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Effets et perspectives de la rationalité néolibérale
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Mathieu Hilgers en définit trois. Une première approche met en lumière des représentations et pra-
tiques considérées comme relevant d’une culture néolibérale reliant le local au global (COMAROFF J.,
COMAROFF L., 2000). Cette approche est importante en ce qu’elle reconnaît les valeurs partagées par
un groupe et révèle la manière dont ces dernières influencent les pratiques et représentations. Une deu-
xième approche considère le néolibéralisme comme un système ou une structure constituant un réseau
de relations entre différentes positions dans l’espace social. Ces recherches supposent l’existence de
règles systémiques internes au développement d’une société néolibérale, décrivant notamment le rôle
indispensable de la pénalisation de la pauvreté pour la perpétuation du système néolibéral (WACQUANT
L., 2009, 2010). Cette approche met en lumière les conditions nécessaires à la production de l’État néo-
libéral ainsi que les moyens par lesquels ses principes organisationnels sont diffusés à l’échelle globale
(HARVEY D., 2005). La troisième est celle à laquelle nous nous référons ici.
4 R S & A, 2018/2 – Présentation. Effets et perspectives de la rationalité…
gements sociaux. Ce faisant, elle rend toutefois le sujet d’étude plus diffi-
cile à définir (Hilgers, 2011 ; Brady, 2014). C’est pourtant là le risque que
ce numéro accepte de prendre et le défi qu’il souhaite relever en identi-
fiant, par une approche empirique, une série d’éléments transversaux, tou-
jours contextualisés mais néanmoins propres à la rationalité et à la gouver-
nementalité néolibérales.
III. Essai de caractérisation d’une rationalité néolibérale
Au-delà de la diversité des contextes, une rationalité commune émerge
et s’articule autour d’une série d’éléments structurants de la rationalité
néolibérale, cette dernière ne s’appliquant plus seulement au monde de
l’entreprise privée mais percolant au sein de l’ensemble des sphères de la
société.
Premièrement, le marché étant le régime véridictionnel principal (Fou-
cault, 2004) au cœur de cette rationalité néolibérale, sa normativité doit
être étendue à toutes les sphères de la société, non que toute la société
doive devenir un immense marché, mais que chacun de ses éléments doive
fonctionner selon la rationalité marchande. D’emblée, pour les théoriciens
du néolibéralisme «c’est à partir du marché que doivent se reconstruire les
institutions, le rôle de l’État et les comportements individuels» (Peemans,
2002 :145). La rationalité néolibérale étend le modèle du marché à tous les
domaines et toutes les activités et configure les êtres humains exclusive-
ment comme des acteurs de marché, toujours, uniquement et partout com-
me des homo oeconomicus (Brown, 2015 :31). Les relations amoureuses,
par exemple, comme l’a montré Eva Illouz (2007, 2012) notamment, en
viennent elles-mêmes à être pensées comme un marché immense, générant
insécurité et peur de l’engagement, tant le choix semble parfois impos-
sible.
Deuxième élément central : cette rationalité marchande repose sur la
concurrence considérée dans une perspective darwiniste. Alors que le nou-
veau libéralisme de Keynes considérait l’égalité des parties nécessaire
pour maintenir le jeu de la concurrence, le néolibéralisme considère l’iné-
galité produite par la concurrence naturelle. Dès lors, si le libéralisme de
Keynes veillait par une intervention de l’État à rétablir et maintenir une
certaine égalité entre les parties, la rationalité néolibérale aborde les oligo-
poles comme le résultat naturel de la concurrence. Considérant cette der-
nière comme le principe de toute relation sociale, ce virage doctrinal ins-
taure l’inégalité entre gagnants et perdants. La société dans son ensemble
doit être organisée et se comporter comme des acteurs en concurrence afin
de pouvoir se développer. L’inégalité devient ainsi légitime, voire norma-
tive, quelle que soit la sphère de la société (Brown, 2015). Cette concep-
tion du marché comme intrinsèquement concurrentiel considère que cha-
que participant essaie toujours de surpasser les autres dans une lutte inces-
sante pour devenir leader et le rester. Elle s’accompagne ainsi d’une vision
anthropologique particulière où l’être humain, placé dans cette situation de
marché concurrentiel, serait doté d’une faculté entrepreneuriale qu’il
6 R S & A, 2018/2 – Présentation. Effets et perspectives de la rationalité…
hors du champ humanitaire où elle est née. Il est en effet sans doute pos-
sible d’en voir des reflets dans ce que Joan Scott (2016) a appelé le “tour-
nant affectif” au sein des universités américaines. Selon cette auteure, les
discussions sur les origines structurelles des inégalités raciales, sexuelles
et de genre sont progressivement redéfinies en termes de droits des indivi-
dus à la sécurité et au confort, quand elles ne sont pas simplement aban-
données. Les propos racistes et sexistes y sont de plus en plus présentés et
combattus comme des insultes proférées par un individu et blessant un
autre individu, ce qui les vide de leur dimension politique. En effet, seule
la blessure individuelle est prise en compte ainsi que la responsabilité, in-
dividuelle toujours, d’une personne. Ce faisant, l’approche psychologi-
sante du “tournant affectif” invisibilise les inégalités et les violences struc-
turelles portées par des groupes et des insitutions derrière la souffrance
d’un individu attaqué par un autre individu. De plus, au cours de ce pro-
cessus, l’université passe d’un lieu où les idées sont contestées, débattues
et échangées à un lieu où des gestionnaires de risques permettent à des
étudiants-consommateurs d’influencer ce qui peut ou ne peut pas être dit.
La politesse se transforme en une manière parmi d’autres de dépolitiser les
discussions controversées en insistant sur la blessure individuelle plutôt
que sur les structures et les institutions problématiques.
Cette mutation dépolitisante de l’université devenue une entreprise in-
quiète de satisfaire ses étudiants-consommateurs est un bon exemple de
l’argument de Wendy Brown (2015). Celle-ci considère qu’au cœur du
phénomène de dépolitisation se trouve le triomphe de l’homo oeconomi-
cus comme figure exhaustive de l’être humain. Abordant tout comme un
marché concurrentiel, celui-ci n’est en effet plus capable de penser les en-
jeux collectifs et les finalités communes en termes politiques. Sexisme,
multiculturalisme, organisation du travail ou de la santé, citoyenneté, l’en-
semble des enjeux collectifs sont vidés de leur substance politique pour
n’être plus abordés que dans une logique marchande. La figure de l’homo
oeconomicus étouffe le sujet politique, le langage et les domaines par les-
quels la démocratie, tout type de démocratie, se matérialise (Brown,
2015 :79).
Face à ce processus, la critique est particulièrement difficile. En effet, si
le politique est effacé au profit de la politique5 qui n’est plus qu’une suc-
cession de politiques dépouillées de toute extériorité symbolique, contre
qui ou quoi se battre ? «Débarrassé du lourd carcan politico-moral (qu’il
est toujours possible de contester et de contourner politiquement), il ne
reste que les technologies de gouvernance, ou de gouvernementalité, qui
fonctionnent seules, par elles-mêmes» (Coutu/Régol, 2011 :185). Ce ca-
ractère diffus et apolitique prive les acteurs d’un adversaire clairement
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Selon la distinction apportée par Marcel Gauchet (2007) : Le politique se présente comme ce qui
donne forme à la communauté en s’imposant à elle du dehors et du dessus. Il est la fondation transcen-
dantale de la vie sociale, la source externe de l’unité du social en communauté. La politique, quant à
elle, renvoie aux pratiques associées à l’État et ses institutions régissant les diverses activités et les iden-
tités particulières inhérentes à la “société civile”.
S. Simon, E. Piccoli 15
go, 2017 ; Hale, 2002). Les acteurs, malgré la puissance des procédés nor-
malisateurs et dépolitisants qui s’attaquent à leurs discours et pratiques, y
construisent des expériences et des discours alternatifs et luttent pour légi-
timer ces derniers. Dans les entreprises récupérées notamment, les travail-
leurs choisissent souvent, dans un système d’autogestion, une répartition
égalitaire des salaires dans une première phase, mettant en place des liens
de solidarité au sein d’une institution capitaliste (voir le texte de Natalia
Hirtz). De même, Ana Pomaro montre comment, dans un dispositif de
santé qui contrôle et normalise les pratiques indigènes en les intégrant au
système de santé publique, les personnes qui ont recours à ces dernières et
les praticiens qui les animent revendiquent malgré tout grâce à leurs ac-
tions dans le cadre de ces politiques une place et comment, malgré la bu-
reaucratisation et l’encadrement, ce système participe aussi à une légitima-
tion des savoirs et des pratiques mapuches.
De même, comme le texte de Jacinthe Mazzocchetti le souligne, dans
les cas d’extrême domination et déshumanisation, la persévérance à exis-
ter de certaines personnes refoulées hors de la Cité constitue encore un
acte subversif sur lequel il serait possible de s’appuyer pour construire
d’autres possibles. La question devient alors de savoir si et comment il est
possible de capitaliser ces expériences subversives pour construire des al-
ternatives culturelles et politiques transformatives. Il semble en effet que
ce ne soit pas tant la force intrinsèque de la rationalité néolibérale qui ex-
pliquerait sa persistance que la faiblesse d’une alternative.
Face à ce constat, il importe dès lors sans doute désormais de penser la
manière d’aborder positivement les changements apportés par ces décen-
nies de rationalité néolibérale plutôt que de se cantonner au registre de la
plainte victimaire. Ces changements ne sont-ils pas porteurs de nouvelles
possibilités, capables de construire une rationalité politique progres-
siste (Ferguson, 2009 ; Sousa Santos, 2011) ?
L’émergence d’une nouvelle vague de mouvements critiques à travers
le monde semble incarner cette possibilité. Si les sources d’inspiration de
ces mouvements sont variées et pas toujours neuves, telle la tradition du
libertarianisme socialiste du 19ème siècle reprise par l’économie solidaire
(Frère/Reinecke, 2011) ou la théorie des communs (Dardot/Laval, 2015),
elles sont remobilisées de manière à répondre aux enjeux contemporains.
Ces essais et réflexions parviendront-ils à trouver une articulation qui
offre un horizon où chacun trouve sa place ainsi que la gouvernementalité
capable de le mettre en œuvre ? Quoiqu’il en soit de son aboutissement
incertain, il semble évident que ce cheminement nécessite de commencer
par accepter de dépasser conceptuellement les idéaux modernes désormais
incapables de s’inscrire dans la réalité, celle-ci étant foncièrement diffé-
rente de celle dans laquelle ils ont été créés.
VI. Les apports spécifiques de ce dossier
Les quatre textes qui composent ce numéro envisagent différents as-
pects de la rationalité néolibérale : ses impacts sur l’organisation du travail
S. Simon, E. Piccoli 17
dont font preuve, par leur simple existence, ceux qui sont mis au ban de la
société néolibérale.
Le présent dossier n’épuise évidemment pas tous les cas de figures,
comme nous le mentionnions, mais il démontre, au travers des cas étudiés,
l’intérêt d’une analyse des formes spécifiques de gouvernementalité néoli-
bérale. Il permet également d’y déceler les mécanismes d'imposition d'une
hégémonie culturelle qui passe par le consentement des populations domi-
nées et de montrer les détournements qui continuent d’exister ainsi que les
résistances qui se tissent au sein du système et à ses marges.
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