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E D I T I O N F I N A L E
Volume 0
Les origines de l’ANBU Squadron
Par Maxime GOETTELMANN, inspiré du manga NARUTO de Masashi KISHIMOTO
Illustrations par Yanne ANYOUZOGO
REMERCIEMENTS
L’ANBU Squadron est une fanfiction, née dans la grande époque de l’animé NARUTO
de Masashi Kishimoto, sur le forum de l’équipe Mirage Fansub puis via son propre
support sur Forumactif.
Un grand merci à celles et ceux qui liront, il me tenait vraiment un cœur d’un jour
terminer cette longue histoire.
Maxime Goettelmann
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SOMMAIRE DE CE VOLUME
REMERCIEMENTS ................................................................................................. 1
CHRONOLOGIE ..................................................................................................... 3
2
CHRONOLOGIE
3
Acte I : The ANBU Squadron
EPISODE SPECIAL :
Les origines de l’ANBU Squadron
Les grandes portes du village étaient rarement closes car Konoha respirait un
parfum de calme, même après la Seconde Guerre Mondiale Shinobi qui s’était
terminée l’an dernier. Mais le Sandaime Hokage avait doublé la garde récemment,
jugeant la prudence nécessaire.
Deux jeunes garçons arrivaient, l’un aidant l’autre à se déplacer. Une jeune fille les
suivait en tenant fermement un parchemin scellé dans son poing.
- Je me suis fait trop mal avec cette saloperie... dit le garçon blessé à la jambe en
reprenant mieux appui sur son camarade.
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- Je sais. Je t'ai déjà remerciée, Sayaka ? Demanda le blessé en se tournant vers la
fille.
- Oui, Tenzô. Dix fois au moins, inutile d'en rajouter. Tu aurais fait pareil pour
moi.
Un ninja médical se porta à leur rencontre et prit en charge Tenzô. Camus le laissa
faire et s’allongea sur le sol poussiéreux en poussant un grand soupir.
- Nous n'avons pas obtenu la preuve que les mercenaires étaient à sa solde mais
c'est plus que probable, Hokage-sama. Dit-elle en s’inclinant légèrement alors
qu’il rangeait le document dans sa poche.
Il lui passa une main sur l'épaule et prit une longue bouffée de tabac sur sa pipe.
- Inutile de vous en faire pour cela. Dépourvu de cet avantage tactique, même le
Raïkage se rangera du côté de l’opinion publique. La paix se maintiendra.
- Le prix fût élevé... soupira Camus en se relevant lentement. Nous avons perdu
deux hommes dans la bataille et nous n’avons aucune nouvelle de Kishimoto,
notre éclaireur. Il est peut-être encore en vie.
Le vieil Hokage se tourna vers lui et appuya sur sa poitrine avec le bout de sa pipe.
- C'est vrai, jeune homme. Mais vous n'êtes pas en état, n'est-ce pas ?
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- Je ne suis pas sûr de comprendre...
- Pour y retourner. Vous êtes trop affaibli pour ça. J'ai donc pris la décision
d'envoyer une équipe de l’ANBU là-bas il y a plusieurs heures déjà. S'il est en vie,
ils le trouveront.
- « Je suis plus qualifié qu'eux », « Je connais déjà le terrain ». C'est sans doute ce
que vous vous dites, jeune Namikaze. La confiance en soi est une force qui permet
de se surpasser et de ne pas éprouver le doute durant la bataille. L’excès de
confiance est, quant à lui un ennemi redoutable. Un ennemi mortel.
Le vieil Hokage ricana et inspira une longue bouffée de tabac avant de s’en
retourner vers son palais.
Âgée d’â peine onze ans, elle avait démontré pendant la guerre un véritable don
pour les poisons et les connaissances théoriques, son intelligence surpassant celle
de plusieurs adultes au point de gagner un surnom dans les autres pays : La Rose,
aussi belle que dangereuse.
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Elle remarqua son camarade Namikaze Camus qui arrivait devant l'hôpital, avant
de s’adosser au mur d’enceinte. Elle le salua d’un geste de la main et il répondit
d’un vague sourire accompagné d’un hochement de tête.
Le silence se fit entre eux. Les promotions étaient plus rapides en temps de guerre,
lui-même avait été nommé Jounin à l’âge de 9 ans, mais il ne comptait pas laisser
Sayaka jouer les modestes plus longtemps.
- On m'a dit qu'on étudiait ma candidature. Mais je suis encore une jeune fille, je
ne pense pas avoir mes chances.
Avant que Camus ne proteste, leur camarade Tenzô dévala les marches de
l’hôpital en sautillant à cloche-pied.
- Mes amis ! Dit-il en souriant à pleines dents, une infirmière tentait vainement
de le rattraper.
- Arrête de faire ça ! Cria Sayaka, horrifiée. Tu as failli perdre une jambe, idiot !
- La colère t’enlaidit dit Tenzô en se déplaçant lentement vers Camus. Elle, j’en
étais sûr mais toi. Tu t’inquiétais pour moi ? J’suis plus solide que tu ne le crois tu
sais ! Aussi puissant qu’un chêne, souple comme une liane, aussi…
-… con qu’une fougère, termina Sayaka avec un air ronchon, les poings sur les
hanches.
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Les trois rirent de bon cœur et Camus leva un parchemin.
- Nous sommes convoqués dans le bureau de l’Hokage. Je suis venu vous chercher
pour ça, désolé de te décevoir.
- Nogami Sayaka, Namikaze Camus et Kûichi Tenzô au rapport, dit la jeune fille
en refermant la porte derrière elle.
L’Hokage se retourna et posa sa pipe sur son bureau, fouillant la paperasse d’un
air distrait.
- Ah, les voilà ! Dit-il en sortant plusieurs dossiers. Tout d'abord vous,
mademoiselle. Après avoir relu votre dossier de candidature et discuté
personnellement avec les professeurs de l'Académie et le Conseil du village, nous
avons décidé de vous confier un poste d’assistante dans l'enseignement, comme
vous le souhaitiez.
- Votre âge ne joue pas en votre faveur, alors soyez digne de la confiance que nous
vous accordons. Les professeurs de l’Académie sont les premiers tuteurs des
enfants du village, leurs modèles. Voici votre admission dans le corps professoral
ainsi que la date de votre entretien, soyez à l'heure et bonne chance.
Elle faillit hurler de joie quand ses camarades la félicitèrent d’une accolade, mais
elle se retînt de toutes ses forces. L’Hokage eut un franc sourire.
- Vous êtes la plus jeune personne jamais admise à ce poste dans l'histoire du
village, alors je pense qu’une petite effusion de joie non contrôlée est acceptable.
Sachez que l’on pensera de vous qu’après la guerre il fallait « combler les postes »
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mais moi j’ai toute confiance en vos capacités. Vous êtes plus douée que je ne
l’étais à votre âge, mais que cela reste entre nous.
Sayaka bondit de joie et lâcha un cri suraigu. Quelques minutes plus tard, Sarutobi
lui fit signe de quitter la pièce et il se retrouva seul avec Camus et Tenzô, qui
fixaient les deux dossiers restants, intrigués.
Si Tenzô était chaleureux et ne tenait pas en place, Camus était glacial et immobile
face à l’Hokage. La brillance de ses cheveux blonds reflétait le soleil, et le vieil
Sarutobi vit encore une fois sa ressemblance frappante avec l’autre génie du pays.
*Cela risque d’être amusant. * Pensa le vieil homme en ouvrant lentement les
dossiers.
L'Hokage leur tendit un formulaire avec des cases vides, plusieurs champs étaient
noircis, comme pour en rendre le contenu illisible.
- Une formation pour être Anbu ! S'écria Tenzô en tendant le dossier devant lui
comme s’il rayonnait d’une lueur aveuglante. Mais c’est la classe !
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- Si cela t’intéresse, bien entendu. Vous êtes bien vu par le Conseil et nombreux
sont ceux qui pensent qu’une telle opportunité est méritée après la guerre. Jiraiya
le premier.
- Nous allons bien voir qui tirera le meilleur de l’enseignement qui lui sera offert,
dit le jeune garçon en souriant. J’accepte, je vais devenir Anbu.
Le Sandaime Hokage lui lança un regard perçant. Le jeune homme avait vu juste,
son instinct était aussi aiguisé qu’une lame. Sarutobi se félicita d’une telle
génération dorée à Konoha. Bientôt, le village serait protégé par deux combattants
qui surpassaient son talent à leurs âges, et il pourrait prendre une retraite bien
méritée. Il tourna son regard vers Tenzô et le scruta à son tour.
Le soleil brillait sur la Forêt de la Mort, mais pas un seul de ses puissants
rayons n’en perçait la dense canopée. Le site d’entraînement numéro 44 était l’un
des lieux préparés par l’ANBU du Pays du Feu pour développer les talents des
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nouvelles recrues. Mais l’épreuve était si difficile qu’il n’était pas rare d’y voir des
gens y être gravement blessés ou pire encore.
Mais ce n’était pas le cas des deux nouveaux Anbus qui franchissaient le grillage
sinistre marquant les limites de la zone où ils venaient de vivre pendant presque
deux ans et demi dans une hostilité constante. Tenzô et Camus plissèrent les yeux
sous les assauts du soleil, accentuant leurs traits fatigués.
- Ce bon vieux soleil, dit Tenzô. Je ne t’ai pas vu pendant un an, mon chaleureux
ami !
- Et me faire attaquer par un aigle géant ou une araignée royale ? Non merci, j’avais
assez de soucis durant l’entraînement quotidien pour aller chercher les ennuis
supplémentaires.
Le retour jusqu’au village de Konoha fût irréel, c’était comme déambuler dans un
rêve. La sensation était si étrange qu’ils ne cessaient de jeter des coups d’œil furtif
pour guetter un éventuel agresseur. Avoir passé si longtemps dans des bois
obscurs infestés de créatures venimeuses et agressives avait de quoi rendre
n’importe qui paranoïaque. Et c’était sans parler du harcèlement constant
dispensé par les membres de l’ANBU aux recrues pour leur apprendre la vigilance
constante qui devait devenir leur quotidien dans les forces spéciales.
Quand Tenzô croisa des habitants du village, il les observa avec un sourire béat
presque effrayant. Il se retournait sur presque toutes les filles en demandant à voix
basse qui elles étaient et d’où elles pouvaient venir. Camus, lui, suivait un autre
instinct : celui de remplir son estomac. Il humait l’air devant chaque échoppe,
chaque restaurant.
Tenzô décida de rentrer chez lui pour se changer tandis que Camus entra dans un
restaurant de gyûdon dont les odeurs savoureuses le faisaient saliver. Il se laissa
tomber lourdement sur une des banquettes et commanda la moitié de la carte,
déposant sur la table des dizaines de ryô en or.
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- Eh beh ptit gars, dit le tenancier en ramassant la monnaie, sacré appétit. Tu
reviens de quoi comme mission pour avoir une telle faim ?
Camus planta ses dents dans une lamelle de viande juteuse, heureux de goûter à
nouveau une telle qualité de viande et pas la chair d’un ver des marécages.
- Tu n’es pas au courant ? Demanda une vieille dame assise à une table proche.
Jiraiya-sama rentre au village avec son jeune apprenti.
- Tout le monde est persuadé que cette fois-ci Jiraiya va accepter de devenir
Hokage à la place du vieux Sarutobi. Renchérit le tenancier.
- Oh moi je parierais plutôt que son jeune apprenti a accompli un exploit. On dit
qu’il est incroyable et déjà très beau garçon pour son âge ! Rêvassa une jeune
serveuse en souriant.
Namikaze Camus reposa son bol et s’empara d’un deuxième, mais son appétit
d’ogre se calmait déjà. Il souriait lorsqu’il commença à dévorer son contenu.
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Camus avala une gorgée d’eau glacée et se leva brusquement, saluant le tenancier
sans terminer son repas. Il ne tenait plus en place.
- Trois minutes.
- Je fais aussi vite que je peux, dit Camus en ouvrant des tiroirs, des dossiers.
Camus avait négocié dur avec le Sandaime Hokage pour avoir l’opportunité de
tenter cette infiltration, argumentant qu’il en était capable et que les plans
d’invasion du Pays de la Terre pourraient permettre de mettre fin à la guerre.
Namikaze Camus commençait à perdre patience alors que le temps filait. Si jamais
il ne trouvait pas rapidement ce pourquoi il était venu, ils seraient bloqués ici, leur
retraite coupée par les ninja de Tsuchi. Ils seraient condamnés à la capture et la
torture, à moins qu’ils ne meurent au combat avant.
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Il se retourna et tâtonna les murs en bois avec le manche de son Kunai, quand
quelque chose sonna creux. Il délogea une planche délicatement et découvrit un
compartiment secret. Dedans il y avait un parchemin, posé sur une complexe série
de caractères noirs. Un sceau de protection.
- J’ai le document sous les yeux, dit Camus en traçant des chaînes de Kanjis sur un
parchemin vierge. Je peux le désamorcer, j’ai besoin d’un peu de temps.
- Tu ne l’as pas, dit sèchement son camarade. L’opération est sur le point de
commencer. Si nous ne partons pas maintenant, on va être coincés.
- On ne sera pas coincés, dit Camus en appliquant la rune de papier, dosant son
Chakra avec soin.
Kûichi Tenzô, portant sa cape noire d’Anbu jeta un regard au travers du buisson
devant lui. Il murmura dans la radio.
Namikaze Camus se laissa tomber de la tour de bois et fit une roulade pour se
retrouver derrière un entassement de caisses pleines d’armes. Il rampa sur une
dizaine de mètres et s’accroupit une fois derrière une tente. Le garde était tout
proche, nerveux et imprévisible, il ne cessait de tourner la tête à la recherche d’un
danger quelconque.
- Message du QG, l’attaque commence dit la voix de Tenzô dans son oreillette.
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Camus entendit les explosions au loin. La passe de Kikyô était un col de montagne
idéalement placé pour contenir les assauts vers le Pays du Feu, mais il avait été
conquis par leurs ennemis dès le début de la guerre. Et l’heure de la contre-attaque
était venue.
- Il est trop tard… Ils convergent tous sur ce secteur pour rallier le front, dit Tenzô
qui voyait des centaines de ninjas passer près de lui, s’armant pour combattre. On
est foutus.
- Quel signal ? Ça ne faisait pas partie du plan. Murmura un autre Anbu du groupe
sur la fréquence.
L’air se refroidit autour de l’Anbu, les atomes ralentissant leur danse effrénée,
convergeant jusqu’à former un flocon de neige, et un autre, et encore un autre. En
moins d’une seconde, ils s’accumulèrent en haut de la falaise proche et une coulée
de neige titanesque s’abattit sur le campement, provoquant un véritable chaos.
- Je crois que c’est notre signal, murmura Tenzô en s’échappant avec les deux
autres Anbus.
Tenzô aperçut Camus se faufiler entre deux rochers et lui faire signe. Deux
Jounins semblaient sur sa piste, ils marchaient dans sa direction et se préparaient
à attaquer lorsque Tenzô forma un sceau et frappa le sol.
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Sous les pieds des deux ninjas, les racines s’extirpèrent du sol et les empalèrent
avant d’entraîner les corps avec elles en replongeant sous la terre. Tenzô forma un
autre sceau et se concentra.
Le sang des deux victimes disparut alors dans le sol, comme aspiré par une terre
sèche et en manque d’eau. Tenzô expira de soulagement si fort que les
communications radio grésillèrent.
- Ça te dirait pas de jamais refaire un truc pareil ? J’ai horreur de devoir te sauver,
ça me colle une angoisse pas croyable.
Vêtu de la cape blanche des capitaines de l’ANBU qu’il avait obtenue après
la Troisième Guerre Mondiale Shinobi, Namikaze Camus faisait face à son rival
pour la première fois depuis leur dernier duel. C’était un temps plus simple à
l’époque.
Lorsque le Pays de la Terre avait attaqué, tout s’était passé trop vite. Le Clan Kuma
avait été massacré au cours d’une mission diplomatique et leurs ennemis avaient
enfoncés leurs lignes avec une facilité déconcertante. Encore une fois, tous les
ninjas de Konoha avaient dû prouver leur valeur, même les plus jeunes.
Il avait mis fin à la guerre et avait gagné le surnom de « L’Eclair Jaune de Konoha ».
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Namikaze Camus s’était préparé à beaucoup de choses en étant convoqué ici,
comme recevoir une mission ou prendre un autre commandement ailleurs pour
se forger encore plus d’expérience. Mais il ne s’était pas attendu à ce qu’on lui
proposa, si bien qu’il répéta bêtement sa question une deuxième fois.
- Enseigner ?
- Je n'ai jamais rien enseigné à personne... dit Camus, abasourdi. J’ai tout au plus
guidé les hommes qui étaient affectés à mon unité lors de missions mais…
- Et ils en sont très satisfaits. Beaucoup d’Anbus qui ont combattus à tes côtés
disent que tu as été un véritable chef pendant la guerre.
Camus avait de plus en plus l’impression d’être la cible d’un complot dont il ne
connaissait pas toutes les ramifications. Il se tourna alors vers son rival.
Il regretta instantanément ses paroles. Son rival avait perdu deux de ses apprentis
pendant la guerre. Sa réponse fût pourtant dénuée de toute agressivité.
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- Mais tu m'apprends beaucoup de trucs à chaque fois qu'on se bat, dit-il en
souriant. Je suis sûr que tu ferais un meilleur professeur que moi, je n’ai pas ton
sérieux.
Le disciple de Jiraiya était blond comme lui, et ils auraient pu passer pour deux
frères s’ils n’avaient pas eu un comportement si différent. On voyait plutôt deux
faces opposées d’une pièce de monnaie.
*Il m’énerve à sourire comme un benêt ! * Pensa le jeune Anbu en voyant son
camarade et rival refuser de lui venir en aide, en rajoutant même une couche avec
ses compliments.
- J’ai la désagréable sensation d’être seul contre tous, dit Camus en fronçant les
sourcils. Et si mon instinct ne me trompe pas, le pire est encore à venir, je me
trompe ?
Le Sandaime Hokage fit mine de ranger plusieurs dossiers en les tassant les uns
sur les autres, avant d’en sortir un qu’il glissa d’un air nonchalant sur le bureau.
Les autres avaient du mal à ne pas sourire ouvertement et Camus le remarqua.
- Et bien en fait... dit le Sandaime Hokage en levant les yeux au ciel, exagérant
volontairement le geste pour lui donner un aspect comique. Il y a bien une
apprentie qui n'a pas de maître. Elle s’appelle Amÿa. Uchiha Amÿa.
- Oh ce ne sera pas un problème, dit le Sandaime. Elle est plutôt en avance sur cet
aspect de son évolution. Non, la jeune Amÿa a plutôt besoin d’un recadrage. Et sa
famille pense que quelqu’un d’externe au clan, quelqu’un de compétent, arrivera
à la remettre sur le droit chemin.
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- Elle est trop douée pour son âge, ajouta Jiraiya. Elle pense que les Uchiha sont
supérieurs au reste des ninjas.
- Son frère est son tuteur légal depuis la mort de leurs parents pendant la guerre,
mais c’est un shinobi de talent qui sera souvent amené à quitter le village pour
compenser nos récentes pertes, dit le Sandaime. Il m’a demandé qu’elle soit
entraînée par quelqu’un d’autre qu’un Uchiha jusqu’à sa majorité.
Camus parcouru le dossier des yeux, la photo montrant une jeune fille aux
cheveux noirs-violacés entrain de tirer la langue d’un air supérieur.
- Et pourquoi est-ce à moi qu’on a pensé pour ça ? Je n’ai que dix-sept ans.
- Il veut dire que la sagesse vient à tout âge, ajouta le vieux Sarutobi.
- Ça lui fera du bien, dit le jeune garçon. Camus n’a jamais été quelqu’un de
particulièrement drôle, mais depuis la guerre il est presque devenu sinistre.
- Il n’a personne dans la vie, dit Jiraiya d’un air sombre. Que quelqu’un comme
lui sombre dans l’obscurité serait un gâchis incroyable. Avoir une apprentie lui
changera les idées, tu n’as pas à avoir honte de cette brillante idée.
- Je ne suis cependant pas sûr qu’on ait bien fait de lui trouver la plus turbulente
possible.
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Konoha, près du Quartier Uchiha
Quelques minutes plus tard
- Je n’arrive pas à croire qu’ils m’aient convaincus d’aller la voir. Vieux renards
sournois et l’autre traître. Il me le paiera. Perdre mon temps ainsi, comme si j’avais
le temps de m’encombrer d’une gamine ridicule.
Le jeune Anbu sauta sur l’arbre le plus proche de lui pour se repérer dans cette
zone du village qu’il ne connaissait pas bien. Les Uchiha vivaient en effet dans leur
propre quartier.
L’Anbu sortit le petit plan qu’on lui avait confié, rédigé de la main d’Uchiha Shisui
et se laissa tomber plus bas sur un muret de pierre. Il marcha dessus, les yeux rivés
sur la carte, longeant un grand lac entouré de belles maisons traditionnelles.
*Son frère doit avoir de bonnes relations s’il peut demander un service de ce genre
à l’Hokage lui-même. Je me demande bien comment je m’en sortirais contre un
des deux génies du clan Uchiha. *
Camus remarqua alors quelques enfants qui le pointaient du doigt et riaient. Cela
lui rappela la raison de sa venue ici et le fit ronchonner à voix basse alors qu’il
reprenait sa marche.
- Une gamine en plus, dit-il en faisant une grimace, je ne me suis jamais occupé
d’un gosse…
- C'est vrai que ce n’est pas facile, les enfants... dit une voix songeuse derrière lui.
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- « Tu verras, je suis sûr qu’elle va te plaire » qu’il a osé me dire. Vous ne perdez
rien pour attendre, Jira…
L’Anbu s’arrêta brusquement sur le muret et sentit quelque chose cogner son dos.
Il se retourna lentement et vit une enfant âgée de douze ans, dont les cheveux
étaient attachés. La jeune fille se massait le nez d’un air distrait, puis croisa son
regard.
-Yo ! Dit-elle en levant une main en l’air comme pour se présenter. T’es pas du
coin toi, tu fais quoi ici ? T’es pas un Uchiha, pas vrai ?
- Euh… non, dit Camus, interloqué par la facilité qu’avait eue la jeune fille à le
surprendre par derrière.
*Certes je n’étais pas sur mes gardes et sa puissance est négligeable mais... *
- Ouais je m’en doute, papy. Les Uchiha sont pas blonds. C’est génétiquo-
trucmuche je crois, c’est mon frère qui m’a dit. Enfin il paraît que mon arrière-
arrière-grand-mère était blonde. Tu l’as connue ? C’est vrai qu’elle était blonde ?
- Tu connais mon nom ! T’es fort. Ça fait froid dans le dos la sagesse des vieux !
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- Mais non ! J’ai été envoyé par l’Hokage lui-même pour répondre à la demande
de ton frère Shisui. Il veut que tu aies un tuteur non-Uchiha lorsqu’il est absent
du village. Quelqu’un qui sera ton maître et te guidera sur la Voie du Ninja. Mais
je n’ai pas encore pris ma décision, j’ai beaucoup de travail et je…
Amÿa le regarda de près, levant son visage vers lui, les yeux grands ouverts et éclata
de rire en se tenant l’estomac.
- Mon maître ? J’ai pas besoin de maître, vieux machin. Tu vois l’arbre là-bas ?
Elle pointa une berge à près de cent mètres, sur laquelle un vieil arbre arborait une
cible rouge et blanche, sur laquelle étaient plantés quelques Kunais et Shurikens.
Le membre de l’ANBU sourit et lui posa une main sur l’épaule, comme pour la
féliciter. Il la retourna lentement pour qu’elle face à nouveau face à la cible.
La jeune fille lança un Kunai qui chuta dans le lac à mi-parcours. Éberluée, elle en
prit un autre dans sa pochette en rigolant l’air gênée, se passant une main dans les
cheveux.
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Le Kunai suivant passa à quelques centimètres d'un canard qui nageait
tranquillement. Le suivant se planta dans l’arbre dix mètres derrière la cible. Le
poignard suivant partit tellement haut qu'il disparut dans une ruelle proche et on
entendit un cri de colère.
La jeune fille était devenue une boule de nerf, elle tournait le Kunai qu’elle avait
dans la main dans tous les sens, fulminant de ses échecs.
L’Anbu indiqua la surface du lac d’un signe de la tête. En voyant son reflet, Amÿa
réalisa que ses yeux étaient noirs et n’avaient plus la forme caractéristique du
Sharingan. Elle écarquilla les yeux et se prit la tête entre les mains, paniquée.
L’Anbu reposa sa main sur son épaule et décolla lentement une feuille de papier
qu’il écrasa dans son poing.
- C’est un Fûin Fuda. Une rune fabriquée par les équipementiers du Pays du Feu.
Ce petit bout de papier a la capacité de limiter l’afflux de Chakra dans ton corps.
Je te l’ai collé près du cou, ce qui a bloqué ta capacité à activer son Sharingan.
Bienvenue dans le monde des ninjas ordinaires.
- Ouais ben ça craint trop d’être ordinaire ! Dit Amÿa en croisant les bras devant
son torse, vexée. On peut rien faire sans Sharingan.
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*Finalement ce n’est pas si compliqué les enfants, un peu de… *
L’Anbu ferma les yeux pour se calmer et leva un doigt moralisateur vers le ciel,
imitant les gestes des enseignants qu’il avait eu à l’Académie.
Elle se lança en courant dans une ruelle entre deux maisons et se mit à courir,
laissant le jeune capitaine Anbu avec son doigt levé.
- Espèce de sale petite anguille vicieuse ! Enragea Camus qui portait Amÿa sous le
bras, comme un sac de provisions. J’en ai assez de te courir après dans tout le …
*Son Bunshin no Jutsu est du niveau d’un Jounin. Je n’arrive pas à faire la
différence avant de le toucher… elle a véritablement un don. *
Tout autour de lui, perchées sur plusieurs toits, des copies d’Amÿa lui tirait la
langue en ricanant.
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*Elle me fait tourner en bourrique… si l’autre me voyait il se ficherait de moi. Je
suis sûr que c’est pour ça qu’ils ont voulus me refiler cette peste ! *
- Sale fossile ! Cria-t-elle en déclenchant le fou rire général des gens qui s’étaient
rassemblés pour découvrir l’origine de toute cette agitation.
Elle se retourna et sauta sur le muret de pierres devant elle, et commença à courir
dessus, Camus à ses trousses. Lorsqu’il fut à portée, il lui attrapa la cheville et la
souleva au-dessus du sol, tête en bas.
- Encore un petit truc, dit Amÿa en passant la langue sur ses lèvres, dégainant un
Kunai de sa pochette à équipement.
D’un geste précis, Sharingan inactivé et toujours suspendue à l’envers, elle envoya
son arme, droit dans le cœur de la cible de l’autre côté du lac, délogeant le poignard
de l’Anbu. Elle se fendit d’un sourire vainqueur et lâcha un cri de joie.
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- Ben, t’es mon maître ! T’as déjà oublié ? C’est l’âge qui te donne des problèmes
de mémoire ?
- Ça oublie tellement vite les vieux, ça fait flipper ! Dit-elle en se tenant la tête entre
les mains d’un air terrorisé.
Elle acquiesça de la tête, se penchant vers l’avant comme pour écouter un secret
murmuré.
Sans son masque, et lorsqu’il souriait, Camus était très différent. Il émanait de lui
une véritable gentillesse et une chaleur humaine qu’il ne laissait que rarement
prendre le dessus. Elle lui prit la main en rougissant et se releva en détournant un
peu le regard.
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- Uchiha Amÿa… ravie de vous rencontrer, Maître.
- Moi de même, dit-il en lui ébouriffant un peu les cheveux. Allez, presses-toi !
Il se retourna et commença à marcher sur le muret, puis il jeta un coup d'œil par-
dessus son épaule, la voyant immobile.
- Tu ne viens pas ?
- Venir ?
- Je vais t’enseigner tout ce que je sais. Je vais faire de toi la plus puissantes des
Kunoichi.
Amÿa trottina alors derrière lui en souriant. Puis elle passa devant lui en riant.
Enfin elle se mit à tourner tout autour de lui en tendant les bras comme des ailes,
hilare.
L’Anbu leva les yeux au ciel et se passa une main sur la nuque, l’air épuisé.
- Ok, Papy !
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s’attelaient à la tâche, dressant des tentes colorées, des stands de jeux, des
restaurants éphémères et des scènes pour les spectacles.
- Un festival ! S’écria Amÿa, âgée désormais de treize ans, qui dépassa son maître
en courant, tournant sur elle-même pour ne rien rater de tout ce que la ville avait
à proposer à ses yeux pétillants de curiosité. Tu m’achètes ça, Papy ? Ça sent
tellement bon ici, on peut manger là, allez dis oui, steuplaît !
Disparue. Seul dans la rue principale, le jeune ninja parlant dans le vide avait attiré
l’attention des passants. Une belle jeune femme aux longs cheveux bruns le
regardait d’un air triste et chuchota quelques mots à sa voisine.
- C’est les shinobis ça, répondit l’autre, ils prennent des coups sur le crâne au
combat et deviennent complètement tordus. Ma mère m’a toujours dit d’épouser
un civil.
Namikaze Camus s’éloigna, le rouge aux joues, de honte et un peu de colère. Cette
misérable peste l’avait encore une fois mis dans l’embarras, elle ne perdait rien
pour attendre. Il marcha dans les rues et l’oublia rapidement, se détendant aux
sons des musiciens qui répétaient, ses narines emplies par les odeurs succulentes
des plats qui chauffaient. Il arrivait à voir pourquoi les civils rêvaient tous de venir
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ici, l’ambiance était déjà apaisante alors que la plupart des stands n’étaient même
pas encore ouverts. Il accepta quelques friandises que lui tendait une jeune femme
et s’arrêta devant un restaurant de viande grillée, son petit pêché mignon.
Il se paya une boisson fraîche hors de prix lorsqu’une jolie serveuse lui présenta le
menu et il commença à flirter avec elle en se disant qu'Amÿa avait pour une fois
bien fait de disparaître sans permission.
- Non, pas en ce moment, répondit Camus en souriant. J’ai tout mon temps.
Le sourire de la serveuse devint plus beau encore. L’Anbu se redressa un peu sur
son banc et commença son offensive.
- Sale tricheuse !
- Vieille peau !
Camus se passa une main sur le visage, et attrapa un verre d’eau fraîche sur une
des tables en se levant. Evidemment, Amÿa se faisait remarquer. Bien sûr qu’elle
se faisait remarquer. Elle se faisait toujours remarquer.
Tout en prenant soin de ne pas renverser son verre d’eau, il écarta la foule
compacte d’un bras et approcha de ce qui semblait être une bagarre entre sa jeune
apprentie et une femme blonde plus âgée. Une jeune fille, de l’âge d’Amÿa, se
tenait un peu à côté, l’air affolée, tentant d’approcher maladroitement des deux
furies.
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Il plongea son bras dans la mêlée et souleva Amÿa par le col, lui versant son verre
sur la tête. Sa jeune apprentie se tortilla dans tous les sens, puis il la posa au sol.
Il avait découvert qu’Amÿa devenait très obéissante quand il se montrait sec avec
elle. Son frère Shisui ne devait pas montrer la même rigueur, d’où son
comportement de sauvageonne avec quiconque se montrait incapable de
maîtriser son attitude.
- Je suis allée jouer aux dés, pour rire. J’ai parié ma solde, je voulais vous faire un
cadeau pour vous remercier de me laisser m’amuser.
- Je ne t’ai rien autorisé. Tu es partie quand j’ai tourné le dos, mais je retiendrais
la bonne intention. Continue.
- J’ai gagné une petite somme, mais cette vieille harpie m’accuse de tricher ! Dit-
elle en pointant du doigt la femme blonde qui se tenait là, les poings sur les
hanches.
Camus l’observa clairement pour la première fois. Plus longtemps qu’il ne lui
fallait pour savoir tout ce qu’il devait savoir, mais pas assez pour admirer autant
qu’il l’aurait voulu. Fine avec des formes plus que généreuses, elle avait deux
longues couettes blondes qui lui tombaient dans le dos. Ses yeux ambrés lançaient
des éclairs à Amÿa, mais ils étaient sublimes. Son visage était sans défaut, malgré
la grimace d’agacement sur ses lèvres rosées par le maquillage. Il resta figé jusqu’à
ce qu’elle rompe le silence.
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- Je suis son Maître. En tant que tel je suis responsable de son attitude et je vous
prie d’accepter mes excuses pour ce qui vient de se passer. Elle me dit que vous
l’accusez d’avoir triché au jeu ?
- Utiliser un don ninja, comme le Sharingan par exemple, est interdit. Shizune !
- La déonto-quoi ?! Dit Amÿa d’un air dégoûté, comme si elle avait vu un cafard.
Cette dernière fixait le sol en faisant rouler ses yeux de droite à gauche, un air de
parfaite innocence sur le visage.
- Mais pourquoi je n’aurais pas le droit ! C’est naturel ! C’est comme si vous lui
demandiez de jouer sans les mains, le Sharingan fais partie de moi ! Et d’ailleurs,
dit Amÿa en prenant un air hautain, je n’en aurais même pas eu besoin pour
gagner, elle est nulle !
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- Vieille mégère ! Tu serais incapable de gagner même si ta vie en dépendait !
- Vous êtes sûr, Papy Fossile ? Je vais l’étriper la civile ! Dit Amÿa en se mettant en
garde.
- Ce n’est pas une civile, dit Camus en croisant les bras sur sa poitrine.
La blonde et son élève étaient désormais au contact. Lorsque l’adulte leva le poing
en arrière, il la contempla et sentit son cœur s’affoler. Quelle beauté sauvage et
saisissante elle dégageait. L’instant d’après allait le sortir de son rêve éveillé.
Elle abattit son poing auréolé de Chakra bleuâtre contre le sol, le fracturant sur
plusieurs dizaines de mètres, provoquant un mini séisme qui fit chuter plusieurs
spectateurs.
Amÿa était tombée sur les fesses devant son adversaire, qui tendait sa main devant
elle, lâchant une pichenette si puissante que la jeune Uchiha s'envola jusqu'aux
pieds de son maître. Elle se releva, le front rouge de l’impact, et activa son
Sharingan.
- Non, attends Amÿa ! S'écria Camus alors que son apprentie se ruait vers la blonde.
Elle est trop forte pour toi !
La jeune Uchiha envoya un coup de pied sauté droit vers la jeune femme qui para
sans effort avant de tourner sur elle-même, frappant Amÿa à la nuque avec le
tranchant de la main. L'Uchiha tomba au sol et tenta immédiatement de se relever,
en vain. Elle semblait désarticulée comme un pantin dont on aurait coupé les fils.
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- Amÿa ! S'écria Camus. Tes signaux nerveux ont été perturbés par son coup. Ton
corps ne comprend plus les ordres que ton cerveau lui envoie. Reste calme, tu dois
comprendre comment elle a reconfiguré ton corps pour réapprendre à l’utiliser.
La femme se tourna vers lui, abasourdie, lui jetant un regard curieux et étonné.
- Vous devriez faire attention, dit l’Anbu en lui faisant un clin d’œil, tout sourire.
La blonde se retourna, un peu gênée, et vit Amÿa se ruer sur elle, envoyant une
magnifique balayette qui lui faucha les jambes. Elle se rattrapa facilement mais
Amÿa était sur elle, ne lui laissant aucun répit pour se remettre de l’attaque.
Lorsqu’il avait essayé de lui apprendre les titres honorifiques, Amÿa avait
complètement décroché. Elle l’appelait aléatoirement Sensei (Professeur) et Shishô
(Maître), mais celui qui ressortait le plus était Senpaï (Appellation respectueuse
envers un aîné). Il avait abandonné l’idée de la corriger après trois heures de prise
de tête.
La jeune femme vit Amÿa s’arrêter brusquement en plein mouvement, alors elle
frappa avec son poing mais n’atteignit pas sa cible. Elle frappa dans le vide après
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un léger choc, provoqué par le maître de la morveuse qui se tenait soudainement
entre elles, et qui avait dévié son coup sur le côté d’un revers de la main.
- C’est terminé je pense, dit-il en souriant. Elle n’aurait pas pu esquiver celui-là.
- Esquive ça, dit-il en avançant lentement son index vers le front de son apprentie.
- C’est une forme très complexe d’Iryô Ninjutsu (Technique Ninja Médicale) et de
Raïton (Elément de la Foudre). Tu as dû ressentir un picotement quand elle t’a
touchée avec sa main, dit Camus. C’est parce qu’elle a changé la nature de son
Chakra en électricité pour semer la zizanie dans ton système circulatoire du
Chakra.
- Toi, le blondinet ! L’appela la femme. Comment sais-tu autant de choses sur cette
technique ? Tu n’as pas vraiment l’air d’être un médecin.
- Cette technique est utilisée par les membres de l’ANBU spécialistes afin
d’entraîner les recrues à garder leur sang-froid. Je l’ai subie quelques fois.
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- Je vois, tu es de l’ANBU… Dit-elle en hochant la tête. Ça explique pas mal de
choses.
- Mais c’est avant tout une technique utilisée pour diagnostiquer les patients en
état grave lors d’opérations médicales complexes, dit Camus en la fixant. Une
technique qui fait partie de l’attirail de tous les ninjas médicaux de Konoha depuis
les « Réformes Médicales en Temps de Guerre » instaurées pendant la Seconde
Guerre Mondiale Shinobi. Par vous, Tsunade-sama.
Amÿa écarquilla les yeux et fixa la blonde en ouvrant grand la bouche. Un cri
d’admiration s’éleva de la foule.
- Shizune ! Aboya Tsunade pour la jeune fille aux cheveux noirs qui
l’accompagnait visiblement.
- Oui ?
- Est-ce que tu sais qui est cet homme ? Avec tous les éléments en ta disposition,
tu devrais pouvoir le déduire, allez au travail.
- Il vient de Konoha et est un Anbu. Je ne pense pas qu’il mente sur le sujet, car il
a les connaissances et visiblement la force de dévier facilement votre attaque.
- Pas si facilement que ça, dit Camus en levant une main tremblotante. Vous
cognez fort.
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- Vous pourriez être Namikaze Camus, le rival du disciple de Jiraiya-sama. Un des
ninjas les plus prometteurs de sa génération.
Camus siffla d'admiration, et il était sincère. La jeune fille avait un esprit aiguisé
et connaissait visiblement par cœur le registre des ninjas de Konoha. Elle était
particulièrement observatrice, avait retenue toutes les informations dans la
conversation précédente et avait su en tirer les meilleures conclusions.
Shizune rayonna de fierté. Tsunade lui adressa aussi un sourire et pointa Amÿa
du doigt.
- Je m’excuse pour l’attitude de mon apprentie, dit Camus en posant une main sur
l’épaule d’Amÿa qui s’apprêtait à répliquer. Je vais vous rembourser ce qu’elle vous
doit.
- Je préfère rester dans l’ombre tant que je n’aurais pas prouvé que je suis meilleur
que lui, répondit Camus en souriant. Et je suis quelqu’un de discret.
- D’aucun dirait que c’est déjà un exploit d’arriver à la cheville de l’Eclair Jaune de
Konoha. Jiraiya en parle comme d’un génie comme il n’en a jamais vu auparavant.
- Je le connais mieux que personne, concéda Camus. C’est mon ami depuis
longtemps. Mais ce n’est pas simplement un génie, sinon je l’aurais déjà surpassé.
Amÿa avait haussé un sourcil. Jamais elle n’avait entendu son maître appeler
quelqu’un son ami.
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- J’ai surtout confiance en lui. Il ne s’encroûtera pas malgré son mariage en début
d’année, dit Camus.
Elle hésita un instant puis désigna d'un mouvement de tête le restaurant de viande
grillée.
- Avec joie, dit Camus en poussant Amÿa pour qu’elle se mette en marche. Après-
vous, je vous en prie.
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maximum. Tsunade tripota le collier autour de son cou et détourna le regard en
rougissant légèrement.
- C'est une très bonne idée ! Dit Tsunade en lui coupant presque la parole. Partager
des informations, c’est une très bonne idée.
Une fois dans la ruelle, les deux groupes se saluèrent et prirent des chemins
opposés. Après quelques secondes, Tsunade chuchota quelques mots à son
apprentie.
La fillette se retourna et vit l’Anbu disparaître au détour d’une rue, mais pas avant
d’avoir jeté un long regard par-dessus son épaule.
- Oh oui !
- Plus vite ! Allez, enchaîne ! Dit Camus en parant les attaque d’Amÿa. Mets-y plus
de force, plus d’aléatoire ! Tu dois me frapper, pas juste me toucher pour marquer
des points !
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Il bloqua le coup de poing suivant, se baissa et balaya les jambes de la jeune Uchiha.
Dans un geste parfaitement exécuté, il la retourna et lui tordit le bras dans le dos,
le genou pressant sur sa nuque.
- Si je n’avais pas ce satané bandeau sur les yeux, je vous collerais une raclée !
Il la relâcha et la laissa ôter l’épais bandeau noir qu’elle avait sur le visage. Elle le
jeta au sol, frustrée et s’épongea le front avec sa manche. Il lui tendit une bouteille
d’eau qu’elle accepta en soufflant fort pour évacuer son exaspération.
- On peut être amené à combattre sans visibilité, ou pire, après avoir perdu la vue.
Si tu es capable de me toucher sans ton Sharingan, en l'activant tu seras capable
de toucher n'importe qui.
Il passa une main dans les cheveux d’Amÿa et s’empêcha de sourire lorsqu’il la vit
rougir. Il n’y croyait pas lui-même, mais il ne pourrait plus se passer d’elle. Elle
avait changé quelque chose en lui. Et il y avait Tsunade désormais, qu’il voyait
régulièrement en cachette et avec laquelle les choses devenaient très intéressantes.
- Quatre heures de Sharingan tous les soirs. C'est pas beaucoup mais j'ai éveillé
toutes ses capacités primaires et secondaires. Mais c’est pas encore assez pour
rivaliser avec Itachi et grand frère Shisui.
- Tu essaies de brûler les étapes, dit Camus. Ce sont deux des meilleurs Uchiha de
l’Histoire. Ils ont éveillé le légendaire Mangekyô Sharingan, un exploit incroyable.
Que deux personnes y parviennent dans la même génération, c’est presque
miraculeux alors trois, ce serait du jamais vu.
- J’y arriverai aussi, dit-elle d’un ton déterminé. Itachi et grand-frère Shisui ne
maitrisaient pas aussi bien leur Sharingan à mon âge. C’est qu’une question de
temps !
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- Bon esprit ! Lui lança une voix sur le côté.
Un jeune homme blond au visage jovial, était assis sur un des poteaux du terrain
d’entraînement. Camus se tourna pour lui faire face et laissa tomber sa bouteille
d’eau au sol.
- Non, non, non ! Dit l’autre en souriant. Pas aujourd’hui, agitant ses mains devant
lui. Je suis venu te montrer un truc.
- Ah bon ? Dit Camus, un peu déçu. Fais vite alors, tu sais que j’ai du travail avec
Amÿa.
- Wow, fit Amÿa en l’étudiant de près, Sharingan activé. Une rotation de Chakra
parfaitement contrôlée ! Vous avez vu ça, Senpaï ?
- Je vois Amÿa, je vois... dit Camus en observant aussi le jutsu avec intérêt. Et si tu
me montrais ce qui te donne cet air si jovial ?
- Bien sûr, dit son rival en souriant d’un air provocateur. Toujours est-il que je me
suis demandé ce que je pourrais faire pour l’améliorer. Ça m'a pris pas mal de
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temps pour réussir ce que j'avais en tête mais j’en ai créé trois variantes en utilisant
les trois éléments que je maîtrise.
- Quand j’arriverais à mieux doser mon Chakra dedans, j’aimerais bien le tester
contre toi, mais pas aujourd’hui. Kushina veut absolument qu’on visite des
appartements, tu la connais !
Quelques instants plus tard, ils étaient de nouveau seuls sur le terrain
d’entraînement, en silence, à fixer la silhouette qui s’éloignait. Camus jeta trois
pièces d’or à Amÿa qui le regarda interloquée.
- Tu peux y aller. Je ne mangerais pas avec toi ce soir, dit-il. C’est ma tournée, fais-
toi plaisir.
Lorsqu’elle eue disparue, il laissa ses yeux errer sans but, comme pour trouver une
réponse à la question qu’il se posait. Et après plusieurs minutes, il sourit en
refermant le poing.
Dans la pièce étaient réunis l'Hokage, Jiraiya, son rival mais aussi plusieurs
capitaines de l’ANBU. Il plissa les yeux, conscient de la gravité d’une telle réunion.
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- Namikaze-kun, comment se passe la formation de ta protégée ? Demanda le
Sandaime.
- Très bien. Elle progresse vite. Elle se montre particulièrement enthousiaste dans
son apprentissage.
- On dirait que tu aimes enseigner, finalement… dit Jiraiya d’un ton amical.
- Plus que je ne l'aurais pensé, confirma Camus en souriant à son tour. Elle est un
peu dissipée, mais elle travaille dur. C’est gratifiant de la voir progresser aussi vite.
- C'est une bonne chose, dit un des capitaines. Nous avons perdu trop d’éléments
de valeur pendant la guerre, comme tu dois t’en douter, Namikaze.
Il n’aimait pas du tout l’atmosphère dans la pièce, bien que la conversation soit
banale. Trop banale pour une telle assemblée.
- C’est pourquoi, nous aimerions que tu réintègres le service actif à temps plein.
Camus reconnu la voix de son ami Tenzô sous le masque du capitaine qui venait
de s’adresser à lui. Il se doutait que quelque chose de bien plus grave se tramait
derrière cette demande, surtout après les évènements de la guerre.
Les personnes dans la pièce échangèrent des regards et les Anbus se déplacèrent
près des portes et des fenêtres, comme pour monter la garde. Namikaze Camus se
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tourna vers son rival, qui n’avait étrangement pas encore parlé et arborait un air
sombre qui ne lui ressemblait pas.
C’était une catastrophe pour le village, pour le Pays du Feu. Il n’avait jamais aimé
l’Ermite aux Serpents, qu’il considérait comme un homme peu fréquentable, mais
il l’avait vu plusieurs fois vu combattre, et ses capacités étaient hors du commun.
- Ce n’est, hélas, pas tout, dit Tenzô. Tu as entendu parler des frères Aizen de
Tôronkai ?
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les bases de l’utilisation du Chakra quand j’ai émis le souhait d’intégrer l’Académie
à Konoha. Ils sont très populaires.
- Ils ont été assassinés hier, dit le Sandaime d’un air sombre.
- L’Akatsuki revendique les meurtres, dit Jiraiya. Ils voulaient sans doute frapper
un grand coup pour se faire un nom. Maintenant, tout le monde saura que leurs
tarifs sont justifiés et qu’ils sont capables de frapper des cibles de renom.
Les frères Aizen étaient d’excellents Jounins, qui avaient accompagnés le Nidaime
Hokage durant sa dernière mission contre l’escouade Kin-Gin du Pays de la
Foudre. C’étaient les disciples de Mitokado Homura, actuel membre du Conseil
du Pays du Feu et ancien compagnon d’armes de l’Hokage.
- Et Okita Seiji ? Ce nom te dit-il quelque chose ? Demanda son rival. Lui aussi
viens de ton village.
- Il a un an de moins que moi. Je ne l’ai jamais rencontré mais j’ai entendu dire
qu’il était très doué et du genre solitaire. C’est quelqu’un qui ne se fait pas
remarquer, mais il a de bons résultats.
- Il est sans merci mais indéniablement doté d’un grand talent, dit le Sandaime. Il
préfère se faire discret mais je pense qu’il est capable de rivaliser avec les meilleurs
ninjas de sa génération. Vous deux y compris.
- Nous le pensons nous aussi, dit Jiraiya. Deux ninjas de Konoha à la réputation
houleuse disparaissent quelques jours avant qu’un nouveau groupe mercenaire
n’assassine deux grands noms du Pays du Feu.
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- Nous soupçonnons Orochimaru et Okita de faire partie de l’Akatsuki, ou d’avoir
collaborés avec eux pour assassiner les frères Aizen. A compter de ce jour, ils
deviennent des cibles prioritaires, dit Sarutobi.
Son rival eu un petit sourire partagé avec Jiraiya. Tenzô s’éclaircit la voix sous le
masque.
- Nous avons besoin de créer une unité spéciale pour contrer cette menace
grandissante, dit le Sandaime. Et nous ne pouvons pas engager les ressources
classiques dans l’ANBU pour gérer un tel projet, pas dans la situation actuelle du
village.
- Il faudrait créer une nouvelle section dans l’ANBU… Un travail colossal, dit
Camus.
- Nous voudrions que tu prennes Uchiha Amÿa avec toi pour ce projet, dit le
Sandaime. Pour des raisons personnelles, je voudrais qu’elle reste à tes côtés dans
les prochaines années. Elle aura besoin de toi pour développer son véritable
potentiel.
- Elle se laisserait surement convaincre la connaissant, dit Camus, mais elle est
trop jeune pour de telles missions.
- Tu auras tout le temps nécessaire pour former ton équipe, dit le Sandaime. Ce
projet est d’une importance capitale pour le Pays du Feu et il sera entièrement
sous ta gestion. Tu ne recevras d’ordres que de ton nouvel Hokage après son
intronisation dans quelques semaines.
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- Former une telle équipe me demandera de deux à trois ans. Et cela si je trouve
d’intéressants candidats uniquement. Si je considère qu’ils ne sont pas aptes à
l’issue de la formation, j’annule tout.
- Accordé.
Camus hocha la tête de satisfaction. Il observa l’un des capitaines de l’ANBU, qu’il
savait être Uchiha Kagami. Le « Vieux » comme on le surnommait dans les
services secrets était l’un des Anbus qui avaient formés Camus et Tenzô, mais
aussi le dirigeant actuel des services secrets.
- Accordé, dit le futur Yondaime Hokage. Nous discuterons de tous les détails
d’organisation une fois que tu auras dit oui.
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Les trois jeunes Chuunins étaient assis sur des rochers autour d'un feu et
mangeaient leurs rations en silence. La petite tente de voyage s'ouvrit et un vieil
homme les regarda d'un air mauvais.
- J'essaie de dormir, jeunes hommes. Vous pourriez faire moins de bruit ! Je suis
un hôte de marque !
- Arrête de jouer avec le feu, Snakepower, dit son camarade qui aiguisait un Kunai.
- Je faisais que dire que Snakepower avait pas forcément tord sur toute la ligne.
- Notre mission est bientôt terminée, dit Jarod en reprenant son travail. Prenons
notre mal en patience, nous serons bientôt débarrassés de ce boulet.
Les trois Chuunins étaient en mission d'escorte du Daimyô du Pays du Thé depuis
presque quatre jours. Le voyage aller n'avait posé aucun problème, mais dès
réception du "colis", il s'était montré critique et insupportable. Le beau garçon du
groupe, Subayai Pao, avait menacé de le pousser d'une falaise s'il lui faisait encore
une remarque sur sa coiffure, jugée trop "excentrique pour un ninja".
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ramasser les mauvaises herbes du temps de l'Académie me semble être un combat
palpitant contre la nature à côté.
- Oui.
- T'en as vraiment besoin ? Je veux dire ils seront tout en métal, à quoi ça te sert
d'en rajouter une couche ?
- C’est une couche compartimentée, dit Jarod en désignant une autre partie de son
schéma. Ça contiendra plusieurs runes spéciales que je rédige dès que j’en ai le
temps. Ils pourront se spécialiser en force, vitesse, agilité, et même transporter du
matériel et des armes… Plutôt bien vu, hein ?
Les deux ninjas s’étaient toujours bien entendus, proches qu’ils étaient par leur
passion de la science.
- Bien sûr, devenir membre de l’ANBU, l’élite, à mon âge, c’est une chose. Je m’y
attendais, oui, mon talent ne pouvait pas passer inaperçu éternellement. On l’a
remarqué en haut lieu et c’est normal, Senpaï. Mais me faire traverser le pays pour
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aller récupérer de sinistres inconnus, c’est une autre histoire. Senpaï ? Vous
m’écoutez vieux fossile ?!
- Je ne fais que ça depuis notre départ, dit Camus d’un ton las. Et surveilles ton
langage, tu deviens grossière quand tu fatigues. De plus, ils ne sont pas si inconnus
que ça : pendant la guerre, ils ont aidé à l’évacuation des villages sud du Pays du
Feu, alors qu’ils n’étaient que de très jeunes Genins. Ils ont participé à plusieurs
escarmouches et se sont montrés parfaitement capables, à tel point qu’ils sont
devenus Chuunins dès la fin du conflit. Ils sont extrêmement bien notés par leurs
supérieurs.
- Oui je sais, je sais, j’ai lu les rapports comme vous me l’avez ordonné. Mais il est
aussi marqué clairement, qu’ils font preuve d’insubordination. Et je suis gentille
dans la citation, parce qu’une autre disait clairement qu’ils « faisaient n’importe
quoi ». Vous auriez pas pu trouver mieux ?
- Ils sont capables de prendre des initiatives extravagantes, j’apprécie cela. Et s’ils
sont un peu dissipés et indisciplinés, disons que je suis habitué maintenant et que
j’ai mes techniques pour corriger ces défauts. On dit qu’ils sont les meilleurs
Chuunins du village, et que s’ils étaient un peu plus âgés, on aurait déjà fait d’eux
des Jounins.
- Ils ont quand même quatorze ans déjà, dit Amÿa d’un air hautain. Si vous n’étiez
pas mon maître, on m’aurait déjà accordé ce rang, mais vous êtes trop strict.
- Méchant, dit-elle en ricanant. C'est vrai que l'un d'eux utilise des monstres
d'acier ? C’est pas très courant comme technique.
- Les ancêtres de Kitarô Jarod viennent du Pays du Vent. Ils possèdent une forme
ancienne du Kugutsu no Jutsu (Technique des Marionnettistes) qu’il a su adapter
en une nouvelle technique de combat. Ce n’est pas banal, en effet. Hakka
Snakepower, lui, est un expert en explosifs et en Katon. Il s’est porté volontaire
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pour déminer la côte sud après la guerre, afin de rendre la région à nouveau
habitable. On le dit particulièrement doué pour inventer toute sorte de gadgets.
- Et le dernier ?
- Subayai Pao est un ninja spécialisé dans le Taijutsu. Il maîtrise plus d’arts
martiaux que toi et a une vitesse surprenante dont il s’est servi pour porter des
messages. Ils sont tous les trois très talentueux et intéressants. Je pense qu’ils
pourraient faire de bonnes recrues.
- Ne te focalise pas sur la distance et observe donc les environs, c’est une région
magnifique. J’aimerais bien venir vivre par ici et m’éloigner un peu du tumulte de
Konoha.
- Qui t'a envoyé ? Demanda Pao en lui arrachant son sabre. Allez, crache le
morceau !
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- Vous ne m'aurez pas vivant ! Répliqua l’assassin.
Pao lui flanqua une claque magistrale qui le projeta près du feu où Jarod attendait,
accroupi. Snakepower se tenait quelques pas derrière, le seigneur féodal était
recroquevillé de peur derrière le jeune ninja, recouvert d’un pyjama ridicule.
- Je ne parlerai jamais.
- T'es sûr ? Dit Snakepower en envoyant un Kunai explosif contre un arbre qui se
volatilisa dans un « Boum » sec et assourdissant.
- J'ai été engagé par un Jounin du Pays de l'Eau qui attend à quelques kilomètres.
Il m'a donné 300 ryô pour tuer l’homme que vous protégez.
- 300 ? Dit Jarod, dubitatif. Tu t'es fait avoir mon pauvre, il vaut quelques zéros de
plus.
- Pas sûr... dit Pao en jetant un regard méprisant à la forme tremblotante derrière
Snakepower.
Quand ils furent certains que le brigand repartait dans la direction opposée de
celle du Jounin qui l’avait engagé, ils se penchèrent sur la carte de la région étalée
sur le sol. Après plusieurs minutes de discussion, le Daimyô était allé se recoucher
en se plaignant que ses nuits agitées n’allaient pas faciliter son travail.
- Il a dit qu'il était ici, dans la carrière désaffectée près du village de Ginkômura.
C'est à l'opposé de notre route.
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- C'est parfait, le temps qu'il réalise que son larbin a échoué, on aura parcouru la
moitié du chemin vers Konoha, au moins, dit Snakepower. Il ne nous rattrapera
jamais, même encombrés de l’autre boulet.
- Je suis pour, dit Pao. Et puis on n’est pas à notre premier combat.
- Je connais une auberge pas loin, dit Snakepower. On a qu’à l’enfermer dans une
chambre jusqu’à notre retour.
- Il sera sage comme une image jusqu’à notre retour, dit Pao.
- Il ne se souviendra de rien, en tout cas, dit Jarod. Avec la dose que tu lui as refilée.
52
- Ici Jarod, vous me recevez ?
Jarod se colla contre le tronc d’un arbre et risqua un coup d’œil en contrebas. Il
surplombait les falaises taillées d’une mine de fer et ses échafaudages encombrés
de paniers et de cordages. En bas, assis en tailleur sur un rocher plat, se trouvait
un homme portant une tenue de ninja abimée, visiblement par l’usure et le temps.
L’indice n’était pas parlant cependant, les équipements de chaque village se
revendaient bien au marché noir.
A ses pieds il y avait un grand drap blanc replié sur lui-même, contenant quelque
chose de gros. Kitarô Jarod plissa les yeux pour mieux l’observer, mais rien ne
semblait indiquer qu’il ait pu les repérer, il semblait somnolent.
- 3,2,1… Go !
Jarod se jeta de la falaise, dégainant ses armes tandis que Pao surgissait devant le
ninja ennemi, dérapant sur le gravier qui recouvrait le sol, un Kunai dans chaque
main. Snakepower, situé en hauteur, avait posé devant lui des dizaines d’armes et
se préparait à faire pleuvoir le métal sur son adversaire, une fois que ses
compagnons lui donneraient le signal.
Le Jounin écarquilla les yeux en voyant Pao se ruer sur lui, il posa la main sur la
garde de son épée qui dépassait du vieux tas de draps et dégaina une énorme lame,
plus grande qu’un homme adulte. Il frappa en avant, un sourire carnassier aux
lèvres, mais Pao roula sur le côté et répliqua d’un coup de pied fulgurant. L’impact
fut violent, et le jeune ninja senti le nez de son adversaire se briser.
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*Il a du mal à frapper rapidement avec son énorme épée… mais je dois rester
prudent, elle est très affûtée. Un seul coup, même accidentel, serait fatal. *
Voyant son camarade arriver dans le dos de sa cible, il recula d’un bond en arrière
et projeta son Kunai vers l’avant. Le Jounin l’esquiva de justesse et Jarod le rattrapa
de sa main libre, plantant d’un même geste les deux poignards dans l’épaule droite
de son adversaire. Prudent, Jarod se jeta en arrière pour éviter le grand coup donné
un peu au hasard par son ennemi.
- Snakepower, à toi de jouer ! Cria-t-il dans la radio en faisant un salto arrière pour
s’éloigner encore plus.
Son compagnon envoya une pluie de Kunais explosifs vers leur cible. Très précis,
le jeune Chuunin fit pleuvoir un déluge d’explosifs et de lames pendant quelques
instants avant de ralentir la cadence et de marmonner dans son micro.
- Il a utilisé son épée pour dévier les Kunais. Pas de coup direct.
La fumée se sépara devant le jeune Chuunin, fendue par une immense lame intacte.
Il entraperçu le sourire assoiffé de sang de son ennemi et sentit un violent impact
le toucher au-dessus du genou, fauchant sa jambe d’appui dans une douleur
indescriptible.
Snakepower plongeait déjà de la falaise pour arriver en bas de la carrière, alors que
le corps de Jarod était encore en suspension dans l’air, dans un panache de sang.
Pao voyait la scène au ralenti, son ami visage tordu de douleur, la lame devenue
écarlate s’élevant vers le ciel et la jambe gauche de Jarod qui frappa le sol la
première, séparée du reste de son corps.
54
Pao envoya un coup de pied en avant, de toutes ses forces, et déséquilibra le Jounin
ennemi qui levait son arme pour achever le corps recroquevillé au sol devant lui.
Il tituba vers l’avant sous l’impact et se retourna pour combattre quand
Snakepower terminait de former une série de sceaux avec ses mains.
Une gigantesque boule de feu incandescente fonça sur le Jounin qui lâcha son épée
pour former lui aussi des sceaux rapidement.
L'attaque de Snakepower s’écrasa sur un mur liquide qui venait de jaillir du sol en
entourant sa cible, nullifiant son attaque. Lorsque l’eau retomba au sol, Jarod
hurlait encore de douleur en se tordant au sol, tenant fermement sa blessure. Pao
en profita pour se jeter en avant sur son ennemi avant qu’il ne ramasse son épée,
lui percutant la tempe d’un coup de genou sauté. Au moment même de l’impact,
il comprit son erreur.
Le Jounin se liquéfia et s’éclata sur le sol tandis qu’une main se refermait sur le
cou du jeune Pao, serrant de toutes ses forces sur sa gorge.
*Il s’est substitué à un Mizu Bunshin (Clone d’Eau) quand il était caché derrière
son mur…*
Il marcha alors sur la jambe gauche de Jarod qui était à ses pieds, souriant d’un air
mauvais.
- On dirait que tu as perdu quelque chose, petit. La vie est pleine de surprise, tu ne
trouves pas ? Ce matin tu avais encore ta jambe, et demain je serais un homme
riche.
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- Ne fais pas de bêtises, minus, dit le Jounin en serrant sa main plus fort sur le cou
de Pao. Réponds-moi et peut-être que je me montrerais clément : où avez-vous
laissé votre colis ? J’ai encore un travail à faire, et je n’ai pas le temps de m’amuser
avec vous.
Jarod bloqua sa respiration pour surpasser la douleur et frappa le sol d’une main,
faisant jaillir un long pic d’acier effilé du sol, empalant la jambe du Jounin, lui
faisant relâcher Pao en jurant de douleur.
*C'était trop tôt pour l'Hagane Ninjutsu (Technique Ninja de l’Acier). J'ai gâché
ma chance...*
- Toi... tu veux décidément y passer le premier ?! Cria le Jounin en levant son arme
vers Jarod, immobilisé au sol.
L'air devint une fournaise alors que le jet de flammes ardentes envoyé par
Snakepower atteignit le Jounin de plein fouet. Le Chuunin de Konoha intensifia
la température du brasier, puisant dans son chakra sans réfléchir, cherchant à
réduire en cendres son ennemi. Il n’allait pas laisser passer l’occasion. Après
quelques minutes, épuisé, il tomba à genoux, toussant en se massant la gorge.
Mais le Jounin ennemi se tenait toujours debout face à lui, un sourire sur le visage.
De l’eau ruisselait sur son corps, comme après une douche.
- C'est impossible... dit Snakepower en écarquillant les yeux. Les flammes de mon
attaque n’ont même pas percé sa défense.
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- Pas encore, rugit Pao en le désarmant d’un coup de pied retourné sur le poignet.
Le Jounin tenta de lui mettre un direct au visage, mais Subayai Pao esquiva
l’attaque et frappa son estomac d’un crochet du gauche, avant de réitérer la même
attaque du côté droit. Encore et encore. Il accéléra de plus en plus, répétant le
même coup alterné de droite à gauche, faisant craquer les côtes de son adversaire.
Les coups de poings martelèrent le Jounin comme des masses et lui firent cracher
du sang. Il tituba en arrière et porta un violent coup de pied dans la tête du jeune
ninja, qui ne chuta pas et se relança à l’assaut.
*Je perdrais jamais en Taijutsu, certainement pas contre un mec comme toi ! *
- Attends encore, dit Camus en plissant les yeux. Ce n’est pas terminé.
- Si, vieux machin. Il se bat bien, c’est vrai, dit-elle en retournant son regard vers
Pao. Mais il est pas encore au point, vous voyez bien qu’il ne sait pas où placer ses
appuis ! Il titube comme un alcoolique à chaque coup !
- Ce n’est pas le plus impressionnant. Il ne l’a pas lâché d’une semelle depuis le
premier coup. Il a compris que s’il stoppait son assaut, il n’aurait pas d’autre
occasion. Dans de telles circonstances, c’est une preuve de lucidité digne de
louanges.
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Amÿa vit Snakepower aider Jarod à se relever en profitant de la diversion et
l’éloigner du combat. Quand ils furent à quelques mètres, ils sortirent plusieurs
armes de leurs pochettes à équipement.
- Ils n’ont pas l’intention de s’enfuir, remarqua-t-elle. Même pas celui qui est
blessé.
- Bien sûr que non, dit Camus. On abandonne pas ses amis. Ah. Je crois que c’est
bientôt ton tour. Tu te sens prête ?
Pao envoya un coup de poing dans la tête de son ennemi et se laissa tomber en
arrière pour esquiver la réplique, il se releva pour continuer à attaquer mais se
tordit la cheville et retomba lourdement sur un genou.
*Merde ! Pas ça ! *
Deux bras chétifs bloquèrent l’attaque et une ombre percuta Pao de plein fouet, le
reculant auprès de ses deux camarades qui se mirent en garde. Ils voyaient devant
eux un jeune homme blond, portant la veste des Jounin de Konoha, qui déposait
Pao comme un enfant.
Namikaze Camus se retourna vers Amÿa qui tenait immobilisé son adversaire,
dévoilant une force physique impressionnante. Son ennemi l’insultait de tous les
noms, mais il ne parvenait pas à se dégager du blocage.
- Amÿa, cria Camus. Tu sais ce que tu dois faire. Aujourd’hui, tu vas devoir faire
le premier pas dans cette direction que tu as choisie. Si tu en es incapable, alors…
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Elle lui avait coupé la parole et affichait un regard déterminé comme il ne lui
connaissait pas. Ses yeux criaient la vérité : elle était prête.
L’Uchiha tira sur les manches de son adversaire, l’attirant vers l’avant
brusquement, lui faisant perdre l’équilibre. Elle frappa son menton d’un uppercut
et lui faucha la jambe d’un coup de pied qu’affectionnait son maître. Il chuta
lourdement, mais déjà la jeune fille écrasait son talon dans son estomac, le tordant
de douleur. Elle se laissa tomber à côté de lui, percutant son nez avec son coude,
le sonnant un instant. Puis elle dégaina un Kunai et le plaqua sur sa gorge
découverte. Elle croisa son regard et se figea.
- Amÿa n’a encore jamais tué personne, dit Camus en prenant un air grave.
Le Jounin s’empara d’un Kunai et frappa dans son angle mort, mais la jeune fille
esquiva aisément, à la surprise de tous, sauf de Camus.
- Tes yeux… dit le Jounin alors qu’elle glissait la lame aiguisée le long de sa gorge.
Elle se releva et laissa tomber le poignard au sol, se retournant vers son maître.
Elle marcha jusqu’à eux et détourna le regard. Pao tendit une main vers elle,
conscient de la gravité du moment.
- Tu as fait ça proprement, dit Camus d’un air neutre. Souviens-toi qu'une mort
rapide est toujours préférable.
- Oui, Senpaï.
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Pao regardait la jeune fille en écarquillant les yeux. Elle était plus jeune que lui
mais était très jolie, malgré son visage exprimant une certaine tension.
- T'es super forte. Je t’ai jamais vue au village, tu fais partie de quelle promotion à
l'Académie ?
- C’est mon frère Shisui qui m’a appris les bases, je n’ai pas fait l’Académie.
- La plupart des gens s’effondreraient après une telle blessure, dit-il d’un ton
neutre. Tu ne réalises pas que tu viens de perdre une jambe pour toujours ?
- Je suis plus en colère contre ma connerie qu’autre chose… Mais je ne suis pas
idiot. Sans vous, je ne sais pas ce qui nous serait arrivé. Alors… merci.
- Vous seriez morts, tout simplement, dit Amÿa en posant les poings sur ses
hanches. Quelle idée de s’attaquer à un Jounin avec votre niveau et sans même
connaître les capacités de votre adversaire. Un vrai trio d’idiots !
- Mon apprentie est malpolie, mais elle dit la vérité dit Camus qui s’accroupissait
maintenant devant la large épée, l’observant avec intérêt.
Il déplia un parchemin vierge devant lui et forma plusieurs sceaux avant de poser
sa main sur le papier, générant une décharge de Chakra qui toucha l’épée et
l’absorba dans le rouleau. Camus le referma avec une cordelette et le rangea dans
une de ses poches avant de retourner vers le reste du groupe.
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- Ce n’est pas de la chance, dit Camus. Et vous devriez avoir honte de ce qui s’est
passé aujourd’hui. C’est votre erreur, votre arrogance. Comme l’a dit Amÿa, vous
auriez dû vous renseigner sur votre adversaire avant de l’attaquer. Avec vos
capacités, vous aviez tout ce qu’il vous fallait pour gagner. Écoutez tout ce que je
vais vous apprendre, et vous en ressortirez bien plus forts.
- Vous pouvez bien sûr refuser. Mais si vous me rejoignez, vous intégrerez une
unité d’élite du village sous les ordres directs du Kage.
- Penses-tu avoir trouvé une solution d’ici deux semaines ? Répondit Camus en
souriant.
- Bien sûr, dit Jarod, confiant. J'vais pas sautiller toute ma vie.
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- Ouais… Des tas de filles seront à mes pieds !
- Mais un Anbu ne crie pas sur tous les toits qu’il fait partie des services secrets,
idiot, dit Amÿa à côté de lui avant de partir plus loin rejoindre son maître.
- Celle-là, ronchonna Pao, je vous parie que dans un mois elle me mange dans la
main !
Hakka Snakepower s’arrêta sur place et leva les yeux au ciel, semblant se rappeler
de quelque chose, mais il fit une grimace.
- J'ai l'impression d'oublier un truc. Mais pas moyen de me souvenir quoi dit
Snakepower.
- Itô Archiza, Hatô Elzingor et Ryôken Kakashisama, lut Amÿa sur le petit bout
de papier. C'est eux qui sont sur la liste ensuite. Encore une équipe complète ?
- Un bon travail d'équipe est un point fort, et eux aussi sont très intéressants :
Kakashisama est de la famille Ryôken et il utilise le Renkei Ninjutsu (Technique
Ninja de Coopération) avec un Ninrô (Loup Ninja).
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- Itô Archiza est une experte en Bukijutsu (Techniques d’Armement) et une
combattante plutôt douée. Pendant la guerre, ils ont tendu une embuscade près
du Pays du Cou qui a empêché les shinobi du Pays de la Terre de fournir des vivres
à leurs troupes les plus avancées pendant près de quatre jours. Et ce, en grande
partie grâce à Archiza.
- Je vois. Ils ont pas l’air mauvais, c’est vrai, dit Amÿa en regardant plusieurs
ouvriers approcher. Senpaï ?
- Ah messieurs, très bien. Vous avez les plans que je vous ai envoyés ? Alors nous
allons vous laisser travailler. Viens Amÿa, ils vont commencer à creuser le
complexe qui nous servira de Quartier Général.
Itô Archiza était une jeune fille aux longs cheveux noirs, arborant un air
féroce. Elle passa un crayon dans son chignon et se mordit la lèvre inférieure en
fixant la page d'un air désespéré.
63
Elle jeta le magazine au pied de l'arbre sur lequel elle était assise et Hatô Elzingor
le rattrapa sans regarder pour le ranger dans son sac à dos. Il était extrêmement
séduisant, avec ses cheveux gris coiffés à la dernière mode et son sourire charmant.
- C'est toi qui m’as demandé de te le prêter, Archiza-chan, dit-il. Ne fais pas la tête.
- Parce que je m’ennuie… dit-elle en tournant les yeux vers la plaine à côté.
Un troisième ninja, grand et solidement bâti, aux courts cheveux argentés dont les
épis ressemblaient presque à des oreilles animales, courait après un
impressionnant loup gris.
- Il ne sourit jamais autant que lorsqu’il s’amuse avec Fenrir, dit Archiza en
souriant.
Un aigle messager de Konoha se posa sur le bras du jeune homme qui prit le
parchemin fixé à sa patte et le laissa filer. Il déplia le papier et le lut à haute voix,
arrivant près de ses amis.
Archiza prit la deuxième feuille et la déplia sur une souche devant eux, montrant
une carte de la région. Un peu au nord de leur position actuelle, un petit village
connu pour posséder un grand château était encerclé de rouge, avec une
indication.
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- C'est ici, dit Elzingor en pointant la carte. Infiltrer un château privé pour voler
un parchemin. Intriguant.
- Pourquoi nous ? C'est la demeure d'un civil. Au mieux il a une garde composée
de quelques mercenaires, dit Archiza. Un Jounin avec son équipe de Genins
devrait amplement suffire pour ce genre de mission.
- Cette mission n’est pas ce qu’elle semble être, dit Namikaze Camus qui
approchait, Amÿa sur ses talons.
Ryôken Kakashisama jeta un coup d’œil à Fenrir, son loup. Lui non plus n’avait
pas senti arriver les deux ninjas de Konoha qui étaient pourtant à découvert sur la
route.
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Camus s’accroupit à côté de la carte et pointa le château avec un doigt qu’il glissa
jusqu’au Pays de la Rivière. Voyant leurs airs perplexes, il s’expliqua.
- Comme nous n'avons que des soupçons pour le moment, dit Camus, nous
n'avons pas l'autorisation de capturer Gatô, ni de l’interroger sur ses activités.
Cette mission a pour but de voler le document pour l'apporter à un expert en
descellement qui le lira, en fera une copie, et ensuite de le ramener sans qu'il ne
s'aperçoive de sa disparition.
- On doit le voler sans même assommer un garde ? Demanda Archiza. Qui a donné
des ordres aussi stupides ?
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- C'est moi, dit Camus en souriant. Cette mission a aussi un objectif secondaire.
Si vous réussissez, je vous prendrais sous ma tutelle pour un projet top secret.
Vous intégrerez une division spéciale de l’ANBU, sous les ordres directs de
l’Hokage. Une unité dont je suis l’officier commandant.
- Ça me plaît bien, ça ! Dit Archiza en souriant. « Vivez une vie confortable et sans
histoires », Ah, des clous !
- Être Anbu, hein ? Dit Elzingor. Que quelqu’un comme moi puisse atteindre
l’élite… c’est presque un rêve.
Ryôken Kakashisama regarda Camus droit dans les yeux et lui posa une question
étonnamment détaillée.
- Avec les privilèges et avantages dus à notre position ? Accès aux informations
top-secrètes, aux rapports de mission et aux compte-rendu détaillés ?
Namikaze le regarda sans ciller et confirma de la tête. Le garçon n’était pas comme
ses camarades, ni même les autres recrues.
Kakashisama passa une main sur la tête de son loup, qui semblait comprendre
exactement tout ce qui se passait, peut-être même plus que les humains présents
autour de lui. Il aboya pour encourager son maître qui tendit sa main à Camus,
comme un égal.
- Nous sommes donc tous partants, ajouta Elzingor. Vous pouvez vous préparer
à décoder le parchemin, dit-il. On reviendra avec dans moins d'une heure.
67
Pays de la Rivière, demeure de Gatô
Une trentaine de minutes plus tard, en pleine nuit
- Sacrée ouïe, comme toujours, dit Elzingor en lui tapant sur l'épaule. Comme on
n’a pas le droit de leur taper dessus, il faut changer notre plan. Une idée ?
- Il y a bien le canal qui amène l'eau pour son jardin, mais il doit être obstrué par
une grille. On a le droit d'abîmer un peu, non ? Suggéra Archiza.
- Je pense que oui... dit Elzingor. Archiza, tu passeras par là en découpant la grille
avec tes fils d’acier. On utilisera ce chemin comme accès.
- Fenrir va rester dans la ruelle près du point de sortie, dit Kakashisama en lui
donnant une friandise à croquer. Il nous avertira en cas de problème.
- Je m'occupe de relier jardin et maison, dit Elzingor. J'ai la technique idéale pour
qu'on entre inaperçus.
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- Pas LUI quand même, dit Archiza en le voyant se mordre le pouce. Super... il
manquait plus que cette saleté de pervers.
- Ah, ça fait longtemps les gars... et surtout toi, ma poule. Comment tu vas Archi-
chan ? Un petit bisou pour mon retour ?
- Lâche-moi tout de suite, misérable créature, ou je te colle sous terre pour de bon,
dit-elle, pleine de dégoût.
- Des gardes, dit Wana en tournant ses yeux aveugles vers le château. Vous avez
pensé à compter les quatre devant la salle du parchemin, j'espère. Et aussi le mec
en train de piller la cuisine ? A votre place je passerais par le sous-sol, bon il y a
des parchemins d'alarme sur tout le plancher, mais je pourrais facilement les
neutraliser. Ah, j'y suis ! C'est pour ça que je suis là ! Ou alors on doit éliminer le
69
mec qui dort dans un lit au deuxième étage ? Entre nous, on ne devrait pas
approcher un type aussi laid à moins de quinze mètres, mais ça n'engage que moi,
il y en a peut-être qui aime son style. Non, je plaisante, il est vraiment trop moche.
- Mais comment tu peux savoir tout ça, l’interrogea Archiza, presque en colère.
- Quoi ? L'odeur, les vibrations de l'air, les sons... c'est pourtant facile de
différencier un mec qui dort d'un mec qui pille un placard avec une tome de
fromage de chèvre. En plus il n’a pas fini d'être affiné ce fromage, ce mec n'a
aucune notion de fromagerie, c'est dingue !
- Je mets les gardes dans le vent avec mon Genjutsu, dit Kakashisama, et tu voles
le parchemin. Archiza le ramène à la sortie.
Dans le silence de la nuit, Archiza s'immergea lentement dans l'eau glaciale d'un
petit fleuve tranquille et plongea dans la canalisation privée sans faire le moindre
bruit. Elle trancha les barreaux de la grille avec deux fils de sa conception.
Saupoudrés de diamants broyés, ils étaient tranchants comme des sabres affûtés.
Elle en portait constamment une large bobine fixée à sa tenue. Elle déposa les
barres au fond de l’eau, et nagea quelques mètres de plus avant de remonter
lentement à la surface. Pas un bruit, pas un mouvement dans les jardins aux
alentours.
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Elle se hissa sur le rebord et se glissa derrière un arbre, frissonnant à cause du vent
glacé qui soufflait sur sa peau trempée. Elle enroula un fil d'acier trempé dans de
l'encre noire autour du tronc de l'arbre et déroula le câble jusqu'à une large pierre.
Elle attacha une petite clochette à une extrémité et répéta l'opération plusieurs fois
pour sécuriser un périmètre de sortie pour ses camarades. Elle trouva un Senbon
peint en noir dans sa pochette à équipement et observa autour d'elle, les yeux
fermés, à l'affût du moindre bruit. Le silence, encore.
Elle envoya le Senbon par-dessus le mur d'enceinte pour qu’il retombe là où ses
camarades l’attendait. Quand l’arme se planta en silence devant eux, Kakashisama,
Elzingor et Wana plongèrent silencieusement dans l'eau et parcourent le même
trajet que leur camarade. Après quelques minutes, ils ressortirent dans les jardins
et rejoignirent Archiza, accroupie derrière de gros rochers décoratifs.
Wana plongea sa tête dans le sol et commença à creuser en silence pour atteindre
les fondations en bois de la demeure. Kakashisama renifla brusquement et tapota
sur l’épaule d’Elzingor pour lui signifier d'arrêter.
- Ça vient du château. Dans les étages supérieurs. C’est tout ce que je peux dire.
La Moguranin (Taupe Ninja) enfonça ses longues griffes au-dessus d’elle, trouvant
les lattes du plancher. Lentement Wana les arracha et les passa à Elzingor dans le
tunnel.
- J’envoie du Chakra en continu dans mes pattes pour neutraliser les pièges. Avec
ma vitesse, même les plus évoluées des Kibaku Fuda n’ont pas le temps de
71
s’amorcer. J’suis tellement doué, c’est effrayant parfois… dit Wana en ralentissant
la cadence. Pièce nettoyée, je passe en mode portable, Kyôaika no Jutsu
(Technique de Rétrécissement).
Ils avançaient comme des ombres, esquivant les patrouilles grâce aux sens
surdéveloppés de Wana. Ils se tournèrent alors vers Kakashisama qui acquiesça et
forma un sceau.
Des plumes blanches tombèrent lentement dans le corridor boisé, plongeant les
gardes dans une puissante somnolence, mais sans les endormir complètement.
Elzingor admira silencieusement le talent de son camarade à doser une technique
de ce style avec autant de précision. Kakashisama décroisa les mains, et leva le
pouce vers son camarade quand sa fréquence radio d'urgence grésilla dans son
oreillette.
Elzingor brisa la fenêtre devant lui et grimpa sur le toit. Il attrapa la sentinelle de
l’étage du dessus par la cheville, l’envoyant s'écraser au pied du bâtiment. De là-
haut il aperçut Archiza aux prises avec une dizaine de ninjas en tenue officielle du
Pays de la Terre.
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- Kakashisama ! Archiza a des ennuis ! S’écria-t-il.
*C’est de la poudre noire mélangée à des épices fortes pour en masque l’odeur ! *
Elle recula en déviant des Shurikens lancés par ses ennemis avec son Kunai, se
plaçant devant le corps inerte de son camarade pour le protéger. Elzingor arrive à
son tour et dévia les projectiles, légèrement sonné par l’explosion.
*Heureusement qu’il m’a poussé hors de la déflagration… mais on est pas encore
sortis d’affaire. *
- Votre camarade est déjà hors du coup, dit-il. Vous êtes à notre merci. Que
devons-nous faire d'eux, Gatô-san ?
Un petit homme qui jouait avec ses moustaches, gros et répugnant, leva sa canne
et pointa Archiza.
- Gardez-là moi de côté pour l'interroger. Tuez les deux autres et cachez leurs
corps. Faites ça rapidement messieurs, je paie une fortune dans cette opération.
Au moindre problème, vous perdez le contrat.
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- Ne vous en faites pas, monsieur.
Archiza n'avait pas besoin de plus pour sauter sur le mur d'enceinte de la propriété
et se lancer à la poursuite de Gatô. Trois ninjas tentèrent de l’arrêter mais une
immense rafale de vent les repoussa contre le sol. Elzingor formait déjà une autre
série de sceaux pour saisir l’opportunité offerte par son attaque surprise.
Le sol s'effondra sous les pieds d’un groupe de ninjas, alors que la taupe surgissait,
déchirant les torses de ses adversaires avec son énorme patte griffue auréolée de
Chakra bleuté.
- Si vous voulez toucher une bonnasse, faudra trouver quelqu’un d’autre qu’Archi-
chan. Elle est à moi celle-là !
La main de la jeune fille commença à prendre une teinte blanchâtre, aussi solide
qu’une pierre. Elle se releva et retourna Gatô d’un coup de pied, le voyant
74
lentement couler sur le sol comme une flaque de boue, ne laissant derrière lui
qu’une rune de papier au sol, active.
Elle recula d’un pas mais sentie sa jambe coller au sol, elle se changeait en une
véritable statue, recouverte d’une fine couche de plâtre. Elle était maintenant
complètement figée sur place, lorsqu’un homme quitta sa cachette dans les bois
pour l’approcher, passant une main sur son visage figé.
- Je sais que tu m'entends. Gatô paie une fortune pour sa sécurité, et il semblerait
qu’il ait eu raison de dépenser cher pour nous avoir. Tu aurais dû te méfier de voir
un idiot comme lui partir sans le moindre garde du corps, c'était plus que suspect,
dans la forêt et de nuit. Je t’ai leurré ici sans le moindre effort, tu ne peux que
maudire ton mauvais sens de l’observation.
- Les gens qui savent neutraliser un Fûinjutsu (Technique de Sceau) sont peu
nombreux, et je pense que tu n’en fais pas partie.
Il tapota avec le Kunai sur le bandeau frontal d’Archiza, glissa une main le long
des formes de la jeune fille et planta violemment son poignard dans sa cuisse,
créant un petit nuage de poussière blanche en perçant le plâtre.
- Les gens de ton village ont tués mes parents et mon frère pendant la dernière
guerre.
Il remua son arme faisant couler le sang le long de la statue qu’il avait créé. Elle
hurlait intérieurement, mais était incapable de laisser échapper le moindre son,
même lorsqu’il enfonça davantage la lame, déchirant le muscle et ressortant de
l’autre côté. Il ressortit son arme et tapota Archiza comme pour lui dire « Non,
pas encore ». Il tourna autour de la Kunoichi, glissant ses doigts sur son dos, ses
cheveux, son ventre, hésitant sur la cible à frapper. Un bruit résonna dans son
oreillette, et il soupira, agacé.
75
- Quoi, encore ?
La voix d'Uchiha Amÿa qui avançait vers lui, Sharingan activé, était glaciale.
Un craquement retentit derrière lui et un bras passa autour de son cou en même
temps qu’un impact à l’arrière du genou le fit tomber à terre, dans une prise
d’étranglement. Pris de panique, il sentit à peine la longue chevelure d’Archiza lui
caresser le visage alors qu’elle murmurait à son oreille.
Elle serra sa gorge si fort que ses yeux se révulsèrent alors qu'il essayait vainement
de se relever, écrasé par la jeune fille, appuyée de tout son poids contre lui. Amÿa
s'approcha en courant, levant une main.
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- Merci d'avoir attiré son attention. Ça ne serait pas arrivé si j’étais plus rigoureuse
sur les Fûinjutsu. J’ai toujours laissé Elzingor gérer ce genre de trucs avant, mais
on dirait que je n’ai plus d’excuses pour ne pas me renseigner davantage.
- J'ai utilisé mon Chakra pour augmenter ma force physique, j’ai lu ça dans un
traité médical une fois. Mais j’ai pas vraiment maîtrisée le truc, je crois bien que je
me suis brisé une côte.
Le dernier Chuunin s'écrasa contre le mur alors que Kakashisama relevait sa garde,
le souffle court. Fenrir relâcha la pression de sa mâchoire de la gorge de son
adversaire, laissant Namikaze Camus l’inspecter, dans un calme absolu, au milieu
des corps.
- Des Chuunin du Pays de la Terre, dit-il. Si Gatô a pu se payer des ninjas d’une
des Cinq Grandes Nations Shinobi, c’est qu’il ne tient pas du tout à ce que l’on
découvre ses petits secrets. Il ne s’agit plus de simples soupçons, il cache quelque
chose de suspect. Ton loup a eu le bon réflexe de venir nous chercher, Amÿa et
moi. Il est très intelligent.
Fenrir bomba le torse et lécha la main de Kakashisama qui s’était agenouillé près
de lui pour le caresser.
- Kakashisama a été incroyable, dit Elzingor, allongé sur le dos, haletant. J'ai vite
été à court de chakra et il a tenu presque tout le combat seul jusqu’à votre arrivée.
- Ton attaque initiale a balayé la moitié d'entre eux, dit son camarade en s'essuyant
le front.
77
- Et toi et Archiza qui m'avez couvert le temps que je reprenne mes esprits.
Camus les regarda se renvoyer des compliments en souriant et leur lança une
enveloppe noire à chacun.
- C’est quoi ?
- Je m’ennuie… dit Amÿa en baillant, étalée les bras en crois sur une grande table
en bois installée au milieu de la pièce.
- Senpaï… ? Râla Amÿa en faisant traîner sa voix, comme elle adorait faire pour
l’agacer. Pourquoi on fiche rien depuis notre retour ? Vous n’êtes pas sûr des
suivants sur votre liste ?
Assis à une table dans un coin cuisine, il lisait un rapport de mission en buvant un
verre de lait frais. Il tapota la table du doigt et chercha à l’aveugle deux dossiers
qu’il poussa vers Amÿa sans regarder. Sur le premier, Amÿa vit un beau jeune
homme à peine plus âgé qu’elle, avec des cheveux bruns tombants et des yeux
blancs. Elle reconnut immédiatement l’autre grand clan de Konoha.
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La photo était très différente. Le ninja était à moitié hors du cadre, l’air endormi
et les yeux presque fermés. Il avait la bouche grande ouverte et se grattait l’oreille
d’un air distrait.
- Nara Saintnemo, dit-elle. Un membre du clan Nara, ils sont réputés très malins.
Même mon frère me dit « Ne sous-estime jamais un Nara ». Ils sont que deux ?
On ne vise plus d’équipe complète ?
- Ils sont de la même équipe, le troisième membre est mort au combat pendant la
guerre. C'était un membre du clan Kuma aujourd’hui disparu.
- Les manipulateurs d'ours. C’est tragédie qu'on raconte lors des réunions du clan
Uchiha, dit Amÿa en baissant la tête. Leur famille a été décimée lors d'une mission
contre le Pays de la Terre. Nous en parlons souvent pour apprendre aux plus
jeunes qu’être membre d’un clan noble fait de nous la cible prioritaire.
- Comme toujours. On va où ?
- Je croyais que seuls les Jounin pouvaient se rendre au Pays de la Pluie, dit-elle en
l’accompagnant hors de la grotte. A cause des tensions avec le Pays du Vent ?
Amÿa reporta son attention sur les dossiers qu’elle tenait encore dans les mains,
et soudain ouvrit grand la bouche, choquée.
79
Pays de la Pluie, près de la frontière avec le Pays du Vent
Quelques heures plus tard
- Saintnemo, réveille-toi, dit Hyûga Ryûkuro en lui donnant une tape sur l'épaule.
Je ne vais pas faire tout le travail tout seul encore une fois.
- Lâche moi un peu, tu veux ? Il n’est pas encore là, non ? Alors pas la peine de se
prendre la tête pour rien.
Hyûga Ryûkuro jeta un œil hors de la grotte où ils s'étaient abrités de la pluie à la
demande de son ami. Il se retourna vers lui et soupira.
- On élimine les axes principaux trop surveillés, et les chemins trop escarpés. Il est
pressé et n’a pas de temps à perdre à escalader des falaises ou nager dans des
fleuves agités. Il passera par ce col, qui n’est ni le plus évident, ni le moins évident,
ni même le juste milieu. C’est tout simplement le compromis idéal entre chemin
pratique, discrétion et vitesse de fuite.
- Tu analyses beaucoup trop, il n'est peut-être pas aussi malin que toi, tu sais.
80
- Personne n'est aussi malin que moi. Mais comme il échappe à son gouvernement
depuis assez longtemps pour énerver leur Kage au point de quémander un
partenariat avec le Pays du Feu, je pense que ce n'est pas un imbécile.
Le Nara ouvrit les yeux d’un air sérieux, son regard soudain vague et lointain. Sa
voix se fit presque un murmure et son ton bien plus sombre.
- Ce n'est pas ce genre de mission qui va changer le monde. Toshio était persuadé
qu'en allant avec son clan dans un autre pays pour une mission diplomatique, il
arriverait à changer l'Histoire. Ça lui a valu une embuscade et une mort
prématurée.
- Non... pour changer le système il faut de vrais héros. Des gens qui agissent, sans
parler dans le vent pendant des heures, qui sont dignes de confiance et que les
gens respectent. Des symboles incorruptibles, pas comme les politiciens.
- Il n’y a qu’une chose qui unit des guerriers : un ennemi commun. Dans notre
monde, seule la guerre peut servir de prétexte à la paix. Et seuls des hommes
puissants peuvent l’imposer, comme le Shôdai Hokage et Uchiha Madara ont
fondés Konoha et mis fin aux Guerres Incessantes. L’Eclair Jaune pourrait
accomplir un truc pareil. J’espère.
81
Ryûkuro savait pertinemment que Saintnemo ne se livrait à ce genre de discours
qu'avec lui. C'était le genre de moment où la nature fainéante et l'apparence je-
m'en-foutiste de son ami s'estompaient, dévoilant le stratège à l'analyse aiguisée.
C'était bien un Nara, héritier des esprits les plus craints de tout le monde ninja,
une des dernières familles nobles descendantes des grands clans de l’époque des
Guerres Incessantes.
Si Ryûkuro se sentait si proche de son ami, c'était pour sa vision mature des choses,
sa capacité à penser avec une lucidité propre aux siens. Il se demandait souvent
comment faisaient les autres ninjas, sans un Nara pour leur expliquer les choses
avec autant de finesse. Avec Saintnemo, ils formaient un duo en or, symbolisant
parfaitement la force des clans nobles de Konoha.
Son père lui avait expliqué autrefois qu'être né dans un de ces clans faisait de lui
un modèle à suivre pour beaucoup de gens, un être envié et jalousé pour d'autres.
Sa noblesse, il ne devait pas la montrer par le sang mais par les actes. Et Ryûkuro
Hyûga vivait sous ce mantra.
- Mon Taijutsu est peut-être meilleur que le tien, dit Ryûkuro en sortant sous la
pluie, mais ton cerveau a encore frappé. Il y a un mouvement flou de Chakra à
quelques kilomètres d’ici, qui essaie de se camoufler en troublant son émission
avec une technique que je ne connais pas. Ça gênerait pas mal de techniques de
repérage, mais pas mon Byakugan.
- Voilà comment il fait pour éviter les Oinin (Ninja Traqueurs) du Pays du Vent
depuis aussi longtemps. Tu arrives à comprendre sa technique ?
- Non. Si je devais la qualifier, je dirais que c’est une sorte d’écho de soi-même,
avec du Chakra.
82
- Un genre d’image résiduelle. Ce n’est pas idiot et loin d’être à la portée de tout le
monde.
Il fit signe à son ami d'ouvrir la route, tâtonnant sa pochette à matériel. Après une
dizaine de minutes, ils arrivèrent près d'une route sinueuse sur le bord d'une
falaise, surplombant un cours d'eau.
- Les deux viennent par ici, dit Ryûkuro. Le type et son écho.
- Quand ils seront sur le chemin, on fera sauter les rochers avec des Kibaku Fuda
(Runes Explosives) pour les bloquer. Si on arrive à frapper les deux en une fois, on
aura pas à se poser la question duquel est le vrai. Et sur une route si étroite, soit ils
se suicident en plongeant dans le vide, soit ils seront obligés de passer par nous.
Enfin, par toi, j’ai déjà trop donné de moi-même aujourd’hui.
Le shinobi de rua vers Ryûkuro, son bras auréolé d'un vent tranchant comme la
plus aiguisée des lames. Saintnemo regardait toujours l'écho de chakra, quelques
mètres derrière plus loin, et fût surpris de voir qu'il ne disparaissait pas, mais qu'il
se ruait en avant lui aussi.
83
Le jeune Jounin de Konoha forma une série de sceaux alors que son esprit
bouillonnait, puis il décida de trahir sa couverture, sûr de lui-même lorsque son
esprit arriva à une conclusion.
Un fil noir serpenta sur le sol avec une fluidité surnaturelle, s'interposant entre les
deux combattants et l'écho de chakra qui s'arrêta immédiatement dans sa course,
comme soucieux de cet étrange ombre au sol. Le Nara sauta sur la route,
impassible.
- Tu m'expliques ? Dit Ryûkuro qui se plaçait à ses côtés. Pourquoi as-tu trahi ta
position ?
- Quoi ?
- Il a percé notre secret, mon frère... dit le deuxième, alors que son étrange aura
disparaissait. Tu es sacrément observateur, personne n’a jamais percé le secret de
notre technique auparavant.
- Il y avait une ambigüité sur le prénom de la cible dans les rapports : Paku ou bien
Baku. Je pense que le Pays du Vent a voulu nous laisser dans le flou volontairement
pour cacher ce « détail ». Et puis je ne connais pas un seul ninja digne de ce nom
qui maintiendrait une technique de ce style active après avoir engagé le combat,
ce serait trop de Chakra perdu. De plus, Monsieur « Echo » s’est méfié de mon
Kagemane, que j’ai volontairement fait passer dans ton angle mort, et à ma
connaissance une technique n’est pas dotée d’un instinct de survie.
Les deux jumeaux ricanèrent en même temps, ce qui arracha un air dégoûté au
Nara.
84
- Tu es intelligent, ninja de Konoha. Personne n'avait jamais percé le secret des
frères Paku et Baku de Suna. Toi, tu es un Hyûga, n’est-ce pas ?
- J’ai toujours voulu voir si vous étiez aussi forts qu’on le dit… si votre maîtrise du
Chakra égalait la nôtre !
Saintnemo Nara soupira, leva les yeux au ciel et s’accroupi, formant un sceau avec
ses doigts.
- Quelle journée de merde, sérieux... Il fait froid et je suis trempé par cette maudite
pluie. J'ai dû me creuser la tête et en plus je dois me battre. Quand on rentrera au
village, je me reposerais deux semaines avant d’accepter la moindre mission.
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Quittant les étendues ensablées du désert, l'équipe de traque s'arrêta sur un
chemin rocailleux, inspectant les environs où une pluie intense battait son plein.
- Ils sont passés par là... dit l'un d'entre eux. Il y a un Chakra résiduel sur cette piste,
mais vraiment complexe à identifier. Baku et Paku nous donnent vraiment du
mal…
- Les traîtres doivent mourir, dit celui qui semblait commander. Il n’y a pas de
place pour ce respect que j’entends dans ta voix.
Son adversaire était à quelques centimètres d'une chute mortelle, mais le Nara était
couvert de blessures et saignait abondamment.
- J'ai fermé tous les Tenketsu de son bras droit, il ne peut plus libérer de Chakra
de ce côté. C’est bientôt terminé.
- Ne crois pas que je vais te laisser faire ! S'écria Baku. Fûton : Kaze no Ôyaiba
(Technique de Vent : Grande Lame de Vent) !
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- Ninpô : Kage Nui no Jutsu (Art Ninja : La Broderie de l'Ombre) !
Les fils noirs au sol se multiplièrent, quittèrent la surface pour se planter dans le
corps de l’ennemi comme des lames acérées et le plaquèrent face contre terre, dans
une flaque de sang. Saintnemo se releva lentement et marcha vers son ennemi en
maintenant sa prise pour l’empêcher de bouger. Il fouilla sa poche et plaça un
papier sur son adversaire.
- C'est une rune paralysante écrite par la Conseillère Utatane, dédiée aux
arrestations de Nukenin. Tu ne pourras pas t'en libérer sans aide extérieure.
Ryûkuro ?
Soudain, les corps des jumeaux s'élevèrent en l'air, leur arrachant un cri de terreur.
Saintnemo regarda Ryûkuro, incrédule, qui lui indiqua de la tête qu'il n'avait rien
à voir avec ce qui se passait.
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Les fils d'ombre quittèrent la paroi de la montagne et attrapèrent les deux corps
en plein vol, s’enroulant autour de leurs chevilles comme deux fouets. Le Nara
grimaça sous la difficulté de la manœuvre, surtout après un combat.
*C’est impossible… je ne devrais pas autant galérer à les tenir, même dans une
telle position. C’est comme si… *
Son camarade activa son Byakugan et son visage devînt blême. Il suivait quelque
chose d’invisible du regard, trouvant un homme couvert par une capuche, assis
sur les rochers.
- Nous travaillons en accord avec votre gouvernement, dit Saintnemo dont le front
perlait de sueur. Nous avons capturé ces Nukenin pour vous !
La capuche de la chose tomba sur le côté, balayée par le vent et la pluie, dévoilant
un jeune garçon au visage vide et inexpressif. Il ouvrit alors sa bouche dans un
craquement atroce et laissa rouler au sol des sphères de métal, recouvertes de
parchemins.
- Qu'as-tu fait ?! S'écria un des Jounin, l'air terrorisé. Tu as tué deux ninjas de
Konoha ! Tu es devenu complètement fou !
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Un fil de Chakra s'enroula autour de son cou, le tirant avec une telle force qu'il
décolla du sol et fut propulsé dans le gouffre lui aussi. Les deux Chuunin encore
présent se regardèrent et commencèrent à fuir. Le marionnettiste se retourna vers
eux et ouvrit lentement sa bouche dans un bruit de craquement boisé, envoyant
un déluge de Senbon devant lui. Les aiguilles se fichèrent dans le dos, les jambes,
les bras et la nuque des deux fuyards, les faisant chuter au sol.
Il cracha alors du sang et retomba sur le dos, secoué de spasmes, de l'écume aux
lèvres, tout comme son camarade. Le sinistre ninja au visage impassible approcha
et les regarda sans la moindre pitié.
- Un poison à effet rapide. Voyez comme j’ai pitié de vous, malgré votre trahison
et votre lâcheté. Cet imbécile de Kazekage n'aurait jamais dû m'imposer une
équipe. Il faudra bientôt que je l'élimine lui aussi.
- Tu paieras pour ça... dit l'un des deux en tremblant. Sois maudit, Sasori !
- Oui, oui… dit-il en se dirigeant vers la falaise, laissant son regard chercher dans
le fleuve déchaîné. Une bonne chose de faite.
Dans les flots déchaînés du torrent, une main agrippa une racine proche de
toutes ses forces et une tête émergea hors de l'eau. Ryûkuro Hyûga reprit son
souffle et utilisa ses dernières forces pour hisser Saintnemo sur la berge. Son
camarade lui attrapa l'autre main et l'aida à grimper à son tour, puis ils se laissèrent
aller sur le dos, épuisés.
- Me...merci, Ryûkuro.
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- Je sais pas, mais il a réussi son coup, dit Ryûkuro. Je n’ai pu amortir que notre
chute avec le Hakke. Paku et Baku ont dû s’éclater les os à l’impact…
Il se redressa et scruta les alentours avec son Byakugan avant de tapoter sur
l'épaule de Saintnemo.
- Ouais, ben j’ai une mauvaise nouvelle, dit Saintnemo. Je suis complètement
claqué, je pourrais pas me déplacer avant quelques minutes là.
- Alors c'est foutu pour nous dit Ryûkuro en se relevant, se mettant en garde. Je
ne me laisserai pas mourir sans combattre.
- Ouais, si tu veux... dit Saintnemo en croisant les bras sous sa tête. Moi, je vais
dormir.
- Une bien belle image finale pour notre duo. Tu resteras le même jusqu'au bout.
- Quoi ?
- C'est juste que les Chakra que tu sens sont sans doute des renforts de Konoha. Je
ne t’ai pas dit qu'on avait reçu un message quand tu étais allé pisser avant qu’on
parte intercepter les deux affreux ?
- Espèce de...
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- Veuillez m’excuser de vous infliger ça, dit Ryûkuro qu'Uchiha Amÿa aidait à
marcher. Sans votre aide, qui sait ce qui nous serait arrivé.
- Rien. Il ne nous serait rien arrivé, dit Saintnemo que Camus aidait à marcher. Le
pire dans toute cette histoire c’est de ne pas avoir ramené les prisonniers et de ne
pas avoir la moindre piste sur le marionnettiste responsable de tout ce fiasco. Les
tensions vont augmenter entre nos deux pays et on va se prendre un savon par le
vieux Sandaime. Et pour couronner le tout, on va se prendre des missions de
merde pendant des mois en représailles.
Namikaze Camus lui tendit une enveloppe noire, souriant. Le Nara la prit et le
regarda, méfiant.
- Et c'est quoi ça ?
- Une opportunité d’intégrer une nouvelle unité spéciale de l’ANBU sous mon
commandement. Plus de missions de merde, dit Camus. Plus jamais.
- Intégrer l’ANBU est un grand honneur, dit Ryûkuro. Plusieurs Hyûga en font
partie, mon clan est très prisé par les services secrets. J’avais moi-même l’espoir
d’en faire partie un jour.
- Et bien voilà ta chance, dit Amÿa en lui souriant. Mon maître vous a choisi parmi
des centaines de ninja potentiels.
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- Les services secrets ça implique beaucoup de travail, dit-il. Mais au moins les
missions ne seront pas chiantes, je suppose.
Namikaze Camus restait à l’écart pendant qu’Amÿa serrait son frère Shisui
dans ses bras, manifestant une tendresse évidente. Elle enlaça brièvement un autre
Uchiha aux cheveux noirs et au teint cireux, le génie de sa génération, Itachi.
Camus avait entendu le Sandaime dire énormément de bien du garçon, le
considérant comme un sérieux candidat au poste d’Hokage dans quelques années.
Amÿa accompagna Itachi un peu à l’écart, sur les instructions de son frère, qui lui
approcha de Camus. Ils avaient parlé quelques fois depuis que Camus partageait
son rôle de tuteur pour la jeune fille.
Shisui observa Itachi qui semblait impassible, esquissant un léger sourire, alors
qu’Amÿa le bombardait de questions et d’anecdotes. Son frère parla d’un ton
calme et sérieux.
- Aucun d’entre nous n’est éloigné du danger, les guerres en sont une preuve. Les
ninjas seront toujours en première ligne, les civils seront encore les premières
victimes. Je préfère qu’elle devienne suffisamment forte pour ne plus avoir à
m’inquiéter pour elle, et je sais qu’elle en a le potentiel.
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- Je le pense aussi, dit Camus, exhibant une certaine fierté. Amÿa est un diamant
brut, mais ne le lui dit jamais… elle serait insupportable.
Shisui posa une main compatissante sur l’épaule de Camus et fit une moue mi-
triste, mi-amusée.
- Vous n’êtes pas encore parvenu à lui donner une attitude civilisée, mais il y a du
progrès. A nous deux, nous en ferons peut-être un jour une jeune femme
respectable.
Alors qu’ils s’éloignaient, Itachi rejoint son meilleur ami et lui parla de sa voix
calme et rassurante.
- Je sais, dit Shisui. Prie les dieux pour ne jamais connaître l’inquiétude qu’on
éprouve pour sa petite sœur.
- C'est ici dit Ryûkuro en posant son sac. Quelle nostalgie, je n’étais pas revenu ici
depuis longtemps !
Face à lui se dressait un long grillage qui encerclait une immense forêt aux arbres
sombres, aussi hauts que les plus grands bâtiments de Konoha. On y faisait passer
l’Examen de sélection des Chuunin depuis des années. Les souvenirs des
immenses serpents, araignées et autres créatures infectes le firent frissonner. Il y
avait passé trois jours et c’était bien assez.
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- Vous êtes candidats aussi ? Demanda un jeune homme souriant en s'approchant
d'eux, main tendue. Je m’appelle Snakepower, ravi de vous rencontrer.
- Hyûga Ryûkuro, ravi moi aussi. Ne te formalise pas si mon ami ne se lève pas,
dit-il, il est du genre fainéant.
- Un Hyûga et un Nara ? Demanda Pao en lui serrant la main à son tour, rejetant
ses longs cheveux par-dessus son épaule. J'ai hâte d'entraîner mon Taijutsu avec
toi, je n'ai jamais expérimenté le Jûken.
Pao se retourna vers la jeune fille, les yeux brillants, son plus beau sourire affiché.
Il bomba légèrement le torse, prenant soin de montrer son meilleur profil.
Elle lui envoya une énorme gifle qui le fit tomber au sol dans un aspect comique,
provoquant l’hilarité de Kakashisama et d’Elzingor qui se tenaient derrière leur
amie, furieuse.
Saintnemo jeta un œil vers l'agitation et soupira bruyamment, levant les yeux au
ciel.
Ils passèrent une vingtaine de minutes à se présenter, bien plus calmement depuis
que Pao se massait la joue d’un air dépité. Fenrir renifla un à un les membres de
sa meute improvisée, comme pour les jauger, y compris Saintnemo qui croisa son
regard.
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- T’avises pas de me léchouiller ou un truc du genre, ok ? Dit-il d’un air sérieux.
- Salut les minables ! S’écria Amÿa en arrivant par le chemin, levant une main dans
un salut désinvolte.
Elle passa devant eux sans s’arrêter et ouvrit une des portes du grillage avec une
clé avant de se retourner vers eux. Ils s’étaient tous relevés et elle sentit sur elle
leurs regards chargés de questions et de doutes.
- Vos familles sont au courant que vous êtes en mission secrète, dit-elle. Pas de
retour en arrière une fois entré, vous connaissez le deal.
Kakashisama entra le premier avec Fenrir, sans hésiter une seule seconde, suivi
par Archiza, Elzingor et Snakepower. Pao et Jarod suivirent avec Ryûkuro qui se
retourna pour voir Saintnemo inspirer de toutes ses forces.
- Je prends ma dernière bouffée d’oxygène pur. Quelque chose me dit que ce genre
de petits plaisirs de la vie va me manquer rapidement.
- T’as quand même pas cru que j’allais retourner ma veste ? Dit-il. Ok ça va être
fatiguant et risqué, mais quand j’aurais passé ce truc, j’aurais plus jamais une
mission relou de ma vie. Ça vaut le coût. Et de toute façon, si je veux me tirer, c’est
pas le grillage qui va m’arrêter.
- Mon maître a pensé que les équipes de ninjas médecins et les responsables du
Kekkaï de détection du village pourraient s’entraîner ici pendant notre formation.
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Ils vont se relayer ici tous les jours avec leurs apprentis jusqu’à ce que Senpaï leur
ordonne d’arrêter.
- Cherche pas, dit Pao. Quand il est comme ça on peut plus l’arrêter. C’est son
hobby.
- Bon, on peut y aller ? Demanda Amÿa, qui tapotait du pied sur le sol.
Forêt de la Mort
Quelques minutes plus tard
- Moi j’aime bien, dit Amÿa en regardant autour d’elle, comme une enfant. C’est
vachement rigolo comme endroit, il se passe pleins de choses !
- Je crois bien que tu es la première personne que je rencontre qui soit contente
d’y retourner, dit Jarod en grimaçant à la vue d’une sorte de limace de la taille d’un
chien.
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- T’es Genin ? S’étonna Archiza.
- J’ai pas fait l’Académie, ni l’Examen Chuunin, dit Amÿa en jouant avec une
plante carnivore. C’est le vieil Hokage qui m’a nommé Chuunin une fois.
- « Talent exceptionnel », dit-il en citant les commentaires sur les rapports de son
ami Hyûga. On dirait que t’es redevenu un membre ordinaire de la plèbe ici.
- Un calendrier. Gravez les jours dedans pour ne pas perdre le fil du temps passé
ici.
Quand il déplia les jambes pour se lever, il se dégageait de lui quelque chose de
complètement différent que ce que les recrues connaissaient de lui. Même Amÿa
n’avait jamais ressentie ça avec son maître.
- On m’a chargé de former une unité d’élite. Un nouveau concept en quelque sorte,
au-dessus même de l’ANBU traditionnel. Et je vous ai sélectionnés. Savez-vous
pourquoi ?
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- On est tous vachement forts ? Dit Pao en souriant.
- Pourtant il a raison, dit Camus. Oui, vous êtes forts. Tous, sans exception. A
votre âge, peu de ninjas sont aussi capables. Mais il y en a. Certains sont même
plus forts que vous. Alors pourquoi ?
- Parce qu’on a tous une vraie raison d’être ici, dit Kakashisama d’un air sérieux.
Fenrir tourna sa tête vers lui et aboya pour manifester son soutien. Camus croisa
son regard et continua.
- Ça compte, évidemment. Mais c’est parce que je pense que vous êtes
complémentaires et façonnables.
- On peut nous faire rentrer dans le moule voulu, dit Saintnemo. Nous donner les
rôles utiles pour une telle équipe.
- Exactement, dit Camus. Vous êtes tous talentueux et loin d’avoir atteint votre
maximum, très loin même si j’ai raison sur vos possibilités. Je vais faire de vous
les meilleurs Anbu du Pays du Feu. Cette équipe n’a qu’une seule vocation : être
insurpassable.
- On commence par quoi alors ? Demanda Snakepower, frappant ses deux poings
ensemble, impatient.
Namikaze Camus ramassa son masque et le plaça sur son visage, devenant
totalement inexpressif, puis il enfila sa cape blanche et dissimula son corps sous
l’épais tissu. Il avait l’air fantomatique, inhumain… effrayant.
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Amÿa avala sa salive avec difficulté et compris quelque chose.
- Voilà mon maître quand il est sérieux, dit-elle d’une petite voix. Le rival du
Yondaime Hokage.
- Nous allons commencer l’entraînement. Votre instinct est bon, dit-il, vous avez
pris conscience du danger que je représente, mais vos sens ne sont pas encore assez
aiguisés. Ils sont émoussés par la paix et le confort. Avant même de développer
vos talents, je vais vous réinculquer les bases. De la survie, pure et simplement.
- Elle a raison, dit Kakashisama. Fenrir et moi vivons dans la nature et les forêts,
la survie ça nous connait.
- Vous ne devrez pas survivre à la flore et à la faune de cet endroit. C’est en effet
le niveau d’un Genin de s’en sortir dans de telles conditions. Mais vous allez devoir
survivre à votre ennemi, celui qui va vous traquer. Moi.
- Je vais vous harceler et vous poursuivre sans relâche. Pourrir votre existence
jusqu'à ce que vous soyez capables de me repérer et de vous défendre. Je vais vous
humilier jusqu’à ce que vous soyez capables de m’en empêcher. Dorénavant, vous
ne passerez plus un moment sans vous demander quand je pourrais frapper.
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- Ben voilà, dit Amÿa, vous avez gagné. Vous allez en baver, croyez-moi. Bonne
chance à vous.
- Quoi ? Mais je l'ai déjà fait, moi ! Vous ne vous souvenez pas que vous me
harcelez depuis notre rencontre ?
Il disparut dans un nuage de fumée, laissant seuls les jeunes recrues, qui se fixaient,
un peu déstabilisés.
100
- Il s’est peut-être téléporté avec un Jikûkan Ninjutsu (Technique Ninja d’Espace-
Temps) ? Suggéra Jarod. Un type de son niveau maîtrise probablement ce genre
de choses, non ?
- Aucune trace de Chakra résiduelle, dit Ryûkuro qui avait activé son Byakugan.
C’est invraisemblable.
- Et toi, Amÿa c’est ça ? Tu le connais mieux que nous, c’est ton maître après tout.
Comment on fait pour le repérer ?
- Quand il est sérieux, dit-elle d'un ton solennel, levant un doigt professoral vers
le ciel. Ben en fait je n’ai jamais réussi quand il était sérieux.
- Je ne voudrais pas casser l'ambiance, dit Saintnemo, mais vous aussi vous
commencez à trouver que ça craint ou c'est juste moi ?
Forêt de la Mort
Sept mois plus tard
101
- Il n'a plus réussi à capturer l'un d'entre nous depuis plus de quinze jours, dit
Amÿa. Après il fait peut-être exprès pour tenter de nous mettre en confiance.
- La dernière fois que j'ai été capturé il m'a suspendu à un arbre au-dessus d'un
marécage plein de limaces sécrétant des neurotoxines. C'était flippant, dit Pao.
- T'as réussi à te libérer, non ? Dit Jarod en finissant son potage aux herbes.
- Ouais. Je veux pas me lancer de fleurs mais je suis le premier à me libérer seul
d’une capture. C’est la classe.
- Ça serait la classe, dit Archiza, si en te faisant capturer tu n'avais pas ruiné notre
record.
- Et qui a trahi notre huitième campement parce qu'elle a hurlée en voyant un ver
des sables surgir dans la caverne ? Hein ? C'est qui ? Demanda Pao.
- On se calme, dit Saintnemo, qui alimentait le feu. On est tous un peu tendus en
ce moment.
- A part lui peut-être, dit Ryûkuro en indiquant Fenrir de la tête. Ça lui réussit
bien la forêt j’ai l’impression.
- Il a le bon gabarit, dit Kakashisama en toisant son loup. Ce n’est qu’une question
de temps avant que son intellect ne lui permette de communiquer.
Fenrir fit « oui » de la tête. Ils avaient l’habitude désormais, mais au début ils
avaient tous étés surpris par l’intelligence et la subtilité de l’animal, capable de
parfaitement comprendre le langage humain.
102
Ils passèrent quelques heures tranquilles, parvenant même à dormir un peu en se
relayant. Ryûkuro était de garde, lorsqu’il siffla bruyamment, réveillant ses
camarades qui se levèrent comme un seul homme.
Il avait beau avoir passé autant de temps qu’eux dans la forêt, il avait vécu presque
seul pendant ces sept mois, et pourtant sa tenue était à peine abîmée. Ils avaient
d’abord cru qu’il occuperait la tour centrale du terrain d’entraînement, mais il n’y
avait pas installé son campement. Et s’y installer avait été une grosse erreur qu’il
leur avait fait payer.
- Bon. Je pense que vous êtes prêts à commencer le véritable entraînement, dit
Camus en jetant les restes de sa viande sur le côté.
- Range ça, dit Amÿa qui souriait en s’attachant les cheveux en chignon. T’auras
besoin de tes deux mains.
- La première leçon du shinobi, dit Camus en se craquant les doigts, réajustant son
masque d’Anbu sur le visage. C’est le Taijutsu.
Forêt de la Mort
Huit mois plus tard (1 an Avant la Naissance de Naruto)
103
- Je me demande comment ça se passe dehors. Si le ciel est encore bleu, si Konoha
existe encore, si les humains sont encore l’espèce dominante, ce genre de choses…
dit Elzingor, épuisé.
- Je serais prévenu si quelque chose se passait mal, dit Camus en jetant un œil sur
Archiza et Amÿa qui s’entraînaient ensemble.
Amÿa esquiva le coup de sa camarade, lui saisit le poignet et la fit basculer en avant.
Dans le même geste, Archiza lui attrapa le col et l’entraîna dans sa chute, mais
l’Uchiha domina la manœuvre et se retrouva assise à califourchon sur sa camarade,
souriante.
- Huhuhu, gloussa Pao. Super les filles, magnifique combat. Vraiment magnifique.
- Okashira (Chef), dit Snakepower en utilisant le titre de son leader. Vous nous
avez appris toutes les techniques des Anbu : Infiltration, espionnage, stratégie,
torture et interrogation, techniques de fuite et de recherche d’information. Grâce
à vous on a développé nos talents et nos techniques à un niveau qu’on imaginait
même pas. Alors… pourquoi on reste ici ?
- Il reste beaucoup à apprendre, dit Camus en lui tapant sur l'épaule. Vous
m'apprenez aussi beaucoup et vous êtes devenus bien plus forts qu'à votre arrivée,
c'est certain. Mais il n'est pas encore l'heure de sortir de ce cocon.
Forêt de la Mort
Trois mois plus tard (9 mois Avant la Naissance de Naruto)
Les portes du grillage s'ouvraient après dix-huit mois dans l'enfer de la Forêt
de la Mort, laissant les jeunes ninjas quitter le site d'entraînement 44 dans un
piètre état. Tenues sales, trouées et usées, ils voyaient la sphère de Chakra se
résorber dans le ciel, et enfin ils purent quitter les lieux, libérés.
Ils ne se rendaient pas encore compte d’à quel point ils avaient changé, aussi bien
physiquement que mentalement. Tous avaient gagnés en masse musculaire et en
force, particulièrement Kakashisama qui était déjà bien bâti à son arrivée. Amÿa
104
avait grandie et se comportait d’une façon bien plus calme et civilisée désormais,
aussi ironique que cela puisse paraître après avoir passé tant de temps au milieu
des bêtes féroces.
Mais surtout, ils s’étaient liés pour survivre aux monstres, aux maladies et à
Namikaze Camus. Ils étaient devenus une équipe dans l’obscurité de la Forêt de la
Mort, soudés désormais par une réelle amitié et du respect.
- Enfin, dit Saintnemo en levant les yeux vers le ciel, aveuglé par un soleil éclatant.
Mes nuages adorés !
- Plus jamais je ficherais les pieds dans cette forêt, dit Pao en secouant ses cheveux
pleins de boue. C’est une catastrophe capillaire majeure.
- Je sais pas vous, mais j’en assez de la viande de monstre. Je vais dépenser dix-
huit mois de solde en nourriture dans les meilleurs restaurants de Konoha.
- Quelle bonne idée, dit Snakepower qui salivait d’avance. Je donnerais tout pour
manger un plat épicé ! Vous vous joignez à nous ?
- Moi je vais rentrer prendre dix douches, dit Archiza. Hors de question que je
sorte en public avec cette tête.
- Moi je viens, dit Elzingor en souriant. Rien ne se mettra entre moi et de la viande
grillée.
105
Fenrir renifla et ses oreilles se plaquèrent sur sa tête. Kakashisama l’avait aussi
senti et, plus surprenant, Saintnemo aussi.
Tous sauf Amÿa, qui tapa son poing dans sa main, les yeux grands ouverts.
- Je crois bien que la solitude de la Forêt de la Mort l’a bien plus atteint que nous,
dit Elzingor.
106
- Tu parles, dit Saintnemo. Je suis certain qu’il sortait en douce. Il n’était jamais
crade comme nous, et je suis persuadé qu’il a changé au moins deux fois son
équipement.
- Bon Amÿa, dit Archiza, tu vas passer à table ? Tu as dit que tu savais pourquoi il
était aussi enjoué. Tu crois qu’il nous prépare un sale coup ?
- Ça ne peut être que ça, dit l’Uchiha en penchant sa chaise pour mieux repérer où
allait son maître. Elle doit être de retour au village.
- « Elle » ? Interrogea Jarod en laissant dériver son regard vers un petit restaurant
de Ramen où une belle serveuse passait le balai.
Pao se leva et regarda Amÿa dans les yeux d'un air incroyablement sérieux. Il lui
prit les mains et plongea son regard dans celui de l'Uchiha, choquée.
- Amÿa, je veux que tu me dises clairement les choses... L'Okashira sort avec la
légendaire Tsunade ? Petite fille du Shôdai Hokage, Grande-Nièce du Nidaime
Hokage, experte médicale sans égal dans le monde et une des plus belles femmes
de cette planète ? C'est ça que tu es en train de me dire ?
- Euh... oui...
- L'homme qui m'a formé est un modèle pour tous les hommes de ce monde !
S’écria Pao. Je suis fier d’avoir suivi son enseignement !
107
- Suivez-moi, dit Camus en saluant le Yondaime, refermant la porte derrière lui.
Une série de torches s'alluma le long du passage qui s'élargissait mètre après mètre.
Un dallage élaboré commença à apparaître sur le sol, prenant la place de la pierre
brute. Ils arrivèrent dans une grande salle avec quatre colonnes et plusieurs ateliers.
Le long des murs étaient alignés des tenues d'Anbu de toutes les tailles, des stocks
d'armes suffisants pour équiper une petite armée.
Des chaussures, des capes, des kits de soin et des boussoles. Des appareils de
communication, des bâtons, des Ninjatos, des katanas. Du Senbon au Makibishi
en passant par les Kunais et les Shurikens. Les Hyôrôgan, pilules du soldat, étaient
rangées par type dans des gros meubles verrouillés, de la pilule de chakra à la
cicatrisante. De grandes tables étaient disposées de l'autre côté de la pièce, sur
lesquelles étaient posés des kilomètres de parchemin en rouleau avec des pinceaux,
de l'encre et de petites lames pour s'entailler la peau et inscrire des rituels avec son
propre sang.
Fixés au mur derrière les tables, des masques blancs par dizaines, de formes
diverses, et de la peinture soigneusement rangée dans des bacs hermétiquement
fermés. Des crayons et des pinceaux étaient alignés sur une autre table qui faisait
face à une petite porte en bois derrière laquelle étaient enfermés des centaines de
cartes et de plans secrets. Camus se retourna vers eux.
108
- Si nous réussissons cette mission, notre escouade portant actuellement le nom
de code « Ansatsu » (Assassinat) confirmera que son existence est justifiée et que
votre formation n’a pas été inutile. L’ANBU est un groupe de l’ombre, et nous
sommes encore plus secrets qu’eux. Equipez-vous comme il se doit, et veillez à
laisser vos masques blancs. Seul un Anbu ayant réussi sa première mission à le
droit de le personnaliser.
- Cette mission, dit-il en montrant l’enveloppe noire, est la première d’une longue
série, je l’espère. Alors faites-vous honneur en ne vous faisant pas tuer aujourd’hui.
Amÿa, je te nomme Commandant en second.
Elle avala sa salive en silence, mais les autres membres de l’équipe s’en doutaient
depuis longtemps. Naturellement, la jeune Uchiha avait pris le rôle du leadership
dans la Forêt de la Mort, unifiant les autres sous sa bonne humeur et ses coups de
sang. Elle était la plus jeune, mais c’était de loin la plus forte et la plus
indépendante. Elle avait gagné le respect des autres en quelques jours à peine.
- Je m’en montrerais digne, dit-elle d’un ton sérieux qui lui était inhabituel.
Amÿa ajusta les sangles de son plastron, et se retourna vers les autres, tous prêts
et équipés. Ils rabattirent les capuches sur leur tête et Amÿa leur lança à chacun
un masque blanc avant de saisir le sien. Elle se tourna vers son maître qui désigna
une large carte sur un mur.
- C'est bien plus détaillé que les cartes ordinaires, remarqua-t-il. C’est donc ça les
ressources de l’ANBU ?
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- Le Pays de la Rivière.
- Exactement comme Gatô, dit Camus. Les malfrats y trouvent de grands terrains
en zone neutre, qui plus est dans une zone escarpée et difficile d’accès, proche d’un
autre pays dans la même situation.
- Et entrer dans ce pays est facile pour une ou deux personne, mais guère plus, dit
Camus. Les trafiquants se sont installés là grâce à leur fortune et y prospèrent,
sachant pertinemment que nous ne pourrons pas agir assez efficacement ou sans
déclencher de conflit ouvert pour les capturer s’ils décident de fuir du Pays de la
Rivière vers celui de la Pluie.
- Un des ninjas les plus forts du monde, dit Archiza. Celui-là même qui a donné
leur surnom aux Sannin de Konoha.
110
- Toujours est-il, dit Camus en pointant l'extrémité nord du Pays de la Rivière,
que la propriété privée la mieux placée, celle qui permet de quitter le pays en
moins de dix minutes montre en main, appartient à quelqu'un dont le nom a déjà
été prononcé : Gatô.
- Le gros porc ! Rugit Archiza. Il nous a piégés autrefois. Cette minable raclure
peut même se payer des ninjas, il a des accords avec le Pays de la Terre !
- Il ne les a plus, dit Camus. Un camarade Anbu et ses hommes ont monté une
mission il y a quelques mois pour le discréditer, avec succès. Le Pays de la Terre a
coupé les ponts avec lui et le Tsuchikage lui a signifié que s'il revoyait sa tête sur
son sol, il la mettrait au bout d'une pique.
Il se tourna vers Jarod et laissa son regard dériver vers sa jambe factice.
- C’est l’épée de l’homme qui t’as coupé la jambe qui nous a mis sur la piste.
- C'est parce que ce n'était pas une épée ordinaire, dit Camus. Je l'ai confiée au clan
des archivistes, les Hasegawa. Ils ont fait un travail remarquable pour l'identifier
et sont parvenus à trouver une ancienne description qui coïncide parfaitement.
C’était Umikiba, le Croc des Mers. L'une des Sept Epées Légendaires du Pays de
l’Eau.
111
l’avons prise n’en était certainement pas le propriétaire, sans quoi aucun d’entre
vous ne serait en vie aujourd’hui. D'une façon ou d'une autre, il a réussi à mettre
sa main sur l'arme et comptait l'amener à Gatô en échange d’une belle somme
d’argent.
- Pourquoi à lui ? Qui aurait intérêt à acheter une telle arme ? Les ninja du Pays
de l’Eau ne laisseront jamais en paix son possesseur, s’ils le retrouvent. Dit
Saintnemo, sceptique.
- L'évènement que Gatô organise, dit Camus, est une vente d'arme et autres raretés.
Renseignements, parchemins secrets, cartes d’état-major, calendrier des routines
d’inspection, inventaires… Tout ce qui pourrait compromettre une des Grands
Pays Ninjas.
- Nous l'ignorons. Mais une chose est sûre, si Umikiba était représentative de la
vente, on peut craindre d'autres objets de grande puissance.
- Mais aussi des acheteurs, tous plus méprisables les uns que les autres, dit
Ryûkuro en plissant les yeux.
- La crème de la crème des truands et des criminels. Les mercenaires les plus
vicieux et les plus malfaisants. Une opération qui porterait un coup quasi fatal à
leur petit microcosme du marché noir.
- Sans parler du fait qu’un tel évènement mondain doit comporter un comité
d’accueil conséquent, dit Jarod.
112
- On a pas besoin de les capturer vivants, dit Snakepower. On enferme le tout dans
un bâtiment et je fais tout péter. On crame tout et plus de problème.
- Et tout ce qu'ils ont volé par la même occasion, sale bourrin. Dit Archiza,
exaspérée.
- Et alors ? Une arme détruite ne fais de mal à personne, dit Pao en haussant les
épaules.
- Et tu crois que les parchemins secrets sont sortis magiquement de leurs bureaux
et coffres-forts ? S’ils les ont, dit Amÿa, c'est qu'il y a des traîtres. Si on ne récupère
pas les documents, on ne saura jamais ce qui a été volé chez nous. Et on ne
trouvera pas les taupes.
- Okashira, dit Saintnemo. C'est un gros coup pour un civil, même riche comme
ce Gatô.
- Il existe une rumeur persistante depuis quelques temps. C'est même elle qui est
à l'origine de votre recrutement, pour dire toute la vérité. Un groupe de
mercenaires regroupant plusieurs Nukenin de très haut niveau se serait constitué
113
après la guerre. Ce serait dans ce groupe qu’Orochimaru aurait trouvé refuge après
sa fuite de Konoha.
La révélation provoqua un silence et des mines inquiètes. Même Fenrir rabattit ses
oreilles sur sa tête.
- Nous ignorons presque tout d'eux, mais ils existent. Ils se font appeler l’Akatsuki,
les Nuages Rouges. L’ANBU et Jiraiya-sama en ont fait la priorité absolue dans les
menaces qui planent sur Konoha et le Pays du Feu. Nous craignons que Gatô
travaille avec eux, ce qui expliquerait son « courage » pour organiser un tel
évènement.
- Si des Nukenin comme eux mettaient la main sur des armes du calibre
d’Umikiba, ou des renseignements vitaux dans notre défense… commença Amÿa.
- Ils auraient le potentiel de tenir les Cinq Pays Ninjas en otage, ou de déclencher
une nouvelle guerre mondiale, termina Saintnemo.
- C’est pourquoi l’unité secrète « Ansatsu » est née. L’ANBU Squadron est le fer
de lance du programme secret du Pays du Feu pour contrer la menace
grandissante de l’Akatsuki, et de tous ceux qui pourraient représenter une menace
similaire à l’avenir. Et c’est pourquoi, dit Camus d’une voix calme, que nous
partons en première ligne de cette mission majeure, nom de code « Mission
Vertueuse ».
114
sur place. Le reste de l’ANBU empêchera quiconque de s’enfuir, et ce à n’importe
quel prix.
- Dans une semaine, dit Camus. Nous partons ce soir et allons passer quelques
jours sur place. Une fois sur les lieux, nous finaliserons notre stratégie. Rompez.
Assis sur une branche, Pao jeta un regard en dessous de lui, où Ryûkuro
dessinait sur un bloc. Il se laissa pendre par les pieds et observa le portrait de leur
ami Jarod, esquissé avec un trait fin et brouillon.
- Je t'ai déjà dessiné. Trois fois, dit l'apprenti Anbu en reposant son crayon, se
massant la nuque.
- Mon brushing n’était pas à son avantage dans la Forêt de la Mort, dit Pao,
frissonnant. J’ai l’impression que le temps passé là-bas m’a fait oublier ma vie
avant. Comme si vous aviez toujours été là.
- En effet, mon ami, dit Ryûkuro en souriant. Tu veux revoir ton dessin ?
- Pourquoi pas, dit Pao en se laissant retomber au sol dans une pirouette.
- Ça devra attendre, dit Camus en passant avec un grand sac sur l'épaule. Tenzô
m'a ramené de quoi infiltrer la soirée de Gatô pour trois d'entre nous.
115
- Mieux que ça, dit Camus en sortant des vêtements soigneusement repliés.
Archiza, Amÿa, Pao.
Il lança deux kimono et un smoking aux trois appelés qui se regardèrent puis il
jeta une trousse de maquillage aux femmes. Il ouvrit un écrin en bois lustré et
dévoila de superbes bijoux.
- Ah non ! Dit Amÿa. Pas moyen là, fossile ! Vous me voyez jouer la greluche de
ce pervers ?
- Il est hors de question que je porte ça... dit Archiza en tenant un superbe kimono
rouge à motifs floraux devant elle. Ce n’est pas pratique pour se battre, et si je
donne un coup de pied avec ça, on verra ma culotte !
- Non, on ne la verra pas, dit Pao en la prenant par les épaules, le costume déjà
enfilé. La tradition veut qu'on ne porte pas de sous-vêtement avec un kimono, hu
hu hu...
- Retire tes mains de là ou je les coupe ! S'écria Archiza en dégainant son Ninjato.
- Shizuka Kamiya, dit Camus en passant un collier autour du cou de son apprentie,
est une des responsables du crime organisé au Pays de la Foudre, spécialise du
trafic d’arme. Tenzô et son équipe l’ont capturée il y a deux jours sur la route pour
venir jusqu’ici. Personne n'est encore au courant et surtout, personne ne connait
son visage.
- Les truands n'aiment pas traiter face à face d’ordinaire, commenta Saintnemo.
Ça leur coûtera cher ce soir de ne fonctionner qu’avec des intermédiaires.
116
- Elle est aussi connue, dit Camus en ramassant un superbe Katana qu'il avait pris
dans le sac, pour posséder un rare Shakkû Arai. Celui-ci nous a été gracieusement
prêté par le Raïkage, dans un geste de collaboration et d’ouverture. Ne l'abîme pas
s'il-te-plaît.
- Il reste trente minutes avant le début des enchères, dit Ryûkuro. Il faut se
dépêcher si on veut qu'ils infiltrent la soirée sans éveiller de soupçons.
- Allez, les filles, dit Pao. Une de vous à chaque bras, quelques mains aux fesses et
c’est parti.
- En fait... dit Camus en détournant les yeux vers le sol, Shizuka Kamiya est aussi
connue pour autre chose.
Deux colosses armés de masses se levèrent d'un banc pour se placer près des
trois invités en train de passer le point de contrôle. Le Samurai qui inspectait leurs
invitations leva les yeux sur Pao puis sur Amÿa et enfin Archiza.
- Gatô-sama sera ravi de votre venue, dit-il. Il espère que vous, comme tous ses
invités, trouverez ce soir un article qui vous plaira. Les armes ne sont cependant
pas autorisées dans l'enceinte de la vente, alors laissez-moi ce...
117
mains dans les poches. Il frappa en avant, deux fois sans ramener sa jambe au sol,
touchant les tempes des deux gorilles, les repoussant sur le banc.
- Je ne laisserai pas cette arme aux mains d'un imbécile comme toi. Et encore
moins sous la garde des deux gorilles qui viennent d’être étalés par mon garde du
corps.
Archiza s'accrocha a Amÿa puis échangea un rapide baiser sur ses lèvres, lui
prenant le bras pour qu’elle baisse son arme.
- Ne perdons pas de temps ici, mon amour, dit-elle en guidant Amÿa vers l’entrée.
Pao, sur leurs talons, frappa un caillou du pied d'un air dépité et entra à son tour.
- Ils sont entrés, dit Ryûkuro en se retournant vers Kakashisama, Fenrir et Jarod.
C’est parti.
- Ryûkuro, Kakashisama, Fenrir et toi Jarod, vous vous posterez ici, dit Camus en
pointant sur la carte la sortie arrière de la grande propriété. Lorsque l'opération
commencera, j'interviendrai pour épauler l'équipe d'infiltration, mais il se peut
qu'on en rate quelques-uns. S’ils sortent de votre côté et tentent de forcer le
passage vers le Pays de la Pluie, ce sera à vous d’intervenir. Ryûkuro tu seras chargé
de trouver les fuyards avec ton Byakugan. Kakashisama et Fenrir, vous traquerez
ceux qui peuvent dissimuler leur chakra pour l’épauler, je compte sur votre flair.
Jarod, ta capacité à lutter contre plusieurs ennemis est la meilleure du groupe, c’est
pourquoi tu les accompagnes au cas où certains auraient l’idée de combattre.
- Les fréquences d'urgence de nos oreillettes sont réglées sur celles de l'ANBU, dit
Snakepower en tendant les kits de communication. Vous pourrez demander aux
autres équipes de se tenir prêtes si jamais trop de monde arrive à vous passer.
118
- Parfait. Saintnemo, Snakepower et Elzingor, vous prendrez position sur la
grande route de l'entrée principale pour bloquer aussi toute tentative de fuite et
d’éventuels retardataires.
- Si ce sont des civils, une cinquantaine pendant quelques heures si je ne suis pas
dérangé ou attaqué. Si mes adversaires ont un Chakra suffisant pour repousser le
Kagemane, c’est variable, je n’ai pas d’estimation.
- A 21h : Amÿa, Archiza et Pao intègrent la soirée et repèrent les lieux ; 22h : Début
de la vente, je profiterai de cette occasion pour neutraliser le garde en vigie sur le
toit, dit Camus. L'équipe de Ryûkuro prendra position à l'arrière en éliminant la
patrouille qui passera à leur niveau. 22h10 : L'équipe de Saintnemo prend position
sur le chemin et Snakepower installe de quoi envoyer tous les invités surprise sur
la lune en pièces détachées.
- Quel bon plan, dit Snakepower en passant les doigts sur sa pochette à explosifs.
- 22h30 : La vente touche à son terme, c'est probablement là que seront vendus les
objets les plus rares. A ce moment Wana coupera le courant, dit Camus en
indiquant un bâtiment un peu à l'écart. Le temps que le générateur de secours se
déclenche, je descendrai du toit jusqu'à la grande salle en éliminant les patrouilles
en alerte, tandis que l'équipe d'infiltration s'éclipsera pour me rejoindre dans le
hall principal.
- Et c’est là, dit Amÿa qui relevait ses cheveux dans une coiffure élaborée, qu’on
entre dans la danse. Archiza et Pao se lancent dans la mêlée avec moi.
- Pendant votre assaut, je m'occuperai de bloquer la pièce avec des murs de glace,
mais il me faudra quelques minutes selon la configuration de la pièce.
119
- On vous gagnera tout le temps nécessaire, dit Archiza qui finissait de se passer
une longue aiguille dorée dans les cheveux, laissant place à un silence pesant.
Quoi ?
C'était un grand hall de réception, avec une estrade laquelle était dressée une table
richement décorée. Gatô trônait comme un roi dans la pièce, même s'il était de
loin le plus laid et le plus petit, avec un air de parfaite félicité. Devant lui était posé
un parchemin noir entouré par quatre runes, ainsi que de multiples objets.
Pao fit deux pas en avant pour rattraper les deux femmes, et fit mine de venir
prendre leurs commandes.
120
- J'ai aussi repéré, dit Amÿa en lui indiquant le bol de ponch, trois types qui ont
l'air de Samurai. Ils bougent dans la pièce pour repérer les gens.
- Il y a deux sorties sur les côtés, en plus de notre porte d'arrivée, dit Archiza en
embrassant Pao sur la joue, l'air taquin.
- Eh, toi ! Dit une voix alors qu'une main se referma sur son épaule pour le faire
tourner.
Instinctivement, il se retourna le poing replié pour frapper, les genoux déjà fléchis
pour esquiver. Il vit un homme à l'air agressif, qui pointait du doigt par-dessus
son épaule les deux femmes. Pao réussit à se retenir.
- Quoi ?
- Elles sont à toi, les deux nanas ? Combien tu veux pour elles ? Elles me plaisent,
et personne ne refuse rien à Goro Kibaku. Ton prix sera le mien.
La lame du Shakkû Arai se posa sur l'épaule de Goro Kibaku, Amÿa ayant pris un
air menaçant.
- C’est donc à cause de toi que mon serviteur met tant de temps à nous rapporter
de quoi manger et boire ? Espèce de gros porc, tu vas regretter de…
121
- Cet homme retarde mon serviteur et fait des remarques désobligeantes
concernant ma personne et ma cavalière. Je demande réparation de ta part ou je
l'obtiendrai moi-même.
Amÿa rangea son arme dans son fourreau, acceptant un amuse-gueule que lui
tendait Pao. Elle l'avala et passa sa main sur les hanches d'Archiza pour la
rapprocher d’elle.
Ryûkuro surgit entre les membres de la patrouille, envoyant ses deux mains en
avant pour éliminer les Jounin en arrière-garde d'une seule frappe de Jûken.
Kakashisama et Fenrir étaient déjà tombés sur les deux autres, le loup refermant
sa mâchoire puissante pour étouffer les cris alors que son maître étouffait
122
lentement l'autre en serrant sa gorge grâce à une clé. Jarod plongea sur l'éclaireur
qui s'était retourné à cause du bruit et lui brisa le nez d'un coup de genou avant de
l'écraser au sol de tout son poids, son Ninjato planté dans le cœur.
Aucune hésitation, aucune erreur. La patrouille avait été anéantie sans le moindre
bruit, ce qui provoqua un grand sentiment de fierté chez Camus. Il lança un rapide
coup d'œil vers Ryûkuro pour s'assurer que personne d’autre ne traînait et
confirmer la réussite de l’opération quand ce dernier leva un pouce en l’air.
- Wana, à toi de jouer ! Dit Elzingor en tapant sur l’épaule de la grosse taupe ninja
à ses côtés.
Wana plongea sous terre et creusa vers son objectif, alors que les trois ninjas
regardaient leurs chronomètres. Elzingor et Saintnemo prirent place sur la grande
route, le Nara forma un sceau, prêt.
- Maintenant... dit-il, le bouchon est dans l’eau. Faut juste attendre que ça morde.
123
- Le plan des fortifications des réserves d'eau du Pays de la Terre est donc attribué
à Kanpei-san. Félicitations.
Plusieurs applaudissements polis retentirent, mais la salle était bien plus calme
qu’auparavant. Une tension s’était installée.
- Nous arrivons maintenant à la fin de notre vente, dit Gatô en montrant plusieurs
objets sur la table devant lui. Je sais que pour beaucoup d'entre vous, c'est la seule
raison de votre déplacement, et je vous remercie de votre patience.
Archiza accompagna Amÿa qui s’était faufilée au premier rang, son arme à la main,
un air mauvais sur le visage alors que Gatô lisait un parchemin sur le ton d’un
discours pompeux.
- Voici la liste des derniers objets mis en vente ce soir : le plan complet du village
caché de Konoha. Le Bingo Book officiel, et à jour, du Pays de la Foudre. Une arme
forgée par Shakkû Arai, dont nous avons une fervente admiratrice parmi nous ce
soir.
Amÿa fit mine de se montrer très intéressée, observant le sabre posé devant elle
sous toutes les coutures. Gatô souleva alors un bout de roche noire.
- Un éclat de Kaseigan, cette pierre qui neutralise le Chakra une fois raffinée et
purifiée. C'est une pierre très rare, et ce morceau n'est pas ce qui est en vente en
réalité. Au vainqueur je donnerai le moyen de contacter un homme capable de lui
en fournir beaucoup plus.
124
Le brouhaha de la salle s'intensifia, certaines personnes sortaient déjà leur argent
pour voir combien ils pouvaient mettre dans une telle rareté. Gatô jubilait, puis il
souleva le parchemin qui était encerclé de runes.
Alors que les discussions éclatèrent dans la salle, Archiza murmura à l’oreille
d’Amÿa.
- Je ne sais pas, dit Amÿa, mais il ne faut pas que ce parchemin tombe dans de
mauvaises mains. A aucun prix.
125
l'escalier après avoir neutralisé sa dernière cible et entendit la voix de Pao au
milieu de la panique, ainsi que celle de Gatô.
- Okashira ! Verrouillez l'escalier, dit Pao. Les filles et moi, on bloque les autres
accès.
- Très bien, dit Camus en se retournant, formant un sceau. Hyôton : Tôketsu Kagi
(Technique de Glace : Le Verrou de Gel)
Alors qu'il posait ses mains sur le sol, faisant s'élever une paroi de glace, la lumière
se ralluma. Archiza plaquait un homme au sol, lui plantant un Senbon dans la
nuque alors qu'Amÿa utilisait son Katana pour empêcher les gens de sortir. Pao
bloqua un coup de poing et répliqua par une savate dans la gorge de son ennemi
qui s'effondra au milieu d'autres qui avaient déjà tentés de s’en prendre à lui.
- ANBU du Pays du Feu, dit Camus en se relevant. Vous êtes tous en état
d'arrestation.
Un rire retentit dans la foule, et un jeune homme aux longs cheveux blonds coiffés
en arrière s'approcha, les mains dans les poches. Il jurait étrangement au milieu
de cette foule de vieillards et de bandits, avec son attitude d'adolescent rebelle.
- Non, dit Amÿa en détachant ses cheveux, activant son Sharingan. Et c'est bien ce
qui est inquiétant. Senpaï ! Son flot de Chakra est concentré dans ses mains, il
prépare un truc !
126
- « En état d'arrestation » répéta le jeune homme en ricanant. Non, je crois pas.
Hey, Gatô ! T'as merdé ce soir. Ne compte plus sur nous pour faire affaire avec toi.
Considère ta protection comme révoquée.
- Je vous en prie, dit Gatô en se penchant en avant. Ils ne sortiront pas d'ici vivants,
je vous le jure ! Patientez Deidara-san, je vous en prie.
Le dénommé Deidara se retourna vers Gatô et tendit sa main droite vers lui,
dévoilant une chose atroce. Sur sa paume était greffée une bouche grande ouverte,
avec une langue qui passait sur ses dents d'un air gourmand. Pao lâcha une
exclamation de dégoût.
- C’est dégueulasse.
Namikaze Camus s'était rué en avant vers Deidara pendant son moment
d’inattention, conscient de la dangerosité de son adversaire. S'il avait pu échapper
à l'attention d'Amÿa, Archiza et Pao, s'il pouvait effrayer à ce point Gatô et se
pavaner dans cette situation, ce n'était pas n'importe qui.
Deidara se retourna vers l'Okashira et envoya vers lui un petit oiseau blanc à
l’apparence grotesque, comme une sculpture d’argile. Le ninja l'esquiva, mais
Deidara forma un sceau et son sourire s'agrandit dans un rictus sadique.
L'oiseau détonna dans le dos de Camus qui fut propulsé en avant, frappant le sol
et roulant sur lui-même. Il se releva derrière Archiza qui s'était placée pour le
défendre.
Effleurant sa cape de la main, Camus sentit que la veste blindée de l'Anbu avait été
déformée par l'explosion, et sa cape ignifugée avait été percée.
*Bakuton (Elément de l’Explosion) … Non, ce n’est pas juste ça. * Pensa Camus.
127
- Amÿa ! Gatô s'échappe ! S'écria Archiza en pointant du doigt l'homme d'affaire
qui prenait la fuite avec une dizaine de personnes par une des sorties.
- Laisse le partir, ordonna-t-il. Les autres s’en chargeront. C’est celui-là qui ne doit
pas s’enfuir.
- Ah ah ah, tu es fou si tu crois que vous pouvez m'arrêter. Peu importe votre
nombre, je vous réduirais en charpie.
Il plongea ses mains dans ses poches et en ressortit de l'argile blanche qu'il entassa
dans sa bouche, tout en ricanant. Archiza lança un Kunai vers lui mais il esquiva
en sautant en arrière, fixant ses pieds au plafond de la salle avec son Chakra. La
tête pendue en bas, il laissa tomber au sol une sculpture hideuse d'une créature
dotée d'ailes, comme s’il venait de la vomir. La statuette toucha le sol et Deidara
forma un sceau. Amÿa, Sharingan activé, vit un flux de Chakra monumental
accumulé dans la sculpture.
- Ça craint ! Partons d'ici ! Hurla-t-elle, sortant de la pièce, suivie par Archiza, Pao
et Camus. Ce truc va exploser !
Les shinobi se ruèrent dans des directions différentes, le temps jouant contre eux.
- Vous n'avez nulle part où vous cacher. Kibaku Nendo : C2 – Bakushuku (Agile
Explosive : C2 – Implosion) !
128
- Kekkaï Ninjutsu : Shishi Enjin (Technique Ninja de Barrière : Formation des
Quatre Flammes Violettes) !
Ses hommes avaient anticipé la manœuvre, qu’il avait souvent fait répéter au
groupe. Ce Kekkaï était particulièrement efficace pour neutraliser les attaques
massives, dispersant la puissance lors de l’impact, et ils l’avaient tous appris dans
la Forêt de la Mort.
Les quatre ninjas virent le Kekkaï qu’ils matérialisaient se fissurer et leurs mains
trembler pour tenter de le faire résister au souffle. Mais il tînt bon. Camus haletait,
ses mains engourdies par la manœuvre…
Soudain Fenrir jaillit d’un buisson proche, sa gueule refermée autour du bras d’un
homme qui se débattait. Le loup l’entraîna de toute son poids, ses crocs déchirant
la chair, et le fit basculer sur le côté. Kakashisama bloqua un coup de poing et fit
basculer son opposant par-dessus son épaule, l’abattant violemment contre le sol,
appuyant son genou sur sa gorge pour lui faire perdre connaissance, tout en
tordant son bras pour le maîtriser.
- J'en ai rattrapé quelques-uns, dit-il, mais ils étaient trop nombreux pour nous.
L’ANBU va avoir du travail à la frontière.
129
- C'est ma faute, dit Amÿa. J'ai été distraite par ce type et ils me sont passés dans
le dos. Je ne sais pas ce qui m'a pris.
- Tu t'es inquiétée pour moi, dit Camus. Une grossière erreur. Mais j’apprécie
l’attention pour le « fossile ».
Il passa une main affectueuse dans les cheveux de son apprentie et se retourna vers
Jarod qui arrivait, essoufflé. Quelques centaines de mètres derrière lui, une masse
d'acier à forme humaine plaquait au sol des dizaines de personnes avec ses
gigantesques mains.
- T'as pas fini de jouer ? Dit Saintnemo qui transpirait en maintenant son sceau.
Y'a des gens qui bossent ! Ça te dirait de venir m'aider ?
Snakepower griffonnait dans un petit carnet noir, ignorant totalement que son
camarade maintenait à lui seule une quarantaine de fuyards, bloqués dans son
Kagemane. Il rangea son carnet et vint aider Elzingor à assommer les prisonniers
et à les ligoter.
- C'était plutôt calme ici, dit Elzingor dans sa radio. Enfin, avant que le bâtiment
n’explose, Okashira. Personne n’a passé la zone, enfin pas entier. Les pièges de
Snakepower ont fait un excellent travail, et on a pu facilement mettre hors de
combat les autres.
Snakepower en ficela un homme avec une bobine de fil d'acier et écouta la réponse
sur la fréquence du groupe.
130
- On a eu quelques soucis à l’intérieur, dit Camus, mais la situation est sous
contrôle. Rassemblons les prisonniers jusqu’à la zone d’extraction.
- On devrait les amener aussi, dit Saintnemo. Pour identifier ceux qui peuvent
l’être.
Les quelques fuyards qui étaient parvenus à passer entre les mailles du filet
s’arrêtèrent pour reprendre leur souffle et s’orienter dans la nuit. L’un d’entre eux,
équipé d’une torche, indiqua une route vers les montagnes à quelques pas d’eux.
- C'est par là ! Mais qu’est-ce que… j’arrive plus à bouger ! C’est quoi cette mousse
collante ?
Tous réalisèrent qu'ils étaient incapables de faire un pas de plus, collés au sol par
une étrange mousse verte luminescente, qu’ils n’avaient pas remarqués. Une
équipe d'Anbu vêtus de noir tomba des arbres autour d'eux, les pieds auréolés de
chakra, tandis qu'un Capitaine en blanc avançait vers eux.
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- Allez, on remballe ça et on le ramène à la zone prévue. Hoheto, utilise ton
Byakugan pour vérifier les environs. Santa et Fû, contactez les autres équipes, je
veux savoir comment ça se passe. Torune et Ensui, vous me ligotez tout ça. Renko,
tu ranges le matériel, on va peut-être devoir…
Tous les Anbu s'arrêtèrent et se regardèrent en silence, leur expression cachée par
les masques. Tenzô ordonna à Aburame Torune et à Hyûga Hoheto de le suivre.
- Mes insectes ont détecté une trace résiduelle de Chakra sur le corps des victimes.
Un explosif très puissant alimenté en Chakra pur, peut être un utilisateur du
Bakuton (Elément de l’Explosion), bien qu’une telle ampleur soit inconnue.
Tenzô se mit accroupi et souleva le masque de l'Anbu à la cape blanche devant lui,
révélant le visage d'un de ses proches, Uchiha Kagami.
- Kagami-san m’a formé lorsque je suis devenu Anbu, dit Tenzô l'air abattu. Son
équipe était la meilleure de Konoha.
- Muta-san dit Torune en reposant le masque sur le visage de son oncle. Un grand
maître du Kikaichû Ninjutsu (Technique Ninja de Manipulation des Insectes), dit-
il, dépité. Il y a aussi Inuzuka Tsuruko et son chien…
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-Alors, dit Hoheto en observant deux corps complètement calcinés et
méconnaissables, ce sont les dépouilles de Saji et Riji Hyûga... les "Jumeaux au
Byakugan". Les Jounin les plus prometteurs de leur génération et des maîtres du
Jûken.
Tenzô se releva, observant les corps mutilés, au milieu d'un immense cratère. Il
tapota son oreillette et contacta Camus.
- "Ansatsu", ici "Yamato". Nous avons arrêté les fuyards, mais une de nos équipes
a été anéantie par un ennemi inconnu. Aucun survivant et aucun moyen de
connaître le nombre de criminels qui sont passés par ici.
- Bien reçu... dit Namikaze Camus en avalant avec difficulté. Nous vous attendons
pour débuter l’extraction des prisonniers. Terminé.
Il s'appuya sur un arbre et soupira en retirant son masque, soudain accablé par la
fatigue, le stress et le chagrin. Amÿa vint près de lui, posant une main sur son bras.
- L’équipe du chef actuel de l’ANBU a été anéantie. C’est aussi l’homme qui m’a
formé à ce poste. Uchiha Kagami.
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Elle tapota l'épaule de son maître et lui fit signe de regarder Pao qui attendait un
peu à l'écart, l’air gêné, son masque à la main. Camus se ressaisit et s'approcha de
son subordonné.
- Oui, Pao ?
- Avant qu'on sorte quand l'autre dingo s'est fait exploser, dit-il en farfouillant
dans sa poche, j'ai pensé que ça serait mieux pour Konoha de l'avoir que de le
perdre pour toujours.
Il tendit un parchemin noir et le déplia, révélant une liste très courte de noms et
des inscriptions tracées avec du sang et de l'encre noire autour d'un symbole doré.
Camus s'approcha pour l'observer, n'en croyant pas ses yeux.
- Mais c'est...
- Le contrat d'invocation du machin divin là, dit Pao. Enfin, c'est ce que le gros
porc a dit. Je l'ai piqué quand les lumières se sont éteintes, vu que j’avais quelques
secondes à rien faire.
- Mais ça n'a même pas duré dix secondes et la pièce était pleine de criminels,
rugit-elle, presque outrée.
Namikaze Camus posa une main sur l'épaule de Pao, et serra fort.
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- C'est ça qui arrive quand on passe sa soirée à jouer à la lesb...
Amÿa lui frappa le crâne avec le poing, ne le laissant pas finir sa phrase. Pao
s'éloigna en se massant la tête, puis il se retourna et haussa les épaules d’un air
narquois.
- C’est à cause de ce genre d’attitude que tu n’auras jamais de petit copain et que
tu finiras vieille fille.
- Répètes un peu ?
Deidara marchait lentement, haletant, une plaie béante sur la poitrine dégoulinait
de sang. Il s'arrêta, regarda en arrière et hurla, hors de lui.
L'homme d'affaire partit en courant dans une autre direction, terrifié, se terrant
dans les montagnes sous une pluie battante. Deidara cracha du sang et maudit les
Anbu qui avaient tentés de lui barrer la route.
Il tituba et tomba un genou à terre, les dents serrées. Ce vieillard en cape blanche
avait bien failli le tuer, et il s’en était sorti avec beaucoup de chance. Son chef
n’allait pas apprécier de le voir rentrer dans un si piètre état.
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Konoha, Quartier Général de l’ANBU Squadron
Deux semaines plus tard
Elle monta lentement les marches de l'estrade et vint près de son maître qui tenait
à la main une tige de fer.
- Jeunes gens, dit le Yondaime en souriant, vous avez été reconnus par vos pairs
comme de talentueux ninjas. Des combattants dignes de rejoindre la plus secrète
et la plus ingrate des unités du Pays du Feu, la vie d’Anbu.
Le silence tomba pendant les quelques secondes que prit le Yondaime pour déplier
un parchemin devant lui.
- Si vous acceptez de prêter ce serment, vous serez membre des services secrets du
Pays du Feu, et vous ne quitterez jamais votre poste sans l'accord de votre
Capitaine ou de votre Hokage. Vous renoncerez à une vie ordinaire, acceptez
d'être envoyés en mission à l'autre bout du monde sans la moindre information.
Vous acceptez d'être des ombres, des assassins. Vous acceptez d’ignorer la gloire
au détriment du devoir.
- C'est un choix qui n'est pas facile, dit Namikaze Camus. Vous ne verrez plus vos
proches aussi souvent que vous le désirez, vous serez souvent absents et vous
mettrez vos vies en danger plus que quiconque. Vous serez les racines du grand
arbre qu’est Konoha, plongées dans l’obscurité de la terre.
- A l'appel de votre nom, dit l’Hokage en regardant les jeunes recrues, vous vous
avancerez, et vous prêterez serment. Ou bien vous vous retournerez et quitterez
cet endroit à tout jamais. Uchiha Amÿa.
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Amÿa n'hésita pas une seconde, elle avança vers l’estrade et posa un genou à terre.
- Jures-tu de devenir une ombre, de défendre Konoha contre ses ennemis aussi
bien de l'extérieur que de l'intérieur ? Jures-tu d'exécuter les ordres de ton Hokage,
de ton Capitaine et de ton Village ? Jures-tu d'accomplir ton devoir quel qu'en soit
le prix ?
- Uchiha Amÿa s'efface aujourd'hui, dit le Yondaime, elle devient une ombre.
Les minutes passèrent et tous jurèrent, aucun n'hésita, aucun ne se retourna. Tous
reçurent la marque de l'Anbu sur l'épaule, excepté Fenrir qui leva sa patte avant
droite à la place.
- Là. Dit le loup d’une voix assurée, surprenant tout le monde avec sa première
parole, arrachant presque des larmes de fierté à Kakashisama.
Leur Okashira, leur leader, les invita à descendre vers les tables et le mur de
masques.
- Chaque Anbu doit dissimuler son identité, afin de protéger ses proches et sa
propre vie, dit-il. Pour se distinguer de ses frères et sœurs, le masque doit être
personnalisé selon vos soins. Lorsque ce sera fait, venez me rejoindre.
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Plusieurs minutes passèrent, les jeunes choisissant leurs masques et les peignant
comme lui-même l'avait fait quelques années auparavant, dans une autre pièce.
Namikaze Camus observa la scène avec un grand sentiment de fierté. Quelques
années plus tôt, il ne pensait encore qu'à affronter son rival, et aujourd'hui il était
responsable d’une équipe de jeunes au talent incroyable.
Son rival était devenu un ninja mondialement connu, un homme de bien et dont
la force était à craindre, portant le titre légendaire de Yondaime Hokage. Mais
comme si tout avait été écrit, Camus réalisa que sa mission serait de rester dans
l’ombre de ce soleil qu’était son rival.
Les jeunes se retournèrent, voyant leurs Senpaï masqués devant eux, leur tendant
des vêtements noirs comme la nuit et des plastrons blindés grisâtres, dont on
ajusta les sangles.
C’était différent de la « Mission Vertueuse » réalisa Pao. C’est comme s’ils avaient
été déguisés en Anbu la première fois.
La seconde pochette, celle pleine de pilules de soldat triées, des objets de premiers
secours, d’une lime, des rations de survie et d’une carte du monde soigneusement
pliée aussi pesait un poids différent pour Saintnemo.
On passa de longs gants noirs sur leurs bras, protégés par des plaques d'acier.
Kakashisama et Fenrir se lancèrent un regard compréhensif.
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Les Anbu leurs tendirent des capes noires et les aidèrent à les enfiler. Elzingor se
sentit comme un fantôme, une ombre. Ryûkuro avait l’impression de projeter la
même aura que l’Okashira dans la Forêt de la Mort désormais.
Ils avancèrent d’un même pas vers l'estrade quand les Anbu masqués reculèrent
en leur faisant signe d'y aller.
Les jeunes arrivèrent devant lui, leurs masques à la main, neufs et magnifiques. Il
leur fit signe de mettre un genou à terre et passa devant eux, vêtu de sa cape
blanche de Capitaine.
- Vous n’êtes plus des recrues. Vous n’êtes plus mes élèves. A partir d’aujourd’hui,
vous êtes la première force de frappe du Pays du Feu, l’ANBU Squadron, en service
détaché de la division Tactique de l’ANBU.
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