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Universidad Pedagógica Nacional

Departamento De Lenguas
Littérature Francophone I
Tatiana Becerra R.

LES PRÉCIEUSES RIDICULES DE MOLIÈRE

Pour commencer ce texte, nous proposons une contextualisation de la vie du dramaturge, de son
époque et du panorama littéraire qui l’a accompagné et qui entretient des relations avec ses
comédies. Ensuite, l’analyse de la pièce portera sur quatre aspects: la caricature que Les
Précieuses ridicules ont faite du mouvement de la préciosité, les éléments de langage précieux
dans l’œuvre, les relations entre Magdelon, Cathos, Don Quichotte et Madame Bovary et, enfin,
une perspective sur la situation des personnages féminins dans l’œuvre de Molière.

LA VIE DE MOLIÈRE

Du chapitre "Molière, un grand provocateur" de la série des auteurs produits par France Culture,
nous avons celui la vie de Molière, appelé Jean-Baptiste Poquellin. Il a été un acteur,
dramaturge, directeur de troupes et tapissier du roi Louis XIV. Molière est né à Paris le 15
janvier de 1622 et il est mort le 17 février de 1673, à Paris aussi. Il était le fils d’un tapissier,
marchand bourgeois appelé Jean Poquelin et de la femme Marie Cressé. Quand il avait 10 ans, sa
mère est morte, son père reste avec beaucoup d’enfants et, après, il se remarie. Molière a étudié
au Collège de Clermont et à l'âge adulte il a hérité de la profession de tapissier royale.

Molière avait des bonnes relations avec la famille Béjart, spécialement avec la fille de cette
famille, Madeleine, alors, en ensemble, ils fondent l’Illustre Théâtre. A cause de nombreux
dettes, ce premier projet n’a pas du succès, et Madeleine et Molière entrent à faire partie de la
troupe de Charles Duffrène. Après treize ans de succès en province, Molière retourne à Paris
comme dramaturge avec l’aide de Philippe d’Orléans, frère du roi, et présent à Louis XIV les
pièces L'Étourdi et Le Dépit amoureux, celles-ci plaisent le roi, mais il serait Les précieuses
ridicules, en 1959, l’oeuvre qui lui placera comme dramaturge célèbre aux yeux de roi et lui
donnera la chance d’être le proche valet-tapissier du roi.

Comme valet chambre, ses devoirs étaient venir tous les matins à la chambre du roi, l’aidait à
faire son lit et converser de tout ce qu’il passait dans le monde, à travers de ses conversations le
roi s’informait de toutes les grands événements à l'époque. Molière s’occupait aussi de
l’entretien et le renouvellement de meubles et tapisseries, pour cela, son relation avec le roi
Soleil était bien proche.
Molière est considéré un des mieux dramaturges avec Shakespeare et un des plus célèbres
auteurs de la littérature française et universelle. Il a écrit comédies et farces. Entre ses pièces les
plus reconnues il y a l’Avare (1668), Le misanthrope (1665), l’Ecole des femmes (1662), Dom
Juan (1665) et Tartuffe (1664-1669), cette dernière interdite durant quelque temps.

Molière a été accusé de ne pas avoir écrit ses oeuvres avec le rumor de que Corneille l’aurait aidé
à les écrire mais ces accusations ne sont pas vérifiés. La vérité est que Molière a marqué le
théâtre par rapport la versification des dialogues dans ses oeuvres et la forte critique qu’il faisait
à la noblesse, la religion, les coutumes de la société de l’époque tels comme l’importance donnée
à l’argent, les manières correctes et les apparences. Ce dramaturge utilisait son théâtre comme un
sorte de journal intime, les femmes étaient décrites avec un pudeur extrême et souvent ses
personnages étaient tyrans d’un monde domestique et des personnages abominables qui se
souvient encore aujourd’hui, son monde théâtrale était peut-peut-être une projection fantastique
de lui même et de la vie comme il la connaissait.

En plus, le theatre de Moliere est devenu une clé pour comprendre le contexte sociale de
l´époque. Avec l'arrivée et le développement de l'Etat monarchique la bourgeoisie est maintenant
une classe privilégiée en tant la noblesse est devenu une classe parasitaire, alors, durant cette
époque il s´avoir l'intention de trouver un équilibre entre les pouvoirs des deux classes. Les
elementes personnificateurs utilisés par Molière avec ses personnages permettent comprendre les
traits des nouveaux riches et de ces familles célèbres autrefois qui étaient en disgrâce dans le
moment. Molière exagérait les impertinences des servantes et les manières de la noblesse, il
montrait l'hypocrisie de certains gens religieux et en voyant ses pièces de théâtre les françaises
pouvaient se moquer d'eux mêmes à travers de l'exagération et la ridiculisation de ses actes.

LE XVII ÈME SIÈCLE EN FRANCE

Lagarde et Michard explique que le XVIIe siècle en France comprend, historiquement, depuis la
mort de Henri IV jusqu'à la mort de Louis XIV, le roi soleil. En plus du roi, Marie de Médicis et
Anne d’Autriche gouvernaient. Rappelez-vous que, comme ce gouvernement était une
monarchie, les cardinaux, premiers ministres, étaient à l'époque les hommes les plus puissants de
la France: le cardinal Richelieu, puis le cardinal Mazarin. De même, les autorités théologiques de
l'époque ont donné naissance à l'idée d'une monarchie de droit divin, car Louis XIV était le
représentant envoyé de Dieu.

En ce siècle, la France domine l'Europe pour sa supériorité dans les lettres, les arts et les armées.
Le classicisme est apparu comme une expression culturelle de la monarchie absolue, car il
représentait la raison et l'ordre rationnel et stable recherché par cette forme de gouvernement. En
outre, toute la vie sociale pertinente s’est déroulée dans la cour et de là sont nées les nouvelles
tendances. Par exemple, le grand intérêt à cultiver l'esprit et l'intellect, qui est devenu exagéré du
fait du mouvement de la préciosité, mais comme son développement était court, l'exagération a
disparu et il y avait le désir d'atteindre de bonnes habitudes et d'améliorer son être , être
"l'homme honorable" (1970, pp. 7-10).

Dans la littérature, les figures célèbres de cette époque sont Malherbe, Pascal, La Fontaine,
Madame de Sévigné et les idées de Descartes continuent à inspirer certains courants
philosophiques. Sur le plan théâtral, les tragédies de Racine et Corneille et les comédies de
Molière se démarquent.

LE THÉÂTRE CLASSIQUE

Presa de la Fuente, de l'Université de Valladolid, rappelle que le théâtre du classicisme en France


est issu de la tradition de la tragédie grecque classique. C'est-à-dire qu'il respectait la règle des
trois unités: action, lieu et temps envisagés dans la poétique d'Aristote; en même temps qu'il
remplissait une fonction morale. Ces caractéristiques de la tragédie vont changer avec l'arrivée de
Corneille. Cependant, ces hommages aux classiques n'ont pas toujours été réalisés. Au début, il
n'y avait ni thème spécifique ni lieu dans lequel les pièces étaient présentées, elles se trouvaient
dans les rues, les places, la cour, en aucun lieu. Le public qui les a vus étaient un peuple
populaire avec des registres linguistiques vulgaires, mais l'intérêt du roi et de la cour pour ces
expressions artistiques est venu sous le patronage des troupes de théâtre, qui ont perfectionné
leurs produits créatifs et ont essayé d'affiner la langue. De cette façon, le public qui allait voir le
théâtre était alors bourgeois et noble (2016, p.23).

LA PRÉCIOSITÉ

Dans son collection littéraire, Lagarde et Michard commente la préciosité en tant qu'expression
littéraire qui a prospéré dans toute l'Europe. En Angleterre comme l'euphuïsme, en raison du
nom des créations littéraires de John Lily, appelées Euphues; en Italie, le courant s'appelait le
marinisme et en Espagne, Góngora comme représentant, avec son gongorisme ou cultisme. Ce
qui distingue la France de toute l'Europe, c'est qu'une partie de la société française est devenue
une société précieuse, générant tout un mouvement social. La société précieuse a créé un vaste
univers de signification qui a affecté plusieurs exemples de la nature humaine. Premièrement, les
précieux ont créé des lieux imaginaires (comme le pays de Tendre, qui représentait les
différentes étapes de la vie amoureuse) et un système symbolique qui leur est propre.
Secondement, son objectif exagéré de perfectionner la langue permettait une appréciation et un
soin de la langue française, et aboutissait même à la création de l’Académie de la langue
française. Troisièmement, ils ont été l’un des premiers mouvements féministes parce que,
comme les femmes précieuses souhaitaient cultiver l’esprit à travers les arts et l’intellect, elles
défendaient le droit des femmes d’approcher la culture et le savoir, d’être une femme sage. Aussi
parce que certaines femmes ont décidé de rejeter le mariage s'il ne s'agissait pas d'un véritable
amour. Enfin, la préciosité accordait une grande importance à l'imagination, à l'aventure et à
l'ingéniosité dans la littérature (1970, p. 55-59).

ANALYSE DES PRÉCIEUSES RIDICULES

Mon intérêt pour cette pièce de théâtre est personnel et presque émotionnel. J'ai rencontré
Molière et les Précieuses Ridicules il y a huit ans et la pièce m'a captivé rapidement. C'est
directe, claire et vous fait rire. Ses personnages sont agréablement drôles et le voir ou le lire est
un divertissement rapide et sans aucune aspiration prétentieuse; du moins, c’était comme cela à
l’époque, alors que je n’avais probablement pas la capacité critique que j’ai, mal ou bien
développée, dans ma carrière en sciences humaines. Ce qui est certain, c’est que
l’approfondissement du travail de Molière me conduise à comprendre que ce pièce, bien qu’il
soit son premier succès, n’a pas la plupart des éléments fondamentaux des farces ou des hautes
comédies. Pour cette raison, l'analyse du travail de Molière ne se concentre pas sur Précieuses
Ridicules, d'autres travaux tels que Tartuffe, l'Ecole des femmes, les Femmes Savantes, l'Avare,
Le misanthrope, Dom Juan sont l'objet principal de l'analyse. Cependant, le fait que cet ouvrage
ne soit pas ainsi analysé autorise d'autres variantes d'interprétation qui ne correspondent pas
seulement à sa valeur en termes de farce ou de comédie. Nous verrons ces autres possibilités
d’analyse dans le texte suivant.

LA CARICATURE DE LA PRÉCIOSITÉ

Selon Lagarde et Michard, l’un des traits les plus pressants (et probablement le plus évident dans
les Precieuses Ridicules) des farces pures est la simplification caricaturale, qui consiste à prendre
les traits les plus pertinents d’un stéréotype ou d’un personnage et à les présenter de manière
simple, convertissez quelque chose précieux en une simple caricature comique (1970, p.181).
Dans cette pièce, Molière caricature la société précieuse à travers Magdelon et Cathos. Ces deux
filles sont la représentation vivante, exagérée, exacerbée et surtout ridicule de la préciosité. Les
deux précieuses frisent l'exagération et provoquent le rire à quel point elles sont absurdes, mais
elles sont en outre ridiculisées par la manière dont elles sont perçues par les autres personnages.
Premièrement, dans les discussions de Gorgibus et des filles, il est clair que l’homme méprise
toutes leurs idées et opinions pour les considérer comme idiotes, folles et absurdes.
Deuxièmement, la servante Marotte exprimera toujours un mépris pour les idées étranges des
filles car elle ne comprend rien à ce que ces deux parlent, jusqu'à ce qu'elle déclare ne pas
"comprendre le latin" et n'avoir pas appris "la filofie dans le Grand Cyre" (1659 , p.14). Enfin,
toute la valeur de la précieuse société de l’époque est perdue si La Grange et Du Croisy réduisent
la personnalité de ces femmes à des "deux pecques provinciales" avec des airs supérieurs
uniquement parce qu’elles sont des femmes qui, dans une période particulièrement contraignante
pour les femmes, ont le courage de rejeter le mariage en tant que devoir social de la femme du
dix-septième siècle. De plus, le fait que le courage de ces femmes soit répréhensible au fait que
ces hommes décident de se venger donne à penser qu'une femme qui revendique ses droits ou qui
ne correspond pas à son rôle social devrait être punie.

Aussi, le mépris de la préciosité est évident quand les précieuses, dont tous se moquent, sont
celles qui mentionnent dans leurs dialogues: "Je m'en vais gager qu'ils n'ont jamais vu la carte de
Tendre, et que Billets-Doux, Petits-Soins, Billets-Galants et Jolis-Vers sont des terres inconnues
pour eux "(1, 4, 3-6). Rappelez-vous que ces noms propres mentionnés dans le fragment sont des
lieux créés dans le pays imaginaire Tendre, inspirés de l’œuvre littéraire de Mademoiselle de
Scúdery, idole de Magdelon et de Cathos, ou comme ils préfèrent être appelés Polyxène et
Aminte (prénoms des personnages des romans de Madame de Scúdery). Cette mention directe de
Mademoiselle de Scúdery et de son travail dans un contexte ridicule dénigre sa valeur en tant que
pionnière du mouvement social de la préciosité.

LE LANGAGE PRÉCIEUX

Soucieuse de perfectionner la langue française, la société précieuse a créé sa propre langue, qui
avait pour but d’embellir toutes les expressions linguistiques à travers d’un style unique. Il a créé
des néologismes, fait un usage excessif de figures rhétoriques telles que métaphore, hyperbole et
périphrase dans ses actes de communication quotidiens. En particulier, un autre fait intéressant
sur la valeur précieuse que Lagarde et Michard nous disent est que la nièce du cardinal Mazarin,
Antoine Somaize, a publié en 1660 un Dictionnaire des précieuses afin de compiler le
vocabulaire précieux et même le ton de voix afin d'élever les expressions vers un état plus
spirituel (1970, p.58). Molière prend ce dictionnaire et commence à écrire sa pièce remplie de
mots précieux, c'est celles qui, ironiquement, donne un caractère réaliste et précis à ses
personnages.

Par exemple, dans la scène IX lorsque le "marquis de Mascarille" rend visite aux filles, elles le
reçoivent et ils discutent durant un moment, jusqu'à ce qu'il demande s'il vous plaît de le laisser
s'asseoir pour être à l'aise, Magdelon envoie son servante Marotte à : "Vite, voiturez-nous ici les
commodités de la conversation". Que va demander la précieuse? Leur demander de transporter
quelque chose dans une voiture pour en parler? Bien, cette phrase signifie plus simplement «
Apportez-nous vite ici des fauteuils afin que nous puissions discuter...». Des autres exemples
sont quand Magdelon demande par exemple à Marotte de lui apporter "le conseiller des grâces"
et signifie "miroir", ou lorsque les précieuses parlent à M. Gorgibus et lui disent que les
prétendants ont "une tête irrégulière dans les cheveux" au lieu de lui dis normal, qu’ils sont
chauves.

L'INTERTEXTUALITÉ

Le premier exemple d'intertextualité est assez évident et concerne les références constantes au
travail de Madame de Scúdery, lesquelles, comme nous l'avons mentionné, servent probablement
à se moquer de la préciosité en ridiculisant le travail de ce personnage. Cependant, il existe une
relation d'intertextualité beaucoup plus intéressante, qui se pose entre des Les précieuses
ridicules et personnages iconiques tels que Don Quichotte et Madame Bovary. Dans le cas des
trois œuvres, ces personnages sont incompris par leur environnement: tout le monde en Espagne
pense que Don Quichotte est fou, Madame Bovary est une femme isolée socialement car c'est
une construction qui ne cadre pas avec son contexte social, tout comme Les précieuses, qui,
comme nous l'avons expliqué précédemment, sont dépréciées et mal comprises par leur père, le
peuple vulgaire et les prétendants, qui à cette œuvre symbolisent le pouvoir économique et la
reconnaissance sociale que l'homme peut offrir à la femme du dix-septième siècle a travers du
mariage. Ce qui est intéressant, c’est que ce "non-ajustement" socialement est intimement lié à la
psychologie des personnages, à leur déconnexion et à leur aversion pour la réalité avec un désir
exacerbé pour l’imagination. Tous ces personnages semblent avoir perdu la tête dans le monde
littéraire fictif et aventureux. Don Quichotte est devenu fou de lire des romans de chevalerie,
Madame Bovary n’a jamais pu trouver sa place dans la société de son temps car son existence ne
correspondait pas aux romans d’amour qu’elle adorait lire et, les femmes précieuses ridicules
vivent dans la rêverie permanente du monde littéraire de Madame de Scúdery. Cette
revendication du pouvoir de la littérature est vraiment belle, on pourrait presque en déduire que
ce monde imaginaire est beaucoup plus éclipsant pour la nature humaine et que, pour cette
raison, ces personnages succombent dans le trou noir de la littérature.

De même, García Pradas, dans son article intitulé ​La huella cervantina en Flaubert: Madame
Bovary et la reminiscencia quijotesca​, énumère une autre similitude partagée par Don Quichotte,
Bovary et, pour notre cas, également les Précieuses Ridicules: "la tendance des protagonistes des
deux histoires à idéaliser à la fois le sentiment d'amour et l'être qu'ils aiment presque d'une
manière hyperbolique, pour ne pas dire folle ou maladive "(García Pradas, 2006, p. 2). Bien sûr,
Madame Bovary avait de telles expectatives sur l'amour que Charles Bovary ou l'amant du
moment ne pouvait pas les atteindre, des expectatives probablement fondées sur les histoires
romantiques qu'elle lisait assidûment, ainsi que sur cette idéalisation de l'amour et de sa jeune
fille Dulcinea del Tobon de Don Quichotte est le résultat de sa lecture compulsive de romans de
chevalerie et, dans le cas de Magdelon et de Cathos, de la fervente défense du véritable amour,
qui était né des coïncidences les plus inattendues et inexplicables, correspondant aux principes
du courant de la préciosité de l'époque. Dans ces trois cas également, l’œuvre a utilisé la
prétendue folie de son personnage principal pour critiquer le genre littéraire considéré comme
obsolète à l’époque, qu’il s’agisse de romans de chevalerie, de romans romantiques ou du
mouvement littéraire de la préciosité.

UNE CRITIQUE FEMINISTE

L’aspect le plus évident est peut-être que, puisque la préciosité a été l’une des premières
approches du féminisme et que Molière l’a ridiculisée, son travail a été antiféministe à l’époque.
Cependant, l'image est beaucoup plus complexe que cette lecture naïve. Pour commencer à
développer cette section, je pense qu'il convient de recourir aux idées exposées par Del Prado
Biezma dans son article ​Le féminisme ambigu de Molière​, au XVIIe siècle, la conception de l'être
humain était divisée entre naturaliste et rationaliste. Molière était un naturaliste, c’est-à-dire qu’il
pensait que la femme était un être naturel, qui avait donc droit au plaisir physique et, comme ce
plaisir physique était soumis à des goûts spécifiques, elle pouvait choisir l’homme à épouser.
Cette petite concession qui fait aux femmes, fait de Molière peut être qualifiée de première
féministe. Cependant, le naturalisme implique également que les femmes, en tant qu'esclaves
naturelles de leur environnement social, ont certaines fonctions qui ne peuvent être libérées,
telles que le fait d'être une épouse et d'être une mère (2008, p. 123-147). Dans cet ordre d'idées,
pour Molière, les femmes sont libres de défendre l'amour spontané et de choisir avec qui épouser
et qui aimer, mais pour rien au monde, une femme peut jamais rejeter de se marier, une femme
ne peut pas refuser le mariage , comme l'ont fait certaines femmes précieuses. Si Molière pense
ainsi, pourquoi y a-t-il beaucoup d'exemples de femmes qui rejettent le mariage dans son travail?
Pourquoi, en particulier, les précieuses ridicules, parmi toutes les caractéristiques de la préciosité
susceptibles d’être ridiculisées, indique-t-elles un rejet du mariage? C'est dans ces questions que
repose l'ambivalence du travail de Molière. Les précieuses ridicules rejettent le mariage sous
l’imaginaire, c’est-à-dire sous la défense de la littérature. Par exemple, dans ce fragment de la
scène IV, Magdelon explique à son père pourquoi on ne peut pas se marier tout de suite: "Mon
Père voilà ma cousine qui vous dira, aussi bien que moi, que le mariage ne doit jamais arriver
qu’après les autres aventures […] Mais venir de but en blanc à l’union conjugale, ne faire
l’amour qu’en faisant le contrat du mariage, et prendre justement le roman par la queue" (1, 4,
5-8). Comme nous pouvons le constater, Magdelon fait référence à la vie en termes d’aventure et
de roman; son identification aux vertus culturelles du roman est telle que ses décisions sont
régies par un système aventureux et romanesque, donné à l’imagination. Si l’union maritale
signifie qu’il n’y aura ni fantaisie, ni passion, ni aventure, ces femmes précieuses n'hésiteront pas
à défier les conventions sociales en rejetant tout mariage.
Comment savoir quels dialogues expriment les idées de Molière? Les dialogues d'hommes âgés
qui obligent les femmes à se marier, ou les dialogues de jeunes femmes qui vont à l'encontre des
règles sociales de leur temps? Aussi, est-il juste de mettre les idées de Molière au même endroit
que celles exprimées dans son travail? Je considère que Molière connaissait la nature humaine en
détail, c'est pourquoi il était un génie pour dépeindre les moeurs du siècle. Mais alors, comme
Molière était sage par rapport à la nature humaine, il savait bien que dans la cour, à Paris et dans
la société française en général, il y avait plus que des personnages hypocrites et vicieux
imitateurs de la vertu. Il y avait de vrais et obéissants érudits de l'idée de “l'honnête homme”, et
des femmes qui, loin d'être exagérément ridicules, défendaient leur droit d'être des
mathématiciens, des médecins, des philosophes comme les hommes. Alors pourquoi, sachant
cela, Molière les a seulement ridiculisés, se contentait-il de ne montrer que l'aspect négatif et
répréhensible de leur société? La réponse pourrait être trouvée dans la philosophie du dramaturge
en ce qui concerne la comédie de l'art. Lagarde et Michard explique que Molière n'est pas très
fanatique d'obéir à tant de règles concernant l'unité ou les bienséances, mais qu'il produit ses
œuvres sous deux préceptes: le public est juge absolu et deuxièmement, plaire est la grande règle
de toutes les règles. Molière a passé de nombreuses années à parcourir les régions rurales de
France, à découvrir la formule magique du succès. Jusqu'à son retour à Paris, il a présenté les
ridicules Les précieuses ridicules. La clé du succès était dans le rire. Le ridicule faisait rire.
Représenter des personnages complexes et polyvalents no. C'est pourquoi Molière a sacrifié la
valeur réelle de la préciosité dans le seul but de faire rire les gens. En ce qui concerne cette idée,
Del Prado Biezma affirme que la chose la plus éthique aurait été de représenter les qualités
réelles de personnages comme les précieuses ou le savant, mais Molière a préféré l'esthétique (le
rire) à l'éthique (2008, pp. 123-147).

REFERENCES
● Del Prado Biezma, J. (2008). El feminismo ambiguo de Moliere. (2). Madrid
● García Pradas, R. & UCLM. (2019). ​La huella cervantina en Flaubert: Madame Bovary y la
reminiscencia quijotesca​.
● Lagarde et Michard. (1970). ​Collection littéraire.​ Paris.
​ heatre Classique.
● Moliere. (2015). ​Les précieuses ridicules. T
● Presa de la Fuente, C. ​La condición femenina en la Francia del siglo XVII a través del teatro.​
Trabajo Fin de Grado en Lenguas Modernas y Sus Literaturas. Universidad de Valladolid.
(2016).
● Podcast de la Serie des Auteurs de France Culture disponible a
https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/moliere-14-un-grand-provo
cateur .

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