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ANTIPHO::-!AIRE MOZARABE DE SILOS


D':\PIŒS LES FRAG~mNTS DU BRITISH ),1USEUM
(:\1S. Ad. I I 695, fol. Ir-4\')

1'.... R Dm! LouIs BROU, O. S. B.

Le manuscrit dont nous présentons ici les fragments est un témoin


de la liturgie mozarabe, de cette ancienne liturgie qui régnait en E s-
pagne jasqu'à la fin du XIe siècle. Ce codex appartient à la catégorie
des antiphonaires pl/l'S, comme le célèbre antiphonaire de la Cathé-
drale de Leon \ comme aussi l'antiphonaire de San Juan de la Pefia 2,
c'est-à-dire ne contenant que les chal1ts de chaque jour, par opposition
aux a/ltipho/laires-collectaires comme celui de l'abbaye de San Mi-
Han 3, lequel, outre les chants quotidiens, contient encore les oraisons
si nombreuses (les hymn es, les preees, etc.) intercalées à leur place
entre les divers chants; par oppo~ition encore aux nombreux manus-
crits d'Officia et Missae qui donnent, outre les chants et les oraisons,
toutes les leetllres nécessaires à la célébrati on de la liturgie_
De notre Ina11l1.'icrit, les feuillets subsistants sont des méconnus,
sinon même pratiquement ùes inc onnus. X on pas qu'ils fussent
cac11és ou rendu s inaccessibles aux recherches des humains, mai5
ils avaient le tort de servir ùe pauvres feuilles de garde au manus-
crit du célèbre, tr~s cdèbre Bea/liS de Silos conservé au British
:\[useulll (AdditioJ/a! 1 r695). On dit quelquefois qu 'un seul arbre ca-
che toute la forêt: ici, c'est le contraire, c'est la forêt merveilleuse qui
a détourné l'attention de l'arbre, ou plutôt des vestiges de l'arbre placé
en bordure_ L es générations de sa\'ants· et d'artistes qt:i ont compubé
les 2ï9 folios de cc grand manuscrit, depuis qu'il est à Londres., et
• Alltiphollai'i'1l1l/ JI0.=araùiCllIII de /a Catedl'al de LC<Jil editado par los
PP. BF.:\EDlCTI:\OS DE SILOS (Leon 11)28) (texte set!l) . Les fac-similés vont être
incessamment publiés par une maison de BarceJone.
" l'en ai publié le texte aimi que les fac-similés dans d -lispania sac~a»:
Fmgll/cllts d'/{Il _-ll/tiphonaire .U o.=arabe du manasthe di! Sa H fuan de /a PeiÎa,
5 ( [952), 35-05.
• Madrid, Académie d'Histoj~e, :\1S. 30, inédit, décrit sommairement par
dom Férotill, Liber SacramelltOrlllll , 893-&;8.
• Le Beatus de Silos a été acheté par le nriti~h Museum le 9 mai 1840, :\
Joseph Bona.p arte, comte de Survilliers, ex roi d'Espagne. Cf. 1L FÉROTlN,

3-P
L~ A~nPHOXAIRC lIIOZARABE nt SILOS 3
2 LOUS BROU

Aussi quelle ne fut pas notre surprise, lorsque au cours d'un exa-
qui ont scruté les centaines de peintures, vignettes et l111matures éta-
men des manuscrits espagnols anciens conservés au B. M ., nous nous
lées à presque toute:> 'ses p:J.ges, n'ont accordé aucun intérêt aux feuilles
trouvâmes, un jour de l'automne I951, en face cl'un gros codex que
de gardè qui le protégeaint, en particulier à la première qui est la.
l'on disait précieux eu égard à ses nombreuses et célèbres peintures,
plus importante du point de vue qui nous occupe ici; ou tout au plus
mais dont la toute première feuille, celle dont personne n'avait jamais
ont-ils déclaré comme récerl1ll1ent \Vilhelm Neuss ", que le fol. l n'appar-
parlé, se révélait immédiatement à nos yeux comme présentant un
tient pas au texte du Bea/liS: ce qui ne renseigne guère sur le contenu
,intérêt exceptionnel: un texte en écriture 'wisigothique très belle, da
réel de ia feuille en question, ni ne saurait 111~l11e é\'eiller l'attention
Xe-XIe siècle 9, la couvrait des deux côtes, les lignes très clairement
des l1lusicologues, Dom Férotin lui-même, cet illustre pionnier de la
espacées étaient surmontées de neumes également wisigothiques, tracés
liturgie de l'ancienne Espagne, dans sa longue description du Beatus
d 'une main ferme et sÎ1re d'elle-même, et vers le bas du recto un
de L ondres G, ne dit pas un mot sur la présence d'tl11 fragment cl'anti-
assez beatl monogramnte en couleurs attirait le regard; bref, il était
phonaire mozarabe dans ce manuscrit. Quand parut son His/oil'e de
évident qu'on 'se trouvait devant une page a;Tachée à un mag'nifique
l'Abbaye de Silos, olt il a placé cette description, il y avait deux ans
,a ntiphonaire mozarabe, ce que confirma immédiatement l 'identification
que dom Férotin était à l'abbaye de farnborough en Angleterre"
des pièces de chant au moyen de J'édition de l'antiphOl'\aire de Leon,
près de Londres: il avait donc pu voir par lui-même le manuscrit du
Restait à se rendre compte de l'insertion matérielle de la feuille
IJeallls, et jusq\l'à sa 1110rt en 'I914, il a\'ait eu tout le temps de faire
en question, comme aussi des trois folios suivants (2-4) dont Je con-
ample connaissance avec cette relique incomparable de l'abbaye de
tenu me paraissait énigmatique: bien que n'offrant que des peintures
Silos qu 'est le Beatus du n, ?IL, et cie remarquer le beau fragm,ent
à pleine page et des décorations 'splendides pouvant passer à première
d'antiphonaire mozarabe qui en con stitue la première page; et pui squ'il
vue pour appartenir au Bea/ifS, ces trois folios me laissaient l'imlpres-
t rouva moyen de consulter les fragments cl 'un autre antiphonaire de
.sion tenace qu'ils pouvaient tout autant provenir d'un antre manuscrit,
!;lilos (Pari s, 13. l\., 11: a, lat. 2I99, fol. 14-16) et d'en transcrire pres-
donc du même antiphonaire q(li avait déjà fourni le folio 1. En tout
que tout le texte dans la deuxième partie de son Liber Sacramr?H/orum
état cle cause, les lumières d't1l1 spécialiste ne pouyaient manquer de
(col. 890, s.), lequel parut en 1912, nous ne pouvons nous expliquer
m'être très utiles; je m'adressai au Dr. Christopher Hohler, du
son omission que par suite cl'une distraction dont il a clonné un autre
exemple 8,
COllrtalild Institute of Art, University of London, qui en sa qualité
<te critique d'art voulut bien examiner clans le plus grand détail un
His/aire de l'abllo}'!! de Silos, p. :::CI), ql~i aj eute en note: «Xous ne savo ns com- manuscrit qu'il connaissait d'ailleurs de longue date, et me faire part
I:l,e!lt ce manuscrit passa entre les main s clu r oi Joseph. Il n'était déjà plus à
SI~()S dans la seconde moitié du X\'lU e siècle, et aucun cataloO'ue de s manuscrits catalogue des manuscr its de Silos d'en donner une analyse minutieuse : Los /IIa-
du monastère à cette é;>üque ne le mentiolOe». (Sur les cataloo·ues des rnanus- J!/~scritos dei real 11lonas!erio de Santo Domingo de Silos, por "VALTER ~ft;lR
c:it~ ~e Silos. voir ibidem, p. :::57, n. 3) . Dans son article: H i:toire d'Ill! dépât \V HITEHILL, J. R. Y Jti STO PÉRE Z DE URBLL, O. S. B. (~[adrid 1930), pp. 27-
hllero/rl!, l'a~ba)'e de Silos, paru dans «Revue Bénédictine», I4 (189ï) , 214, dom .50 (ms. 6, ancien codex Et
U. Besse fa it l'hypothèse sui,'ante: «Comment (le Beatus) arri\'a-t-il entre les • On sait combien il ~st difficile de dater um manuscrit en écriture wisi-
mains de Joseph B OI~apa rte, comte d e Sun'i11iers ? Peut-être sc trouvait-il a goth:que, et surtout un manuscrit liturgique quand on n'a d'autre ressource qU0
Saint-~.Jartin de ;\1ad:'id ran cienn~ dependance de Silos] quand les Françai:; l'aspect de l'écriture, Dans le las de nos fragments, nous n'avons même pas le;;
baccagerent cette lT'.aison. On s'eXPliquerait alors sa présence a,lX mains de points de '\-ellère que pourrait offirir la présence d'un calendrier. Par ailleurs,
l'ancien roi d'Espagne» . <;'est pour chaque grand scriptorium espagnol qu'il faudrait faire l'étude des
• ü Di.: ApokalYI'sc des Hl, ]oha n;:cs i:l d,'r Altstonischcn tI1/d Altchrisllichm particularités et de l' évolution de l'écriture wisigothique: or ce travail, qui
Btl)~I-lllllSI1'ation (Münster in \Vestf. 1931), 2 volumes: Textband, pp. 38-4 1, sera it assez facilement réalisable dans le cas de Silos, n'existe pas. Aussi, n'est-
: !-t istoil'e de l'abua}'e de Silos (Paris 1897), pp. 264- 26<). ,-'C pas sans une ,.c ertaine r ése rve que nous proposons une date: bien que pouvant
" F. CABROL, Dom Mm'ius Férotin, l'histoire de /'Espaglle chréticllll e cl dl! être de la seconde moitié du xe siècle, nos fragments nous .paraissent tout
la. htnrgu 11lozm'a?e, dans «Journal of thcological Studies» 16 (1915) 308, aussi bien dater de la première m oitié du XIe: nous nous basons principalement
B ,A?,an t donne dans SOI1 Histoire de l'a·bba}' c de Silos (pp. 259-288) une sèlr la présence sÎmttl!allée des détails suivants: l'a wisigothique a tendance
des ~r~pt,on des manuscrits de l'abbaye, il a dùment mentionné !' existence d'un très accusée à se fermer ; les hastes des hautes lettres, qui sont déjà plus lon-
BreVlalre-M~ss(!1 mozarabe de 154 folios (p. 275, au N° 34), mais on ne sait gues que d'ordinaire, .sont coiffées d' une ·petite barrette; enfin, la lett:e r, sur-
par q.ue!le de~all1a~lce ~e mémoire, il a complètement oublié d'en parler dans sa -tout à l'intérieur des mots, à perdu ses traits anguleux et raides pour s'arrondir
descnpt.l?ll tres ~etaillee. des manuscrits liturgiques mozarabes qui occupe toute quelque peu et s'amenuiser en même temps.
la del1xlcmc partIe du LIber SaC,al1,!'11torll1i!, ce qui obligea les auteurs du récent

343
LOUS BROU
L' :\ A:\'J'11'1l0:'\AJRE ~!OZ~\RAnr·: Dr. SILOS .5
4
de ses conclu sions t ouchant la composition matérielle du Ms. Adc1. j oints . A u contraire, les foli os 5-7 faisaient partie à J'origine d'un
116<)5, conclusi0ns que j'adopte entièrement et dont il a bien \'oulu binion dont la dernière feuille, la quatrième, a été enle\'ée, laissant
r elire J'exposé qui \'a suine. J e prie le Dr. Hohler cI'agréer ici J'ex- subsister un simple talon .entre ïv et 8r; ~ans doute cette feuille con-
pression de ma gratitude. tenait une ou plusieurs miniatures, qu i auront t enté quelque amateur,
rai tenu i! ce que les r eproductions indi spensables, celles des fo- car il n'y a pas de lacune dans le texte, lequel cOlllmence seulement
lios 1-4 du Ms. 11695, accompagnent cette étude: ces r.eproductioll s au f. 8 recto.
sont l'oeuvre du COl/rtallld fllstill/l c of Ad, avec la permission ùu f. 5r: blanc.
British 11fllSCIl 111 : ce m'est un plai.ir ùe remercier ici les autorités re~­ i. Sy: «Croix d'O\'iedo dans un en cadrement-arcade avec des
l; ecti\'es c1e nt la bien\'tiilance m'a facilité tout~s choses. atlantes sur les piédroits, insc ription: P .-\X LVX il REX LEX,
et «spectre» de Cir.
f. 6r: page-tapi s, et «spectre» de 5\'.
** *
f. 6\": encadremet avec «dédicace»: «In nomine ingeniti ... », text:!
Al!alyse dll JfS . .:ide!. 11 .695, repris plus au long au f. 278, s.
fol. 1 r-y: page d'antiphonaire, en écriture et notation wisigothi- f. ,1': encadrement vide à l'origine, avec «spectre» de 6v, où J'on
!ju <, s, lai ssant aperct\'oir le «spectre» 10 d'un autre texte 11_ a ajouté au Xll " siècle les premiers nVJts des Con stitutions de l'abbé
i. 21': miniature de l'Enfer, gamme de couleurs semblables à celles cle Silos, Pierre I .e r , écrites au complet et probablement de la memc
de la derni ère partie du manu sc rit (après le fol. 172 em'iron) où d o - main au f. 267\'.
mille h couleur pourpre foncée ("iolet). f. 7\': miniatme de la «~rajesté» .
i, 2V: «C roix ù'O\"iedo» il l'Agneau, dan' une arcade en fer à -?\. D. - Ayec le folio 7 finissent le~ feuilles de garde ùu ma-
rheyal, ;l\-ec _"\ et ~ -u spend us aux brus de la croix, et «spectre » l1u~crit.
de --l- recto. f. 8-274: a\'ec le folio S commence le texte du commentaire dn
i, 3r: blanc, ayec spectre de l \'erso. Fl{'a l/ls et- la série des 33 cahiers ùont sc cOl11pos·e le corps du manus-
i, 3": «C roix d 'Oyiedo», clans une arcade en fel- à cheyal, ayCC crit (le premier ca hier étant sign é «1» au i. 15), cahier qui sont tO'-l:>
;\ et ~, «lampes» et, dans le bas, l'in ' cr iption : S I GKV~I'I CRVC l S !I des quaternion s, sau{ les exceptions suivantes:
CHRIST I REGIS, ;\près ceae in cripti on , on voit une lign e d'écri- le SC cahier (f, 39-45) était un quat~rnion régulier à l'origine, mais
ture très fi ne , soignetlScment grattée, dont il reste des bouts de hastes q\1 i a perùu son dernier folio. dont il rest e le talon entre f. 45 et 4 ' :
ct quelques jambages, cette ligne était en écriture -w isigothique min\!'- lacune dans le texte entre f. 45 et 46 ;, de plu s, le bas du f. 46 a été
ntl e, d e couleu;- rouge. Il n e serait pas inutile d~ savoi r ce qu'eIlc coupé: une partie du texte a été enle\'ée au recto et au verso, ainsi
contenait: peut-être l'examen ;'l raide des rayons \"iolets permetrait-il fjU'Une miniature qui devait se trouver au bas de .1-1) \,erso.
de la lire_ le 1" cahier (L 54-59) a toujours été un ternion, le texte n' ét:mt
r. 4 r: 1110mogral11!11e VR occupan t toute la page. l:a5 in-t erro:npu entre 53v et 60r.
'- N. J3. - Ces quatre premiers folios 5011t autant de feuilles s(:- clans le 28 c cahier (f. 228-23--t), un folio blanc non numéroté a ét,:
tar,:es et montées chacune ~u r onglet: les foli os 1 et 2 ne sont con- intercalé lors de la dernïre r elittre entre f. 232-233, en plein C0l11me11-
j oints que du fait que le rel~e ur les a coll és sur deux onglets con- tail-e de S, J érôme sur Daniel, ~ la place d'ull folio réel: la lacune du
texte r ésultant de cette ablatiGIl recot1vr·~ plus d'une colonne de Migne:
'0 x ' us appebll5 ici «spectre}) le ' traces bissées par un autre folio qui fut PL 25,512 D (ct fl orc lls in pa/a/io 7llCO ... , jusqu'ù col. 514 A, 6 c lign,,:
mi ('n c o nta~ t a,'cc le précédent pcndant une période où ces feuilles ont été
SOt:JllÎses à lIhumidité accompagnée de pression. el ont déteint plus ou moins l'une . .. tral/slatoriblfs qui lice o/llllia) .
~ur J'autre ;1\-ant de recevoir leur disposition définitive. clans ravant-dernier 'cahier, le \'erso du dernier iolio (266) est blanc,
II Tl n' est filas facile de dire que l était cct autre texte, celui du folio qui fai .ait ùe même le recto du folio suivant (267).
face à notre f. J rC'Cto pcndant la période de formation du spectre, car on ne
peut identifier al'cc raide du miroir que deux on t~ois m~t5. Le corps clu manu scrit comprend non seulement le Comm entaire

344 345
6 LOt:IS BROU I.:X AXT!rIJOX .~lRe .!OZAR.IBE DF. SIl.OS ï
de Beatus sur l'Apocalypse (f. 8-2 171'), lequel est sui l'i (afin d'utiliser
ks dernière, pages du CJuaternion ?) d'une Table d'affinité (f. 218r)
et de deux petits trait és: «De acfi/litatibllS i't [lradiblls» (f. 2J81') ,
«De c[l/latis et co[lilatis» (f. 2 1g r), mais encore le Com.mentaire d~
S. J érôme sur Daniel (i. 22cr-265\,), lequel est suivi des Constitution:;
de l'abbé cie Silos, P ierre l'er (lISS-Il60, cL Férot in, Histoire d ~
( abbaye de Si/o.', p. Kt-8S), et de quelques autres traité s très courts
de S. Jérôme, S. Grégoire, etc. (i. 268-274) dont on peut \'oir la
Ilomenclature donnée par dom Férotin (ibid., p. 264, s.),
.".près la 33" et dernier cahier (f. 267-27-1) \'iennent cinq feuilles
:lctuellement isolées (f. 275-279) qui sont les dernières clu manuscrit et
qui sont composées ain i qu'i l suit:
f. 275 r-v: sui te du tex te commencé au cahier précédent, al'ec colo- Est-ce Ull anagrallle ou un chronogramme ? Quelque lecteur inté-
pholl au verso; Te sé nous le dira peut-être.
f. 276r: page-tapi, inco rporant l'inscription du prêt re ~r lInnio; i. 27Sv: «Vila Itel [lcsta saueti lldl'follsi T o/eta ll{}.e srdis .. . » ( Inci -
1. 276c blanc; pit) <<Ecce dopes wal/if/1/r ... »
f. 2i7r : Croix d'O"iedo, ,1I'ec inscription: PAX L VX H.EX f. 2ï9r: suite du tex te précédent;
LEX; f. 279" et dernier: suite du tex te précédent, s'arrêtant six lign e3
f. 2iiv: encadrement av cc le colophon «AIme trinitatis .. . » des a "'lnt la fin et 'lui ne semble pas être complet (En effet, le texte im-
prêtres D omingo et )'lunni o; priu\é en PL 96, col. 43-~9 (,5t plus long d'une lign e, ou de plusieur5
f. 278r: encadrement a"ec le colophon: «ln nomine ingeniti ... ~ lignes ,e10n un manu sc rit dont le texte ·e5t donné en note).
(lui r{:prend celui du f. 6,· et contin ue avec «Labor scriben ti s ... » L es cahi er, 1 Ci. 8) à XVIll (i. 140-l-l7) sont signés' à la fin ail
Sur le bord inférieur son t rangées trois «fleurs», sur tige, (la pre- moyen d't1l1 chiffre ron-.nin. li la fin de plusieu r s cahiers ultérieurs
mière «fleur» n'a pas (té ache\'ée), chacune di"i sée en S secteurs ( ff. 22ï y , 274 ,.) 011 troll\'e 1111 autre système de signature re présent::
c010rés alternati viement jaune e t rouge. La «Reur» du milieu et celle var le premier 1110t du cahier -, ui"ant: de ce système, le couteau du
de d roite portent d eux inscriptions, rune en lettres n oi res et identique relieur n'a lai,.sé subsister que le haut des hastes des mots à certains
~ur chaque «fleur», fait le tour de la fl eu r près du cent re, à raison endroits (ff. 211v, 244v), ce qui la i~se penser que le même relieur a
d'une lettre 'par secteur, et se lit (en commençant à gauche par le sec - pu couper entièrem ent les J1l:l rques finales à partir de l'endroit Ol!
teur «:\ orel» 0 S CRI BAH. L 'autre imcription, en lettres rcuges, ~'arrê te le premier système de signature. et où l' on ne trou ve plu,
n'a été écrite, ou en tout cas ne se lai sse distinguer que sur les sec- aucune espèce de signature.
teurs j[!ll!1es: mai s chaque secteur r ouge de la fleur centrale corr es- L es feui llets qui précèdent le premi er cahi er (f. 1-7) étan t ceux
pondant à un secteur jaune d e la fl eur de droite, il est probable que qui nous intéressen t ici le plu::, il y a lieu de fournir les préci sions
lc"' deux \'ersion s se compl ctent. En mettant entre parenthèses () les suiyante3 :
lett res qui paraissent sur la fleur de droite, l'inscription commençant les fol. 5-7 appartiolJlcllt au Rca!1/.' tant à cal:se de la gamme
au même endroit se lit: C (M) 0 (_ ') 1 (1) 1 (H). L es H pourraien~ <les couleurs el11!ployées dans ces feu illets et dans le reste du mant.: s-
ù la rigueur être des A-, et les 1 d es T; de niêl1l~ l' e pourrait bien crit. que du bit qu'i13 formaien t il l'origine un bini on précédant l:!
(·tre un O. premier cahier du Beatus: ces folios 5-7 paraissent être les feuilles d~
garde originales du manuscrit. On sait par ailleurs que ledit manuscrit
{'st l'oeulTe de plusieurs copi stes ct c1'un décorateur (le prieur Pierre):
commencé sous l'a bbatia t de Fortunius ( 1073-1116), le texte du ma-
nuscrit ne fut ache\-é q u'cn 109 1, et les dernières illustrations furent

3-17
\:;'.; A;'.;T l PlI O;'.;.\lRF. ~I ûZ.\R.\B E DE SILOS
8 LOL"IS fiR OU

R I'Cll' RE D'U<E r .\CE n u BE.HL'S ( SCJlE~I.\)


terlllin"es s~ulcm ent cn J 10<) I~; a u ce ntraire, les foli os r-~ , tuu; Ît uil -
Dcux colonncs de 36 ligne, à la page
lets isolés, ,,'aP ta r /icI/H ell llm t pas alf Bca/us: c'est é\'ident pot:r le iul. r
q ui p rm'ient d'tlll antiphonairc : c'est également certain pOlir le; fo- 186 mm .
li03 2--1, principalement il cause de la gamme des coulcu r3 , difTérente +- -- - -- - -- -- - - -- - --- --- - - - - ---- -- _.- -_. -
d e celle qu~ l'on ,, ~ i l dan s le r este du manuscrit, en tenant compte 1

cepend a nt du fai t que la miniature de l'Enfer qui occupe le r ecto ······ 11··························· .. ·················· 1
. ..... 1

du f. 2 a ét é ajo/((âe apr&s coup, sur ce recto origina;'rcml' I/t b/all c.


pa r le décorat eur clu Beatus, probablcnlt:nt "ers la fin de son t ra\'ai l,
les coul~ urs em ployées resse mblant d e" antage à celles qu e l'on " oit 1
dans la clern iè!'(~ pani c clu l11:1nuscrit I~.
' 1
Reste à mentionne r les données tirées de l'examcn de b n :g lll/'o!
ùes ùeux parties clu :\1 S. Add , 1~5, donn ées qui "ie nnent confirmer
les d ~ducti ('ns !Jrécédente:;, en fo urni s>ant une preu\'e matérielle clunt
-!~~~==:=.~-~:~~~.--::~~~= . ... . . . . . . . 1. ~. .- ........... -......~:.-::~..~::::~~ :~ 1 .. .

l'i mportance n'échappera à per sonne.


P ou r pre;Ja re r Ic IJarchemin du corps d u B ea/ifS (joli os 5 il 279,
les d ernières feu illes isolées ay:. nt le même systèmc cie régl ure <Jue le
:- !~·~·=·~~·i-0~·~.=·::·j: ~~.~ 1
. ........-..............
+-- - - ï2 mm .
·..··..........·.. ·....··.... 1·····
--- -- --- ~

corFS de Bcatllj'), on a tracé il la pointe sè<che 36 lignes par page et P onr la pa rti e de l' t\mipl1onaire (ff. r-.t), le tra cé d e; li g nes est
e n a di sposé den x colonne s il la )Xl ge. Ces 36 ligne s occupent unc hau - tout c1iffêrent :
teur totale de 285 I11m " le s dimen sions a ctuelle s du JJ co(I/S étant de a) la surface érl'i(f est se nsiblemen t plus grande (220 X 300 mm.) ;
370 III Ill,. de h:lll tem S\ll' 250 IIlm . de la rgt\ll' (l es dimensions primi - h) il Il 'y a qu e J 5 lig nes il la page (pas de li gnes pou r les neu mes,
t ive; ont pli être un pC11 pl us grandes a \'an t que le coutea u du rel icur CCLIx-ci étan t écrits clan s le; interlignes);
ne COUf.i<lt les n~ a rg~s). La suriace éc ritc de chaque colonne est con - rI il n'y a <]n 'U \"E scul e colonne de texte ·(ou si l'on préfèrc, le
tenue en tre clel x pai r ~5 de lignes 'vu/ ica /es, et la second e coloune est lexte est à longues li gnc~) , cette colonne étant limitée cie chaq ue côté
sépa rée de la p remière par un inten'aHe blanc de 10 mm . d e largeur ; pa r TROIS ligne.; \'erti acles, sépa récs chaC1: nc par un intcn-alle
chaq ue colonlle a u ne brgeur écritc de &q 111111. entre les ligne; \'Crli- dt 9 mm .
ca les exté rieures (et 72 n1l1l, en tre les lignes vert ica les inté rieurc ·.
La longueur totale de chaque li g ne (les cieux colonnes et l'jntef\'all ,~ R ÉG I.L'RE V " ' IŒ l'.\ GF. DE 1:A/';UPHOX.\IRE (SC H E~[A)
blanc compr is) est cie 186 IlI m. entre les lignes verti cales ext~ri eurcs . lln e seule col onne de 15 lignes à b page
La pœ;irion des d eux pai res de lignes \'erticales entre les deux colon-
220 mm.
n est cst marquée dans le parchemin par deux paires de t rous il J'a i-
gui lle dans la marge in fé ri em c.
+-- -- - --- - - --- --- ------- --- --------

l'o! Voir ~J . F É. R07T:':. ll is toirc d l.' l'a!Jba\'l' dt' Silos, , . 265.


..1 . . 1 ..
·· .. ·.. ·.. ··.. ·.. 1.. ·· .. ··.. ··
l~ P ar a;llcurs 1 nr,e mjnialur~ rie l' E n'fl: r dans les ~ut res m,,1.lIl1 sl.' r it :, du
Bca tus Jl'est CGIHll:C que U2:15 ce lui de Girone, ct e \1 e cH toute cl ifférc lll t! de la ··········..·1 ···· ...................................-.............. - ................ .
...... _- _....... -
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349
IO LOUS BROU II

O r, les [alios 5 et 6 ont reçu I~ tracé du reste du corps du Eca/us, Le folio r nous donne (yoir plll5 loin le tex te complet) les pièce,
y compris les deux paires de trous au milieu de la marge inirrieure. finales de la messe de saint Romain (18 novembre), et les premières
De leur côté, les folios 2 et 4 ont reçu le tracé de l'Antiphonaire pi èces de la toute prem ière férie de l'Avent. Or, les antiphonaires qai
(f. 1). Quant au fol. 3 (recto blanc, grande peinture au verso), il a ont conservé leurs premières pages, A et !II 15, commencent par le
reçu le système des lignes verticales de l"Antiphonai re, mais la lon- début de J'an née liturgique, é'est-à-d ire par la iête de S . Aciscle
gueur maxima des li gnes hori zontales est de 195 mm. au li eu de 220, ( 17 nOYembrc), suiyie decelle de S . Romain (18 nov.), pui s de la pre-
et ces li gnes >ont au nombre de 3 au li eu de 15: le fait qu'on n'y a pas mi ère férie de J' Avent. Il est donc extrêmemt!nt probable que not re
tracé toutes les lignes horizontales lai ss e penser qu'on savai t en k antiph onaire de Si los (Sb) présentait cette même di sposition, ce qui
réglant que ce iol. se rvi rait pour une peinture à pleine page. est confi rmé par la très grande correspondance d es textes conser\'ê:;
Il es t donc œrtain: a) que les folios 1-4 Il'appartiennent pas au par notre foli o 1 en comparaison de ceux de A et 1\[ pour les même,;
Beatlfs)' offices (\·oi r transc ript ion plus loin), sans parler d e la correspondance
h) que les folios 3 et 4 appartiennent au même manu scri t que !e des mélod ies. Au trement dit, la page d 'antiphonaire de notre Bea/liS
folio 1 ; provient d' un des premiers cahiers de Sb, peut-être du premier [01;0
c) que si le fol. 3 a appartenu il l'un ùes deux manu scrils. c~ du deuxième cahie r affecté au texte de l'antiphonaire proprement dit III.
fut il l'Antiphonaire, mais il un enùroi t assez distant des folios r, "l L'en lèvement des premiers cah iers de Sb a presque. nécessairement
ct 4 et où les dimensions du tracé avaient changé un peu, ce qui s·ex- libéré les fcui lles de garde que celui-ci comport:\it en son commence-
plique pe r le fai t qu'une aiguille enfoncée à la main dans un ta s de lHent, car il est fort prcbable qu'il avai t des feuilles de garde. En effet,
ieui lles de parchemin, ne sui t ras facilement un traj et rectili gne, l1l:\is si J'on examine A, on voit quïl est précédé de magni fique s feuill e.
peut dé\·ier quelqu e pcu quand e ~la arri \·e au bout. Cependant l'hypo- ùe garde originales (i l a reç l1 ensuite de nombreux folios additionne!;,
thè"e qui fera it proveni r ce fol io d'un troisième manuscrit n'est pas ù isposés cntre les fC!tilles de garde et le commencement de J'anti pho-
écartée. 1laire proprement dit). Il com mençait pa r une page bla nche, f. 1 rectCl,
H c'est en tournant b feui lle qu'on aperceva:t (f. 1 verso) la miniature
Je ;ne railie entièremen t à ces conclltsions du Dr. H oll ler: quï l
veuille !ùn agrée r ici J'expression de mes plus "ifs remerciements. du copiste offran t son livre à J'abbé Ikilanus, puis venaien t d'autres
feuilles de garùe clont l' une (i. 4 verso) contient un A et un w entrè-
lacés occupant toute la page 1.: le L 5 recto était blanc à J'origine, et
* * * c·est au verso de 5 qu'on voit une autre peinture à pleine page repré-
sentant une croix d·Ov iedo dans un -encad rement car ré, avec A et w
J e voudrais maintenant essayer de montrer, par comparai son ave:
suspendus aux bras de la croix, et une inscription: cette croix ù'Ovie-
J'antiphonaire de Leon et d 'autres an tiphonai res mozarabes H , C0 111-
do fait hce à la page-tapi qui occupe le foL 6 recto. Ce n'est pas tout:
ment nos fol ios 2-4 proviennent ùu même antiphonaire mozarabe rlut!
le débu t de l'antiphonaire proprement dit (maitnenant f. 29r) était
celui gui a fou rni le folio J.
précédé (et l'e,t touj ours) d' une autre page décorée contenant à ell e
H Sig:cs emplGyés: " ~.f semble n'a ,·oir perdu qu·u l1 folio au début (de r anti phonaire propcc-
A Antiphonai re de Leon (voir plus haut, note 1); ment dit): le texte actuel commence en effet -par la fin de r oraison cConpl e tll ria~
!Ir : antiphonaire àe San 11 illan (,·o: r plus haut, note 3): Dumi". drus o lllltipOl fllS pour les Vél"'s de la fête de S . Aciscle (Vo ir :;,.
P : anüp""naire de San Juan de la Peila (voi r plus haut, note 2): Bn:,·iaire imprimé, PL M, col. 1245 B).
50 : premier antiphonaire mozarabe de Silos, d'après les fragment, <le la " Par ailleurs, le Bea/us de Silos ayan t été écrit et déco ré à Silos et aya!!l
Bibliothè4ue Nationale (n. a. lat. 2199, f . 14-16), dont le texte seu l reçu là-même la miniature aj outée sur le folio 2 actuel (voir plus haut J'analy '"
à éte transcrit presque tntièrerncnt par dom Férotin (Lib",. S~(r.o'." ' du ms.), il y a tout lieu de supposer que le s plendide antiphonaire qui a fourni
890, s) et que je ré t diterai en entier avec adjonct ion des fac-slmlle,. les fo lios 1-4 .p:-ovenait de la mënle abbaye: nous suggérerons, e.n terminant
Ce manuscrit est du lX-Xe s. cette étude, à Quelle occasion cut lieu le dérncnbremcnt ùe rantiphonai re mO~
S b: deuxième anti phonaire mozara be de S ilos, d'après les fra gment, d:.t zarabr..
British :\f useum (Add. 1 J695, f. 1-4 ), ce:mi que nous éditons ici et 11 Il y a d'au tres exemples d'A -w à pleine page dans les manu scrits es-
qui e;t de la fin du xe ou du début du Xt e s. pat;nols de cette épo'Jue.

350 35 1
LOUIS BROU

seule le litre de l'antiphonaire 1 en grandes lettres (f. 28v): le recto


de cette première page de l'antiphonaire léonais était blanc à l'origine,
ANTlrnONAIRE OE flOS
selon une habitude assez générale qu'on observe dans les beaux ma-
nuscrits espagnols de cette période. Enfin, la première page de pièces
neurnées de A (f. 29r) présentait, outre le titre de la fête, un beau
monogramme 19 formé des iettres VR entrelacées (ou plus exacte-
ment VPR), lettres qui appartiennent à la rubrique de la première
pièce cVesPeRtinun1» de l'office de Vêpres de S. Aciscle. De sorte
que, en ouvrant l'antiphonaire de Leon à la première page des pièce3
musicales, on avait (et on a toujours) sous les yelL'C, à gauche la
grande page cie titre joliment dècorée, à droite le monogramme VPR
indiquant le début du premier office.
Or, ce- qui reste de l'3;ntiphonaire mozarabe de Silos nous laisse
penser que, dans sa première partie il présentait des dispositions assez
analogues à celles de l'antiphonaire léonais: étant donnée J'habitude
des grands manuscrits mozarabes, nous pouvons conjecturer que sa
première page était blanche, et nous proposons de la retrouver dans
notre foüo 2 recto du Deal1/s, qui à l'origine était blanc, puis a reçu
plus tard la miniature de l'EnCer; mais ce fol. 2 devait se trouver
parmi les éléments prélimil/aires de notre antiphonaire, i. e. avant la
page de titre de l'antiphonaire proprement dit.
De même, étant données les habitudes des grands manuscrits en
question, lesquels ont souvent une ou plusieurs cCl'oix d'Oyiedo~ à
pleine page 10, nous n'avons aucune peine à attribucr à notre anti-
phonaire de Silos sa propre croix d'Oviedo, puisque nous avons devant
nous delLx croix d'Oviedo qui n'appartiennent pas au Beatlls (nos
folios 2 verso et 3 verso): plus exactement, nous n'avons que l'em-
barras du choix, car ces deux croix d'Oviedo nc devaient pas se trou-
ver côte à côte dans le manuscrit original, mais l'une dans les feuilles
de garde de début, l'autre dans celles de la fin 21. Nous proposons de
reconnaitre la première croix d'Oviedo de notre antiphonaire dans le
U Il est disposé sur 7 lignes, ou l/Ius précisément sur 7 bande! diversement
colorées: IN NOMJNE DOMilNl Il NOSTRI IHESV XPI Il INCIPIT
UUER ANTI Il PHONARIVM DE TOTO Il ANNI cmcuLO Il A FES-
TlVITATE SANCTI AClSCLI Il VSQUE IN FINEM. .
,. Maîs n'occupant que le huitième de la page environ. Voir fac-sinQlé daus
Z. G. VILLA DA, Pa/cogra/Ta Espa/io/a, li (Album), Madrid, 1923, pl. xxx.
'" Et crant donné, en particulier, le fait que A possède sa croix d'Oviedo,-
de pleine l'age aussi. Fol. Ir
El Exactement comme dans ce qui appartient CI' propre à notre B~aI1ls, où
nous ,"oyons effectivement sa première croix d'Oviedo au 1. 5 verso (après un
recto blanc comme cela arrive souvent), sa delL'uème au f. 277 recto actuel
(en face d'une palle blanche aussi).

35 2
ANTLPUONAIRE DE Snos ANTIPLlO!'lAIRE DE Su.os

Fol. 2r

Fol. IV

-li.
ANTIPHONAIRE DE Sn.OS UN A.'1TlPHOXIIIRE MOZARllEE nE 511.05 J3
Fol. 2\1 Fol, 3" folio 2 verso, à cause de la particularité qu il présente d'avoir con-
sen'é le cspectra de ce qui est actuellement' le f. 4 recto, lequel se
trouvait nécessairement dans les pages du début, comme nous le mon-
trerons plus loin. Quant à la seconde Croi." d'Oviedo, ceIIe du
L 3 verso (précédée de sa page blanche) :~, il est probable, selon nous,
qu'elle se trOtivâit à la fin de notre antiphonaire, comme le suggère
par ailleurs le fait que ses lignes Hbrizontales sont un peu plus courte •.
Dans le cas où 1'011 viendrait à prouver que ce~te Croix d'Oviedo (de
notre f. 3) provient d'tm troisième manuscrit, différent à la .fois du
Dm/liS et de l'antiphonaire Sb, selon une hypothèse non écartée par
le Dr. IIohler, cela ne changerait rien à ce qui est dit ici au sujet des
folios l, 2 et 4-
Il ne reste plus qu'à assigner une place à notre folio 4 28: le reeto
est occupé par le monogramme, à pleine page, formé des lettres VPR
entrelacées; le verso est Occupé par un autre monograme, à pleine
page égïllement, fom ~ des lettres, ou plus exactement, du mot L VX.
r, ce ne sont pas là des monogrammes quelconques: ceux qui sont
habitués à la lecture des antipllOt:Jaires mozarabes ou' des manuscrits
d'O fficia et }.JUSSIIC ont Mjà reconnu la nature du premier de ces
monogrammes: les lettres VPR entrelacés sont celles du mot «Ves-
PeRtinul1u qui est le vocable sous lequel est rubriqué le premier chant
de Vêpres dans la liturgie mozarabe: un monogramme de cette sorte,
, i sinople soit-il, est tie règle dans tout antiphonaire et dans la plupart
des livres d'Officia et Missae de la liturgie mozarabe, au début de l'of-
fice de Vêpres de chaque jour. Ce monogramme peut être plus ou
moins grand, plus ou moins décoré, voire plus ou moins déformé par
les décorateurs mozarabes, mais. il devenu comme Ull motif obligé
au début de chaque nouvel office: il a aussi vite acquis la signification
de siglle visuel annonçant le début d'un office, signification qui devait
être perçue immédiatement par tout chantre Ott homme d'égli e
mczarabe. Et comme notre 1110nograme est très grand 24, il est très

.. Celle-ci n'a pas été photographiée pour la raison qu'eUe est blanche.
.. La l'age de titre de Cantiphonaire n'a pa3 été conservée dans nos (euilles
de Ir.Irde, et ne pouvait pas l'être, car la présence d'un tel titre (probablement
1rè décoré) eüt annoncé .un contenu tout différent de celui du nta/IU. Lors
du démembrement de nOtre antiphonaire, il est visible qu'on a voulu conserver
et mettre ensemble quelques-unes de ~s plus belles pages décorées, soit · ses
de"x croix ô'Ovi~o (celle du début et de la fin) et ses pages de monogramme.
S'rand (onnat: mais la conservation de la page de titre n'eüt sans doute engendré
<lue confusion, il v:Làit JtÜeux se résigner à l'abandonner . .
.. Il tient taut la surface du. parchemin, lequel a même été légèrement
rogné sur le côté par le relieur.
Fol. 4V
353
23
lOCIS BROU CX AXTlPllOXAIRE )(OZ.~R.\B( DF. SILOS

probable quïl annonçait le tout premier office de l'antiphonaire ~'.


Le \'erso du fol. -1- e t formé du 4:monogranullel) LVX 26. En ré:!· •**
lité ce n'cst pas un monogramme strictement dit, mais un mot entier,
LVX, et ce mot, ici ellCOre, n'est pas un mot quelconque, mais bien
le tout premier mot du premier chant de \' êpres de la première fête
de l' année liturgique mozarabe : LVX orla est iustis et reclis corde! Folio J recto
letÙia, qui est le premier chant de Vêpres de la fête de S, Acisc!e
(début de J'année liturgique dans la liturgie mozarabe), comllle on peut bunt te . cleo gra /ws. Transibimus.
le voir dans A, f. 29 qui a les plus grandes ressemblances avec notre
antiphonaire (\'Oir le détail plus loin) 2"
Lù AUelui:t . . . . . . Gauùcte iusti in domino rect o;; <leeet laudat io.
Ainsi tout s'éclaire, et rien ne "ient s'opposer à ce que les folios 2-4-
aient fait /;artie d 'un antiph onaire ntozarabe, et de celui-là même qui a
fourni le folio l , Je rappelle en bref la composition de ces quatre 3 SCI' RegnuOl c t potcstas el magnitudo r egni dabitur populo
foli os:
f. 1 r-\': feuill e d'antiphonaire mozarabe; sanctorum alle1uia.
f. 21': originairement blanc, maintenant peinture de l'Enfer;
f. 2v: croix d'O"icdo du début de J'antiphonaire;
5 1/ Consurget micaeJ princeps magnu 5 ct salbabitur OIllnis qui
f. 3r: blanc;
f. 3v: croix d'O\'icdo de la fin ùe j'antiphonaire;
f. 41': monogramme VPR, de la rubrique du premier chant de irlUcntus fuerit in libro scriptus. ct qui ad in;;titian) crndinnt
l'antiphonaire;
f. 4V: premier mot : LVX, du premier chant de l'antiphonaire. 7 multes fulg-ebllllt quas i stclle in perpetuas çtern ;ta tes

2"". J'ai dijà eu J'occasion de parler des monograrrunes de cc genre dans lei
autres manuscrits: voir, pour les manuscrits mozarabes proprement dit s. Fro!J -
,,,cllis d 'antiphollairt: mo:arnlu du UI.o nas/(~rt de SaH Juan de la P eno, da.ns
«Bis.pania sacra" 5 (1052) 5.2. 58 ; polir les survivances dans 1..:s livres romains
tC Tit s par des c:l pi ~te3 mnzarabes à l'érK>Q,ue du changenlCnt de rit , ,'oir L i's 9
jrl1!J m:Ills ,(i..fiû go thiqu l..'s dt l' ti ll ivc!rsit(: d~ Ca mbridge, méme revue 3 (1950)
1.13. s.). Par ailleurs, de nombreuses reproductions Cil couleurs de ces monogram-
mes peuvent se voir dans le bel ou,"rage de Archer 11.1. Hunting tol1, !t,il;ols alfn~ pcrtransibunt plurimi et multipl ~x crit scienti:l popnlo satle/orum.
Jllillialurcs ... !rfl f/l thr :\Icl=n rn bir .lla"uscripts of Santo DotllintlO de Silos in
tflc British MI/SC"", (New Yo rk, 1904) (je les cite dans l'ordre adopté par
l'auteur) : JubilalC domino omnes ge ntes quia çcce
al dal1S les mss. mozarabes propremel1t dits:
Add. 308.t4, f. 57. 1041>, 86.
Add. 3094i, f. 33b. uc niet salba tor otlln ium deus. \'R Let entur
IJ) dalls un manus( rit 31)pelé improp rement «mozarabe., appartenant en fait
au rit romaill, mais en écriture et notation wisigothiques (s urvivances des.
habitudes des copistes mozarabes à l'é.POQue du changement de liturgie):
Add. .J0850, fo:t. 155. 31 b, :nb, ,,6, 15ïb, 6, 7Sb. celi <1 c!\.,Ùet t erra. (Q ) uia ec~e.
La feuille a été légèrement rognée par le couteau du relieu r: l'extré",it':
des décorationi a été atteint e.
'" li! est laculleux au tU'but (un folio), et il ne subsiste aucun autre manus-
crit Qui donne la première pièce de la fëte de S. Aciscle : on \'oit combien e; t
précieux le f. 4 ver~o de Sb, puisqu'il est le second témoin connu de l'existence
du \·espertinum l. !I.f {nr fa (sI ;/fsti.t) pour commencer roffice ùe S. At'Ïsc:e.

354 355
IG Loers DROU 17

Expl-icalioll dl, lexte.


Folio verso Folio 1 recto: cette première page nous donne la fin des pleces
de la Messe de S. Romain ( 18 novembre) et le début des pi èces de la
_0\1-' Egrcdictu r uirga de radice gesse et fios de radice eius ascendet ct iu première féri e de l 'Avent.
Première ligne: les deux premiers mots bl/Ilt te sont la finale dt!
dicaUlt cum iustitia pallp ~rcs . V 1{ Antc solel/l pennan~t sedes dus «C1amor» de la messe de S. Romain. On sait que le C lama I' [ait
partie intégrante du «Psallendm11:l> de la messe 28.
Voici le texte entier du PsallenduiU d 'après A Cf. 31 v) ct ~I ~u,
3 :\L Domi nus sicut forti s egrcdi ~ tur et ut ui r bellator suscilauit zelum
pour cette même messe : Trallsibi'llllts pel' igilcm cl aquali/l cl Îlldu.risli
tlOS i11 ,·efrigerio. VR. Probasli "OS deus siwt probalur al'oellll/1l1,
uociferabi tur ct cJamabit allduia ct sup~ r inimicos suas posuisli, Iribllialiolll'S il! dOl'so 1/oslro. Et 1I1dw:isti.
Le Clama I' sui t immédiatement le Psalleudulll, ma is le texte Il'ell
5 coniorl auilur ct lauùcl11 eiu s in insu!is nuntiabunt aile . . . . . • est pas la même dans tOllS les antiphonaires: tandi s que !\ donne :
!Olle lias exallli"asii (Ps. 6.=;, 10), notre fragment s'accorde avec 1\I
pour donner le texte : Beaei qui habilallt il! domo 1110 domilir, [./1
lui a ".Ile ... luia. V R Qui ope rit c<;llIl/I plubiam. secula SeculO/'l11l1 lal/da b:tIIl la (Ps. 83, 5), d on t la finale seule: b:lllt
le, figure sur le fragment de Sb.
ï Y~ï Cc roull1 SUpeïnU I\l . Po!'1 yt\l VR Deus uirtutum COH u er. AD 1\lT Après le neume sur la finale (bl/1I1 le), notre fragment indiquc
clairement l'acclamation Dea ol'otias ' 0, Cjui est assez habitu elle à la
{in des ClamaI' de la messe et qui est encore visible J ans 11 malgré
A f Exict uirga de radice ge sse in salute populorum ipsum gentes de
les injures subies par cc manuscr it.
Enfin, après le Dca oralias, " k nt au bout de la li gne l'in dicatio n
9 prccabulltur ct erit nOI11<:n eius glori osul11. VR- Et dominabitur. ter re. de la rédame, ici TrallsibilllllS, qui est le début même du P sallendum:
cette reprise de la première partie du Psallcndum est a ~ ez fréqueute
AF D Oltlll1'..iS ut forti s cgrcdietur ct s icut uir pr"el iator suscita . . . . . uit dans cel1~: des P sa!lendul!! dotés d'lin ClamaI'.
Ait début de la ligne 2 on lit la rubrique LD 31, i. c. «Laudes», qui
II ZC!llI". VR Dominll s reg'nabit decorem indu it. et si
:lS Vo ~r notre c:tude L e Psallclldll l1J de la ~U t'sse et Irs C"01~ts ( lJ H"rXC$
c"atrt~s lcs sourCf S 1:101It1UrU,·s, clan «Ephemerides l it\1ïgicae~ 61 ( I 94ï) 45-54,
.11 Ce manuscrit n'e t pas foli oté, les grcH'es mutilat ions qu'il a jubies r~n­
ùL .-\n;mntietur in s)'on nOIll CIl domini et laus eius in iherusalelll alle
dant tout essai de foliotati on particulièrcment dillicile, ma is la fête de S. Ro-
main Ycn3.tlt aus~ itôt après celle de S , Acisdc, iaql!elle inaug llre le codex , il
e st a 5~ez facile ùe s'y retrouver: c'e~ t S\lr Je douzième folio ~o m.p l ct après i~
'3 lui a allelui a all clui (1. V R Quia heùi ficabit d01ll;nlI5. magcstate sua . premier.
.. Lors ùe notre étude sur le P stlUclldllm de fa Messe (voir note ~7) faite
cl'après les manuscri ts jusqu'alors publiés, nous avions ét~ amené (.p. 54) à.
HS Egredietur domi nlls de sunn ria pel' uiam que rcspicit ad orientem ct laisse. entendre que le peuIJle participait probablement au C:.amor de ja r..lcS5c
précisément par l'acclamation Dt'o yratills. Dep1J13. l'examen des "lrotogra /JJlir,ç
des manuscrits nous permet d'être beaucoup plus affirmatii sur cc point. Cette
ucni et in l>ethlcm ambulans su per aquas egres5ionis iude prticip"ion tres probable du p"uple se déd uit:
1) du fait que le Dco g ral ios e51 toujours Te,'';!u de la m;;me mélodie, quelle
que soit celle du F sa1!endum-C1amor, qui est très variable;
2) de c~ que cette mélodie est très sim/pIe et très courte: e:X:J.ctemel1t 12 no-
t es ùont 4 sur la première syllabe et :2 su r chacUl;e des autres syllabes. (D'autre
acc1anmtions populaires peuvent compter jUS<ju'à 16 notes) .
:J Dont on n'aperçoit bien que le d sl1nn~:mté d'une abréviation, sur notie
reproduction.
357
18 LOUlS BROU UN A~TIPHO~AlRE MOZAR.\BE DE SILOS

est l'appellation couranle du ver et alléluiatique. lequel a ici pour te.x1:e:


Alleillia, Gaude/,c illsti in domil/o rectos dccct laudatio (Ps, 32. 1);
c'est e"'i:actement· le même verset que dans A. tandis que M a un autre
verset : AIle/II,ia. Pre/iosa ill eOl/speeln .. , (ps, Il5. 15) 32,
Les lignes 3 à 10 'Sont occupées par le «Sacrificiulll> ou chant
d'offertoire de la Messe. dont on aperçoit la rubrique abrégée dans la
marge: SCF, Le texte en est le même dans nos trois antiphonaires: ,
il est tiré du livre de Daniel. chapitre VII. 27 a-b. d. pour la partie
du début. et chapitre XII. la. d; 3c-d; 4d. pour l'unique ver et (mar-
qué dn chiffre II en marge. scion la coutwne mozarabe générale) n3,
Les lignes 8 et 9 sont constituées uniquement par la suite du long
mélisme (représenté ici par des points: ...... ). commencé sur la dernière ~,
syllabe du mot çlerl/ita/rs: c'était la coutume des chantres mozarabes
d'exécuter un long mélisme à lm endroit donné des versets de l'offer- . fI'
toire. souvent le dernier verset: ici le mot choisi est {'/ernitates qui
n'est pas absolument le dernier mot du verset, Le même ll1élisme L ':f·
,.r..
~ .
existe dans A. écrit t!n marge (dans M. le mélisll1e devait se trOU-
ver en grande parlie dans les marges: il a disparu avec celles-ci), et ,:'".)
il existe ùne rare correspondance mélodique dans la {orme et le nom- !'
bre des neumeS 'entre A et Sil, Du point de vue de l'analyse musicale. Î.f
le mélisme en question est un de ceux qui sont composés d'un certain JI
nombre d'incises mélodiques ,'épétécs: on distingue trois de ces incises i'r -
répétées inlll1édiaten1ent et entièrement. d'après le schema suivant: J'
A + N. B + B', C + C', Dans l'antiphonaire de LeOn, la marge ~... r
supérieure du folio ayant été endommagée, on ne peut voir la portion
finale. laquelle n'est pas habituellement fomlée d'une incise répétée.
mais d'tme incise simple, S1li !J(!IIerÎs, que j'appelle la Queue - si-
gle Q - du méli,smc). et comme M est également privé de ses marges
à cet endroit. notre fragment Sb est donc le selll témoin 111\lI111sc:rit
mozarabe COllut1 qui nous donne intégralement ce mélisme d'environ
Il.
160 notes sur le mot çtenlÎ/ates: la correspondance presque minutieuse
des neumes avec ceux du mélisme de A semble nOlis garantir la pu-
l,. , />
reté de l'incise finale Q conservée par notre seul fragment: une des \.
nombreuses raisons qui le rendent précieux, 1
"ec la ligne 10 finit le Sacrificium. et avec lui les textes de la
.'
messe de S, Romain, Les pièces qui suivent appartiennent à la pre-
mière férie de l' vent: on voit d'abord, partie en marge. partie dans
Antiphonaire de Leon. fol. 32 r
.. Sur le verset alléluia tique en général. "oir notre étude LI AlIdu;a dans la
lilurgie lI,o.:;arabe, dans cA'lUario musical~ 6 (1951) 1-90,
as Quand il y a den." \'ersets. le deuxième est marque du chiffre lU. et
aillSi dc suite,

359
20 Lons BROU LX AXTlPHOXAIRE MOZ,IR ABE DE SILOS 2r

l"espace résen'é a u texte, un granù monogramme (stylisé) formé des Siios, puii.que Férotin a ssure (Histoire de i'abbaye de Silos, p, 2C9, n,)
lettres VPR en trelacées; t'e, t à la fois le signa l d'un noU\'el office cl que notre manusc rit n 'était dé jà plus à Silos dans la seconcle moit i~
l'abrégé de la ru briq ue «\ ' esPeRtimlm:o, qui est le nom du premie r du X,' llle siècle et aucun catalogue des manusc rits du monastère à
chant ùe V êpres, du premier chant tout court, puisqu e tout office mo - cette époque nc le menti olln c:> 3"
zarabe comillence pa r les V êp re5 34 , Le «\iespertinulll» cie b pr~­ Folio 1 \'erso,
mi è re fér ie de l':\" ènt, cbl1 s notre fragment es t donc h:bilCi te d on/j- Lignes 1-2: tex te de la premi ère antienne «Ad Ve sperum », avec
1/0, etc, Dans /\, Oil a bien marqué le l110n ogral11e VPR (simplifi é), so n vcrset dont, se ul s, les premiers et le s clerniers mots sont écrits ct
mais on a oublié cie tran scrire le te): te du «Vespe rtinul11 » : c'cst a,'ec :'Ir mMs : le re st e de la mélocl ie du ve rset s'exécutant sans cl oute sur un e
seulement que notre fragmen t peut être comparé sur ce point , et teneur conn ue; voici le verset ell entier: A lite Jolem perma,/Iet (1l01l:î ll
d 'ailleurs très exactement, il la fois pour le texte et la méloclie, car U e;lls, el alite ltlilam) scdes cills (Ps, ï l , 17 ) 3", L e corps de cette anti en-
donne le même V espe rt :nl1l11 fu biia/e domino, qu'il fait précécler cie ne corresponcl exactement à celui qui est d onné par A et M pour le
la rubriq ue, en marge: «,\ Jill J:a!el:das decembris ad V îSpi'ruIII » , même j our (le ,'crset est différent), De même, la mélod ie de not rc
pour qu'ou soi t bien fixé sur le moment de l'exécution: r ubrique im- i ragment offre la plus granùe correspondance a vec celle de A, et
portante, ca r elle précise le jour ol: a lieu pour la p r emi~re fois l' oi- (autant qu'on peu t en juger) a,'ec celle cie l\L On sait que la première
lice des vêpres fériales (i. e ~ans compromis a,'ec une fête de Sai nt) de antienne de Vêpres n'est janiais alléluiatique: elle est d'ailleurs rubri -
l'Avent 3', i, e, le premier 50ir après la fête de S, R omain, laquelle est quée à la mani ère cl es an ticnn es ord inaires AF (ou ATF), An /ifo l/a,
terminée liturgiquement par la céléb rati on cie la messe clu saint ~r" Lignes 3-6 : tex tc de la second e antien ne de Vêpres, ou plus pré-
Les derniers 1110ts de la li gne 13 cl oivent se lire ain si: ( O) lI ill eUi! cisément de l' «,A. lleluiaticum » cle V êpres, rubriqué AL, i, e, AL(le-
(ul'Hiet) .. " ce qui est la r ep ri se d'une parti e de l'anti enne (à partir lui aticüm), c'est-:1-dil'c une de ces antiennes très spéciales qui:
des mots en questi on) a près qu'on a exécuté le ve rset ci e cell e-ci, 1) comportent dans l~l1.r texte un ou plusi eurs alle/uia, et
Ql1ant à l'in scripti on: « N~ 98", qu'on voit dans la marge inférieu- 2) ont un e pla ce fi ,;'c dans lI11 oAice donné: à Vêpres, toujours
re, elle pourrait être d 'un e ma in espagnol e du XVlll e siècle et repr é- la deuxi ,::ne des deux anti en nes 3U,
~en t e r une cote de bibli othèque, différente probablement de celle de D" l15 notre Allclu ia ticllm, le mot allcill-Ïa se voit t rois (ois , Ici en-
core, (~:~te et mé-lodie sont exactemen t ceux de A et U , y compris Je
:~ S ;..! r Je €Vespert im:m , Cil gtll~ ;a1. ,"O i T ce qui a été ùh plu s haut. \'CEet clont nos trois ma nusc rits ne dOllucnt que quelques mots, et que
. . " Je cümpte montrer ailleurs que J'année lit l.!rgique mozarabe cc m:llençait
le jour même de la ft'te dt S, Aciscle (17 !lO\"embre), Quel que fù t le jour d~ nm:s rétablissons ici en entier: iQui operit celum (lIll bibllS et para t
la s emCline: c"eEt en effet dan.; J'ofticc mtme de S. f\cisc!e Que SC tra u\'e , comme te1ï'Gc) pllibia ll ~ Ps, 146, 8: même texte dans la Vulgate,
ill:briquee, UI~e commémoraison d'ull gel1Tê tri":; 5p~ci aI pour célébrcï le dé~u t
Ge r .'\ycnt li tu rg ique. Ligne ï: 0 11 voi t d'abord la rubrique Y:\I(nus), _ui,'ie de l'incipi t
" Les \'êpres jéri(1/rs de 1':\I'CI1: se célébraient dOl1c pour la p~cmiè;c iois noté VerbHiH sUperlllll1!- de l'hymne du «::\latutinum» de l'Avent : nou s
le . 8 ;10\"f~lhre au so i:', la fê:c de S. Ror..1ain n'ayant pas de secondes \' ê pr~ .:: . somm~s en effet à l'offi ce clu ~ ~J atutinul1l» dont la rubrique AD }'I(a-
conformément à la coutun:e mo zarabe. Trè5 ra:-e s ~ o n~ . 1C's drC()llstances où
qut' lqu ·~ antienne ou ora iso n est lTIarquée le ~oi r (<<Ad Vesperum ») d'une j O \lrll ~t-! tutinull1) a été placée à la fin d e la ligne, selon une habituùe assez
déterminée qui a déià eu 50 11 oftî ce Ad V l:spen!l1i. la veille au soir: S'~ n éra:c~ fréquente dans le s livres litu rgique s, Cette ligne 7 de notre fr agm ent
meut il ne s'agit pas alo rs d'un oftice de ~econdes vêpres strictement dit, mais est p récieuse, car A n'a pas j ugé util e d'indiquer l'hym ne du dra(ll-
plut ôt des (premières) vèprcs du lendemain (exemple: les dimanche s de carér,lc,
Je dimanche de paques), u bien d'une céré:non!e très spéciale (exemple : f of;i ce t:m:m» (à cct endroi t clu moil1 s), et si dans :VI l'hymne e!.t dOl1n ée
dOl di'1Ianche soir . ln Carne: T ollcndas», jour des Adieux à l' Alleluia, a,'ec
ferrnctDrc solc:nneUe des foms baptismau;,. Cf. A , \Y. S. P ORTER, Siudirs il! tlz r 3:- St1.:' tes cûta !ogues de manuscr its de Si1os, voir F ÉROTIX', [-lis/ aire dt> fa u-
.ll o:;t1rabic OffiL·C. II : Tl:c Swufay De Can:cs Tvt!endas, dans «The Joul'lIal i'c-", d e Silos, p, 25i , n, 3,
oî t heological Studies » 35 (1934) 2ï l-~80), Le; !etes ayant quelque chose qu i :o.e D'apri:s le Bréviaire ~luzarabe de LOienzaoa, réimprimé dans 1f'G!'J-:.
n:~5embi ~rait à des seconùes vép!'es son t. dan5 A: La Circoncisio n. l'Octave d~ PL 86, 788: on sait Que la Vulgate n'a pas JÏnd sc : cl ante lwt<ltIJ. scdes eill.r~
Pâques.. J'Ascension, le Dimanche ôc la Pelltecote, et le jo ur de la féte de S . ] ean - ., Ou la' dernière quanù, très rarement, il 'Y a plus de deux antiennes à Vé-
Baptiste. Par ailleurs, au jo ur èe X ct l o n tiOU\'C r.on seulement OC5 (sccolldr~) pres (exemple, aux \ ' êpres de la grande fête de b Vierge, le 18 décembre) ?"
V êprc3 du JOU i , mais cncnre ro!lice régu lie r «.\ d YC5pe runl» de S. Etienne, ce encore la deuxiè!T:.e de. chaque gro!.Jpe de clClLX antiennes Vespérales marquecS'
qui ferai t deu." offices de \ 'épces poU l' ce jeur, oan5 A f. 2S4-2Si, pou r les dimanches.
2.! Lons BROt: X hXTlPll OXAIRE ~IOZAR,\ BJ:: DI; SILOS 23
i: lIégraI EJ1Jent (lacune pour l'incipit) , c'est sam aucune notati on, Et .lu P s. 101 , 22, qui se présente ainsi dans le psautier de L orenzana :
l'Ol11me les hymmes ll otées sont très rares dans nos manuscrits, en ~ : t adllul/tiet,,7' ill 5)'on lI.omcn dom;ni, et Zo us ci"s iJi ! cY/fsalcm.
;tppréciera le témoignage, tout mince q\l 'il soit, de notre fragment 1.e verset est tiré du même psaume, \'. 17: Quia. hedificabit domiJJ/rs
~ll r ce point. (5)'011 , et videbitur in) 1IIagestate SirO·: il est probahlement le mêm <!
:\près quoi, sur la mt:me ligne 7, vient la rubrique: Post Y~IlJum d ans M, où l'on n'en voit que le premier mot: Quia, mai s il est dii-
V eRsus, suivie du début du verset cn question, férent clans A, Quant aux lliélodies, elles son t concordantes dans n0;
:\ \'ec la ligne 8 commencent les pièces propres du i\la t\ltinum de troi s témoins.
la première férie ù 'A vent, et qui sont au nomhre de quatre, NOUi De la quatri èmc pièce (l ignes q-15), qui est le répons de cette
:1\'0115 donc ici les 4 pièces qui ionnent ce qu'on appelle la «~Iissa» « ~lissa1> matutinale, nous n'avons que la première moitié, mais la
du «~Ja tutil1ltm » du 19 llo\"embre.o, La prClllÏère pi èce (lignes 8-9) correspondance générale de notre fragment a"ec A ct ~I autorise il
est ru briquée simplement AF, i, c, i\ntiFona: son texte : Exict lIirgo penser que le texte entier e,t le mêmc dams les trois témoins: Egre-
cl .. ro die,' gesse ... C5t emprunté au line d 'I'saie XI , 1 et 10: il est dictur d01l1inus de sali/aria pcr uia.m que rcspieit ad oriel/tem ct IIcnict
exactement le même dan s A et r. Le verset est diffélent dans _\ il1 beth/em al1l{J11lans sup r:r aquas egrcssionis il/de (tl/ne sallllls c;'it
, ~u ) emeltt: le voici en ent ier: Et domÎllùbitllr (a mari IISqllC ad II/arc, omnis homo quia ecce uelliet) , (VR. Ecce lI euiet il/. 'JlIrbi/ms dOlll illllS
,'! a fluminibllS IIsql/e: ad tel'llJinos orbisj terre: (P. il, 8, texte com- rt Iridebit l'"m 01ll1l;S oCIIlus), Seule la réclame est différente : Qllia
pl été d'après le psautier de Lorenzana, PL 86, 787) . La mélodie est ,erre uwict, dans A; Tmlc salI/liS l'rit, dans ~'iI.
:Itlss i la même dans A et, mai s dan s une mesure moindre, dans M, Sur la signification de ce répons a s~ ez ~pécial, extra-scripturaire,
par ailleurs mal conservé ici. j e compte parler ailleurs plus longuement. Di sons seul ement ici qu e
La deuxièmc pièce (li gnes 10- Il ) , rubriquée encore AF, i. e. ·,c t 2:o;te doit être très ancien dan s la liturgie de l'Ayent en Occident,
AntiFolla, empruntc son tr.xt e à J·saie XLII, 13 : texte semblable dan s rar il est comun à trois liturgi es différentes: la j'ol/mill e, oit il est
- \ ct ~I. Quant au verset, notre fragment s'accorde de nouveau avec {:l1COrC en usage au 2· dimanche de l'Avent (7 e répons); l'ancienne
.\f seul pour donner: DOlllil/.lIS rcg llQuit decore:m i1lduit (Ps. 92, 1) liturgie ga.llieGllC li; et notre liturgie wi sigothiquc. Sans dout e, ce ré-
~ans qu'on puisse sa \'oir si le verset était plus long, le dernier mot de pons provient de l'ancien fonds ccmmun aux liturgies latines, antérieu-
ia lig-ne, et si, n'appartenant pas au psaume, mais indiquant le début rtment il la diversi ficati on des famille s liturgiques, et peut-être 1:1
de la réclame: ct sir (/rt "ir preliotor .. .) . ~Iëme cho e dans ~r. ·célébration d 'un Avent liturgique est-elle plus ancienne qu'on ne croit
La troisième pièce (lignes 12-13) n'est pas mbriquée AF, mais AI., généralement. Quant il la mélodie, elle est encore reOlarquablemem
clans n os trois antiphonai res, ce qui avertit que nous ne somnes plus ~ell1blable à celle donnée par A et M: c'est d'ailleurs 1:1 note générale
<:11 présence cl 'une antienne ord inaire, mais d 'un «:\lleluiaticuml> (,'oir -cie grande ressemblance neumati(IUe, jusque dans de nOlllhreux dét:lils,
fill de la note 39), ou plus précisément, de l'Alleluiaticum de la «:'Iis- qui resso rt de la comparaison d ~ nutre fragment avec les deux autres
~a» iériale. Cette foi s, le texte n'est pas tiré d'Isaie, mai s tout entier .a nt iphonaires,

l {l 011 ~ait qu'une c?\Iissa», à J'o ffi ce mozarabe, est constituée d'une suite
<le tro is antiennes et d'un répons. et que chacun de ces chant s est sui vi de scn '" '" '"
('rai son propre (sauf au ril férial. comme ici, où le répons n'a pas d'oraison).
Ces ora isons sont à prendre dans l'Oratiollal, ou dans un antiphonaire-collcctaire On voudrait maintenant tirer quelclues conclusions de l'examen de
comme ~-[, Ou dans un manuscrit d'Officia el '\[issa~. Notons bien que, des t roi 3 J'unique folio musical de notre fragmen t en comparaison ayec les au-
:ltItieJlf!cs ~usdites. les deux premières seulement sont ùes ant iennes strictemtnt
dite;;, la troisième appartenant à la catégorie des cAHeJuiaticum" i. e. de cr5 tres antiphonaires mozarabes. On dit que les paléontologistes peuvent,
.;mticnncs Qui ont un ou plusieurs olld,,;a ct sont placées à un endroit déterminé : ft J'aide d'une seule veltèbre, reconstituer le squelette entier cl'utl
fi. foffiee uu «~ratutinum,. l"alleluiaticum est nécessairement la troisième an- animal fossile, quelles que grandes que soient ses climensions: ce n'est
lÎ<nne d' une c1Jissa. (le nombre des cMissa. peut \'ari~r :"'ec le degré de
."oIClmité de la fête: les jours de férie , il n'y a qu'une cMissa.). Sur les divers
;ens du mot c1fissa . dans la liturgie mozarabe, cf. ~L FtROTI", Lib", Socro- t, Cf. Dom G. ~{ORI X, FroOftf cnls i,,;dj/ ..~ ct jrls(],là />r,:.frnt w :i'1lH:s d'an-
J: /(il l vrIlUl , p. XXXVIII. J'thaJhlirc CoUira .. , dans cRerue bénkdictine 2:? (1905) 331).
2-+ lOC!5 TIROt; t:x AXnP HOX.\lRr. )!OZ.\R .\TIE Dr: SILOS 25

pas ton t i, ;ait la :m:ll1c cho., e dans l ~ cas présent, mais le seul folio n ..ain 47. L es anciens lines liturgiques de J'abbaye étant ai nsi dC \'em\~
mu,ical qn i nou; reste de S~ permet cependant de nous faire quelq\le inuti les, on les fit entrer pour la plu part à la bibliothèque du mona s-
idée du volume auq uel il appartenai t. Si on le compare à des antipho- t ère où ils furent, jusqu'au milieu du siècle dernier, conservés avec
nai re., de mêm e espèce, tels que celui de Leon, ou cel\li d e San Juan vénérati on comme 01 ' peut l"iniérer du iait que beaucoup d'entre eux
de la l' Ena .~, ou les fragment s d'antiphonai re de Carrion' 3 qui sont existent encore auj ourd ' hui , soit à l'abbaye même de Si los, soit dans
de~ alltiph o n ~ ires ,~ltrs (selon la d éfinition donnée au début de cette les grandes bibliothèquc s de Paris et de L ondres 45. UJmmcnt e fait-il
étude), on constate que, tnnù is que J"D.ntiphonaire de San Juan de la que notre antiphonaire, lu i, ait été t ransporté à l'ateli er de reliure du
P ena devait contenir \UI bon qua rt de ioli os fil. pl liS de celui de L eon ",
" Ou plus exactement 13 liturs-ie romano-moua stique telle qu'elte était pra-
cel ui de Silos que nous étudions ici devait présenter la masse énorme tiquée au XIe siècle dans les mona tè res français d e !'Ordre de Clul1y, qui ell-
de plus de 500 [alios musicaux, à format égal, étant donné qu'il faut \"ûyèrent au de là des Pyréi!~'; n'Jmbre de I:::urs Inolues accompagner le Aot des
presque ci eux Fages en tières an sc ribe de Sb pour copier tout cc -chc \-aliers bou rguignons et aquitains cngagé3 dans la. lutte contre le ~r all rc .
.. eTous ces manu crits (de Silesl f urent présen 'és du piltage, pendant les
que le 5cribe de Leon rén ' i t i\ mettre en une page de son livre. K otre Il!.:erres de rI ndéopcndance. par le zè le éclairé de :'humbte m<:> ine qui de"ait
copiste de Silos n'a pa ' ménagé la place, ci la grandeur des marges . ;;, ;uo nler plus tard sur le iège épisc pal de Cadix. Domingo de S ilos More"".
ct il a adopté \111 module d'écriture ct de notation notablement pl u3. Après la suppresion des mona; tères en 18,15. le dernier .. abbé d" Sit?s: ~?d:ig~
Echcv.lrria, ré ussit à tes ~aU\'cr une foi5 encore. Lorsqu Il fut nomme a 1 e\'c:che
g~<inds que ccux employés par le scribe de Leon. Sur le pupitre des de Ségovie, en 1857, il confia ce précieux d~ pü t à un ,de ~es al1ci~lle i confrères,
sîalles du choeur de il05, neJtre anti phonaire devait attirer le regard :e P. Sebastiân Fernândez, alors 'Vicaire de San Martm de ~! adnd. On ne sau-
rait dire au juste ce que dev inrent alors nos manuscrits i ~is. il e st trop cer taiH
par J'épaisseur de ~a mas se autant que par la beauté de ses enlumi- {'ul Is furent rr..is en vente à ~l ad rid <.!ans le courant ue l l"!llllee 1877 el revelldus
1

nu res ct par le caract&re a rti stique de son écriture et de sa notation. dt!finitivement à Pari s aux enchères publi que s le r. tr juin de l'année ~~I ivantt".
De l11êl11~, au seul point de vu e de la décoration, on peut juger, de par I.e mei lleur lot fut a cquis par notre Bibli'Jthèqne ;-;at icnate, grâce à l'i nitiati ve
de ~I. Léopold D elis le, ;fautre par Je Brit; ; h Museum. Quelques \'o t u",e~ seu le-
les ioli os e dull1in ~s qui subsistent de not re antiph onaire . ~, que celu i-ci ment. échappés comme pa r miracle t\ toutes c,es \;(Î5situd.es,. .~OI~t ren tres dan:;
ne de\';;it le céder en rien auprès de l'an tiphonaire léonais, mais bien la bibl!othèque du monastè re de S itos r es \auce par tes Bene<lIc \ln~ de ta Con-
plutût rédip;;er, puisq ue, outre les su jets tnlum inés r Olll:Ill/l/iS au x g r és-ation de France .~ (~ L F ~R 1'1:<. h isloire de I"abba)'e d~ SIlos, p. 2 5S .~
A quni il faut ajOl..:ter que parmi les m~r.u s::: nt s de S ll~s qm ~u rcnt revendu l

deux manilscri !:;, not re fragment présente deux magnifiques 1110 110- il P a:-is en 18j'8, on igno re qu~ 1 fut l'achc te ui 'pour .p lusleurs cl entre eux. Au
grZ11lmes il pleine page (V PH, et L VX, fol. 4 recto-verso) qui n'onl moment où il écr i \~ai t son lI istoirr de t'r:bbaye de Si/liS. p3 r~c cn .!8?7: dom
F ë rotill n'avait pu savo ir ce qu'é ta ient de\'CnU5 Its manuscr;t· qu 11 ~lsna !CJ
pas lem ccrresponcb nt dans l'antiphonaire de Leon. 'Pp. 270 55" de son li vre, S~"lS les numéros q , 16, l i, IS, 3 8, 50, 5';. 5i. 681, ;2,
San- auœn doute, .si l'admirable codex de Leon peut êt re j ustemen t ï3. ï5. So, 83, 86. 83. . F' . 1
appelé le prinœ des a ntiphonai res latins subsistan ts, celui de Silos, b, Depuis lors, on à retrouv ~ la tra ce eles Il ,0' I i ct 35 de la h: tc . . e rotm. :
11.0 17 étant précisément Ull manu. crit liturgique mozarabe ùu Xi~ u:c1e, ~? rmc
p~r contre, 01.\1 telilpS où il étai t encore dall3 toute son intégrité ct <le deux psautiers incompiets. et cOll s~r\'é à la bibliothèqu.e Salllh .~e so llef cl\!
~ plendeiil", dn'ait en ëtre le Roi des rOIs. l;os-e nt -;ur -~larne, M s. 2 . (Cette collec\ion était il la B. N. d ~ l a r " en. 1950,
il la R éserve des Im primés où jai pl' coust: lter le,!'t m nnuscn L) CL \~ .\ LTER
:\ f L" lR \rV HlTEI-lILL , A ;\[o=ol'(1'li, P sa lt ,' 1' [rom Santo , DOi.'I!llgO d~ Sdos, ,da,ns
:+; *' * .. Speculc;m . 4 (1 929) 46 1-4ô'3 ; V. U :ROQt:.'.lS.Les PSO ll i ,ers "~~ "I1SC:" IS dn b!.b1w~
t" Jq "es p"bliq,tes de T'rall er, t. Il ( 194 1), pp. 323-325. ~lal> con"m e p,,:nm le,
C'est C!1tre 106 1 et 1085 , sa n., qu'on pl1Î sse prccl se r, qu e l'abbaye , anuscr its don t on ignon: le ~ n . sC trot.n·1! un au~re ~mpoi.tan~ man!lScnt I1tur-
m
giq ue mozaiabe, nous rep rodui ~ol1S ci·de:; 5vlls. d a;!re ~ Ferou ;l, n. 13 ..de s.a
d e S il os cessa de wine la liturgi e :J ncestraie pour adopter le rit ro-
l i~te, la description donntc pa r le catalogue de " ent~ de ISiS, a'Jx fms cl Idcllh-
fication éYentuelle: . . . ., f r
"I.\-oi r phls haut. t1~ t C5 2, ct 13. 18. _ xe siècle. Brl'7.'ianum cl li/mn·c. c:\tanus:rt t 511 r ,::1111, pet,lt ln· 010.
Je CGmptc cn .publier les pho ~ ~~faph iei clan; c..:\ n\lario musicab . vol. Vl [, reliure à ai; de bois rccou\'erts dc ,"CJ.U . ~{:S. du IXC ::lU xe :Iccle. a c c'..\x colon~
poar illuslrer de• .\"01" tIe PaléograPhie .:!lfsieale .1Jo=arabe, et j'en trans- ne5, en écri ture wisigothique miuu cu le; titres. ~n. lettres. rnajllsc:tlcs de ~ou!eur.
crirai 1(' texte a meuf5. 1-3 fcuiHets dont !pJc.sit!u rj co upés. Leai es lI uhales tIl'ne orncr:1CJuatlOn bar·
H Voir t:H i 5p~nia ~acra. 5 ( J'JS2) 65. b~ie. Voir particul ièn:mcnt la figurc ùu feiHet 4i ,·er50. ~ (Catalogue de \"ent~,
4 .) Les f~ti illets s:J1)~i~ 1 al1t5 ont é:é légèrement rog nés ilar le couteau dtl n.O 28.) - ~ous n'cn conna:30ns pas l'acqué retur.
rel ieur, En fait, cependant, ladite desc ription COïre spond cxactrrr.ct'.t au COr. t!l1U du
t l. SQit les id. :.: \' erso, 3 ve:-Eo, et 4 recto·\'c rso. ffi ' . Add. 30.&!6 du Brit ;sh :-ruseum.
LOUIS BROU

monastère pour être mis en pièces, et pourquoi voulut-on que ses plu s
beaux feuillets servissent de feuilles de garde à un autre manuscrit en
cours d'exécution au scriptorium de l'abbaye? Nous proposons l'hy-
pothèse suivante:
Etant donné que la plupart des manuscrits liturgiques de Silos.
tout précieux qu'ils soient quant au texte, sont loit} d'être décorés
avec le luxe et la magnificence dont témoignent nos fragments, il nOllS
paraît probable qu'on aura voulu joindre au manuscrit du Beatus -lt-
quel conservajt sa raison d'être -les plus belles pages d'un livre de
choeur désormais périn~ et inutile, et qui autrement allaient être reli~ ­
guées à jamais dans la poussière peu glorieuse des bibliothèques. Le.;.
splendides feuilles de notre antiphonaire, et le manuscrit entier du
Beatus qu'elles allaient noblement protéger et comme introduire, cons-
tituaient les plus beaux chefs-d'oeuvre d'enluminure du scriptoriulH
de Silos, et peut-être les plus vieux moines se souvenaient-ils encore
du jour où le magnifique antiphonaire mozarabe, enfin achevé 40, avait
été installé triomphalement à sa place au choeur et ont-ils suggéré
qu'on sauvât de l'oubli les pages qui avaient fait l'émerveillement d ~
leurs jeunes yeux? Ou bien la vénération que l'on portait à un travail
qui jusque là avait fait l'orgueil du scriptorium de Silos a-t-elle sufli
à faire prendre la mesure dont nous venons de parler? Quoi qu'il en
soit, le fait, est là: le second antiphonaire nl'Ozarabe de Silos n'a pa:;.
péri tout entier, quatre de ses plus belles feuilles · ont trouvé refuge
au frontispice du B catus conservé au British Museum.

•• Selon nous, cet antiphonaire peut dater seulement de la ,p remière moiti é


ou même du milieu du XII' siècle: mais voir note g.

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