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Horizons et débats
Horizons et débats
10e année
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«Les Protocoles que nous sommes cen- transports, nous dépendrons de déci- «Nous avons un peu de peine à croire rêts et de montagnes. Ce n’est pas le
sés accepter sont des accords relevant sions étrangères. Mais il y a d’autres rai- qu’il s’agit de protection des Alpes cas en Suisse. Peut-être aurait-on pu,
du droit international et auront un ca- sons de s’opposer à la ratification. Con- lorsqu’on parle de l’aéroport de Lu- dans les négociations, diviser la Suisse
ractère obligatoire pour la Suisse en cas trairement à la plupart des autres pays, gano. C’est un problème que pose autrement, mais on ne l’a pas fait. La
de ratification. Dans les domaines con- les Protocoles concernent, en Suisse, cette Convention qui impose à 60% Convention alpine en tant que telle,
cernés – par exemple l’aménagement une région importante, c’est-à-dire plus du territoire suisse une chape de me- on l’a dit, est bonne. Elle a été rati-
du territoire, la protection du sol et les de 60% de notre territoire. Ensuite les sures de protection. En effet, on veut fiée et notre législation correspond à
transports – la Suisse possède déjà des Protocoles sont axés de manière assez ignorer que la Suisse est différente la lettre et à l’esprit de cette Conven-
réglementations importantes. Comme unilatérale sur la protection de l’envi-
des autres pays, qu’elle est très peu- tion. Les objectifs sont donc atteints.
on ne pourra guère éviter des contra- ronnement. Or la région alpine repré-
plée également dans les régions al- Nous l’appliquons déjà dans notre lé-
dictions entre nos lois et les Protocoles sente pour la population qui y vit éga-
pines et qu’elle est fédéraliste. Cela gislation. Mais pourquoi signer en plus
d’exécution, il y aura constamment des lement un espace vital et économique.
insécurités juridiques. En cas de diffé- Cela engendrerait de nouveaux conflits
veut dire qu’elle respecte ses cantons, des Protocoles contraignants qui nous
rend, nous devrons nous soumettre aux inutiles au moment de l’application des tous ses cantons, même ceux des ré- mettraient en difficulté? Nous n’avons
arrêts définitifs et sans appel d’un tri- Protocoles.» gions de montagne, qu’elle voudrait pas besoin de pressions supplémen-
bunal arbitral international. Cela veut Hans Rutschmann,
leur donner les mêmes possibilités de taires de l’étranger pour réaliser nos
dire que sur des questions importan- Conseiller national (UDC/ZH) développement, d’épanouissement, objectifs environnementaux. Nous
tes d’aménagement du territoire ou de (Procès-verbal du 11/12/09) comme il se doit. C’est ce qui la diffé- n’avons pas besoin de juges étrangers
rencie d’autres pays. L’Italie, la France ni de pressions politiques ou juridi-
et l’Allemagne peuvent bien ratifier ques d’autres pays pour y parvenir.»
«Je souhaite que l’on pratique ici vrai- faire une politique en faveur des régions la Convention: elle ne concerne que Filippo Lombardi,
ment une politique qui s’oppose au dé- de montagne, on doit faire davantage 4% de leur territoire et ce sont proba- Conseiller aux Etats (PDC/T)
blement des régions marginales de fo- (Procès-verbal du 2/6/10)
peuplement et à l’appauvrissement des confiance à leur population. Il faut lui fa-
régions de montagne, j’y insiste. Si nous ciliter l’innovation et le dynamisme car
ne le faisons pas, on en restera à une ré- ceux qui sont le mieux à même de dé-
glementation incroyable. Lisez les Proto- velopper les régions de montagne sont
«Une brève remarque à propos du Pro- trer que le Protocole ‹transports› se li-
coles en entier. Evidemment, vous pour- leurs habitants. C’est pourquoi je suis
tocole ‹transports›: Les articles 9 à 13 mite au maintien des infrastruc tures
riez dire, nous ne faisons rien dans les très sceptique vis-à-vis de la Convention
sont pour moi une raison suffisante existantes. Autre exemple: l’article 12
lois, mais à chaque arrêt du tribunal, on alpine.»
de s’opposer à la ratification. On pri- rend pratiquement impossible l’utili-
dira que la Convention alpine a fixé le Christoffel Brändli,
principe X. Pour chaque autorisation, on Conseiller aux Etats
vilégie les transports publics par rap- sation des hélicoptères. L’application
invoquera ces dispositions. Et là j’ai des (UDC/VS) port aux transports privés. L’article 11- stricte de cet article forcerait les socié-
doutes. Je crois que lorsque l’on veut (Procès-verbal du 2/6/10) 2 commence ainsi: ‹Des projets routiers tés d’héliportage à renoncer au trans-
à grand débit pour le trafic intra-alpin port de personnes et de matériel.»
peuvent être réalisés, si ...›. Suivent
«Allons-nous priver 60% de notre…» luviales. Qu’avons-nous besoin de plus dans quatre conditions importantes qui ren-
Suite de page 3 nos montagnes?» draient impossible la réalisation de tels René Imoberdorf,
projets. En outre, que signifie ‹à grand Conseiller aux Etats (PCS/VS)
seront prises à l’avenir, donc également l’évo- Ambitions personnelles débit›? Cette disposition suffit à mon- (Procès-verbal du 2/6/10)
lution du droit. Nous sommes tous d’accord que les Alpes doi-
vent être protégées, mais il n’est guère dans
C’est un tribunal arbitral international l’intérêt de leur population, et donc de la du droit suisse, ou du moins appliqué de- présence du projet à long terme de nous rap-
qui réglera les différends Suisse, que l’on édicte des règles particulières puis longtemps. L’argument de Leuenberger procher toujours plus de l’UE par le biais d’ac-
L’instauration d’un tribunal arbitral interna- pour 60% du territoire du pays et qu’on les lie selon lequel la Suisse pourrait alors exercer cords et de conventions. A différents niveaux,
tional pour régler les différends est particu- à des lois internationales destinées à des pays une influence sur d’autres pays et les ame- on ne cesse d’essayer de saper les structures
lièrement problématique. A la question de sa- qui, dans leur législation et leur application des ner à l’imiter a naturellement l’air séduisant historiques de notre pays. On prévoit la créa-
voir quelles étaient les conséquences de ce lois, sont à mille lieues des normes suisses. mais, dans le contexte européen, il témoigne tion de «régions métropolitaines» qui dépas-
tribunal pour la Suisse, le conseiller fédé- Plus on étudie la question, plus on a l’im- d’une considérable surestimation de soi de la sent non seulement les frontières cantonales
ral Leuenberger, responsable de ce dossier, pression que, comme dans tant de dossiers in- part de Leuenberger. Il suffit de penser aux mais même les frontières nationales. Ainsi,
a évité de répondre clairement en disant que ternationaux, on ne joue pas cartes sur table. solutions auxquelles nous sommes parve- le concept Interreg financé à 50 % par l’UE,
ses arrêts n’étaient pas contraignants, qu’il n’y Le Département de Leuenberger parle de re- nus dans le conflit qui nous oppose à l’Alle- doit permettre de créer des projets suprana-
avait «pas de règles contraignantes». commandations des Protocoles non contrai- magne en ce qui concerne le bruit des avions. tionaux qui conduisent à effacer de plus en
Mais alors pourquoi a-t-on besoin d’un tel gnantes. En revanche, le message du Conseil Et l’Allemagne serait de nouveau un parte- plus les frontières des pays. Ce faisant, on
tribunal? Le contenu de la Convention alpi- fédéral précise qu’en cas de différend, le tri- naire de négociations. ne tient pas compte des droits populaires des
ne est déjà couvert par le droit suisse. Dans bunal arbitral international prononce un arrêt Pour Leuenberger, le fait que la Suisse Suisses et tout se passe au niveau de l’exécu-
aucun des autres pays alpins on prend autant contraignant. «La sentence est définitive et doive prendre l’année prochaine la présidence tif, comme dans l’UE. Le professeur suisse de
soin de l’environnement. Aujourd’hui déjà, obligatoire pour les Parties au différend. Il de l’organisation de la Convention alpine sciences politiques Kübler prône déjà l’ère de
on impose aux projets de construction des n’y a donc pas de moyen de recours, et les est un argument en faveur de la ratification la «démocratie postparlementaire» dans la-
obligations importantes. A ce sujet, le con- Parties sont tenues d’appliquer la sentence du des trois Protocoles. «Non, ce n’est évidem- quelle le Parlement n’a plus que des missions
seiller aux Etats Hans Hess (PLR, canton tribunal arbitral sans délai.» (art. 12) ment pas la raison principale mais c’en est de communication, où est renforcé le pouvoir
d’Obwald) a déclaré: «Je ne vais pas faire Si l’on n’est pas d’accord avec un dévelop- une aussi. Il est déjà prévu que la Suisse ac- de l’exécutif et où l’acquis, essentiel pour une
la différence entre les lois et les ordonnan- pement juridique d’un des Protocoles ou que cepte la présidence. Comment le pourrait- démocratie, de la séparation des pouvoirs doit
ces, je dirai simplement de quoi il faut déjà l’on n’accepte pas un arrêt du tribunal arbi- elle si nous disons non maintenant? Nous de- être aboli! De telles idées s’inscrivent dans le
tenir compte: protection du paysage, de la tral, on n’aura pas d’autre solution que de se vrions alors y renoncer.» (Procès-verbal du cerveau d’individus qui ont totalement perdu
nature, des plantes, des objets naturels, de la retirer de l’ensemble des Protocoles et de la 12/11/2009, www.admin.ch) le contact avec le peuple et poursuivent des
haute montagne, de la chasse, des zones de Convention. objectifs stratégiques ou idéologiques per-
passage de gibier, des sites archéologiques, Le contenu des Protocoles et la procédure Une adhésion à l’UE sonnels. Heureusement, il existe des citoyens
des nappes phréatiques, des prairies et pâtu- politique sont incompréhensibles et loin de par des voies détournées sensés qui voient clair dans ce petit jeu mi-
rages secs, des sites de reproduction des ba- toute argumentation logique. Il est absurde Il est ahurissant de voir avec quels arguments nable et s’opposent à ce que l’on abandonne
traciens, des zones de protection des sources, que la Suisse se lie à un accord international la Suisse est amenée à perdre une nouvelle les droits souverains du peuple suisse pour de
des zones de karst, des zones humides et al- dont le cadre juridique est en partie en-deçà fois de sa souveraineté. Nous sommes ici en l’argent ou du pouvoir. •
La collaboration avec les autres Etats est évi- les incitations conformes aux conditions du et supprimer en même temps des lignes de © 2010 Editions Zeit-Fragen pour tous les textes et les illustrations.
Reproduction d’illustrations, de textes entiers et d’extraits importants
demment très importante. Mais il faut que les marché afin que le trafic (des marchandises) cars postaux. Ce n’est pas logique. Les con- uniquement avec la permission de la rédaction; reproduction d’ex-
Etats désirent collaborer. Il faut pour chaque dans et à travers les Alpes soit transféré de la séquences sont évidentes: le dépeuplement traits courts et de citations avec indication de la source «Horizons
et débats, Zurich».
projet tenir compte des particularités de cha- route au rail. C’est tout à fait judicieux mais progressif des régions de montagne… avec
que Etat. En Suisse, les communes et les can- nous pouvons réaliser la collaboration avec l’aide des loups. •
No 37, 27 septembre 2010 Horizons et débats page 5
«Pour une économie de marché civilisée» nomie. Les citoyens économiques ne disso- dans notre rapport à l’argent et à la consom- à notre faculté de nous orienter en matière
suite de la page 6 cient pas leur sens des affaires de leur sens mation – et également dans les opinions que d’éthique économique. Etant donné les consi-
civique, de leur identité de «bon citoyen». La nous défendons en tant que citoyens dans les dérables bouleversements socioéconomiques
économique. Aussi la science de référence mission de l’éthique économique concerne débats publics sur les questions économiques actuels qui touchent le monde entier, prati-
principale n’est-elle pas la théorie écono- tous les rôles que nous exerçons dans notre et sociales. Le dynamisme inouï de l’écono- quement tout est remis en question. •
mique, qui explique le fonctionnement du vie économique – dans le monde du travail, mie contemporaine lance de sérieux défis 1
Ludwig Erhard, La prospérité pour tous, Plon,
système d’économie de marché sans émettre 1959. Notons qu’Erhard ne défendait pas un pur li-
de jugements de valeur mais l’éthique éco- «Pour notre tentative d’orientation dé- béralisme économique mais le concept ordolibéral
nomique considérée aujourd’hui comme une taillée, nous avons choisi six perspec- d’économie sociale de marché.
éthique rationnelle. Le concept d’orientation tives d’importance comparable qui se 2
Les preuves empiriques du renforcement de ce sen-
que nous défendons ici repose sur l’«éthique complètent systématiquement: Dans la timent d’injustice se manifestaient déjà clairement
économique intégrative», approche dévelop- première partie du livre, nous réfléchis- avant la crise financière et économique. Pour l’Al-
lemagne, p. ex. dans l’étude de Robert B. Vehr-
pée par l’auteur.7 sons d’abord sur trois idées dominantes et
kamp/Andreas Kleinsteuber: Soziale Gerechtigkeit
Qui a besoin de connaissances en éthique fondamentales de l’activité économique 2007. Ergebnisse einer repräsentativen Bürgerum-
économique? Ne sont-elles pas plutôt desti- moderne, et cela au moyen des notions de frage, Gütersloh, 2007.
nées aux spécialistes? Non, absolument pas. raison économique (chapitre 1), de pro- 3
Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du ca-
Nous sommes tous dans une certaine mesu- grès raisonnable (chapitre 2) et de liber- pitalisme, Paris, Flammarion, 2008 (première pu-
re impliqués dans les phénomènes de l’éco- té bien comprise (chapitre 3). Dans la se- blication en allemand: 1904-5).
nomie de marché. Ainsi, en tant qu’indivi- conde partie, nous étudions trois «lieux» 4
Manfred Riedel: Norm und Werturteil, Stuttgart,
dus doués de raison, nous devons porter des spécifiques de responsabilité en matière 1979, p. 8.
jugements de valeur justifiables à propos de d’éthique économique dans une société
5
J’ai formulé pour la première fois le postulat de la
l’importance relative de valeurs conflictuelles bien ordonnée de citoyens libres et égaux «civilisation du marché» dans mon ouvrage Inte-
grative Wirtschaftsethik, 1997 (cf. remarque 7).
dans la vie économique, améliorer notre fa- en droit, c’est-à-dire l’activité des divers Exactement au même moment et sans avoir con-
culté de jugement dans ce domaine et devenir acteurs économiques (chapitre 4), les en- naissance de mon livre, Marion Dönhoff exprimait
capables d’argumenter contre les doctrines treprises (chapitre 5) et la réglementation cette idée dans Zivilisiert den Kapitalismus, Stutt-
économiques idéologiques de toutes origines. cadre que le pouvoir politique doit impo- gart, 1997, p. 35.
Sinon comment pourrions-nous mener une ser au marché national et global (chapi- 6
Emmanuel Kant, Vers la paix perpétuelle; Que si-
vie indépendante et cultivée? Comment pour- tre 6). Ces six perspec tives transmettent gnifie s’orienter dans la pensée?; Qu’est-ce que les
lumières? et autres textes, GF Flammarion, 1998
rions-nous, en tant que citoyens, prendre part les fondements d’une citoyenneté écono-
de manière responsable à la détermination mique moderne. On pourrait peut-être
7
Peter Ulrich: Integrative Wirtschaftsethik. Grund-
lagen einer lebensdienlichen Ökonomie, 4., voll-
démocratique des règles du jeu sociales et à parler de leçons de base d’un enseigne- ständig neu bearb. Aufl., Bern/Stuttgart/Wien 2008
une intégration judicieuse de l’économie de ment économique intégratif destiné aux Peter Ulrich. «Zivilisierte Marktwirtschaft. Eine (1. Aufl. 1997).
marché dans la société? citoyens des Etats et du monde ou, plus wirtschaftsethische Orientierung.» Aktualisierte
Par conséquent, nos réflexions et nos ac- succinctement, d’un abrégé d’instruction und erweiterte Neuauflage. Haupt Verlag Bern/ Le présent texte correspond à l’introduction de
tions de citoyens économiques responsables civique portant sur l’économie.» Stuttgart/Wien 2010. ISBN 978-3-258-07604-1 l’ouvrage de Peter Ulrich «Zivilisierte Marktwirt-
sont au centre de l’approche éthique de l’éco- schaft. Eine wirtschaftsethische Orientierung.»
page 8 Horizons et débats No 37, 27 septembre 2010
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