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sources du droit en
l'honneur de François
Gény
Recueil d'études sur les sources du droit en l'honneur de François Gény. 1934.
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CHAPITRE PREMIER
I
Le droit coutumier est le droit qui a pour objet de rendre la
coutume obligatoire. Une coutume, c'est-à-dire un usage, une habi-
tude sociale, n'est en elle-même qu'un fait. La règle, et par consé-
quent le droit, n'apparaît que si la coutume cesse d'être le produit
d'attitudes libres, pour devenir socialement obligatoire. Non que la
coutume cesse, pour cela, d'être un fait, mais elle devient un fait
commandé par le droit, se produisant par application et par respect
du droit. La coutume, en d'autres termes, se double désormais d'une
règle coutumière, constitutive de droit coutumier \
La définition pour être complète doit encore faire apparaître le
caractère non écrit du droit coutumier. En soit, étymologiquement,
ce dernier est indépendant de la forme écrite ou non écrite et l'on
devrait pouvoir parler de droit coutumier écrit, puisque rien n'em-
pêche le législateur de sanctionner lui-même une coutume et de la
rendre obligatoire. Mais l'étymologie ne détermine pas seule la
signification des mots et il faut reconnaître qu'en l'espèce l'expres-
sion droit coutumier a un sens plus étroit. On ne peut, en effet, l'em-
ployer que si le caractère obligatoire de la coutume s'est établi sans
2 DROIT CONSTITUTIONNEL
II
pour prendre l'exemple le plus éclatant, se sont faites sans que les
textes apparemment en vigueur en portent la trace 2. Ce sont les
mêmes textes datant de la monarchie limitée, qui en France comme
en Angleterre, continuent de figurer dans les constitutions écrites.
C'est la charte de 1814, c'est la constitution prussienne de 1852 qui
en restent le modèle. Le contreseing ministériel et la responsabilité
des ministres, ces expressions où l'on voit aujourd'hui le signe du
parlementarisme, figurent déjà dans ces constitutions qui pourtant
rejetaient le régime parlementaire. Tout l'effort, toute l'ingéniosité de
la doctrine essaye aujourd'hui de voiler cette contradiction profonde
entre le droit positif et le droit écrit, et de montrer, contre toute
évidence, que nos institutions actuelles restent conformes à la lettre
des lois de 1875 ; les contradictions, suivant eux, ne seraient
qu'apparentes et tout un jeu subtil de rapprochement et de com-
binaison des divers articles de ces textes a pour but de montrer
comment, réagissant l'un sur l'autre, se modifiant ou s'annulant
réciproquement, il faut en définitive les interpréter au rebours de
ce qu'ils disent. Mais cette méthode ne. peut conduire qu'à mécon-
naître la réalité, et à confondre les différents types de régimes poli-
tiques qui se sont succédés dans l'histoire. Chacun de ceux-ci a eu
ses règles propres, parfaitement déterminées, dont on trouve l'exposé
dans les oeuvres des écrivains politiques et le reflet dans la pratique
de chaque époque, et chacun, à son tour, en s'appliquant, a valu
comme constitution positive. Gouvernement de cabinet, régime par-
lementaire dualiste maintenant au chef d'Etat le droit de révoquer
ses ministres, régime parlementaire actuel lui retirant cette préroga-
tive, telle est l'évolution constitutionnelle française depuis 1814. Se
dégage-t-elle de l'examen des textes? Le remaniement de la charte
en 1830 exprime-t-il l'avènement du parlementarisme? Quelle révi-
sion constitutionnelle signale, en 1877, la substitution d'un type de
parlementarisme à l'autre. Ces transformations se sont faites à l'insu
des constitutions écrites. Chacune fut l'oeuvre d'un changement de
doctrine, accompagnant l'avènement au pouvoir de nouvelles couches
sociales et de nouvelles équipes politiques. Chaque constitution eut
ses noms, qui pourraient servir à la baptiser et auxquels on la
reconnaissait en effet, Benjamin Constant pour le gouvernement de
Cabinet, Guizot, Broglie, Mac-Mahon pour le parlementarisme dua-
liste, Thiers, Grévy, Gambetta pour le parlementarisme actuel. En
ces hommes, en leurs doctrines, en leurs drapeaux les constitutions
se sont incarnées et non dans les textes immuables qui les ont indif-
féremment recouvertes. Façade trompeuse dès sa promulgation, la
charte de 1814 continue de marquer la réalité de notre droit cons-
titutionnel, et c'est toute l'évolution politique du XIXe siècle qu'il faut
mesurer pour connaître le fossé qui sépare aujourd'hui notre cons-
titution positive de notre constitution écrite.