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fortification : rédigé
conformément au
programme d'admission à
l'Ecole supérieure de guerre
(4e [...]
DE
PAR
E. LEGRAND-GIRARDE H. PLESSIX
GÉNÉRAL DE BRIGADE COLONEL D'ARTILLERIE EN RETRAITE
190I
Des modifications et additions notables ont été
apportées dans la présente édition. En ce qui concerne
la fortification passagère, l'ouvrage a été mis en har-
monie avec les règlements récents et notamment avec
l'Instruction pratique du 24 octobre 1906 sur les tra-
vaux de campagne à l'usage des troupes d'infanterie»
On a donc séparé la fortification de campagne de celle
dite de position. On s'est efforcé de donner au sujet
de l'outillage des renseignements puisés aux sources
les plus récentes. On a fait, en outre, une large part
à l'étude des effets du tir.de l'infanterie et de l'artil-
lerie sur les divers retranchements.
Pour la fortification permanente, si on a cru devoir
maintenir à peu près intégralement l'étude historique
des anciens tracés baslionné et polygonal ainsi que
celle des ouvrages édifiés de 1870 à i885, on a consa-
cré plusieurs chapitres nouveaux aux dispositions les
plus récemment adoptées.
Dans l'attaque et la défense des places, on a tenu
compte de l'Instruction pratique de 1906 sur le service
du génie dans la guerre de siège et on s'est efforcé,
par l'étude des événements du siège de Port-Arthur,
VI PREFACE
de rechercher dans quelle mesure sont encore appli-
cables les procédés d'attaque actuellement réglemen-
taires ou consacrés par l'usage.
Enfin, Vorganisation de l'arme du génie et de ses
services a été mise à jour ; on a donné plus d'exten-
sion qu'autrefois à l'étude ;des ponts militaires; des
additions assez nombreuses ont été faites aussi à divers
chapitres de cette quatrième partie (Chemins de fer,
Télégraphie, Aérostation).
Ainsi que dans les éditions précédentes, on a eu
recours plus d'une fois aux précieux renseignements
de la Revue du Génie, à laquelle ont été empruntés de
nombreux dessins. Le Siège de Port-Arthur de M. le
général Clément de Grândprey, paru tout d'abord dans
cette publication, a été, notamment, mis à contribu-
tion. Que nos camarades dont les travaux nous ont
été si utiles reçoivent ici tous nos remerciements.
Il reste enfin à exprimer notre vive gratitude au
collaborateur dévoué qu'a été pour nous M. le capi-
taine du génie Thabard dans la préparation de la pré-
sente éditions
Remiremonl, janvier igog.
Général LEGRAND-GIRARDE.
MANUEL COMPLET
DE
•
CHAPITRE I
GÉNÉRALITÉS ET DÉFINITIONS
ramenée sous les murs de Metz par son chef et prend posi-
tion sur les lignes d'Amanvillers. Les Outils font défaut àla
plupart des corps et le temps manque pour exécuter des
travaux. En quelques points cependant, à notre gauche, des
tranchées et des épaulements ont pu être édifiés ; bien
défendus par les troupes des 2? et 3e corps, ils nous per-
mettent d'arrêter victorieusement les efforts de l'ennemi
sur ce point.
Les travaux effectués dans ces deux circonstances appar-
tiennent à la fortification. du champ de bataille, caracté-
risée, comme on le voit, par le temps et les moyens limités
dont on dispose pour sa construction et par la nature des-
efforts (ceux des troupes de campagne) auxquels elle sert à
résister.
Généralités. -—
La fortification de campagne a pour
objet de diminuer la vulnérabilité du soldat en l'abritant
contre le feu de l'ennemi, tout en lui permettant de faire un
meilleur usage de ses armes.
Elle y parvient en donnant au tireur un couvert qui le
soustrait aux vues et aux coups de son adversaire ; ce cou-
vert est d'autant meilleur qu'il réalise plus complètement
cette double condition. En outre, quand on dispose du
temps et des moyens nécessaires, le couvert est complété
par un obstacle, placé en avant de lui, dont le but est
d'obliger l'assaillant à stationner, plus ou moins longtemps
sans protection, sous le feu du défenseur abrité.
Ces deux éléments, couvert et obstacle,: peuvent être :
soit obtenus par l'aménagement des accidents du sol, soit
créés de toutes pièces.
Dans !e premier cas, les couverts couramment employés
sont les fossés, les levées de terre, les chemins creux ou en
remblai, les murs de clôtures, les grilles, les maisons, les
villages, les haies, les bois, etc.
Certains d'entre eux, murs, grilles, sont en même temps
des obstacles.
D'autres accidents peuvent être utilisés uniquement
comme obstacles ; ce sont les ruisseaux, les marécages, les
clôtures, etc.. Ils doivent alors être complétés par la créa-
tion d'un couvert.
ELEMENTS PRINCIPAUX DE LA. FORTIFICATION DE CAMPAGNE 7
Dans le deuxième cas, quand le couvert est créé de toutes
pièces, il consiste généralement en une tranchée dont les
terres, jetées du côté de l'ennemi, "forment un bourrelet
appelé le parapet.
Quand le couvert prend des dimensions importantes,
comme dans la fortification dé position, les terres qui doi-
vent constituer le parapet peuvent être prises à la fois dans
la tranchée et dans une autre excavation ménagée du côté
de l'ennemi, et qui s'appelle lefossé.
Lorsque ce dernier a de grandes dimensions, il peut ser-
vir d'obstacle, mais cette condition n'est généralement plus
réalisée dans la fortification passagère. L'obstacle, quand
on doit le créer, est constitué par les dispositifs qui seront
décrits au chapitre XIII sous le nom de défenses accessoires.
Profil et tracé. — Dans toute espèce de fortification,
il y a lieu, pour juger de la protection et de la facilité de tir
qu'elle assure au défenseur, d'étudier le profil et le tracé.
les deux droites Bnet Bp, faisant avec les crêtes des angles
de 120°, sera donc théoriquement privée de feux. On lui
donne pour cette raison, en fortification, le nom de secteur
privé defeux.
Ce terme ne doit pas être pris dans toute sa rigueur, car
il sera toujours possible de placer, au saillant même, un où
deux hommes donnant des coups de feu dans l'angle/?Bn;
mais il n'en est pas moins évident que, sur cette partie du
Ouvrages et lignes
Ce qui précède montre que les couverts qu'utilise la forti-
fication passagère se groupent en deux catégories : i° les
ouvrages simples, ou pièces de fortification isolées, couvrant
toujours sur le terrain une surface relativement assez faible;.
20 les lignes ou travaux de fortification, continues ou non,
dont les diverses parties se prêtent un mutuel appui.
-
Lignes ou. ouvrages se composent du reste toujours des
mêmes parties principales, auxquelles on donne le nom.de
faces et de flancs, agencées diversement suivant les tracés..
ELEMENTS PRINCIPAUX DE LA FORTIFICATION DE. CAMPAGNE 11>
Fig. 5. — Coupure.
•Fig. 6. — Redan.
f| Fig. g. Demi-redoute.
•—
EFFETS DU TIR
§ 1
— Effets du tir de l'infanterie
L'infanterie est armée de fusils et de mitrailleuses qui
tirent la même cartouche.
Chez toutes les puissances, ces armes ont un petit calibre
(6mm5 à 8mm); leur projectile possède une grande vitesse
initiale (800 à 600 mètres), une trajectoire tendue, une
grande portée (3 000 mètres environ) ; elles sont à tir
rapide.
Les balles peuvent encore tuer un homme à 2 000 mètres.
Aux distances ordinaires de tir, elles traversent plusieurs
hommes.
Le fusil modèle 1886, M. g3, a un calibre de 8"™, une
portée maxima de 3 200 mètres sous un angle de projection
22 I™ PARTIE FORTIFICATION PASSAGERE
de 33°. La vitesse initiale de sa balle est, en moyenne, de
638 mètres.
a 000 mètres ;
1 000
48,'Q-
— a 1 000 mètres ;
1 000
120 à
1 000 mètres ;
1 000
242,6, ;
a 2 000 mètres.
1000 .
.
-
§' 2
— Effets du tir de l'artillerie
Pour tous ces obus, les éclats, très nombreux, sont aussi
très petits. Quoique animés de vitesses considérables qui
peuvent atteindre 1 200 mètres, ils perdent rapidement.leur
vitesse à cause de leur faible masse et de leur forme irrégu-
lière. Au delà de 35 mètres, peu d'entre eux sont capables
de traverser une planche de sapin de 20 millimètres d'épais-
seur. Par contre, ils produisent, paraît-il, des blessures très
douloureuses. Le bruit de la détonation est très A'iolent; il
impressionne les troupes au début, mais l'expérience des
guerres récentes a montré que le soldat s'y habitue vite.
Les gaz de l'explosion produisent un ébranlement d'autant
plus considérable que la charge d'explosif est plus grande;
il est faible pour l'obus brisant allemand (i35 grammes);
pour l'obus de campagne français, le souffle, quoique plus
violent, n'est plus dangereux au delà de 4 mètres.
28 I"- PARTIE FORTIFICATION PASSAGERE
En résumé, l'effet de ces projectiles est très violent, mais
très localisé.
L'obus à mélinite percutant, comme le shrapnel, ou bien
ricoche et éclate sur sa trajectoire ascendante, ou bien pé-
nètre dans le sol. et fait torpille, suivaut que l'angle de chute
est inférieur ou supérieur à environ 17°.
La quantité dont l'obus pénètre dans le sol dépend de la
résistance de ce dernier et du retard de la fusée. Suivant la
quantité dont il s'est enfoncé et sa charge d'explosif, ou
bien il crée un entonnoir en projetant les terres, ou bien
fait camouflet, c'est-à-dire ne produit aucun effet extérieur.
Contre les obstacles, ces obus sont beaucoup plus effi-
caces que les shrapnels.
Pour les calibres supérieurs à celui du canon de cam-
pagne, ils reçoivent de grosses charges de mélinite, res-
pectivement 4) 12 et 36 kilos pour les calibres de 12, 15
et 22cm.
Le tableau ci-dessous donne les dimensions des enton-
noirs produits par les obus de divers calibres, tirés sans
retard, sous des angles de i5 à 45° en terrain naturel très
résistant (tuf crayeux ou calcaire, sable) :
mètres
ENTONNOIRS
""^^ ^
Profondeur
mètres
^ Volume
met. cub,
-
I
Obus abonné de 220.
Obus de
...........)
, lroiscabbi.es de 270 .\
4,6°
„ I/I°
, i3,3oo
„ „
.
;'.•''
de iks66o avec l'étui, et d'une longueur totale de 45 centi-
mètres.
Répartition de l'outillage
,'
, destruction.
de .
\
I
pourvue de 1 l .. \
J hachette),
i
\
t n
10 serpes ,
(1 par escouade),
^
i scie articulée.
Chaque compagnie d'infanterie est dotée en outre d'une
voiture qui renferme :
j 16
pelles rondes et 2 manches de rechange,
de
-, terrassier
• f
„ carrées,
' '
, ,., " i/ 2 pelles
(modèle
v 1 12 pioches
• , et 2 manches
, , rechanqe.
de ,
. parcs).
des j l v
Outils' ( 4 haches de bûcheron,
de destruction, j 2 serpes.
Auxquels s'ajoutent :
4 scies passe-partout,
2 pinces de 6o centimètres,
i pince de i mètre,
i caisse d'outils d'ouvriers d'art,
\ i pince de i mètre ;
1 4 manches de destruction. (
2 pinces de 1 m.
terrassier, f
\ rechange
, ;
.
Fig. 21. — Porl.e-oulils des mulels de bât (1/20).
,,
.-il
q4, outils
60 pelles rondes,
,, carrées,
4, pelles ,
de terrassier.
.
{
) r.
\ 00 pioches ;
; i 20 d'infanterie,
l 42 haches 16 de parc,
<
( 3oo dé terrassier,
4oo outils. j
..
, destruction.
^ j ioo de 7 .
3 636 outils.
(2
j
637 de terrassier,
( j destruction.
99g de , . ..
,
. terrassier
de ,
(modèle
.
„,,„.,,•
de I infanterie).
% )
>„.,'•
l
280 bêches emmanchées,
00 pioches
i
portatives
. ;
2* DIVISION
sections
2 1
de ..
. voitures d., outils. )
section
de
1 .,
1
voitures , réparations.
de ,. , )
}
\
0 voitures,
3e DIVISION
( 1 caisson à poudre,
1 section d,, explosils.
, .„
a, melmite.
<
1 j 0„ caissons
. M< •.
1
section de rechanges. 7 voitures.
1 section
de
1 _ * • 1 de
matériel> J ponts.
^
(° voitures,
)
Italie.
— Le Manuel de campagne de l'officier du génie
(1895) donne les indications suivantes :
Les bataillons d'infanterie et de bersagliers possèdent
S H e £
» ^ri "3 ..^
•
pq tn „0 .
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B S °
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/Caporal-major. i i i 3 3 » » » » » »
Inraiiterie \ Caporal.
et (Sapeurs. . . .
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»
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»
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»
16.
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»
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bersagliers. I M. . . . . 8 » » » » 8 8 » » » »
\ Id 8 » » » » » » » » 8 8
TOTAUX. 34 2 2 6 6 24 8 16 16 8 8
. .
-/Caporal-major. 1 1 1 3 3 » » » »
'»
»
\ Caporal.' 1 1
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1 3 3 » » » » » »
Compaqmes
_ . . . .
„Sapeurs....
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alpines.
, .
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j Id 6„ . » » » .
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TOTAUX. 22 2 2 6 6 12 G G 6 8 8
. .
„.
Régiment
.
,
( Sous-offîciers.
l1 _Brigadiers.
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1
6„
»
»
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cavalerie.
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Sapeurs....
', 24 » » » » » 24 24 » » »
[ ld 24, » » » » » » 24 » 24 »
TOTAUX. 55 » 7 6 6 6 24 48 » 24 »
. .
DIVISIONS
CORPS
OUTILS PRINCIPAUX ~ '" —"^^""
d'armée
T .
Infanterie
, . Cavalerie
_ , .
Russie.
— La Revue militaire de l'Etranger (novembre
1898) donne sur l'outillage de l'armée russe les renseigne-
ments suivants :
m «
S w
w
3
[^
af s
o
w
oa<
.g
G
2E S
0- w
Régiment
......
Bataillon 1G0
480 240
80 32
96 48
16
jGros outils
! Bataillon 20 10 10 5 Dans les fourgons de bataillon.
Id., et dans les voilures d'ou-
Rcgiment.
....
Cavalerie. — Pas d'outillage.
260 i3o 71 3o l tils de pionniers d'infan-
terie.
. » » » »
I Batterie 24 i5 21 1
Artillerie, < Brigade 144 go 126 6
( Parc de division.
.
75 35 14 7
1 Compagnie de sa-
Génie. P°urs ">8 48 5o 14
j Compagnie de pon-
\ lonnicrs 40 20 22 9
—
MAHUISI. DE ruRTIFIGATION 4
5o 1" PARTIE FORTIFICATION PASSAGÈRE
Récapitulation. — Outillage d'une division :
OUTILS
OUTILS des voilures
PAYS ' de compagnie TOTAL
portatifs ou
de bataillon
TRANCHÉES-ABRIS
-a
a
o
o
o
' to
g
ni
a
O
0
rt
C
-o
ê
o
a
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c
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M
H
I
•S5
PROFILS
ANTKR1EUIIS A 1892 1892 IgoG
H E V H E V H E V
Position A
—
—
tireur assis.
:
G : tireur à genoux.
;
v, : tireur debout.
D ,
.,,,,,
....
H :
Dimension en mètres.
hauteur du bourrelet.
E : épaisseur du
. ,
, bourrelet.
, . .
V : volume de la tranchée au mètre
courant en mètres cubes.
58 I'c PARTIE — FORTIFICATION PASSAGÈRE
Il ressort de l'examen des chiffres précédents que l'ins-
truction de 1892 avait marque, par rapport aux profils
antérieurs, un accroissement du déblai, par conséquent du
travail à accomplir, et du temps nécessaire à l'exécution des
ouvrages. Son profil intermédiaire, pour tireur debout,
n'assurait au tireur qu'un couvert très insuffisant, im 10,
et exigeait l'adjonction d'aménagements. Le règlement de
1906 a réduit le relief des tranchées, en augmentant l'épais-
seur du bourrelé! de terre, sans chercher cependant à dé-
passer celle qui suffit pour arrêter la balle du fusil; il a
réduit notablement le cube du déblai.
Sans reproduire ici les types abrogés, on dira qu'en 1892
on .avait augmenté la protection du tireur en supprimant une
berme qui séparait, antérieurement, le parapet de la tran-
chée. En 1906, on a réduit les dimensions en largeur de cette
dernière en l'approfondissantun peu; cette réduction a pour
effet de donner plus rapidement au tireur une protection
suffisante; la réduction du relief diminue en même temps la
vulnérabilité de l'ouvrage. L'épaisseur de 80 centimètres du
bourrelet de terre arrête les balles du fusil à toutes les
distances de combat.
En résumé, les nouveaux profils adoptés en France sont
de nature à fournir, dans le minimum de temps, le bouclier
nécessaire au fantassin dans l'offensive comme dans la dé-
fensive. On peut dire qu'ils répondent aux nécessités du
combat moderne.
§2
— Tranchées de fortification de campagne renforcée
aux auxiliaires, elle puisse être envoyée avec tout son ma-
tériel en un autre point où sa présence est jugée nécessaire ».
Ce principe, posé par l'École de fortification de campagne,
paraît pouvoir comporter quelques tempéraments dans son
application. En effet, puisque le nombre des outils de pion-
niers du parc de la compagnie de sapeurs-mineurs est supé-
rieur à l'effectif de cette unité, il y aurait, semble-t-il,
avantage à en confier l'excédent à d'autres hommes que les
sapeurs. En outre, les ressources du parc de corps d'armée
sont souvent assez éloignées pour qu'il y ait intérêt à com-
mencer le travail avant leur arrivée.
La tranchée renforcée peut être édifiée par le procédé de
construction progressive; mais on ne procède ainsi que si
l'attaque de l'ennemi est à craindre au cours de l'exécution.
Les ateliers sont disposés comme pour les tranchées
légères, mais on ajoute à chaque atelier un travailleur sup-
plémentaire, muni d'une pelle, qui se tient sur le parapet
pour reprendre les terres et les régaler.
La transformation d'une tranchée légère en tranchée ren-
forcée exige une à deux heures de travail. La durée totale
de la construction d'une tranchée renforcée avec emploi
continu des outils du parc (ou portatifs du génie) varie de
deux à cinq heures et demie.
§ 3
— Profils allemands
ainsi qu'on l'a dit déjà page 24, sa gerbe d'éclatement est
généralement plus ouverte. ^
Le canon de i55 court tiré à charge variable permet d'at-
teindre tous les objectifs au delà de 1 5oo mètres sous des
angles de chute de 3o° à5o°. La demi-ouverture de la gerbe
est peu supérieure à io°. Les balles les plus dangereuses
ont donc une inclinaison de 4o° à 6o°, c'est-à-dire de 1/1 à
2li(fig.32).
L'angle mort dans lequel le défenseur est à l'abri se trouve
donc réduit.
Il en est de même si on considère le tir d'obus à mélinite.
L'obus brisant de 77 allemand tiré fusant a, entre 2 5oo
et 3 000 mètres, un angle de chute voisin de 6°; la demi-
68 PARTIE FORTIFICATION PASSAGERE
ouverture de la gerbe est environ de 55°; les balles les plus
dangereuses ont donc une inclinaison de 6o°, soit environ
2/1. Le défenseur, même accroupi sur la banquette, est im-
parfaitement abrité (fig. 33).
C'est certainement afin d'atteindre le défenseur derrière
la masse couvrante que les Allemands avaient prévu le tir
fusant de cet obus. .
Pratiquement, ce tir ne. donne que des résultats mé-
diocres, parce que le défenseur ne peut être atteint que si
Fig. 37. -^ Panneaux et planchers servant d'abris légers dans une tranchée.
Fig. 4o.
Fig. /„..
.
68
i4o
.
—
•—
68 —
r4o —
Total. '-.
.
224 hommes 228 arbres
. .
Fig. 55. —•
Organisation défensive d'une maison.
'
défendus; les hangars et les granges sont parfois ouverts
sur tout un côté, ils n'offrent dans ce cas guère plus de res-
sources qu'un mur isolé.
•
(') General LANGI.OIS, Questions de défense nationale.
ORGANISATION DÉFENSIVE DES ACCIDENTS DU TERRAIN Il3
d'autre un tel caractère d'imprévu et de difficulté que les
deux adversaires peuvent à tout instant espérer fixer la
victoire. C'est ainsi que l'histoire de toutes les guerres
abonde en exemples de villages maintes fois pris et repris ;
chacun se souvient à ce propos des noms d'Essling et d'As-
pern. Mais si la situation de deux adversaires combattant
dans une localité reste à peu près égale, elle devient très
différente quand l'un d'eux en est entièrement chassé, l'autre
acquérant dès ce moment une incontestable supériorité.
Il faut remarquer également qu'une défense de village
est toujours appuyée par des troupes, placées à l'extérieur.
Ce sont ces troupes qui, agissant sur les flancs de l'ennemi
engagé dans le village, pourront le contraindre à la retraite.
Il est évident que leur coopération ne saurait se produire
utilement à partir du moment où la localité sera aban-
donnée par le défenseur.
Il est donc permis de poser eii principe qu'une bonne
troupe exécutera toujours la défense opiniâtre d'un village
et n'en abandonnera chaque partie qu'après une lutte pied
à pied. L'organisation défensive doit par suite faciliter à la
garnison l'accomplissement de sa mission en préparant à
l'intérieur d'un village des lignes successives de résistance
et un réduit.
On croit devoir répéter ici une fois de plus que l'organi-
sation complète, telle qu'on vient de la décrire, exige un
temps très long et que la plupart du temps, sur le champ
de bataille, on se bornera à l'organisation des lisières et
clôtures extérieures, à des barricades rapides et au choix
d'un réduit sommairement préparé.
A défaut d'exemple historique réalisant les conditions
générales exposées ci-dessus, on se contentera ici d'une
étude théorique :
3
4>
'ûî
.3
-a .
* m
2,
u-
O
'I
oô
o
CD
tu
oo;
CHAPITRE VII
Emplacements de l'artillerie
après : .'-'.
y a lieu, sur chacun des points qui doivent être mis en état
de défense, d'effectuer les travaux dans l'ordre d'urgence ci-
(l) On fera observer cependant que le nombre total d'outils dont dispose
une compagnie du génie (terrassement et destruction) est sensiblement le double
de son effectif. Elle n'en utilisera donc jamais qu'une moitié à la fois. Serait-il
logique de laisser l'autre moitié sans emploi alors qu'elle pourrait rendre des
services ailleurs ?
l44 IrC PARTIE FORTIFICATION PASSAGÈRE
de s'en servir ; il serait puéril de les ménager au point de ne
les.utiliser que très rarement ; enfin, leur remplacement, bien
que difficile, n'est pas absolument impossible, puisque les
parcs du génie de corps d'armée et d'armée en contiennent
un certain nombre de rechange.
La question est d'ailleurs résolue aujourd'hui, puisque
l'instruction du 24 octobre 1906 prévoit la construction de
tranchées pour tireurs assis et à genou, à l'aide des outils
portatifs ; seule la tranchée pour tireurs debout s'exécute
avec des outils de parc ;
70 « Les diverses unités d'infanterie construisent elles-
mêmes les retranchements à faible profil (fortification de
campagne légère) qu'elles sont chargées de défendre et or-
ganisent les couverts et obstacles qu'elles sont appelées à
occuper. Les troupes du génie qui leur sont adjointes
exécutent, en principe, les retranchements à fort profil
(fortification de campagne renforcée), construisent des abris,
établissent les défenses accessoires, organisent les réduits,
créent des points de passage à travers les obstacles, amélio-
rent les communications, procèdent aux destructions impor-
tantes et, en général, à tous les travaux qui exigent des
connaissances techniques spéciales. » (24 octobre 1906.
N° 22.)
.
Le génie est en proportion si faible dans les armées que
ce serait mal l'utiliser que de lui confier des travaux que
l'infanterie peut exécuter elle-même. On trouvera toujours
à le mieux employer.
FORTIFICATION DE POSITION
Fig. 82.
K
O
a
O
a
DÉFENSES ACCESSOIRES
Fig. Çj/\.
— Chevaux de frise.
cubes.)
On donnait autrefois deux types différents de fougasses-
pierriers : dans le premier les terres extraites de l'excavation
formaient en arrière de celle-ci un bourrelet destiné à empê-
cher que l'explosion ne produisît ses effets en arrière. On a
reproché à ce dispositif d'être très visible de loin et on l'a
supprimé de l'École de fortification de campagne. Il avait
20Ô I 10 PARTIE FORTIFICATION PASSAGÈRE
•
Fig. 98. -—
Petites fougasses à la mélinite. Coupe verticale par l'axe (1/10).
REVÊTEMENTS
Fig. io5. •—
Retranchement en gazon ou briques crues.
des coups, auquel cas on peut raidir leur pente à 3/i ou 2/1
par un revêtement, ce qui augmente la place laissée au
défenseur sur le terre-plein et la banquette. Dans les
ouvrages fermés, on place souvent un parados le long de la
gorge pour garantir les défenseurs des coups passant, au-
dessus du parapet de tête (fig. 108).
ORGANISATION INTERIEURE DES OUVRAGES DE POSITION 221
Abris; magasins. — Les dispositifs qui précèdent
sont encore insuffisants et il est indispensable de les com-
pléter par des abris sous lesquels les défenseurs pourront
éviter les effets du tir de l'artillerie.
On en a fait ressortir déjà la nécessité, même dans la for-
tification de champ de bataille (voir chap. V, page 74),
mais là, on doit se borner à des abris extrêmement légers.
Ceux des ouvrages de position sont plus résistants et. l'on
dispose pour les établir de moyens plus efficaces.
Fig. 11 S. — Abri.
Fig. il4. •—
Tranchée russe avec créneaux.
Défilement
Fig. 137: —•
Parados.
Installation de l'artillerie
Dans tout ce qui précède il n'a été question que des dis-
positions à prendre pour assurer la protection des tireurs,
et on n'a pas envisagé celle des pièces d'artillerie ou de
leurs servants.
Cela tient à ce que, sauf dans des circonstances excep-
tionnelles, il ne saurait être question aujourd'hui d'installer
de l'artillerie dans un ouvrage de campagne ; on lui enlè-
verait sa mobilité, qui constitue un de ses principaux avan-
tages. En la fixant en un point bientôt repéré, on la rendrait
plus vulnérable, on attirerait enfin le feu de l'artillerie
ennemie sur les défenseurs qui l'entoureraient.
Pour ces motifs, l'étude des dispositifs jadis employés
pour l'installation des pièces derrière un parapet n'offre
plus qu'un médiocre intérêt. On se bornera, à rappeler que
tantôt les pièces tiraient par une échancrure du parapet
qu'on nommait embrasure (fig. i38); tantôt elles étaient
installées sur une plate-forme située à une distance au-
dessous de la crête, égale au plus à la hauteur de genouil-
lère. Cette plate-forme se nommait barbette. La figure i3g
donne la disposition adoptée au saillant d'un ouvrage, mais
on pouvait aussi placer la barbette en un point quelconque
d'une face.
Fig. i38. — Embrasure.
MANUEL DE FORTIFICATION- J7
2.58 l,e PARTIE — FORTIFICATION PASSAGÈRE
On prévoyait jadis pour la plate-forme des pièces une
profondeur minima de 7m5o, destinée à permettre le recul.
Il est clair qu'on pourrait aujourd'hui se contenter de
dimensions beaucoup plus restreintes, puisque les pièces
sont munies de freins, et reculent sur leur berceau, sans
déplacement de l'affût.
;
Pour les canons de campagne, la hauteur de genouillère
de l'épaulement doit être de 80 centimètres. Elle est supé-
rieure pour les obusiers.
Le règlement allemand signale que, dans un terrain sec
ou sablonneux, le départ du coup soulève une poussière
telle, qu'on perd le bénéfice de la poudre sans fumée ; par
"Une action telle que celle qui Arient d'être décrite sera
dirigée sur chacun des saillants attaqués, par une colonne
dont l'effectif total, double ou triple de celui des troupes de
la défense, sera subdiArisé, comme on l'a dit ci-dessus, en :
i° Une troupe de préparation qui exécute la marche d'ap-
proche et qui, par suite, arrive devant la position, trop
éprouvée pour réussir à elle seule l'attaque décisive ;
ATTAQUE ET DÉFENSE DES POSITIONS FORTIFIÉES 278
20 Un groupe de travailleurs chargé de la démolition des
obstacles ;
3° Une colonne d'assaut ou troupe de choc qui s'avance
sous la protection du rideau formé par la première ligne et
à qui incombe la mission décisiAre d'enleArer PouA'rage ;
4° Une réserve de la colonne d'assaut, d'un effectif égal
au.sien, qui poursuit l'ennemi après le succès ou, en cas
d'échec, Adent donner un nouArel effort sur la position et per-
met à la première ligne de se reformer pendant ce temps.
Toutes les troupes chargées de l'attaque d'une position
doiArent, une fois amenées devant leur objectif, n'aAroir plus
qu'une préoccupation : atteindre celui-ci le plus tôt pos-
sible sans se laisser arrêter par la crainte des contre-
attaques.
Le soin de repousser ces dernières, de diriger sur les
flancs ou la gorge des ouvrages des démonstrations ou
même des attaques réelles, en un mol de manoeuATer, doit
incomber à une force spéciale.
Dans quelle mesure sera-t-il possible de constituer tous
les échelons dont on vient de tracer le rôle, c'est ce que
tout chef chargé de l'opération aura à décider d'après les
ressources dont il dispose. Mais il est essentiel de bien
séparer : d'une part, la troupe de préparation de celle
d'assaut et, d'autre part, l'ensemble de celles-ci de la
troupe de manoeuvre. Rien ne s'opposerait, semble-t-il, à
ce que cette dernière lut en même temps réserve de la
colonne d'assaut.
FORTIFICATION SEMI-PERMANENTE
FORTIFICATION PERMANENTE
CHAPITRE XX
PRÉLIMINAIRES
TRACÉ BASTIONNÉ
Front bastionné
KJ.e<?txtti*£t/ti£.
TRACÉ BASTIONNÉ 33 I
Les dehors du front bastionné, c'est-à-dire les ouvrages
compris entre le corps de place et le chemin couvert, sont
les suivants : la tenaille; — la demi-lune ; — le réduit de
demi-lune; — les contre-gardes; — les places d'armes sail-
lantes et rentrantes;— les réduits de places d'armes.
Tenaille. — Cet ouvrage est une masse de terre desti-
née à couvrir l'escarpe de la courtine qui, à cause de l'élar-
gissement du fossé en ce point, est plus exposée aux coups
de l'artillerie que les faces des bastions. Bien que, par sa
position rentrée, la courtine ne soit pas une partie de la for-
tification où la brèche soit favorable, il faut' cependant la
protéger contre le canon.
Le tracé de la tenaille,peut être une simple ligne droite
parallèle à la courtine, ou une ligne brisée formée de deux
faces aboutissant aux angles d'épaule des demi-bastions.
C'est à cette forme, qui est la plus habituellement employée
pour ce dehors, que la tenaille doit son nom. Elle peut aussi
se retourner à ses extrémités, parallèlement aux faces ou
aux lianes, en affectant la forme d'un tracé bastionné,
comme l'indiquent les figures i56 (page 33o bis) et i56 bis
(page333).
Dans les anciennes fortifications, la tenaille recevait un
profil défensif, et ses crêtes étaient tenues à 3 ou 4 mètres
environ au-dessous de celles de la courtine, car elles ne
sont pas destinées à exercer une action sur l'extérieur. Le
massif de terre de la tenaille était alors soutenu, en avant et
en arrière, par des murs de revêtement laissant, entre eux et
l'escarpe de la courtine et des flancs, un fossé de io mètres
de large environ. Une partie de ce fossé est en angle mort,
et c'est là un des inconvénients de ce premier dehors.
Ultérieurement, la tenaille a été le plus souvent réduite au
rôle de simple masse couvrante; sa partie tournée vers l'ex-
térieur est alors au talus naturel des terres.
Demi-lune. — Le dehors le plus important du front
bastionné est la demi-lune. C'est un ouvrage affectant la
332 2e PARTIE —- FORTIFICATION PERMANENTE
forme.d'un redan, dont les faces viennent ficher sur celles
des bastions, à une certaine distance de l'angle d'épaule,
et dont le saillant est situé à 80 ou 100 mètres en aArant du
côté extérieur. Le fossé qui entoure la demi-lune débouche
dans celui du corps de place; les deux contrescarpes se réu-
nissent : celle du corps de place étant interrompue sur
toute, la largeur du fossé de ce second dehors.
Les demi-lunes fournissent des feux croisés très puissants
en aA'ant des saillants des bastions, suppriment par suite
les secteurs privés de feux qui s'y trouvent, et donnent au
tracé bastionné tous les avantages du tracé tenaillé. De
plus, lorsque les côtés extérieurs de deux fronts adjacents
font entre eux un angle voisin de 1800, les demi-lunes de ces
deux fronts placent le bastion qu'elles comprennent dans
une sorte d'angle rentrant et augmentent les difficultés d'ap-
proche. Mais, pour donner ces propriétés à la demi-lune,
on a été conduit parfois à porter son saillant à une grande
distance en avant du côté extérieur, ce qui a pour effet de
rendre ses faces très longues et très enfilables.
Les crêtes de la demi-lune sont plus basses que celles du
corps de place. C'est une application du principe, énoncé
précédemment (chap. XXI, page 3i6), que les ouvrages
placés en arrière doivent toujours avoir un commandement
sur ceux qui sont en aArant, afin de pouvoir contre-battrc
dans de bonnes conditions les retranchements que l'ennemi
tentera d'y établir lorsqu'il s'en sera emparé. (Exception
est faite pour la tenaille, dont le rôle se borne à celui de
masse couvrante, et qui gênerait lé flanquementdes fossés, si
son relief était déterminé d'après le principe général que l'on
vient de rappeler.)
Le saillant de la demi-lune est, en nombre rond, de
1 mètre
plus bas que le saillant des bastions : soit 6 mètres
environ de relief ; les extrémités de ses faces sont à 5o cen-
timètres en dessous du saillant : soit 5m 5o de relief. La
pente ainsi donnée aux crêtes de l'ouvrage a pour but de
faciliter le défilement de son terre-plein.
TRACE BASTIONNE
Le profil de la demi-lune est un peu plus faible que celui
du corps de place; le fossé peut être un peu moins large et
l'escarpe moins haute. •
tions, pour fermer les trouées qui existent entre les flancs
de ceux-ci et la tenaille. De cette manière, le fossé de ce
dehors est bien flanqué par le corps de place ; mais cette
disposition a l'inconvénient de découvrir l'escarpe du bas-
lion sur toute sa hauteur, dans le prolongement du fossé de
la demi-lune ; et, lorsque l'ennemi est entré dans ce dernier
334 2e PARTIE FORTIFICATION PERMANENTE
fossé, il pénètre sans difficulté dans celui du corps de
place, qui est de niveau avec le précédent.
Pour obAÙer à ces inconvénients, la meilleure solution,
qui est due au général Noizet, consiste à placer dans le
fossé de demi-lune un glacis-masque (fig. i56 bis), terminé
par un mur sur le fossé du corps de place, et formant un
long plan incliné battu par la crête du bastion, lorsque
celle-ci tire dans la direction du saillant de la demi-lune.
Afin d'éviter de supprimer l'obstacle, entre la demi-lune
et le chemin couvert, on a soin de ne donner à ce glacis-
masque qu'une hauteur inférieure de 3 à 4 mètres à celle
de l'escarpe de la demi-lune, ou, mieux encore, de laisser
entre les deux un fossé de 4 mètres de large. Plus simple-
ment, on peut rendre indépendants les fossés de la demi-
lune et du corps de place, en conservant entre eux une
différence de niveau de 2 mètres ; ou accepter franchement,
ce qui s'est fait encore assez souArent, les inconvénients pro-
venant de leur communication directe, pour éviter les com-
plications du glacis-masque ou des autres dispositifs du
même genre.
Contre-garde. —.
La contre-garde est un ouvrage
qu'on place dans le fossé, parallèlement aux faces des bas-
tions, dont il est destiné à redoubler les feux. Il a de plus
l'avantage de protéger l'escarpe des bastions, car le fossé
qui le sépare de ce mur peut n'avoir que 10 à 12 mètres de
largeur, en reportant en avant de la contre-garde le fossé
plus large formant obstacle. Il est vrai que cette disposition
n'est pas toujours employée : les deuxfossés sont flanqués
alors par le même flanc. Si, comme dans la figure i56
(page 33o bis), la contre-garde est rejetée en avant, son fossé
est flanqué par la demi-lune. Les crêtes de la contre-garde
sont tenues à 1 mètre environ au-dessous des crêtes du bas-
tion. Cet ouvrage n'a pas été fréquemment employé, parce
qu'il augmente la profondeur de la fortification sans donner
de feux dans des directions nouvelles; il n'a que le seul
avantage de protéger l'escarpe des bastions.
Ouvrages intérieurs
On donne le nom d'ouvrages intérieurs à divers retran-
chements établis à l'intérieur même du corps de place. Les
plus usités dans les fronts bastionnés sont : les cavaliers,
les retranchements intérieurs et les réduits.
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ÉTUDE DE QUELQUES TRACÉS BAST10NNÉS 34g
déjà plus dans ses derniers tracés et disparaît après lui. La
crête intérieure du corps de place est à 8 ou g mètres au-
dessus du sol naturel, de manière à avoir un fort comman-
dement. Le fossé a 5™ 5o environ de profondeur et l'escarpe
10 mètres de hauteur, non compris le mur de soutènement
du parapet ; la largeur du fossé atteint 3o ou 4o mètres.
Les flancs des premiers ouvrages construits par Vauban
portent en saillie, sur le tiers environ de leur longueur, une
portion arrondie à laquelle on a donné le nom d'orillon
{fig. J63). Les orillons étaient destinés à protéger, contre
les coups de l'artillerie ennemie, le flanc proprement dit,
placé en arrière dans une partie rentrée, et affectant un
tracé courbe qui augmente sa longueur de crête et le ga-
rantit contre les feux d'enfilade. Cette disposition fut aban-
donnée dès que l'expérience eut démontré que l'orillon était
rapidement démoli par l'artillerie assiégeante ; elle avait
cependant l'avantage de bien couvrir le débouché des esca-
liers conduisant au fossé, placés dans le revers de l'orillon.
La tenaille affecte la forme bastionnée.
Dans les premiers tracés, la demi-lune n'a pas de réduit,
mais elle est, parfois, munie de flancs parallèles à la capi-
tale, destinés à prendre à revers les brèches au saillant du
bastion. Plus lard, Vauban imagina le réduit de demi-lune,
en lui donnant une étendue assez restreinte. On remarquera
que dans ces tracés (fîg. i63) la saillie de la demi-lune, sur
le côté extérieur, est assez faible : elle dépasse rarement
8o mètres; celte disposition avait pour effet de la mieux
garantir des coups d'enfilade.
Le premier système de Vauban ne comprend pas d'autres
dehors. Les fossés de tous les ouvrages communiquent entre
eux, ce qui est un inconvénient. Les communications sont
peu couvertes, car la double caponnière n'existe pas. C'est,
en somme, d'après ce qui précède, un tracé identique, sauf
quelques détails, à celui qui a été étudié comme front-type
dans le chapitre précédent; et, en effet, les successeurs de
Vauban n'ont fait autre chose que de perfectionner ce nou-
350 2e PARTIE •
FORTIFICATION PERMANENTE
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Fig. 166. — Profil dans le front de Neuf-Brisach. Échelle du (j^g).
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TRACÉ POLYGONAL 363
perpendiculaire à la tête de caponnière, et profondes de
2m5o à 3 mètres. Le mur de tête de la caponnière, qui ferme
ces voûtes, est percé de créneaux permettant aux tireurs de
battre le fossé.
Ces créneaux sont de formes diverses.
Il en existe de verticaux (fig. iy5), formés de deux plans
Fig. 177. —•
Créneaux-mâchicoulis.
Ouvrages intérieurs
Dehors
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ÉTUDE DE QUELQUES TRACÉS POLYGONAUX 383
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388 2e PARTIE FORTIFICATION PERMANENTE
casematée placée au saillant qui est à 7m 5o au-dessus du
sol; le réduit du ravelin a 6 mètres de hauteur de crête.
Les communications sont les suivantes : on traverse le
corps de place sous des poternes ayant leur entrée dans le
talus intérieur du cavalier central, et on passe le fossé plein
d'eau de la caponnière sur des ponts mobiles. Si on veut se
rendre au ravelin, on suit les extrémités du massif de terre
formant corps avec l'organe de flanquement et, après avoir
franchi le fossé sûr un pont, on arrive sur une sorte de jetée
rattachée au massif du ravelin et permettant d'entrer dans
cet ouvrage ou dans son réduit, puisque les deux ne sont,
séparés que par un fossé sec d'une faible profondeur.
Enfin, pour aller dans le chemin couvert, on passe à l'ex-
trémité des faces du ravelin, derrière les retours destinés
au flanquement du fossé, et on pénètre dans la place d'armes
rentrante en passant sur un pont. Une sortie de chemin
couvert débouche, en face de ce pont, dans le parapet de la
place d'armes, et le passage est couvert par une levée de
terre.
Les progrès de l'artillerie laissaient encore, avant i885,
une grande valeur aux fronts d'Anvers; assurément, les
maçonneries des organes de flanquement étaient vulné-
rables et auraient assez mal résisté au canon; mais, grâce
à la précaution qui avait été prise de surmonter les case-
mates d'un puissant massif de terre formant parapet, on
pouvait flanquer les fossés par la mousqueterie, même après
la destruction de ces organes.
La disposition d'ensemble du front et des dehors est
d'ailleurs excellente; la forme du ravelin est particulière-
ment originale et remplit bien le but cherché, de flanquer
les abords du corps de place sans donner trop de profondeur
à l'ouvrage. Le profil du corps'de place et du ravelin, avec
escarpe à terre coulante et large fossé plein d'eau, est une
heureuse utilisation des forces naturelles du site et rend
toute cette fortification invulnérable à l'artillerie. Enfin, l'al-
ternance des fossés secs et pleins d'eau, entre les différents
ÉTUDE DE QUELQUES TRACÉS POLYGONAUX 38g
dehors, a pour effet de rendre les cheminements plus diffi-
ciles et contribue à renforcer la position. Le massif des
terres du cavalier est utilisé pour loger des abris casemates.
Des abris
Les dispositions précédentes (traverses, parados, etc.)
suffisent pour défiler les défenseurs contre les coups tom-
bant sous une inclinaison inférieure à celle du 1 /4, mais ne
sauraient les protéger contre leurs éclats. Elles sont égale-
ment inefficaces contre les projectiles lancés par les mor-
tiers et tombant sous des inclinaisons très voisines de la
verticale.
Pour se protéger contre ces derniers, on a reconnu, de
tout temps, la nécessité d'installer sur la fortification des
locaux voûtés, à l'épreuve de la bombe, donnant abri aux
hommes, au matériel ainsi qu'aux approvisionnements de
toute espèce.
Carnot et Montalembert signalaient déjà le manque
ORGANISATION INTÉRIEURE DES OUVRAGES 4«7
d'abris dans les ouvrages de leur temps, et préconisaient
de nombreux locaux voûtés de toute nature. A cette époque
et avant l'invention de l'artillerie rayée, il suffisait d'avoir
une voûte de i mètre d'épaisseur pour arrêter tous les
projectiles. Après l'adoption de l'artillerie rayée, il fallut
recouvrir ces voûtes d'une couche de terre de i mètre
pour en assurer la conservation, et, dans la période
de 1870 à i885, on avait porté cette épaisseur à 2 et
3 mètres pour les locaux ordinaires, et 4 à 5 mètres
pour les magasins à poudre. C'est dans ces conditions
qu'on a organisé les traverses-abris dont il a été question
ci-dessus, ainsi que tous les nombreux locaux qui étaient
installés dans les fortifications de cette époque et qu'on va
passer rapidement en revue.
On peut diviser les abris en question en trois catégories,
savoir :
i° Ceux qui, devant servir de logement aux troupes de
la garnison ou abriter certaines denrées alimentaires dont il
importe d'assurer la bonne conservation, ont besoin d'être
aérés et bien éclairés par la lumière du jour;
20 Ceux qui sont destinés aux approvisionnements (pro-
jectiles) et au matériel, et qui peuvent indifféremmentêtre
ou n'être pas éclairés directement;
3° Ceux qui doivent recevoir la poudre nécessaire à la
défense, et qu'il est indispensable d'enterrer de toutes
parts, de manière à les mettre complètement à l'abri du
canon ennemi.
Cour- de îa caserne
Fig. ig/|. — Abris. Plan.
ORGANISATION INTÉRIEURE DES OUVRAGES 4û9
de 6 mètres de largeur sur 3 mètres à 3m5o de hau-
teur, auxquelles on donne une longueur variable de 10 à
20 mètres, suivant la place dont on dispose. Ces voûtes
sont accolées les unes aux autres et superposées sur deux
ou trois étages. Celte disposition est économique, car il
suffit évidemment que l'a voûte supérieure soit à l'épreuve
INSTALLATION DE L'ARTILLERIE
DANS LES OUVRAGES DE 1870 A 1885
Noyau central
Ouvrages avancés
Forts détachés
D'après ce qui précède, le principal but des forts déta-
chés est de mettre la place qu'ils entourent à l'abri d'un
bombardement immédiat; mais ils possèdent en outre des
avantages d'une autre espèce qu'il est important de mettre
en relief.
Ils étendent considérablement le périmètre de la place et
obligent de la sorte l'assiégeant à un plus grand déploie-
ment de forces et à l'exécution de travaux beaucoup plus
développés, comme cela sera mis en évidence dans la
IIIe partie (Attaque des places).
S'ils occupent dans la campagne des points culminants, ils
ont des Arues très étendues, souvent très efficaces, et peuvent
servir à maîtriser les A'oies de communication dans un rayon
parfois assez grand autour de la place ; ils lui permettent
ainsi d'exercer une protection immédiate sur le point occupé
et une action offensive sur les environs.
Laissant entre leur ligne et la Aille une étendue de terrain
assez considérable, dans laquelle l'ennemi ne peut tenter
aucune action ayant chance de succès, si la garnison est
vigilante, ils permettent aux défenseurs d'accumuler des
approvisionnements, et facilitent leur entretien. De cette
zone de terrain dont la possession leur est assurée, les
troupes mobiles de la défense peuvent exécuter des coups
de main sur celles de l'attaque, les harceler, tenter de percer
leurs lignes : en un mot, leur causer des dommages et des
fatigues incessantes qui peuvent devenir un grand embarras
pour l'assiégeant.
Par contre, les forts ont aussi quelques inconvénients.
426 2e PARTIE FORTIFICATION PERMANENTE
L'accroissement qu'ils donnent au périmètre défendu en-
traîne a immobiliser dans les places des garnisons très nom-
breuses. Leur construction est très onéreuse. La ligne qu'ils
constituent étant généralement insuffisante pour protéger
la place contre un coup de main, le défenseur est dans l'obli-
gation d'exécuter de nombreux travaux dans les inter-
Aralles, et la garnison d'être continuellement, en alerte pour
les surveiller. Cette dernière critique vise spécialement les
forts construits de 1870 à i885.
Malgré ces défauts, dont le premier a pour conséquence
de réduire dans un grand pays comme le notre l'effectif des
troupes disponibles pour les opérations en campagne, la
nécessité d'avoir des forts détachés autour d'une place est
reconnue de tous aujourd'hui. Nul ne songe à la contester,
quelques critiques qu'aient pu soulever les dispositions
adoptées dans certaines constructions.
Citadelles
On désignait, autrefois sous le nom de citadelle un ou-
vrage, fermé de toutes parts, établi sur l'enceinte même de
la place et organisé de manière à servir de grand réduit à
la garnison après la chute de celle enceinte. La citadelle
ainsi définie était séparée des maisons de la ville par un
grand espace A'ide nommé esplanade, assurant un champ
de tir en avant des fronts tournés vers l'intérieur de la
place.
On n'a pas construit d'ouvrages de ce genre depuis de
longues années. Les citadelles actuellement existantes
remontent donc toutes à une époque reculée, et elles se-
raient aujourd'hui hors d'état de rendre les services qu'on
s'était alors proposé d'en obtenir.
On ne peut admettre, en effet, qu'il y ait UArantage à en-
fermer la garnison de la place dans un ouvrage de ce genre
et possibilité d'y soutenir un siège, car l'action des deux
ORGANISATION DES PLAGES MODERNES 427
artilleries (celle de l'attaque et celle de la défense) sur
les maisons de la ville aurait rapidement pour résultat de
ruiner celle-ci de fond en comble. Il faut donc maintenant
étendre le sens du mot « citadelle » dans la même pro-
portion qu'on a étendu celui du mot « place forte », et
comprendre sous cette désignation l'ensemble des forts
restés au pouvoir du défenseur après la chute du noyau cen-
tral. On peut organiser du reste, à l'aArance, quelques-uns
des forts pour remplir ce rôle ; et çiest ce qui existe déjà
,
Voies de communication
Fig. 199. — Forl. avec crèlc haulç d'artillerie el. crète basse d'infanterie.
Fig. 200. — Fort avec crête basse d'artillerie et massif central à profil défensif.
Entrées
L'entrée des forts est placée sur la face la moins exposée
aux coups de l'ennemi, sur la gorge par conséquent. On
choisit un rentrant s'il y en a un, comme cela a lieu, par
exemple, lorsque le tracé de la gorge est bastionné ou
tenaillé.
On couvre le débouché de la route d'accès par un petit
ouvrage, flèche ou redan, contenant un corps de garde
chargé de la surveillance, et dont les crêtes sont disposées
ORGANISATION DES PLACES DE 187O A 1885 443
de manière à prendre d'enfilade une partie au moins de
cette route.
Pour se rendre du corps de garde ou de l'ouvrage dans
l'intérieur du fort, on traverse un pont dormant ou pont
fixe, puis un pont-levis.
La figure 201 montre la disposition d'un de ces engins. Il
se compose essentiellement d'un tablier en bois, de 4 mètres
Approvisionnement en eau
L'approvisionnement en eau est une question de pre-
mière importance dans l'établissement d'un fort, car il n'est
pas possible d'admettre que la garnison soit obligée de se
procurer, au dehors, cet élément indispensable à son exis-
tence. Lorsqu'il n'existe pas de nappes souterraines ni de
sources permettant de créer des puits, on creuse des citer-
nes disposées de manière à recevoir l'eau qui tombe sur
toute la surface du fort, et, à cet effet, les chapes des voûtes,
c'est-à-dire les enduits en ciment ou en bitume qui en
recouvrent l'extrados, sont disposées de manière à former
une série de plans inclinés sur lesquels cette eau s'écoule et
vient se rassembler dans les citernes.
Dehors
Les seuls dehors qui aient été conservés dans les forts
détachés de cette époque sont une petite place d'armes des-
ORGANISATION DES PLACES DE 187O A l885 445
tiuée à en couvrir l'entrée, et un chemin couvert entourant
tout l'ouvrage.
Ce chemin couvert n'est lui-même souvent qu'un simple
corridor de surveillance, c'est-à-dire que l'on réduit son
terre-plein à 2 mètres de largeur, afin de rapprocher la crête
couvrante du mur d'escarpe, de manière à le mieux protéger.
Il y a cependant un assez grand intérêt à posséder autour
du fort un ouvrage donnant une liaison avec le terrain
extérieur.
.
Le fort est quelquefois placé sur un piton isolé dont il ne
peut occuper toute l'étendue et dont les pentes échappe-
raient ainsi aux vues de l'ouvrage. On place alors un avant-
chemin couvert bordant la crête militaire et entourant à la
fois le fort et les batteries annexes qu'il comporte. Le fort
Manstein à Metz (F. chap. XXXVI) offre un exemple de
cette disposition. .
Communications extérieures
Les différents ouvrages constituant un même ensemble
sont reliés entre eux et avec l'ouvrage principal par de
bonnes communications, bien défilées des vues de l'ennemi
et soigneusement entretenues. On avait prévu depuis plu-
sieurs années l'emploi de voies ferrées portatives, telles que
la voie Dccauville, pour faciliter le service des pièces ainsi
que les mouvements de matériel. La nécessité de ces engins
est généralement reconnue aujourd'hui et on a étudié leur
application dans toutes les places.
(l) Le béton armé est obtenu par l'incorporation, dans le béton de ciment,, de
barres d'acier doux de 10 millimètres de diamètre. Les couches de béton de 10 a
20 centimètres d'épaisseur alternent, avec les couches de barres, disposées en deux
épaisseurs formant, im quadrillage d'environ 10 centimètres de côté.
LA FORTIFICATION DEPUIS l885 459
De ces deux conséquences résulte la nécessité d'appor-
ter des modifications dans l'organisation de la position prin-
cipale de défense, dans le rôle de ses différentes parties,
dans l'armement et l'agencement des forts et de leurs inter-
valles. On étudieraici, tout d'abord, les propositions faites,
tant en France qu'à l'étranger, en vue de rendre à la fortifi-
cation son ancienne Araleur, puis, la solution qui a été
adoptée par la France et, avec quelques variantes, par la
plupart des grandes puissances. On donnera nécessairement
plus d'importance à cette seconde partie.
CHAPITRE XXXIII
(') Dans l'étude qui va suivre il sera fréquemment question de coupoles, ton-
Telles et batteries cuirassées, dont on n'a pas parlé jusqu'à présent, mais ces
termes sont trop familiers aujourd'hui pour qu'il soit nécessaire d'en donner une
définition préalable. L'examen détaillé des dispositifs de ces engins lera l'objet
du chapitre XXXV.
LA FORTIFICATION DEPUIS 1885 461
l'aide de projecteurs » ('). Ce résultat ne peut être atteint
qu'en réduisant à 2 000 mètres environ l'écartement des
ouvrages principaux, et à la condition d'établir entre eux
un ouvrage intermédiaire.
Pour obvier à ces inconvénients, généralement reconnus,
divers systèmes ont été proposés qu'on peut ramener à trois
types principaux :
A) On substitue aux grands forts à larges intervalles une
série de petits ouvrages plus rapprochés, n'exigeant qu'une
faible garnison et capables de battre efficacement le terrain
qui les sépare les uns des autres. Ces ouvrages sont munis
d'artillerie sous coupole ;
B) Les forts actuels, convenablement aménagés, renfor-
cés par de nouveaux ouvrages, construits dans leurs inter-
valles, ne sont plus destinés qu'à battre la zone sur laquelle
ils sont établis et ne reçoivent plus, dès lors, que de l'infan-
terie avec quelques pièces.
La lutte d'artillerie est reportée sur une ligne de batteries
établie dans les intervalles de la ligne des forts cl protégée
par ceux-ci;
G) Enfin, on propose de modifier simplement l'organisa-
tion des forts, pour rendre à leur artillerie la protection
nécessaire, et de leur conserver leur ancienne mission.
Fig. 211. •—
Abris de combat, sous parapet.
Fig. 214. •—
Bouclier fixe à rabattement..
par une calotte métallique fixe, portant une fenêtre qui peut
être fermée par un volet en tôle.
Les guérites sont disposées sur la banquette, abritées
par le parapet en béton.
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4g8 2e PARTIE FORTIFICATION PERMANENTE
munitions ; ceux-ci prennent jour sur une cour intérieure
dont le fond est à 6 mètres au-dessous du sol ; les tourelles
sont placées à niveau du sol naturel.
CUIRASSEMENTS
Fig. 223. — Profil d'une batterie fixe cuirassée pour canons de 21e" (3/ioo).
1
Coupoles et tourelles
•
Fig. 224. — Tourelle de Saint-Cbamond.
MANUEL DE FORTIFICATION 33
5l-4 2e PARTIE FORTIFICATION PERMANENTE
chacun d'eux, que sous celui de la résistance aux projec-
tiles. On trouvera dans le n° 64g (3o juin 1886) de la Revue
militaire de l'Etranger, à laquelle ces renseignements sont,
empruntés, des détails circonstanciés sur les expériences
qui ont eu lieu à ce sujet et dont on se bornera à donner ici
un résumé succinct.
La justesse du tir des deux ouvrages est très comparable,
quoique un peu à l'avantage de la tourelle française ; mais
la rapidité est plus grande pour cette dernière, qui, dans un
tir rapide d'épreuve, put envoyer cinquante coups, tandis
que l'autre n'en tirait que quarante et un.
La durée du pointage, sur un but apparaissant soudain,
est en revanche moins grande pour la coupole, qui emploie
le pointage direct; mais il y a lieu d'observer que celui-ci
présente de sérieux dangers pour le personnel.
On fit tirer les pièces de chacun des deux engins; la
tourelle supporta cette épreuve sans être endommagée,
tandis que les voussoirs de la coupole se déplacèrent un
peu et que quelques boulons tombèrent.
Soumis au tir d'une batterie d'un canon de Bange de
i55mm et de deux canons Krupp de i5cm lançant des obus
de rupture en acier trempé, pesant, 4oksgoo pour les pre-
miers et 3g kilos pour les seconds, avec des vitesses respec-
tives de 470 et 480 mètres, les deux engins se comportèrent
comme il suit :
11 fallut tirer cinquante et un coups pour toucher trente
fois la tourelle, dans laquelle les obus pénétrèrent de 20 à
23 centimètres au maximum ; trois projectiles, tombant au
même point d'un joint, détachèrent un fragment de 26 centi-
mètres ; après ce tir, la tourelle fonctionnait encore parfai-
tement. La coupole, au contraire, en raison de sa forme
peu visible, exigea quatre-vingt-cinq coups pour être atteinte
trente fois. Les projectiles se brisèrent fréquemment, pro-
duisirent, des fissures et disjoignirent un peu les A'oussoirs,
sans cependant en percer aucun. Mais, en revanche, 1<;
mécanisme de la coupole était faussé et le choc des obus
CUIRASSEMENTS 010
déterminait à l'intérieur une véritable pluie de boulons,
dangereuse pour le personnel. Son tir, après cette épreuve,
perdit notablement de sa justesse.
On-,essaya ensuite la limite de résistance du cuirassement:
quarante-trois coups tirés contre un voussoir français l'at-
teignirent trente-trois fois et l'avaient pénétré de 4o cen-
timètres, en le fissurant, mais sans cependant déranger le
mécanisme intérieur. La coupole allemande reçut aussi
trente-trois projectiles qui exigèrent un tir de cinquante-
trois coups; au quinzième coup, la plaque extérieure de mé-
tal compound était arrachée sur i mètre carré de surlace ;
le fer laminé, mis à nu, se laissait pénétrer de 8 centimètres,
et si un second projectile était arrivé en ce point, il ruinait
la coupole.
D'autres épreuves furent encore subies, desquelles il
résulte que la forme sphérique des coupoles est plus avan-
tageuse que celle des tourelles cylindriques; que le fer
laminé a une résistance équivalente à celle du métal, com-
pound; que l'indépendance du canon et du cuirassement
semble préférable à là liaison de ces deux éléments, en ce
qu'il donne plus de justesse au tir. Ces expériences n'ont
pas d'ailleurs affirmé la supériorité absolue d'un des deux
systèmes présentés sur l'autre.
Les forts à fossés pleins d'eaà (flg- a3/j) sont tout à l'ait
analogues aux précédents, quant à la disposition générale et
à la forme.
Le Jlanquemenl des fossés de tête est assuré par une sorte
de place d'armes située au saillant dont les lianes casemates
donnent des feux de revers sur ces fossés ; les flancs de l'ou-
vrage sont flanqués par des ailerons. Les locaux d'habitation
sont répartis sous le front de tête dans les forts situés sur la
rive gauche du Rhin ; sous le front de gorge dans ceux de la
rive droite.
Les ouvrages intermédiaires, à fossés secs, sont repré-
.
sentés d'une manière sommaire dans la figure 235 ; ils affee-
PLAGES DE METZ ET DE STRASBOURG 543
tenl. la forme d'une lunette trapézoïdale ; la crête du front
de tête a 70 mètres; celle des lianes, 4o mètres environ; celle
MANUEL DK FOnTIFICATIOX 35
CHAPITRE XXXVII
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DÉFENSES ACCESSOIRES
DANS LA FORTIFICATION PERMANENTE
Plantations
On peut employer les plantations de diverses manières,
suivant les parties des ouvrages sur lesquelles on les établit.
Sur les bennes des talus, des haies vives retiennent bien
les terres éboulées et forment obstacle à la marche de l'en-
nemi au moment de l'assaut. Il y a longtemps déjà que
Vauban les préconisait; il en avait fait établir lui-même sur
les fortifications de Neuf-Brisach.
Dans le but de retenir les terres, on emploie également
DÉFENSES ACCESSOIRES 557
avec succès, sur les talus mêmes, des plantations d'arbres
à racines rayonnantes, tels que les acacias.
Sur les glacis, ces mêmes arbres à haute tige et à racines
nombreuses ont, sans gêner les vues de l'ouvrage, l'avan-
tage de remplir le terrain de souches et de racines rendant
fort difficiles les travaux de sape et retardant d'une manière
très appréciable la marche de l'ennemi.
Sur les plongées, entre les traverses, des haies vives assez
touffues pour former un rideau, tout en permettant aux
tireurs de faire le coup de feu au travers, dissimulent très
heureusement l'espèce d'embrasure que dessinent deux tra-
verses voisines, en se découpant sur le ciel.
Enfin, d'une manière générale, on ne saurait planter trop
d'arbres, en temps de paix, dans l'intérieur des ouvrages.
On peut arriver ainsi à masquer les différents massifs de
terre, et, si ces arbres viennent à gêner au moment d'un
siège, ce ne sera pas alors une grosse besogne que de les
abattre; le bois provenant de cet abatagc trouvera d'ailleurs
toujours un emploi avantageux pour la défense.
Tout ce qui précède s'applique aux ouvrages anciens
dont les parapets sont en terre et qui comportent des cours
intérieures ; il va de soi que les forts en béton du genre de
ceux de Molsheim dont il est question au chapitre précédent
ne comportent plus de plantations qu'à l'extérieur, pour
masquer leur emplacement.
Inondations
Lorsque les places fortes sont établies sur un cours d'eau,
on peut toujours tirer parti de ce dernier en créant des
inondations qui augmentent leur valeur défensive. Il faut
di re cependant que cette opinion n'est pas unanime ; certains
militaires prétendent que les inondations autour des places
fortes sont plus nuisibles qu'utiles, parce que, si elles gênent
considérablement les mouvements de l'ennemi, elles oppo-
OOO 2e PARTIE FORTIFICATION PERMANENTE
sent le même obstacle au défenseur, l'empêchent de faire
des sorties, sont un danger sérieux pour la place quand il
gèle, etc. Il y a évidemment quelque chose de fondé dans
ces objections ; elles ne paraissent point cependant avoir
prévalu, car dans toutes les places établies en site aquatique,
on a cherché à utiliser les inondations.
On distingue, en principe, deux sortes d'inondations :
celle d'amont et celle d'aval.
La première est établie au moyen d'une digue de retenue
placée au point où le cours d'eau entre dans la ville ; elle
s'étend en amont, d'autant plus loin que le pays est plus
plat et la digue plus haute ; elle est facile à conserver, puis-
que le défenseur en tient la clef entre ses mains.
La seconde s'obtient en plaçant,en aval et aune distance
assez grande, une digue protégée par des ouvrages spéciaux;
elle accumule l'eau entre la place et la digue ; elle demande
plus de travail pour son établissement et peut être saignée
plus aisément par l'ennemi. On ne l'établit généralement
qu'à défaut de la précédente.
Systèmes de mines
On appelle système de mines ou, plus exactement, de
contre-mines, un ensemble de dispositions préparées à
l'avance pour. installer, sous les glacis de la fortification,
des charges de poudre oxifourneaux, dont l'explosion, pro-
voquée en temps opportun, jette le trouble dans les travaux
de l'assiégeant et l'oblige à entreprendre une guerre souter-
raine, toujours fort longue, qui permet à la défense de
gagner du temps.
560 2e PARTIE ;— FORTIFICATION PERMANENTE
En étudiant, dans la IIIe partie, les dernières périodes
d'un siège, on verra les effets produits par ces fourneaux et
les différentes manières de les établir. On se bornera donc à
indiquer ici l'installation générale des systèmes de mines
permanents.
Le but de ces constructions esl, de faciliter au défenseur
l'établissement,en temps opportun, des galeries et fourneaux
qui peuvent lui devenir nécessaires, et non point de prépa-
rer, dès le temps de paix, un système complet qu'il suffirait
de mettre en oeuvre au moment voulu. Une organisation
aussi perfectionnée ne serait pas possible, car l'action des
fourneaux doit être dirigée contre les travaux mêmes de l'en-
nemi : il faut donc laisser au système de mines assez d'élas-
ticité pour se plier aux exigences résultant des dispositions
prises par l'adversaire. Le seul but à poursuivre est, par
conséquent, de s'assurer la possession du terrain inférieur,
dans un rayon de 60 à 80 mètres environ en avant des crêtes
du chemin couvert.
Les systèmes de mines, ayant une action purement locale,
ne seront établis sur l'enceinte d'une place forte que dans
les secteurs présumés d'attaque. Dans les forts détachés au
contraire, où, comme on le verra pjus loin, cette attaque
doit nécessairement se développer sur tout le périmètre de
l'ouvrage, il y aura lieu d'en organiser devant, chacun des
saillants du front de tête.
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CHAPITRE XLI
Préliminaires
L'étude de la fortification permanente a pour complément
indispensable celle de l'attaque et de la défense des places
fortes, branche de l'art militaire à laquelle on donnait autre-
Ibis le nom de polioreéUqâe. C'est évidemment en examinant
les dispositifs employés pour s'emparer d'une forteresse et
les difficultés que rencontre leur application qu'on peut se
bien rendre compte de la valeur des fortifications.
Comme guides dans cette étude, on possède maintenant
l'Instruction générale du 4 février 1899 sur la guerre de
siège et le siège tout récent de Port-Arthur dont, malheu-
reusement, tous les faits ne sont pas encore connus avec
'précision. L'expérience à tirer des sièges plus anciens est
insuffisante par suite des progrès considérables réalisés par
l'artillerie et des modifications apportées dans l'organisa-
tion de la fortification. Ceux de Sébastopol et de la guerre
de 1870-1871 sont du nombre, et les conclusions qu'on en
peut tirer ont perdu une partie de leur valeur. D'ailleurs,
5t)2 3e PARTIE ATTAQUE ET DEFENSE DES PLACES
(') Voir, pour la prise de Kars, le, rapport du lieutenant iln génie américain
Urncne, publié par M. le i|énéra! J'ierron, dans ses Méthodes (lit guerre (t. lit,
'" parlie, p. 780).
(;02 3e PARTIE ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
cultes dans les retranchements, mais ils durent soutenir des
combats meurtriers pour s'y maintenir.
Au fort Kanly notamment, dans lequel une caserne for-
mant réduit balayait de ses feux l'intérieur de l'ouvrage, la
lutte fut longue et pénible, el, pendant quelques heures,
alors que tous les forts de la rive droite étaient aux mains
des Russes, trois cents défenseurs tenaient encore dans ce
réduit.
Ce fait met en éA'idence l'utilité de pareilles constructions
dans l'intérieur des ouA'rages dépourvus de. fossés et d'es-
earpes capables de les mettre à l'abri de l'escalade. La
chute rapide des autres forts fait ressortir non moins claire-
ment la nécessité de munir les ouvrages de la fortification
permanente de solides obstacles défiant les tenlatiAres du
genre de celle dont il est ici question. Si l'on objecte que
le fort de Karadagh, le plus important et le plus complet,
fut enlevé par surprise el presque sans coup férir, malgré
ses escarpes et ses fossés, il est facile de répondre qu'en
effet la fortification la mieux organisée ne se défend pas
toute seule, et qu'un ennemi entreprenant et audacieux
insultera toujours aisément celle dont le défenseur manque
de vigilance et de valeur.
En résumé, le succès de cette importante affaire a été
obtenu par la combinaison des deux modes d'attaque irré-
guliers étudiés dans ce qui précède : la surprise et la vive
force. Il fait le plus grand honneur aux troupes russes,
mais il serait évidemment, téméraire de prétendre l'ériger en
méthode de siège régulière. Les Japonais en ont fait la dure
expérience devant Port-Arthur. Une attaque de vive force,
tentée quelques jours après l'investissement, aArec trois divi-
sions, leur coûta i5ooo hommes et ne leur donna d'autre
résultat que la prise de deux redoutes semi-permanentes
(Voir chap. L).
On a A'u, dans la deuxième partie, que les fossés des ou-
vrages détachés autour des places avaient en général une
largeur très réduite, surtout aux abords des caponnières ou
MODES D'ATTAQUE IRRÉGULIERS 6O3
autres organes de flanquement, afin de mieux défiler les
escarpes ou. autres maçonneries placées dans le fossé.
Cette circonstance a fait naître l'idée de construire des
dispositifs de franchissement plus ou moins ingénieux, dont
le caractère principal est d'être très légers, afin qu'un petit
nombre d'hommes puisse les jeter en travers de l'obstacle
et fournir ainsi un passage aux colonnes d'assaut. Des expé-
riences de polygone ont prouvé qu'en quelques minutes on
pouvait arriver ainsi à franchir des fossés de 10 à 12 mètres
de largeur.
Bien que ces procédés ne puissent être préconisés comme
une méthode régulière, attendu qu'il suffit d'une garnison
Arigilante pour les déjouer, il n'importe pas moins d'entre-
tenir les troupes de toutes armés, et particulièrement celles
du génie, à leur emploi, en raison de l'avantage qu'on peut
éventuellement en obtenir.
(') Dans Strasbourg, bombardé 38 jours par les Allemands, il y eut 3oo per-
sonnes tuées et 800 blessées sur 68 000 habitants. Bdfort, bombardé 73 jours,
perdit 5o personnes par le feu, sur une population de 4 000 habitants. Il est
vraisemblable que les obus-torpilles auraient des effets plus puissants aussi bien
sur les habitations que sur les personnes.
6o4 3e PARTIE
—- ATTAQUE ET
DÉFENSE DES PLACES
l'ennemi contre lequel il s'exerce est démoralisé par des
défaites importantes et inattendues. En 1870, par exemple,
il a suffi d'un bombardement de quelques heures, exécuté
par de simples pièces de campagne el appuyé d'énergiques
sommations, pour amener la capitulation de certaines places,
et, en 1806, l'armée française, A'ictorieuse à Iéna, obtint sans
plus de.difficultés, des gouA'erneurs de Spandau, de Gustrin,
de Magdebourg, etc., la reddition des places qu'ils étaient
chargés de défendre.
Les bombardements seront sans doute à l'aA'enir aussi
fréquents que par le passé; ils seront d'ailleurs plus dange-
reux pour la Arille qui les subira, en raison de la puissance
des explosifs employés au chargement des projectiles.
Le bombardement est généralement précédé d'une som-
mation de capituler adressée au gouverneur; il est entrepris
dès que les àpproArisionnements de l'artillerie sont en quan-
tité suffisante et que leur renouvellement est assuré, attendu
qu'il entraîne à une forte consommation de munitions.
Investissement
La première opération du siège est l'investissement, c'est-
à-dire l'établissement de l'armée de siège autour de la place
et l'interruption des communications entre celle-ci et l'exté-
rieur.
La cavalerie de l'armée remplit, dans cette phase, un rôle
fort important ; elle doit, le plus rapidement possible, occu-
per les routes aboutissant à la place, couper les fils télégra-
phiques et les voies ferrées, sans toutefois détruire ces
dernières d'une manière définitive qui empêcherait leur uti-
lisation ultérieure par l'armée de siège ; s'opposer aux des-
Iructions, par la garnison, des oirvrages d'art, des approvi-
6l4 3e PARTIE
-— ATTAQUE ET
DÉFENSE DES PLACES
sionnements de toute nature qui pourraient servir à l'armée
de siège. Elle arrête tous les convois qui cherchent à entrer
dans la place, s'oppose à la sortie des habitants, intercepte
tous les courriers. Si la place est assise sur un cours d'eau,
elle s'efforce d'établir le plus tôt possible des communica-
tions d'une rive à l'autre hors de portée du canon et des
entreprises de. la place. Elle enveloppe celle-ci, en un mol,
d'un réseau à l'abri duquel l'armée de siège va opérer son
déploiement autour de la forteresse.
La cavalerie ne craindra pas de pousser des pointes har-
dies jusque dans l'intérieur de la zone occupée par le défen-
seur, car, celui-ci ne pouvant répartir également ses troupes
sûr tout le pourtour, il y aura forcément des points mal
gai'dés, par lesquels elle pourra parfois pénétrer pour aller
détruire les approvisionnements rassemblés, inquiéter les
troupes mobiles de la défense et agir autant que possible
sur le moral de l'assiégé. D'ailleurs, la certitude d'être for-
tement soutenue en arrière lui permettra de se montrer plus
entreprenante que jamais et de contribuer pour une large
part au refoulement, du défenseur.
(') Ce vill;i(fc l'ut néanmoins enlève brillamment par les troupes de Paris,
dans la nuit du Ier décembre.
SIÈGE RÉGULIER
— INVESTISSEMENT 626
(jiage 623 bis). La plus importante, située au nord-est du
village, en arrière du coude formé par la Marne, enfilait
tout le cours de la rivière en avant de Neuilly-sur-Marne et
rendait très difficile tout mouArement offensif de ce côté.
Une seconde batterie, également très forte, placée au sud
même du village, dans l'intervalle qui le sépare de Villiers,
battait tout le terrain au nord de Bry-sur-Marne et se trou-
vait couverte par la longue ligne d'abatis dont il a été parlé
tout à l'heure.
A i kilomètre au sud, le Arillage de Villiers-sur-Marne
formait le second point d'appui de cette deuxième ligne.
Le cimetière avait été fortement occupé, elles maisons exté-
rieures situées dans l'angle formé par les routes de Noisy et
de Bry, mises en état de défense. Le parc de Villiers, dont
les murs avaient été crénelés et organisés défensivement,
formait une espèce de grand ouvrage contre lequel vint se
briser l'élan des troupes françaises. Cette partie de la ligne
était appuyée par de puissantes batteries établies au nord-
est, au nord et au sud du village, et couvertes en général
par des lignes d'abatis. Une forte redoute, établie au nord
de Villiers, entre le parc et le cimetière, complétait l'orga-
nisation défensive de ce point.
Plus au sud, à 800 mètres eirviron, le petit A'illage de
Goeuilly et son parc constituaient, le troisième point fort de
la seconde ligne. A l'ouest et au sud de ce A'illage, la défense
avait utilisé des murs avancés et s'étendait presque jusqu'à
la route de Villiers à Chennevièrcs. Au nord, sa deuxième
ligne était formée par la lisière du parc deCoeuilly, qui bat-
tait très efficacement le terrain compris entre ce A'illage et,
celui de Villiers-sur-Marne. Deux batteries, bordant, les
crêtes de ce petit plateau, balayaient la vallée située en
avant A'ers l'ouest.
Dans l'intervalle, entre Coeuilly et Chennevièrcs, un peu
en arrière de Mon-Idée, une autre batterie enfilant la route
de Provins fermait la trouée comprise entre ces deux villa-
ges. Enfin, plus au sud encore, en arrière de Chennevièrcs,
MANUEL DE FORTIFICATION 40
626 3e PARTIE ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
.
grande ;
D'autres enfin, dites de démolition, seront destinées à rui-
ner les abris par le tir vertical des mortiers ; leur objectif
élant en général plus étendu que celui des pièces du même
genre dirigées contre les cuirassements, elles pourront en
être tenues plus éloignées que ces dernières.
Le service des hommes des batteries de siège est dirigé
par le commandant de l'artillerie du siège. En principe, les
mêmes unités d'artillerie à pied sont affectées aux mêmes
MANUEL DE FORTIFICATION 41
642 3e PARTIE ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
batteries ; elles sont secondées au besoin par des auxiliaires
appartenant à d'autres armes, mis à la disposition du com-
mandant de l'artillerie par le commandant du siège.
Parallèles et cheminements
Les travaux de sape sont de deux sortes. Les uns, les
cheminements, ou boyaux de communication, marchent
vers la fortification en décrivant des lignes brisées, dont
chaque élément forme avec la capitale de l'ouvrage sur
lequel il est dirigé un angle plus ou moins aigu. La suite
des cheminements dirigés vers un même but constitue une
attaque, placée sous les ordres d'un officier supérieur chef
d'attaque. Les autres, les places d'armes, ont une direction
générale parallèle au front des ouvrages attaqués, et consti-
tuent pour l'assiégeant des postes de combat dans lesquels
des fractions de la garde des approches, convenablement
abritées, assurent, aux travailleurs chargés de l'exécution
SIÈGE RÉGULIER TRAVAUX D'APPROCHE 647
des cheminements, une protection efficace. Lorsque la dis-
tance entre la dernière position d'approche et les travailleurs
tend à se rapprocher de celle qui sépare ceux-ci des ouvra-
ges de la défense, on constitue une nouvelle position d'ap-
proche en réunissant entre elles les places d'armes voisines
des diverses attaques (Jnst. sur le service du génie). Cette
position d'approche se nommait parallèle avant l'apparition
des instructions récentes: on lui conservera ici ce nom, resté
dans le langage courant et qui facilite l'exposition.
On voit de suite la différence essentielle qui existe entre
les cheminements et les parallèles, et il est facile de mettre en
évidence les considérations pouvant servir de guide dans
le choix de leurs emplacements respectifs.
Les cheminements, en effet, devant s'approcher de la
place le plus aisément et le plus rapidement possible, recher-
cheront de préférence les parties basses et défilées des abords
de la fortification.
Les parallèles, au contraire, dans lesquelles l'assiégeant
peut avoir à combattre, devront présenter les caractères
ordinaires des bonnes positions militaires et posséder, par
conséquent, des vues efficaces sur le terrain qui les sépare
de la place ; elles seront donc établies autant que possible
sur les crêtes, leur direction même suffisant d'ailleurs, le
plus souvent, à les bien défiler.
En ce qui concerne leurs profils, on comprendra de même
sans difficulté que, pour les cheminements, qui ne sont en
définitive que des passages destinés à permettre de circuler
à l'abri des vues du défenseur, on peut se contenter d'une
tranchée de 2 mètres de largeur au fond, tandis que, pour
les parallèles, qui doivent servir à la fois de communication
cl, de lieu de rassemblement pour les troupes, on sera obligé
de porter à 3 mètres la largeur de l'excavation.
Les uns et les autres, comme le montrent les figures 243
et 244, ont une profondeur commune de im3o près de la
niasse couA'rante, et de im4o au reA'ers, pour faciliter l'écou-
lement des eaux. Leur parapet a un relief uniforme de im3o
648 3e PARTIE
— ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
afin que rien, dans la masse des cheminements, ne décèle
au défenseur l'existence d'une différence quelconque. Une
benne de 4t> centimètres sépare toujours ce parapet du
talus intérieur de la tranchée.
Dans les parallèles, on installe souA'ent des abris pour les
hommes : les figures 245 et 245 bis montrent la disposition
qu'on peut leur donner. On remarquera que l'on y a conservé
Fig. 252. •—
Retour dans un boyau de communication.
Guerre de mines
En principe, la guerre souterraine, ou guerre de mines,
est ouverte par le défenseur, qui est prêt le premier, puis-
qu'il a un système de contre-mines déjà établi; d'ailleurs,
les lenteurs que comporte cette lutte sont préjudiciables à
l'assiégeant, dont l'intérêt est d'avancer aussi rapidement
que possible et d'éviter par suite un ralentissement de cette
nature. Toutefois, on a fait ressortir plus haut que, dans
certains cas particuliers, l'assiégeant pouvait être oblige
SIÈGE RÉGULIER TRAVAUX D'APPROCIIE 663
de recourir à ces moyens pour détruire les obstacles qui
s'opposent à sa marche.
Le premier travail à exécuter consistera dans la construc-
tion d'une place d'armes particulière, nommée le logement
des mines, d'où partiront tous les travaux ultérieurs desti-
nés à ruiner les galeries et rameaux du défenseur. Le loge-
ment des mines est flanqué, à droite et à gauche, par
d'autres places d'armes spéciales ou par la troisième paral-
lèle, dont.il a les dimensions.
Il faut ensuite aller chercher le dessous du terrain pour y
HAUTEUR LARGEUR
Brèches
Emplacements et dimensions des brèches. —
Faire brèche à un ouvrage, c'est en détruire les obstacles
et renverser les parapets sur une étendue suffisante pour
donner passage aux colonnes d'assaut. Les brèches sont
pratiquées sur les faces des oirvrages, parce que c'est dans
cette partie que leur accès présente le moins de difficultés.
On admettait encore dans l'instruction du 17 mai 1876 sur
SIÈGE RÉGULIER BRÈCHES 673
le service de l'artillerie dans les sièges qu'une largeur de
20 mètres était suffisante pour la brèche. Il serait prudent,
de doubler cette étendue afin de diminuer la profondeur
des colonnes d'assaut. D'ailleurs, la puissance des nouveaux
obus-torpilles rendra plus aisée qu'autrefois l'exécution de
la brèche sur une largeur suffisante.
Assaut
L'assaut est l'acte de vigueur qui doit terminer les opéra-
tions, il importe donc de le préparer aArec le plus grand soin
pour assurer son succès et épargner aux troupes de l'armée
de siège les pertes matérielles et le désarroi moral qu'un
échec entraîne aArec lui.
Il doit être donné sur tout le front de la ligne de défense
compris dans la zone d'attaque et, autant que possible, en
débordant et enveloppant les forts et points d'appui princi-
paux, de manière que les troupes puissent pénétrer par leurs
intervalles et aborder les ouvrages par la gorge.
L'instruction du 4 février 1899 fixe ainsi qu'il suit les con-
ditions à remplir pour donner l'assaut :
« L'artillerie de siège devra être en mesure d'écraser de
son l'eu les batteries que l'assiégé pourrait démasquer au
dernier moment et mettre en oeuvre contre les abords de la
ligne de défense ;
« L'assiégeant, par la supériorité du feu de toutes ses
armes, infanterie, artillerie de siège et de campagne, devra
678 3e PARTIE ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
être maître de rendre intenables pour les troupes de la
défense tous les terrains où elles se montreront à découvert;
« Les colonnes d'assaut devront disposer, sur tout le front
d'attaque, d'un nombre suffisant de chemins reconnus pra-
ticables, à travers les obstacles permanents ou improvisés
de la fortification. »
Ces obstacles peuArent non seulement être constitués par
les escarpes et contrescarpes, mais aussi par diverses défen-
ses accessoires, telles que réseaux de fil de fer notamment,
dont la destruction pourra être incomplète à la suite du tir
de l'artillerie. Il appartient alors aux. troupes de sapeurs-
mineurs, renforcées au besoin par l'infanterie, d'achever
cette destruction sur place, par des explosifs portés à la,
main ou par des forages rapides. L'exécution de ces pas-
sages, à proximité immédiate de la fortification, sera parti-
culièrement difficile; le règlement prescrit de les faire de
nuit, par surprise, ou de jour, en dirigeant un. feu Adolent
d'infanterie et d'artillerie sur toutes les parties des otwrages
ayant vue sur l'obstacle à détruire, de manière à les rendre
intenables au défenseur.
Si, à un moment quelconque du siège, on constate chez
l'assiégé une défaillance, que les fatigues et les pertes
des journées antérieures produiront sans doute plus d'une
fois dans des troupes mal commandées ou épuisées, on
n'hésitera pas d'ailleurs à donner l'assaut, sans attendre
que toutes les destructions matérielles aient été opérées. La
supériorité morale que donne une offensive A'igoureuse'
suffira dans ces conditions à déterminer le défenseur à la
retraite.
L'heure de l'assaut peut, être choisie, indifféremment à un
moment quelconque de la journée ou de la nuit ; l'essentiel
est de la tenir secrète et de masquer suffisamment les pré-
paratifs de l'opération pour que l'assiégé soit surpris. En
donnant l'assaut au lever du jour, on bénéficie de l'obscu-
rité de la nuit pour cacher les mouvements des colonnes,
mais parfois, comme à Malakoff, on agira en plein midi,
SIÈGE RÉGULIER
— ASSAUT 679
après aAroir trompé les défenseurs par des alertes inutiles
opérées à des heures A'ariables pendant les journées précé-
dentes. Ces alertes consistent en une suspension ou un allon-
gement, du tir; puis, aussitôt que l'infanterie de l'assiégé
vient occuper les remparts, on dirige sur elle un feu violent
de mousqueterie.
On profite d'ailleurs de ces alertes pour faire opérer par
des officiers et des détachements du génie la reconnais-
sance des chemins à suiATe par les diverses colonnes d'as-
saut, des obstacles qui peuArent s'y trouver encore, afin de
déterminer le matériel de franchissement ou les charges
d'explosifs à employer pour supprimer ces obstacles au mo-
ment où l'assaut sera donné.
-
que. Leur composition et leur formation sont déterminées
par la nature de l'objectif qui leur est assigné. Chacune
d'elles comprend un détachement du génie dont l'impor-
tance varie avec celle des obstacles à franchir; ces détache-
ments sont munis des engins de franchissement et des
explosifs dont la nature et l'importance sont déterminées à
la suite des reconnaissances préalables. Lorsque la colonne
est dirigée sur un ombrage armé d'artillerie ou sur une bat-
terie, on lui adjoint en outre un détachement d'artillerie à
680 3e PARTIE ATTAQUE. ET DÉFENSE DES PLACES
pied chargé de mettre le matériel hors de service. Enfin,
chaque colonne est dirigée par un ou plusieurs officiers
ayant reconnu l'itinéraire à suivre, de manière à éviter toute
erreur de direction.
ATTAQUES BRUSQUÉES
MANUEL DE FORTIFICATION 44
CHAPITRE XLVIII
Attaque
L'attaque d'un fort isolé débutera par une sorte d'inves-
tissement exécuté à uue distance relativement assez rappro-
chée, 8 ou 10 kilomètres par exemple, parce que dans ces
limites on trouvera toujours sur le terrain des couverts suffi-
sants pour protéger le mouvement de flanc du corps de
siège, et que l'effectif de la garnison est trop faible pour lui
permettre de tenter en rase campagne une action sérieuse
vouée d'avance à un échec certain.
Pour les mêmes raisons, les traAraux de la ligne d'investis-
sement se borneront à assurer la sécurité des parcs el des
cantonnements principaux, par l'organisation défensiA-c de
quelques localités, ou même par la construction d'ouvrages
peu nombreux sur les points à couvrir.
De même que l'investissement, la lutte d'artillerie sera
écourtée, car il sera généralement facile pour l'assiégeant de
716 3e PARTIE ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
développer autour de l'ouvrage une ligne de batteries com-
prenant un nombre de bouches à feu de beaucoup supérieur
à celui du fort.
Le tir sera dirigé de manière à détruire les canons de la
défense et à inquiéter la garnison dans ses abris. AlaA'érité,
ceux-ci sont en général construits de manière à présenter
leur façade ou leur côté vulnérable A'ers la partie du terrain
la moins favorable à l'établissement des batteries ; mais il
ne faut pas oublier qu'un tir dirigé contre la gorge d'un
ouvrage ou la façade d'une caserne, alors même que son
effet, matériel est insignifiant, produit toujours un très grand
effet moral sur la garnison.
Il faut observer également qu'en pays de montagne, où
ces forts sont établis le plus souvent, la construction et
surtout l'armement des batteries pourront présenter de très
sérieuses difficultés. Dans le cas particulier dont il est ques-
tion, le matériel de siège devra donc comprendre en plus
forte proportion les cabestans, treuils, chèvres et autres
machines facilitant les manoeuvres de force.
Mais, si l'ouvrage attaqué a reçu tous les perfectionne-
ments que l'ingénieur militaire peut trouver dans les ressour-
ces de l'industrie moderne; si son armement, son per-
sonnel, ses approvisionnements sont protégés par des abris
bétonnés ou des cuirassements à l'épreuAre des projectiles
les plus puissants, on n'en obtiendra pas la reddition par
l'effet d'un simple bombardement. Une attaque de Arive
force trouvera sans doute intacts les moyens d'action de la
garnison et aura bien des chances d'être repoussée. En
conséquence, devant un tel ouvrage, bien défendu, force est
de recourir à l'attaque régulière, de mettre en ligne les
bouches à feu de siège des plus gros calibres pour détruire
les organes du fort, et d'employer les travaux d'approche
pour s'en emparer.
Cependant, dès l'ouverture des travaux d'approche, et
dans le cours de la durée du siège, toutes les fois que les
circonstances atmosphériques seront favorables, on profi-
ATTAQUE ET DÉFENSE D UN FORT ISOLÉ 717
tera des moindres défauts de A'igilance de la garnison pour
tenter des actions de vive force ou des surprises dont,
comme cela a été expliqué dans le chapitre XLI {pages 5gy
et suiv.), l'assaillant peut retirer, en pareil cas, d'impor-
tants avantages.
En appliquant au cas du fort isolé le procédé employé
{page 6ig) pour l'évaluation de l'effectif nécessaire à l'inves-
tissement d'une grande place, on reconnaît qu'un corps de
3 000 à 4 000 hommes sera généralement suffisant, pour
mener à bien l'entreprise.
Défense
Pour qu'un fort isolé puisse utiliser jusqu'au bout les res-
sources de la fortification, il faut que ses approAdsionne-
ments soient considérables, puisque le défenseur n'a aucune
espérance de les renouA'eler. Oii peut donc poser en prin-
cipe que les magasins du fort devront contenir au moins
six mois de Arivres et des munitions en proportion.
La garnison devra être, en général, réduite au strict
minimum, pour la même raison. Elle aura détruit, en temps
opportun, les principaux ouvrages d'art existant sur les
routes ou voies ferrées que l'assaillant peut utiliser pour
amener son matériel. Elle aura dû repérer, dès le temps de
paix, les distances des points principaux à battre et, dès
que ses éclaireursj envoyés au loin, signaleront l'arrivée de
l'ennemi, elle ouvrira le feu de ses batteries, qui constitue
son principal et, pour ainsi dire, son seul mode d'action sur
l'assiégeant, puisqu'elle est trop faible pour agir en rase
campagne.
Pendant toute la durée du siège, les troupes occupant un
fort isolé devront montrer une vigilance excessive et ne
reculer devant aucune fatigue pour éviter les surprises. La
garnison ne peut ici espérer aucun secours, ni de l'intérieur,
ni d'une position en arrière analogue au noyau central des
7 18 3e PARTIE ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
grandes places. Elle trouve toutes ses ressources en elle-
même, et, par suite, si une action de vive force ou une sur-
prise venaient à donner à l'assaillant un pied dans l'ouvrage,
elle se trouverait en présence de troupes plus nombreuses,
encouragées par un premier succès, et ne serait presque
jamais capable de refouler son adArersaire.
D'ailleurs, cette surveillance de tous les instants est ici
d'autant plus indispensable que les nécessités du défilement
ont imposé à la fortification moderne l'obligation de réduire
assez sensiblement les dimensions de l'obstacle. Les fossés
actuels, dont la largeur dépasse rarement 12 à i5 mètres,
sont aisément franchissables, surtout si l'on emploie des
ponts volants très légers et d'un lancement facile, tels que
ceux qui ont été mis à l'étude dans ces dernières années chez
les diverses puissances.
A l'aide de pareils engins, on peut établir aujourd'hui en
quelques minutes, sur un obstacle aussi faible, une passe-
relle permettant à une troupe nombreuse de pénétrer à l'in-
térieur de l'ouvrage. On ne saurait, par conséquent, prendre
trop de précautions pour empêcher l'ennemi de les appro-
cher de la fortification.
Une vigilance constante est donc plus que jamais indis-
pensable, et pour l'obtenir, on dcArra non seulement multi-
plier sur les parties élevées des remparts les observateurs
attentifs et consciencieux, mais encore garnir le terrain
extérieur de nombreuses patrouilles et de sentinelles sans
cesse tenues en alerte, pour signaler et déjouer les tentati-
ves de cette espèce entreprises par l'assaillant.
Afin de faciliter cette besogne, les défenses accessoires
déjà connues (abalis, fil de fer, etc.) seront employées avec
grande efficacité, et il sera prudent, dès le temps de paix,
d'en entreprendre là construction autour des ouvrages de
la frontière placés en première ligne.
Le défenseur d'un fort isolé peut difficilement chercher à
étendre au loin son action par l'occupation de positions
avancées. Il exposerait trop les fractions de la garnison et a-
ATTAQUE ET DEFENSE D UN FORT ISOLE 719
blies sur ces points à voir leurs communications coupées, et
Je moral des hommes qui les composeraient se ressentirait
forcément de cet étal d'inquiétude. 11 devra cependant toutes
les fois que les circonstances s'y prêteront occuper des posi-
tions extérieures à proximité immédiate de l'ouvrage, de
manière à soustraire les hommes au séjour si pénible dans
les locaux casemates. Les sorties et les opérations exté-
rieures auront nécessairement une portée moindre que dans
une grande place, mais elles devront être faites toutes les
fois que l'occasion se présentera, afin de tenir la garnison
en haleine.
L'artillerie de l'ouvrage pourra rarement être mise au
dehors à cause de la difficulté qu'on éprouvera à la déplacer
avec les faibles moyens de transport dont on dispose ; il sera
donc indispensable qu'elle soit abritée le plus efficacement,
possible à l'aide des cuirassements. Si ceux-ci sont bons
el si les abris sont solides, le fort isolé offrira à l'assiégeant
un obstacle très sérieux et pourra longtemps déjouer ses
efforts.
L'assaillant, en effet, peut recourir à trois procédés pour
chercher à s'emparer du fort :
Le bombardement;
L'attaque de vive force ;
L'attaque régulière.
S'il est audacieux, il cherchera tout d'abord à enlever
l'ouvrage de vive force, après un bombardement violent par
une nombreuse artillerie de campagne ou lourde d'armée.
Pendant ce bombardement, le défenseur se terrera; il ne
dépensera pas ses munitions dans une lutte éloignée iné-
gale : il se préoccupera seulement d'interdire les Afoies de
communication par les bouches à feu affectées à ce service.
Ainsi, il ne souffrira pas trop du bombardement et, le mo-
ment de l'assaut arrivé, il se précipitera sur le parapet pour
arrêter l'assaillant, par ses fusils, ses mitrailleuses, ses
canons et ses grenades à main.
L'assaillant repoussé pourra alors (il l'aurait pu avant
720 0e PARTIE ATTAQUE ET DEFENSE DES PLACES
PORT-ARTHUR
721 bis
Presqu'île du Kouantong
72 2 3e PARTIE ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
principes émis au chapitre XXXIX sur l'organisation dey
places maritimes.
1° SECTEUR EST
.-.,,.„.
Redoute du Taho
. . (
( Ouvrage
,a
nent.
semi-perma-
'
i Garnison : 1 compa-
4 canons de 5-.
4 canons de 57mm.
3mitrailleuses.
Gaponnière n° 1
Batterie permanente . Canons légers.
. . .
( Ouvrage semi-perma-
Ouvrage
_ n° 1 i ,°
. . . .
Batterie A Batterie permanente . 6 canons de i5cm.
( Garnison : 1 compa-
Ouvraqe n° 2 (Kinké- ) ] gnie.
Ouvraqe
_ bétonne
, ,, ,
1 i\
chan-nord)
. . . .
) - . . \j 4,
canons ,.
légers.
2 canons de 57mm.
(
Batterie B (Kikouan- )
...
„Batterie
. permanente
,
.
4 canons de -
, iocm.
( Ouvrage semi-perma-
Kobou
T, ,
( nent. )
2 canons.
1
2° SECTEUR NORD
Garnison : 1 compa- /
canons
Fort II {Kikouan- j ^bétonné
nora> (
4 légers.
4 canons de 8™' 5.
\ 2 mitrailleuses.
....
( Batterie semi-perma- / 4 canons do campa-
_ ., n° 2 (P)
Caponmere ._,
v J . nente
' '
1 , ) {gne.
Redoute n° 1 (Pan- ( Ouvrage semi-perma-
long-est) ( nent.
Redoute n° 2 (Pan- j Ouvrage semi-perma-
long-ouest) . ( nent.
. . .
Gaponnière n° 3 (Hat- ( Ouvrage semi-perma- j 2 canons de campa-
.
chimaki) ( nent ! gnc. .......
! Garnison : 1 compa-
gnie.
4 canons de i5<™.
3 canons légers.
8 canons de 37mm.
2 mitrailleuses.
PORT-ARTHUR 727
i Garnison : 1 compa-
gnie.
2 canons de i5cm.
5 canons légers.
2 mitrailleuses.
_
batterie semi-perma-
.
(4 canons de 10e™ 7.
Batterie
T> ir
.. • Kourgane.
.
j\ ' )
4, canons de
< .„-
, 7«ma.
1.4 mortiers de 1 ocm.
3° SECTEUR OUEST
n J » du
Redoute J Cimetière.
/-•
f Ouvrage semi-perma- )
»•< ,a l 6„ canons de
, 7e'" o.
I Garnison : 1 compa-
nr/ri
ra J IV
Fort (Itsouchan)s ( ^ort bétonné avec bat- ! ^
4, canons ,.
légers.
v
7
' . 1
! tenes
. •
annexes. . .
<
\j 4,
canons
,d 7e„„,-
de 1115.
I 2 mitrailleuses.
Batterie V Batterie permanente 4 canons de i5cm.
.
Batterie G Batterie permanente 4 canons de i5cm.
.
[ Garnison : 1 compa-
Ouvraqe n° A (Grand i 1 3mQ"
Antséchan) S
Ouvrage
_ bétonne
, , , <
4. canons de ,5«-».
J . . ' . .
J 8canons légers.
[
2mitrailleuses.
[ Garnison : 1 compa-
I
gnic.
\ 2 canons de i5cm.
ir (Tayancrkou) „
(, Ouvraqe semi-perma-
.
Port
17 1 V /m
v
1
J •> '
N
. ! nent. ' J
< 2 canons de i i'mb.
' „,„r
/) 5_ canons ,,légers.
[ 2 mitrailleuses.
2 Baranovsk?
(
f 4 canons de i5cm.
n ,, • D
batterie T\ Batterie
r> .. permanente i l
. ( 2 canons ,,
•
1 légers.
/ Garnison : 1 compa-
1 gnic.
Ouvrage 7i°5(Yahul- i ) A
canons do iocn'7.
„_,-s Ouvrage bétonne , <
s>oui_) ) J . •. 14, canons ,.légers.
f 4 Baranovsk ?
\ 2 mitrailleuses.
/ Retranchements cons- f Garnison : 1 compa-
p . vf ! traits à femplace- j gnie.
'••••• - ' ' j ment prévu pour le I 4 canons de iocnl7.
1 fort. ' 4 canons légers.
728 3e PARTIE ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
Sur tout le développement de la position principale, les
Russes aA'aient construit, en outre des ouvrages ci-dessus
énumérés, de nombreuses tranchées, soit dans les intervalles,
soit en avant des ouvrages et des batteries. Ils avaient fait
un large emploi des défenses accessoires et notamment des
réseaux de fils de fer.
Dans les secteurs est et nord, le mur chinois formait
retranchement continu à peu de distance en arrière de la
ligne des points d'appui. Ce mur était un remblai de 2 à
4 mètres de relief et de 4 à 6 mètres d'épaisseur. Les Russes
y avaient créé des gradins, des abris el des traArerses, et ins-
tallé quelques canons.
Plus en arrière avaient été construits d'autres batteries,
d'autres retranchements, notamment sur la Grande Monta-
gne et sur les hauteurs de Wangtaï.
Dans le secteur ouest, le mur chinois ne reliait que la
batterie G à l'ouArrage n° 4, mais les Russes' avaient cons-
truit plusieurs lignes de retranchements et la redoute nG 3
qui formait soutien en arrière du fort V.
Les forts étaient d'un type démodé, avec parapet bas
pour l'infanterie el cavalier pour la grosse artillerie tirant à
ciel ouvert. Ils ne comportaient pas de cuirassements. Les
fossés, creusés souvent dans le roc, étaient bien battus par
des coffres de contrescarpe. Les abris en béton n'avaient
que l'épaisseur nécessaire pour résister aux pièces de i5cni,
le plus gros calibre que comportaient les parcs de siège
japonais avant que fussent amenés les obusiers de côte de
28cm.
Malgré cette imperfection, le secteur est, formait un
ensemble très solide : dans la partie comprise entre Ki-
kouan-est et Ehrlong-ouest, la plus exposée aux attaques
japonaises, les ouvrages étaient très rapprochés les uns des
autres. Sur ce front de 3 5oo mètres se trouvaient en effet
trois forts, un ouvrage bétonné et six ouvrages semi-perma-
nents. La nature du terrain, montueux et coupé de Avalions
aux pentes raides, justifiait cette abondance d'ouvrages par
PORT-ARTHUR 729
la nécessité d'assurer leur flanquement réciproque en rédui-
sant les intervalles qui les séparaient. Ce secteur aurait été
plus solide encore si les Russes avaient organisé solidement
les hauteurs de Siaokouchan et de Takouchan qui flanquent
la ligne et dont la possession est indispensable à l'ennemi
pour l'attaquer.
Dans le secteur ouest, les forts permanents n'étaient qu'à
2 kilomètres de la ville, et les hauteurs (colline 2o3, etc.)
qui dominent les forts, la ville et le port n'avaient pas reçu
d'ouATages permanents.
C'était là le point faible du front de terre.
Positions avancées
Profitant du répit que leur laissaient les Japonais, les
Russes se décidèrent tardivement à organiser quelques
positions avancées.
Opérations extérieures
La première armée japonaise (général Kuroki) a battu le
ier mai les Russes sur le Yalou. La deuxième armée (général
Okou), débarque le 5 mai dans la baie de Yentaï, utilisant
les îles Elliot comme base d'opérations {Voir planche Y,
page j2i bis).
A ce moment, Stackelberg Arenait avec une armée russe
au secours de Port-Arthur, et Stoessel, gouverneur de la
place, s'avançait à sa rencontre.
Okou, manoeuvrant en lignes intérieures, se porta d'abord
contre Stoessel, lui enleva les hauteurs de Nanchan, puis se
retourna contre Stackelberg et le battit à Wafangkou.
Bataille de Nanchan. — L'isthme de Kintchéou ou
de Nanchan, large seulement de 4 kilomètres, est à 45 kilo-
mètres de Port-Arthur. Il est fermé par la ville murée de
Kintchéou et les hauteurs de Nanchan dont l'altitude
atteint go mètres.
Les Russes, pendant des mois, avaient entassé sur cette
position de première importance les ressources de la fortifi-
cation passagère.
Leur description a été donnée ci-dessus(chap. XI, p. 174).
Stoessel disposait de 10 000 hommes pour défendre ce défilé.
Okou tâta la position pendant quatre jours, la bombarda
le 25 mai, enleva Kintchéou dans la nuit suivante et, le 26,
attaqua la position avec trois divisions, 'environ 5o 000
hommes.
PORT-ARTHUR 731
Après un combat acharné, après neuf assauts furieux
poussés jusqu'au corps à corps, les Japonais réussirent à
déborder la gauche russe par des unités qui entrèrent dans
la mer, et un assaut général enleAra la position. Les Russes
perdirent 68 canons.
« A Nanchan, les Japonais donnèrent la preuve que,
malgré tous les perfectionnements des armes à feu, les atta-
ques de front sont encore possibles et que la AroIonté. de
vaincre, traduite par une offensive résolue, reste le plus sûr
moyen de remporter la Arictoire ('). »
La fortification a été insuffisante, dans cette circonstance,
pour arrêter l'élan japonais, parce que les Russes ne dispo-
saient pas d'assez de troupes pour la défendre. Si, aArec ces
mêmes effectifs, ils avaient pu s'appuyer à un fort d'arrêt
permanent, il est probable que le résultat eût été tout autre.
Les Japonais se seraient trouvés dans l'alternative, ou de
s'emparer de cet ouATage, opération longue et difficile, ou
de choisir un point de débarquement au delà du fort, ce qui
aurait exposé leur ligne d'opérations à une menace constante.
Après Nanchan, les Russes se retirèrent sur une nouvelle
position, éloignée de 25 kilomètres de la place, ayant un
front de 20 kilomètres et dont la hauteur dominante de
Kenzan marquait le centre.
Okou se porta vers le nord contre Stackelberg, tandis que
le général Nogi, suiArant les Russes aAr.ec deux diA'isions,
noyau de la troisième armée, s'installa entre la position
russe et Dalny et resta immobile pendant un mois.
Le 26 juin, il fit enlever la hauteur de Kenzan; Stoessel
voulut la reprendre, échoua trois fois, puis se retira sur une
position analogue, à quelques kilomètres en arrière, où il se
fortifia de notweau.
Nogi marqua un temps d'arrêt d'un mois au cours duquel
il reçut des renforts qui portèrent ses forces à 70 000
liommes.
Opérations du siège
Attaque brusquée. — Nogi organisa une attaque
brusquée à la Sauer sur tout le front avec trois divisions.
L'attaque principale devait avoir lieu sur le front nord-est ; la
ge division en était chargée ; après la prise de quelques
ouvrages elle deArait être poussée vers l'intérieur de la
place.
Le ig août, cette unité ne put que s'approcher des
ouvrages. Dans la nuit, trois assauts échouèrent devant.
les fils de fer des redoutes Panlong. Le 20, le bombar-
dement continua. Le 21 au matin, eut lieu un quatrième
assaut et, dans la nuit, un cinquième : ils échouèrent l'un
et l'autre.
Mais le 22, la division, renforcée par une brigade de
réserve, réussit à enleArer les deux Panlong aux Russes qui
se retirèrent derrière le mur chinois. L'intérieur des Panlong
était coupé de tranchées aboutissant à un réduit. On s'y
battit sept heures.
Dans la nuit suivante, Nogi tenta avec quatre brigades de
734 3e PARTIE ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
prendre le fort de Kikouan-nord par la gorge et les hauteurs
de Wangtaï, en arrière du mur chinois.
Les Japonais vinrent se heurter au mur chinois. Quelques
unités réussirent à le franchir en un point où sa hauteur,
réduite, s'élevait seulement de im3o à 2m5o. Partout ailleurs,
cet obstacle rompit l'élan des Japonais qui furent ensuite
arrêtés, deArant Kikouan-nord et devant Wangtaï, par les
nombreux projecteurs et les mitrailleuses russes.
Les Japonais, à bout de forces, ne voulurent cependant
pas reculer. Ils se retranchèrent sur place, y passèrent la
journée du 24 et ce n'est que dans la nuit suivante qu'un
ordre de Nogi obligea leurs débris à reArenir en deçà du mur
chinois.
Toutes les attaques de jour avaient été appuyées par un
bombardement continuel qui obligeait les défenseurs à se
terrer. Chaque fort reçut de 1 000 à 2 000 projectiles par
jour. Comme ces ouvrages n'avaient pas d'observatoires
cuirassés, il était presque impossible au défenseur de sur-
veiller les mouvements de l'assiégeant. Celui-ci n'aborda
pas les ouATages russes en colonnes profondes, ni en ligne
déployée, ni même en tirailleurs, mais par petits détache-
ments de 10 à 20 hommes, soutenus en arrière par des
unités plus importantes.
Après une lutte de six jours qui leur avait coûté i5 000
hommes, les Japonais ne purent se maintenir que sur les
deux Panlong, où d'ailleurs les canons de Wangtaï leur
causaient de grandes pertes, et dans le secteur ouest, sur
les collines I3I, 174, 180. L'attaque brusquée, malgré la
furie japonaise, n'avait pas donné les résultats espérés.
Cependant la situation fut un moment très critique pour
les Russes ; on peut s'en rendre compte en lisant les mes-
sages adressés au gouverneur par le général Gorbatovski,
commandant une brigade sur le front nord-est :
« Les redoutes sont bombardées et détruites, les canons
sont hors d'usage...; les rangs s'éclaircissent avec une
rapidité effrayante...; j'ai utilisé les dernières réserves...;
PORT-ARTHUR 735
Kikouan-nord n'est défendu que par 4o hommes...; il est
impossible de résister au plus petit assaut... (:) »
L'attaque échoua parce qu'elle se heurta à des défenses
échelonnées en profondeur : Panlong, mur chinois, Wang-
taï, positions défendues--avec; ténacité par les Russes qui
disposaient de nombreuses mitrailleuses et de projecteurs.
La valeur défensive du mur chinois fut une surprise pour
les Russes qui avaient tout d'abord négligé cet ouvrage
au point d'en extraire les terres nécessaires à d'autres
retranchements. Lorsqu'ils se fendirent compte du parti
qu'ils en pouvaient tirer, ils y organisèrent des abris et
des traArersès.
ORGANISATION ET SERVICES
DU QÉNIE
CHAPITRE LI
1
l'orge de campagne.
Toutes les compagnies ont en outre 2 voitures. à un
cheval et r fourgon à deux chevaux.
TABLEAU.
752 4e PARTIE ORGANISATION ET SERVICES DU GENIE
COMMANDEMENTS
NUMÉROS COMMANDEMENTS SUnél'iolU's-
1 DIRECTIONS
, "
des du défense
. . de
, région nn
uu
du qénic
corps a,, armée génie . . "'
ports militaires
MANUKL DK F011T1FICATION
CHAPITRE LU
DESTRUCTIONS
TRAVAUX DU CAMP
Fig. 26g. •—
Abri de bivouac.
ROUTES
=
de la formule simple c ZIv, dans laquelle A représente,
comme cela a déjà été dit précédemment, la ligne de moin-
dre résistance.
La figure 271, qui montre la disposition à donnera ces
fourneaux, fait ressortir que leur distance au talus doit être
eiiA'iron les 5/4 de leur distance au sol de la chaussée, dont
la résistance est toujours plus considérable.
Dans les parties à flanc de coteau où la route est soute-
ROUTES 777
nue par un mur, on emploie la même disposition, en ayant
soin de rapprocher le fourneau du parement extérieur aux
7/8 de la dislance qui le sépare du sol.
La profondeur de chaque fourneau doit être de 3 mètres
PONTS MILITAIRES
Fig. 278. —•
Palée de pilots.
Ponts de bateaux du
commerce. — Lorsque l'on
veut se servir de bateaux
de commerce réquisitionnés
pour construire un pont, on
doit les classer par grandeur
et par hauteur de plats-
bords, afin d'obtenir un ta-
blier présentant, autant que
possible une courbe régu-
lière. Si la hauteur des plats-
bords de quelques-uns d'en-
tre eux est, trop faible pour
qu'on puisse y appuyer directement le tablier, on dispose,
79^ 4° PARTIE ORGANISATION ET SERVICES DU GÉNIE
suivant leur axe, des chevalets sur lesquels on fera reposer
les poutrelles de la travée correspondante. Si la charpente
de certains autres paraît incapable de résister aux poids
que le pont peut avoir à supporter, on la consolide et on la
renforce en conséquence.
Ces différentes précautions prises, on procède alors à la
construction du pont, en ayant soin d'amarrer fortement les
bateaux, en amont et en aval, à des ancres placées dans le
lit de la rivière et, à défaut d'ancres, à d'autres corps morts
ou à des pilots. On met ordinairement une ancre d'amont à
chaque bateau ; le nombre des ancres d'aval est variable
suivant la rapidité du courant et la longueur du pont.
Ce genre de ponts convient pour les cours d'eau profonds
et assez rapides, à la condition toutefois que les rives n'en
soient pas trop élevées, ce qui entraînerait la construction
toujours longue de rampes d'accès d'une certaine profon-
deur.
Lorsque les cours d'eau sont sujets à des variations de
niveau, il faut avoir soin de laisser un certain jeu dans les
liens qui fixent le tablier aux corps de support, afin de lui
permettre de prendre les différentes positions qui résulte-
ront des variations dans le niveau de la rivière. Cette pré-
caution est d'ailleurs inutile lorsque les poutrelles sont
simplement brêlées aux corps de support, ce mode de liai-
son laissant par lui-même assez de jeu aux diverses parties
du pont.
relie les uns aux autres les arbres ainsi disposés, à l'aide de
traverses placées de telle sorte que le milieu de leur écar-
tement, qui correspond à l'axe du pont, soit un peu en
arrière du centre de gravité du radeau ('). Cette disposition
a pour objet d'établir un contrepoids à la pression exercée
sur l'avant par le cordage d'ancre qui sert à l'amarrage du
radeau. Lorsque les troncs sont assemblés, on place de
champ et en croix sur les traverses du milieu trois supports
Fig. 290. —•
Chevalet-palée.
MANUEL DE FORTIFICATION
CHAPITRE LYI
CHEMINS DE FER
(') Sur les meilleures roules, la force de traction nécessaire est d'environ i/3o
du poids remorqué ; sur les rails bien établis, elle n'est plus que de 0,02 à o,oo5
de ce poids.
CHEMINS DE FER 8ig
De la voie
Dans toute voie ferrée, on distingue : les parties horizon-
tales, auxquelles on donne le nom de paliers, et les parties
inclinées, que l'on appelle les rampes.
Pour les unes comme pour les autres, la voie ferrée com-
prend : i° Y infrastructure, c'est-à-dire les divers travaux de
terrassement, ou travaux d'art, exécutés en vue d'obtenir
une surface régulière, ne présentant que de faibles pentes
et des courbes d'un grand rayon, sur laquelle on pose les
rails destinés à assurer la circulation; 2° la superstructure,
formée de ces rails et des éléments servant à les réunir ou à
supporter le .poids des travées.
On ne peut, en effet, poser directement les rails sur le
sol, parce qu'il faut les maintenir à un écarlement conve-
nable et dans une position qui assure le libre parcours des
véhicules ; ils sont à cet effet fixés sur des traverses qui
leur servent de. supports directs. Entre celles-ci et le sol, il
est. indispensable d'interposer une couche de matériaux ré-
sistants destinés à répartir les pressions sur le sol. Cette
couche se nomme le ballast.
Les rails, autrefois en fer, sont le plus souvent maintenant.
en acier fondu. Us avaient autre-
fois 6 mètres de long ; on tend
maintenant à ne plus employer
que des rails de 8, g, 12 et
même 18 mètres, avec lesquels
les joints sont moins nombreux.
La section du rail présente
l'une des deux formes indi- Fig. 293. — Gabarit des rails.
quées ci-contre (fig- 2Q2 ) :
lune a, est celle du rail à double champignon; 1 autre b,
celle du rail à patin ou rail Vignole.
Ces deux modèles de rails sont également employés. Le
premier semble plus économique, parce qu'il permet de
820 4e PARTIE ORGANISATION ET SERVICES DU GÉNIE
faire servir successivement les deux champignons; mais
l'expérience montre que le passage des trains produit, entre
le rail et ses supports, des chocs qui ont pour effet, de
détruire sa partie inférieure ; celle-ci se trouve, par con-
séquent, usée avant d'avoir servi, et l'avantage signalé
ci-dessus devient illusoire.
Le poids d'un rail varie, selon les réseaux, de 38 à 4? ki-
los par mètre courant. Dans le coltinage des rails, chaque
par suite, circuler sur les lignes de ces deux Etats, et réci-
proquement : considération qui peut avoir une grande im-
portance en cas de guerre.
Dans le réseau français, lorsqu'il y a deux voies sur une
même ligne, elles sont, séparées par une entre-voies de
2 mètres de largeur, et on laisse de chaque côté des inter-
valles de 1 mètre environ (Voir la figure 2g3).
Fig. 297. •—
Profil de la voie en courbe.
Fig. 3oi. —•
Traversée oblique.
Matériel roulant
Une description détaillée du matériel roulant ne saurait,
évidemment trouver place dans le cadre de cet ouvrage; on
CHEMINS DE FER 83 I
se contentera,par-conséquent,d'en indiquer rapidement les
dispositions essentielles.
Fig. 3i2. •—
Destruction rapide de la voie.
Déviations
TÉLÉGRAPHIE MILITAIRE
Chiffres
i ______ 5
6
9 __.
o __________
4
'.. '.. _T
Télégraphie optique
Élévation postérieure
Télégraphie électrique
Toute communication de télégraphie ordinaire comprend:
i° une source d'électricité; 2° un fil conducteur.réunissant
les deux stations ; 3° à chacun des deux postes des appareils
capables de former et de recevoir des signaux.
Les divers systèmes ne diffèrent entre eux que par la
constitution de ces derniers appareils. Tous ont pour base
le principe suivant : l'expéditeur envoie dans la ligne des
courants électriques d'une durée plus ou moins longue ; ces
courants sont reçus à l'autre extrémité sur un électro-
aimant, dans lequel ils produisent des aimantations d'une
durée plus ou moins grande, que l'on utilise pour produire
certains mouvements capables de faire reconnaître les si-
gnaux envoyés.
Le système qui réalise cette combinaison de la manière la
plus simple est le système Morse ; c'est d'ailleurs le premier
en date et celui dont l'usage est le plus répandu ; c'est éga-
lement le seul employé dans la télégraphie militaire, aussi
ne sera-l-il parlé que de celui-là dans ce qui va suivre.
Sources d'électricité. — La pile est, de toutes les sour-
ces d'électricité, celle qui fournit les meilleurs résultats au
point de vue de la régularité des courants et de la commo-
dité de l'emploi en télégraphie.
Les divers systèmes de piles ne conviennent pas égale-
ment à cet usage. Il faut, en effet, pour la télégraphie, un
appareil aussi économique et aussi facile à entretenir que
possible, mais fournissant cependant d'une façon très régu-
lière de l'électricité à faible tension.
La pile Daniel! et la pile Marié-Davy sont en usage dans
la télégraphie civile.
Dans la première, le pôle négatif est formé par une lame
de zinc amalgamé plongeant dans de l'acide sulfurique très
étendu d'eau, et le pôle positif, par une tige de cuivre placée
868 4e PARTIE ORGANISATION ET SERVICES DU GÉNIE
(') Sur les lignes très courtes, on peut, à la rigueur, remplacer le fil de fer
de 4 millimètres par celui de 2 millimètres de diamètre que l'on rencontre pres-
que partout.
87O 4" PARTIE ORGANISATION ET SERVICES DU GÉNIE
godets en porcelaine (fig. 322), fixés par des armatures en
fer aux arbres, aux maisons ou, le plus souvent, à de grands
poteaux établis de distance en distance.
Le service télégraphique de première ligne n'emploie le
fil nu que pour la réparation des réseaux existants. Il utilise
alors un fil métallique de 1 millimètre de diamètre, à âme
d'acier recouverte de cuivre, beaucoup plus léger que celui
de 4 millimètres existant en petite quantité dans les appro-
visionnements.
Les isolateurs employés sont en ébonile (gutta-percha
(') On obtient aujourd'hui des signes semblables sans avoir recours à l'encre
grasse, en employant, pour la confection des rubans EF, du papier imprégné
d'un cyanure dont le courant, électrique suffît pour produire la décomposition.
Chaque contact, de la lige AN avec ce papier produit alors, à la surface de
celui-ci, une tache bleue qui a l'apparence d'un Irait ou d'un point suivant la
durée do l'appui.
TÉLÉGRAPHIE MILITAIRE 875
dans sa position d'équilibre dès que le courant cesse de
passer, sans toutefois empêcher l'attraction lorsque le cou-
rant passe.
Téléphonie
Fig. 333. •—
Télégraphe sans fil. Récepteur.
Pigeons voyageurs
A défaut d'autres dispositifs, on emploiera, par exemple,
les pigeons voyageurs, qui dans le siège de Paris, en 1870,
.
ont rendu de si précieux services.
Ce mode de correspondance, dont l'usage remonte à la
plus haute antiquité, est fondé sur la faculté naturelle que
possèdent les pigeons de retrouver le chemin de leur colom-
bier habituel, lorsqu'on vient à les en séparer. Ces oiseaux
peuvent ainsi franchir des distances considérables (plus de
1 000
kilomètres) avec des vitesses énormes (1 5oo, 1 600 et
même 1 800 mètres à la minute).
Pour s'en servir, il faut donc organiser à l'intérieur des
places de guerre, et à l'extérieur dans des localités qui ser-
viront de stations postales pour les dépêches émanant des
villes assiégées, des colombiers, dans lesquels les pigeons
sont aduits, c'est-à-dire accoutumés à leur gîte, et entraînés
pour le service auquel on les destine.
Lorsque les pigeons sont nés au colombier, leur éducation
COMMUNICATIONS PAR VOIE AÉRIENNE 9OI
se fait tout naturellement. Ceux qui viennent d'un autre
colombier doivent arriver âgés : de trente jours au moins,
sans quoi ils seraient trop jeunes pour pouvoir se nourrir
eux-mêmesj et de trente-cinqjours au plus, car, passé cette
période, ils sont déjà aduits à leur ancienne demeure, cher-
chent à y retourner, et comme ils sont encore trop faibles,
se perdent en route. II faut environ dix à quinze jours pour
aduire les jeunes pigeons ; il est rare que l'opération réussisse
sur des pigeons âgés.
L'installation des colombiers est extrêmement simple; on
utilise les greniers d'un bâtiment, en les aménageant de
manière à créer plusieurs compartiments à claire-voie. Les
précautions essentielles à prendre sont d'éviter absolument
l'humidité et les rongeurs, d'entretenir le sol dans un état
suffisant de propreté et d'avoir une bonne ventilation, Le
long des murs, on place des nids pour chaque couple de
pigeons, dans des espèces de casiers de 3o à 5o centimètres,
fermés chacun par une porte à coulisse. Des mangeoires et
des abreuvoirs sont posés sur le sol, que l'on recouvre d'une
légère couche de gravier.
Lorsque les pigeons sont aduits, il . faut les entraîner.
Pour cela, on les emmène à des distances de plus en plus
grandes : 10, 20, 3o, 4°> 5o kilomètres, etc. On a soin de
les faire boire avant de les lâcher, et de séparer les exercices
successifs d'entraînement par des repos.
On n'entraîne point les pigeons militaires au delà de 600
à 700 kilomètres, et l'on ne fait même subir des épreuves
aussi considérables qu'aux sujets les plus vigoureux.
Le temps pendant lequel un pigeon peut être séparé du
colombier atteint aisément quatre et même cinq mois : on a
vu, pendant le siège de Paris, des pigeons exilés de leur
colombier depuis cinq mois, faire pour y revenir un trajet
de 3oo kilomètres (de Port-de-Piles, département de la
Vienne, à Pains), en un jour et demi, en plein hiver et dans
un pays couvert de neige.
En général, le lâcher des pigeons doit se faire de jour,
902 4e PARTIE ORGANISATION ET SERVICES DU GÉNIE
—
en ayant soin d'éviter les vents contraires, les fortes pluies
et surtout la neige et le brouillard.
Les dépêches que portent les pigeons sont insérées dans
des tubes de plumes d'oie, de 4 à 5 centimètres de long,
attachés aux plumes de la queue, aux rémiges ou couteaux,
selon l'expression des spécialistes. On choisit ordinairement
une des plumes du milieu ; on s'assure de sa solidité en
exerçant une légère traction, et on passe la tige de cette
plume dans le tuyau de la plume d'oie. La dépêche, inscrite
sur une petite feuille dé papier très mince, de 4 centimètres
de largeur au plus, est enroulée, de manière à former une
espèce de petite cigarette légèrement conique, puis intro-
duite dans le tube contre la plume de l'oiseau; on la main-
tient en place au moyen d'un bout d'allumette qui sert de
coin.
Ce procédé a été largement employé pendant le siège de
Paris, en 1870. Eu égard à l'énorme quantité de dépêches
que l'on demandait alors à faire passer de la sorte, on eut
recours à un procédé ingénieux pour réduire leurs dimen-
sions : toutes les dépêches étaient d'abord imprimées sur
une espèce de journal, dont on prenait une épreuve photo-
graphique sur un papier-pelure spécial, ayant 4 sur 3 cen-
timètres. Arrivées à Paris, ces épreuves, placées dans un
appareil de projection, étaient agrandies, lues et recopiées,
pour être remises aux intéressés. •
Aérostation
L'emploi des ballons aux armées suivit de près leur inven-
tion; il date des guerres de la Révolution. Une compagnie
d'aérostiers rendit notamment de grands services dans la
défense de Maubeuge et à la bataille de Fleurus (1794)-
La fabrication de l'hydrogène nécessaire au gonflement,
demandait alors la construction d'une véritable usine et né-
cessitait plusieurs jours. C'est cette lenteur, incompatible
avec la rapidité que prit la guerre pendant la période napo-
léonienne, qui explique le discrédit complet dans lequel
tombèrent les ballons. L'aérostation militaire disparut pour
près d'un siècle.
Les services précieux et inattendus que rendirent les bal-
lons pendant le siège de Paris en 1870 (") déterminèrent de
(') Ces deux officiers ont été les fondateurs du service de l'aérostation mili-
taire ; le premier, décédé en igo/| après être parvenu au grade de colonel, a
laissé le souvenir d'un savant doublé d'un ingénieur aussi remarquable par la
fécondité de son esprit que par la limpidité de ses démonstrations.
(s) Il existe, cri outre, dans le parc aérostatique, un ballon, dit auxiliaire »
<e
et, par suite, la nécessité de créer pour ces engins des han-
gars les protégeant de la tempête. Pas plus que les autres,
les navires aériens ne peuvent se passer de ports de refuge.
Le Zeppelin, en raison de ses dimensions et de la rigidité
de son enveloppe, paraît exiger même un hangar flottant
dont l'ouverture de sortie puisse être orientée dans le sens
du vent afin d'éviter les efforts transversaux exercés à la
sortie du ballon et qui ont occasionné des accidents. Un
doute subsiste donc encore sur la possibilité d'utiliser cet
engin d'une manière pratique. .
Actuellement, il existe six hangars à ballons en territoire
allemand :
Deux à Friedrichshafen pour les Zeppelin, un fixe, un
flottant;
Trois près de Berlin, dont deux militaires ;
Un à Metz destiné au Parseval n" 2.
Les Allemands considèrent les dirigeables comme des
agents précieux d'exploration. Il est probable qu'ils envi-
sagent également un autre emploi de ces engins, car la
presse a signalé les expériences faites par le bataillon
d'aérostiers sur le lancement d'engins explosifs de la
nacelle d'un dirigeable.
Pages
PRÉFACE v
PREMIÈRE PARTIE
FORTIFICATION PASSAGÈRE
— — —
Tambours. — Abatis. — Réseaux de fils de fer. — Trous de
loup. —Petits piquets. — Palissades. — Fraises. — Chevaux
de frise. — Chausse-trapes. — Planches à clous. — Fou-
gasses. — Inondations. •— Emplacement des défenses acces-
soires. — Effets du tir de l'artillerie contre les défenses acces-
soires 1 Q5
CHAPITRE XVI.
—
DÉFILEMENT
DES OUVRAGES Ak
CHAPITRE XVII. ÉPAULEMENTS POUR L'ARTILLERIE DE
—
CAMPAGNE. — Embrasures. — Barbettes. — Epaulements
français et allemands 250
CHAPITRE XIX.
— FORTIFICATION SEMI-PERMANENTE. .... 282
DEUXIÈME PARTIE
FORTIFICATION PERMANENTE
PRÉLIMINAIRES.
CHAPITRE XX.
— — Caractère des ouvrages
permanents. — Installation de l'artillerie. — Abris. — Emploi
de la maçonnerie et du fer. — Dépense. — Aperçu général
sur l'attaque des places 287
TROISIEME PARTIE
ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES
— — Géné-
ralités. — Effectif de la garnison. — Sa répartition. — Orga-
nisation des services. — Conseil-de défense. — Gomité de
surveillance des approvisionnements de siège. -— Organisa-
tion de la défense. — Armement des lignes de défense. —
Emploi de l'artillerie. — Conduite de la défense. — Capitula-
tion.— Défense contre les attaques irrégulières 690
CHAPITRE L.
— PORT-ARTHUR. —
Description de la place.
—
Opérations. •— Front de terre. — Enceinte centrale. :— Posi-
tions avancées.— Opérations extérieures.— Bataille de Nan-
chan. — Observations. — Opérations du siège. — Attaque
brusquée. — Attaque régulière. — Deuxième attaque géné-
rale. — Travaux d'approche et troisième attaque générale.—
Quatrième assaut général. — Attaque par l'ouest. —-Prise de
2o3. — Prise de Kikouan-nord 720
. ... . . .
QUATRIEME PARTIE
ORGANISATION ET SERVICES DU GÉNIE
— Alphabet.
CHAPITRE LVI1. TÉLÉGRAPHIE MILITAIRE.
—
Morse. — Télégraphie optique. — Télégraphie électrique. —
Sources d'électricité. — Conducteurs. — Appareil de trans-
mission et de réception. •—- Appareils accessoires : sonnerie ;
•—
Galvanomètre; — Commutateur; — Paratonnerre. —
Montage d'un poste. — Règles de manipulation. — Matériel
des lignes militaires. -^.Pose des lignes militaires. —Des-
TABLE DES MATIERES 927
Pages
traction et réparation des lignes télégraphiques. — Télépho-
nie. — Téléphones. —• Microphones. — Montage des postes.
— Construction des lignes. — Télégraphie sans fil. — Com-
paraison entre les divers systèmes de télégraphie. — Organi-
sation du service de la télégraphie militaire. — Service dans
l'armée 861