ce que l’on appelle la politique criminelle.
Rappelons que, par nature, le droit pénal oscille entre deux impératifs contradictoires
que sont la prévention et la répression. Force est de constater que cette contradiction va se
retrouver tout au long de la mise en place des moyens pénaux de lutte contre la délinquance.
Nous commencerons notre étude aux abords de la Révolution (avant : V Cours d’histoire du
droit) ce qui nous conduit à présenter la période de justice dite publique (§1) puis la période
de la justice « politique » correspondant au droit pénal moderne (§2).
►Idée générale :
Pendant les 3 derniers siècles de l’Ancien régime, ce qui surprend c’est
l’IMMOBILISME du droit pénal de cette époque et ce que ce soit en droit pénal du FOND
(DPG) ou en droit pénal de la FORME (procédure pénale)… le choc va être d’autant plus
retentissant avec la survenance de la Révolution française et la période de transition que
représente « le droit intermédiaire ».
►Rappel :
Sous l’Ancien régime, on déplore l’importance des pouvoirs détenus par les juges. La
gravité des peines infligées apparaît davantage comme une délivrance des sévices et tortures
endurés que comme une véritable sanction pénale. A côté de la peine capitale (la mort), nombre
de châtiments corporels subsistent (fouet…) ou autres pratiques humiliantes (carcan, exposition
publique, pilori…) sans oublier les peines privatives de liberté (galères…) ou restrictives de liberté
(bannissement hors de la ville, de la province ou du royaume…). A cette époque, la liberté n’est pas
encore un droit fondamental de l’homme et les peines d’emprisonnement n’existent pas. Les
cachots permettent seulement de maintenir la personne à disposition de la justice. De surcroît,
la justice est d’autant plus inégalitaire que le Roi dispose de moyens arbitraires (lettre de
cachet…) et du pouvoir d’influer sur le déroulement du procès (arrêter, gracier...). La justice n’est
pas la même pour tous, elle sait se montrer clémente à l’égard des nobles et des clercs (« Que
vous soyez puissant ou misérables » dans les fables de Lafontaine… exemples cinématographiques avec
Beaumarchais l’insolent…).
C’est pourquoi le droit pénal va connaître une profonde mutation (1) qui va se
concrétiser par l’adoption des Codes napoléoniens (2).
►A retenir : Critique
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►Impact : Points +
L’esprit du CP napoléonien s’inspire massivement des doctrines utilitaires
développées par BECCARIA et BENTHAM tout en restant fidèle aux idéaux
révolutionnaires. Sont ainsi repris, le principe de la légalité des délits et des peines, la
classification tripartite des infractions, le principe de l’égalité de la répression… Le système
des peines fixes n’est pas retenu, on préfère poser un minimum et un maximum qui peuvent
d’ailleurs varier au grès des circonstances atténuantes ou des circonstances aggravantes
retenues. En revanche, afin de rester conforme à la doctrine utilitaire, le CP de 1810 conserve
certaines sanctions de l’Ancien régime. L’idée est de générer un effet préventif au travers de
sanctions dissuasives (comme le carcan, la marque, la mutilation… ; en punissant la tentative comme
l’infraction consommée… ; ou en assimilant le complice à l’auteur principal…).
►Critique : Points -
En dépit des points qu’il renferme, le Code pénal de 1810 est une œuvre imparfaite.
Pourquoi ? et bien en voici quelques exemples :
-il conserve une tendance à la sévérité (exp : il ne fait pas la différence entre infraction tentée &
infraction consommée…) ;
-il est élaboré à partir d’abstractions pour juger tout type de délinquant comme s’il existait un
« homo-delinquens ». Dès lors, il s’intéresse au crime et non au criminel, le principe de
personnalité des peines n’est pas posé ;
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-il est structuré selon un plan qui n’est pas logique car il traite d’abord de la sanction puis il se
préoccupe de l’infraction !!!
Ces aspects tant + que – expliquent pourquoi le Code pénal va évoluer par la suite. Si
cette évolution reste timide pendant la période post révolutionnaire (Restauration puis Empire,
elle sera beaucoup plus marquée sous la IIIème République.
En effet, après l’adoption des Codes napoléoniens, le droit pénal va être marqué par
diverses influences. Certaines sont purement idéologiques, d’autres sont fondées sur des
études scientifiques. Ces inspirations vont guider la politique criminelle menée par nos
autorités au nom de la réaction sociale.
Avis au lecteur :
C’est le début marquant de l’effet oscillatoire entre le répressif et le préventif que
j’appelle familièrement « l’effet de yoyo »… toujours perceptible à ce jour.
►Bilan : Hélas, la mise en œuvre de cette théorie libérale se solde par un échec. La
criminalité est hausse, la récidive bas son plein. On en est à regretter la sévérité excessive des
anciennes sanctions qui avaient un effet dissuasif indéniable.
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un individu primitif. Si son comportement pourrait paraître normal dans une société vivant à
l’état sauvage, il en va différemment dans une société évoluée.
Si les explications de LOMBROSO paraissent aujourd’hui dépassées, elles ont le
mérite d’incarner la première théorie scientifique reposant sur des expérimentations concrètes
(études de détenus ou de soldats vivants, nombreuses autopsies…). Elles rompent avec l’abstraction des
idées philosophiques exposées jusqu’alors. Cette théorie se heurte à l’époque à de vives
critiques car le facteur anthropologique paraissait bien imparfait pour expliquer à lui seul la
délinquance.
dominent ; pareillement, les infractions contre les biens se multiplient en hiver et les actes incendiaires se
manifestent en été...).
Le milieu familial peut avoir une influence indirecte lorsque les valeurs adoptées par
la famille vont bouleverser la conscience morale du jeune enfant ainsi que le développement
de ses facultés affectives. Cela aura des répercussions sur la structure de sa personnalité
(séparation avec l’un des parents, abandon à la naissance…) (exp : la manière de traiter les femmes : Sohanne
brûlée vive dans un local à poubelle par un prétendant éconduit = 25 ans de prison et 10 ans pour le complice…).
Pour comprendre la théorie de FERRI, il faut partir du postulat que le libre arbitre
n’existe pas. Le déterminisme de l’individu va résulter d’un ensemble de facteurs extérieurs
voire d’un concours de circonstances qui vont générer la survenance de l’acte criminel. Il se
livre à un inventaire des facteurs criminogènes susceptibles de conditionner le passage à l’acte
du délinquant, les isole et les classe en trois catégories :
- Les facteurs anthropologiques : constitution physique et psychique de chaque individu ;
- Les facteurs du milieu physique : divers facteurs liés au climat ou au milieu extérieur ;
- Les facteurs du milieu social : la population, le milieu familial, le milieu professionnel…
PAS de libre arbitre ! Déterminisme (circonstances extérieures)
Après avoir définit les facteurs criminogènes, FERRI va classer les délinquants en différentes catégories
en fonction du ou des facteurs criminogènes qui prédominent le passage à l’acte délictueux. Elles sont au nombre
de cinq.
(Les 2 premières reposent sur les facteurs anthropologiques) :
- Le criminel-né : notion reprise à LOMBROSO mais FERRI ne pense pas que l’on puisse être un criminel inné.
On le devient sous l’influence de facteurs criminogènes ;
- Le criminel aliéné souffre d’une anomalie mentale grave mais tous les malades ne deviendront pas délinquants,
seuls les plus réceptifs aux facteurs criminogènes passeront à l’acte.
(Les 3 Dernières se fondent sur les facteurs sociaux) :
- Le délinquant passionnel incarne un criminel « idéal » qui commet seulement l’infraction en raison de son
hypersensibilité sans représenter aucun danger pour la société ;
- Le délinquant d’occasion représente la plus grande partie de la délinquance. C’est un individu normal qui passe
à l’acte sous l’impulsion d’une faiblesse passagère qui ne lui permet plus d’endurer les difficultés rencontrées ;
- Le délinquant d’habitude est un délinquant récidiviste qui ne sait pas comment s’en sortir sans commettre
d’infractions. Ces méfaits sont dictés par des circonstances sociales défavorables.
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est relatif en raison de l’expérience de chaque individu qui conditionne son comportement. Il
conseille de renoncer aux idéaux philosophiques et de se concentrer sur certaines expériences
scientifiques. Il est à l’origine de l’adoption des mesures de sûretés vers 1920 afin de protéger
la société contre la dangerosité de l’individu… Il propose une réforme du CP en 1934 afin de
prendre davantage en compte la dangerosité du délinquant. Le législateur préfère la demi-
mesure et adopte quelques règles ponctuelles en multipliant les peines complémentaires
(interdictions professionnelles et privations de droits…). Il réserve un traitement particulier aux
individus qui peuvent dans certains cas adopter un comportement dangereux et tente de lutter
contre l’alcoolisme (codification des textes dans le Code des débits de boissons en 1955 ; lutte
contre la publicité en faveur de l’alcool après 2°GM…).
prérogatives en faveur de la victime tout au long du procès pénal (Loi du 15 juin 2000 Art.
préliminaire ; Perben II : information des suites données, droit à l’assistance d’un avocat…).
Au vu, de ce qui précède, on remarque que, depuis la mi-XIX moment auquel elle est
apparue, la criminologie n’a cessé de se développer. De nouveaux axes de recherches et de
nouvelles analyses sont venus l’enrichir. A cet effet, on a pu noter l’influence de la crimino
sur les orientations de la politique criminelle au grès des époques.
Or, il convient de noter que depuis la mi XIX, l’objet de la crimino se focalisait sur
l’explication du phénomène criminel cad sur l’explication de l’acte délictueux en lui-même
(par opposition à l’acte non délictueux). Mais à partir de la mi XX, la crimino va connaître 2
changements majeurs :
- D’une part, dans les années 1960, avec la Théorie de la défense sociale nouvelle, l’objet de
la réflexion se délocalise. La crimino ne s’intéresse plus seulement à l’acte délictueux, elle
envisage désormais le système pénal qui l’institue et le réprime.
- D’autre part, dans les années 1980-1990, de nouveaux courants criminologiques
apparaissent. S’ils restent focalisés sur l’acte délictueux, ils l’envisagent cette fois de manière
dynamique à travers la dynamique du passage à l’acte.
Pourtant, depuis les années 1960, il semblerait que la crimino française stagne voire
piétine surtout si on la compare à la crimino des pays nord américains. Aux USA et au
Canada, la tendance est inverse. La crimino rencontre un vif succès à tel point que les
criminologues sont associés au procès pénal (pour la recherche probatoire, les profilers… même à
l’audience… Cf : les séries TV…). Or, rien de pareil en France. La faute en revient au courant de
la réaction sociale contemporain de cette période dont les conclusions se sont soldées par un
échec. Il poussait en effet à son paroxysme les interférences entre le système pénal et la
délinquance : « Ce n’est pas la déviance qui conduit au contrôle social, c’est le contrôle social
qui conduit à la déviance » !
Mais aujourd’hui, on s’interroge de nouveau sur l’opportunité de mieux comprendre et
expliquer les différentes manifestations du phénomène criminel. La criminologie redevient à
la mode. Elle constitue désormais une science en devenir (on se demande comment l’enseigner dans
les Facs de droit… encore influence de séries TV…).
Depuis la seconde moitié du XXème siècle, l’évolution du droit pénal n’est plus
guidée par des idéaux ou des analyses scientifiques mais par un nouveau facteur. L’influence
de la politique se fait en effet sentir en droit pénal contemporain comme le démontre la
réforme du CP en 1994 (A) et, plus récemment, les retouches apportées au Code pénal depuis
1994 (B).
Au fil des modifications apportées, l’esprit du CP de 1810 n’avait plus rien à voir avec
les préoccupations de cette fin de XXème siècle. Cette remarque vaut pour toute la matière
pénale (droit pénal du fond) :
- En droit pénal général, le CP est incomplet sachant que nombre de principes appliqués en
jurisprudence ne sont pas mentionnés (échelle des peines…).
- En droit pénal spécial, certaines infractions subsistent depuis 1810 alors que d’autres ont été
profondément retouchées (violences…) ce qui nuit à l’équilibre du Code.
Plus généralement, le CP de 1810 devait toujours être complété par une abondante
évolution jurisprudentielle ou précisé par des textes spéciaux concernant des domaines
spécialisés.
1) La genèse de la réforme
Liberté » qui renforce la répression pénale et cantonne en ce sens les pouvoirs du juge
(comme son nom l’indique) (largement inspiré d’un voyage aux USA du Garde des sceaux de l’époque
(Alain Peyrefitte)), il ne reste en vigueur que quelques mois en raison de l’arrivée de la gauche
au pouvoir.
Réaction : Le Garde des Sceaux (Jean TAITTINGER) mandate une Commission
présidée par le Premier Président de la Cour de cassation (M. AYDALOT) et composée de
nombreux universitaires et praticiens. Cette Commission rend un avant-projet en 1978
essentiellement axé sur la loi pénale, la personne pénale (punissable et non punissable) et la
sanction pénale. Ce texte est très critiqué car il ne fait pas référence aux principes de l’Ecole
de la défense sociale nouvelle comme la faute, la culpabilité ou la responsabilité.
►Sur le fond :
Par commodité, on parle du nouveau CP du 1er mars 1994. En réalité, c’est un abus de
langage car le CP n’a pas changé de nom avec la réforme (contrairement au NCPC). Sans
rentrer dans le détail des 12 textes qui permirent d’aboutir à l’achèvement de la discussion
parlementaire, l’esprit de la réforme peut se résumer de la manière suivante.
Paradoxalement, le nouveau CP s’inscrit aussi dans une certaine continuité. Il reprend
certains principes consacrés par le Code napoléonien comme la classification tripartite des
infractions pénales ou la corrélation entre responsabilité et sanction pénale. Surtout, le
nouveau CP reprend toutes les évolutions jurisprudentielles inspirées des anciens textes qui
avaient contribuées à l’obsolescence du CP de 1810.
Mais le nouveau CP de 1994 marque surtout une rupture puisque la totalité des
dispositions du CP de 1810 sont abrogées. Il est à la fois plus simple et plus précis.
Indépendamment de cette profonde modification de forme, le nouveau CP se démarque
également de l’ancien quant au fond. De nouveaux principes juridiques sont consacrés
(responsabilité pénale des personnes morales, notion mise en danger d’autrui… et FNI… suppression des peines
planchers et conservation des peines plafonds… plus de chevauchement dans l’échelle des peines… prône des
substituts à l’emprisonnement…)
Remarque : Politiquement parlant, le CP de 1994 est le résultat d’un consensus. Les longues années de
débats parlementaires reflètent un compromis entre la gauche et la droite malgré la nomination d’une
Commission mixte paritaire (AN à gauche et Sénat dans l’opposition). Compromis difficile pourtant puisque les
députés de gauche ont voté à une écrasante majorité et que les députés de droite ont pratiqué la technique de
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l’abstention positive. Pour résumer, la droite n’a pas critiqué et n’a pas souhaité saisir le Conseil constitutionnel
ce qui arrangeait la gauche qui ne voulait pas prendre de risque. L’entrée en vigueur du texte reflète également ce
consensus : après avoir été voté par la gauche, il est mis en place par la droite.
►Sur la forme :
La structure du nouveau CP se remarque par sa clarté. Il comprend près de 800
articles répartis de la façon suivante :
Pour ce qui nous concerne, le plan du Livre I relatif aux dispositions générales est :
TITRE I DE LA LOI PENALE
Chapitre I Des principes généraux
Chapitre II De l’application de la loi pénale dans le temps
Chapitre III De l’application de la loi pénale dans l’espace
TITRE II DE LA RESPONSABILITE PENALE
Chapitre I Dispositions générales
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• Les années 1995-2002 (1er mandat de J. Chirac pour le dernier septennat de la Vème République)
A l’époque, la préoccupation sécuritaire est déjà bien présente. Elle se traduit par
l’adoption de textes rigoureux qui ont des répercussions dans toutes les branches du droit
pénal.
En DPG :
- On prend désormais en compte l’infraction pénale non intentionnelle que l’on sanctionne
différemment en 1996 (loi du 13 mai 1996 relative à la responsabilité pénale pour des faits
d’imprudence ou de négligence) et en 2000 (loi du 10 juillet 2000 portant définition des délits
non intentionnels).
Dès 2002
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En 2004
Le Garde des Sceaux a pour ambition d’adapter la justice pénale aux évolutions de la
criminalité d’où la loi d’adaptation de la justice aux nouvelles formes de criminalité (dite loi
sur la criminalité organisée ou Perben II) du 9 mars 2004. Cette réforme de grande ampleur
part du postulat que la délinquance est en pleine mutation. Elle correspond davantage à des
réseaux de criminalité organisée et à de la délinquance d’affaires. Il faut donc adapter la
réponse pénale à cette évolution en donnant de nouveaux moyens à la justice et en ayant
recours à des sanctions plus sévères (Pour info : ce texte ne sera retouché qu’en 2016 par la loi Urvoas à
la suite des attentats terroristes ayant frappé la France en 2015…).
Dans le domaine du droit pénal général, les points retouchés intéressant notre
programme sont principalement la suppression du principe de spécialité pour la responsabilité
des personnes morales qui deviennent poursuivables pour les mêmes infractions que les pp (V.
COURS DPG).
Pour info : entre 2005 et 2010 nos autorités font de la lutte contre la récidive leur
« cheval de bataille »
- la loi relative au traitement de la récidive des infractions pénales du 12 décembre 2005
(Récidive I) ;
- la loi renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs du 10 août 2007
(Récidive II) ;
-loi du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté & loi du 10 mars 2010 (Récidive III).
En 2007
A signaler, la loi du 5 mars 2007 sur la prévention de la délinquance pour le Droit
pénal des mineurs qui revient sur le régime applicable au mineur pour le rendre plus
contraignant (en allongeant la liste des mesures préventives applicables et en cas de sanction
pénale prononcée, elle fait en sorte que le mineur âgé de 16 à 18 échappe au statut dérogatoire
dont il bénéficie. Cela revient à le priver de l’excuse de minorité).
Bilan : Cette politique criminelle de fermeté amorcée au début des années 2000 va se
confirmer par la suite.
En 2008
Il est à noter la loi du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté qui retouche au passage
le traitement du délinquant souffrant de trouble mental au moment des faits. Désormais, il
n’échappe plus totalement au système pénale, des garanties sont prises (V. DEMENCE)
Pour info : D’autres modifications plus significatives sont adoptées mais elles
affectent d’avantage les infractions existantes en droit pénal spécial et de nombreux
mécanismes de procédure pénale (V. explications orales).
►D’autres modifications plus ponctuelles vont voir le jour en raison (ou au détour) de
l’adoption de textes spécifiques s’attelant à la lourde tâche de lutter contre une forme de
délinquance donnée.
A ce propos il faut avoir connaissance de 2 dernières grandes réformes affectant la
matière pénale en droit de la forme principalement mais le droit du fond n’est pas épargné.
→C’est le cas de la loi du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé, le
terrorisme et leur financement (et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure
pénale) dite « loi Urvoas ». Elle est à l’origine d’une nouvelle cause d’irresponsabilité pénale
en faveur des membres des forces de l’ordre faisant usage de leur arme en opération (V
cours).
→C’est le cas de la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la Justice du XXIème
siècle dite « J21 » qui affecte de nombreux domaines dont le contentieux pénal.
Pour la culture et pour finir par une note d’actualité, suite à l’élection de M.
Emmanuel Macron, le mouvement de la République en marche a annoncé une profonde
refonte de notre système judiciaire en général et de certains contentieux en particulier. Ce
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vaste projet se retrouve dans les « Chantiers de la Justice ». Le rapport publié en janvier
2018 est à l’origine d’un projet de loi de programmation 2018-2022 & de réforme de la
Justice. Il vient d’aboutir au printemps à la loi du 23 mars 2019 de programmation
2018-2022 & de réforme pour la Justice. S’il intéresse notamment le droit pénal de la
forme, les impacts en droit pénal du fond se feront inéluctablement sentir… à suivre…
Annonce du plan
L’intégralité de ce cours sera consacrée au droit pénal général. A cette fin, nous
aborderons successivement les notions d’infraction pénale (Partie I) et de responsabilité
pénale (Partie II).
L’infraction pénale est l’élément de base du droit pénal général puisque l’application
de toute règle de fond suppose préalablement une définition précise de l’incrimination. On
pourrait retenir une définition moraliste qui envisage l’infraction pénale comme « l’acte
contraire à la morale et à la justice ». On préfère s’en tenir à une définition juridique selon
laquelle « l’infraction pénale consiste en toute action ou omission portant atteinte à l’ordre
social et faisant l’objet d’une sanction répressive ». En réalité, pour cerner la notion
d’infraction pénale, il faut connaître d’abord les divers modes de classification des infractions
en droit positif (Chapitre I) avant de rentrer dans le détail des différents éléments constitutifs
de l’infraction pénale (Chapitre II).
CHAPITRE I :
LES MODES DE CLASSIFICATION DE L’INFRACTION PENALE
En droit pénal, différents modes de classification s’affrontent. Aucun d’entre eux n’est
véritablement satisfaisant dans la mesure où chaque critère de distinction retenu se heurte
facilement à des critiques (certains auteurs opposent les infractions protégeant un intérêt général à celles
préservant un intérêt particulier comme les infractions politiques, militaires, le terrorisme ou encore ce qui porte
atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation… et d’autres distinguent les infractions violentes des infractions
non violentes…). Mais il faut avoir présent à l’esprit le fait que la classification principale
retenue par le CP de 1994 est qualifiée de classification tripartite des infractions en ce qu’elle
classe les infractions pénales en trois catégories d’infractions distinctes (Section I) même si
d’autres modes de classification secondaires retiennent également l’attention (Section II).
A) Le choix du critère
1810 1994
La mise en œuvre du critère de la gravité suppose que la sanction pénale prévue par les
textes soit proportionnelle à l’infraction qu’elle sanctionne. Il a donc correspondance entre la
gravité de l’infraction et la sévérité de la peine. Dans l’ordre croissant retenu initialement par
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le Code pénal de 1810 nous pouvons donc avoir un aperçu de ce que l’on appelle
« l’échelle » des peines (le CP de 1994 partant du plus grave vers le moins grave mais c’est moins
logique…).
Les crimes sont punis de peines criminelles qui est par excellence la réclusion
criminelle voire l’amende selon les cas. On retrouve encore des seuils ou paliers qui sont
fonction de l’importance du crime commis. Il y a 4 seuils au total lesquels regroupent des
peines temporelles et la peine perpétuelle.
- 15 ans au plus
Réclusion criminelle à temps : - 20 ans au plus
- 30 ans au plus
Réclusion criminelle à perpétuité
(remplace la peine de mort abrogée en 1981)
Depuis la loi du 27 février 2017 portant réforme de la prescription en matière pénale, ce délai
est de 20 ans pour les crimes, 6 ans pour les délits mais il reste fixé à 1 an pour les
contraventions.
D’autres dispositions procédurales éparses reposent sur le même fondement :
→ extradition : prévue que pour les crimes ou les délits punis de plus de 5 ans de prison ;
→ détention provisoire : que si une peine d’emprisonnement encourue cad pour les délits et
les crimes…
→ procédures de jugement à délai rapproché : réservées à certains délits flagrants
notamment…
→ nature des voies de recours…
1) La correctionnalisation
2) La délégalisation
Point actu : Au nom de la politique pénale conduite par les Gardes des Sceaux
successifs, on réfléchit encore et encore aux moyens à mettre en œuvre pour lutter, d’une part,
contre la surpopulation carcérale, et, d’autre part, pour lutter contre la récidive. L’une des
solutions préconisées intéresse plus particulièrement notre sujet : il serait question de
contraventionnaliser certains comportements cad de les délégaliser voire même d’aller plus
loin et de les dépénaliser (la question récurrente se pose pour l’usage de stupéfiants (même si la
dernière idée en date dans la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 & de réforme pour la Justice
est d’en faire une amende forfaitaire correctionnelle… mais certaines initiatives ont abouti comme la
dépénalisation du racolage public pour les personnes prostituées…).
Remarque :
A travers la correctionnalisation et la délégalisation, on remarque que la classification
tripartite des infractions est un mode de classement qui atteint rapidement ses limites.
Pourtant d’autres mécanismes abondent dans le même sens. Ils sont d’ailleurs source de
confusion.
►Le 1er écueil à éviter c’est de faire l’amalgame entre peine encourue / peine
prononcée / peine exécutée.
Dans le Code pénal, chaque infraction incriminée est assortie d’une sanction donnée. Il
s’agit de la peine encourue. Or, depuis la réforme du Code en 1994, la peine encourue ne se
situe plus entre une « fourchette » délimitée par un minima (peine plancher) et un maxima
(peine plafond). Désormais, le législateur ne fixe plus que des maximas.
Une fois renvoyé à l’audience au cours de laquelle il va être jugé, le prévenu, si sa
culpabilité est démontrée, va être pénalement sanctionné. La règle applicable à ce stade de la
procédure est celle de la personnalité des peines ce qui suppose une individualisation de ladite
peine (ce qui explique que pour des faits identiques surtout lorsqu’ils sont jugés aux assises par des jurés
populaires, certains se prennent 15 ans et d’autres moins…). Ici on est en présence de la peine
prononcée qui mathématiquement sera inférieure ou égale à la peine maximale prévue par le
texte normatif.
Ensuite, il faut savoir que le processus d’exécution de certaines peines (notamment les
peines de prison) peut bénéficier de mesures d’aménagements afin de faciliter la réinsertion
sociale du condamné. Le nombre et la diversité de ces dispositions génère un effet d’érosion
sur la peine à purger, à tel point, que la peine effectivement exécutée se distingue de la
sentence prononcée.
Cette triple distinction est pourtant sans incidence que la qualification juridique des
faits qui reste basée sur la gravité de l’infraction perpétrée et sur la sanction qui lui est
attachée à savoir la peine encourue.
►Le 2ème écueil intéresse également l’échelle des peines cad le « barème » applicable
au délinquant. Ces dernières années, ce barème a subi de nombreuses modifications elles-
mêmes remises en question. Ce contexte peut être source d’insécurité juridique voire
d’insécurité tout court.
- Déjà, en 2007, la loi renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs
du 10 août 2007 (Récidive II) réserve un sort particulier au délinquant récidiviste. S’il doit
être puni plus sévèrement que le délinquant primaire (peine plafond X 2), le législateur veut
s’assurer que le juge prononcera une sanction dissuasive. Pour ce faire, il réinstaure des
peines planchers (1/3 de la peine encourue).
- De même, en 2011, la loi pour l’orientation et la programmation de la performance
de la sécurité intérieure (LOPPSI II) du 14 mars 2011 revient sur la règle édictée par le Code
pénal en 1994. De nouvelles peines planchers sont prévues et, cette fois, elles intéressent le
primo-délinquant lorsqu’il commet des infractions violentes (2 ans quand 8 ans encourus…).
Point actu : Mais depuis la loi Taubira du 15 août 2014 portant réforme pénitentiaire,
les peines planchers sont supprimées dans les 2 cas !
►Le 3ème et dernier écueil n’a rien d’actuel, il se situe au niveau des modes de
l’évaluation de la peine en elle-même.
!36
-Dans un sens, la peine peut être affectée par des causes d’atténuations, l’objectif étant
le prononcé d’une peine inférieure. C’est ce que l’on appelait autrefois les circonstances
atténuantes. Bien que les circonstances atténuantes aient disparues avec le CP de 1994, il en
subsiste quelques traces. Ce procédé est source de confusion car il permet de prononcer une
peine bien moindre, minimale en quelque sorte, contrairement au barème en vigueur qui ne
correspond plus au quantum de l’infraction (en deçà de 15 ans de prison pour un crime ; en deçà de
3750 € d’amende pour un délit…)(Limite : 2 ans si perpétuité encourue ; 1 an si réclusion criminelle à temps) ; 1
semaine si emprisonnement correctionnel et 1 euro si amende) (sans oublier le statut de repenti, l’excuse de
minorité, l’altération des facultés mentales…).
-En sens inverse, des causes d’aggravation peuvent être prises en compte. Certains
éléments peuvent en effet tenir lieu de circonstances aggravantes. Ils vont alors produire
l’effet contraire puisqu’ils vont aggraver la qualification juridique retenue et, par conséquent,
revoir à la hausse le barème de la peine encourue. Par exemple, cela conduit à criminaliser un
délit correctionnel... C’est la raison pour laquelle on distingue l’infraction simple (vol simple : 3
ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende donc délit…) de l’infraction dite aggravée dont le
quantum de la peine sera gradué en fonction du cumul d’une ou plusieurs circonstances
aggravantes (vol sera toujours un délit correctionnel mais plus sévèrement puni par 5 ans et 75 000 euros
quand réunion, petites violences, victime vulnérable… mais devient un crime quand violences ayant entraînées
une incapacité ou infirmité permanente car 15 ans de prison et 150 000 euros d’amende…).
Si le Code pénal ne définit pas en tant que telle l’infraction politique, la doctrine en
retient une conception objective (ORTOLAN au siècle dernier). Ainsi, une infraction est de
nature politique quand elle a pour objet de porter atteinte à l’organisation et au
fonctionnement de l’Etat.
Le droit français réserve un sort particulier aux infractions politiques :
- En droit pénal du fond, les incriminations sont plus sévères (non dénonciation de crime)
mais les amnisties sont plus nombreuses. La véritable différence provient des modes de
sanctions. Pour les infractions politiques de nature criminelle, l’échelle des peines est presque
la même que celle des crimes de droit commun mais on ne parle pas de réclusion criminelle :
il s’agit de la détention criminelle (perpétuité ; 30 ; 20 ; 15 ans). L’exécution des mesures
d’emprisonnement est d’ailleurs assouplie (locaux séparés…) et certaines particularités
intéressent le régime des sanctions (pas de sursis ; pas de peines complémentaires… pas le délinquant qui
affiche son CV sur son casier judiciaire…).
- En droit pénal de la forme, la question s’est longtemps posée de savoir si l’infraction
politique devait être jugée par une juridiction de droit commun ou une juridiction politique.
La tendance actuelle du droit français à éradiquer les juridictions d’exceptions penche pour la
compétence des juridictions de droit commun.
- En DPI, la France respecte ses engagements internationaux (Convention de 1927 sur l’extradition
abrogée mais reprise dans Perben II…) qui prohibent l’extradition des délinquants politiques (France
leur accorde le droit d’asile ou alors ne les extrade que ssi sûre qu’il ne sera ni jugé ni condamné dans son pays
d’origine…).
Attention : ne pas y assimiler le terrorisme (V. + loin)
A l’heure actuelle, certaines formes de délinquance sont plus inquiétantes que d’autres.
C’est le cas des infractions dont les auteurs s’organisent en réseaux et dont les actions sont
tellement nombreuses qu’elles risquent de désorganiser l’appareil économique et social.
A l’origine, il s’agissait du trafic de stupéfiants, du trafic d’armes, et du proxénétisme
auxquels il convient de rajouter le terrorisme et la criminalité organisée. Ces infractions de
nature distincte par rapport aux infractions de droit commun sont appréhendées de manière
spécifique en DPS comme en procédure pénale :
►En DPS :
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- Le terrorisme, par exemple, n’est pas une atteinte aux personnes ou aux biens comme les
autres. Il est considéré comme une atteinte à la sûreté de l’Etat. D’ailleurs, il n’existe pas 1
terrorisme mais des terrorismes cad des actes liés à une activité terroriste. Dans le contexte
actuel, les textes ne cessent de se multiplier (auparavant terrorisme national avec la vague d’attentats
qui frappa la France dans les années 1985-1986 et 1995-1996 mais depuis terrorisme international avec les
attentats du 11 septembre 2001 World Trade center ; Madrid ; Londres en juillet 2005… sans oublier les attentats
de Paris en 2015. Pour la culture, une loi anti-terroriste est votée tous les 2 ans environ pour adapter notre arsenal
juridique à ce fléau mais a cadence s’est accélérée depuis 2015…).
- La criminalité organisée doit aussi être abordée distinctement. Depuis la loi Perben II du 9
mars 2004 (réformée par la loi Urvoas du 3 juin 2016) les domaines relavant de la criminalité
organisée sont limitativement énumérés. Il s’agit d’infractions contre les personnes ou les
biens qui sont pensées, préparées et réalisées dans le cadre d’une bande structurée et crée à cet
effet.
►En Procédure pénale :
C’est dans ce domaine que la nature particulière de ces infractions est la plus prégnante car
tous les acteurs du système pénal disposent de pouvoirs exorbitants pour déjouer de tels
réseaux et ceux à quelque stade de la procédure.
Critère temporel :
- L’infraction instantanée est un acte matériel qui se réalise pendant une durée négligeable (viol, meurtre…).
- Elle se distingue de l’infraction continue dont l’exécution se prolonge dans le temps (recel, séquestration…).
Critère matériel :
La 1ère forme revient à distinguer l’infraction par action de l’infraction par omission.
- L’infraction par action est un acte positif ou actif qui suppose une initiative de la part de l’auteur (meurtre ;
viol...) afin d’aboutir à un résultat donné (décès ou traumatisme de la victime…).
- L’infraction par omission suppose un acte négatif voire passif, une abstention coupable en quelque sorte (non
assistance à personne en danger ; défaut de dénonciation de crime...).
La 2nde forme consiste à opposer l’infraction simple à l’infraction complexe.
- On parle d’infraction simple quand un seul acte est constitutif de l’infraction (vol ; meurtre…) ;
- mais il s’agit d’une infraction complexe quand plusieurs actes composent le déroulement de l’infraction
(escroquerie…).
Critère moral :
- Par hypothèse, l’infraction pénale est une infraction intentionnelle.
- Mais, l’évolution récente de la législation pénale conduit à prendre en compte l’infraction pénale commise en
dépit de toute intention délictueuse lorsque l’auteur a par exemple voulu commettre un acte sans atteindre les
conséquences de cet acte. On parle alors d’infraction non intentionnelle (décideurs publics ; faute
d’imprudence...).
CHAPITRE II :
LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION PENALE
Le principe de la légalité des délits et des peines permet d’affirmer que la principale
source de droit pénal est la loi (A). Pourtant, aujourd’hui, les dérogations apportées à ce
principe sont de plus en plus nombreuses (B).
Reconnaissance de la règle :
!41
Le principe de la légalité des délits et des peines est relativement récent puisqu’il est
apparu au moment de la Révolution française à la suite des idées nouvelles soutenues par
BECCARIA notamment mais aussi par les Philosophes des lumières. Force est de constater,
qu’aujourd’hui, ce principe est unanimement reconnu et affirmé en droit interne comme en
droit international. Nous opterons pour une présentation chronologique :
►En droit interne, on retrouve ce principe de base dans les textes contemporains de
cette époque à savoir :
→ Art. 8 de la DDHC de 1789 : « Nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et
promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée » ;
→ Art. 4 du CP de 1810 devenu l’Article 111-3 du nouveau CP : « Nul ne peut être puni
pour un crime ou un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi (...) ».
Rmq : Compte tenu de la place occupée par la DDHC dans l’ordonnancement
juridique, on en déduit aisément que le principe de la légalité des délits et des peines a valeur
constitutionnelle (le Conseil constitutionnel estime en effet que la DDHC appartient au bloc de
constitutionalité…).
►En droit international, ledit principe est repris dans :
→ la DUDH de 1948.
→ l’article 7 (1) de la CESDH de 1950.
• Explication de la règle : Les textes précités posent tous une seule et même règle : nul
ne peut être poursuivi & condamné qu’en vertu d’une règle de droit préexistante à son
acte. Ce principe est particulièrement protecteur des libertés individuelles puisqu’il
permet de prédéfinir les comportements illicites (contrairement au MA où l’on se retrouvait
enfermé sur simple lettre de cachet du Roi sans vraiment savoir pourquoi…). Ce principe est aussi
protecteur des intérêts de la société car il tend à jouer un effet préventif évident au
regard de la délinquance.
De plus, il contribue à la mise en place d’une justice équitable dont les règles sont
clairement définies et établies.
• Délimitation de la règle : On peut remarquer que ces textes font tous référence à la
LOI comme texte préalable définissant l’incrimination et la sanction pénale. C’est de là
que le principe de la LEGALITE (des délits et des peines) tire son nom. Il s’agit
d’une garantie fondamentale reconnue au justiciable. Le droit pénal est un domaine qui
comporte de nombreuses règles attentatoires aux libertés individuelles de la personne
poursuivie. En confiant au législateur le soin de prévoir quel comportement est
constitutif d’une infraction et quelle est la sanction correspondante, on permet à la
souveraineté populaire de prédéfinir les modalités de la réaction sociale. Dès lors, les
règles juridiques sont élaborées au nom du peuple français. C’est cohérent !
Cependant, aujourd’hui, la loi n’a plus le monopole de la définition ni des infractions
pénales ni des sanctions répressives (valable pour les contraventions dès 1958, se confirme avec la
jurisprudence du CC saisi sur QPC désormais…). D’autres textes viennent la concurrencer au point
que certains auteurs de Doctrine jugent bon de ne plus parler de principe de légalité mais
préfèrent se référer au principe de TEXTUALITE (Mme Michèle-Laure RASSAT…). Ceci va
nous amener à étudier les exceptions qui caractérisent l’élément légal de l’infraction.
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• Critique(s) de la règle : Même si le principe de la légalité des délits et des peines est
fermement ancré dans notre ordonnancement juridique, force est de constater qu’il ne
rencontre plus le même succès qu’il y a 2 siècles. Les craintes de voir ressurgir les
abus de la justice de l’Ancien régime se sont dissipées depuis longtemps. L’heure est à
la critique.
→Sur le plan criminologique, on reproche au principe de légalité une trop grande
rigidité. Il permet au législateur de cerner précisément les contours d’un acte antisocial mais
il ne lui donne pas la possibilité d’envisager toutes les manifestations de cet acte (comme le
happy slapping : quelle incrimination possible ? pas violences volontaires car le sujet n’assène pas les coups, il
se contente de filmer et de regarder… ou le phénomène du revenge porn : la victime est bien consentante au
moment où son image sexy voire sulfureuse est captée mais elle ne l’est pas forcément au moment de la
diffusion…). Il exige aussi que le législateur prévoie la sanction pénale correspondante. Or, sur
ce point, une nette évolution est perceptible puisque pour une infraction donnée, de multiples
possibilités (sanctionnatrices) s’offrent au juge pénal, personnalisation des peines obligent (la
pénologie est en pleine expansion… : aménagements de peines divers et variés comme le SME… causes de
réduction de peines multiples... idem pour les aménagements de fin de peine : fractionnement, liberté
conditionnelle…).
→Sur le plan technique, le principe de légalité ne permet plus vraiment aujourd’hui de
faire la différence entre le bien et le mal. Il conduit plutôt à une inflation législative et le
débat est de savoir quelle incrimination retenir aux vues des nombreux comportements
délictueux prédéterminés par le législateur ? (exp : pour le trafiquant de stupéfiants, ce n’est pas une
infraction globale, il cumule détention + transport + négociation + offre ou cession… autre exp : quel type de
violences volontaires retenir au vue de l’importance du dommage occasionné à la victime ?… ou par la
transmission du sida : empoisonnement par voie sanguine / administration de substance nuisible par voie
sexuelle...)
Ceci nous conduit à nous interroger sur les exceptions apportées au principe de la
légalité des délits et des peines.
En dépit du principe de légalité des délits et des peines qui suppose que seule une loi
puisse ériger des incriminations pénales et les sanctions correspondantes, d’autres textes
peuvent instaurer des infractions. On en déduit que la loi n’est pas la seule source juridique du
droit pénal ce qui nous amène à préciser quelles sont les sources internes (1) et les sources
externes du droit pénal (2).
a) La source constitutionnelle
!43
►La Constitution
La Constitution qui est au faîte de notre ordonnancement juridique renferme diverses
normes pénales (même si cela peut surprendre l’étudiant privatiste !).
Exp : dès son article 1er en assurant « l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans
distinction d’origine, de race ou de religion » → fondement de comportements incriminés
dans le CP au titre de la discrimination (infraction de droit commun : discrimination passive / active +
circ. agg./ discrimination raciale, religieuse depuis 2003… relayées par la discrimination sexuelle… question d’y
ajouter la discrimination sociale…).
Le préambule de la Constitution renferme plus de normes pénales que la Constitution
elle-même. Celui de la Constitution de 1958 présente pour particularité d’être assez bref car il
se réfère au préambule de 1946 ET à la DDHC de 1789. Ces 2 derniers textes regorgent de
règles intéressant la matière pénale.
Les exemples foisonnent : égalité devant la loi pénale, principe de légalité (Art. 7),
présomption d’innocence (Art. 9), non rétroactivité de la loi pénale (Art. 8)…
►La jurisprudence du CC
Le CC, véritable gardien de la Constitution, est en train de devenir semble-t-il une
« juridiction » à part entière. En effet, il peut être amené à se prononcer :
-soit par un contrôle de constitutionnalité a priori, avant promulgation de la loi pénale : il est
alors saisi par des représentants du PR ou PL (Président de la République, Premier Ministre
ou Président de chacune des Assemblées) voire par un groupe de 60 députés ou sénateurs
(Art. 61 de la Constitution) ;
VR = recours en inconstitutionnalité
-soit par un contrôle de constitutionnalité a posteriori, après promulgation de la loi pénale : il
est alors saisi par le justiciable lui-même dans le cadre d’un procès pénal.
VR = QPC (introduite par loi du 23 juillet 2008… filtres : juge du fond → C de C → CC…).
b) La source règlementaire
Elle ressort de l’article 111-3 in fine selon lequel : « Nul ne peut être puni (…) pour
une contravention dont les éléments ne sont pas définis par le règlement ». La loi n’est donc
pas la seule source interne de droit pénal (interne). Voyons dans quelle mesure la source
règlementaire doit être prise en considération, cette règle s’étend affirmée différemment au fil
des époques.
!44
►Il l’est d’autant plus que, à cette époque, toutes les contraventions ne sont pas logées
à la même enseigne.
-En effet, à cette date, la réforme du Code pénal n’est pas encore d’actualité et de nombreuses
infractions de nature contraventionnelle emportent encore privation de liberté (Code de la
route…).
-Et, parallèlement, la plupart des contraventions sont sanctionnées par une mesure de nature
pécuniaire (amende) et non par une mesure privative de liberté (prison).
!45
D’où la saisine du CC qui se prononce dans une décision du 28 novembre 1973 (saisi
par le1erMinistre sur les dispositions législatives et règlementaires du Code rural…). Il fait un parallèle
malheureux avec le domaine législatif et réglementaire des infractions pénales et précise que
« (…) les contraventions et les peines applicables sont du domaine règlementaire lorsqu’elles
ne comportent pas de mesure privative de liberté ». Suite à cette décision du Conseil
constitutionnel, on assiste à une profusion de recours tendant à faire déclarer illégales les
mesures privatives de liberté prononcées en matière contraventionnelle car cela voudrait dire
qu’il existerait 2 types de contraventions :
-celles qui ne sont pas passibles d’emprisonnement et qui peuvent être déterminées par le PR ;
-celles qui emportent peine de prison et qui doivent être prévues par le PL !!!
►L’entrée en vigueur du nouveau Code pénal en 1994 met fin à cette polémique. Le
nouveau Code entérine la distinction entre le domaine législatif des crimes et délits et le
domaine réglementaire des contraventions. Mais, attention, il précise que si les contraventions
relèvent bien du domaine réglementaire, c’est toujours la loi qui prédéfinit dans quels
domaines le pouvoir réglementaire peut édicter de telles incriminations. De plus, l’échelle des
peines adoptée par le nouveau Code confirme que les contraventions ne sont plus passibles de
peines d’emprisonnement.
Mais le Code de 1994 semble avoir du mal à se détacher des polémiques passées. Il
utilise en effet 2 articles distincts pour énoncer :
→d’abord le principe de « légalité » au sens large appliqué à la détermination de
l’incrimination pénale (c’est l’article 111-2) ;
→puis appliqué à la détermination de la sanction pénale (c’est l’article 111-3 al 2) ;
… et il englobe le cas des éléments constitutifs maladroitement dans le 1er alinéa de 111-3 et
non pas avec 111-2…
Art. 111-2 :
« La loi détermine les crimes et délits et fixe les peines applicables à leurs
auteurs ».
« Le règlement détermine les contraventions et fixe, dans les limites et selon les
distinctions établies par la loi, les peines applicables aux contrevenants ».
Art. 111-3 :
« Nul ne peut être puni pour un crime ou un délit dont les éléments ne sont pas
définis par la loi, ou pour une contravention dont les éléments ne sont pas définis par le
règlement ».
« Nul ne peut être puni d’une peine qui n’est pas prévue par la loi si l’infraction est
un crime ou un délit, ou par le règlement, si l’infraction est une contravention ».
Les règlements édictant des contraventions ne sont pas les seuls textes dérogeant au
principe de la légalité des délits et des peines. Les ordonnances ou autres actes administratifs
portent également atteinte à la prééminence de la loi comme source du droit pénal.
→Les ordonnances
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Les sources externes du droit pénal dérogent aussi au principe de légalité des délits et
des peines en raison de l’article 55 de la Constitution de 1958, les accords internationaux
prévalent sur toute disposition législative puisqu’ils ont une valeur infra-constitutionnelle
mais supra-législative (pyramide ===> Constitution > Loi > Règlement…). Ils viennent donc
s’intercaler entre la Constitution et la loi ===> Constitution > Traité > Loi (Faire un schéma… et
à l’occasion de l’examen de certains textes, le Conseil constitutionnel a même tendance à assimiler les traités
internationaux à la Constitution / place dans l’ordonnancement juridique… comme lors de l’examen de la loi du
1er août 2003 sur l’initiative économique…).
La place ainsi occupée par les traités et accords internationaux en droit français permet
de conclure que les sources internationales du droit pénal dérogent au principe de légalité.
Parmi elles, on distingue la source communautaire (droit de l’UE) (a) et la source européenne
(droit des droits de l’homme) (b).
a) La source communautaire
Si ces éléments ont une influence croissante sur l’évolution du droit français en
général notamment en raison de leur caractère self-executing qui les rend obligatoires.
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b) La source européenne
On retrouve la même symétrie dans le droit européen des droits de l’homme à savoir :
→d’abord, le droit européen des droits de l’homme (conventionnel) résultant de la CESDH
de 1950 ;
→puis l’abondante jurisprudence de la CEDH (droit européen dérivé) qui joue un rôle bien
plus important en droit pénal interne que le droit communautaire.
- Le justiciable peut se prévaloir du droit européen devant le juge interne ce qui peut
occasionner des difficultés juridiques quand il existe des discordances entre les deux systèmes
juridiques (les cas de privation de liberté ne sont pas les mêmes… ; la Convention consacre le droit à la vie et
la France dépénalise l’IVG…; ou encore la reconnaissance du droit de se taire par la CEDH au nom du droit de
ne pas s’auto-incriminer, introduit en droit français par la loi Guigou du 15 juin 2000, supprimé par la loi sur la
Sécurité intérieure du 18 mars 2003 puis réintroduit par la loi du 14 avril 2011 sur la réforme de la garde à
vue…).
De ce qui précède, on en déduit l’influence grandissante et persistante du droit
européen des droits de l’homme sur le droit pénal français. On distingue à cet effet
l’effectivité directe qui découle de l’application de la jurisprudence européenne à une espèce
donnée mais aussi l’effectivité indirecte qui débouche sur une réforme ultérieure de la
législation interne. Les exemples sont nombreux même s’ils sont le plus souvent empruntés à
la procédure pénale (réforme du régime des écoutes téléphoniques suite à une condamnation de la CEDH en
2000 ; le célèbre « casses-toi pauv’con » qui sonne le glas du délit d’offense au Chef de l’Etat…. Sans oublier
les multiples dénonciations de la durée raisonnable de la détention provisoire ou de l’état de nos prisons….).
Pourtant, la portée des arrêts rendus par la CEDH doit être nuancée. Les arrêts de la
CEDH sont déclaratoires et non pas exécutoires. Ils se bornent à constater une violation de la
Convention et préconise une modification pour l’avenir. Afin de renforcer l’effectivité des
décisions de la Cour de Strasbourg, depuis la loi du 15 juin 2000, un droit au réexamen de
l’affaire est consacré afin de permettre la réouverture de la procédure interne à la suite d’une
condamnation de la CEDH (selon un rapport du Sénat établi en 2016, depuis l’unification des procédures
de révision et de réexamen en 2014, on dénombre toujours aussi peu de requêtes formulées à savoir 1 en 2014 ; 3
en 2015 et 1 en 2016….).
Conclusion sur les sources externes ou internationales : D’une manière plus générale, on peut
légitimement inclure parmi les sources externes du droit pénal toutes les conventions
internationales signées par la France… on est alors dans le domaine du droit pénal
international = DPI (convention de transfèrement des condamnés, d’extradition avec certains pays, sur la
lutte internationale contre le trafic de stupéfiants…).
Toute la question est ici de savoir de quelle marge de manœuvre dispose le juge pénal
lorsqu’il applique la règle de droit pénal aux faits qui lui sont soumis. Quelles sont ses
prérogatives ? En réalité, à travers le problème juridique ainsi formulé, on envisage une autre
source potentielle de droit pénal : la jurisprudence !
employés qui sont volontairement vagues à moins qu’ils soient inexistantes et ce pour
englober le plus de situations possibles (cas des contrats permettant la réalisation d’un abus de confiance
sous l’ancien Code pénal… idem pour les agissements constitutifs d’agressions sexuelles distinctes parfois du
viol… ou de violences volontaires… pas de liste limitative…) ;
→si problème de distinction : plus le droit pénal évolue et plus le législateur distingue des
comportements qui sont en fait très voisins les uns des autres, ce sera au juge de trancher et de
dire dans quelle catégorie rentre l’affaire étudiée (cas des atteintes sexuelles sur mineur et le problème
de + ou – de 15 ans / consentement…)(exp : contravention d’usage d’un téléphone en main quelle que soit la
fonction activée / posture ne permettant pas d’assurer la libre manouvre du véhicule…) ;
→si problème d’adaptation : on atteint ici la limite du respect du principe de textualité mais
dans une certaine mesure, il arrive que le juge applique une règle à une situation non prévue
(vol d’électricité… happy slapping… revenge porn… sans oublier l’impact inattendu en France de l’affaire
Weinstein et les débats relancés sur « minorité & sexualité » avec un nouveau texte à la clé = la loi Schiappa du 3
août 2018).
d’inconstitutionnalité est introduite en droit français. De sorte que le juge pénal ou le citoyen
ordinaire pourra à l’avenir soulever l’inconstitutionnalité d’une disposition législative…
→ Contrôle de conventionalité : OUI
S’il s’agit d’apprécier la conformité d’une loi ou d’un règlement à une convention
internationale : le CC est bien sûr compétent. A ce titre, il estime que le contrôle de
conventionalité est un contrôle a posteriori qui revient aux juridictions nationales (sauf si cela
concerne l’ordre public international auquel cas il revient au Ministre des affaires étrangères d’interpréter…).
→ Contrôle de légalité : OUI
S’il s’agit d’apprécier cette fois la légalité d’un acte administratif : il est compétent comme le
prévoit le libellé de l’article 111-5 du CP : « Les juridictions pénales sont compétentes (…)
pour apprécier la légalité » des actes administratifs, réglementaires ou individuels qui leurs
sont soumis si nécessaire (exp : interprétation d’un arrêté municipal ou préfectoral érigeant un
comportement en infraction en matière contraventionnelle…).
L’application de la loi pénale dans l’espace doit être envisagée distinctement selon que
l’infraction soit perpétrée sur le sol français (a) ou en dehors du territoire national (b).
L’application de la loi pénale dans l’espace est fixée par l’article 113-2 du Code
Pénal : « La loi pénale française est applicable aux infractions commises SUR le territoire de
la République ». C’est ce que l’on appelle le principe de TERRITORIALITE. Il faut savoir
que ce principe ne faisait auparavant l’objet d’aucune consécration textuelle et qu’il est
formulé pour la première fois dans le Code pénal de 1994.
►Délimitation du territoire de la République : Art. 113-1 du Code pénal
-Espace terrestre : On entend par territoire de la République, essentiellement l’espace
terrestre composé de la métropole et des DOM-TOM…
-Espace maritime : Ainsi que les espaces maritimes (eaux territoriales jusqu’à 12
milles des côtes…)
-Espace aérien : l’espace aérien qui lui est lié cad situé au-dessus de l’espace terrestre
et maritime tel que décrit précédemment.
Rmq : Dans le cas particulier des infractions commises à bord d’un navire ou d’un
aéronef, le droit pénal français s’applique à condition que ces modes de transports soient de
nationalité française. Peu importe alors l’endroit où ils se trouvent. En revanche, pour les
navires ou aéronefs étrangers, la loi pénale n’est compétente que s’ils se situent sur le
territoire de la République.
!53
prise de position critiquable est source de conflits de compétences avec d’autres législations
étrangères…
-Aujourd’hui, elle revient en arrière car une condition préalable n’est nullement pénale, ce
n’est donc pas un élément constitutif de l’infraction (Paris. 30 mai 2002).
►1er cas : Quand l’infraction est commise à l’étranger par un ressortissant français
(Art. 113-6 et 113-8(s) du Code pénal) ou l’extraterritorialité ACTIVE
Cette règle protectrice à l’égard des nationaux peut surprendre mais compte tenu de la
réticence de la France à extrader ses nationaux, il est préférable que les infractions commises
par nos ressortissants à l’étranger ne demeurent pas impunies (contre-exemple : cas de ce français
jugé et condamné pour trafic de drogue dans un pays d’Amérique latine qui purge sa peine de prison dans des
conditions de survie... ou l’affaire Florence Cassez jugée pour enlèvement au Mexique…). C’est la raison
pour laquelle le législateur encadre cette dérogation dans des conditions rigoureuses.
Paradoxalement, le juge français ne sera compétent que pour les crimes et délits commis à
l’étranger. Les contraventions sont exclues du champ d’application de cet article.
Pour les crimes (2 conditions) : Pour les crimes commis à l’étranger, la loi française
n’est applicable que si cette infraction est punie par la loi française et si le prévenu n’a pas
encore fait l’objet d’un jugement à l’étranger (ou n’a pas encore purgé sa peine) (cette règle est
d’autant plus favorable pour le ressortissant qu’elle peut être invoquée alors même que le prévenu aurait acquis
la nationalité postérieurement aux faits… ou son siège social en France pour une personne morale…). C’est la
règle de la double incrimination. Mais les relations internationales sont ainsi faites que l’Etat
étranger considèrera que la compétence française comme subsidiaire (Procès de Bertrand
Cantat…).
!55
Pour les délits passibles d’emprisonnement (2 conditions + 1) : Pour les délits commis
à l’étranger, on estime que la répression de telles infractions doit être plus mesurée en raison
de leur moyenne gravité. Aux conditions précédentes, le Code pénal pose une condition
supplémentaire. Outre la réciprocité de l’incrimination (en France et dans le pays de consommation
de l’infraction même si qualification juridique ou éléments constitutifs diffèrent plus ou moins… d’ailleurs on ne
se préoccupe pas de la sévérité de la peine en théorie… faux en pratique : Affaire Bertrand Canta : il risquait
moins en Lituanie qu’en France car incrimination différente mais on a tout fait pour le récupérer…) le Code
pénal exige que la poursuite soit diligentée par une plainte préalable de la victime ou une
dénonciation officielle des autorités locales. Cela laisse supposer que seuls les délits les plus
graves feront l’objet de poursuites pénales.
►2èmr cas : Quand l’infraction est subie à l’étranger par une victime française (Art.
113-7 du Code pénal) ou l’extraterritorialité PASSIVE.
Si la France ne veut pas laisser tomber ses ressortissants même lorsqu’ils adoptent un
comportement délinquantiel, il va de soi qu’elle veuille aussi prendre en compte le préjudice
enduré par un français victime d’une infraction à l’étranger. Longtemps critiquée, cette règle
n’est introduite dans le Code pénal qu’en 1975 avec les premiers textes relatifs à
l’indemnisation du préjudice des victimes d’infractions pénales. La victime doit être de
nationalité française au jour de l’infraction laquelle ne concernait à l’origine que les crimes
mais s’étend désormais aux délits passibles d’emprisonnement (toute la difficulté c’est que cette
extension de compétence soulève parfois des problèmes de compatibilité avec certaines conventions
internationales en matière de mariages forcés ou d’enlèvements d’enfants en cas de mariages binationaux…).
En matière d’application de la loi pénale dans le temps, la question est de savoir quelle
est la loi applicable pour définir et sanctionner un comportement donné.
• 1er point : Le principe de légalité des délits et des peines commande que la loi
définissant l’incrimination et la sanction correspondante (ou le règlement pour les
contraventions) existe déjà au jour de la commission de l’infraction. Le texte pénal
nouveau s’applique donc sans problème aux infractions commises APRES son entrée
en vigueur. Ce principe apparaît clairement dans les 2 1ers alinéas de l’article 112-1
du Code pénal :
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Alinéa 1 : « Sont seuls punissables, les faits constitutifs d’une infraction à la date à
laquelle ils ont été commis. »
Alinéa 2« Peuvent seules être prononcées les peines légalement applicables à la même
date ».
• 2ème point : Mais qu’en est-il des infractions perpétrées AVANT et non encore
définitivement jugées lors de l’entrée en vigueur du nouveau texte pénal ? Le
problème ainsi posé de l’application de la loi pénale dans le temps est d’autant plus
important que l’entrée en vigueur d’un nouveau texte aura pour conséquence
l’adoucissement ou le renforcement de la répression. L’enjeu est donc de taille pour le
délinquant.
Corollaire du principe de la légalité des délits et des peines et revêtant à ce titre valeur
constitutionnelle, le principe de la non rétroactivité de la loi pénale dans le temps n’est pas
absolu. Il supporte en effet quelques dérogations (a) (b).
Au regard des lois pénales de fond, 2 situations apportent une dérogation au principe
de NON rétroactivité de la loi pénale.
Par exception, on admet que les lois pénales plus douces dérogent au principe de non
rétroactivité. Cette dérogation est importante car elle concerne les faits commis avant l’entrée
en vigueur de la loi nouvelle plus douce mais elle s’applique également aux faits en attente de
jugement à cette date y compris les faits jugés en première instance pour lesquels l’instance
de recours ne s’est pas encore prononcée.
Cette exception est prévue par le 3ème et dernier alinéa de l’article 112-1 du CP :
« Toutefois, les dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions commises avant leur
entrée en vigueur et n’ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose
jugée lorsqu’elles sont MOINS SEVERES que les dispositions anciennes ».
Remarque : Dans un seul et même texte pénal il y aura souvent à la fois des
dispositions plus sévères et des dispositions plus douces. Cela implique que les règles dudit
texte auront des modalités d’application dans le temps différentes. Certaines seront
d’application immédiate (les plus douces), d’autres seront subordonnées à la date d’entrée en
vigueur du texte (les plus sévères). Mais des difficultés sont possibles quand ces dispositions
sont indivisibles les unes des autres (pas de solution de principe : on porte une appréciation globale sur le
texte pour savoir s’il est plus doux ou plus sévère…)
(V : contre-exemples avec la loi du 25 février 2008 instaurant la rétention de sûreté (pas rétroactif) mais aussi
des mesures de sûreté notamment en cas de déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mentale
(même la C de C s’y perd les estimant non rétroactives au début puis rétroactives ensuite car il s’agit de mesures
préventives et non de mesures répressives donc leur régime juridique diffère de celui applicable aux peines…)
(V. exp en matière de récidive et la succession des textes dans ce domaine…).
En matière d’application de la loi pénale dans le temps, le cas de lois pénales de forme
se distingue de celui des lois pénales de fond.
Rappel :
- Les lois pénales de fond concernent le droit pénal général. Elles définissent les éléments constitutifs d’une
infraction et les peines correspondantes ;
- Les lois pénales de forme intéressent davantage la procédure pénale et les règles relatives à l’organisation du
procès répressif.
Ces textes intervenant dans des domaines distincts, il est logique que leurs modalités
d’application soient différentes.
!58
→Le principe de la non rétroactivité des lois pénales, consacré à l’article 112-1 du
Code pénal, concerne exclusivement les lois pénales de fond.
→En ce qui concerne les lois pénales de forme, une autre règle gouverne leur
application dans le temps. Leur application déroge en effet au principe de non rétroactivité
sachant qu’elles sont d’application immédiate. On dit aussi qu’elles sont rétroactives. Elles
seront donc applicables aux procédures en cours AVANT la date de leur entrée en vigueur
comme le prévoient les articles 112-2 et 112-3 du même Code. Il s’agit pour l’essentiel des
règles relatives à : la compétence ou l’organisation judiciaire, les modalités de poursuites et
les formes de la procédure, l’exécution des peines, la prescription, les cas d’ouverture et les
délais des voies de recours….
Remarque et Attention : L’application immédiate de la loi pénale de forme suppose
bien sûr que ce texte ne soit pas plus sévère que le texte procédural précédent (Cf : Art. 112-4
prévoit que même si les actes accomplis sous l’empire de la loi procédurale ancienne reste valablement
effectués… la sanction pénale ne devra plus être effectuée si les faits ne sont plus constitutifs d’une
infraction…). Sur ce point, le législateur redouble de précaution quand il précise les conditions
d’entrée en vigueur d’un nouveau texte. Malgré tout, il n’est pas toujours suivi par la Cour de
cassation.
- Exp 1 : Contre-exemple : Loi Perben II apporte une exception notable. Pour les domaines relatifs à la
criminalité organisée, certaines dispositions de la loi Perben II du 9 mars 2004 s’appliquent aux infractions
commises AVANT son entrée en vigueur alors que les dispositions qu’elle renferme sont plus sévères
(concerne surtout la prescription des infractions de presse de 1 à 3 ans, des infractions relevant de la criminalité
organisée de 10 à 20 ans... si la prescription est déjà acquise, elle le reste… mais sinon elle est rallongée
d’autant…).
- Exp2 : Application de la loi de 2008 sur la prise en charge pour trouble mental, ce n’est pas une loi de forme
mais de fond. Les dispositions renfermées ne sont pas des mesures de sûreté mais des peines donc contrairement
au législateur qui prévoit une application immédiate, la Cour de cassation retient le contraire. (V. Cass. Crim. 21
janvier 2009) puis elle revient sur sa position (décembre 2009) (V. cours 2ème semestre).
-Exp 3 : Loi du 14 avril 2011 portant réforme de la garde à vue, date d’entrée ne vigueur le 1er juin 2011, or 2
dispositions vont être déclarées d’application immédiate / Jp du 15 avril 2011 avant de pouvoir rétroagir sur 6
mois selon une Jp du 31 mai 2011…
Loi pénal de fond : NON rétroactivité (que pour faits commis APRES)
sauf si loi pénale plus douce
Loi pénale de forme : Application immédiate (pour faits commis aussi AVANT)
Suppose que loi pénale de forme : plus douce
Après avoir examiné comment l’incrimination pénale faisait l’objet d’une consécration
textuelle préalable au nom du principe de légalité, examinons maintenant en quoi consiste
l’élément matériel de l’infraction. L’élément matériel, c’est la réalisation de l’infraction ce qui
suppose une exécution concrète et effective de l’acte en question. Dans cette hypothèse, on se
trouve en présence d’une infraction pénale CONSOMMEE (§1). Mais, depuis 1810, le
Code pénal réprime également la survenance d’un fait infractionnel incomplet au prétexte
qu’il y a eu un commencement d’exécution. Ici, l’infraction pénale n’a pas été consommée
totalement, elle a seulement commencé à être exécutée. On est alors en présence d’une
infraction TENTEE. C’est l’hypothèse de la tentative (§2).
!59
1) Le mode de réalisation
Si l’infraction pénale prend le plus souvent la forme d’un acte positif, elle peut dans
certains cas, s’illustrer au travers d’un comportement passif. On distingue alors 2 ou, plus
exactement, 3 cas de figures :
►L’infraction par action est un acte positif ou actif qui suppose une initiative de la
part son auteur. Il y a donc un mouvement physique de la part de l’agent (contre des personnes
comme le meurtre : acte de tuer ; le viol : pénétration sexuelle… ou contre des biens comme le vol : dérober la
chose ; l’escroquerie : manœuvres frauduleuses...). Ce mouvement va aboutir la plupart du temps à un
résultat donné (décès ; rapport sexuel non consenti ou encore soustraction de la chose…). Le législateur
va donc s’attacher à sanctionner le résultat obtenu à l’issue de cette action positive (article du
CP : fait de donner la mort…).
►L’infraction par omission, à l’inverse, est un acte négatif voire passif (non assistance à
Contrairement à l’hypothèse précédente, on ne
personne en danger, défaut de dénonciation de crime...).
reproche pas à l’auteur de l’infraction une initiative mais une passivité. On lui reproche une
abstention fautive. La reconnaissance de ce type d’infractions résulte d’une mutation de notre
politique criminelle.
-De 1810 à la 2nde guerre mondiale, elles étaient exclues en raison de la conception
individualiste du Code pénal (il existait pourtant ici et là de petites contraventions de non
ramonage des fours et cheminées, défaut d’éclairage de certains lieux donnant sur la voie
publique…).
-C’est à partir de la 2ème moitié du XXème siècle que les infractions par omission
apparaissent… sans doute au nom de l’impératif de solidarité qui prédomine et qui explique la
!60
multiplication des infractions par omission (loi de 1941 remplacée par l’ordonnance de 1945 qui créent
le délit de non-assistance à personne en péril…).
-Aujourd’hui elles prolifèrent et sont de plus en plus nombreuses (omission d’empêcher un
crime ou un délit… de porter secours, de s’arrêter après un accident… de payer une obligation alimentaire, de
non représentation d’enfant…).
Attention, ce qui est sanctionné dans le cas des infractions par omission, c’est le
manquement en lui-même. Il s’agit d’infractions « comportementales » en quelque sorte.
C’est pourquoi le législateur ne s’attache pas aux conséquences engendrées par une telle
abstention. C’est le comportement passif qui, en lui-même, constitue une infraction. Il est
pénalement répréhensible peu importe qu’il soit ou non générateur de dommage ! (tous les
manquements de l’employeur qui ne respecte les règles de sécurité dans l’entreprise seront sanctionnés même en
l’absence de résultat…).
►La commission par omission : elle est à mi-chemin entre les deux situations
précédentes.
C’est un cas plus délicat à comprendre qui se rapproche à la fois de l’infraction par
action (car il y a un résultat) et de l’infraction par omission (car une abstention est à l’origine
de l’infraction). Cette catégorie peut être source de confusion aujourd’hui mais elle s’explique
par le contexte juridique dans lequel elle est apparue.
Sous l’empire de l’ancien Code pénal, seules les infractions par action existaient. Il
parût alors nécessaire de réprimer certains comportements inadmissibles en vertu de la règle :
« Qui peut et n’empêche, pêche ». Un exemple célèbre illustre la commission par omission. Il
s’agit de l’affaire de la séquestrée de Poitiers jugée en 1901. Une malade mentale, Blanche
Monnier, avait été laissée sans soins et privée de nourriture par ses propres parents dans une
pièce privée d’air et de lumière au milieu des déchets, excréments et bêtes immondes (il y a un
résultat puisque la santé de la personne est gravement altérée et une abstention car la passivité de l’auteur de
l’infraction est à l’origine de la dégradation de son état de santé : il y a bien un lien de cause à effet). Mais, en
vertu du principe de l’interprétation stricte des lois pénales, les parents ne furent pas
condamnés pour coups et blessures volontaires faute de violences. La jurisprudence se
refusait en effet de suivre la doctrine en consacrant l’infraction de commission par omission.
Le législateur dû donc ponctuellement ériger des incriminations correspondantes
comme la privation volontaire d’aliments et de soins à un enfant de moins de 15 ans devenue
une cause de mise en péril du mineur pour les mêmes raisons depuis 1994.
L’élément matériel de l’infraction peut résulter d’un acte simple ou de plusieurs actes
complexes. On est alors en présence de 2 types d’infractions différentes.
► On parle d’infraction simple lorsqu’un seul acte est constitutif de l’infraction (vol / fait de
dérober la chose… le meurtre / fait de tuer la victime…).
Si la catégorie des infractions simples ne pose pas de problème majeur, celle des
infractions complexes exige de procéder de manière nuancée. On peut en effet y déceler
plusieurs types d’infractions, des sous catégories en quelque sorte.
→L’infraction complexe proprement dite requiert quant à elle une pluralité d’actes
matériels de nature différente (cas des infractions par imprudence : le non respect de règles de sécurité
engendre des blessures involontaires ou pire des homicides involontaires…). La survenance de l’ensemble
de ces actes contribue à la réalisation de l’infraction (escroquerie : diverses manœuvres frauduleuses
et remise de la chose...).
→L’infraction d’habitude : elle suppose la répétition d’un même acte matériel ou la
répétition d’actes semblables. L’exercice isolé d’un seul acte n’est pas en soi constitutif de
l’infraction. Celle-ci ne se réalise qu’à compter du 2ème acte perpétré. Seule la réitération de
ces actes constitue l’infraction d’où le nom de délit d’habitude (exercice illégal de la médecine ou
d’une profession… menaces de destruction… agression sonore volontaire…). Cette catégorie d’infraction
est sujette à caution car elle ne tient compte ni de la personnalité de l’agent ni du temps écoulé
entre les deux actes générant l’habitude.
Remarque : L’intérêt d’opérer une distinction entre les infractions simples et les
infractions complexes ressort à plusieurs égards.
Lorsque l’on s’interroge sur le point de départ de la prescription (l’infraction perpétrée ne
peut être reprochée à son auteur que pendant : 1 an pour les contraventions; 6 ans pour les délits et 20 ans pour
les crimes) ou si l’on recherche le moment auquel l’infraction a été consommée, le critère
temporel sera différent selon l’infraction concernée :
- Infraction simple = à compter de la commission de l’infraction (jour de la commission du
vol…) ;
- Infraction complexe = à compter du dernier acte perpétré (quand on cesse d’exercer illégalement
la médecine…)(Affaire Emile Louis suspecté du meurtre de 8 handicapés mentales et physiques il y a 33 ans
alors qu’il effectuait le ramassage scolaire des jeunes femmes, il a avoué les meurtres et viols de ses victimes
dont l’auteur restait inconnu…)(pour les blessures ou homicides involontaires : Affaire Alstom : à compter du
jour où les dégâts sur la santé sont vraiment constatés…).
Par contre, pour savoir quelle est la juridiction compétente ou qu’elle est la loi
applicable, le critère qui distingue ces deux types d’infractions est différent :
- Infraction simple : on se réfère au lieu de survenance du seul acte matériel la constituant ;
- Infraction complexe : on peut invoquer le lieu où s’est effectué au moins un des éléments
matériels de l’infraction (V. cours de DPI…).
Dans toute infraction, on peut s’intéresser soit au comportement délictueux adopté par
le délinquant, soit au dommage résultant de l’infraction. Afin de bien comprendre les étapes
de la réalisation de l’infraction, il est nécessaire dans certains cas de distinguer l’infraction
formelle (a) de l’infraction matérielle (b) autrement dit de prendre en considération tantôt le
comportement criminel, tantôt le dommage résultant de l’infraction.
a) Infraction formelle
b) Infraction matérielle
L’intérêt ainsi porté au résultat dans le cadre de l’infraction matérielle reflète l’esprit
du Code pénal de 1810 qui justifie ainsi la réaction sociale par l’atteinte portée à la paix
publique. La sanction pénale aspire donc à réprimer le trouble causé à la société.
Dès qu’il est question de savoir à quel moment l’infraction est survenue, on fait
référence à l’infraction flagrante (a) par opposition à l’infraction non flagrante (b).
!63
a) Infraction flagrante
L’infraction flagrante est une infraction qui est en train de se commettre ou qui vient
juste de se commettre. On parle communément de flagrant délit (ados en train de voler un skooter…
ou en train de molester leur victime…). Sur les 3 situations correspondant à la notion de flagrant
délit, le nouveau Code pénal de 1994 n’en conserve plus que 2 pour réserver un sort
particulier à la dernière (revu en 1999).
►L’infraction réputée flagrante : C’est lorsque « (…) dans un temps très voisin de
l’action, la personne est poursuivie par la clameur publique, ou est trouvée en possession
d’objets, ou présente des traces ou indices laissant penser qu’elle a participé au crime ou au
délit ». Force est de constater ici que le législateur vise à la fois le critère temporel (actualité
relative de l’infraction) et le critère matériel (constatation visuelle de son implication…).
A l’inverse, l’infraction non flagrante est une infraction qui a déjà eu lieu et qui est
déjà terminée quand on l’apprend ou quand on la constate (les propriétaires appellent la police car
leur maison a été visitée pendant leur absence…).
a) Infraction instantanée
Parfois, il est difficile de répertorier certaines infractions dans cette catégorie (en
retenant l’instantanéité comme seul critère). Les divergences doctrinales et jurisprudentielles
ont d’ailleurs compliqué les choses en classant certaines infractions dans la catégorie des
infractions instantanées.
→C’est le cas de l’infraction permanente qui est une infraction dont l’acte matériel se
déroule à un temps t mais les conséquences de cet acte durent dans le temps (bigamie :
l’infraction se réalise le jour du 2ème mariage mais les effets durent depuis la célébration, vol avec conservation
de la chose, construction sans permis de construire : c’est une infraction instantanée qui s’arrête avec
l’achèvement des travaux mais les effets eux perdurent…). Par commodité, l’infraction permanente sera
assimilée à l’infraction instantanée car la consommation de l’acte matériel a bien lieu dans
un laps de temps négligeable. Le terme d’infraction permanente est trompeur et inadapté. Il
s’agit bien d’une infraction instantanée dont seuls les effets sont permanents (ces effets
n’ont d’ailleurs rien d’infractionnels).
b) Infraction continue
du collage des affiches : infraction instantannée en jurisprudence dans les années 1960 mais devient une
infraction continue depuis les années 1980…).
Pour d’autres, il convient de rechercher la constance de la volonté de l’auteur de
l’infraction. Au travers des actes accomplis, même s’ils sont répétés, il faut y voir une même
volonté criminelle qui ne faiblit pas (cas du receleur, de l’auteur d’un enlèvement puis d’une
séquestration…).
En vérité, on se rallie plutôt à cette dernière position. L’infraction continue se
remarque par la continuité matérielle d’exécution des actes constitutifs de l’infraction et par la
constance de la volonté de l’auteur de l’acte. A aucun moment il n’y a réitération d’un de ces
actes ou de l’intention coupable de leur auteur. Tout est dans la continuité.
→L’infraction continuée est une hypothèse différente proposée par la doctrine qui
recoupe 2 caractéristiques essentielles.
Ici, l’infraction se réalise par une succession d’infractions instantanées de MEME
nature (vol d’électricité, employé de banque qui détourne régulièrement une somme d’argent, escroc qui
utilise le même stratège pour arnaquer ses victimes…). Cette fois, il n’y a plus continuité mais
discontinuité dans l’exécution de la pluralité d’actes délictueux.
On parlera pourtant d’infraction continuée car ces actions s’inscrivent dans un seul et
même processus exécutif. Il faut donc s’intéresser à l’élément subjectif de l’infraction cad à
l’intention de l’auteur. Sur ce point, deux conceptions s’affrontent :
- La première estime que l’intention de l’auteur se manifeste au travers d’un plan criminel
élaboré pour réaliser l’infraction en plusieurs étapes (dessein criminel) ;
- La seconde préfère voire une réitération de l’intention criminelle au fur et à mesure des
actes perpétrés. Il n’y a plus une unité d’intention mais une succession de plusieurs intentions.
Cette dernière analyse semble conforme à l’esprit du Code pénal qui ne reconnaît pas les
notions de mobile ou de motivation. Mais cette proposition doctrinale n’a PAS été RETENUE
en jurisprudence.
promulgation sans attacher d’importance au caractère plus doux ou plus sévère du texte. Si
des poursuites sont diligentées, si la sanction pénale est déjà prononcée, rien ne s’oppose à
l’introduction d’une nouvelle action en justice lorsque les faits persistent encore (la règle non
bis in idem n’y fait pas obstacle).
Ces 2 situations ressortent très nettement du libellé de l’article 121-5 du Code pénal
qui précise que :
► CONSOMMEE
INFRACTION
! Résultat POSSIBLE = TENTATIVE interrompue
► NON CONSOMMEE
! Résultat IMPOSSIBLE = TENTATIVE achevée
→délit manqué = ECHEC
→délit impossible = impossibilité totale
Chemin du crime :
Résolution criminelle intérieure ! Extériorisation (orale ou écrite) ! Etablissement d’un
projet ! Actes préparatoires ! Commencement d’exécution ! Consommation parfaite.
(Exp : en droit canon on incriminait dès le stade de la pensée criminelle, sous la Révolution que la
consommation proprement dite…).
(extensif)
En vérité, l’évolution du droit pénal reflète une alternance entre ces deux conceptions.
→Avant le CP de 1810 (Ancien droit et Révolution), la répression de la tentative est
laissée à l’appréciation du magistrat et ne concerne que quelques infractions. Cette pratique
génère des inégalités de traitement : tantôt on retient l’hypothèse de l’infraction tentée, tantôt
on considère que l’infraction est consommée.
→Avec le CP de 1810, on tend à davantage de rigueur. Le législateur ébauche une
théorie générale de la tentative en énonçant clairement les deux conditions requises pour que
la tentative soit punissable. Il faut qu’il y ait, d’une part, un commencement d’exécution (1)
et, d’autre part, l’absence de tout désistement volontaire de la part du délinquant (2) comme le
précise le libellé de l’article 121-5 du CP :
→Le nouveau CP de 1994 reprend ces 2 conditions et y apporte une précision qui
intéresse le domaine autrement dit le champ d’application de la tentative : si la tentative est
toujours punissable en matière criminelle, elle ne l’est en matière délictuelle que ssi la loi le
prévoit expressément mais elle ne l’est jamais en matière contraventionnelle (Art. 121-4 du
CP).
Art. 121-4 du Code pénal :
« Est auteur de l’infraction la personne qui :
1°/ (…)
2°/ Tente de commettre un crime ou, dans les cas prévus par la loi, un délit ».
1) Le commencement d’exécution
Pour bien cerner à quel moment le droit pénal saisit le comportement coupable du
délinquant, il faut remonter dans le temps à compter du moment où pourrait survenir le
trouble à la paix sociale. A cette fin, on pourrait reprendre le « chemin du crime » dessiné
précédemment. Sachant que la réalisation d’un résultat rend l’infraction pénale consommée
pénalement répréhensible, quid en amont du commencement d’exécution (tentative) ou, dans
une moindre mesure, des actes préparatoires ? Pour le savoir, plusieurs conceptions sont
possibles.
Mais avant de les présenter, il faut opérer une césure au sein de ce processus. En effet,
à un moment donné on va passer toujours en remontant le temps de la préparation ou de la
mise à exécution de l’infraction à la résolution criminelle dont elle émane. Il s’agit là d’un
seuil fondamental. Car la résolution criminelle relève du domaine psychique contrairement
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aux autres étapes qui se situent sur un terrain purement matériel et qui vont se concrétiser par
des gestes plus ou moins caractérisés.
Actes préparatoires < Commencement d’exécution < Consommation parfaite
Infraction tentée Infraction consommée
►D’un point de vue subjectif, on ne retient pas les opérations matérielles effectuées
mais seulement l’état d’esprit dans lequel l’agent se trouve. On recherche à partir de quel
moment la volonté criminelle est suffisamment caractérisée pour illustrer le passage à l’acte.
Il y a commencement d’exécution dès que l’on discerne avec netteté l’intention de l’agent de
commettre l’acte. Cette approche est mal habile car elle n’envisage pas l’éventualité d’un
désistement volontaire de la part de l’agent. Ici, il y a une réelle proximité entre l’intention
criminelle et le passage à l’acte, ce dernier geste étant inévitable (exp : mari jaloux rentrant chez lui
et trouvant sa femme en galante compagnie, va chercher son arme…).
Prb jurdq : En vérité, au fil des arrêts de jurisprudence, on s’interroge sur le point de
savoir si le commencement d’exécution doit avoir un lien direct et immédiat avec
l’infraction à consommer ou seulement un lien direct. Les arrêts rendus en la matière
hésitent tour à tour sur cette double ou simple exigence… d’où des formules spécifiques
employées au grès des jurisprudences… Aujourd’hui ce qui compte, c’est que les juges du
fond caractérisent le moment où l’auteur est entré dans le commencement d’exécution de
l’infraction envisagée.
Exp : Cass. Crim. 29 décembre 1970. Affaire du Plaza et autres : malfaiteurs qui mettent en place un dispositif
d’attaque d’un véhicule de transport de fonds : il s’agit bien d’un commencement d’exécution ayant un lien
direct et immédiat avec l’infraction de vol à main armée en réunion.
a) La nature du désistement
avant d’aller jusqu’au bout. La tentative ne sera donc PAS RETENUE. L’agent sera donc
EXONERE de toute responsabilité. (il va de soi que le délinquant essayera de plaider sa cause en ce sens
fin d’échapper aux poursuites relatives à la tentative d’infraction…). Cette démonstration s’avère délicate
lorsque l’agent est le seul auteur de l’infraction (s’enfuir à cause d’un bruit or ce ne sont que des
passants, entendre des aboiements…) mais, en cas de pluralité d’auteurs, la preuve du désistement
ne se limite pas seulement à une interruption, elle doit être corroborée par un acte positif de
nature à compromettre l’intervention des autres co-auteurs (prévenir la victime, dénoncer à la
police…).
Exp : Cass. Crim. 3 janvier 1973. Grands arrêts. Berchem. Tentative de vol dans un grand magasin, le fait de
s’emparer des marchandises puis de les laisser sur place avant de partir pourrait ressembler à un désistement
volontaire or on apprendra par la suite l’existence de circonstance indépendantes de la volonté de l’auteur = il
n’a pas pu avoir l’aide de son cousin pour sortir les marchandises du magasin ;
b) Le moment du désistement
Sachant que l’infraction tentée est une infraction pénale non consommée, on en déduit
que le désistement de l’agent intervient forcément AVANT l’exécution totale de l’infraction.
Sur ce point, il est intéressant de comparer la tentative avec une notion voisine : le repentir
actif. Nous nous baserons ici sur un seul critère : l’achèvement de l’infraction.
→soit parce que l’infraction a échoué = c’est l’hypothèse du délit manqué (1) ;
→soit parce que l’infraction était impossible à réaliser = c’est l’hypothèse du délit impossible
(2).
Ce qu’il faut retenir pour ne pas confondre avec la tentative interrompue… c’est que
dans le cas de la tentative achevée, si l’auteur de l’infraction n’avait pas mené son dessein
criminel à son terme, il ne se serait pas rendu compte de cette difficulté. Que l’infraction soit
échouée ou impossible, dans les deux cas, il y a une impossibilité de résultat par opposition à
la tentative pour laquelle il y a possibilité d’atteindre le but recherché.
Comme on vient de le faire pour l’infraction manquée, il faut reprendre les conditions
de l’article étudié et les appliquer à l’infraction impossible. L’infraction impossible requiert
donc deux éléments :
→Le premier est un commencement d’exécution qui en fait s’apparente plutôt à une
infraction presque consommée. S’il n’y avait pas de résultat impossible à atteindre,
l’infraction aurait été normalement constituée.
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→Le second englobe les circonstances indépendantes de la volonté de son auteur qui
sont à l’origine de la non consommation de l’infraction. Il s’agit en l’occurrence d’une
impossibilité. Cette notion mérite que l’on s’y attarde quelques instants en raison des
nombreuses discordances doctrinales et jurisprudentielles qui la caractérisent.