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COUNCIL :: r: CONSEIL
/» OF EUROPE * * * DE L'EUROPE
t
COMMISSION EUROPÉENNE
DES DROITS DE L'HOMME
Rapport de ia Commission
(adopté le 10 juillet 1976)
VOLUME I
STRASBOURG
SECRET
CHYPRE c. TURQUIE
RAPPORT DE LA COMMISSION
VOLUME I
45,823
06.2
TABLE DES MATIERES
VOLUME I
Pages
./
11 -
Pages
3. Rapports 5 déclarations et
documem:s divers (par. 72 - 75).-. 28 - 29
(a) Rapports d'organismes inter-
nationaux (par. 72) 28
(b) Déclarations (par. 73) '28
(c) Documents divers (par. 74-75). 28 - 29
Chapitre 6 - Difficultés rencontrées pour établir les
faits de la présente affaire (par.76-85).< 30 - 32
I. Portée des allégations (par. 77) .... 30
II. Non-participation du Gouvernement
défendeur à la procédure quant au
fond (par. 7 8 - 7 9 ) ' 30
III. Nature des éléments de preuve
(par. 8 0 - 8 2 ) 30-31
IV. Responsabilité de la Turquie au
regard de ia Convention (par.83-85).. 32
PARTIE II - EXAMEN DES ALLEGATIONS CONTENUES DANS LES
DEUX REQUETES (par, ^o - 505) 33 - 156
Introduction (par. 8 5 - 8 8 ) 33
Chapitre 1 - Déplacement de personnes (par. 89 - 212).. 34 - 74
Introduction (par. 8 9 - 9 1 ) 34
A. Argumentation des Parties 34 - 37
I. Gouvernement requérant
(par. 9 2 - 9 7 ) 34-36
II. Gouvernem.ent défendeur
(par. 98) 37
B. Article pertinent de la Convention
(par. 99 - 100) 37
C. Eléments de preuve recueillis 37-64
I. Renseignements généraux sur les
personnes déplacées à Chypre
"(par. 101 - 106) * 37 - 39
II. Mouvements de personnes provoqués
par l'action militaire turque
et observés pendant les 2 phases
de combats véritables (20 - 22
juillet et 14--15 août 1976)
par, 1 0 7 - 1 1 ^ ) 39-42
III,Mesures de déplacement prises pendant
les phases de combats véritables et
non directement liées aux opérations
m.ilitaires turques (par. 115 - 165) . 42 - 58
(a) Déplacement de Chypriotes grecs
à l'intérieur des zones contrôlées
par l'arm.ée turque(par. 117-122) .. . 42 - 45
./.
Pages
Pages
II. Article pertinent de la Convention
(par. 360) 120
III, Elém.ents de preuve recueillis
(par. 361 - 370) 120-124
IV. Evaluation des éléments de preuve
recueillis (par. 371 - 372) 124
V. Responsabilité de la Turquie au regard
de la Convention (par. 373) i24
VI, Conclusion (par. 374) 124
B, Conditions de détention (par, 375-405).. 124 - 134
I. Sévices (par. 375 - 394) 124-132
1. Argumentation des Parties
(par. 375 - 379) 124-125
(a) Gouvernem.ent requérant
(par. 375 - 378) 124-125
(b) Gouvernement défendeur
(par, 379) 125
2. Article pertinent de la Convention
(par. 380) 126
3. Eléments de preuve recueillis
(par. 381 - 389) 126-130
4. Evaluation des éléments de preuve
recueillis (par. 390 - 392) 131
5. Responsabilité de la Turquie au
regard de la Convention (par. 393) 132
6. Conclusion (par. 394) 132
II, Refus de distribuer des vivres et des
médicaments (par. 395-405) 132 - 134
1. Argumentation des Parties
(par. 395 - 396) 132
(a) Gouvernement requérant (par.395) 132
(b) Gouvernement défendeur (par.396) 152
2. Article pertinent de la Convention
(par, 397) 132
3. Eléments de preuve recueillis
(par. 398 - 401) 132 - 133
4, Evaluation des elém.ents de preuve
recueillis (par, 402 - 403) 133
5, Responsabilité de la Turquie au
regard de la Convention (par. 404) 13^
6, Conclusion (par, 405) ». 134
,/
- VI11
Pages
/.
- IX -
Pages
II. Biens m.eubles (par. 453-466) 145 - l48
1, Pillages (par, 453 - 462) l45 - 147
2. Vols (par. 463 - 466) l47
I I I , D e s t r u c t i o n s de b i e n s m.eubles e t
immeubles ( p a r . 467 - 470) l48
D. E v a l u a t i o n des élémionts de p r e u v e r e c u e i l l i s
( p a r . 471 - 482) \ 148 - 151
I. Généralités (par. 4?!) l48
II. Biens immeubles (par. 472 - 479) l49 - 150
1. Maisons et terres (par. 472-476) l49 - 150
2. Exploitations agricoles, commerciales
et industrielles (par. 477) 150
3. Secteur du tourisme (par, 478-479) .. 150
III, Pillages et vols de biens meubles
(par. 480) "150
IV. Destructions de biens (par. 481-482) ... 151
E. Responsabilité de la Turquie au regard de la.
Convention (par. 483 - 485) 151
F. Conclusion (par, 486 - 487) 151 - 152
Chapitre 6 - Travail forcé (par. 488 - 495) 153 - 154
A. Argumentation des Parties (par. 488-489) ... 153-
I. Gouvernement requérant (par. 488) 153
II. Gouvernement défendeur (par. 489) 153
B. Article pertinent de la Convention (par.490) 153
C. Eléments de preuve recueillis (par.491-492) 154
D. Evaluation des elém.ents de preuve recueillis
(par. 493) ". 154
E. Responsabilité de la Turquie au regard de
la Convention (par. 494) , 154
F. Conclusion (par, 495) 154
Observations finales (par. 496 - 505) I55 - 156
I. Article 1 de la Convention (par.496-498). 155
II, Article 13 de la Convention (par.499-501) 155
III, Article l4 de la Convention (par.502-503) I56
IV. Articles 17 et I8 de la Convention
(par. 504 - 505) 156
Pages
PARTIE III - ARTICLE 15 DE LA CONVENTION
(par. 506 - 531) 157 - l62
A. Argumentation des Parties (par.506-518) 157 - 159
I. Gouvernement requérant (par-507-517) 157 - 158
II. Gouvernement défendeur (par. 5l8), . . 159
B. Article pertinent de la Convention
(par, 519) t 159 - 16O
C. Communications faites par la Turquie
conformément à 1'article 15 (3)
(par, 520 - 523) 160
I. En ce qui concerne la partie septen-
trionale de Chypre (par. 520) I60
II. En ce qui concerne la Turquie conti-
nentale (par. 521 - 523) 160
D. Avis de la Commission (par. 524 - 531) 161 - l62
I, En ce qui concerne la partie septen-
trionale de Chypre (par. 525-528),,. I6I - 162
II, En ce qui concerne les localités de
Turquie où des Chypriotes grecs ont
été détenus (par, 529 - 531) l62
PARTIE IV - CONCLUSIONS 163 - I67
I, Déplacement de personnes I63
II. Privation de liberté I63 " 165
1, "Personnes enclavées" . I63 ~ l64
2, "Centres de détention" l64
3. "Prisonniers et détenus" 164 - I65
4. Remarque finale I65
III, Non-respect du droit à la vie I65
IV, Mauvais traitements , I65 - I66
V, Non-respect du droit de propriété .. 166
VI, Travail forcé , , . , I66
VII, Autres questions . , , . , I66 - I67
Opinion dissidente de M, G. SPERDUTI, partagée par
M. S. TRECHSEL, quant à l'article 15 de la Convention 168 - 171
Opinion Individuelle de M. F, ERMACORA 172 - I8I
Opinion individuelle de M, M. TRIANTAFYLLIDES l82 - I83
Opinion individuelle de M, E, BUSUTTIL l84 - 185
- XI
î
Pages
Après avoir reçu les obser\^atioriS écrites des Parties sur la recevabilité des
requêtes, la Commission les a entendues en le-jrs plaidoiries sur ce point les 22 et
23 Mai 1975.
--. Afin de mener à bien la double mission qui lui incombe aux termes de l'article
28 de la Convention, à savoir établir les faits de la cause et se mettre à la dispo-
sition des Parties en \r\ie de parvenir à un règlem.ent amiable, la Commission a cons-
titué une Délégation qui, au cours ce son enquête, a entendu des tém.oir.s et recueilli
des éléments de preuve supplémentaii'^es à Ch5rpre, en septembre 1975. Par ailleurs, la
Commission et la Délégation se sont mises à la disposition des Parties en vue de
parvenir à un règlement amiable de l'affaire.
(2) formule un avis s^jr le point de savoir si les faits ainsi constatés
révèlent de ia part du Gouvernement défendeur une violation des obli*
gâtions lui inccmJDant aux termes de la Convention,
J.
4 -
6, Chypre a été sous la domination turque de 1571, date à laquelle les Turcs
l'ont conquise sur les Vénitiens, jusqu'en 1878, où elle est passée sous l'ad-
jijinistration britannique, Annexée à la Co^ororine britannique en 1914, elle est
devenue colorie de la Couronne en 1925, après que la Turquie eut recorriu cette
annexion aux tenr,es du Traité de Lausanne du 24 Juillet 1923 ( 1 ) T
(1) Société des Nations -Recueil des Traités, vol. 28, p.12 (n^ 701).
L'article 20 du Traité est ainsi libellé ;"La Turquie déclare reconraî-
tre l'annexion de Ch;>^re proclaœe par le Gouvernement britannique le
5 Novembre 1914".
Pour donner effet à ces accords, les instruments suivants ont été si
gnés :
10, E n 1963, de graves incidents ont éclaté à Chypre entre les deux coninu
nautés et ont entraîné des merts et des dégâts matériels dans les deux canps,
L^ administration a cessé de fonctionner sur une base bicommonautaire. Il y a
eu d'autres violences intercommunautaires en 1964, 1965 et 1967t
Une Force des Nations Urles chargé du maintien de la paix (Forces des
Nations Unies à Chypre UNFICY?) a été envoyée dans l'île en 1964, et des re
présentants des Nation.s Unies ont fait des tentatives de médiation (Rapport
Plaza de 1965). Cellesci ayant échoué, des conversations interccmmunautalres
111 /
"Un coup d'Etat a été déclenché à Chypre par le contingent grec station-
né dans l'île, ainsi que par la Garde nationale gr-ecque, organe de caractère
anticonstitutionnel qui est entièrement sous le coîiir^ndement et le contrôle
d'officiers de la Grèce continentale. Comme les forces inpliquées dans le
coup sont des unités militaires sous le commandement direct d'-on Etat étranger,
l'indépendance et l'intégrité territoriale de Ch^,?pre ont été gravement compro-
mises par cette action, L'actuelle situation dar.s l'île, telle qu'elle se pré-
sente après le coup, a profondément assombri les perspectives d'averlr de l'E-
tat indépendant de Chypre, Dan^ ces circonstances, il faut espérer que tous les
Etats favorables à l'indépendance et à l'intégrité territoriale de Chjpre sou-
tiendront la Turq;jie dans son action yisant à restavirer l'orxire légitime dans
L'île, action qu'elle a entreprise en tant qu'Etat, qui s'est porté garant
'indépendance de Chypre en yertu de traités internationaux,
Après avoir pris toute la mesure des événements récents dans l'île,
et vu l'échec des consultations et des efforts qu'il a entrepris confor-
mément au Traité de garantie de i960 en tant qu'une des Puissances garan-
tes, le Gouvernement de la République de Turquie a décidé de s'acquitter
des obligations qui lui incombent en vertu de l'article 4/2 dudit Traité,
dans le but de permettre à Chypre de survivre comme Etat indépendant et de
sauvegarder son intégrité territoriale ainsi que la sécurité des personnes
et des biens de la communauté turque, de même que celle de nombreux chyprio-
tes grecs qui ont à faire face à toutes sortes de dangers et de pressions
sous la nouvelle Administration,
y.
a) Requête r° 6780/74
» > î » ( * t î
/ .
- 11 -
b) Requête n» 6950/75
3. Dans la zone occupée par les Turcs, les atrocités et les crimes
s'uivants dus à une conduite systématique des pouvoirs publics turcs,
en violation flagraite des obligations qu'impose à la Turquie la Con-
vention européenne des Droits de l'Homme, ont été commis entre le
19 Septembre 1974 et la date d'enregistrement de la présente requête ;
(b) 'viols en série. Même des femmes de 30 ans ont été sauvagement
violées par des soldats de l'armée turque. Dans certaines ré-^
gions, la prostitution forcée de jeunes filles chypriotes
grecques est encore pratiquée. De nomi)reuses femmes restées
dans la zone occupée se sont trouvées enceintes après des viols
commis par des soldats turcs j
/ ,
12 -
(d) les soldats turcs pillent toujours autant les maisons et les
bâtiments commerciaux appartenant aux Chypriotes grecs ;
/ ,
13 -
5, Ces atrocités et ces crimes ont été dirigés contre les Chypriotes
grecs en raison de leur origine ethnique, de leur race et de leur reli-
gion, l'objectif était d'exterminer la population grecque des territoires
occupés afin d'y installer les Turcs et de créer ainsi, artificiellement,
un territoire de population turque pour faire progresser la politique de
création d'un "Etat fédéré chypriote turc". C'est dans le cadre de cette
politique que les membres de l'armée turque qui ont pris part - l'inva-
sion (4'o,000 environ) et leurs familles ont été récemment déclarés ci-
toyens de'l'Etat fédéré chypriote turc" proclamé illégalement et unila-
téralement -et qui n'est autre que l'ensemble des territoires chypriotes
occupés- avec la bénédiction officielle de la 'Turquie et se sont enparés
des bier^ des Chypriotes grecs,
,/
- 14
10, A noter qu'il n'a pas encore été possible de connaître avec exac-
titude l'ampleur des atrocités commises par les Turcs dans les régions
occupées ; en effet, celles-ci sont encore fermées, les autorités mili-
taires turques en interdisant l'accès, même à l'UNFICYP et aux organi-
sations humanitaires.
. / .
25. La requête n^ 6780/74 a été introduite le 19 Septembre 1974 et, sur les
instructions du President, portée le jour suivant à la connaissance du Gouver-
nement défendeur, celui-ci étant invité à soumettre ses obser\^ations sur la
recevabilité de cette requête,
28. La^requête n^ 6950/75 a été introduite le 21 Mars 1975 et, sur les'
instructions de la Commission, portée à la connaissance du Gouvernement défen-
deur le 25 Mars, celui-ci étant invité à soumettre ses observations 3ur sa
recevabilité.
./,
16
Les Parties ont été informées de cette décision le jour même. Le texte
intégral de la décision (1) a été approuvé par la Commission le 12 Juillet
et porté à la connaissance des Parties le 16 Jiiillet 1975.
30, Pour s'acquitter des missions qui lui incombent aux termes de l'article
28 de la Convention, la Commission a créé, le 28 Mai 1975, une Délégation com-
posée de M. Fawcett," Président, et de 5 autres membres, à savoir MM, Ermacora,
Busuttil, Frowein, Jorundsson et Trechsel,
36. Les "Détails de la requête" n® 6950/75 ont été versés au dossier par
le Gouvernement requéraî'it le 1er Août 1975.
V,
(1) Mentionné au paragraphe 30 ci-dessus.
38, Les détails de cet épisode sont les suivants : le 1er Septembre 1975,
le Président et le Délégué principal ont téléphoné à l'Ambassade de Turquie
à Nicosie pour demander si le Gouverrement défendeur enverrait un représentant
et si les Délégués pourraient pénétrer, s'ils le désiraient, dans la partie
septentrionale de Chypre, Le chef de mission par interim a répondu que le
Gouveniement turc estimait to^ajours que le fait pour la Délégation de recueil-
lir les éléments de preuve constituait uri excès de pouvoir C'ultra vires"),
étant donné les objections soulevées par son Gouvernement contre la décision
de la Commission s^ur la recevabilité j par ailleurs, seules les autorités de
l'Etat fédéré turc avaient compétence pour autoriser le fait de recueillir
des éléments de preuve, ou des visites, dar^ cette zone. Il a conseillé de
contacter M. unel ou M. Orek, ce dernier ayant été désigné, en l'absence de
M. Denktash qui se trouvait à l'étrar^ger, comme Président par interim, de
l'Etat fédéré.
. / ,
Q r-
^1, Des détails complémentaires sur les requêtes ont été versés au dossier
par le Gouvernement requérant le I7 Septembre et le 3 Octobre 1975.
. / .
47. Les 10, 11 et 12 I-'iars 1975, la Commission a examiné des parties de son
projet de Rapport, Elle a décidé d'inviter les Parties à so^umettre leurs ob-
servations éventuelles sur l'applicabilité de la Convention à une sitiiation
G' militaire, coimie en l'espèce, en gar-dant à l'esprit les dis-
positions ae l'article .i5
48. Les 14, 15, 17 et 13 î^ai 1976, la Commission a poursuivi son examen du
projet de Pappcrt à la lumière des communications du Gouvernement requérant
du 15 Avril et du 10 Mai, ainsi que de celle du Gouvernement défendeur du
15 Avril 1976. Elle a décidé de ne pas tenir une audience, demandée par le
Gouvernement requéra'it, sur 1^ applicabilité de la Convention à une situation
d' militaire, comme en l'espèce.
/ .
, ,/ .
2, La CoLir, avant d'y faire dr'oit, doit s'assurer non seulement qu'elle
a coiïpétence,.., mais que les conclusions sont fondées en fait et en
droit,".
1
22
. I .
(1) Dans quatre affaires dont la Cour internationale de justice a été saisie
récemment, le Gouvernement défendeur ne s'est pas présenté et la Cour a
statué sur le fond ; Affaires de la ccnpétence en matière de pêcheries
(Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord c, Islande, CIJ
Recueil 1974, p. 3 ; République fédérale d'Allemagne c, Islande, ibid,,
p, 175) et Affaires des essais nucléaires (Australie c, France, ibid,,
p. 457). le paragraphe 15 des deux derniers arrêts (cf, pp, 257 et 451)
est libellé comme suit ;
(2) Cf. par. 29-51 et 34-35 du Rapport de la Commission, ibid,, pp. 9-11*
24 -
Introduction
64. Le Gouvernement défende'ur, bien qu'il y ait été invité^ n'a proposé
aucun témoin et n'a présenté auc^un autre élément de preuve ('^).
Témoins
66. Pendant son séjour à Chypre, la Délégation a entendu les témoins sui-^
vants (1), qui avment été proposés par le Gouvernement requérant en raison
de leur situation particulière ;
./,
68. Hormis Mne Kyprianou, tous ces témoins ont déposé en anglais, Le conpte
rendu intégral de leur addition fait l'objet d'un document distinct (1).
2. Personnes interrogées
1, Lieux visités
2. Films
Thème source
* " ".' » ' .««■'■. ■
./.
Thème Source
b) Déclarations
c) Documents divers
78. Comme il a déjà été indiqué (2), le Gouvernement défendeur n'a pas participé
à la procédure de la Commission préyue à l'article 28 (a) de la Convention ;
honnis la déclaration susmentionnée (3), il n'a présenté aucune conclusion et
aucun élément de preuve au sujet des violations alléguées, et il n'a pas accordé
de facilités pour l'enquête de la Commission, contrairement aux dispositions de
l'article 28 (a) in fine ; la Délégation de la Commission s'est yu refuser
l'accès en Turqiuie (4), ainsi que toute coopération de la part des autorités
turques ou chypriotes turques po^ur la conduite d'une enquête dans le nord de
Chypre (5).
^ ,/,
82. En outre, la Commission fait observer à cet égard que vu qu'il n'a pas
été possible d'enquêter de manière approfondie sur tous les faits, elle distin-
guera, dans son établissement des faits, entre :
- les allégations qui n'ont pas été étayées par des élânents de preuve pertinents.
,/.
85. En dernier lieu, la Commission fait observer que la substance des pré-
sentes req^uêtes lui irposait de restreindre, pour l'essentiel, le champ de son
enquête aux actes et incidents dont la Turquie, pouvait être tenue pour respon^
sable en tant que Haute Partie Contractante, Les yiolations de la Convention
prétendument commises par Chypre ne pouvaient être prises en considération
comme telles que si la Turquie ou une autre Haute Partie Contractante les avait
dénoncées dans une requête introduite devant la Commission sur le fondement
de l'artiûfe 24 de la Convention (2).
./,
Introduction
Introduction
Cette distinction, qui n'apparaît pas dans les conclusions du Gouvernement ve-^
quérant, sera observ-ée par la Commission dans sa présentation et son évaluation
des éléments de preuve recueillis, ainsi que dans son avis sur les points de
droit,
I. Gouvernement reauérant
92. Le Gouvernement requérant fait valoir que depuis 1964, la Tiurquie mène
à l'égard de Chypre -une politique visant à imposer un échange de populations entre
les Communautés chypriotes grecque et turque, de manière à créer une situation
,/
35 -
dans laquelle chacune des deux communautés occuperait une partie distincte de
l'île. Cette politique est connue sous le nom de "Plan Attila" (1).
94, Les mesures prises par l'armée turque ont consisté notamment ;
à détenir des personnes, qui étaient restées dans les zones contrôlées
par l'armée turque, dans des "canps de concentration", où elles ont été
forcées de vivre dans une misère telle qu'elles ont sombré dans le
désespoir, et en ont été réduites, pour soulager leur détresse, à donan-
der l'autorisation d'aller dars les zones contrôlées par le Gouvernement
requérant (9) ;
./,
à forcer des individus, soit par la menace des armes, soit par l'imposition
p'cir les autorités militaires turques de conditions d'existence inhumaines,
à signer des demandes de transfert vers les zones contrôlées par le Gouver-
nement requérant (1) ;
à créer dans le nord de Chypre des conditions telles que les Chypriotes
grecs ne souhaiteraient pas y retourner m.ême si on les y autorisait,-Le
Gouvemem.ent requérant se plaint, en particulier, de faits accomplis,
comme l'attribution de maisons et de biens appartenant à .d3s Ch^ypriotes
grecs à des Chypriotes turcs et à des colons tui-'cs (2) ;
95. Ces mesures ont eu po^ur résultat que sur une population totale d'environ
200,000 Chypriotes grecs dans le nord, il ne restait plus que 14,000 personnes
environ en Septembre 197^ et quelque o.OOO en Juillet 1975. Le Gouvernement
requérant souligne que les personnes qui ont quitté le nord (environ hG% de
la population grecque de l'île) ne sont pas allés dans le sud de leur plein gré,
en mettant à profit la "liberté d'aller dans le sud" proclamée par les autorités
t^urques, mais qu'elles ont toutes été expulsées par l'armée turque et qu'on ne
les a pas autorisées à revenir (4),
7,
(1) Détails II, par. 12 G (ii) ; cf, aussi le télex du Gouvernement requérant
du 10 î/lai 1976 relatif aux cas de mauvais traitements qui auraient eu lieu
en 1976.
(2) Détails II, par. 20 F et 24 ; Détails_II, par. 12 f j messages-télex du
Gouvernement requérant du 26 Juin 1975, par, B et du 22 Octobre 1975, selon
lesquels les importations de colons turcs auraient augmenté et se produi-
raient de façon systématique et sur une grande échelle, "dans le but de
medifier l'équilibre racial de l'île".
(3) Détails I, par. 20 C ; Détails II, par. 12 c.
(4) annexe "A" aux observations du Gouvernement requérant sur la recevabilité
de la requête I, -par, 11.
(5) Message-télex du Gouvemaiient requérant du 2 Juillet 1975,
(6) Ibid.
37 -
98, Le Gouvernement défendeur qui, poiK* des raisons exposées ci-dessus (1),
n'a pas participé à la procédure quant au fond, n'a fait aucune déclaration
au sujet de ces allégations,
101, Vu la portée et la gravité des griefs contenus dans les présentes requêtes
et concernant le déplacement de Chypriotes grecs du nord de l'île à la suite de
Inaction militaire turque de 1974, la Commission a d'abord cherché à obte-
nir des renseignements d'ordre général sur le déplacement de personnes à Chypre,
,/.
,/.
(1; Environ 9-000 ont été éloignes, aux termes d'un arrangement anjglo-r-turc
de Janvier 1975, de la zone de la base souveraine britanique d'Episkopi,
où ils avaient cherché refuge ; environ 8,000 ont été déplacés dans le
cadre de l'accord interccmm'unautaire conclu lors de la troisième série
des entretiens de Vienne, en Août 1975.
(2) Cf, Partie I, par. 15 ci>-dessus,
(3) UT^' doc, S/11353 et Add, 1-33 ] S/11468 et Add. 1-4 ; S/ll488/Add. 2 ;
S/11568 j S/11717 po^ur la période allant jusqu'à Juin 1975.
(4) Cf, par. 102 ci-dessus.
(5) Le camp de réfugiés installé dars les locaux de l'orphelinat de Nicosie,
et le camp de réfugiés de Stavros 5 cf. les entretiens avec des personnes
de ces caips, pp, 1-15 de 1'Addendum.
(6) Conpte-rendu intégral pp, 5^6. Mme Soulioti a aussi fait état des chiffres
suivants ; 22.7.197^ - 3.000 réfugiés, 30,7.1974 ^ 15,000.
39 ^
recevaient une aide du Service spécial, dé, sorte qu'il connaissait parfaitement
leur nombre. Initialement, il y avait même eu 203.000 réfugiés nécessiteux, mais
nombre des persomes cul avaient quitté les zones du sud limitrophes des terri-
toires contrôlés par la Turquie y étaient retournées dans 1'intervalle (1).
107. Il ressort des éléments de preuve soumis à la Commission que dans leur
majorité les personnes déplacées ont abandonné leurs foyers dans le nord de
Chypre en raison de l'action militaire turaue, pendant les deux phases
de combats véritables (20-22 Juillet 1974 et l4-l6 Août 1974).
./,
Ceci a été confirmé par M. lacoyou, qui a attiré l'attention sur l'état
psychologique de ces gens (1), 1 1 a signalé que même les Chypriotes grecs
des zones qui n'avaient jamais été atteintes par les troupes turques avaient
reflué et n'étaient rentrés chez eux qu'après la fin des combats (2),
109. Tout porte à croire que la fuite des Chypriotes grecs abandonnant la
zone des combats a débuté dans les tout premiers jours de l'action
militaire turque de Juillet 1974. Un rapport des Nations Unies du 22 Juillet
1974 signale qu'ijn des problèmes majeurs rencontrés par tous les contingents
des Nations Unies a été celui des réfugiés, dont la plupart étaient concentrés
dans les zones de Kyrerla et de Famagouste (3). Le tém.oin Soulioti a aussi
déclaré, en ce qui concerne les personnes déplacées pendant la premiere phase,
que certaines ont peut-être fui de le^ur propre chef (^),
./,
(c) M, Odysseos a déclaré avoir quitté Morphou le 14 Août 1974, avant l'arri-
vée de l'armée turque (3).
113. "Parmi les personnes interrogées dans les camps de réfugiés, la réfugiée
B. a déclaré qu'elle^-même et sa famille avaient quitté le village de TraMioni
ayant l'arrivée des troupes turques et qu'elle avait vu partir aussi d'autres'
personnes (8). Le réfugié D,, de Palekythro, qui a été détenu à Voni, a déclaré
que les autres membres de sa famille sont passés dans le secteur grec en raison
du danger (9)t Trois garçons du canp de réfugiés de Stavros (H,, I, et J,,
âgés de 11 à 14 ans) ont déclaré avoir quitté leurs foyers avec leur famille (10),
(1) Cf, Ccîîpte rendu Lntégral, pp. 197*^198 et 204-205j Cf. aussi Déclarations J,
n® 59, 60 et 82, qui font référence aux mêmes incidents.
(2) Compte rendu intégral p, 73.
(3; Cf. par, 110 ci-dessus.
(4) Cf. par. llO ci-dessus,
(5) Conpte rendu intégral, pp, l80-l82.
(6) Ibid., p. 184.
(7) Conpte rendu intégral, pp. 105-106.
(8) Addendum, pp. 4-5-
(9) Addendum, p, 9.
(10) Addendum, pp. 13-14.
42 -
(1) En ce qui concerne les restrictions Imposées aux personnes dites "enclavées",^
cf, Chapitre 2 A ci-après,
(2) Cf. par exenple Déclarations I, n° 2, 46, 52, 58, 70, 8l, 83 et 90,
(3) Cf. par, 117-122 ci-après.
(4) Cf, par. 121-130 ci-après.
(5) Cf. par. 131-149 ci-après,
(6) Cf, par, 150-158 ci-après,
(7) Cf, par, 159-165 ci-après.
43
sur le territoire contrôlé par l'armée turque. Il semble qu'un nombre très
élevé de persomes, y conpris, dans de nombreux cas, tous les demders habi-
tants des villages chypriotes grecs, ont été ainsi éloignés de leur lieu de
résidence habituel ; toutefois, un pourcentage relativement élevé de ces
personnes avaient quitté leurs foyers pour se réfugier chez d'autres personnes,
des parents, des amis et, dans certains cas, des étrangers.
118. De nombreux indices portent à croire que des personnes ont été contraintes
physiquement de quitter leurs maisons, même lorsqu'elles en étaient propriétaires,
Ainsi, la réfugiée A., du camp de réfugiés installé dans les locatix de l'orpheli-
nat, a déclaré qu'elle-m.ême et sa famille avaient été chassés de leur maison
d'Ayios Georgios, en Juillet 1974 (1). Les témoins Kyprianou et V, Ephtimiou
ont déclaré que leur groupe avait été contraint sous la menace des armes de
sortir d'une cave, ou d'une écurie, où il s'était caché (2). Le témoin
M. Andronikou, Directeur général de l'Office chypriote du tourisme, a déclaré
que deux propriétaires d'hôtel qui avaient été expulsés étaient venus le voir ;
le propriétaire de l'Hôtel Constantia à Famagouste, qui était resté s^ur place
après l'évacuation de la ville parce qu'il avait une fille clouée au lit, avait
été invité par les autorités militaires turques à s'en aller, sous peine de
subir des conséquences désagréables. Une dame, propriétaire de l'Hôtel Bellapais
à Kyrerla, avait reçu l'ordre de quitter l'hôtel, et on avait menacé de la tuer
si elle n'obtenpérait pas (3). En outre, il apparaît que de nombreuses personnes
ont reçu l'ordre de se rassembler dans certains endroits (l'école ou l'église)
de leurs villages respectifs (4), Quand elles, n'ont pas été séquestrées immédia-
tement sur place (5), elles ont été emmenées en autobus et dans d'autres véhi-
cules ,
120. Un rapport des Nations Unies du 5 Octobre 1976 confirme eue de tels inci-
dents ont bien eu lieu (6), Des tém.oins oculaires ont aussi décrit des inci-
dents analogues devant les Délégués.
./,
Des incidents analogues sont décrits dans des déclarations écrites soumises
par le Gouvernement requérant, dont certaines mentionnent et confirment les
déclarations susmentionnées concernant les événements de Trimithi et de Karroi (4),
121. En outre, il y a lieu de croire que dans d'autres cas, des groupes de
chypriotes grecs ont été transportés, soit directement de leurs villages, soit
des points de rassemblement susmentionnés vers divers lieux de détention situés
sur le territoire contrôlé par l'armée turque :
(b) De nombreuses personnes, pour la plupart des fenmes, des enfants et des
hommes âgés, ont été conduits dars certains centres de détention, dont
les principaux se trouvaient à Gypsou, îferathoyouno, Vitsada, Voni et,
plus tard, Morphou (6). Mme Soulioti a communiqué des tableaux donnant
des détails sur ces transferts (7)»
./.
(c) En dernier lieu, des habitants de Kyrenia et des villages voisins ont été
conduits par des soldats turcs à l'Hôtel du Dôme à Kyrenia. Ceci a été confira
par des rapports des Nations Unies (1) et par des témoins entendus par la Délé-
gation, notamment le témein Soulioti (2) et le docteur Charalambides, témoin
oculaire, qui a été détenu dans ce même hôtel (3). D'autres personnes qui sont
allées à l'Hôtel du Dôme, ou qui y ont été conduites pour le^ur sécurité par
les forces des Nations Unies, ont finalement aussi été détenues par l'armée
turque et n'ont pas été autorisas à rentrer chez elles (4).
1231 Un rapport des Nations Unies fondé sur des renseignements communiqués le
5 Août 1974 par l'UNFICYP décrit de quelle manière des groupes de Chypriotes
grecs ont été expulsés de la zone contrôlée par l'armée turque et transportés
jusqu'à la ligne de démarcation, Selon ce rapport, on a dit à quelques fermes
et enfants d'un grand nombre de villages de quitter ces derniers et de traverser
la ligne pour aller sur le territoire contrôlé par la Garde nationale. D'autres
ont été transportés en autobus, sans leurs effets personnels, jusqu'à Nicosie,
puis libérés avec ordre de traverser la "ligne verte" pour aller dans le secteur
chypriote grec de la ville (6),
- le 2 Août 19'74, 600 personnes environ ont été chassées de cette façon de
Trimithi, Karmi et Ayios Georgios, trois villages situés à l'ouest et tout
à côté de Kyrenia,
Parmi les réfugiés que les Délégués ont interrogés dans le canp de réfugiés
installé dans 3es locaux de l'orphelinat de Nicosie, une personne, la réfugiée
A., a déclaré que des Chypriotes turcs l'avaient forcée à quitter sa maison
d'Ayios Georgios, En fin .de compte, elle a été conduite sur la ligne yerte, à
Nicosie, le 2 Août 1974. Toutes les personnes du canp étaient venues ensemble
jusqu'à la ligne yerte.(1).
./.
129. D'autres déclarations concernant des expulsions ont été soumises par le
témoin Tryfon, Président de l'Association chypriote des propriétaires. Parmi
les déclarations qui, selon ce témoin, ont été faites à son Association,l'une
d'elles décrit l'expulsion forcée de l84 habitants d'un village, le 7 Août
1974 (1), Une autre déclaration écrite soumise par M. Tryfon décrit une expul-
sion collective d'environ 60 personnes, le 27 Novembre 1974 (2).
/.
133. A cet égard, certains témoins ont fait référence aux déclarations faites
par M. Zuger, Représentant du Comité international de la Croix-Rotige (CICR),
et M. Kelly, Représentant du Haut Commissaire des Nations Unies pour les
Réfugiés (UNHCR), devant M. Weckmann-^inoz, Ambassadeur des Nations Unies,
M. Denktash et M. Clerides, à la réurlon qu'ils ont tenue le 7 Février
1975 (1).
Ces déclarations, qui ont aussi été soumises par le Gouvernement requé-
rant (2), sont les suivantes :
"Zuger
Les personnes qui ont été amenées de leur village à Morphou ont été
entassées, soiis bonne garde, dans un bâtiment d'école. Elles ne sont
pas libres d'en sortir ; il s'agit pour la plupart d'hommes et de
femmes assez âgés et de jeunes enfants. La situation ressemble à celle
qui existait à Voni, Gypsou et Vitsadha, Ces gens veulent aller dans
le sud parce qu'on ne les autorise pas à rentrer dans leurs foyers.
Ils ne font, à notre connaissance, l'objet d'aucune contrainte physique,
mais il est vrai qu'après 6 mois de séquestration, ils ont l'inpression
qu'il n'y a plus d'espoir pour eux. Même les habitants de Morphou ne
sont pas autorisés à vivre chez eux, exception faite pour une famille.
Nos médecins craignent pour la vie dé ces personnes. La plupart'd'entre
elles sont résignées, elle sont couchées sur le sol et se désintéres-
sent totalement de tout ce qui se passe autour d'elles 5 elles se
contentent de pleurer. La Croix-Rouge leur fournit l'aide qu'elle peut,
sous forme de médicaments, etc, mais ce n'est pas suffisant. Pour des
raisons humanitaires, nous recommandons instamment leur transfert vers
le sud,
M, Kelly ;
Il faut distinguer entre leur situation pendant les deux derniers miois
et celle qu'ils connaissaient dans leurs villages, ils ne voulaient pas
aller dans le sud. H s souhaitaient rester chez eux. Maintenant qu'ils
ont été transférés à Morphou, ils vivent dars des conditions matérielles
déplorables : ils sont séquestrés dans un bâtiment d'école, sans être
autorisés à en sortir ; ils sont totalement découragés. Ils sont couchés
sur le sol et pleurent, A notre connaissance, l'armée les a transférés
sans aucune explication. On ne les a pas autorisés à enporter leurs
meubles ou leurs affaires personnelles, sauf quelques vêtements.
J'étais allé les voir auparavant ; ils étaient heureux dans leurs foyers,
dans leurs villages.
,/.
(1) Cf. les témoins Odysseos, Conpte rendu intégral, p. 94, et lacovou,
ibid. , p, 168.
M. Zuger :
Ils ont demandé à aller dans le sud après avoir été chassés de leurs
villages. D'après les visites que nous avons faites dans leurs villages,
nous pouvons dire qu'auparavant ils étaient heureux chez eux."
135. Il y a lieu de penser que le transfert des personnes qui avaient subi
une longue période de détention - par opposition à celles qui ont été expulsées
unilatéralement après avoir été détenues pendant peu. de temps (1) ^ s'est fait
sur une base de réciprocité, dans le cadre d'accords intercommunautaires conclus
en application de la Déclaration de Genèye, signée le 30 Juillet 1974 par les
Mnlstres des Affaires étrangères de la Grèce, du Roya\:mie-Uni et de la Turquie (2).
Le paragraphe 3 D de cette Déclaration (3) est libellé comme suit :
La Turquie so'uhaite que les autres parties intéressées fassent une décla^
ration analogue, et le CICR devrait assumer ses responsabilités"et 5'acquits
ter de sa mission à cet"égard en déclarant qu'il est prêt à coopérer, La
Turquie donne la priorité, à la libération des civils, et l'échange des
prisonniers de'^iralt intervenir une fois tous les civils libérés," (4)
/.
142. Le témoin Soulioti a déclaré que ce sont là les deux endroits où des pri-
sonniers de guerre ont été détenus par les Turcs à Chypre (3). Elle a fait
état de la libération de 2,526 prisonniers de guerre chyj:riotes grecs au total,
s^ur lesquels 2.380 avaient été emmenés en Turquie (4).
143. Lorsque les entretiens intercommunautaires ont repris à Vienne sous les
auspices du Secrétaire Général des Nations Unies, à la fin d'avril 1975, les
deux canps ont déclaré qu'à leur connaissance, ils ne détenaient plus de prison-
niers de guerre ou d'autres détenus non déclarés (5)t Cette affirmation a été
réitérée lors de la troisième série des entretiens de Vienne, en ''-^ût 1975 (6),
Toutefois, il semble que ces déclarations n'alent..non plus"fait référence aux
p-ea'»sonnes détenues dans les centres de détention du noru de Cnypre,
1^^, Le transfert des personnes se trouvant dans les centres de détention
du nord de Chypre est intervenu en application d'accord spéciaux conclus à
l'échelon intercomm'unautaire en Novembre 1974. Ainsi, il a été décidé le
11 NovsmjDre que quelque I.50O Chypriotes grecs "se trouvant" à Voni et Gypsou
seraient évacués yers le sud. Selon un rapport des Nations Unies, l'évacuation
de 389 Chypriotes grecs détenus à Voni s'est terminée le 18 Novembre 1974.
L'évacuation des Chypriotes grecs détenus à Gypsou s'est achevée le 30 Novembre ;
1.123 personnes au total ont été transférées vers le sud, A la même date, quel-
que 250 Chypriotes turcs ont été transférés de Mandres vers le nord (7),
1^-5. Au sujet de l'évacuation des centres de détention, en Noyanbre 1974,
yine Soulioti a fait la déposition suivante :
./.
"Il y avait dans ces canps quelque 2,440 personnes au total ; elles ont été
évacuées entre le 15 et le 29 Novembre 1975."
Interrogée sur le point de savoir vers quelle destination elles ont été évacuées,
ce témoin à répondu :
146, En dernier lieu, il ressort du rapport sur l'Opération des Nations Unies
à Cnypre, po^ur la période allant du 7 Déceml)re 1974 au 9 Juin 1975, que sur
250 Chypriotes grecs qui avaient été "concentrés" à Morphou après avoir été
expulsés de villages voisins, 21 seulonent n'ont pas été évacués vers le sud (3).
147. La plupart des déclarations orales et écrites de personnes qui ont été
détenues dans des centres de détention ne décrivent pas les circonstances de leur
transfert yers le sud. Toutefois, il sen±)le que ces personnes aient généralement
éprouvé un sentiment de soulagement d'avoir enfin été autorisées à partir,
151. D'un autre côté, il ressort de déclarations écrites et orales que des mem
bres de la Garde nationale et d'autres personnes qui ont été déportés avaient
été arrêtés à leur domicile ou après avoir été expulsés de leurs foyers dans
le nord. A cet égard, la Conmission fait référence aux indications susmention
nées (^),
152. Les arrangements en ■^/ue de la libération des personnes qui avaient été
déportées en Turquie ont été inclus, sembletil, dans les arrangements généraux
relatifs, d'aune part, à l'échange de catégories particulières de prisomiers et
de détenus et, d'autre part, à la libération, dans le cadre d'un plan du CICR,
de to^^ les prisonniers et détenus restants. Les documents des Nations Unies
traitant de cette question ne font pas de distinction entre les personnes déportées
en Turquie et les autres prisonniers et détenus. E n fait, les prisonniers et
détenus chypriotes grecs qui ont été libérés sur la base de la Déclaration de
Genève du 30 Juillet 1974 ainsi que des accords intercommunautaires conclus en
application de celleci et portant sur les "prisonniers et détenus" ont été,
sembletil, dars leur majorité, des personnes qui avaient été déportées en
l'^urquie (5).
153. Ainsi, un document des Nations Unies du 18 Septembre 1974 consacre une
mention particulière au fait que le, deuxième échange prév^u par l'accord inter
communautaire du 13 Septembre 1974 n'est intervenu qu'après le retour de
Turquie des prisonniers grecs chypriotes malades et blessés (6). ■
154. Selon un rapport des Nations Unies du 3 Octobre 1974 (1), la libération
générale des prisonniers et détenus a été provisoirement interronpue le 25 Sep-
tembre 197^ pour deux raisons ; les derniers prisonniers chypriotes grecs
n'étaient pas encore rentrés de Turquie, et quelque l64 détenus chypriotes grecs
qui avaient choisi de réintégrer leurs foyers dans des zones sous contrôle turc
n'avaient pas reçu l'autorisation des forces turques à cet effet et étaient
retenus dans le secteur chypriote turc de Nicosie (2).
156. Il est difficile de dire si les prisonniers chypriotes grecs qui ont été
autorisés à rentrer dans leurs foyers dans le nord avalent tous été détenus en
Turquie, Toutefois, la Commission note que selon le Gouvernement requérant,
seuls les ex-prisonniers qui ont été détenus en Turquie et qui résident mainte-
nant dans les zones occupées par les Turcs sont tenus de se présenter à la
police locale deux fois par jour (6),
,/
157- Outre les éléments de preuve contenus dans des publications des Nations
Uni.es, la Carimission a recueilli des témioignages directs sur la libération des
prisonniers détenus en 'Turquie, Ainsi, il ressort de la déclaration du témoin
Pirkettis qu'on n'a pas demandé à l'avance aux prisonniers vers quelle zone
ils vo;ulaient aller à le^ur libération et qu'on ne leur a pas dit non plus où
ils allaient être libérés. On les a sinplement ramenés à Chypre et libérés
devant l'Hôtel Ledra Palace (1).
159. Outre des groupes de prisonniers et détenus chypriotes grecs qui ont été
transférés "en bloc", dans les conditions décrites ci-dessus (3), des personnes
ont été transférées, pour des raisons humanitaires, vers la zone contrôlée par
le Gouvernement requérant. Elles ont d'ordinaire été transférées av^ec l'aide
du CICR ou de l'UTSIFICYP, en application d ' arrangem.ents de caractère général
ou particulier.
162. En dehors de ces mes^'ures d'ordre général, certains cas ont, semble-t-il,
fait l'objet d^un examen individuel dans le cadre des entretiens interconxnunau-
taires, particulièrement à des revnions de caractère prive, entre 1^4. Clerides
*/,
163. Le transfert effectif a été réalisé dans chaque cas avec le concours
du CICR ou des Nations Unies. Ainsi, il ressort d'un rapport des Nations Unies
du 6 Décembre 1974 que l'Ul^CIVPOL (3) a apporté une contribution très importante
à la mise en oeuvre du programme d'aide humanitaire, notamment en fournissant
des escortes pour l'évacuation de personnes pour des raisons médicales ou autres (4)
Un autre rapport des Nations Urles pour la période allant jusqu'au 9 Juin 1975
signale que des médecins de l'UNFICYP ont examiné des malades dont l'évacuation
était envisagée (5).
164. Les descriptions de cas individuels faites par des ténoins devant la
Délégation de la Commission montrent qu'il a souvent fallu surmonter des obsta-
cles très inportants avant de pouvoir finalement organiser le transfert.
Ainsi, dans le cas, signalé par le témoin Soulioti, d'un garçon de I6 ans
qui a finalement été transféré après intervention de M. Clerides, le Haut
Canjnissaire des Nations Unies pour les réfugiés, le Prince Saddrudin Aga Khan,
avait tenté précédemment de l'emmener avec lui lorsqu'il se trouvait dans le
nord de Chypre, le 23 Août 197^. Toutefois, un fonctionnaire turc était intervenu
et avait fait sortir le garçon de la voiture du Haut Commissaire, Selon le témoin,
cet incident a été filmé et rrontré à la télévision (6).
,/,
Compte r e n d u _ _ i n t é g r a l , p . 9 0 .
B^
c3)
r o i d o , p . 12y,>
r o i d . , p . 187.
(4) Ibid., X). 113.
(5) UîT doc. S/11717, par. 29.
(6) Cl. par* 5 de la Eésolution figurant à l'Annexe VIII au
présent Rapport. Cette résolution a été adoptée par 117
voix contre .^ero et aucune abstention, la ITurquie ayant voté
pour la Puesolution. Pour expliquer son vote, le Ministre
des Affaires étrangères de Turquie a déclaré que le problème
des réfugiés avait un aspect politique et humanitaire jui
était étroitement lié à la solution poD.itique du problème
chypriote. Cf. UlT doc. A/PV. 2275 (provisoire), pp. 161162)
- 60 -
sains et saufs", et a invité les parties intéressées "à prendre
d'urgence des mesures ii cette fin"'. Le Conseil de sécurité c
approuvé cette Résolution le 13 décembre 1974- et invite le Secrétaire
Général à faire rapport sur sa mise en oeuvre (l).
172. Le 24 janvier 1975, le Secrétaire Général a demandé au>:
parties intéressées de lui communiquer tous les renseignements
pertinents sur les mes-'ures prises ou envisagées par elles. Toutefois,
seules Chypre et la Grèce ont répondu officiellement (2). Le
Gouvernement grec a déclaré que les efforts qu'il avait faits pour
activer la mise en oeuvre de la disposition suivant laquelle "tous
les réfugié doivent regagner leurs foyers sains et saufs'' avaient
été infructueux. Dans chaque cas, les Turcs avaient répondu que
cette question était d'ordre politique et qu'elle devait recevoir
une solution dans le cadre d'un règrement politique (3).
173* Ee 13 février 1975, la Commission des Droits de l'Homme
des Nations Unies, faisant référence à la Résolution 3212 (}[XIX) de
l'Assemblée Générale, a demandé L: toutes les parties intéressées
d'oeuvrer pour le plein rétablissement des droits de l'homme parmi
la population chypriote et de prendre d'urgence des mesures pour le
retour de tous les réfugiés dans leurs foyers en toute sécurité (4).
174* Le 20 novembre 1975, l'Assemblée Générale des Nations Unies
a demandé à nouveau aux parties intéressées de prendre d'-orgence
des mesures pour aider tous les réfugiés à rentrer en toute sécurité
dans leurs foyers de leur plein gré et de régler tous les autres
aspects du problème des réfugiés; par ailleurs, elle a demandé
instamment à toutes les parties de s'abstenir de toute action
unilatérale contrevenant à la Résolution 3212, y compris de toute
modification de la structure démographique de Chypre (5).
La Turquie est le seul Etat à avoir voté contre cette
Resolution (6). Lors du précédent débat général de l'Assemblée
Générale réunie en séance plénière, le représentant de la Turquie
avait déclaré que le retrait des troupes et le règlement du problème
des réfugiés ne pouvaient pas être négociés en dehors de leur
contexte; ils devaient faire partie d'une solution globale à laquelle
il faudrait parvenir- Par ailleurs, il a démenti l'allégation du
Gouvernement requérant selon laquelle la Turquie modifiait la
struct'ure démographique du nord de Chypre en faisant \''enir des
colons de Turquie continentale, et il a déclaré que la Turquie ne
faisait venir des travailleurs chypriotes turcs que pour remédier à
Is pénurie de main-d'oeuvre; à l'origine, ces travcilleurs
S'étaient enfuie de Ch^y-pre parce qu'on les persécutait (7)»
./.
'1)
>
Cf, Résolution 565 (1974) du Conseil de sécurité.
r^ s*UE doc. S/11624, par. 11, et Annexes P et G,
lbid.« Annexe P, oar. 2.
i< Cf. Résolution 4 (XXXI) de la Commission des Droits de
l'PIomme des Nations Unies (cf. Annexe XI au présent Rapport).
(5) Résolution 5595 (^-S), par. 4 et 6 (cf. Annexe IX au
présent Rapport).
(^ Cf. UiT doc"A/PV. 2413 (provisoire), p. 73-
v7^ Cf. OîïïJ - Chronique mensuelle, vol. 12, no. 11
(décembre 1975), P- 15,
61
175» le 27 fé\'rier 1976, la Commission des Droits de l'Homme
des Nations Unies, exprimant se préoccupation de constater, d'ione
part, que l'application de sa résolution précédente n'avait g^uère
progressé et d'autre part,■la'détresse dans laquelle continuaient
de vi*^7re les personnes déplacées LI Chypre, et invitant instamment
toutes les parties ù s'abstenir d'actions unilatérales^tendant à
modifier la"^ structure démographique de Chypre, a adopté ^ine
Résolution s'inspirant de la Résolution de l'Assemblée Générale du
2Cême novembre 1975 (l)
176. E n dehors des activités susmentionnées de l'Assemblée
Générale et du Conseil de sécurité_j l'action entreprise par la
Turquie dans le cadre des Nations Unies au sujet du retour dans le
nord des Chypriotes grecs déplacés a consisté notamment à communiquer,
en vue de leur diffusion comme dociunents officiels des Nations Unies,
des déclarations de représentants de la Communauté ch^^riote turqu.
Ainsi, le Représentant Permanent de la Turquie au2c Nations Unies a
transmis:
. une lettre de protestation de la Présidente d'une organisation
de femmes chypriotes turques contre la m^anifestation des
femmes chypriotes grecques du 20ème avril 1975 (2), déclarant
notamment qu'après les privations des droits de l'homme dont
les Ch3.p)riotes t^lrcs avaient souffert, il leur était
absolument impossible de cohabiter avec les Chypriotes
grecs (3);
en mai 1975^ peu de temps avant la deuxième série des
entretiens intercommunautaires de Vienne, une lettre de
ri. Donî^tash faisant grief au Gouvernem.ent requérant de
continuer d'utiliser le problème des réfugiés, qui se
posait en réalité dans les deux camps, comjne une arme
politique contre les Turcs, en subordonnant toute solution
politique au retour des réfugiés. Vu les implications sur
le plan politique et de la sécurité que le retotir des
réfugiés soulevait, cette approche ne pouvait être tenue
que pour irresponsable et irréaliste (4);
. ./.
1 >
UN doc. S/11684, Annexe.
2) UE doc. S/11717, par. 66.
(3) Comm^oniaué de presse publié à Vienne le 2 août 1975,
LIT doc. S/11789, Ar-nexe, point 5. Cf. Partie I, par. 17,
du présent Rapport.
- 63 -
•/.
(1) UN doc. S/11789/Add. 2, par. 4. Cf aussi la déclaration du
témoin lacovou mentionnée au par. 125 ci-dessus, et des
déclarations analogues des témoins Stylianou, Compte rendu
intégral, p. 35, et^Odysseos, Compte rendu integral, p. 101,
sur la portée limitée de cet accord.
(2) Compte rendu intégral, pp. 181-182.
(3) Addendum pp. 4, p et 9-*
(4) Par exemple. Declarations I, no 2, 11, 12, 15, 28, 29, 62,53 et 72,
(5) UlT doc. S/11353/Add. 15 par. Sa.
(6) Cf. Chapitre 2 ci-après, par. 314.
(7) Compte rendu intégral, p. -^1-4.
(8) Par exemple le témoin Soulioti, Compte rendu intégral, p.4;
le témoin lacovou, ibid., p. 167«
(9) Addendum, pp. 1-3, 7 et I3.
(10) Par exemple. Déclarations I, no 3, 21, 22, 23, 34, 45, 49, 52 et 69
- 64 -
196. S'agissant des personnes qui ont été détenues dans des
centres de détention dans le nord de Chypre, la Commission tient
pour établi qu'on leur a pratiquement interdit de rentrer dans leurs
foyers dans le nord. Seuls un très petit nombre d'entre elles a été
libéré dans le nord. Ceci est enregistré dans des documents publics
des Nations Unies (4). En outre, les déclarations faites par
les représentants de l'UN[îCR et du CICR à la réunion inter-
ccmmunautaire du 5 février 1975 (5)^ réunion dont la Commission
tient le procès-verbal pour exact, indiquent que la volonté de ces
personnes de rester dans les zones sous contrôle turc a été brisée
du fait des conditions d'existence qui leur ont été imposées.
M* Zuger déclare expressément : "Ils souhaitent se rendre dans le
sud parce qu'on ne les autorise pas à rentrer dons leur foyers".
.A
(1) Cf. par. 137-142 ci-dessus.
(2) Cf. par. 154-156 ci-dessus.
(3) Cf. par. 157 ci-dessus.
(4) Cf. par. 144 ci-dessuSo
(5) Cf. par. 133 ci-dessus.
- 68 -
/.
(1) Oi. par. 194-197 ci-dessus. Cf. aussi par. 204 in fine
(2) Cf. par. 203 ci-dessus.
(3) Cf. par. 200 ci-dessus.
- 72 -
P. Conclusions
Généralités
207. La Commission a examiné les griefs visant le déplacement
de Ch^rpriotes grecs sous l'angle de l'article 8 de la Convention (1)*
Elle note que le Protocole No. 4 garantissant^des droits comme^celui
à la liberté de mouvement et au choix de la résidence n'a pas été
ratifié par les Parties. En tout état de cause, l'article S n'est
pas affecté par le Protocole.
II. Mouvements de persormes provoqués par l'action
militaire turque et observes pendant les phases de combats
véritables, et refus d'autoriser le retour des réfugies*
208. Comme il a été indiqué ci-dessus (2), la Commission n'a pas
exprimé d'avis quant à l'imputabilité à la Turquie, au regard de la
Convention, des mouvements de réfugiés chypriotes grecs provoqués,
pendant les phases de combats véritables, par l'action
militaire tur(jue. Vu qu'en tout état de cause, le refus d'autoriser
ces réfugiés a rentrer chez eux dans le nord doit être imputé à
la Turquie, la Commission limitera aussi sa conclusion à cet aspect
de la question.
La Commission considère que le fait d'empêcher physiquement
les réfugiés chypriotes grecs de rentrer dans leurs foyers dans le
nord représente une violation, imputable à la Turquie, de leur
droit; au respect de leur domicile, droit garanti par l'article S (1)
de la Convention. Cette viola1;ion ne peut être justifiée par aucum
des motifs visés au paragraphe 2 de ce même article.
La Commission conclut par 13 voix contre 1 qu'en refusant
d'autoriser plus de 170-000 réfugiés chypriotes grecs à rentrer d.ans
leurs foyers dans le nord, la Turquie, dans tous ces cas, n'a pas
agi, et continuait de ne pas agir (5), conformément aux dispositions
de l'article 8 de la Convention.
III. Mesures de déplacement prises pendit les phases de
combats véritablec et non direct6m.ent liées aux
opérations milital.reG turques
(a) Mesures de déplacement dans le nord de Chypre et
expulsions au-delà de la ligne de demarcation
209- La Commission considère que l'expulsion de Chypriotes grecs
de leur logement, même lorsqu'ils en étaient propriétaires,
expulsion imputable à la Turquie au regard de la Convention,
./ •
./.
fl) Cf. p a r . 8 8 .
(2) Cf. Requête I , p a r . 3? e t Requête I I , p a r . 3 S*
(3) D é t a i l s , p a r . 20 G.
- 76 -
222. Selon iin rapport du Haut Commissaire des Nations Unies pour
les réfugiés, en date du 51 octobre 1974 (l), parmi les 15-000
Chypriotes grecs qui se trouvaient à 1* époque d-ans le nord de
de Chypre., il y en avait de 7 à 8.000 qui habitaient des
zones épargnées par les opérations militaires et qui vivaient
encore dans leurs villages, pour la plupart en Karpasie
septentrionale ; la vie économique de ces villageois a été
perturbée, mais leur situation était meilleure que cells d'autres
Chypriotes grecs de la zone septentrionale, qui ont été soit
regroupés dans des églises, des écoles, des hôtels ou d'autres
bâtiments publics, soit isolés dans leurs propres villages (2).
71 - Conclusions
254. La Commission a examiné, à la lumière des dispositions de
l'article 5 <ie la Convention (1), les restrictions d'ordre général
imposées à la liberté des Chypriotes grecs dans le nord de Ch5"pre.
A cet égard, elle a pris note aussi des dispositions de l'article 2
du Protocole No. 4 de la Convention, au:;: te::mes desquelles quiconque
se trouve rcguliorement sur le territoi:?e d'un Etat a le droit d'y
circuler librement.
été ratifié ni par Chypre ni par la Turquie, que sous celui ô,e
l'article 5 <ie la Convention. En conséquence, la Commission n'est
pas en mesure de conclure à une violation de l'article 5 ue la
Convention, dans la mesure où les restr^ictions imposées au::
Chypriotes grecs pour les empêcher de se déplacer librement à
l'extérieur de leurs villages dans le nord de Chypre, sont imputables
à la Turquie.
B. "Centres de détention"
I. Arrnimentation des parties
(1) Gouvernement recuérant
237* Le Gou\'ernement rrequérant fait valoir que les forces armées
turques ont détenu des milliers de persormes d.ans le nord de Chin)re^
arbitrairement et sans justification légale (1) ; il déclare que
ces personnes ont été détenues essentiellement dans des "camps de
concentration", dont les pires étaient ceim-: de Voni, Marathovouno,
Vitsada et Gypsou (2).
238, Le Gouvernement allègue en premiere lieu qu'en pénét:?ant
dans les régions habitées, les forces turques ont immédiatement
arrêté et mis en dStention les Chypriotes :jrecs, parce qu'ils étaient
grecs : la même politique a été appliquée a l'égard de tous les
Chypriotes grecs que l'armée d'invasion a trouvés sur son chemin (3)«
Selon le Gouvernement, ce-ux qui n'ont pas été détenus comme
prisonniers de guerre (4), autrement dit les femmes, les enfants et
les hommes âgés, ont été mis dans des "camps de concentration",
lorsqu'ils n'ont pas été e:cpulsés (5)- Jjcnc ces camps, des centaines
de personnes, depuis des bébés jusqu'à des persormes de 90 ans, ont
été détenues dans c.ez espaces récuits, dans de mauvaises conditions,
sans installations sanitaires (G), et avec interdiction de sortir.
Les détenus ont souv'^ent été transférés d'une "zone de concentration"
vers une autre et regroupés (7)-
a i m e a ii c i - a e s s u s .
Cf. par. 247-258 c i - a p r è s .
Cf. par. 259-265 c i - a p r è s .
Cf. par. 266-273 c i - a p r è s .
Cf. Chapitre 1 ci-descus, par. 14^1-, 146 et 148.
Cf. Chapitre 1 ci-dessus, par. 117-122-
- 36 -
.A
(1) Addendum, pp. 19-21-
(2) Cf. par. 260 ci-après.
(j?) Addendum, p . 2 0 .
(4) Addendum, p. 21.
(5) Addendum, pp. 22-23-
89
(1) Cf. Déclarations I, No. 1, 12, 41, 47, 49, 51, 72, 89, 98-105,
199, 111, 112, 119, 120 et Déclarations II, No. 9, 13 et I9.
(2) Déclarations I, No- 93.
(3) Déclarations I, No. 41.
(4) Déclarations I, No. 111.
(5) Déclarations I, No. 7I* ^5, 76, 114-116; Déclarations II, No. 7
et 18.
(G) Cf. section A du présent Chapitre.
(7) Addendum, pp. 22-23 5 ^i* aussi par. 252 ci-dessus.
^8) Addendum, pp. 19-21 ; cf. aussi par. 251 ci-dessus.
1,9) Compte rendu intégral, pp. 3-10.
93
,/
(1) Déclarations I, No. 39.
(2) Déclarations I, No. 67
98
0. "Prisonniers et détenus"
I. Arprum-entation des parties
(l) Gouvernement requérant
290. Le Gouvernement requérant fait valoir que les forces
armées turques ont arrêté et détenu, arbitrairement et sans
justification légale, des centaines de Ch;^^riotes grecs, tant à
Chypre qu'en Tarquie (l).
291. Le Gouvernement déclare qu'.en pénétrant dans les régions
habitées, les forces turques en ont immédiatement arrêté les
habitants chypriotes grecs. En règle générale, les hommes ont
été séparés et détenus d l'écart des vieillards, des fenanes et
des enfants (2).
1) Requête I, par. 3.
Il]2) Détails I. par. 20 G et 22 A.
102
Détails I, par. 20 G et I.
Détails I, par. 20 I.
3) Détails II, par. 12 K.
Ibid*
Cf. Partie I, par. 23.
Cf. Partie I, par. 40 et Armexe XIV.
Pour le texte de l'article 5, cf. par. 220 cidessus,
Cf. Chapitre 4 B cidessous.
Cf. par. 221223 et 245 cidessus.
- 103 -
./.
(1) Cf. UL^T doc. S/1156S, par. 51.
(2) Cf. Chapitre 1 ci-dessus, en particulier par. 135-149.
(3) Cf. la Déclaration tripartite de Genève du
30 juillet 1974, ainsi que la note de la Turquie addressee
;\ l'UNPICYP le 4 août 1974, mentionnée au Chapitre 1
ci-dessus, par. 135-136.
(4) Cf. Chapitre 1 ci-dessus, par. 138-139.
(5) Cf. Chapitre 1 ci-dessus, par. IpO et ss.
(6) UIT doc.'^S/11353/Add. 12, par. 5-
(7) UN doc. S/11353/Add. 15, par. 3 b.
(3) UN doc. S/11353/Add. 16, par. 8.
- 104 -
/.
UN doc. S/11353/Add. 27, par. 4 et 5.
TIN doc. S/11468/Add. 1, para. 8.
Compte rendu intégral, p. 40-57.
Cf. Compte rendu intégral, p. 49.
Compte rendu intégral, p. 50.
Compte rendu intégral, p. 52,
Compte rendu intégral, p. 53.
— J-'-'p —
/ .
1) Addendum^ p. 11.
2) Addendum, p<. 13.
3) Déclarations l. Nos. 5, 53, 35, 36, 37, ^ , 53, 63, 79,
33, 36, 83^ 90, 92, 93, 95. Declarations II, Nos, 1,
12, 15, (detenus au cam^p d'Acrades).
4) Déclarations I5 Nos. 3,"55, 36, 37, 79, 93.
5) Par e::ample, Declarations I, Nce. 86. 88, 92 (un prêtre),
96 (un chef'de commission de village)•
il] Déclarations 1, No. 33
Pour de plus amples détails, cf. Chapitre 4 B ci-après,
par. 3891
(8) Pour de plus amples détails, cf. Chapitre 3 ci-après,
par«, 33O0
(9) Addendum, n. 99, No. 2 et 7.
(10) Ibid., No.^6,
- 107 -
•A
(1) Cf* Chapitre 3 ci-après, par, 3I6. 330-342 et 351.
- 108 -
"V"!. Conclusions
309. La Commission considère que la détention de militaires
chypriotes grecs en Turquie, qui est manifestement imputable à
la Turquie au regard de la Convention, a représenté une privation
de liberté au sens de l'article 5 (l) àe la Convention» Vu que
cette détention n'a répondu à aucun des motifs prévus aux alinéas
(a) à (f) de cette disposition, la Commission conclut par 13
voix contre tme qu'elle n'a pas été conforme à l'article 5 (1)
de la Convention^
310. En ce qui concerne la détention de civils chypriotes grecs,
la Commission considère que, dans la mesure où elle a eu lieu
en 'Turquie et où, par ^conséquent, elle est imputable à la Turquie,
elle a également représenté une privation de liberté au sens de
l'article 5 (l) de la Convention, et qu'elle n'a répondu à auctm
des objectifs visés aux alinéae (a) à (f) de cette disposition.
En conséquence, la Commission conclut par 13 voix contre une que
la détention de civils en Turquie a également été contraire à
l'article 5 (l) de la Convention.
311. Toutefois, vu qu'elle n'a pas été en mesure d'établir
l'imputabilité à la Turquie, au regard de la Convention, de la
détention de 146 Chypriotes grecs à la prison de Saray et au
garage Pavlides, dans le secteur turc de Nicosie (l), la
Commission conclut par 10 voix contre 2 et 2 abstentions qu'elle
n'est pas appelée à formuler un avis sur la coriformité avec
l'article 5 de la Convention de la détention de prisonniers
chypriotes grecs dans le nord de Chypre.
312. La question de savoir si l'tm quelconque des cas de
privation de liberté susmentionnés, en particulier la détention
de militaires comm.e prisormiers de guerre, a été justifiée au
regard de l'article 15 de la Convention, sera examinée dans la
Partie III du présent Rapport.
313- La Commission a tenu compte du fait que Chypre et la
Turquie sont Parties à la (troisième) Conventioia de Genève du
12 août 1949, concernant le traitement des prisonniers de guerre,
et qu'au sujet des événements de l'été 1974, la Turquie, en
particulier, a assuré le Comité international de la Croix-Rouge
(CICR) de son intention d'appliquer la Convention de Genève et
de sa volonté d'accorder toutes les facilités nécessaires pour
une action humanitaire (2)« De fait, des délégués du CICR ont
pu aller voir régulièrement les militaires et les civils auxquels
les autorités des deux camps avaient accordé le statut de prisormiers
de guerre (3). Parmi ces personnes, il y avait, avant la reprise
_ ^ ./.
U) Cf. International Revievj of the Red Cross, 14 (1974).
pp. 456 et 605.
(2) îbid, p. 605.
110
I^ Gouvernement requérant
315. Le Gouvernement requérant fait valoir que des tueries de
civils sans aucun rapport avec des opérations militaires ont été
pratiquées systématiquement par l'armée turque : ont été tués non
seulement des soldats désarmés qui s'étaient rendu, mais encore des
civils, dont des enfants âgés de 5 mois à 11 ans, des femmes et
des hommes, dont certains avaient jusqu'à 90 ans, et même des .
infirmes paralysés, des aveugles et des arriérés mentaux. Des
témoins oculaires ont fait état de centaines d'exécutions de
Chypriotes grecs par les forces turques (l). Parmi les actes
incriminés, on peut mentionner l'exécution de personnes qui avaient
tenté de se rendre dans les zones sous contrôle militaire turc
pour aller chercher des effets personnels dans leurs maisons (2).
316* Le Gouvernement crait,par ailleurs,qu'une grande partie des Chyprd
otes grecs qu'on avait vus pour la dernière fois dams la zone occupée par
les Turcs et dont on rfapas encore de nouvelles(3.000 au moins,dont un tièi
grand nombre de civils) aient été victim.es de tueries (3). Il y a
lieu de croire que ces persormes sont tombées aux mains de l'armée
turque, mais les autorités turques ont déclaré ne rien savoir sur
elles (4). La catégorie des personnes portées disparues .et
présumées avoir été tuées par les forces turques comprend des
personnes arrêtées par ces forces, alors qu'elles s'approchaient de
la zone contrôlée paroles Turcs ou qu'elles s'y égaraient, dans la
mesure où les autorités turques n'ont dorme par la suite aucun
renseignement sur leur sort (5).
II. Gouvernement défendeur
317* Le Gouvernement défendeur qui, pour les raisons exposées
cidessus (6), n'a pas participé à la procédure quant au fond,
n'a fait aucune déclaration au sujet de ces allégations.
(1) Détails ±, p. 8.
(2) Détails II, p, 4.
(3) Détails I, p. 8.
(4) Détails II, p. 5.
(5) Ibid., p. ^■.
(6) Cf. Partie I, par. 23.
- Ill -
(1) Déclarations I. No. 14, 15, 16. 21, 3238. 41, 43, 45. 54.
S5, 53. 62, 71, 50, 85 92, 96, 98; 99. 102105, 111, 113.
119 120, et Déclaraticns II, No. 10. 11, 13. '
(2) Déclarations II. No. 9, 19
(3) Déclarations I. No. 35, ^C, 46, 49, 50, 56, 57 59, 72, 35,
87 91, 94. 122, et Déclarations II, No. 2, 4. 5, 7, 15.
(4) Déclaratione I, No. 41, 45, i!^, 64, 70, 80, IÔ3, II9.
(5) Déclarations II, No. 610.
(6) Compte rendu intégral, pp. 5371.
331* Kme. Soulioti, Présidente de la CroixRouge chypriote, a
déclaré devant la Délégation de la Commission, le 2 septembre 1975^
que 2.5OG personnes étaient portées disparues. E lle craignait que
la majorité d'entre elles n'aient été tuées, à en juger par les
meurtres signalés par téléphone à des agents de la CroixRouge par
des persormes qui se trouvaient dans la zone occupée par les ■Turcs
pendant la second phase de l'intervention militaire turque (l).
332c H. Stylianou, Président du Comité panchypriote des personnes
"enclavées", a déclaré que son Comité avait dénombré deux mille et
quelques centaines de personnes portées disparues (2).
2. Action des Nations Unies
333o Dans un rapport au Conseil de sécurité des Nations Unies (5)?
du 5 août 1974, le" Secrétaire Général a déclaré que^l'UNPICIP avait
créé un bureau spécial chargé de s'occuper du problême des persormes
portées disparues. E nviron 800 personnes, comprenant à la fois des
Chypriotes grecs et des Chypriotes turcs, étaient portées manquantes
à cette date, et environ 3^0 personnes portées disparues avaient
été retrouvées.
334, Aux conversations intercommimautaires de Vierme, en 1975Î les
deux camps ont affirmé à plusiers reprises qu'ils ne détenaient
pas de prisormiers de g^ierre ou d'autres persormes non déclarées
et sont convenus de s'accorder mutuellement toutes facilités
pour des recherches sur la base de renseignements communiqués par
l'autre côté (4).
535* Le 9 décembre 1975^ l'Assemblée Générale des Nations Unies
a adopté la Résolution 3^50 (IQCx) sur les persormes portées dlspaxues
à Chypre (5).
336. Il ressort du rapport de la Troisième Commission (6) que
le projet de résolution susmentiormé, présenté par le représentant
de Chypre le 12 novembre 1975, contenait la phrase suivante, au
troisième paragraphe du préambule ;
"Gravement préoccupée par le sort de plus de 2.000 Chypriotes
portés manquants a la suite du conflit armé à Chypre";(7)
(traduction du Secrétariat).
vy^
/T Compte rendu intégral, p. 17
(2) Compte rendu intégral, p. 3I
(3) S/11353/Add. 15 (p 3, par. 9 ) .
(4.) Conseil de sécurité des Nations Unies, doc. S/11684, Aimexe
(Communiqué de presse du 3 ^ai 1975), et doc. S/11789, Annexe
(Communiqué de presse du 2 août 1975).
(5) Cf. Armexe XI.
(6) Doc» A/10284/Add. 1.
(7) Loc. cit.. p. 17.
116
^37,
y.
Le représentant de la Tarquie a proposé, le 14 novembre 1974,
de libeller ce paragraphe comme suit (1) :
"Gravement préoccupée par le sort des persormes portées
manquantes a la suite des violences et du conflit à
Chypre": (traduction du Secrétariat).
A la même réunion, le représentant de Chypre a modifié son
projet et proposé d'adapter la phrase suivante :
"Gravement préoccupée par le sort d'un très grand nombre
de Chypriotes portes manquants à la suite du conflit armé
à Chypre"; (2) (traduction du Secrétariat).
338. Le 19 novembre 1975, la Commission a rejeté l'amendement
turc par 26 voix contre 20, et 73 abstentions et adopté le projet
de résolution, dans sa forme révisée, par 98 voix contre une (la
Turquie) et 21 abstentions (3).
5* Autres éléments de preuve
339. Plusiers des réfugiés entendus par les Délégués ont déclaré
QrC'.e des parents ou des habitants de leurs villages étaient portés
disparus (4),
540, Le docteur Hadjikakou a fait état, dans ses notes manusc:cites,
de rapports conce.mant le cas de persormes qui ont été emmenées
par les Turcs et dont on n'a pas entendu parler depuis (5). H a
signalé notemirent que certains habitants d'Ashia, qui avaient reçu
1''ordre d'enterrer des habitants de leur village en dehors de celui
ci, ne sont jamais revenus (6).
341a Le témoin Pirkettis a déclaré que lorsqu'il a quitté le camp
de détention d'Amasya/Turquie, xme vingtaine de persormes ont été
retenues ; toutefois, il pense qu'elles ont été relâchées par la
suite (7)»
.342. Les témoins Soulioti, Hadjiloisou, Anastasiou et le docteur
Hadjikakou ont tous déclaré que par suite du manque de coopération de
la part du côté turc, les organes chypriotes grecs n'ont X}az pu
enquêter danz la zone occupée par les Turcs (8), par exemple pour '
r.
entifier les cadavres déccuvex^ts dans des charniers ou ailleurs.
i:,vi ■
/.
\C^ J J. u — 1.*. •
(.3) P o u r des dôtails sur ces v o t e s , c f . l o c . c i t . , r^-^. 1819 et 2223.*
(4) Addendum, pp, 2, 4 et lo-
(5) Addendum, p. 41.
(6) Addendum, P. 42. ,
7) Compte rendu intégral, p. 5^
3) Compte rendu intégral, pp. 10, 65, 106 et I52.
D. E valuation des éléments de preuve recueillis
Dans les autres cas (5), des soldats turcs ont aussi été
présentés comme responsables.
11- Personnes portées disparues
35I"' La Commission estime qu'il y a ■<me présomption de
responsabilité de la Turquie pour le sort des personnes qui ont été
détenues par les 'Turcs. Toutefois, à partir des éléments dont elle
dispose, la Commission n'est pas en mesure de d^éterminer si, et
dans quelles circonstances, les prisormiers chypriotes grecs
portés disparas ont été privés du Ci.roit à la vie (6).
P. Conclusion
352. La seconde phrase du premier paragraphe de l'article 2 de
la Convention dispose que la mort ne peut êt3?e infligée à quiconque
' ntentionnellement, sauf en e::écution d'une sentence capitale
roncncée p-?.r un tribunal au cas où le délit est puni de cette
peine par la loi. Le paragraphe 2 de cet article vise trois autres
cas dans lesquels, par exception, la mort peut être infligée.
.A
120
./.
(2) Ibid.
n Ibid... DD. 1819.
Ibid., p. 20.
Gf. Partie I, par. 23
6) Cfc Partie I, par. ^:0 in fine.
- 126 -"
*' ... celai q m disait qu'il souhaitait voir un médecin était battu ,,,
On était passés à tabac tous les jours. Je ne dirai pas que c'était un
passage à tabac organisé, mais nous étions toujours battus,^ particulièrement
par des soldats, parfois par des officiers (1). Un ou deux soldats étaient
très gentils, mais ils avaient peur, comme ils nous l'ont dit, de se mon-
trei"* gentils avec nous "(2).
"on nous a embarqués une nouvelle fois dar^ des camions et conduits à la
gare. Il y avait beaucoup de soldats à la gare, beaucoup de policiers et
beaucoup de ger^, et ils ont commencé à cracher sur nous, à nous insulter ;
quand on nous a obligés à passer devant eux, ils nous ont dorné des coups
de pied, ils nous ont battus, etc ,,," (3).
un officier t'irc q^ii, selon -"in soldat turc, apprenait le karate, s'exerçait
en frappant chaque prisonrler ;
un autre prisonrler lui a dit que deux ou trois fois, deux ou trois pri-
somiers ont été pendus par les pieds pendant des heures au-dessus du trou
d^vn v/ater 6) ;
un homne, dont le témoin a révêlé l'identité, lui a montré son dos qui
avait été abimê par un sous-lieutenant, qui avait l'habitude de piquer tous
les prisomiers a^'ec une épingle cr^aque fois qu'il le pouvait^ lorsqu'il
conduisait les prisomiers dans la cour (7).
y.
(1) Conpte rendu intégral, p. 47.
(2) Conpte rendu intégral, p. ^7.
(3) Compte rendu intégral, p, ^7.
(4) Compte rendu intégral, p, ^9.
(5) Compte rendu intégral, p. 49-
(6) Conpte rendu intégral, p, 50.
(7) Corp te rendu intégral, p, 50»
- 128
"On les a gardés là plusieurs jours, certains plusieurs mois, sans couver^
ture ; on les tenait éveillés la nuit en faisant exprès du bruit. Au début, et
pendant plusieurs semaines, ils n'ont eu pour seiile nourriture qu'''un huitième de
miche de pain par joiir, et quelques olives de tenps en tenps, Il y a\mt deo:
seaux à eau et deux gobelets, qui n'étaient jamais nettoyés, et dont 1,000 person-
nes environ devaient se servir pour boire. Les toilettes étaient maculées de ma-
tières fécales qui débordaient des cuvettes, et le sol était couvert de matières
fécales et d'urine. On parlait de personnes enchaînées, les yeux bandés, qui
avaient été conduites à Kyrenia pour être ernbarquées à destination de la Tui'quie,
mais po^ir une raison incormue, elles ont été ramenées le lendemain. On les a
finalement détachées, on ne leur a pas donné d'eau pour se laver la figi^re et
nettoyer leurs vêtements, et elles ont dû nettoyer ces derniers en les frottaiit
sur les murs et les planchers. Ceux qui ont été envoyés en Turquie ont été places,
attachés, dans la cale d'un navire turc. Certaines personnes ont été détachées,
mais d'autres sont restées attachées pendant tout le trajet, Elles demandaient
de l'eau et' on ne leur a donné que des tasses d'eau de mer, A leur arrivée dans
les prisons turques, on les a fait marcher et courrirdans les couloirs, passer
entre des soldats turcs qui les battaient s parfois avec des fouets, parfois
avec la crosse de leur fusil. Puis on les a conduits dans la cour où l'on a
retiré à certains leurs chaussures, le contenu de le^irs poches et leur argent,
A la prison d'Adana, on a enfermé 76 personnes dans une cellule. Ils ont été
gardés dans leur cellule pendant 10 jo^urs ; d'autres, pendant deux ou trois
semaines avant d'être autorisés à aller dans la cour. On a distribue trois ser-
viettes pour 76 prisonrners et un morceau de savon pour 8 personnes, par mois,
pour se laver et pour laver leurs vêtements. On parle aussi, et il s'agit d'uiie
histoire entièrement confimée, d'un médecin de la prison d'Adana qui passait
à tabac tous les prisonniers qui venaient le voir. Une nuit, on lui a amené un
malade qui souffrait de rétention d'urine, et il l'a projeté dans l'escalier à
coups de pied,"
385. Mrre Soulioti a décrit comne suit les conditions d'existence dans les
centres de détention, telles qu'elles lui ont été dépeintes (3) :
"Les personnes qui avaient été mises dans ces églises, ces écoles, ces mai-
sons, toutes ensemble, étaient gardées par des soldats ; elles n'étaient pas
autorisées à quitter les locaux où elles se trouvaient. Elles étaient gardées
dans des conditions terribles d'entassement. En fait, elles couchaient les
unes sur les autres. Elles n'avaient pas de matelas ou même de couvertures
sur lesquels s'allcriger. Il n'y avait pas de facilités sanitaires, particu-
lièrement du fait que l'eau avait été coupée et qu'elles devaient boire l'eau
des puits qui étaient parfois pollués. Les vieillards étaient entassés pêle-
mêle avec de jeunes erl'ants, y compris des bébés. Dans une chambre de dimension
normale, par exenple, il y avait environ 76 femmes, enfants et bébés ; selon
une autre déclaration, il y avait 150 personnes dans une des pièces de l'école,
Le seule nourrlt-ore, partic^ulièrem^ent au début, était celle qui restait dans les
malsons où elles se trouvaient. Selon les déclarations, les hommes, des veil-
lards pour la plupart, étaient battus régulièrement sans raison apparente,"
En ce qui concerne les Chypriotes grecs qui ont été détenus en Turquie,
Mme Soulioti a déclaré qu'elle a assisté à la libération des prisonniers, "Ils
sont arrivés dans un très mauvais état, tout déguenillés ; ils n'avaient pas
pris de bain dep'uis l&.jr arrestation et certains d'entre eux boitaient, disant
qu'ils avaient été très sévèrement battus.'^ (4)
./,
387. i^i. Stylianou a décrit comme suit le traitement infligé aux Chypriotes
grecs "enclavés" (1) :
"Environ 60C personnes y ont été amenées et logées, si l'on peut dire,
dars un petit nombre de pièces, environ 6 dans une pièce, 9 dans une autre,
15 dans ^one troisième ; il y avait environ 60 persomes dans cette petite
maison. Pasde couverture au début ; ils ont dû dormir soit sur les pupitres,
soit à même le sol en béton ; aucune nourriture. Ils n'ont pas été autorisés
à prendre un seul effet personnel. Ils étaient séquestres et des soldats
turcs les gardaient en permanence, jour et nuit ; pas de lumière la nuit.
Lorsqu'ils voulaient aller aux toilettes, qui se trouvaient à 50 mètres du
bâtiment, ils devaient demander l'autorisation ; on les accompagnait, mais
jamais la nuit ; ils n'ont jamais été autorisés à sortir la nuit, Nous le
savons d'après des déclarations, particulièrement celle de cette femme
(identité révélée) qui avait de tenps en temps des crises et avait la
diarrhée ; elle était forcée de faire ses besoinS dans la pièce où elle vivait
et en présence des gens qui s'y trouvaient".
"On ne pouvait pas se laver du tout, Les geris ne pouvaient pas prendr'e de
■bain, se laver, et la personne (identité révélée) qui est restée environ
2 mois dans ce bâtiment scolaire déc?Lare qu'elle a gardé les nêmes vêtements
pendant ces 2.mois. Si je puis me permettre de décrire moimême l'état de
ces persomes, je dirai que j'ai vu des gen^ que je connaissais très bien
c ' étaient des voisins bien connus; de moi '< qui étaient des épaves sur le ■
plan psychologique," (2)
388. Cinq réf^agiés (les témoins 3., C, D., H., et K.), qui ont été interrogés
par les Délég^ués dans des caxnçjs de refi^giés, ont déclaré qu'ils avaient été
victijTies ou témoins oc^olaires de passages à tabac dans les centres de déten
tion (3).
389. PlusieuT'S déclarations écrites font état de coups infligés aux détenus
a Voni (4), Palei<:ytrrc (5), ^■îarathovouno (6) et Vitsada (7), Il existe aussi
une déclaz'ation selon laquelle il n^y a pas eu de mauvais traitements à Vorl (8).
Le 13 i'îai 197i3; le Couvemement requérant a soumis sept autres déclaraticns faites
par un ci\H et six soldats qui ont été emprisonnés en Turquie et qui se plai
gnent de sévices et d'une alimentation insuffisante. *
391. Il est \T?ai que parmi les déclarations écrites soumises par le Gouverne-
ment requérant, il en est une selon laquelle les conditions de détention à
Adaria étaient assez satisfaisantes a une certaine époque (1), Toutefois, M.
pirkettis a déclaré qu'il y avait dans la prison des cellules qu'il n'avait jamais
vues et qui étaient probablement surveillées par d'autres gardiens (2). Ceci
expliquerait la divergence entre sa déposition et la déclaration écrite en
question, M. Pirkettis a également signalé que certains gardiens de prison avaient
un comportement amical et réprouvaient les mauvais traitements irl'ligés aux pri-
sonniers. Il n'y a donc pas de contradiction entre son témoignage et le fait
que des personnes qui ont été détenues ailleurs qu'à Adana ont déclaré avoir été
correctement traitées - tout au m.oins après le'ir arrivée. En outre, les descrip-
tions données par M. Pirkettis des passages à tabac infligés dans le couloir, à
l'arrivée à Adana, sont entièrement confirmées par la déclaration en question (3),
et la Commission note que dans les déclarations écrites soumises, les conditions
de détention des ch^riotes grecs en Turquie ont généralement été décrites comne
horribles (4), ou que la description a été arialogue à celle faite par K.
Pirketbis (5)»
392, Pour les raisons déjà indiquées (6), les déclarations écrites soumises
n'ont pas fait l'objet de plus amples enquêtes. Toutefois, combinées aux élémients
de preuve susmentionnés, elles donnent, elles aussi, tout lieu de croire que les
prisonniers ont subi des sévices.
,/
(1) Déclarations I, n° 3!
(2) Conpte rendu intégral, p. 55-
(3) Cf, aussi Déclarations I, n° 36, 37, 77, 83
(4) Déclarations I, n° 92.
(5) Déclarations I, n® 93? 96,
(6) Cf. par, 77 er 319 ci-dessus.
132
393. Les éléments de preuve recueillis permettent d'établir que dans un très
grand nombre de cas, les prisonniers ont été sévèrement battus ou ont fait
l'objet de sévices de la part de soldats turcs. Ces actes sont donc inputables
à la Turquie au regard de la Convention.
(6) Conclusion
396, Le Gouvememaent défendeur a,ui, pour les raisons exposées ci-dessus (1),
n'a pas participé à la procédure quant au fond, n'a fait, hormis la déclaration
susmentionnée^ (2), aucune déclaration au sujet de ces allégations.
353, un cas de ref'us de distribuer de l'eau potable a été décrit par le témoin
pirkettis. Ce].ui-ci a déclaré que pendant deux jours et demi après son arrestation.
lui-m.âT:e et ses codétenus n'ont rien eu à boire et que la chaleur qui régnait
dans le cation qui les ennienait de Messine à Adana était telle que des personnes
399, Le docteur Hadjikakou a sigrialé que les prisonniers qui étaient emmenés
en Turquie recevaient de l'eau de mer lorsqu'ils demandaient à boire (4). Dans
les camps de détenus à Chypre, la nourriture était très mauvaise (5). Il a
mentioPiné le cas d'un homm.e, détenu dans l'un des centres, qui a été frappé à
coup de crosse de fusil. Il a eu l'épaule démise, mais on ne l'a pas conduit
à 'JiP. médecin (6),
400, Les témoins Soulioti et Odysseos ont également signalé que dans les
centres de détention, la nourrit^ire et les soins étaient insuffisants, voire
inexistants (7).
402, La CcnînisEion, pour les raisons exposées ci-dessus (11), tient po'ir plau-
sibles les dépositions des témoins Pirkettis et Hadjikakou concernant les trai-
temients nifligés aux prisomiers déportés en Turquie. Il ressort de leurs dépo-
sitions que dars un certain nombre de cas, ces prisonniers, pendant des périodes
de durée variable, n'ont pas reçu suffisamment de vivres et que, dans certains
cas. on ne les a pas soignés de manière adéquate,
403, Pendant la période fixée pc-ur l'audition des témoins, les Délégués n'ont
pas pu enquêter sur tous les incidents décrits dans les déclarations écrites
mientiomëes. Toutefois, combinées aux dépositions orales susmentionnées, ces
déclarations donnent tout lieu de penser que dans un certain nombre de cas,
on a rer'ase de distribuer de l'eau et des vivres, et de soigner les malades.
(ô) Conclusion
^05. La Commission conclut par 12 voix contre une que le refus de distribuer
suffisamment de vivres et d'eau potable, et d'accorder des soins médicaux
adéquats, dars les cas susmentionnés et considérés comme avérés, représente
'un "traitemient inhumain" au sens de l'article 3 de la Convention, qui doit
être imputé à la Turq^uie.
4Q6, Hormi les formes particulières de sévices examinées dans les Parties A et B
de ce Chapitre, le Gouvernement requérant prétend, d'une manière générale, que
les Chypriotes grecs de la zone occupée par les Turcs ont subi des traitements
inhumains de la part de soldats turcs.
407. Le Gouvernement défendeur qui, pour les raisons exposées ci-dessus (2)
n'a pas participé à la procédure quant au fond, n'a fait aucune déclaration au
S'jjet de cette allégation,
7
(1) Cf. Chapitre 2, par. 3C8 et 309 ci-dessus.
(2) Cf, Partie I , par. 23.
- 135 -
P/. Conclusion
410, La Commission, par 12 voix contre une, se borne donc à conclure que les
déclarations écrites soumises par le Gouvernement requérant donnent lieu de
penser que des soldats turcs ont maltraité des personnes non détenues.
./
411, Le Gouvernement requérant fait "valoir que des Chypriotes grecs du nord
de l'île ont été dépossédés de leurs biens à la suite :
(d) d'autres mesures prises par les autorités turques et décrites dans
des déclarations officielles du Gouvernement défendeur (1).
414, Le Gouvemem.ent requérant fait valoir que toutes les terres et les maisons
appartenant à des Chypriotes grecs des zones occupées par les Turcs sont passées
sous l'emprise de l'arm.ée d'invasion et que la plupart d'entre elles ont déjà
été distribuées à des Chypriotes turcs et des Turcs que l'on a fait venir de
Tarq-uis pour qu'ils s'installent dans ces zones (2),
./.
(1) Détails I.
(2) , Ibid,, p, 12
- 137
419. Le Gouvemiement requérant a déclaré (1) que tous les hôtels en état de ^
fonctionnement dars les zones occupées par les Turcs, soit au total 66 hôtels
d'ijne capacité de 8,368 lits, appartenaient à des Chypriotes grecs. De nom-
breuses autres installations touristiques appartenant à des Chypriotes grecs,
comme des appartements et des restaurants, sont situées dans la zone occupée,
particulièrement à Kyrenia et Famagouste, Selon le Gouvernement, le fait qu'un
accord a été signé, le 1er Octobre 1974, en vue de la création d'une Compagnie
du to'urisme, avec le concours de banques et de sociétés financières t^iorques et
ch:vpriotes turques, Conpagnie ayant pour mission d'exploiter les hôtels et les
installations touristiques des zones occupées par les Turcs, témoigne de
l'appropriation par la Turquie du secteur chypriote grec du tourisme, d'une
valeur globale s'élevant à des millions de livres.
421, Le Gouvernement requérant fait état d'hôtels qui, selon lui, sont exploités
par* des Turcs, Le Fiinlstre turc du Tourisme aurait déclaré, le 16 Mai 1975,
qu'il n'avait aucun espoir de voir Chjrpre rapporter des recettes pendant la
saison touristique 1975 (2),
(a) Pillages
Le butin aurait été chargé sur des véhicules militaires turcs et sur des auto-
bus saisis aux Chypriotes grecs, une part notable du butin notamment des véhicules,
des animaux, des meubles, du matériel de construction, etc., aurait été transpor-
tée en Turquie continentale à bord de bâtiments de la marine turque.
(b) Vols
426, De nombreux véhicules appartenant à des Chypriotes grées auraient été vendus
à des Chypriotes turcs sur le port de Famagouste, le 12 Février 1975.
./
428. Les autorités militaires turques ont dit aux chypriotes grecs des zones
occupées que les agrumes et autres produits agricoles appartenant aux Chypriotes
grecs devaient être considérés comne la propriété des autorites militaires turques.
431 r Des centaines de milliers d'animaux n'ont pas pu être soignés par leurs
propriétaires grecs que l'armée d'invasion a forcés à quitter leurs villages,
Les animaux sont tombés aïox mains de l'armée turque, et des centaines ont été
abattus ou sont morts de faim ou par manque de soins vétérinaires (4 ).
Détails I, p. 10,
(2) Message télex du 26 Juin 1975.
(3) Détails I, pp, 17"l8, et II p: 12, A cet égard, le Gouvernement requérant
a aussi soumis un article publié dans "The Guardian" du 6 Mai 1976.
(4) Détails I, p. 18, et Détails II, p. 12,
- 141
432, Le Gouvem-ement défendeur qui, pour des raisons exposées ci^dessus (1)
n'a pas participé à la procédure quant au fond, n'a fait aucune déclaration au
sujet de ces allégations,
I. Biens imneubles
1, Maisons et terres
436. Plusieurs témoins ont signalé que des Ch^ypriotes turcs, des soldats turcs (2)
ou des 'TuT'CS qu'on avait fait venir de Tarquie continentale occupaient des maisons
et des terres qui leur avaient été distribuées ou qu'ils venaient de prendre (3),
./
Il a déclaré que ces renseignements lui avaient été communiqués par des
membres de la Chambre chypriote de commerce et d'industrie qui avaient rendu
conpte et indiqué le montant des dégâts qu'ils a'^/aient subis du fait de l'inva-
sion (8).
Secteur du tourism.e
445. M. Andronikou, Directeur général de l'Office du tourisme,
a témoigné au sujet des pertes subies par les établissements
touristiques du nord appartenant à des Chypriotes grecs. Il a
soumis des tableaux indiquant le nombre d'hôtels en état de
fonctionnement, d'hôtels en construction, de chambres d'hôtel
et de diverses autres installations touristiques qui, selon le
tém.oin, représentaient plus de 100 millions de livres (6).
i
147
2. Vols
463. Le témoin Pirkettis a décrit (3) de quelle manière il
s'est fait voler des effets personnels :
"... Puis ils nous ont fait descendre des camions, en
laissant à l'intérieur les femmes et les enfants, et ils
ont pris tout ce qu'on avait : argent, montres, bagues et
croix, toutes les choses précieuses. Ils en ont fait un tas
sur une table ... puis un officier a dit : on vous rendra
tout cela plus tard. Mais je savais qu'il mentait, car il
ne pouvait pas savoir à qui appartenaient les diverses
choses. Ils n'écrivaient pas de nom sur les objets."
464, Le témioin Charalambides a déclaré (4) que pendant les deux
premiers jours, tous les gens qu'on trouvait cachés dans leurs
maisons étaient emmenés pour être interrogés et qu'ils perdaient
leur montre, leur briquet et leurs bagues ; ils sont tous venus
à l'Hôtel du Dôme sans ces objets.
465- Des personnes interrogées dans les camps de réfugiés ont
également fait état du vol d'effets personnels (5). Plusieurs
témoins ont déclaré avoir entendu parler de vols (6).
466, Par ailleurs, la Commission note que des vols ont aussi
été décrits dans un grand nombre de déclarations écrites faites
par de prétendus témoins oculaires et soumises par le Gouvernement
requérant (7).
./.
Protocole N° 1.
476. En outre, la Commission a relevé de très nombreux indices
montrant que des Turcs de Turquie se sont installés dans des
maisons du nord de l'île appartenant à des Chypriotes grecs (1).
2. Exploitations agricoles, com.merciales et industrielles
477. La Commission ne voit aucune raison de mettre en doute
les témoignages de MM. Sawides et Azinas (2). Elle tient pour
établi que des exploitations agricoles, commerciales et industrielle;
ont été enlevées à des Chypriotes grecs, mais elle estime qu'elle ne
peut conclure définitivement sur la valeur desdites entreprises
et les responsables de leur exploitation après le 20 juillet 1974,
parce que la question n'a pas été examinée plus avant pour les
raisons exposées ci-dessus (3).
3. Secteur du tourisme
478. Le caractère plausible de la déposition détaillée du témoin
Andronikou ne peut être mis en doute. Toutefois, la Commission
estime que les chiffres relatifs à la valeur des entreprises
de ce secteur devraient faire l'objet d'un examen approfondi.
En ce qui concerne l'exploitation de certains hôtels de Kyrenia
et de Famiagouste nommément désignés, les coupures de journaux
contenant des annonces publicitaires pour des séjours dans
lesdits hôtels et pour la location d'autres hôtels, ainsi que
les déclarations des autorités turques viennent à l'appui du
tém.oignage de M, Andronikou (4).
479. La Commission conclut que les éléments de preuve jusqu'ici
recueillis prouvent avec une quasi-certitude que certains hôtels
du nord sont exploités par des Turcs ; d'autres enquêtes seraient
nécessaires pour déterminer la situation véritable en ce qui
concerne les propriétaires et la valeur de ces biens.
III. Pillages et vols de biens meubles
48C. Les tém.oins Pirkettis et Charalambides sont, comme il a
été dit ci-dessus (5) crédibles, et la Commission ne voit aucune
raison de douter du témoignage de M. Kaniklides. D'autres décla-
rations faites par d'autres témioins et des personnes entendues
dans les camps de réfugiés, ainsi que les nombreuses déclarations
écrites soumises, confirment entièrement les descriptions faites
par ces témoins (6). j
./ .
F. Conclusion
486. La Commission, par 12 voix contre 1, tient pour établi
que de nombreuses atteintes au droit de propriété des Chypriotes
grecs ont été commises, atteintes dont il est difficile de
déterminer l'am.pleur exacte. Ces atteintes doivent être imputées
à la Turquie au regard de la Convention, et il n'a pas été miontré
./.
,/.
- 153 -
I. Gouvernement requérant
488. Le Gouvernement requérant fait valoir qu'un grand
nombre de personnes, dont des femmes, détenues par l'armée
turque dans les zones occupées par la Turquie, ont été
astreintes pendant leur détention à accomplir un travail
forcé et obligatoire consistant, par exemple, à curer des
cours d'eau pour permettre aux Turcs d'irriguer les champs,
à nettoyer et réparer des maisons, à construire et réparer
divers ouvrages, comme des ponts routiers, à ériger des
monuments, à évacuer des cadavres se trouvant dans des
maisons, à nettoyer des maisons mises à sac, à nettoyer
des quartiers généraux, à transporter des marchandises
pillées, etc. Ces travaux ont été effectués sous la menace
des armées et, dans de nombreux cas, jour après jour pendant
toute la période de détention (1).
,/
Observations finales
I. Article 1 de la Convention
496. La Commission observe que dans les présentes requêtes,
le Gouvernement requérant a aussi allégué une violation de
l'article 1 de la Convention.
L'article 1 dispose :
"Les Hautes Parties Contractantes reconnaissent à
toute personne relevant de leur juridiction les droits
et libertés définis au Titre I de la présente Convention."
497. La Comm.ission a appliqué l'article 1 dans sa décision sur
la recevabilité des requêtes, lorsqu'elle a déterminé l'étendue
de sa compétence ratione loci (1).
498. Par 12 voix contre 1 et 3 abstentions, la Com-mission
estime, dans son examen de la présente affaire au fond, qu'il
ne se pose pas d'autre question sur le plan de l'article 1,
vu que cette disposition, qui ne garantit pas d'autres droits
que ceux énoncés au Titre I, ne saurait faire l'objet d'une
violation distincte. Elle fait référence à cet égard à son
Rapport sur la requête N° 5310/71 (Irlande c/Royaume-Uni) (2),
II. Article 13 de la Convention
499. Dans sa décision sur la recevabilité des requêtes, la
Commission n'a pas estimé que dans la situation que connaît
Chypre depuis le 20 juillet 1974, début de l'intervention
militaire turque, les voies de recours indiquées par le
Gouvernement défendeur puissent être considérées comme des
"voies de recours internes" efficaces et suffisantes au
sens de l'article 26 de la Convention (3).
500. Dans son examen de la présente affaire au fond, la
Commission a examiné l'article 13 de la Convention, ainsi
libellé :
"Toute personne dont les droits et libertés reconnus dans
la présente Convention ont été violée, a droit à l'octroi
d'un recours effectif devant une instance nationale, alors
mêmie que la violation aurait été commise par des personnes
agissant dans l'exercice de leurs fonctions officielles.."
501. Par 15 voix contre 1 et 2 abstentions, la Commission
constate l'absence d'indices permettant de penser que de telles
voies de recours étaient effectivement ouvertes.
./.
m . Article l4 de la Convention
502. L'article l4 est ainsi libellé :
"La jouissance des droits et libertés reconnus dans la
présente Convention doit être assurée, sans distinction
aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur,
la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes
autres opinions, l'origine nationale ou sociale, l'apparte-
nance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou
toute autre situation."
503. La Commission a constaté l'existence de violations d'un
certain nombre d'articles de la Convention. Elle note que les
actes contraires à la Convention ont été commis exclusivement
à 1'encontre de membres de l'une des deux communautés à Chypre,
à savoir la communauté chypriote grecque. La Commission conclut
par 11 voix contre 3 que la Turquie n'a donc pas assuré la
jouissance des droits et libertés proclamés dans ces articles,
sans distinction aucune, fondée sur l'origine ethnique, la race
et la religion,-comme l'exige l'article 14 de la Convention.
IV. Articles 17 et I8 de la Convention
504. En dernier lieu, la Commission observe que le Gouvernem.ent
requérant a aussi invoqué les articles 17 et I8 de la Convention
L'article 17 stipule :
"Aucune des dispositions de la présente Convention ne
peut être interprétée comme impliquant pour un Etat,
un groupement ou un individu, un droit quelconque de
se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant
à la destruction des droits ou libertés reconnus dans la
présente Convention ou à des limitations plus amples de
ces droits et libertés que celles prévues à ladite
Convention."
L'article I8 stipule :
"Les restrictions qui, aux termes de la présente
Convention, sont apportées auxdits droits et libertés
ne peuvent être appliquées que dans le but pour lequel
elles ont été prévues."
505. La Commission conclut par 12 voix et 4 abstentions que
ces dispositions ne soulèvent pas de questions distinctes
en l'espèce.
./
- 157 -
/.
I6l
D. Avis de la Commission
524. La Commission a examiné le point de savoir s'il est
fondé, en l'espèce, d'appliquer l'article 15 de la Convention :
en ce qui concerne la partie septentrionale de Chypre
et/ou
en ce qui concerne les provinces de Turquie dans lesquelles
des Chypriotes grecs ont été détenus.
I. En ce qui concerne la partie septentrionale de Chypre
525. Dans sa décision sur la recevabilité des présentes
requêtes, la Commission a constaté que les forces armées
turques à Chypre font que "relèvent de la juridiction" de
la Turquie, au sens de l'article 1 de la Convention,
l'ensemble des autres biens ou personnes, dans la mesure
où "elles exercent leur autorité sur ces personnes ou ces
biens" (1). Il s'ensuit que dans la même mesure, la Turquie
était la Haute Partie Contractante compétente "ratione loci"
pour prendre toute mesure de dérogation, conformément à
l'article 15 de la Convention, affectant des personnes ou
des biens dans le nord de Chypre.
526. La Comm.ission note que la Turquie n'a fait aucune communica-
tion visée à l'article 15 (3) de la Convention, en ce qui concerne
les personnes ou les biens relevant de sa juridiction dans le
nord de Chypre (2).
Par ailleurs, la Commission observe qu'au stade de
de la recevabilité, le Gouvernement défendeur a fait valoir
qu'il n*exerçait aucune juridiction sur cette région (3),
La Commission rappelle que tant dans la première affaire
de Chypre (4) que dans l'affaire Lawless (5), elle a réservé
son opinion sur le point de savoir si la non-observation des
dispositions de l'article 15 (3) peut "entraîner la nullité
de la dérogation ou toute autre sanction". Dans l'affaire
Lawless, la Commission a aussi fait observer que l'obligation
d'informer le Secrétaire Général d'une mesure dérogeant aux
obligations prévues par la Convention constitue "un élément
essentiel du système institué par celle-ci pour assurer le
respect des engagem.ents souscrits par les Hautes Parties
Contractantes" ; par ailleurs, elle a observé qu'en l'absence
de cette information, les autres Parties ignoreraient qu'elle
est leur position au regard de l'article 24 de la Convention,
./.
PARTIE IV CONCLUSIONS
La Com.mission,
Après avoir exam.iné les allégations contenues dans les
deux requêtes (cf. Partie II cidessus) ;
Après avoir constaté que l'article 15 de la Convention
n'est pas d'application (cf. Partie III) ;
Parvient aux conclusions suivantes :
I. Déplacement de personnes
1. La Commission conclut par 13 voix contre 1 qu'en refusant
d'autoriser le retour de plus de 170.000 Chypriotes grecs dans
leurs foyers dans le nord de Chypre, la Turquie, dans tous ces
cas, a violé, et continuait de violer (1), l'article 8 de la
Convention (2).
2. La Commission conclut par 12 voix contre 1 qu'en expulsant
des Chypriotes grecs de leurs m.aisons, même lorsqu'ils en
étaient propriétaires, en les transportant vers d'autres
endroits dans la partie septentrionale de Chypre, ou en les
déportant audelà de la ligne de démarcation, la Turquie a
également violé l'article 8 de la Convention. (3)
3. La Commission conclut par 13 voix contre 1 qu'en refusant
d'autoriser le retour dans leurs foyers dans le nord de Chypre
de plusieurs milliers de Chypriotes grecs qui avaient été
transférés vers le sud en application d'accords intercommunau
taires, la Turquie, dans tous ces cas, a violé et continuait
de violer (1) l'article 8 de la Convention (4),
4. La Commission conclut par l4 voix contre 1 et 1 abstention
qu'en provoquant, dans un nombre notable de cas, la dislocation
de familles chypriotes grecques par des miesures de déplacement,
la Turquie a violé cette fois encore l'article 8 de la Convention
(5).
II, Privation de liberté (6)
"Centres de détention''
(a) La Commission conclut par 13 voix contre 1 qu'en
séquestrant plus de 2.000 Chypriotes grecs dans des
centres de détention installés dans des écoles et
des églises à Voni, Gypsou et Morphou, la Turquie
a violé l'article 5 (1) de la Convention (2),
(b) En outre, la Commission conclut par 13 voix contre 1
qu'en séquestrant des Chypriotes grecs dans des
maisons particulières à Gypsou et Morphou, dans
lesquelles ces personnes ont été gardées dans les
mêmes conditions que dans les centres de détention,
la Turquie a également violé l'article 5 ( D (3).
(c) En dernier lieu, la Commission conclut par 10 voix
contre 2 et 2 abstentions qu'en séquestrant des
■ Chypriotes grecs à l'Hôtel du Dômie à Kyrenia, après
le 14 août 197^, la Turquie a violé une fois de plus
l'article 5 (D (4) ,
( 1 ) Cf. p a r . 236.
( 2 ) Cf. p a r . 285.
(3) Cf. p a r . 286.
(4) Cf. p a r . 288.
(5) Cf. p a r . 309
(G) r f :■ ■ • '
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- 165 -
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Le Secrétaire Le Président
de la Commission de la Commission
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- 170 -
./,
71
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"Article 2"
1. En cas de dangers exceptionnels constatés par „un
..
acte officiel, ou de calamités, l'Etat peut prendre, dans
la stricte m.esure où la situation l'exige, des mesures
dérogeant aux obligations prévues dans le premier paragraphe
de l'article premier et dans la deuxièm.e partie du présent
Pacte.
2. La disposition précédente n'autorise aucune déroga-
tion aux articles 3, 4, 5 (paragraphes 1 et^2), 7, 11,
12 et 13. La disposition précédente n'autorise de la
part d'un Etat aucune dérogation qui, par ailleurs, serait
incompatible avec le droit international.
3. Les Etats contractants qui usent du droit de déroga-
tion doivent, par l'entremise du Secrétaire Général,
signaler aussitôt aux autres Etats contractants les
dispositions auxquelles ils ont dérogé, ainsi que la
date à laquelle ils ont mis fin à cette dérogation." (1)
Les amiendemients suivants à cet article ont été proposés :
"Article 2
1. Premier alinéa
Royaume-Uni
Substituer le texte suivant :
'En temps de guerre ou dans les m^oments d'autres dangers
publics exceptionnels menaçant l'existence de la nation,
les Hautes Parties Contractantes peuvent prendre, dans
la stricte mesure où la situation l'exige, des mesures
dérogeant aux obligations prévues dans le présent Pacte,
sous réserve que ces mesures ne scient pas incompatibles
avec les autres obligations que leur im.pose le droit
international,'
2, Deuxième alinéa
Yougoslavie
.^près les mots ; 'avec le droit international', se
trouvant à la fin du paragraphe 2 de l'article 2,
supprimer le point et ajouter :
'et notamm:er.t avec les principes de la Charte des Nations
Unies et de la Déclaration universelle des Droits de
l'Honmie' .
Royaume-Uni
Remplacer par le texte suivant :
'La disposition précédente n'autorise aucune dérogation
à l'article, sauf en ce qui concerne les décès résultant
de faits de guerre licites, ou aux articles 4, 5 (para-
graphes 1 et 2 ) , 7 et 11,'
./,
('1 > 7^^r> T7/PXÏ )i/A/in
- 175 -
3. Troisièm.e alinéa
Inde
Rem.placer les mots 'par l'entremise du Secrétaire
Général, signaler aussitôt aux autres Etats
contractants' par les mots 'signaler aussitôt que
possible au Secrétaire Général, qui en informera
l'Assemblée Générale des Nations Unies'.
Yougoslavie
Après les mots du texte actuel 'les dispositions
auxquelles ils ont dérogé', insérer les mots suivants :
'les motifs qui l'on provoquée'."
A la huitième session de la Commission (1952), la clause
en question a fait l'objet d'un vote. Le rapport de la
Commission (1) contient les observations suivantes :
"Article 3 (Dérogations)
227. A ses 330ème et 331ème séances, la Commission a
examiné 1'article 2.
278. Etendue des dérogations. Certains représentants ont
émxis l'idée qu'il conviendrait de préciser la nature des
dangers publics exceptionnels qui autoriseraient les
Etats à déroger aux droits énoncés dans le Pacte. A leur
avis, ces dangers devraient être assez graves pour menacer
dans son" existence la nation tout entière et non seulement
une partie de la nation, comme le font par exemple, les
catastrophes naturelles. On a reconnu que la guerre était
parmi les plus importants des dangers publics exceptionnels,
mais de nombreux représentants ont estimé que le Pacte ne
devrait pas en faire mention, pour qu'on ne puisse pas lui
reprocher de sembler admettre l'idée de guerre ou de prévoir
des dispositions particulières pour une telle éventualité.
La majorité de la Commission s'est également montrée
favorable à l'idée que le danger public exceptionnel
justifiant une dérogation aux obligations prévues dans le
Pacte devrait être constaté par un acte officiel. Toutefois,
certains représentants ont estimé que la notion de danger
public exceptionnel était trop étroite, car elle n'embrassait
pas les catastrophes naturelles qui, presque toujours,
justifieraient des dérogations aux droits énoncés dans le
Pacte ou, tout au moins, à certains de ces droits. Les
membres de la Commission ont été généralement d'accord
pour reconnaître que le Pacte ne devrait autoriser aucune
dérogation incompatible avec le droit international, mais
certains d'entre eux ont estimé qu'il y aurait lieu de
mxentionner à cet égard non seulement le droit international,
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ANNEXE
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