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Etude Comparative IDH
Etude Comparative IDH
&
P E R S P E C T I V E S 2 0 2 5
3. Démographie 23
3.1. Croissance démographique 23
3.2. Fécondité 24
3.3. Mortalité 25
3.4. Longévité 25
3.5. Ratio de dépendance 26
7. Systèmes de santé 75
7.1. Dépenses globales de santé 75
7.2. Dépenses publiques de santé 76
7.3. Infrastructure hospitalière 77
7.4. Encadrement médical 77
Conclusion 96
Introduction
Dans le cadre de l’élaboration du Rapport " 50 ans de développement humain au Maroc et perspectives
2025", il est procédé à l’évaluation des performances du Maroc et d’un échantillon de 14 pays comprenant
l’Afrique du Sud, le Chili, la Corée du Sud, l’Egypte, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande, la Jordanie, la Malaisie,
le Mexique, la Pologne, le Portugal, la Tunisie et la Turquie. Cette évaluation est nécessaire à entreprendre
avant le lancement d’une démarche prospective visant l’horizon 2025.
La Pologne, qui représente la moitié du poids économique des dix nouveaux pays membres de l’Union
Européenne, sera un concurrent sérieux pour le Maroc et les pays du sud de la Méditerranée. Le Mexique
joue, vis-à-vis des Etats-Unis, le rôle économique que le Maroc entend exercer auprès de l’Union
Européenne. Le Chili est un pays qui mérite d’être étudié en raison des réformes audacieuses qu’il a menées
sans la contrainte des organismes internationaux. Pays émergent, la Malaisie appartient au monde
islamique. Enfin, la Corée du Sud est un pays nouvellement industrialisé qui se trouvait en 1955 dans une
situation économique analogue à celle du Maroc.
L’échantillon avait en 1960 un PIB par habitant en dollars constants de 1995 équivalent à 2,7 fois celui du
Maroc. Les pays de l’échantillon qui semblaient les plus développés en 1960 sont l’Espagne et l’Irlande avec
un PIB par habitant représentant 6,5 fois celui du Maroc.
En 2004, l’échantillon pris dans son ensemble a un PIB par habitant 4 fois plus important que celui du
Maroc. Ce rapport a atteint 20,5 fois pour l’Irlande, 12,5 pour l’Espagne, 9,9 pour la Grèce, 9,8 pour la Corée
du Sud et 8,5 pour le Portugal. Il se situe en deçà de 3,7 pour les autres pays.
Ainsi, le Maroc est comparé à un échantillon relativement performant, comprenant des pays comme
l’Irlande, l’Espagne, la Corée du Sud ou le Portugal, ayant connu un développement soutenu entre 1960 et
2004. De ce fait, les résultats de l’analyse comparative du Maroc méritent d’être nuancés. L’essentiel est
de pouvoir identifier les expériences réussies au niveau international en vue de s’en inspirer pour accélérer
le développement humain de notre pays.
7
Le benchmarking 1 a été mené dans un esprit de responsabilité et d’objectivité. Pour ce faire, une base de
données internationales a été constituée2 à partir des statistiques fournies par des organismes comme la
Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), l’UNICEF, l’UNESCO, la FAO, le Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations
Internationales, World Population Prospects, ...
Couvrant autant que possible la période 1955-2005, la base de données internationales comprend à fin juin
2005 plus de 9200 séries, classées selon dix dimensions du développement humain. Elle concerne près de
400 indicateurs. Son taux de couverture à la fois des pays de l’échantillon et des dimensions du
développement humain est généralement élevé. La dimension économique est privilégiée compte tenu de la
disponibilité de l’information.
L’exploitation et l’analyse d’un grand nombre de données relatives aux 15 pays ont constitué une contrainte
de taille à surmonter au niveau de la réalisation du benchmarking. La transformation de ces données en
connaissances s’est avérée une tâche laborieuse.
La deuxième contrainte est en relation avec le problème de l’harmonisation des données. Si l’existence de
bases de données harmonisées est rare, les organismes internationaux s’efforcent néanmoins de définir des
normes dont le respect par les pays rend la comparaison internationale des données plus appropriée.
La troisième difficulté a trait à la vraisemblance des données. Les statistiques qui paraissent aberrantes ont
été généralement éliminées. Dans l’ensemble, les pays de comparaison semblent avoir des dispositifs
statistiques relativement fiables, à l’exception toutefois de l’Egypte où plusieurs anomalies ont été
détectées sur le plan des données.
La quatrième contrainte concerne la disponibilité de données récentes pour tous les pays. Le benchmarking
s’arrête généralement en 2001 et ne prend en considération ni les derniers développements ni les réformes
réalisées pendant les trois dernières années.
Basé exclusivement sur l’exploitation de la base de données internationales, le présent rapport a pour
objectif de comparer le Maroc en terme de développement humain grâce à une double démarche : une
approche globale et dynamique utilisant l’Analyse en Composantes Principales (ACP) et une approche selon
les dix dimensions du développement humain retenues. Il devrait être enrichi par les travaux des groupes
thématiques et, ultérieurement, par l’analyse des expériences internationales réussies dont les
enseignements pourraient servir pour définir une ambition pour le Maroc dans le futur.
1
Le benchmarking est opéré au niveau national. Pour des raisons liées au manque d’informations, les dimensions régionale et locale
ne sont pas prises en considération.
2
Les personnes ayant contribué à la constitution de la base de données internationales sont : Mmes Anissa LAZRAK, Fatna EL
HATTAB, Samia SEMMAR, Qamar ERRAISSI et MM. Ikbal SAYAH, Mohamed MOUIME, El Mokhtar SANAD, Brahim EL HASNAOUI,
Brahim LGUI, Ilyes BOUMEHDI, Adil HIDANE et Rabie EL GHOLABZOURI
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PREMIÈRE PARTIE
APPROCHE GLOBALE ET DYNAMIQUE
9
Pour la comparaison internationale, l’approche globale et dynamique s’appuie sur les indicateurs
synthétiques du PNUD ainsi que sur l’Analyse en Composantes Principales (ACP).
L’Indicateur de Développement Humain traduit les efforts en termes de longévité (espérance de vie),
d’instruction (taux brut de scolarisation et taux d’alphabétisation) et de niveau de vie (PIB par habitant).
Evalué annuellement depuis 1990 par le PNUD, l’IDH a été estimé par le même organisme international pour
quelques années antérieures.
L’analyse de l’évolution de l’IDH au cours de la période 1960-2003 a permis de déceler trois groupes distincts :
- IDH élevé de l’échantillon : Irlande, Espagne, Portugal, Grèce, Pologne et Corée du Sud.
- IDH moyen de l’échantillon : Chili, Mexique et Malaisie.
- IDH faible de l’échantillon : Turquie, Tunisie, Jordanie, Afrique du Sud, Egypte et Maroc.
Parti d’un faible niveau à la veille de l’Indépendance, le Maroc a amélioré son indicateur de développement
humain de 0,433 point entre 1960 et 2003 contre 0,498 point pour la Corée du Sud, 0,485 pour la Tunisie, 0,461
point pour la Malaisie, 0,444 point pour la Jordanie, 0,440 point pour le Portugal et 0,409 point pour la Turquie.
Le niveau de l’IDH du Maroc de 2003 a été cependant atteint avant 1970 par le Mexique, le Chili, le
Portugal, l’Espagne, la Pologne, la Grèce et l’Irlande et avant 1975 par la Corée du Sud.
11
Le niveau de l’IDH a reculé entre 1980 et 1990 dans 3 pays de l’échantillon à savoir, l’Egypte, la Jordanie
et le Maroc. Pour notre pays, cette situation est en relation en partie avec le Programme d’Ajustement
Structurel.
L’indicateur sexospécifique de développement humain (ISDH) mesure les mêmes avancées que l’IDH tout en
prenant en considération les disparités entre hommes et femmes dans les trois domaines considérés
(longévité, instruction et niveau de vie).
L’ISDH du Maroc a progressé de 0,223 en 1970 à 0,631 en 2003. Malgré cela, le Maroc figure dans le groupe
le moins performant de l’échantillon et qui comprend la Tunisie, l’Egypte, la Jordanie, la Turquie et l’Afrique
du Sud.
La comparaison entre les valeurs de l’ISDH et l’IDH pour l’année 2003 a permis de faire ressortir deux
groupes de pays :
n Groupe où l’écart entre l’IDH du pays considéré et son ISDH est significatif, traduisant des inégalités
en terme de développement humain entre les hommes et les femmes. Il s’agit de l’Egypte, du Maroc,
de la Jordanie, de la Tunisie et du Mexique.
n Groupe où l’écart entre l’IDH du pays considéré et son ISDH est négligeable voire nul. Il s’agit de la
Pologne, du Portugal, de l’Afrique du Sud, de la Turquie, de l’Espagne, de la Corée du Sud, de la
Malaisie, de l’Irlande, de la Grèce et du Chili.
12
2. Application de l’Analyse en Composantes Principales (ACP)
2.1. Les deux axes de l’ACP
L’Analyse en Composantes Principales (ACP) est une méthode descriptive d’analyse des données permettant
de transformer les nombreuses variables de départ en des indicateurs synthétiques (composantes
principales) et de situer graphiquement les pays en fonction de ces indicateurs synthétiques.
Elle a été opérée sur la base de 55 indicateurs extraits parmi 400 indicateurs figurant dans la base de
données internationales. Le choix des indicateurs a été effectué de manière à retenir ceux directement en
rapport avec le développement humain et à réduire le nombre de variables fortement liées (comme par
exemple l’indice synthétique de fécondité avec le taux de natalité). Les 55 indicateurs ont été répartis
suivant un plan factoriel qui explique 47% de l’information.
Le premier axe, celui des abscisses, explique 28,5% de l’information. Renseignant bien sur le niveau de
développement humain des pays, il oppose deux principaux groupes d’indicateurs (gauche, droite). Dans
chaque groupe, les indicateurs sont classés par ordre d’importance décroissant du coefficient figurant dans
la matrice des composantes. Une distinction est faite entre les indicateurs importants (coefficient supérieur
à 0,6) et ceux ayant une influence moindre.
Gauche Droite
Variables principales Variables principales
Taux d'analphabétisme des femmes adultes Consommation d'électricité par habitant (Kwh)
Taux d'analphabétisme des adultes Emissions de CO2 (tonnes métriques per capita)
Indice synthétique de fécondité (ISF) Nombre d'abonnés au téléphone fixe et mobile pour 1000 habitants
Ratio de dépendance Revenu national brut par habitant (PPA)
Valeur ajoutée agricole (% PIB) Nombre d'ordinateurs pour 1000 habitants
Taux de croissance démographique Taux brut de scolarisation dans le supérieur
Part absolue du marché international de la chimie
Part des produits alimentaires dans les importations de biens Publications scientifiques et techniques
Part absolue du marché international de l’agroalimentaire
Taux net de scolarisation dans le primaire (féminin)
Part du textile et habillement dans la valeur ajoutée du Part absolue du marché international de la mécanique et de l’électrique
secteur manufacturier
Part des produits alimentaires dans les importations de biens Journaux quotidiens pour 1000 habitants
Dépenses publiques de santé (% PIB)
Nombre d’utilisateurs d'internet
Ratio " filles/garçons " dans l'enseignement primaire et secondaire
Taux net de scolarisation dans le primaire (féminin)
Recettes touristiques (% des exportations)
Part des produits manufacturés dans le total des exportations de biens
Part des produits manufacturés dans le total des importations des biens
Espérance de vie à la naissance
Taux d’urbanisation
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Ainsi, en plus des variables servant de base à la détermination de l’Indicateur de Développement Humain,
l’ACP prend en considération des données relatives à l’environnement, à l’économie du savoir et aux
marchés internationaux des produits industriels. En outre, le secteur de la santé est mieux pris en compte.
Le deuxième axe, celui des ordonnés, explique 18,2% de l’information. Il distingue deux principaux groupes
d’indicateurs :
Haut Bas
Variables principales Variables principales
Valeur ajoutée industrielle (% PIB) Part de la valeur ajoutée du tertiaire dans le PIB
Solde du compte courant (% PIB) Dépenses totales de santé (% PIB)
Exportations de haute technologie sur exportations Dépenses publiques totales (% PIB)
manufacturières totales
Exportation de biens et services (% PIB) Consommation finale privée (% PIB)
Taux d'épargne
Part des industries chimiques dans la pollution de l'eau par
les éléments organiques
Les pays les mieux positionnés selon ce deuxième axe sont ceux performants à l’exportation, ayant les
meilleurs fondamentaux de l’économie ou ayant un fort développement industriel.
Les deux axes d’analyse ne mettent pas directement en exergue trois variables qui sont pourtant
importantes, à savoir, les dépenses d’éducation en pourcentage du PIB, le taux de dépendance énergétique
et le taux d’inflation. Le premier indicateur n’est pas discriminant parce que la plupart des pays de
l’échantillon déploient un grand effort financier dans le domaine de l’éducation en pourcentage du PIB.
Pour ce qui est de la situation énergétique, plusieurs pays de l’échantillon dépendent de l’extérieur pour leur
approvisionnement en énergie. Le taux d’inflation n’est pas discriminant non plus étant donné les pressions
de la communauté financière internationale en faveur de la maîtrise de l’évolution des prix dans les
différents pays.
L’ACP a été effectuée de manière dynamique en retenant 5 dates : 1960, 1970, 1980, 1990 et 2001.
Les résultats pour 1960 et 1970 sont donnés uniquement à titre indicatif. La disponibilité limitée de
l’information pour les 55 indicateurs et l’absence de données pour la Jordanie et la Pologne ne permet pas,
pour ces deux années, d’établir un positionnement rationnel. Malgré cela, l’ACP met en évidence, comme
pour l’IDH, l’état avancé de développement humain en 1960, particulièrement en Espagne, au Portugal, en
Grèce et en Irlande.
14
Graphique 2 : Positionnement des pays selon les deux axes de l’ACP (1960)
15
Graphique 4 : Positionnement des pays en 1980
La Corée du Sud et le Chili s’approchent en 1980 du groupe des pays à développement humain relativement
avancé. Le Mexique améliore sensiblement son positionnement économique (axe 2).
Les autres pays (l’Egypte, la Tunisie, la Jordanie, la Turquie et, dans une moindre mesure, la Malaisie)
accusent en 1980, avec le Maroc, un retard important en terme de développement humain. Pénalisée
comme ces pays par des indicateurs démographiques et éducatifs peu favorables, la Turquie présente en
plus une situation macroéconomique loin d’être saine.
16
Entre 1980 et 1990, la Corée du Sud et la Malaisie consolident considérablement leur développement
humain. En outre, l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et la Grèce améliorent leur positionnement sur les deux
axes, tirés par leur intégration à l’Union Européenne. Deux pays, en l’occurrence le Chili et le Mexique,
occupent une position centrale au niveau du graphique, traduisant leurs performances moyennes par rapport
aux autres pays de l’échantillon sur les plans tant du développement humain que de l’économie de façon
générale.
Le groupe qui demeure en retrait est constitué du Maroc, de l’Egypte, de la Jordanie, de la Tunisie et, dans
une moindre mesure, de la Turquie.
En 2001, les pays de l’échantillon peuvent être classés en quatre groupes distincts. Le groupe le plus
performant comprend la Corée du Sud, l’Irlande et la Malaisie ; ce dernier pays a enregistré une grande
avancée sur le plan économique entre 1990 et 2001. Le deuxième groupe (développement humain
relativement élevé mais fondamentaux économiques moins favorables, particulièrement le déficit du
compte courant de la balance des paiements) comprend l’Espagne, le Portugal, la Grèce et la Pologne ;
l’effondrement du mur de Berlin a constitué un choc économique important pour ce dernier pays.
Le positionnement dynamique de l’Afrique du Sud aboutit à des résultats peu rationnels. Ce pays a subi des
changements profonds, matérialisés notamment par la disparition de l’apartheid et la propagation du sida
qui ont bouleversé l’évolution de nombreux indicateurs liés au développement humain. La présence de ce
pays dans l’échantillon de comparaison s’avère donc peu significative.
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2.3. Simulations (2001)
Pour bien comprendre le positionnement du Maroc résultant de l’ACP, il a été procédé à plusieurs simulations.
La première simulation a consisté à faire sortir l’Espagne de l’échantillon de comparaison compte tenu des
performances élevées de ce pays industrialisé. Cette opération n’a pas eu d’influence sur le positionnement
du Maroc qui demeure stable.
L’élimination des indicateurs relatifs à l’éducation (taux d’analphabétisme, taux net de scolarisation, taux
brut de scolarisation au niveau de l’enseignement supérieur, ratio " filles/garçons " dans l'enseignement
primaire et secondaire et " élèves/enseignant " au primaire) a fait l’objet d’une troisième simulation. Elle
améliore sensiblement le positionnement du Maroc, lequel se détache nettement de l’Egypte ainsi qu’en
témoigne le graphique 7.
Graphique 7 : Position du Maroc avec et sans prise en compte des indicateurs de l’éducation
L’alignement des indicateurs relatifs à l’éducation du Maroc sur ceux de la Tunisie (quatrième simulation)
modifie la position relative du Maroc en la rapprochant de celle de la Tunisie, de la Jordanie et de la Turquie.
3
Les résultats des simulations sont à prendre avec précaution puisqu’il est difficile de tenir compte de l’influence d’une variable
déterminée sur les autres variables concernées par l’ACP.
18
Graphique 8 : Position du Maroc avant et après ajustement des indicateurs relatifs
à l’éducation dans ce pays sur le niveau atteint par la Tunisie
L’élimination des variables relatives à l’éducation et l’ajustement des indicateurs liés à l’utilisation des
nouvelles technologies (part de la haute technologie dans les exportations manufacturières totales, nombre
d'abonnés au téléphone fixe et mobile, nombre d'ordinateurs et nombre d’utilisateurs d'internet) sur les
niveaux atteints par la Corée du Sud, montrent que le Maroc peut réaliser de grandes percées en matière
de développement s’il consacre réellement la priorité à ces deux secteurs.
19
La dernière simulation s’est basée à la fois sur l’alignement des performances du Maroc en matière
d’échanges extérieurs sur celles de la Malaisie et sur l’élimination des indicateurs relatifs à l’éducation. Le
positionnement du Maroc s’améliore considérablement.
Les considérations précédentes montrent que l’ACP est intéressante à plus d’un titre et peut renseigner sur
les variables ayant une grande influence sur le développement humain. L’ACP a cependant un inconvénient
dans la mesure où elle ne tient pas compte du potentiel que renferment les différents pays de l’échantillon.
Dans le cas du Maroc, l’ACP ne prend pas en considération les importantes réformes menées à partir de
2002 et qui n’ont jusqu’à présent pas encore produit tous les effets escomptés.
20
DE U X I È M E P A R T I E :
AP P R O C H E S E L O N L E S D I M E N S I O N S
DU DÉVELOPPEMENT HUMAIN
21
Pour approfondir le positionnement dynamique du Maroc par rapport aux pays de l’échantillon, il s’est avéré
nécessaire de suivre de près l’évolution sur une longue période de plus de 120 indicateurs de performance,
classés selon les dix dimensions du développement humain. La période d’analyse dépend bien entendu de
la disponibilité de l’information.
3. Démographie
Il est question dans cette partie du rapport d’identifier les grandes tendances démographiques depuis
l’Indépendance du Maroc.
Le taux de croissance démographique du Maroc s’est situé à 2,3 % l’an4 pour la période 1955-2004, soit un
écart de 0,5 point l’an par rapport à la moyenne de l’échantillon et de 1,6, 1,7 et 2 points l’an
comparativement à l’Espagne, l’Irlande et le Portugal, pays qui se sont distingués par une véritable maîtrise
de leur démographie. Par rapport à la Pologne et à la Grèce, cet écart s’est élevé à 1,6% et à 1,7% l’an.
La poussée démographique au Maroc est restée cependant inférieure à celle enregistrée au Mexique (2,4%
l’an), en Malaisie (2,5% l’an) et en Jordanie (4,6% l’an).
Similaire à celle de l’Egypte et de l’Afrique du Sud (2,3% l’an), la croissance démographique du Maroc n’a
dépassé celle de la Tunisie que de 0,3% l’an sur la période 1955-2004, pays ayant pourtant mis en œuvre
une politique de planification familiale dès le début des années 70.
4
Ce taux ne tient pas compte de la communauté marocaine résidant à l’étranger.
23
La baisse la plus importante du rythme de croissance démographique entre 1955-1959 et 2000-2004 a été
réalisée par la Corée du Sud : 2,6% à 0,7%. Pour le Maroc, le taux d’accroissement démographique a
diminué de 1,2 point pour se situer à 1,6% en 2000-20045 . Notre pays enregistre actuellement un taux de
croissance démographique inférieur à celui de l’Egypte (1,9%), de la Malaisie (1,9%) et de la Jordanie
(3,1%).
3.2. Fécondité
L’indice synthétique de fécondité (ISF) au Maroc a connu une régression notable, évoluant de 7,2 naissances
par femme en 1960 à 2,5 en 2004. Ce repli est imputable, en grande partie, au recul de l’âge au premier
mariage pour les femmes (17,5 ans en 1960 à 26,3 ans en 2004) et à l’utilisation de plus en plus large des
moyens de contraception, reflétée par l’accroissement rapide du taux de prévalence contraceptive (hausse
de 40 points entre 1979 et 1997).
Le niveau en 2003 de l’indice synthétique de fécondité au Maroc avait été atteint avant 1980 par la Corée
du Sud et le Chili et avant 1970 par la Grèce et la Pologne. Ces derniers pays ont un indice synthétique de
fécondité respectivement de 1,27 et de 1,24 enfant par femme en 2003.
L’indice synthétique de fécondité du Maroc reste néanmoins en deçà de celui enregistré par la Jordanie
(3,50 en 2003), l’Egypte (3,08) et la Malaisie (2,85).
Partant d'un niveau identique à celui du Maroc en 1960, la Tunisie a réduit son indice synthétique de
fécondité de 5,1 points (4,5 points pour le Maroc) pour le ramener à 2,00 en 2003.
5
Le recensement général de la population de 2004 au Maroc a révélé un taux d’accroissement démographique moyen annuel de
1,4% entre 1994 et 2004.
24
3.3. Mortalité
Au Maroc, le taux brut de mortalité a fortement baissé, passant de 20,8‰ en 1960 à 5,9‰ en 2000 et à
5,5‰ en 2003. La mortalité infantile (enfants de moins d’un an) a évolué entre 1960 et 2003 de 132 à 36
pour 1.000 naissances. La mortalité juvénile (inférieure à 5 ans) a baissé de 81,5% entre-temps.
Quant à la mortalité maternelle, elle se situe en 2004 à 220 décès pour 100.000 naissances vivantes contre 631 en 1972.
Le taux de mortalité infantile du Maroc reste élevé en raison de la faible proportion des naissances en
milieu surveillé : 39,6% en 1995 contre plus de 90% en Corée du Sud, en Espagne, au Portugal, au Mexique,
au Chili, en Malaisie ou en Jordanie. Le niveau de mortalité infantile, enregistré par notre pays en 2003, a
été atteint par la Tunisie et le Mexique en 1995, la Jordanie en 1990, le Chili et la Malaisie en 1980, la
Corée du Sud en 1975, l’Espagne et la Pologne en 1970, la Grèce en 1965 et l’Irlande avant 1960.
Malgré un taux de couverture vaccinale de l’ordre de 96%, supérieur à celui de la Turquie, le taux de
mortalité juvénile au Maroc demeure important : 36 pour 1.000 naissances en 2003 à l’instar de la Turquie
et de l’Egypte (33) et plus que la Jordanie (23). L’Afrique du Sud a une mortalité juvénile de 53 pour 1000
naissances. Les pays les plus performants sont la Corée du Sud, le Portugal, l’Espagne, la Pologne, la Grèce
et l’Irlande avec moins de 6 décès pour 1.000 naissances.
3.4. Longévité
La Tunisie, le Maroc, l’Egypte et la Corée du Sud ont pu améliorer leur espérance de vie respectivement de
24,6 ans, 21,7 ans, 22,8 ans et 20 ans entre 1960 et 2003.
En excluant l’Afrique du Sud (espérance de vie de 45,7 ans en 2003) qui fait face à la pandémie du sida, l’Egypte,
la Turquie et le Maroc ont une espérance de vie avoisinant seulement 70 ans en 2003 contre 72,1 ans pour la
Jordanie, 73,2 ans pour la Tunisie, 76,2 ans pour le Portugal, 77,7 ans pour l’Irlande et 78 ans pour la Grèce.
Bien qu’en diminution sensible, l’écart en terme d’espérance de vie entre le Maroc et l’Espagne reste encore
important (près de dix ans en 2003).
25
3.5. Ratio de dépendance
La longévité et la fécondité d’un pays se reflètent dans sa répartition par âge et, en particulier, dans son
rapport de dépendance, mesuré par la somme des populations âgées de moins de 15 ans et de plus de 65
ans sur la population dont l’âge est compris entre 15 et 64 ans.
Le ratio de dépendance du Maroc a diminué de 0,9 en 1960 (1,07 en 1970) à 0,58 en 2004. Ce repli de 0,32
point est inférieur à celui de la Corée du Sud (0,44 point), de la Tunisie (0,42 point), du Mexique (0,39 point)
et de la Malaisie (0,36 point). Pour les autres pays de l’échantillon, la baisse du ratio de dépendance entre
1960 et 2004 s’est établie à 0,29 point pour la Turquie, 0,28 pour le Chili, 0,27 point pour la Jordanie et
l’Afrique du Sud, 0,25 point pour l’Irlande et l’Egypte et moins de 0,10 point pour le Portugal, l’Espagne, la
Pologne et la Grèce.
En 2004, le ratio de dépendance du Maroc est comparable à celui du Mexique, de la Malaisie et de l’Afrique du Sud.
Le ratio de dépendance du Maroc est inférieur en 2004 à celui de la Jordanie (0,67), et de l’Egypte (0,59).
La Corée du Sud (0,39), la Pologne (0,42) et l’Espagne (0,47) enregistrent les niveaux de dépendance les
moins élevés de l’échantillon.
26
4.1. Population des jeunes
La part des jeunes (15 à 24 ans) dans la population totale a évolué de 19,2% en 1955 à 16,7% en 1970, soit
une baisse de 2,5 points pour le Maroc. En 1975, la part de la population âgée de 15 à 24 ans a retrouvé
son niveau de 1955.
En 2005, elle a atteint 20,7% au Maroc contre 20,3% pour la Jordanie, 20,9% pour la Tunisie, 21,2% pour
l’Egypte et 21,5% pour l’Afrique du Sud. Les pays ayant le moins de jeunes (15 à 24 ans) dans la population
globale en 2005 sont la Pologne (16,3%), la Corée du Sud (14,6%), le Portugal (12,1%), la Grèce (12%) et
l’Espagne (11,8%).
Au Maroc, la part des jeunes de 15 à 20 ans dans la population globale a entamé une tendance à la baisse
au début de l’actuelle décennie. Ce phénomène a été constaté par exemple en Corée du Sud dès 1980.
L’indicateur de la participation des femmes (IPF)6 est composé de trois indicateurs : la participation
politique et économique des femmes, le pouvoir décisionnaire des femmes et leur pouvoir sur les
ressources économiques.
En 1997, le Maroc, avec un IPF de 0,30, s’est caractérisé par une participation féminine plus élevée que
celle de la Turquie, l’Egypte et la Jordanie et légèrement inférieure à celle de la Corée du Sud et de la
Tunisie. L’indicateur de participation des femmes a dépassé 0,50 en 1997 au Portugal, en Irlande, en
Espagne, en Pologne et au Mexique.
6
Publié par le PNUD, cet indicateur varie entre 0 et 1. Il s’approche de 1 quand la participation des femmes est importante dans la
vie politique et économique.
27
Graphique 16 : Indicateur de participation des femmes en 1997
Relativement plus importante qu’en Corée du Sud, Turquie, Egypte, Jordanie et Grèce, la participation des
femmes à la chambre basse du Parlement au Maroc a atteint 10,8% en 2003, niveau comparable à celui de
la Malaisie et de la Tunisie. Elle reste cependant en deçà des performances du Portugal (19,1%), de la
Pologne (20,2%), de l’Espagne (28,3%) ou de l’Afrique du Sud (29,8%).
La participation des femmes à la chambre haute du Parlement reste insignifiante au Maroc (0,4%) en
comparaison avec la Malaisie (26,1%) ou l’Afrique du Sud (31,5%). Celle des femmes au Gouvernement
s’est établie à 4,9% en 2000 au Maroc, soit le niveau le plus faible de l’échantillon après la Turquie et la
Jordanie.
Au Maroc, près de 8,3% des femmes ont des postes de décision et de gestion en 2002. Pour la même année,
la part des femmes cadres supérieurs, professions libérales et techniciennes a avoisiné 34,6%.
Compte tenu du fait que certains pays de l’échantillon dont le Maroc ne disposent pas de comptes nationaux
(emplois/ressources) en termes constants, les contributions des éléments de la demande à la croissance
économique ont été évaluées sur la base des agrégats exprimés en valeur nominale.
28
5.1.1. Croissance économique
Pour la période 1960-2004, le taux de croissance économique a été de 4,1% l’an en moyenne au Maroc contre
4,5% pour l’ensemble de l’échantillon. Le manque à gagner le plus important, par rapport à la moyenne de
l’échantillon, a été enregistré durant les décennies 60 (-1,7 point de croissance par an) et 90 (-1,2 point de
croissance par an).
Les pays les plus performants sont la Corée du Sud (7,3% l’an entre 1960 et 2004) et la Malaisie (6,5%). Les
pays ayant réalisé les résultats les plus faibles sont l’Afrique du Sud (3,1%) et la Pologne (3,2%). Malgré
les fonds structurels dont ils ont bénéficiés dans le cadre de leur intégration à l’Union Européenne,
l’Espagne, le Portugal et la Grèce ont eu des taux annuels de croissance sur la période 1960-2004, similaires
à celui du Maroc.
Pour le Maroc, le taux de croissance du PIB par habitant en monnaie constante (1,8% l’an pour la période
1960-2004) s’est avéré inférieur de 0,9 point par rapport à la moyenne de l’échantillon. Les écarts les plus
importants ont été enregistrés durant les décennies 60 et 90.
29
Graphique 18 : Taux de croissance du PIB par habitant, selon les périodes,
pour le Maroc et l’ensemble de l’échantillon
Pour la période 1960-2004, le taux de croissance du PIB par habitant au Maroc a été en deçà de 3,9 - 2,3 -
2,3 – 1,9 et 1,4 points comparativement à la Corée du Sud, l’Irlande, la Malaisie, le Portugal et la Grèce.
En vue d’approfondir l’analyse du problème de la croissance économique, il a été procédé à une évaluation
du PIB tendanciel, selon une approche statistique7. Celle-ci a permis d’identifier au Maroc 6 cycles
économiques liés aux politiques économiques poursuivies et à des facteurs exogènes internes ou externes:
1960-1966, 1967-1974, 1975-1981, 1982-1987, 1988-1995 et 1996-2004. L’analyse comparative de ces
cycles économiques a révélé les constatations suivantes :
n Les taux de croissance du PIB tendanciel des différents pays ont évolué dans une fourchette de plus en
plus réduite : 3,6% pour la Jordanie à 10% pour la Corée du Sud pour la période 1960-1966 et 2,4%
pour l'Afrique du Sud à 7% pour l’Irlande pour la période 1996-2004.
n Pour le cycle économique 1996-2004, le taux de croissance tendanciel est resté inférieur ou égal à 3%
pour le Maroc, le Mexique, le Portugal, l’Espagne, la Turquie et l’Afrique du Sud. Il est compris entre
3 et 4% pour la Pologne, la Jordanie et la Grèce. Il dépasse 4% pour les autres pays de l’échantillon.
7
Le filtre de Hodrick-Prescott a été utilisé pour évaluer la croissance potentielle.
30
Graphique 19 : Taux de croissance tendancielle pour la période 1996-2004
Ainsi, l’un des défis à relever par le Maroc dans les années à venir réside dans l’amélioration substantielle
de sa croissance potentielle qui demeure insuffisante face aux exigences du développement humain.
5.1.2. Investissement
Pour le Maroc, le taux d’investissement (rapport FBCF sur PIB) est passé de 10,7% à 23,6% entre les
périodes 1955-1959 et 2000-2004, soit une amélioration de 12,9 points contre 7,8 points pour la moyenne
de l’échantillon.
Par rapport aux pays de l’échantillon, le taux d’investissement du Maroc a été le plus faible entre
l’Indépendance et la fin des années 60. Par la suite, les efforts entrepris par notre pays ont permis de porter
le taux d’investissement à 23,6% pour la période 2000-2004, soit un niveau légèrement au dessus de la
moyenne de l’échantillon (22,3%).
31
Graphique 20 : Taux d’investissement selon les périodes
Des taux d’investissement de 28% (similaires à ceux de la Corée du Sud) sont nécessaires pour atteindre
au Maroc une croissance économique annuelle de 6%. De plus, une attention particulière devrait être
accordée au Maroc à l’attractivité de l’investissement étranger et à l’efficacité de l’investissement,
particulièrement celui réalisé par le secteur public.
En pourcentage de la FBCF, les investissements directs étrangers ont représenté 16,5% au Maroc durant la
période 2000-2002 contre 17,5% pour la moyenne de l’échantillon. Les performances les plus élevées ont été
réalisées par le Chili (21,5%), l’Espagne (19,7%) et le Portugal (18,1%). Certains de ces pays ont mis en place
des politiques d’attraction de l’investissement étranger à partir des années 70 alors qu’au Maroc, le processus
a commencé durant les années 90 avec les privatisations et les opérations de reconversion de la dette.
Entre 1970-1979 et 2000-2002, l’évolution de 0,3% à 3,7% des flux d’investissements directs étrangers, en
pourcentage du PIB, à destination du Maroc, est comparable à celle du Chili (de 0,4 % à 4,7%) et de
l’Espagne (de 0,6% à 4,8%). Elle est meilleure comparativement à celle de la Malaisie (de 3,1% à 2,8%) et
de l’Egypte (de 1,2% à 0,9%). Elle reste moins soutenue que celle de l’Irlande (de 1,5% à 17,9%).
32
5.1.3. Consommation privée
La croissance économique au Maroc est donc fortement dépendante de la consommation privée, à l’instar
de beaucoup de pays. L’insuffisance de la croissance économique est en relation en partie avec l’étroitesse
du marché local. Exprimée en dollars courants, la consommation privée par habitant a été multipliée entre
1955-1959 et 2000-2004 par 7,3 seulement au Maroc contre 25 pour l’ensemble de l’échantillon.
Graphique 22 : Rapport des consommations privées par habitant (2000-2004 sur 1955-1959)
Les rapports les plus élevés sont les suivants : 49 pour la Corée du Sud, 43 pour le Portugal, 37 pour
l’Espagne et 32 pour la Grèce.
33
Les pays de l’échantillon qui, à l’instar du Maroc, soutiennent le plus la demande à travers la dépense
publique sont le Portugal (25,5%), l’Espagne (23,5%), l’Afrique du Sud (22,9%), l’Irlande et la Malaisie
(22,7%), la Jordanie (22,5%) et la Pologne (21,8%) et ce, pour la période 2000-2004.
Avant d’examiner l’impact de la demande extérieure de biens et services sur l’évolution du PIB, il convient
de préciser que la contribution du solde commercial des échanges extérieurs de biens et services à la
croissance économique nominale s’est établie pour le Maroc à –8,4% pour la période 1955-2004 contre
+0,9% pour l’ensemble de l’échantillon. Ainsi, les échanges extérieurs ne tirent pas suffisamment la
croissance économique dans notre pays.
Pour la période 2000-2004, la contribution du solde commercial des échanges extérieurs de biens et services à la
croissance économique nominale a atteint –40,2% pour le Maroc contre une moyenne des pays de l’échantillon
de -0,9%. Le Maroc se trouve pénalisé par sa forte dépendance énergétique qui alourdit son déficit commercial.
En plus de la dynamique insuffisante du marché local, le Maroc ne tire pas suffisamment profit de la
demande extérieure qui lui est adressée. Supérieur à la moyenne de l’échantillon jusqu’à la fin des années
60, le taux d’exportation des biens et services du Maroc (exportations ramenées au PIB) a été inférieur, par
rapport à la moyenne de l’échantillon, de 3,9, de 11,9 et de 16,1 points respectivement durant les décennies
70, 80 et 90. Cet écart a atteint 20,1 points pour la période 2000-2004.
Si le taux moyen d’exportation de biens et services du Maroc a baissé de 3,4 points depuis l’Indépendance,
celui de l’échantillon a augmenté de 21,5 points entre les périodes 1955-1959 et 2000-2004. L’amélioration
du taux d’exportation est ramenée à 18,5 points lorsque l’on exclut de l’échantillon l’Irlande et la Malaisie.
Les taux d’exportation les plus élevés ont été réalisés durant la période 2000-2004 par la Malaisie (118%)
et l’Irlande (91%) et dans une moindre mesure, par la Tunisie (45,2%), la Jordanie (43,1%), la Corée du Sud
(39,2%), le Chili (35,3%), le Portugal (30,9%), la Pologne (29,9%) et l’Espagne (28,7%).
34
5.2. Répartition des fruits de la croissance
La répartition des fruits de la croissance sera appréhendée à travers la mise en évidence des inégalités en
termes de revenus ainsi que le traitement des questions relatives aux salaires et à l’emploi.
Sur la base des enquêtes statistiques disponibles pour la période 1997-2002 sur les revenus et dans
certains cas sur la consommation des ménages, la répartition des fruits de la croissance se caractérise par
les éléments suivants :
n La part des 20% les plus aisés dans le revenu global est de 46,6% au Maroc, pays se situant en cinquième
position après le Chili et l’Afrique du Sud (62,2%), le Mexique (59,1%) et la Malaisie (54,3%).
n La part des 20% les moins aisés est de 6,5% du revenu global, contre 8,6% pour l’Egypte, 7,9% pour
la Corée du Sud et 7,6% pour la Pologne et la Jordanie.
n Le rapport des revenus entre les 20% les plus aisés et les 20% les moins aisés est moins élevé au
Maroc (7,2) qu’en Turquie (7,7), au Portugal (8) et en Tunisie (7,9). Les inégalités les plus prononcées
se trouvent en Afrique du Sud (33,6), au Mexique (19,3), au Chili (18,7) et en Malaisie (12,4).
Entre 1970 et 2001, les disparités sociales au Maroc ont connu une relative atténuation ainsi que le
confirme la récente enquête sur la consommation des ménages réalisée par le Haut Commissariat au Plan.
La part des 50% les moins aisés dans la dépense globale est passée de 17,9% en 1970 à 22,7% en 1985
pour atteindre 24,4% en 2001. Celle des 10% les plus aisés a évolué entre 1970 et 2001 de 36,6 à 29,7%.
Une stagnation a été constatée en ce qui concerne les disparités entre les milieux urbain et rural. Le rapport
des dépenses moyennes par personne entre les villes et les campagnes s’est établi à 2 en 2001 contre 1,9
en 1985 et 2,1 en 1970. Il était de 1,6 en 1959.
Faute d’informations sur la répartition des fruits de la croissance entre le capital et le travail pour les quinze
pays, le benchmarking s’est limité au taux d’activité et à la question du chômage.
Au préalable, il convient de préciser qu’en se basant sur les données de la comptabilité nationale, la
rémunération salariale au Maroc a progressé entre 1980 et 1998 à un rythme annuel moyen de l’ordre de
9%. Le poids des salaires dans la valeur ajoutée globale est passé de 33% en 1980 à 34% en 1998. Par
contre, le rapport du salaire moyen au SMIG a diminué de 1,9 en 1980 à 1,5 en 1998, ce qui laisse supposer
une certaine précarisation du travail salarial.
Un autre élément de fragilité réside dans le fait que les administrations publiques ont versé en 1998 près
de 43% de la rémunération salariale au niveau national. Ce pourcentage élevé est imputable plus à la
revalorisation des salaires depuis 1990 qu’à l’augmentation de l’emploi dans le secteur public.
35
Pour ce qui est de l'analyse comparative des indicateurs du marché de l’emploi, elle risque d'être biaisée
en raison de la non homogénéité des méthodes et concepts utilisés en matière d'élaboration des données
et du manque d'informations relatives à l'emploi et au taux de chômage pour certains pays composant
l'échantillon.
Elle conduit néanmoins à la mise en évidence d’une tendance générale à la hausse entre 1960 et 2001 du
rapport entre la population d’âge actif et la population totale, exception faite de la Turquie dont le taux a
reculé de 4,2 points pour se situer à 46,6% en 2001.
L’augmentation la plus importante entre 1960 et 2001 du rapport précité a été enregistrée par la Corée du
Sud avec 17,9 points, suivie du Portugal avec 12,1 points, du Mexique avec 11,6 points, du Chili et de la
Tunisie avec 7,5 points et de la Malaisie avec 7,3 points.
La progression entre 1960 et 2001 du rapport entre la population d’âge actif et la population totale n’a pas
dépassé 4 points pour le Maroc, la Turquie, l’Irlande, l’Egypte, la Pologne, la Jordanie, la Grèce et l’Afrique
du Sud.
Il est à constater également que presque la moitié de la population de la Pologne est d’âge actif depuis le
début des années 60. Pour la Corée du Sud, le Portugal et, dans une moindre mesure, la Turquie, le rapport
entre la population d’âge actif et la population totale s'est situé autour de 50% en 2001. Pour les autres
pays de l'échantillon, y compris le Maroc, il avoisine 40% en 2001, à l’exception de la Jordanie (30%).
Quant au chômage, il a touché 11,4% de la population active en 2003 au Maroc contre 29,7% en Afrique du
Sud, 19,6% en Pologne, 14,3% en Tunisie, 11,3% en Espagne, 11% en Egypte et 10,5% en Turquie. Les
autres pays de l’échantillon ont généralement un taux de chômage inférieur à 7,5%. Parmi les pays de
l’échantillon ayant fortement réduit le chômage, il faut mentionner le Chili et l’Irlande.
36
Graphique 25 : Taux de chômage
Bien qu’en diminution durant les dernières années, le chômage au Maroc concerne davantage le milieu
urbain et les diplômés de l’enseignement supérieur avec des taux respectifs de 18,4% et 25,6% en 2004.
Pour ce qui est du coût de la main d’œuvre, évalué en dollars par le Bureau International du Travail, il a
progressé entre 1985 et 2000 de 37% au Maroc contre 103% pour le Portugal, 98% pour la Turquie, 67%
en Espagne et 28% pour la Corée du Sud. Au Mexique, il semble avoir baissé de 17% entre 1985 et 2000.
La contribution des différentes activités économiques au PIB8 est tributaire des politiques sectorielles
menées depuis l’Indépendance. Pour la comparaison internationale, le choix s’est porté sur certains
secteurs-clés comme l’agriculture, la pêche, les industries manufacturières, l’énergie et le tourisme.
Le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche et sylviculture) revêt une importance primordiale pour
l’économie nationale de par son poids dans le PIB (variant de 12% à 21%), son rôle au niveau de l’emploi
(80% de la population active occupée du monde rural) et sa participation aux échanges extérieurs (à hauteur
de 20% des exportations globales de produits).
Malgré une baisse de 20,5% en 1970 à 16,7% en 2004, la contribution de ce secteur au PIB reste importante
au Maroc, ce qui témoigne d’une diversification insuffisante du tissu économique en comparaison à d’autres
pays de l’échantillon.
8
Les contributions sectorielles sont calculées en fonction du PIB courant sauf indication contraire
37
Graphique 26 : Part de la valeur ajoutée agricole dans le PIB (%)
A ce titre, la part du secteur primaire dans le PIB est passée, entre 1970 et 2004, de 29,4% à 10% en
Malaisie, de 39,5% à 12% en Turquie, de 29,4% à 15,5% en Egypte et de 11,6% à 2,1% en Jordanie. La
baisse la plus importante a été enregistrée en Corée du Sud, où la contribution du secteur primaire au PIB
a reculé de 27,1% en 1970 à 3,2% en 2003.
L’économie agricole marocaine se heurte à des contraintes liées aux structures foncières, au déficit d’organisation
et d’intégration des filières, aux difficultés du financement, au niveau insuffisant du développement humain dans
le secteur et à la forte densité de la population rurale eu égard aux ressources locales disponibles.
En 2003, et concernant le ratio " Production agricole nominale/population rurale " le Maroc occupe la
neuvième position de l’échantillon devant la Pologne, l’Egypte, l’Afrique du Sud et la Jordanie. L’Espagne,
le Chili, la Corée du Sud, la Grèce et l’Irlande réalisent les ratios les plus élevés.
38
L’analyse en termes de filières met l’accent sur la céréaliculture vu son importance stratégique (plus de
70% de la superficie cultivée) et compte tenu du fait qu’elle sera libéralisée dans une quinzaine d’années
en conformité avec les engagements pris dans le cadre de l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis.
Le rendement des cultures céréalières s’est caractérisé au Maroc par une évolution erratique et dépendante
des aléas climatiques, passant de 408 à 1434 kg/ha entre 1961 et 2003. Cette performance, similaire à celle
réalisée en 2003 par la Jordanie, reste faible en comparaison avec l’Irlande (7158 kg/ha), la Corée du Sud
(5740 kg/ha), le Chili (5222 kg/ha) et la Grèce (3342 kg/ha).
Afin de stabiliser la production agricole et de la sécuriser en partie contre les effets de la sécheresse, le
Maroc a procédé au développement de l’irrigation. La superficie totale irriguée s’est améliorée de 120%
entre 1961 et 2003 pour atteindre actuellement 1,3 million d’hectares contre une progression de 85% de la
superficie agricole utile sur la même période (9 millions d’hectares en 2003). L’effort le plus important a
porté sur la grande hydraulique qui a représenté 52% de la superficie totale irriguée en 2003 contre 18%
seulement en 1961.
Le taux d’irrigation s’est établi à 14,5% en 2002 au lieu de 12,6% en 1961. Le niveau atteint
actuellement par le Maroc, a été enregistré par le Mexique en 1964, par la Turquie en 1989 et par
l’Espagne en 1975. Toutefois, le Maroc reste en avance par rapport à d’autres pays comme la Tunisie
(7,6%) et la Malaisie (4,8%).
Reconnu par la communauté internationale pour son expérience en matière de mobilisation des ressources
en eau, notre pays ne dispose pas cependant d’un potentiel hydraulique aussi important que le Chili, la
Grèce, la Malaisie ou l’Irlande. Les deux premiers pays ont augmenté entre 1961 et 2002 la part de la
superficie agricole irriguée de 28 à 82,4% (Chili) et de 11,6 à 37,2% (Grèce).
39
En rapport avec le développement du secteur agricole, la production animale a été multipliée entre 1961 et
2004 par 3,2 au Maroc, 3,4 au Portugal, 3,5 au Chili, contre 4,4 en Egypte, 4,6 au Mexique, 4,8 en Espagne
et en Tunisie, 8,5 en Jordanie, 12,5 en Malaisie et 15,1 en Corée du Sud. Dans ce secteur porteur, le Maroc
a fait mieux en terme d’accroissement de la production animale que l’Irlande et la Grèce (2,2), la Turquie
(2,1), l’Afrique du Sud (2) et la Pologne (1,3).
De par l’étendue de son littoral (3.500 km) et la diversité de ses ressources marines, le Maroc possède un
potentiel de production halieutique estimé à 1,5 million de tonnes renouvelables annuellement.
Les programmes de promotion du secteur de la pêche ont conduit aux résultats ci-après :
n Une évolution de 4,0% en moyenne annuelle depuis 1960 de la production halieutique nationale en
quantité 9 pour se situer à près de 900.000 tonnes en 2003. Ce niveau place le Maroc à la 6ème position
après le Chili, la Corée du Sud, le Mexique, la Malaisie et l’Espagne.
n Une amélioration de la part de ce secteur dans les exportations des biens et services de 4,7% en 1976 à 11,9%
en 2001 et à 7,2% en 2003. Cette part situe le Maroc en 2003 à la deuxième position après le Chili (8,5%).
Toutefois, ces résultats restent en deçà des potentialités et des atouts du Maroc en raison, notamment, de
la vétusté de la flotte de pêche, d’un réseau de distribution qui reste à moderniser, d’une consommation
intérieure encore faible et d’un écosystème menacé par la pollution. La surexploitation de la ressource
halieutique constitue une autre contrainte à surmonter.
L’analyse, entre 1971 et 2004, de la contribution du secteur secondaire dans le PIB a permis de mettre en
évidence trois groupes de pays :
n Un premier groupe de pays ayant réalisé une forte progression de la part dans le PIB de la valeur
ajoutée de leur secteur secondaire. Il s’agit de la Corée du Sud (28,6% à 41,4% entre 1971 et 2001,
avant de revenir à 34,3% en 2003), de la Malaisie (de 28,6% à 48% entre 1971 et 2004) et de l’Irlande
(de 34,8% en 1971 à 41,5% en 2002).
n Un second groupe constitué de pays ayant enregistré une relative amélioration entre 1971 et 2004 de
leur valeur ajoutée industrielle en pourcentage du PIB, en l’occurrence, le Maroc (de 27,6% à 29,8%),
la Turquie (de 19,7% à 27,1%) et de l’Egypte (28,2% à 32,1%).
9
Faute d’informations sur les valeurs des captures, la comparaison internationale s’est basée sur les tonnages réalisés.
40
n Un troisième groupe de pays composé de pays ayant connu un repli de leur valeur ajoutée industrielle
en pourcentage du PIB, en particulier, la Grèce (de 36,1% en 1971 à 23,8% en 2003), l’Espagne (de
40,7% en 1971 à 29% en 2003), le Portugal (de 35,1% en 1971 à 28,7% en 2002) et le Mexique (31,2%
en 1971 à 25,5% en 2004).
Le graphique ci-après donne l’évolution entre 1971 et 2004 de la contribution du secteur secondaire au PIB
pour une sélection de pays appartenant aux trois groupes précités.
Pour mieux apprécier une telle contribution, l’attention est accordée ci-après aux principales branches
industrielles et à leurs performances à l’exportation.
Industrie agroalimentaire
L’évolution des parts absolues du marché international des produits agroalimentaires renseigne sur les
niveaux de spécialisation des pays de l’échantillon.
La part du marché international de l’agroalimentaire est passée entre 1967 et 2002 de 0,44% à 0,38%
pour le Maroc, de 0,70% à 0,52% pour la Grèce et de 0,78% à 0,16% pour l’Egypte. En revanche, d’autres
pays de l’échantillon ont nettement amélioré leurs parts du marché international entre 1967 et 2002
comme le Chili (0,11% à 1,19%), l’Espagne (1,29% à 3,83%) et dans, une moindre mesure, le Mexique
(1,25% à 1,60%).
41
Graphique 30 : Part absolue du marché international de l’agroalimentaire (%)
La compétitivité globale du secteur agroalimentaire du Maroc repose sur un certain nombre de facteurs hors
prix tels que la qualité et la différenciation des produits, la réactivité aux modes de consommation,
l’adaptation aux normes et standards des différents marchés et le degré de qualification de la main
d’œuvre.
Sur un autre plan, les importations de produits alimentaires, exprimées en pourcentage des importations
totales, ont nettement décéléré entre 1965 et 2003 au Maroc (36,5 à 11,3%). Ce repli de la dépendance
alimentaire est quasi-généralisé pour tous les pays de l’échantillon.
Industrie du textile
L’analyse des parts absolues du marché international confirme que le Maroc, la Turquie et la Tunisie ont
renforcé leur profil de spécialisation dans le secteur du textile et de l’habillement. Ainsi, le Maroc a vu sa
part de marché augmenter de 0,10% en 1967 à 0,73% en 2002. Des gains importants réalisés entre 1967 et
2002 ont été à l’actif de la Turquie (de 0,05% à 2,79%) et de la Tunisie (de 0,03% à 0,87%).
La performance de la Corée du Sud est encore plus importante. Ce pays a amélioré sa part de marché dans
le textile de 0,85% en 1967 à 9,14% en 1988 ; cette part a baissé progressivement à 3,72% en 2002.
D’autres pays ont vu leur part de marché régresser entre 1990 et 2002 comme l’Egypte (0,78% à 0,27%),
l’Irlande (0,51% à 0,19%) et le Portugal (1,41% à 1,39%).
42
Graphique 31 : Part absolue du marché international du textile (%)
En 2000, la part du textile-habillement dans la valeur ajoutée des industries manufacturières s’est établie
à 16,5% pour le Maroc contre 38,6% pour l’Egypte, 32,9% pour la Tunisie, 17,5% pour la Turquie et 11,4%
pour la Grèce. Le niveau de cet indicateur met en relief la vulnérabilité importante, notamment, de l’Egypte
et de la Tunisie.
Le Maroc est également vulnérable. Sa position sur le marché international mérite d’être consolidée grâce
à une stratégie d’intégration dans ce secteur, bénéficiant du processus de délocalisation mené par les
firmes occidentales. Cette stratégie est la seule susceptible de faire face à la concurrence exercée par
l’Asie et les pays d’Europe Centrale et Orientale et aux menaces pesant sur les échanges du textile du fait
du démantèlement de l’accord multi-fibres et de l’intégration des échanges de textile et d’habillement aux
règles de l’Organisation Mondiale du Commerce.
La branche des industries chimiques et parachimiques réalise les investissements les plus importants
(activités fortement capitalistiques) et contribue le plus à la valeur ajoutée industrielle au Maroc.
Avec le développement de la valorisation industrielle des phosphates à partir de 1974, la part du marché
international détenue par le Maroc dans la branche des industries chimiques et parachimiques est passée
de 0,06% en 1974 à 0,11% en 2003. Entre-temps, elle a évolué de 0,25% à 2,31% en Corée du Sud, de
0,38% à 5,09% en Irlande et de 0,10% à 0,8% en Malaisie.
43
Graphique 32 : Part absolue du marché international de la Chimie (%)
Le Chili, la Tunisie, la Turquie, l’Egypte, le Portugal, la Grèce, par contre, affichent une faible spécialisation
dans ce secteur.
Un redéploiement de la spécialisation du Maroc mérite d’être entrepris en vue de développer les branches
les plus dynamiques du commerce international comme l’industrie pharmaceutique.
La branche mécanique, électrique et électronique reste relativement peu développée au Maroc. Ainsi, la
spécialisation du Maroc dans ce secteur progresse difficilement en présence d’une forte concurrence des
pays industrialisés en général, des pays asiatiques de l’échantillon (Corée du Sud et Malaisie) et ceux de
l’Amérique Latine (Mexique notamment). La position sur le marché international de ces deux derniers
groupes de pays s’est renforcée grâce aux délocalisations des firmes japonaises et américaines.
La part de marché du Maroc (0,05% au maximum entre 1967 et 2002) dans ce secteur reste faible
comparativement à la Malaisie (2,28% en 2002 contre 0,03% en 1967), au Mexique (3,72% en 2002 contre
0,22% en 1967), à la Corée du Sud (3,70% en 2002 contre 0,04% en 1967) et à l’Espagne (2,06% en 2002
contre 0,44% en 1967).
44
Cependant, il convient de préciser que le Maroc a réalisé des performances appréciables durant les
dernières années puisque les exportations ont progressé de 88% entre 1998 et 2002, ce qui témoigne du
caractère porteur du secteur mécanique électrique et électronique.
Pour développer ce secteur, le Maroc devrait intensifier l'effort de recherche & développement.
L’accélération de la croissance des activités mécanique, électrique et électronique au Maroc sera
déterminante au niveau du comportement des exportations du Maroc en perspective de la mise en place
définitive de la zone de libre-échange avec l’Union Européenne et les Etats-Unis.
Au Maroc, la part du secteur énergétique dans le PIB est passée de 4,3% en 1969 à 3,2% en 1980. Elle s’est
développée depuis, en relation avec l’évolution de la demande intérieure pour atteindre 5% en 2002.
Exprimée en kwh, la consommation d’électricité par habitant a augmenté de 112,3 en 1971 à 524 en 2002, soit un
accroissement annuel moyen de 5,1%. Les évolutions les plus fortes de ce ratio ont eu lieu en Corée du Sud, en
Malaisie et en Jordanie.
Reflétant souvent le niveau de développement économique, la consommation d’électricité par habitant a atteint
en 2002 près de 6.171 kwh en Corée du Sud, 5.555 en Irlande, 5.048 en Espagne et 4.000 au Portugal. Outre le
Maroc, les pays de l’échantillon les moins consommateurs d’énergie sont la Tunisie (1.019 kwh), l’Egypte (1.073
kwh) et la Jordanie (1.317 kwh).
L’efficacité énergétique (consommation énergétique/ PIB en volume en parité de pouvoir d’achat) du Maroc est la
moins élevée de l’échantillon (0,11 Kg équivalent pétrole par dollar constant de 1975). Elle est similaire à celle de
la Tunisie, du Portugal, de l’Irlande et de la Grèce.
L'accroissement de la demande énergétique (4% par an sur une longue période), conjugué à des ressources locales
de plus en plus limitées (malgré la mobilisation importante du potentiel hydraulique), en relation avec la fermeture
de la mine de charbon, a contribué à l’augmentation de la dépendance énergétique du Maroc de 74,6% en 1971
à 96,9% en 2002. D’autres pays de l’échantillon comme le Portugal, la Turquie ou le Chili se sont trouvés plus
dépendants de l’extérieur pour leur approvisionnement en énergie en 2002 comparativement à 1971.
45
Outre le Maroc, les pays presque entièrement dépendants de l’extérieur pour leur approvisionnement
énergétique en 2002 sont la Jordanie (95,1%), l’Irlande (90,2%), le Portugal (86,2%), la Corée du Sud
(82,2%) et l’Espagne (75,9%). Le taux de dépendance énergétique en 2002 a été de 67,5% pour la Turquie,
de 64,5% pour le Chili et seulement de 16,1% pour la Tunisie et de 10,7% pour la Pologne.
La contribution de l’énergie hydraulique dans la production électrique n’a cessé de baisser dans tous les
pays de l’échantillon à l’exception du Chili et de la Turquie. Les baisses les plus importantes ont eu lieu
entre 1971 et 2000 au Maroc (66,4% à 5,1%), en Espagne (51,7% à 12,8%) et au Portugal (78,1% à 26,1%).
En 2000, l’énergie hydraulique a contribué à la production électrique à hauteur de 46,2% au Chili, de 24,7%
en Turquie et de 18,7% en Egypte.
Le développement du secteur énergétique au Maroc est tributaire des efforts à entreprendre en vue
d’intensifier la prospection pétrolière et d’encourager l'utilisation des énergies renouvelables. En plus de la
libéralisation du secteur programmée en 2005, la stratégie énergétique devrait accorder une place de choix à
l’utilisation du gaz naturel. Pour réduire la dépendance énergétique, l’option nucléaire devient incontournable.
En 2004, le secteur tertiaire a représenté au Maroc 55% du PIB global (dont 16,7% pour l’administration
publique) et plus de 35 % de la population active occupée.
Néanmoins, la tertiairisation du Maroc est très lente si l’on en juge par l’évolution de la valeur ajoutée réelle.
Le secteur tertiaire a gagné à peine 5 points du PIB entre 1971 et 2004. Les pays ayant réalisé de fortes
progressions pour la période concernée sont la Turquie (de 42,5% à 60,9%), le Mexique (de 56,2% à 70,5%),
l’Espagne (de 47,6% en 1971 à 67,1% en 2003) et la Grèce (de 48,8% en 1971 à 69,3% en 2003). Le Portugal
est toutefois le pays qui a accompli la tertiarisation la plus rapide de l’échantillon de comparaison puisque
la contribution du secteur tertiaire au PIB est passée de 37% en 1971 à 67,6% en 2002.
46
L’évolution modérée de la tertiairisation du Maroc se trouve confirmée par la stagnation de la part des
services (hors administration publique) dans la production marchande qui est passée de 44,5% en 1971 à
46% en 2004. Elle a été enregistrée malgré la priorité accordée par notre pays au secteur du tourisme.
En 2001, le secteur du tourisme a représenté 7,8% du PIB (effets directs et indirects), 5,8% de l’emploi
global et 11% des recettes courantes de la balance des paiements du Maroc. Le caractère porteur de ce
secteur a poussé les pouvoirs publics, dès les années 60, à mettre en œuvre un ensemble d’actions visant
l’aménagement de zones touristiques et l’incitation aux investissements.
Compte tenu de ces actions, le ratio " recettes du tourisme international/exportations de biens et services"
s’est situé à 26,7% en 2003 au Maroc contre 23,5% pour l’Egypte, 22,3% pour la Jordanie, 19,6% pour
l’Espagne, 17,7% pour la Tunisie et pour le Portugal et 16,4% pour la Turquie (en 2002). La Grèce reste le
pays de l’échantillon où le tourisme contribue le plus aux exportations de biens et services : 29,4% en 2003.
Disposant d’atouts touristiques considérables, notre pays s’est engagé depuis quelques années dans une
nouvelle politique touristique visant, à l’horizon 2010, 10 millions de touristes, la création de 600.000
emplois supplémentaires ainsi que la réalisation de 78 milliards de dirhams de recettes en devises.
Il a également réduit progressivement les restrictions quantitatives, allégé le niveau de protection tarifaire
de sa production nationale, libéralisé profondément sa réglementation des changes et entrepris une
simplification et une harmonisation de sa fiscalité douanière pour l’aligner sur les standards internationaux.
47
Malgré cela, le taux annuel de progression des exportations de biens (valeur nominale) pour la période
1967-2002 ne s’est établi qu’à 9,6% pour le Maroc contre 10,8% à l’échelle mondiale. Mieux positionné que
la Pologne (7,8% l’an) et l’Egypte (7,3%), notre pays a été nettement moins performant que la Corée du Sud
(20,9%), le Mexique (16,1%), l’Irlande (15,1%), la Malaisie (14,4%), l’Espagne (14,3%) et la Tunisie (12,8%).
Les taux de croissance des exportations les plus élevés ont été enregistrés par les pays émergents durant
les décennies 60 et 70.
La part des produits manufacturés dans les exportations globales de marchandises du Maroc est 8 fois plus
importante durant la décennie 90 (65,8%) qu’au cours des années 60. En revanche, en 2002, la performance
du Maroc (67,2%) s’est avérée inférieure à celle de la Corée du Sud (92,2%), de l’Irlande (88%), du Portugal
(86,1%),du Mexique (84,3%), de la Turquie (83,9%), de la Pologne (82,1%), de la Tunisie (81,7%), de la
Malaisie (79,7%), de l’Espagne (77,6%) et de la Jordanie (67,7%). Elle demeure supérieure pour la même
année aux réalisations de l’Afrique du Sud (62,6%), de la Grèce (55,4%) ou de l’Egypte (35,4%).
Afin d’examiner les résultats des politiques poursuivies par le Maroc en matière d’échanges extérieurs et
de compétitivité, il sera procédé à une analyse comparative des taux d’ouverture et de pénétration, des
parts absolues et relatives du marché international, du taux de couverture des importations par les
exportations et de certains éléments de la balance des paiements.
Les analyses effectuées par les organismes internationaux (Fonds Monétaire International, Banque
Mondiale, Organisation Mondiale du Commerce,…) montrent que plus une économie est ouverte sur
l’extérieur, plus la création de richesses est importante.
Dans ce contexte, le taux d’ouverture moyen (exportations + importations de biens et services ramenées au
PIB) est passé entre les périodes 1955-1959 et 2000-2004 de 49,3 à 52,3% pour le Maroc et de 42,9 à 82,7%
pour la moyenne de l’échantillon. Hors Corée du Sud, Irlande et Malaisie, le taux d’ouverture de
l’échantillon a évolué de 35,8% à 64,2% entre les périodes 1955-1959 et 2000-2004.
48
Durant la deuxième moitié de la décennie 50, le Maroc était plus ouvert que la plupart des pays de
l’échantillon. Pour la période 2000-2004, le Maroc occupe, avec la Grèce, l’avant-dernière position de
l’échantillon de comparaison (52,3%) devant l’Egypte (45,5%). Les taux d’ouverture les plus élevés sont ceux
de la Malaisie (217%), l’Irlande (165%), la Tunisie (94,1%), la Jordanie (80,6%), la Corée du Sud (75,8%),
le Portugal (70%), le Chili (67,3%) et la Pologne (64%).
Ainsi, la Malaisie, l’Irlande et la Corée du Sud ont réussi leur insertion à l’économie mondiale mieux que
les pays ayant opté, par le passé, pour une stratégie de substitution aux importations comme l’Egypte
(45,5%) ou la Turquie (60,7%). Pour la période 2000-2004, d’autres pays affichent des taux en dessous de
la moyenne de l’échantillon (82,7%), en l’occurrence, la Grèce (52,3%), l’Afrique du Sud (55,6%), la Pologne
(64%), l’Espagne (59,4%) et le Chili (67,3%).
Le concept de taux d’ouverture mérite toutefois d’être approfondi en excluant les matières premières et en
se concentrant sur les échanges extérieurs de produits manufacturés.
Renseignant sur le degré de satisfaction de la demande intérieure par les importations, le taux de
pénétration de biens et services a évolué entre les périodes 1955-1959 et 2000-2004 de 25,1 à 28,4% pour
le Maroc et de 22,3 à 43,2% pour la moyenne de l’échantillon.
Pour la période 2000-2004, le taux de pénétration au Maroc est, néanmoins, à des niveaux comparables à
ceux de la Turquie (30,8%), de l’Espagne (30,2%), du Mexique (30,0%), de la Grèce (28,2%), ou de l’Afrique
du Sud (27,3%). Il est supérieur à celui de l’Egypte (23,5%).
Evaluée uniquement pour les biens, la part du Maroc dans le marché international a baissé de 0,19% à
0,14% entre 1967 et 2002 alors que celle de l’échantillon a augmenté entre-temps de 6,23 à 13,34%.
Ainsi, l’amélioration de la part de marché absolue de l’échantillon entre 1967 et 2002 a été de 7,12 points
dont 2,43 pour la Corée du Sud, 2,10 pour le Mexique, 1,41 pour l’Espagne, 1,11 pour l’Irlande et 1,01 pour
la Malaisie.
La Corée du Sud a représenté en 2002 près de 19,4% de la part de marché international détenue par
l’échantillon contre 2,5% en 1967. Les performances du Mexique, de l’Irlande, de l’Espagne et de la
Malaisie ont évolué, respectivement, de 9,2% à 20%, de 5,8% à 11%, de 10,8% à 15,6% et de 9,1% à
11,8% entre 1967 et 2002.
49
Graphique 38 : Parts de marché relatives des pays de l’échantillon
Les autres pays ont enregistré une perte de leur part de marché relative. Ceux dont la part de marché
relative a régressé le plus entre 1967 et 2002 sont la Pologne (19,7 à 4,7%), l’Afrique du Sud (14,5% à
3,4%), l’Egypte (4,8 à 0,9%) et le Chili (6 à 2,2%).
Le Maroc ne représente plus que 1,1% de la part de marché détenue par l’échantillon en 2002 contre 3,1%
en 1967. Partant de ce constat, la dynamisation des exportations devrait être constamment une véritable
préoccupation des pouvoirs publics au Maroc, ne serait-ce que pour relancer la croissance économique et
améliorer le bien-être des populations.
Outre les problèmes de compétitivité structurelle, les performances insuffisantes du Maroc sur les plans du
commerce extérieur et de la compétitivité sont imputables, en partie, à la politique de change.
L’analyse de l’évolution du taux de change effectif réel du dirham (TCER) révèle que ce dernier ne s’est
déprécié en moyenne annuelle au cours de la période 1980-2004 (base 2000) que de 1,30% l’an pour le
Maroc contre 2,60% pour le Chili, 2,08% pour la Malaisie, 1,97% pour la Tunisie et 1,73% pour l’Afrique du
Sud. En revanche, le TCER du dirham est resté en deçà de celui de la Pologne, pays qui a réalisé, grâce aux
efforts de productivité, des résultats intéressants en matière d’exportation malgré l’appréciation du zloty
durant la dernière décennie.
Le Forum Economique Mondial procède à un classement des pays selon les dimensions macroéconomique
et microéconomique de la compétitivité.
50
Les pays de l’échantillon les mieux classés en 2004 selon la dimension macroéconomique de la
compétitivité, sont le Chili (22 ème rang mondial), l’Espagne (23ème rang), le Portugal (24ème rang), la Corée du
Sud (29ème rang), l’Irlande (30ème rang) et la Malaisie (31ème rang).
Tenant compte des stratégies des firmes, de la qualité du climat des affaires et du PIB par habitant, l’indice
global de la compétitivité des affaires (approche microéconomique) situe le Maroc en 2004 au 46me rang
mondial devant la Turquie (52ème rang), le Mexique (55ème rang), la Pologne (57ème rang) et l’Egypte
(66ème rang). Le classement du Maroc se trouve affecté surtout par l’étroitesse du marché local, liée à un
revenu par habitant insuffisant.
Entre 1967-1969 et la période 2000-2002, le taux de couverture des importations par les exportations de
produits a baissé de 86,9% à 70,7% au Maroc alors qu’il a progressé entre-temps de 77,8% à 87,2% pour
l’échantillon pris dans son ensemble. Hors Corée du Sud, Irlande et Malaisie, le taux de couverture de
l’échantillon est resté compris entre 60,6% et 73,8% entre 1967 et 2002.
Le Maroc se caractérise par un déficit commercial structurel. Durant la période 2000-2OO2, le taux de
couverture des importations par les exportations de produits est inférieur au Maroc à celui de l’Irlande
(165%), de la Malaisie (144%), du Chili (116%), de la Corée du Sud (114%), de l’Afrique du Sud (103%), de
l’Espagne (75,2%) et de la Tunisie (74,3%).
En pourcentage du PIB, le déficit commercial s’est établi, durant la période 2000-2OO2, à 9,7% pour le
Maroc, soit un niveau inférieur à celui de la Jordanie (22,2%), de la Grèce (17,1%), du Portugal ( 14,2%), de
l’Egypte (11,9%) et de la Tunisie (11,6%).
51
Les pays de l’échantillon ayant un déficit commercial réduit, durant la période 2000-2002, sont l’Espagne
(6,6%) et la Pologne (8,2%). Les pays excédentaires commercialement sont la Malaisie, l’Irlande et dans une
moindre mesure le Mexique, la Corée du Sud et le Chili.
Mis à part le caractère structurel du déficit commercial, le Maroc a réalisé des performances appréciables
au niveau des autres rubriques de la balance des paiements.
Le solde du compte courant de la balance des paiements était déficitaire depuis le début des années 70,
enregistrant -7,5% du PIB entre 1970 et 1979, -5,5% du PIB entre 1980 et 1989, et -6,9% du PIB entre 1990
et 1999. Sur la période 2000-2004, le solde est positif, atteignant 2,7% du PIB. Il a évolué entre la décennie
70 et la période 2000-2004 de -4,5% à -0,9% du PIB pour l’ensemble de l’échantillon, Ainsi, le Maroc a pu
rétablir l’équilibre de sa balance des paiements courants plus vite que de nombreux pays de l’échantillon.
Le Maroc a même enregistré un compte courant excédentaire de 4,8% du PIB en 2001, de 4,1% en 2002, de
3,7% en 2003 et de 2% en 2004 grâce à la croissance du secteur touristique et aux transferts des Marocains
Résidents à l’Etranger. Ceci a favorisé une progression notable des réserves de change et un allègement de
la dette extérieure.
Dynamisés par les transferts des Marocains Résidents à l’Etranger, les transferts courants nets en
pourcentage du PIB se sont améliorés de 5,9% en 1980 à 9,4% en 2003 au Maroc. En revanche, ce ratio a
reculé entre 1980 et 2003 de 50% à 31.5% en Jordanie, de 10,1% à 2,3% au Portugal, de 12,2% à 4,4%
pour l’Egypte et de 3,1% à 0,4% pour la Turquie. Pour la Tunisie, les transferts courants nets ont augmenté
de 4,7% à 5,2% du PIB entre 1980 et 2003.
52
5.5. Politique des finances publiques
Les politiques financières influent sur la croissance économique et sa répartition et, donc, sur le
développement humain.
Toutefois, les comparaisons internationales en matière de finances publiques méritent d’être menées avec
beaucoup de prudence. Au delà du problème de l’harmonisation des données et de l’absence, souvent, de
comptes consolidés des finances publiques, les conclusions qui se dégagent dépendent du niveau de
décentralisation de l’administration, des concessions de services publics accordées aux entreprises ou du
mode de financement de certains secteurs sociaux importants comme l’éducation et la santé.
Les finances publiques seront examinées à travers l’étude des recettes et dépenses publiques, du déficit
budgétaire et de la dette globale.
Entre les périodes 1955-1959 et 2000-2004, les recettes ordinaires en pourcentage du PIB sont passées de
9,5 à 26% au Maroc. Cette progression sensible a été rendue possible grâce aux recettes des monopoles,
à la réforme fiscale et, durant les dernières années, aux revenus des opérations de privatisation.
Les recettes ordinaires en pourcentage du PIB sont devenues supérieures au Maroc à la moyenne de
l’échantillon durant la période 2000-2004 (26% contre 22,4% pour l’échantillon) en raison des recettes
exceptionnelles de privatisation.
Le Maroc, à l’instar de la Turquie et du Portugal, figure parmi les pays de l’échantillon à taux moyen de
pression fiscale1 0. Malgré les allégements fiscaux intervenus après le lancement en 1986 de la réforme
fiscale, la pression fiscale a été consolidée, se situant à 22,4% au cours de la période 2000-2004 contre
18,2% durant la période 1970-1979. Le bon comportement de la fiscalité directe et l’institution de la taxe
intérieure de consommation sur les produits pétroliers ont contribué en grande partie à cette évolution.
Notre pays devrait consolider sa pression fiscale à son niveau actuel en compensant les effets du
démantèlement douanier lié aux accords de libre-échange par une amélioration de la fiscalité directe
provenant d’une croissance économique plus élevée.
Comme au Maroc, la pression fiscale a augmenté en Afrique du Sud (de 19,2% à 25,3% entre les périodes
1970-1979 et 2000-2004), en Grèce (de 21,4% à 26%), mais surtout en Turquie où elle est passée de 13,7%
pour la période 1970-1979 à 22,9% pour la période 2000-2004. Dans certains pays, l’augmentation de la
pression fiscale est restée modérée entre les deux périodes considérées : la Jordanie (de 14,1% à 16,3%),
le Portugal (de 20,2% à 22,4%) et la Corée du Sud (de 13,6% à 15,7%). Par contre, la pression fiscale a
reculé entre 1970-1979 et 2000-2004 au Chili (de 23,2% à 17,6%), en Espagne (de 18% à 15,2%) et en
Tunisie (de 22,5% à 21,2%).
10
Recettes fiscales rapportées au PIB nominal.
53
Graphique 41 : Pression fiscale pour la période 2000-2004 (%)
Les dépenses publiques traduisent l’ampleur de l’intervention de l’Etat dans le champ économique et social.
Jusqu’à la fin des années 70, les dépenses publiques en pourcentage du PIB étaient généralement
supérieures au Maroc à la moyenne de l’échantillon. La hausse la plus importante des dépenses publiques
s’est matérialisée durant la décennie 70 dans le cadre du Plan de Développement Economique et Social
1973-1977, caractérisé par une intervention massive de l’Etat avec des investissements publics financés
dans une proportion importante par l’endettement extérieur.
Le Plan d’Ajustement Structurel 1983-1992 et les réformes menées par la suite n’ont pas permis de
baisser considérablement les dépenses publiques en pourcentage du PIB. Ce ratio, qui était de 29,9%
durant la décennie 70, a été ramené à 26,2% durant la décennie 90 et à 28,7%, seulement, durant la
période 2000-2002.
Pour la période 2000-2002, les pays où le ratio " dépenses publiques en pourcentage du PIB " était faible
sont le Mexique (16%), la Corée du Sud (16,9% durant la décennie 90) et le Chili (22,5%). Pour ces pays, les
dépenses publiques en pourcentage du PIB se situaient, respectivement, durant la décennie 70, à 14,5% et
33,2%. En limitant le train de vie de leur administration, ces trois pays ont assuré une réelle maîtrise de
l’équilibre de leurs finances publiques. L’effort le plus important en matière de compression de la dépense
publique en pourcentage du PIB a été réalisé par le Chili.
54
Graphique 42 : Dépenses publiques en pourcentage du PIB
Pour la Turquie, il a été constaté une hausse des dépenses publiques en pourcentage du PIB de 17,9% dans
les années 70 à 44,1% entre 2000 et 2002 alors qu’une tendance à la baisse distingue l’Egypte qui a vu son
ratio passer de 49% dans les années 70 à 33,6% dans la décennie 90.
Le poids de l’administration apparaît à travers les dépenses du personnel. Ainsi, le Maroc se caractérise
avec la Tunisie, le Portugal et la Jordanie par une masse salariale substantielle qui représente en 1999,
respectivement, 11,4%, 11,2%, 12,8% et 14,7% du PIB. Pour le reste des pays de l'échantillon, ce taux varie
entre 2,2% en Corée du Sud et 7,4% en Turquie.
Au Maroc, l’importance de la masse salariale a avoisiné, avec les effets du dialogue social, près de 13% du
PIB en 2004, ce qui influe, sensiblement, sur l’équilibre budgétaire et réduit les possibilités en terme de
financement de l’investissement public.
Les dépenses d’investissement du budget de l’Etat, en pourcentage du total des dépenses publiques, sont
passées au Maroc de 32,8% dans les années 70 à 16,6% en 2004. Malgré cette baisse, la part de
l’investissement public dans le budget général de l’Etat reste relativement importante comparativement aux
pays ayant favorisé une participation accrue du secteur privé dans la réalisation des infrastructures de base
ou ayant opté pour une véritable décentralisation administrative.
Au Maroc, l’effort d’investissement mérite d’être renforcé à travers l’amélioration de l’efficacité des
dépenses publiques et le ciblage des investissements en fonction de leurs impacts sur la croissance
économique et le développement social.
Entre les décennies 70 et 90, les dépenses d’investissement de l’Etat, en pourcentage du total des dépenses
publiques, ont évolué de 13,9% à 6,6% en Espagne, de 10,2% à 8,1% en Irlande et de 14,7% à 7% en
Afrique du Sud. Les pays de l’échantillon qui consacrent une part conséquente de leurs dépenses publiques
à l’investissement sont l’Egypte, la Malaisie et la Tunisie.
55
Graphique 43 : Dépenses d’investissement en pourcentage
des dépenses publiques durant la décennie 90
Une tendance à la maîtrise des déficits budgétaires est constatée au niveau de tous les pays de
l’échantillon. Cette réduction des déficits s'inscrit dans le cadre de l'évolution générale des politiques
budgétaires dans les pays industrialisés ou émergents et qui tranche avec les stratégies passées de relance
par le budget de l’Etat.
Entre les périodes 1955-1959 et 2000-2002, le déficit budgétaire a été ramené de 9 à 3,8% du PIB au Maroc
et de 3,6 à 2,2% du PIB pour l’ensemble de l’échantillon. Malgré les efforts appréciables menés pour la
maîtrise du déficit public, le Maroc est situé avant dernier de l’échantillon de comparaison, juste avant la
Turquie qui enregistre un déficit de 15,5% du PIB. Pour préparer leur entrée dans la zone euro, l’Espagne et
le Portugal ont du réaliser, à partir de 2000, des efforts soutenus en matière de réduction de leur déficit
budgétaire pour se conformer aux critères de Maastricht.
56
Les pays les plus vertueux en matière de gestion des finances publiques sont l’Irlande, le Chili et la
Corée du Sud.
L’encours de la dette globale (intérieure + extérieure + dette garantie), en pourcentage du PIB, est passé
entre les périodes 1965 et 2001 de 25,4% à 87,4% pour le Maroc et de 5,2% à 58,2% pour l’ensemble des
pays de l’échantillon.
L’analyse du taux d’endettement public (y compris la dette garantie) classe les pays de l’échantillon en 2001
en trois groupes. Le premier groupe, auquel appartient le Maroc, est constitué de pays fortement endettés
comme la Turquie (99,9%) et la Jordanie (90,7%). Le second groupe est formé de la Tunisie (61,4% en 1999),
du Portugal (55,6%), de l’Espagne (47,1%) et de l’Afrique du Sud (45,3%).
Le troisième groupe comprend le Mexique (23,2%) et la Corée du Sud (10,4% en 1997). Pour ce dernier pays, la
situation s’est aggravée en 1999, comme pour la Malaisie, suite aux effets de la crise asiatique qui a poussé les
autorités à émettre plusieurs séries d’obligations afin de soutenir les secteurs touchés par la crise tels que
l’agriculture et le logement, de stabiliser la monnaie nationale et de lutter contre les effets du chômage.
Plus endetté que la plupart des pays de l’échantillon, le Maroc a pu, cependant, réduire sensiblement son
endettement extérieur grâce à la relative maîtrise de son déficit budgétaire et à sa politique appropriée de gestion
active de la dette extérieure. Ramenée au PIB, la dette extérieure a baissé entre 1990 et 2004 de 51,8 points.
Le processus de gestion active de la dette extérieure, lancé en 1996, a conduit à des résultats appréciables.
La dette extérieure du Maroc, en pourcentage du PIB, a connu une baisse de 20,3 points par rapport à 1999,
se situant, à fin 2004, à 27,9%.Tel n’est pas le cas de la dette intérieure qui a représenté pour le Maroc
50,5% du PIB à fin 2004 contre 42,2% en 2000 et 7,5% en 1965. Le Trésor public marocain a un taux
d’endettement intérieur qui dépasse, actuellement, celui de la plupart des pays de l’échantillon. Toutefois,
le financement intérieur est assuré à plus 93%, depuis 2003, par les adjudications. Ceci montre que le
Trésor ne recourt plus aux circuits privilégiés et se finance quasi-exclusivement aux conditions du marché.
57
5.6. Politique monétaire
En visant la maîtrise de l’inflation, la politique monétaire contribue à la préservation du pouvoir d’achat des
populations. Les modes de financement de l’économie ont des répercussions sur la croissance économique,
particulièrement, les crédits à moyen et long termes. De ce point de vue, la politique monétaire a une
influence sur le développement humain.
Le benchmarking ci-après est réalisé à travers l’analyse de certains indicateurs relatifs à la masse
monétaire, aux dépôts auprès des banques, au crédit intérieur, au taux d’intérêt réel, au taux d’inflation et
au marché boursier.
Avant d’entreprendre cette comparaison internationale, il faut rappeler que le système financier marocain
demeure centré sur les banques, à l’instar de nombreux pays en développement. Les actifs des autres
intermédiaires financiers sont modestes en comparaison avec ceux détenus par les banques. Les marchés
des capitaux sont moins développés que les systèmes bancaires.
Deux grandes phases ont marqué l’évolution du secteur financier marocain. Dans la première phase, le
système était administré et caractérisé par l’intervention des pouvoirs publics au niveau tant de la création
d’institutions financières spécialisées que de la réglementation et de l’utilisation d’instruments de
régulation quantitative. La deuxième phase, qui se poursuit actuellement, a vu l’émergence d’un secteur
financier moderne grâce au nouveau cadre juridique régissant le marché des capitaux et à la libéralisation
du mode de financement du Trésor.
Entre les périodes 1955-1959 et 2000-2004, la masse monétaire, en pourcentage du PIB, a augmenté de 30,1
à 89% au Maroc (+58,9 points) et de 27,3 à 80,1% pour l’ensemble de l’échantillon (+52,9 points). La
progression rapide de la masse monétaire en pourcentage du PIB au Maroc est, dans une certaine
proportion, attribuable, parmi les contreparties, aux avoirs extérieurs.
Ramenés au PIB, ces derniers ont représenté 32,6% en 2004 au Maroc contre 3,9% en 1955-1959, soit une
amélioration de 28,7 points. Contrairement au Maroc, le ratio " avoirs extérieurs en pourcentage du PIB "
n’a pas connu une évolution significative pour l’ensemble de l’échantillon.
En mois d’importations de biens et services, le niveau des avoirs extérieurs était en 1980 de l’ordre de 1,7
mois au Maroc contre 15,2 au Portugal, 6 en Espagne, 5,9 au Chili et 4,6 en Malaisie. A partir de 1989, le
Maroc a procédé à une reconstitution de ses avoirs extérieurs pour atteindre en 2003 près de 9,9 mois
d’importations, niveau le plus élevé de l’échantillon contre 8,9 en Jordanie, 8,6 en Egypte, 8,4 en Corée du
Sud, 6,8 au Chili, 5,2 en Turquie, 2,8 en Tunisie, 2,5 au Portugal, 2 en Afrique du Sud et 1,1 en Espagne.
58
Graphique 46 : Réserves en devises en mois d’importations de biens et services
Le secteur bancaire a fait l’objet au Maroc d’importantes réformes depuis 1967. Ces réformes ont permis
d’accroître la solidité du secteur et d’améliorer la confiance des épargnants.
Les dépôts auprès des banques, en pourcentage du PIB, ont avoisiné 71,7% en 2000-2004 au Maroc contre
61,9% pour l’ensemble de l’échantillon. Leur amélioration entre 1955-1959 et 2000-2004 (54,5 points) est
largement supérieure à la moyenne de l’échantillon (37,9 points).
Entre 1960 et 2004, la progression des dépôts auprès des banques, en pourcentage du PIB, a atteint 90
points pour la Jordanie (entre 1960 et 2003), 84,3 points pour la Malaisie, 65,6 pour l’Egypte, 62,5 pour la
Corée du Sud, 57,5 pour le Maroc, 43,9 pour l’Espagne et 32,4 pour la Tunisie.
59
5.6.3. Crédit intérieur
Hors créances sur l’administration centrale, le crédit intérieur à l’économie, en pourcentage du PIB, a évolué
entre les périodes 1955-1959 et 2000-2004 de 15,5 à 59,9% pour le Maroc (amélioration de 44,4 points) et
de 20,3 à 67,6% pour l’échantillon pris dans son ensemble (augmentation de 47,3 points).
Pour la période 2000-2004, les pays qui disposent d’un ratio " crédit intérieur à l’économie en pourcentage du
PIB " relativement élevé sont le Portugal (146%), la Malaisie (119%), l’Irlande (117%), la Corée du Sud (89,4%),
la Jordanie (77,8%) et l’Afrique du Sud (76,4%). La Tunisie (60,6%) se situe au même niveau que le Maroc.
De 1978 à 1986, le Maroc affichait des taux d’intérêt réels négatifs. La politique poursuivie par les pouvoirs
publics consistait à infléchir les taux d’intérêt pour permettre le financement des projets prioritaires de
développement dans un contexte marqué, pourtant, par une inflation élevée. D’autres pays de l’échantillon
ont affiché le même comportement, notamment au cours de la deuxième moitié des années 70, en
l’occurrence, le Portugal, l’Espagne, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud et l’Egypte.
Entamée à l’aube des années 90, la réforme du secteur bancaire s’est basée sur le désencadrement du
crédit et la libéralisation progressive des taux d'intérêt. Elle a engendré une baisse cumulée des taux
d’intérêt réels de près de 6 points en quelques années. La détente a profité particulièrement au Trésor
public et aux grandes entreprises et ce, au détriment des PME/PMI. Le financement des PME/PMI demeure,
ainsi, une préoccupation des pouvoirs publics au Maroc, à l’instar d’autres pays en développement.
En 2001, le taux d’intérêt réel au Maroc est de 4,9%, niveau comparable à celui enregistré en Grèce
(4,9%), en Afrique du Sud (5,9%) et en Corée du Sud (6,3%). Ces résultats méritent, toutefois, d’être
analysés avec prudence compte tenu de l’impossibilité de tracer une courbe des taux d’intérêt sur une
longue période pour les pays émergents comme le Maroc où la mise en place d’un véritable marché
financier est relativement récente.
60
5.6.5. Taux d’inflation
Basée sur la stabilité des prix, la politique monétaire du Maroc a permis de limiter l’inflation à 4,9% l’an
durant la période 1955-2004 contre 13,4% l’an pour la moyenne de l’échantillon. Le taux d’inflation au
Maroc s’est même établi à 1,6% entre 2000 et 2004 contre 5,7% pour la moyenne de l’échantillon. Avec la
Malaisie (taux d’inflation de 2,8% entre 1955 et 2004), le Maroc est considéré par la communauté
internationale comme un modèle en matière de maîtrise de l’inflation.
Durant la décennie 60, le Maroc avait une inflation moyenne de l’ordre de 2,5%. Cette situation concernait
plusieurs pays de l’échantillon comme le Mexique, la Malaisie, l’Egypte, la Grèce, l’Afrique du Sud et, dans
une moindre mesure, l’Irlande et le Portugal.
Le choc pétrolier de 1973 a eu un impact significatif sur le taux d’inflation au niveau mondial. Tous les pays
de l’échantillon ont accusé des hausses sensibles de leur taux d’inflation, lesquels se sont situés durant la
décennie 70, à 5,4% en Malaisie, 7,7% au Maroc et en Egypte, 9,7% en Afrique du Sud, 12,1% en Grèce,
12,7% en Irlande, 14,4% au Mexique, 15,1% en Corée du Sud, 16,8% en Portugal et 22,4% en Turquie.
Durant la décennie 80, certains pays de l’échantillon ont enregistré une augmentation spectaculaire de leur
taux d’inflation. Il s’agit, en particulier, de la Turquie (49,6%), du Mexique (65,1%) et de la Pologne (42,5%).
Pour la période 2000-2004, les pays de l’échantillon ont réussi à juguler l’inflation, à l’exception de la
Turquie. De 1,6% au Maroc, l’inflation s’est établie en Corée du Sud et en Espagne à 3,2%, en Grèce et au
Portugal à 3,3%, en Pologne à 4,3%, en Egypte à 4,6% et au Mexique à 6%. En revanche, en Turquie, elle
affiche toujours un niveau très élevé, soit 36,4% en moyenne entre 2000 et 2004.
Au Maroc, les conditions de financement de l’économie se sont particulièrement améliorées durant la décennie
précédente. Dès 1993, des réformes importantes ont été accomplies touchant l’ensemble des compartiments du
système financier à savoir : le système bancaire, l’épargne institutionnelle et les marchés des capitaux.
Cependant, ces efforts appréciables n’ont pas permis pour l’instant à la Bourse des Valeurs de Casablanca
d’atteindre une taille satisfaisante pour favoriser le financement des investissements des entreprises.
61
Pour le Maroc, la Tunisie et l’Egypte, le ratio " capitalisation boursière/PIB " est passé de 2%, 6% et 5% en
1988 à 29,6%, 10,2% et 32,8% en 2003 respectivement. Les performances de ces trois pays restent en 2003
nettement inférieures à celles des marchés asiatiques (163,2% en Malaisie et 54,5% en Corée du Sud) et
européens (86,6% en Espagne, 62,1% en Grèce, 55,3% en Irlande et 39,4% au Portugal).
La progression de la capitalisation boursière au Maroc entre 1993 et 2003 est due davantage à la
valorisation des cours qu’aux introductions en bourse. Pour plus du tiers des entreprises cotées, le flottant
est inférieur à 10%. Une vingtaine seulement des valeurs sur un total de près de 60, sont actives.
Compte tenu de ce qui précède, le développement du système financier marocain devrait être accélérée
pour accroître l’épargne institutionnelle, assainir le secteur bancaire public et favoriser un financement
adéquat de l’économie en général et, particulièrement, des PME/PMI. Une réforme de l’épargne devient
nécessaire en vue de promouvoir l’épargne à long terme ainsi que l’épargne salariale.
Le benchmarking est mené, ci-après, à travers l’analyse de certains indicateurs comme les dépenses
publiques d’éducation, les taux de scolarisation dans les différents niveaux de l’éducation formelle, le
ratio " filles/garçons " dans l’enseignement primaire et secondaire ainsi que l’alphabétisation des adultes
de plus de 15 ans.
62
6.1.1. Dépenses publiques d’éducation
De l’ordre de 3,3% du PIB, en moyenne, entre 1960 et 1970, les dépenses publiques d’éducation au Maroc
ont enregistré, par la suite, une hausse importante, à l’instar de l’Egypte, la Jordanie, le Mexique, l’Irlande,
le Chili et la Malaisie, atteignant 6,6% du PIB en 1981.
La part du PIB destinée à l’éducation au Maroc a diminué progressivement au cours du Plan d’Ajustement
Structurel pour s’établir en 2001 à 6,2% en 2001 (6,5% en 2002), niveau le plus élevé de l’échantillon après
la Tunisie (6,8%) et la Malaisie (7,9%). La Corée du Sud ne consacre que 4,3% de son PIB à l’enseignement.
Pourtant, ce dernier pays dispose d’un enseignement primaire et secondaire quasi généralisé.
Ce constat pourrait être expliqué par la faiblesse du PIB par habitant au Maroc par rapport aux autres pays de
l’échantillon, d’une part, mais, également, par le poids important 1 1 des jeunes de moins de 15 ans dans la
population totale, ce qui implique une demande plus forte en matière d’éducation. Dès les années 60 et face
à des niveaux très faibles de scolarisation et d’équipement en infrastructure scolaire, des efforts importants
d’investissement ont dû être déployés par notre pays pour répondre à une demande fortement croissante.
Caractérisé par un habitat fortement dispersé, le milieu rural a nécessité des investissements conséquents
même si les effectifs inscrits étaient moindres par rapport au milieu urbain jusqu’à ces dernières années.
De même, la part des enseignants du premier cycle fondamental opérant dans le milieu rural s’est inscrite
en nette progression, passant de 48,9% en 1992 à 58,5% en 2003.
Les dépenses publiques d’éducation devraient se maintenir, à l’avenir, à un niveau élevé en vue de
généraliser l’enseignement, d’en améliorer la qualité et de le rendre compatible avec les exigences du
développement et de la compétitivité.
11
32,9% de la population en 2003 au Maroc contre moins de 22% en Corée du Sud, en Irlande, au Portugal, en Espagne, en Pologne
et en Grèce.
63
6.1.2. Education formelle
Malgré la forte progression de 49,3 points entre 1970 et 2001, le taux net de scolarisation primaire (premier
cycle de l’enseignement fondamental) au Maroc reste, avec 88,4%, le moins élevé de l’échantillon.
Certains pays ont un taux net de scolarisation primaire supérieur à 90% dès 1970 : la Corée du Sud (94,5%),
l’Irlande (93,4%), le Chili (90,2%), l’Espagne (93,8%), la Pologne (95,1%) et la Grèce (97,3%). Les taux nets
de scolarisation en Tunisie et en Egypte étaient, en 1970, de 75,6 et 62,8%.
La Jordanie, qui montrait un taux net de scolarisation primaire supérieur à celui du Maroc en 1975, a
accusé, par la suite, une baisse de cet indicateur qui s’est prolongée jusqu’en 1997 sous l’effet, notamment,
de l’afflux de réfugiés palestiniens, causé par la guerre dans les territoires occupés. Le taux de scolarisation
a ensuite dépassé celui du Maroc grâce, en partie, à l’aide internationale à la Jordanie.
Le classement du Maroc en terme d’éducation primaire s’explique par un taux d’inscription en première
année peu élevé jusqu’à la fin de la décennie 90, un taux de redoublement important et une rétention faible
dans le cycle scolaire.
Pour le Maroc, le taux de persistance en cinquième année de l’enseignement primaire1 3 était le plus faible
de l’échantillon en 1970 (65,8%) de même que pour la Tunisie (67,8%) et le Mexique (68,2% en 1975). En
2001, et malgré une amélioration de 15 points par rapport à 1970, cet indicateur n’atteint que 81,2% au
Maroc, alors qu’il a dépassé les 90% au Chili, en Pologne et en Grèce avant 1970, en Jordanie avant 1975,
en Malaisie, en Egypte et en Espagne avant 1980, en Turquie avant 1985 et en Tunisie avant 1995.
12
Effectif des élèves inscrits au primaire et ayant l’âge officiel de fréquentation de ce cycle sur la population correspondant à l’âge
officiel pour la fréquentation du primaire.
13
Proportion des élèves inscrits en 1ère année qui atteignent la cinquième année
64
Graphique 53 : Taux de persistance en 5ème année de l’enseignement primaire
Toutefois, des efforts importants ont été déployés par les pouvoirs publics pour améliorer l’accès à
l’éducation depuis la deuxième moitié des années 90. En milieu rural, des actions ont été menées pour
encourager la scolarisation, notamment, par des systèmes de cantines scolaires et de distribution de
denrées sèches ou, encore, par des tentatives d’adaptation du système scolaire au mode de vie rural
(aménagement saisonnier des horaires et des vacances, choix des instituteurs en fonction des localités
d’origine…).
En 2000, la mise en œuvre d’une nouvelle réforme du système d’éducation- formation a permis d’améliorer
les indicateurs quantitatifs de l’enseignement, particulièrement ceux de l’enseignement fondamental.
L’ensemble de ces efforts a permis de porter le taux de scolarisation primaire à 96,6% en 2003. La
croissance de cet indicateur est passée de 2 points, en moyenne annuelle, entre 1992 et 1997 à 3,7 points
entre 1998 et 2003.
La combinaison entre l’accès limité à l’éducation primaire et la rétention scolaire insuffisante, implique un
faible taux net de scolarisation dans l’enseignement secondaire1 4 . En effet, le niveau de cet indicateur pour
le Maroc en 2001 (34,5%) est nettement inférieur à celui en 1975 de tous les autres pays de l’échantillon à
part la Tunisie, le Portugal et le Chili.
La Corée du Sud et l’Espagne, qui avaient des taux d’environ 40% en 1970, ont atteint en 2001 des taux
avoisinants 90%. Le Mexique et la Tunisie ont effectué des progrès notoires, améliorant entre 1970 et 2001
leur taux nets de scolarisation secondaire de 16,8 à 60,8% et de 16,3 à 67,8% respectivement.
14
Enseignement secondaire collégial + qualifiant au sens de la Charte Nationale d'Education et de Formation
65
Graphique 54 : Taux net de scolarisation secondaire en 2001 (%)
Reflétant les inégalités de genre dans le domaine éducatif, cet indicateur montre un grand déficit pour le
Maroc dès les années 70 (48,7%) alors que certains pays de l’échantillon comme le Chili, l’Irlande et la
Pologne avaient déjà atteint une quasi-parité dans l’enseignement.
Graphique 55 : Ratio " filles/garçons " dans l’enseignement primaire et secondaire (%)
Grâce à différents programmes d’encouragement de la scolarisation des filles (aides ciblées, campagnes de
sensibilisation…), le Maroc a connu une amélioration sensible de l’accès des filles à l’enseignement. Le
ratio " filles/garçons " a augmenté de 37,9 points entre 1970 et 2001 avec un rythme plus élevé depuis le
milieu des années 90, notamment, avec la mise en place de programmes en faveur du développement des
zones rurales.
Aussi, le ratio " filles/garçons " a-t-il progressé de plus de 2,2 points par an entre 1995 et 2002 contre une
hausse annuelle de 0,9 point par an, seulement, entre 1971 et 1994.
66
Certains pays avaient dépassé le niveau de 90% dès 1980 (Corée du Sud, Mexique, Chili, Malaisie, Portugal,
Espagne et Grèce), rejoints en 1985 par la Jordanie et, en 1990, par l’Afrique du Sud. L’Egypte, dont le ratio
" filles/garçons " dans l’enseignement primaire et secondaire avait un niveau proche du Maroc en 1980
(59,2%), a atteint 93,1% en 2001. Le ratio " filles/garçons " dans l’enseignement primaire et secondaire au
Maroc était de 86,6% en 2001 et de 87,8% en 2002.
La Tunisie et la Malaisie, qui avaient des taux bruts de scolarisation dans l’enseignement supérieur équivalents
à celui du Maroc jusqu’au milieu des années 90, ont atteint respectivement 23,2% et 26,6% en 2001.
Les pays ayant pratiquement généralisé depuis longtemps la scolarisation dans l’enseignement primaire et
secondaire tels que la Corée du Sud, la Pologne, l’Espagne et le Portugal ont des taux d’accès aux études
supérieures relativement élevés, respectivement, de 82%, 59,5%, 58,9% et 53,1% en 2001.
Concernant les types de formation, les étudiants s’orientent, davantage, au Maroc, vers les sciences
sociales, humaines et le droit. Les formations d’ingénieurs et les filières scientifiques des universités
rassemblent à peine le quart des étudiants en 2001-2002.
15
Effectif des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur quel que soit leur âge sur le total de la population ayant l’âge officiel
de fréquentation des établissements d’enseignement supérieur.
16
Rapport entre le nombre total des inscrits à l’enseignement supérieur et la population globale d’âge équivalent.
67
Par ailleurs, le système éducatif marocain n'a pas complètement intégré la formation professionnelle,
généralement considérée comme une formation alternative en cas d’échec dans les autres filières, dans un
contexte où les ruptures technologiques se multiplient et où la population active actuelle n’a reçu qu’une
formation initiale limitée. L’arrivée de générations plus jeunes et mieux formées ne changera cet état de
fait que progressivement. L’enjeu de la formation professionnelle serait précisément de développer de
nouveaux savoir-faire et des compétences susceptibles de générer des avantages en matière de maîtrise
des nouvelles technologies et d’accès à la société de l’information.
L’analyse des indicateurs de l’enseignement, mentionnés précédemment, montre que malgré des dépenses
éducatives importantes, les résultats sont en deçà des objectifs escomptés par le Maroc et ce, à l’instar
des autres pays arabes. D’ailleurs, le rapport du PNUD sur le développement humain dans le monde arabe
révèle la faible capacité des systèmes d’enseignement à satisfaire les exigences de développement des
sociétés arabes, essentiellement pour des problèmes de qualité.
La réforme du système éducatif en cours au Maroc devrait permettre une généralisation de l’enseignement
fondamental et, sur le plan qualitatif, une orientation plus ciblée vers les filières qui répondent le mieux aux
exigences du développement économique et social du pays.
En 1970, le Maroc avait le taux d’analphabétisme des adultes le plus élevé de l’échantillon (80,2%) avec la
Tunisie (72,6%) et l’Egypte (68,4%). Certains pays, par contre, affichaient déjà des niveaux d’analphabétisme
inférieurs à 10%. Il s’agit de la Pologne (1,8%) et de l’Espagne (8,46%) au début des années 70 ainsi que de
la Grèce (9,9%) et du Chili (9,3%) dès 1978, ce qui rend leur comparaison avec le Maroc peu significative.
En 2001, le Maroc a toujours le taux d’analphabétisme le plus élevé de l’échantillon (50%)1 7 , suivi de
l’Egypte (43,9%). Le taux actuel d’analphabétisme du Maroc est nettement supérieur à celui des autres pays
de l’échantillon avant 1970 (hors Egypte et Tunisie).
17
Le Recensement Général de la Population de 2004 a révélé un taux d’analphabétisme de 43% au niveau national (29,4% en milieu
urbain et 60,5% en milieu rural).
68
Graphique 57 b : Taux d’analphabétisme dans les pays les moins performants (%)
Le taux d’analphabétisme a baissé dans tous les pays de l’échantillon aussi bien pour les hommes que pour
les femmes. Toutefois, il a été constaté des niveaux d’analphabétisme plus importants pour les femmes
dans tous les pays de l’échantillon. Il apparaît, également, que les courbes d’évolution du taux
d’analphabétisme des femmes et du taux de fécondité suivent les mêmes tendances.
Cependant, il semble que parmi les pays de l’échantillon, le Maroc constitue le seul où la différence du taux
d’analphabétisme entre les hommes et les femmes s’est accentuée de 1970 à 2001, passant de 23,7 à 25,4
points. Cet indicateur a diminué, entre-temps, en Jordanie de 35,5 points à 10,2 points, en Grèce de 15,7
points à 2,5 points et en Egypte de 29,6 points à 22,4 points.
Graphique 58 : Différence des taux d’analphabétisme entre les hommes et les femmes
Concernant l’analphabétisme parmi les jeunes de 15 à 24 ans, le Maroc et l’Egypte sont les plus concernés
avec des taux respectifs de 31,6% et 29,5% en 2001. Pour la même année, le taux d’analphabétisme des
jeunes s’est établi à 8,5% pour l’Afrique du Sud, 6,2% pour la Tunisie, 3,3% pour la Turquie, 2,8% pour le
Mexique, 2,3% pour la Malaisie et moins de 1% pour les autres pays de l’échantillon. Le recul de cet
indicateur est plus important parmi les filles que parmi les garçons sauf au Maroc, en Tunisie et en Turquie.
69
Les données sur l’analphabétisme au Maroc ne reflètent, toutefois, pas les efforts engagés au cours des
dernières années tant par les pouvoirs publics que par la société civile pour combattre ce fléau. Des actions
d’envergure ont été menées aussi bien dans les grandes villes que dans les campagnes, financées
directement par le budget de l’Etat (Education Nationale, Entraide Nationale…) ou, indirectement, via des
organisations non gouvernementales ou, encore, grâce à des dons institutionnels.
La mise en place d’une économie fondée sur les connaissances est essentielle pour le développement
humain. Elle permet d’exploiter davantage les différentes sources potentielles de croissance économique,
de faire face aux enjeux de la concurrence internationale à travers l’innovation et la maîtrise technologique
et d’améliorer l’attractivité des investissements étrangers par le biais d’un potentiel humain performant.
Favorisant des gains de productivité et créant de nouveaux avantages comparatifs, l’économie du savoir
suppose un effort de recherche & développement conséquent.
Pour le Maroc, la Tunisie et l’Egypte, les dépenses en recherche & développement, par rapport au PIB, se
situaient en 2002, respectivement, à 0,70%, 0,63% et 0,21% contre 2,53% en Corée du Sud, 1,13% en
Irlande et 1,03% en Espagne. Le Mexique, par contre, ne réserve que 0,34% de son PIB à la recherche &
développement. A titre de comparaison, l’investissement moyen en recherche & développement dans les
pays de l’OCDE a atteint 2,2% du PIB depuis 2000.
Malgré l’augmentation1 8 de 0,40% en 2000 à 0,79% en 2003 de la part du PIB consacrée à la recherche &
développement, ce secteur n’est pas encore performant au Maroc. En nette augmentation depuis
l’institution en 2000 de l’Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale, le nombre de brevets
d’invention enregistrés annuellement ne dépasse cependant pas 500.
18
La hausse des salaires dans le cadre du dialogue social a contribué à cette augmentation.
70
Pour promouvoir la recherche & développement au Maroc, il serait opportun de dépasser le stade de
l'acquisition de la technologie clé en main, de mettre en place un système national d’innovation adéquat
associant de manière efficace les pouvoirs publics, les entreprises, les universités et les laboratoires de
recherche et de trouver une solution appropriée au problème du financement de la recherche.
La production scientifique et technique du Maroc s’avère la plus faible de l’échantillon en termes d’articles
scientifiques par million d’habitants. En 1986, elle était de 3,4 au Maroc contre 7,5 en Tunisie et 12,5 en
Corée du Sud. En 1999 et malgré le quadruplement au Maroc de cette production qui atteignit alors 13,7
articles par million d’habitants, elle demeure 10,5 fois inférieure à la production coréenne (143,2
publications par million d’habitants). Cette contre-performance s’explique, en partie, par l’insuffisance du
budget de la recherche et par la fuite des cerveaux.
Toutefois, selon une évaluation de l’Union Européenne présentée en mai 2003 lors de l’atelier national
sur le système de la recherche scientifique dans les domaines des sciences exactes, des sciences de la
vie et des sciences de l’ingénieur, la production scientifique marocaine est passée de 510 publications en
1997 à 1.010 en 2001, plaçant le Maroc en troisième position au niveau de l’Afrique après l’Afrique du
Sud et l’Egypte1 9 .
19
Source : " Recherche scientifique : Réalisations et Bilan (2002-2003) ", Ministère chargé de la Recherche Scientifique
71
6.2.3. Part de la haute technologie dans les exportations de produits manufacturés
Les exportations de haute technologie renseignent sur la capacité d’un pays déterminé à s’adapter aux
exigences du marché international en produits innovants et compétitifs.
En 2003, elles ont représenté au Maroc 11,3% des exportations de produits manufacturés contre 58,4% en
Malaisie, 34,5% en Irlande, 32,2% en Corée du Sud et 21,3% au Mexique. Pour la même année, le Maroc
a réalisé une performance meilleure que l’Afrique du Sud (5%), la Tunisie (4,1%) et la Turquie (2,1%) ce qui
confirme que notre pays possède des atouts dans le domaine de la haute technologie.
En matière d’équipement de la population en ordinateurs personnels, notre pays enregistre un retard d’une
dizaine d’années, comparativement à des pays comme l’Irlande, la Corée du Sud, le Portugal ou l’Espagne.
Le nombre d’ordinateurs personnels pour 1.000 habitants n’a atteint que 24 au Maroc en 2002 contre 556
en Corée du Sud, 421 en Irlande et 196 en Espagne.
72
Graphique 62 : Nombre d’ordinateurs personnels pour 1000 habitants en 2002
Le développement des technologies de l’information a été soutenu durant les dernières années dans
d’autres pays de l’échantillon. Le nombre d’ordinateurs personnels pour 1.000 habitants a évolué entre 1990
et 2002 de 8,5 à 147 en Malaisie et de 7,9 à 106 en Pologne. Entre 1995 et 2002, cet indicateur est passé
de 6,4 à 38 en Jordanie, de 6,7 à 31 en Tunisie et de seulement 3,2 à 24 au Maroc.
La situation du Maroc s’explique par les retards enregistrés au niveau du système éducatif, par le pouvoir
d’achat limité qui contraint l’équipement des ménages en produits autres que ceux de base et par la faible
introduction des technologies de l’information dans les entreprises.
De même, l’utilisation d’internet au Maroc reste moins intensive par rapport aux autres pays de
l’échantillon. Le nombre d’utilisateurs au Maroc en 2003 (1 million) était dépassé en 1997 par la Corée du
Sud (1,6 million) et l’Espagne (1,1 million) et en 1998 par la Pologne (1,58 million) et l’Afrique du Sud (1,26
million). Le Maroc, l’Egypte et la Tunisie ont le nombre d’internautes, par millier d’habitants, le plus faible
de l’échantillon.
73
Pouvant être favorisée par les réformes importantes menées dans le secteur des télécommunications,
l’expansion de l’internet au Maroc est tributaire de la politique tarifaire à mettre en œuvre en vue d’en
faciliter l’accès.
Jusqu’à la fin des années 80, le Maroc enregistrait le nombre le plus faible d’abonnés au téléphone (fixe et
mobile) pour 1.000 habitants avec une valeur de moitié inférieure à celle de l’Egypte.
Grâce à la libéralisation du marché des télécommunications qui a fortement contribué à la baisse du coût
de la communication, le nombre d’abonnés au téléphone pour 1.000 habitants s’est établi à 284 au Maroc
en 2003. Ce niveau reste cependant insuffisant et situe le Maroc en avant dernière position parmi les pays
de l’échantillon de comparaison, devant l’Egypte (212).
En partie liée au niveau d’instruction de la population, la production de journaux quotidiens pour 1.000
habitants s’est située en 2000 à 29,6 au Maroc, à 19,03 en Tunisie et à 31,2 en Egypte (année 1999). Mis à
part ces trois pays, le nombre de journaux pour 1.000 habitants dépasse généralement 100 dans les autres
pays de l’échantillon.
Cet indicateur a enregistré une baisse significative de 232,5 à 149,5 en Irlande entre 1970 et 1996, de 82,5
à 32 au Portugal entre 1970 et 1997 et de 210 à 98,2 en Pologne entre 1970 et 2000 en raison, notamment,
de l’émergence d’autres supports d’information (audiovisuel, internet) et de la fusion de grands groupes de
presse européens.
74
Graphique 65 : Nombre de journaux pour 1.000 habitants
7. Systèmes de santé
L’état du système de santé dépend du niveau des ressources économiques du pays, des caractéristiques
intrinsèques de ce système (financement public de la santé, fonctionnement des systèmes de prestation de
soins…) mais, également, des facteurs sociaux et culturels (disparité entre sexes, éducation…).
La comparaison des indicateurs de santé est axée sur les dépenses globales de santé ramenées au PIB, les
dépenses publiques de santé sur le PIB, le nombre de lits hospitaliers pour 1.000 habitants et le nombre
d’habitants par médecin. Elle révèle des performances insuffisantes au Maroc, liées aux dépenses
publiques limitées de santé dans un contexte de pauvreté relativement importante en milieu rural et de
pouvoir d’achat peu développé des populations.
Les données relatives à la santé sont disponibles uniquement, depuis le début de la dernière décennie, pour
l’ensemble des pays de l’échantillon.
Les dépenses globales de santé ont représenté en 1990 près de 2,5% du PIB au Maroc contre 7,5% en
Grèce, 6,9% en Jordanie, 5,6% en Tunisie ou 4,8% en Corée du Sud.
La part des dépenses globales de santé dans le PIB a ensuite été portée au Maroc à 4,6% en 1995 puis, a
stagné à ce niveau jusqu’en 2002 alors qu’elle a atteint 8,7% du PIB en Afrique du Sud, 9,5% en Grèce et
9,3% au Portugal et en Jordanie.
75
Graphique 66 : Dépenses globales de santé en % du PIB en 2002
Les efforts publics en matière de santé devraient donc être renforcés au Maroc pour améliorer l’offre de
santé et mieux répondre à la demande sans cesse croissante de soins de la population.
Dans les pays qui réservent une part relativement importante du PIB aux dépenses globales de santé, les
dépenses publiques constituent, en général, plus de la moitié de ces dépenses. C’est le cas en 2002 de la
plupart des pays de l’échantillon, à l’exception du Maroc (32,8%), de l’Egypte (36,5%) et, dans une moindre
mesure, de l’Afrique du Sud (40,6%), du Mexique (44,9%), du Chili (45,2%) et de la Jordanie (46,1%).
Pour le Maroc, les dépenses publiques de santé n’ont représenté que 1,5% du PIB en 2002 contre 6,6% au
Portugal, 5,5% en Espagne et 5,4% en Irlande.
76
7.3. Infrastructure hospitalière
Au Maroc, l’insuffisance des dépenses publiques d’investissement dans le secteur de la santé a des
répercussions sur l’offre sanitaire. Notre pays dispose de la capacité hospitalière la moins développée de
l’échantillon (presque 1 lit pour 1.000 habitants contre 6 en Corée et 9,7 en Irlande). Cet indicateur a même
diminué, passant au Maroc de 1,27 lit pour 1.000 habitants en 1985 à 0,98 en 1998.
Dans les pays où les dépenses de santé sont importantes, la capacité hospitalière a tendance à baisser.
Elle a reculé de 13 lits pour 1.000 habitants à 9,7 entre 1980 et 1998 en Irlande où les dépenses de santé
représentent 6,7% du PIB et de 5,4 à 4,1 entre 1980 et 2000 en Espagne où le budget de la santé équivaut
à 7,7% du PIB.
Le nombre d’habitants par médecin était, en 1975, de 12.500 au Maroc contre 4.348 en Malaisie et 1.852
en Egypte ; la Grèce avait 625 habitants par médecin en 1970. Cependant, une nette amélioration a été
enregistrée au Maroc dès la fin des années 80 puisque le nombre d’habitants par médecin a été ramené de
4875 en 1990 à 2.308 en 2001.
Au Maroc, la formation du personnel médical s’est faite au rythme soutenu de 9,9% par an entre 1981 et
2002, ce qui a permis d’accroître l’encadrement médical de la population. Toutefois, le niveau atteint par le
Maroc en 2001 était largement dépassé par le Chili, le Portugal, la Pologne et la Grèce en 1960 avec,
respectivement, 1.786, 1.250, 1.000 et 769 habitants par médecin.
77
Graphique 69 : Nombre d’habitants par médecin en 2000
Pour pallier cette situation, les pouvoirs publics ont mis en œuvre récemment une réforme importante du
secteur sanitaire au Maroc qui concerne essentiellement deux volets : le financement de la santé pour
améliorer la demande de soins et la réforme hospitalière pour le développement de l’offre.
Le premier volet est axé sur l’extension de la couverture médicale de base à l’ensemble des salariés.
Concernant de manière obligatoire les salariés du secteur public, cette extension sera financée selon un
système mutualiste par des cotisations salariales et patronales. Elle comportera, également, une meilleure
prise en charge des populations défavorisées dans un souci d’équité.
Quant à la réforme hospitalière, elle vise une amélioration de la gestion des services sanitaires en vue d’une
meilleure visibilité et d’une réponse appropriée à la demande de soins selon les normes financières et
techniques en vigueur sur le plan international.
78
8.1. Taux d’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires de base en milieu rural
En 1990, il apparaît, selon les données internationales, que le Maroc présentait un niveau d’équipement
moyen en terme d’accès à l’eau potable. La part de la population rurale disposant d’une quantité d’eau
suffisante2 0 s’élevait à 58% au Maroc contre 52% au Mexique, 54% en Tunisie et 49% au Chili.
En 2002, 56% seulement de la population rurale marocaine disposait d’un accès à l’eau potable, soit le
niveau le plus faible de l’échantillon. Il faut noter qu’entre 1990 et 2002, plusieurs zones rurales desservies
par les installations de distribution en eau potable ont été intégrées au périmètre urbain, ce qui pourrait
expliquer, en partie, la baisse du taux d’accès à l’eau potable en milieu rural.
Si les données internationales font état d’une stagnation de l’accès à l’eau potable dans les campagnes,
les données nationales montrent plutôt une amélioration sensible de cet indicateur qui a évolué de 14%
en 1995 à 43% en 2000 et à plus de 60% en 2004 grâce à la mise en œuvre du Programme d'Alimentation
Généralisée en Eau potable en milieu Rural (PAGER) avec le concours des collectivités locales et des
bénéficiaires.
L’accès non généralisé à l’eau potable pourrait expliquer le niveau insuffisant d’équipement en installations
sanitaires en milieu rural. En effet, 44% seulement de la population rurale au Maroc disposait de cette
commodité en 2000 contre 62% en Tunisie, 97% au Chili et 98% en Jordanie. Le pays le moins performant
semble être le Mexique avec un taux d’accès aux infrastructures sanitaires en milieu rural de 34% en 2000.
20
Au moins 20 litres par personne à travers une connexion domestique, une borne publique ou des canaux protégés situés à moins
d’un kilomètre
79
Graphique 71 : Taux d’accès aux infrastructures sanitaires de base en 2000
8.2. Urbanisation
En 1960, le taux d’urbanisation atteignait 29,2% au Maroc, soit un niveau presque similaire à celui de la
Corée du Sud et de la Malaisie alors qu’il dépassait déjà 50% en Espagne et au Chili.
Depuis, le niveau d’urbanisation a significativement augmenté au Maroc sous la pression de l’exode rural
mais, aussi, de l’évolution du découpage administratif. La part de la population urbaine a augmenté de 0,7
point, en moyenne annuelle, entre 1960 et 2004, soit un rythme relativement élevé qui n’est dépassé que
par la Corée du Sud (1,3), le Portugal (1,1), la Turquie (0,9) et la Malaisie (0,8).
80
Le taux d’urbanisation s’est établi au Maroc à 58,1% en 2004. Ce niveau, atteint durant les années 60 par
le Chili et l’Espagne et dès les années 70 par le Mexique, place le Maroc en avant dernière position avant
l’Egypte (42,9% en 2004 contre 37,9% en 1960).
81
Ainsi, le Maroc a une population moins concentrée géographiquement que plusieurs pays de l’échantillon. La
part des villes les plus peuplées (Casablanca, Rabat-Salé, Marrakech, Fès, Meknès) dans la population urbaine
a même eu tendance à baisser, évoluant de 76,2% en 1960 à 55,1% en 1980 pour atteindre 39,4% en 2002.
Fonction du niveau de développement économique, l’étendue d’un réseau routier dépend de la superficie du
pays en question, ce qui rend la comparaison internationale pas très significative.
Partant de ce constat, l’Espagne, la Turquie, la Pologne et l’Afrique du Sud ont un réseau routier
respectivement 13,9 - 8,1 - 7,7 et 7,6 fois plus important que celui du Maroc.
Si l’on se réfère aux routes revêtues, l’Espagne dispose d’un réseau routier 24 fois plus développé que celui
du Maroc. Cette proportion est de 9,3 pour la Pologne, de 4,9 pour la Turquie et de 2,7 seulement pour
l’Afrique du Sud.
D’après le Haut Commissariat au Plan, la pauvreté a sensiblement reculé au Maroc. Selon une approche
pondérée2 1, le taux de pauvreté relative au niveau national s’est situé à 13,7% en 2001 contre 53,4% en
1959. En milieu urbain, il a évolué de 39,4% en 1959 à 6,3% en 2001. En milieu rural, il est passé de 58,4%
en 1959 à 23,1% en 2001.
21
Par opposition à l’approche linéaire utilisée par le passé par la Direction de la Statistique du Maroc.
82
Ainsi, de grandes disparités persistent encore entre les milieux rural et urbain en matière de pauvreté.
L’écart des taux de pauvreté entre ces deux milieux a atteint 3,7 en 2001 contre 1,5 en 1959, ce qui met en
évidence une dégradation des conditions de vie dans les campagnes. Cette situation est liée au niveau de
développement des infrastructures économiques et sociales en milieu rural et à l’effet néfaste, sur les
revenus, de la fréquence des sécheresses pendant la décennie 90.
La notion de pauvreté varie selon les pays et, généralement, plus un pays est riche, plus son seuil de
pauvreté est élevé. Pour permettre une comparaison entre pays, il faut établir des seuils internationaux
identiques de pauvreté.
Parmi ces seuils internationaux, il y a la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 1 dollar
par jour. Cette proportion est inférieure à 2% au Maroc (1999), en Tunisie (1995), au Chili (1998) et en
Jordanie (1997). Elle se situe à 2% en Turquie (2000) et à 3,1% en l’Egypte (2000).
Quant au taux de pauvreté monétaire, défini selon un seuil de 2 dollars PPA par jour, il est élevé en Egypte
(52,7% en 2000), en Afrique du Sud (35,8% en 1995) et en Turquie (18% en 2000). Pour le Maroc, il a atteint
7,5% en 1999, niveau similaire à celui de la Jordanie (7,4% en 1997), du Chili (8,7% 1998) ou de la Tunisie
(7,4% en 1995).
Graphique 75 : Taux de pauvreté (moins de 2 dollars PPA par jour et par habitant) en %
L’IPH-1 permet de mesurer les carences ou les manques observés en termes de longévité, d’instruction et
de niveau de vie pour les pays en développement. Il est déterminé à partir de la probabilité à la naissance
de mourir avant l’âge de 40 ans, du taux d’analphabétisme des adultes, du pourcentage de la population
n’utilisant pas l’eau traitée ou améliorée et du pourcentage des enfants de moins de 5 ans ayant un poids
insuffisant. Plus la valeur de l’IPH est élevée, plus la pauvreté est développée.
83
L’IPH-1 a reculé de 40,2% en 1995 à 34,5% en 2003 au Maroc. Malgré cela, notre pays est caractérisé,
pendant la période 1994-2003, par le niveau le plus élevé de l’IPH-1, suivi de près par l’Egypte et l’Afrique
du Sud (30,9%). Le plus faible niveau de pauvreté est enregistré par le Chili (3,7%), ensuite la Jordanie
(8,1%) et le Mexique (8,4%).
Les autres pays de l’échantillon, particulièrement ceux faisant partie de l’OCDE, sont davantage concernés
par l’IPH-2. Ce dernier mesure les mêmes carences ou manques observés au niveau des trois dimensions de
l’IPH-1, en y ajoutant l’exclusion en terme d’emploi. Parmi les pays de l’échantillon, l’Espagne a enregistré
un niveau de pauvreté moins élevé que l’Irlande (11,6% contre 15,2% en 2003).
L’eau constitue un enjeu majeur du développement économique et social et s’avère, parfois, source de conflits.
D’après les données sur les ressources renouvelables en eau disponibles, le Maroc se trouve en 2005 à la
douzième place de l’échantillon avec 919 m3 par habitant. Il est donc concerné par le stress hydrique comme
l’Egypte (775 m3) mais moins que la Tunisie (498 m3) et la Jordanie (174 m3) qui disposent de ressources
renouvelables bien inférieures.
Dans tous les pays de l’échantillon, les ressources renouvelables en eau par habitant ont significativement
diminué entre 1950 et 2005, à l’exception de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande. La baisse a dépassé les
70% au Maroc (73%), en Afrique du Sud (70%), en Egypte (71%) et en Jordanie (87%). Ceci implique que
les mesures de préservation des ressources en eau devraient être renforcées au Maroc, notamment dans
l’agriculture, afin de permettre un développement économique et social durable.
84
Graphique 77 : Baisse entre 1950 et 2005 des ressources en eau renouvelables par habitant
Par ordre décroissant de pollution de l’eau par les éléments organiques, le Maroc est classé, parmi les pays
de l’échantillon, à la 9ème position en 2000 contre le 12ème rang en 1980.
Entre 1980 et 2000, la pollution de l’eau par les éléments organiques, exprimée en kilogrammes par jour, a
progressé de 289% en Jordanie, de 235% au Maroc, de 134% en Malaisie, de 127% en Tunisie, de 126%
au Mexique et de 64% au Chili.
Par contre, l’évolution s’est avérée modérée en Turquie, en Irlande, en Egypte, au Portugal et en Corée du
Sud. Quant à la Pologne, la Grèce et l’Afrique du Sud, elles ont réduit leur pollution de l’eau par les
éléments organiques entre 1980 et 2002.
85
Les industries qui polluent le plus l’eau sont l’agroalimentaire et le textile. Leurs parts varient selon les
pays. La part de l’agroalimentaire dépasse 50% au Chili, au Mexique, en Irlande, en Grèce et en Jordanie.
Les pays de l’échantillon où la pollution de l’eau par le secteur textile est importante sont le Maroc, le
Portugal, la Turquie, la Tunisie et l’Egypte.
86
10.3. Emissions de CO2 et consommation de chlorofluorocarbones
En 1999, les émissions de CO2, exprimées en tonnes par habitant et par an, n’ont pas excédé 1,3 au Maroc,
soit le niveau le plus faible de l’échantillon. Fonction, en partie, du niveau de développement des secteurs
de l’énergie et du ciment, cet indicateur s’est établi à 8,4 en Corée du Sud et 10,8 en Irlande.
Pour la même année, la consommation de chlorofluorocarbones appauvrissant la couche d’ozone s’est établie,
en tonnes, à 435 au Maroc contre 470 au Chili, 570 en Tunisie, 1.135 en Egypte, 1947 en Malaisie, 2.224 au
Mexique et 6.724 en Corée du Sud. Elle est en forte régression depuis 1990 dans la plupart des pays de
l’échantillon compte tenu de la volonté de la communauté internationale de préserver la couche d’ozone.
87
11. Dimension culturelle et artistique
La dimension culturelle, artistique et spirituelle du développement humain peut être appréhendée en partie
à travers l’examen des indicateurs ci-après, calculés par l’UNESCO.
La production s’est située en 1998 à 32 livres par million d’habitants au Maroc. L’Espagne et la Pologne sont
les pays de l’échantillon les plus productifs.
88
Par contre, le Maroc importe un nombre important de films. L’importation a concerné 331 films contre 431
et 361 pour la Corée du Sud et l’Espagne en 1997.
Depuis cette date, le Maroc a entrepris plusieurs actions visant le développement de la production
cinématographique. Il s’agit en particulier de l’organisation du Festival International du Film de Marrakech,
de la production de films par les deux chaînes de télévision marocaine et de la réforme en cours du Centre
Cinématographique Marocain.
Le Maroc, la Turquie et la Malaisie ont enregistré, entre 1995 et 1997, la fréquentation la plus faible des
salles de cinéma avec 0,5 entrée par an et par habitant. L’Irlande, l’Espagne et le Portugal ont le niveau le
plus élevé avec des fréquentations annuelles respectives de 3,1 ; 2,5 et 1,4 entrées en 1997.
La comparaison internationale concerne également les droits politiques et les libertés civiles (indicateur
publié par Freedom House) ainsi que la liberté économique (indicateur calculé par Heritage Foundation).
Utilisant la base de données sur les institutions mise en place par le Ministère français de l’Economie, des
Finances et de l’Industrie, un document de travail a été élaboré2 2 , récemment, précisant que la qualité
insuffisante des institutions peut engendrer un manque à gagner en terme de taux de croissance compris
entre 2,4 et 6,1 points pour la moitié des 44 pays étudiés.
Le déficit du taux annuel de croissance dû à l’insuffisante qualité institutionnelle est évalué en prenant en
considération le niveau de la corruption, l’innovation et l’état de la recherche & développement ainsi que le
degré de concurrence sur le marché des biens.
Il a été estimé, à travers une fonction de production de type Cobb-Douglas, à 2,5% pour le Maroc et la
Turquie contre 3,9% pour l’Egypte, 2,8% pour le Chili, 2% pour la Corée du Sud et moins de 1% pour le
Portugal, la Grèce et l’Irlande. Le manque à gagner important en terme de croissance du Chili et de la Corée
du Sud est imputable respectivement aux facteurs recherche & développement et degré de concurrence sur
les marchés des produits.
22
H.Boulhol, _Les écarts technologiques, les institutions et la croissance économique_, CEPII, février 2004.
89
Graphique 85 : Déficit du taux de croissance annuel dû
à l’insuffisante qualité institutionnelle
Au delà des chiffres annoncés, il est important de retenir qu’il est possible, pour de nombreux pays,
d’accroître substantiellement le taux de croissance économique en luttant contre la corruption, en
favorisant un meilleur fonctionnement des marchés et en assurant une utilisation et une diffusion large des
technologies et ce, sans augmenter le capital physique ou humain.
Dans le cas du Maroc, les gains potentiels en terme de croissance économique ont été estimés à 1 point
pour la lutte contre la corruption, à 0,9 point pour la concurrence sur les marchés et à 0,6 point pour
l’innovation, le capital-risque et la recherche & développement contre 0,9 ; 0,8 et 0,7 point, respectivement,
pour la moyenne des 44 pays étudiés.
Cet indicateur synthétique reflète la capacité d’un citoyen à participer, en fonction des droits politiques et
des libertés civiles qui lui sont octroyés, au choix du gouvernement. Il permet aussi d’appréhender le degré
d’indépendance des médias.
A ce titre, le Maroc se positionne, entre 1996 et 2004, bien avant la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie.
Cependant, il reste dépassé par les autres pays de l’échantillon, notamment le Portugal, l’Irlande, l’Espagne
et la Pologne qui sont les mieux classés de l’échantillon.
90
Graphique 86 : Classement des pays de l’échantillon en 2004
selon la participation et la responsabilité
Cet indicateur synthétique permet de mesurer la probabilité d’une déstabilisation politique par un acte
anticonstitutionnel, voire par des moyens violents (terrorisme par exemple).
La comparaison en 2004 met en avant la stabilité politique des pays européens de l’échantillon ainsi que du
Chili. L’Egypte, la Turquie et l’Afrique du Sud occupent les derniers rangs.
Réputé pour sa stabilité politique, le Maroc est paradoxalement mal classé selon cet indicateur.
91
12.4. Efficacité du gouvernement
Cet indicateur traduit la qualité du service public, le niveau d’efficacité du management public, le degré
d’indépendance de l’administration vis-à-vis des pressions externes et la crédibilité de l’engagement du
gouvernement quant aux politiques annoncées.
Entre 1996 et 2004, le Maroc se situe entre le 13ème et le 14ème rang sur un échantillon de 15 pays, ce qui
contraste avec les réformes menées en la matière par notre pays. Les autres pays les moins performants
sont la Turquie, l’Egypte et le Mexique. L’Irlande, l’Espagne, le Chili, la Malaisie et la Corée du Sud
occupent les premiers rangs pour ce qui est de l’efficacité du gouvernement.
Cet indicateur permet d’apprécier les externalités négatives causées éventuellement par l’application de la
réglementation.
En 2004, le Maroc occupe le 14ème rang pour la qualité de la régulation devant l’Egypte. Le positionnement
du Maroc ne semble tenir compte ni du processus de libéralisation de l’économie mené depuis plusieurs
années ni des réformes réalisées en vue de déréglementer certains secteurs économiques, comme celui des
télécommunications.
92
Graphique 89 : Classement des pays de l’échantillon en 2004
selon la qualité de la régulation
Comparé aux pays de l’échantillon en 2004, le Maroc se positionne au 14ème rang devant le Mexique. Notre
pays, dans sa volonté de consolider l’Etat de droit, mène actuellement d’importantes réformes. La réforme
de la justice en particulier est primordiale et sa réussite permettrait à ce secteur de ne plus être un obstacle
au développement économique et social du pays.
L’indice de perception de la corruption permet de mesurer les effets de ce fléau sur le climat des affaires.
Entre 1996 et 2004, il a enregistré un comportement particulièrement instable dans le cas du Maroc. Jugé bon
en 1996, le niveau de cet indice s’est dégradé en 1998. Il s’est amélioré en 2000 avant de se replier depuis.
93
En 2004, le Maroc occupe le 13ème rang avant l’Egypte et la Turquie. L’Irlande, le Chili, l’Espagne et le
Portugal demeurent les pays où la corruption semble la moins développée.
Publié annuellement par " Freedom House ", cet indicateur classe les pays sur une échelle allant de 1 à 7,
selon le degré de liberté civile (liberté d’expression et de croyance, droits régissant les associations, Etat
de droit, autonomie personnelle et droits individuels) et des droits politiques octroyés aux citoyens. Ces
derniers droits sont appréhendés à travers l’étude de variables liées au processus électoral, au pluralisme
politique et au fonctionnement du gouvernement.
De 1973 jusqu’en 2003, le Maroc est toujours perçu comme étant un pays partiellement libre. L’Irlande a
conservé le rang de pays libre sur toute la période étudiée.
L’Espagne, la Pologne, la Grèce, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud et le Chili ont eu une évolution
ascendante, passant du statut de pays non libres à celui de pays totalement libres. Le Mexique a évolué
d’un pays partiellement libre à un pays totalement libre.
La Tunisie et l’Egypte étaient en 1973 des pays non libres. Ils sont devenus, au milieu de la période, des
pays partiellement libres pour revenir en 2003 au statut des pays non libres.
Calculé par " Heritage Foundation " sur une échelle de 1 à 5, l’indice de liberté économique mesure le
degré d’ouverture des économies à partir d’une dizaine de variables relatives au commerce, à la pression
fiscale, au degré d’intervention du gouvernement, à la politique monétaire, aux investissements étrangers,
au secteur bancaire et financier, aux salaires et prix, aux droits de propriété, à la régulation et au secteur
informel.
94
Par ordre décroissant d’ouverture, le Maroc occupe en 2005 la 13ème position parmi les pays de
l’échantillon devant l’Egypte et la Turquie. En 1995, notre pays se trouvait au 10ème rang avant le Mexique,
la Grèce, l’Afrique du Sud, la Pologne et l’Egypte.
Les pays les plus ouverts de l’échantillon sont incontestablement l’Irlande et le Chili.
95
Conclusion
Ainsi que précisé au niveau de l’introduction du présent rapport, l’exploitation et l’analyse d’un grand
nombre de données sur une quinzaine de pays et sur une période d’un demi siècle n’a pas été une tâche
aisée. Il est laborieux, en effet, de transformer en connaissances une masse aussi importante de données
et de tirer tous les enseignements nécessaires.
Le Maroc a été comparé à un échantillon de pays relativement performants, ce qui devrait nuancer les
conclusions du benchmarking. Outre les critères mentionnés dans l’introduction du présent rapport, le choix
des pays de l’échantillon s’est basé sur la disponibilité de l’information. Les pays à développement
comparable ne disposant pas toujours d’un système d’information performant, il s’est avéré difficile de
trouver un échantillon dont le Maroc serait au centre du diagramme de l’analyse en composantes
principales.
Le benchmarking a également d’autres limites. Basé exclusivement sur une approche quantitative, il ne
permet de pas de mettre en valeur de nombreux atouts dont dispose le Maroc et qui auraient pu lui assurer
un meilleur positionnement que certains pays de l’échantillon. En outre, certains indicateurs sont calculés
sur la base de résultats d’enquêtes (cas de la dimension " institutions et gouvernance " par exemple) dont
la crédibilité n’est pas forcément avérée.
Ceci étant, le benchmarking permet, néanmoins, de mettre en exergue les forces et les faiblesses du Maroc
et des 14 pays de l’échantillon et de mettre en évidence les expériences réussies.
Forces
Dans le cas du Maroc, la stabilité politique, la modernisation du pays et la mise en oeuvre de grandes
réformes liées au développement humain constituent des atouts majeurs. Le Maroc dispose d’autres
forces 23 parmi lesquelles, il convient de citer :
n l’émergence de la société civile et la volonté d’une participation plus importante des femmes à la vie
économique et politique (bien qu’il existe encore de grandes disparités entre hommes et femmes en
terme de développement humain).
n la bonne tenue, généralement, des fondamentaux de l’économie (solde du compte courant, déficit
budgétaire et inflation), les réserves en devises conséquentes et l’environnement macroéconomique
des affaires sain.
23
Les forces sont présentées en respectant le classement des dimensions du développement humain tel que retenu dans le rapport
du benchmarking.
96
n la mobilisation d’une part importante du potentiel hydraulique (réalisation du défi d’un million
d’hectares irrigués).
n la présence d’une importante diaspora économique dont les transferts en devises représentent plus de
8% du PIB et qui peut jouer un rôle appréciable au niveau du développement du Maroc.
n la consolidation de la pression fiscale dans un contexte marqué, cependant, par des difficultés en
matière de maîtrise de la dépense publique et d’élargissement des marges de manœuvre de la
politique budgétaire malgré la réduction sensible de l’endettement global de l’Etat.
n l’effort financier élevé (en pourcentage du PIB) consacré à l’éducation, conjugué au développement de
la scolarisation dans les zones rurales et à la progression rapide du ratio " filles/garçons " dans
l’enseignement primaire et secondaire.
n la répartition plus équilibrée de la population urbaine selon les villes, comparativement à plusieurs
pays de l’échantillon.
Faiblesses
Les facteurs de vulnérabilité qu’il faudra dépasser sont les suivants :
n Positionnement du Maroc en terme de développement humain (selon l’IDH et l’ACP) non compatible
avec les nombreux atouts du pays.
n Espérance de vie en nette progression mais, qui demeure inférieure de 6 à 10 ans par rapport à des
pays voisins (Portugal et Espagne notamment).
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n Croissance économique par habitant insuffisante, dépendant encore de l’aléa climatique.
n Croissance potentielle limitée (similaire à celle d’un pays développé) liée, entre autres, à une
productivité globale des facteurs insuffisante et à un marché national relativement étroit.
n Répartition inégale des fruits de la croissance entre les couches sociales et entre les milieux urbain et
rural (pauvreté encore importante dans le milieu rural et dans le péri-urbain).
n Forte contribution du secteur public à la rémunération salariale et coût relativement élevé de la main
d’œuvre.
n Forte progression de la dette intérieure financée, cependant, aujourd’hui, aux conditions du marché.
n Problème de financement des PME/PMI dans un contexte pourtant de détente des taux d’intérêt.
n Ecoles d’ingénieurs et filières scientifiques des universités attirant moins de 30% des étudiants.
n Taux d’analphabétisme très élevé des adultes et surtout des jeunes accompagné d’une accentuation
des disparités entre les hommes et les femmes.
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n Retard dans l’émergence d’une économie du savoir (production scientifique, nombre de brevets, budget
de recherche & développement, utilisation des technologies de l’information …).
n Dépenses globales et publiques de santé nettement inférieures en pourcentage du PIB à celles des
pays de l’échantillon.
n Urbanisation relativement rapide, non accompagnée d’une préparation appropriée des conditions
d’accueil des populations.
n Forte progression durant les 20 dernières années de la pollution de l’eau par les industries
agroalimentaire et textile (pollution encore limitée de l’air cependant par le gaz carbonique et faibles
émissions de chlorofluorocarbones).
n Classement peu enviable du Maroc en ce qui concerne le volet institutionnel et surtout la gouvernance.
La Corée du Sud, l’Irlande et la Malaisie sont connues pour leur forte croissance économique. Celle-ci est
le résultat d’une politique d’ouverture et de compétitivité qui constitue un des points forts de la Corée du
Sud, de l’Irlande et, dans une moindre mesure, de la Malaisie.
Le Chili est bien positionné pour ce qui est de la productivité agricole, du développement de l’irrigation et
de l’expansion des activités de pêche et d’exploitation minière. Son profil de spécialisation est, toutefois,
vulnérable puisque l’économie chilienne se base sur l’exploitation des matières premières.
Au niveau du développement sectoriel, les pays de l’échantillon ayant conquis des parts importantes du
marché international sont, par exemple, l’Espagne (agroalimentaire haut de gamme et tourisme), la Corée
du Sud (textile), l’Irlande (chimie fine et, particulièrement, l’industrie pharmaceutique), le Mexique
(industries mécanique, métallique et électrique), la Grèce et la Turquie (tourisme).
Parmi les pays de l’échantillon, le Portugal a opéré une tertiairisation rapide de son économie.
La maîtrise des finances publiques est réalisée par la Corée du Sud, le Chili, l’Irlande et le Mexique. La
gestion vertueuse des finances de l’Etat confère à ces pays des marges de manœuvre budgétaires
importantes pouvant être utilisées en cas de conjoncture économique difficile.
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Les meilleurs résultats quantitatifs au niveau de l’enseignement supérieur sont le fait de la Corée du Sud,
du Portugal, de l’Espagne, de la Pologne et de la Grèce.
L’économie du savoir est très développée en Corée du Sud. L’Irlande et l’Espagne, qui viennent en seconde
et troisième position au niveau de l’échantillon, n’investissent, toutefois, pas assez en recherche &
développement comparativement aux pays de l’OCDE.
Les pays qui consacrent une part importante de leur PIB à la santé publique sont le Portugal, l’Espagne et
l’Irlande. Ceux ayant l’infrastructure hospitalière la plus étendue (nombre de lits pour 1.000 habitants) sont
l’Irlande et la Corée du Sud.
L’Espagne a une production culturelle et artistique élevée. L’Irlande et le Chili se distinguent par la qualité
de leurs institutions et par leur liberté économique.
Enfin, la comparaison internationale montre que le Maroc est parti d’un niveau très faible de développement
humain au lendemain de l’Indépendance contrairement à plusieurs pays de l’échantillon qui avaient déjà en
1955 les bases sociales de leur développement. Le Maroc d’aujourd’hui n’a rien à voir avec la situation
héritée du Protectorat, grâce aux efforts considérables accomplis. Toutefois, les performances du Maroc ont
évolué moins vite que celles des pays de l’échantillon.
Le benchmarking révèle enfin que le Maroc peut réaliser de grands progrès s’il met à niveau son système
d’enseignement, s’il améliore sa gouvernance, s’il met la femme au centre de sa politique de
développement humain et s’il s’engage résolument dans l’économie du savoir.
100
ISBN
9954-405-25-9
N° Dépôt Légal
2005/2603