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L’image de la femme à travers l’usage du participe :

Une lecture de Infi(r)niment femme


de Bestine Kazadi Ditabala

BONY YAO Charles


Enseignant-chercheur, Maître-Assistant
Université Peleforo Gon Coulibaly (Côte d’Ivoire)
Tél : 07 44 87 16
Email : bony.yao@yahoo.fr

Résumé : Depuis plusieurs décennies, la région des grands lacs est le théâtre de conflits
armés et de guerres civiles avec pour corollaires des violences sexuelles atroces subies par de
nombreuses femmes. Ce recueil de poèmes est le témoignage de Bestine Kazadi à lever le
voile du silence sur l’impunité des viols sexuels perpétrés sur les femmes. En se faisant l’écho
des victimes muettes, l’auteure redonne voix à l’humanité féminine. Sa démarche peut
s’apparenter à une forme de combat pour les droits des femmes. Le participe, élément
grammatical prépondérant dans les créations littéraires, est un moyen indiciel permettant de
mettre à nu le viol et la violence sexuelle comme arme stratégique dans les conflits armés. La
présente communication qui s’inscrit d’une part sous l’angle descriptif et d’autre part sur
l’usage de formes d’expression matérialisant la victimisation actualise les violences faites aux
femmes à travers le monde.

Mots clés : humanité, féminine, violence, viol, sexuelle, participe

Abstract: For many decades, the Great Lakes region has been the scene of armed conflict and
civil wars resulting in the horrific sexual violence suffered by many women. This collection
of poems is the testimony of Bestine Kazadi to lift the veil of silence on the impunity of
sexual rapes perpetrated on women. By echoing the silent victims, the author gives voice to
the feminine humanity. His approach can be likened to a form of struggle for women's rights.
The participle, a predominant grammatical element in literary creations, is an index-based
means of exposing rape and sexual violence as a strategic weapon in armed conflict. This
communication, on the one hand from a descriptive point of view and on the other hand on
the use of forms of expression materializing victimization, updates violence against women
around the world.
Keywords: humanity, female, violence, rape, sexual, participle

Introduction
La femme est un Être humain de sexe ou de genre féminin et d’âge adulte. Elle est l’opposé
de l’homme, selon les critères physiologiques bien définis. Dans la société, elle joue un rôle
très déterminant. Elle est appelée à donner à la famille, à la société civile, à l'Église, ce qui lui
est caractéristique, ce qui lui est propre et qu'elle est seule à pouvoir donner : sa tendresse
délicate, sa générosité infatigable, son amour du concret, sa finesse d'esprit, sa faculté
d'intuition, sa piété profonde et simple, sa ténacité .  En un mot, la femme est le pilier et
l’épicentre de toutes les activités menées dans la société. Elle est incontournable dans la vie
d’une nation, car elle est en même temps l’épouse, la mère, la sœur, la grand-mère . Pour son
intérêt particulier, diverses commémorations lui soient conférées tant sur le plan social (dans
la vie chrétienne à travers la magnificence de Marie, mère du Seigneur Jésus, la journée
internationale de la femme, la journée internationale des droits des femmes, la journée
internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, la fête des mères…) que
sur le plan littéraire à travers Senghor dans Chants d’ombre et Camara Laye dans L’enfant
noir. L’on comprend aisément les décisions politiques sur l’émancipation de la femme et sur
le genre afin de redorer son image terni. En réalité, la femme était toujours confinée dans
l’arrière-plan. En d’autres termes, son rôle était le foyer, à s’occuper de son foyer. Telle était
l’image que la société lui placardait. Ainsi, l’émancipation des femmes dans la société
moderne est- elle le fruit du développement de la mentalité de la société, un droit gagné pour
quelques-unes et un grand manque à gagner pour les moins fortunées. La société a toujours
lutté pour une société égalitaire, libre . Cependant, La femme, l’Être humain le plus magnifié
de la planète, est souvent dans des controverses. Atypique, elle est au centre de toutes les
dérives sociétales. Comme l’indique Kazadi, elle est sans borne. Est-ce une des raisons qui
l’expose lors des conflits armés tels que présentés dans l’œuvre ? Pourquoi un tel
acharnement sur la femme qui subit toutes les affres de la violence ? À partir de l’emploi du
participe, nous en éluciderons les aspects morphologiques. Ces notions serviront comme
vecteur de traitement inhumain de la femme.

1- Aspects notionnels du mode participe


Le mode participe fait partie des modes impersonnels du verbe comme l’infinitif et le
gérondif. M. Riegel et al (1994, p.512) le qualifie comme « le mode qui n’est pas apte non
plus à situer le procès dans le temps ». Défini comme un morceau de bravoure de toute la
grammaire française, le participe joue un rôle déterminant dans la dynamique du français. Il
se particularise du fait qu’il n’est pas affecté par les personnes grammaticales. Ce mode
présente deux temps : le participe présent et le participe passé.

1.1- Revue littéraire


Les participes sont des formes adjectives comparativement à l’infinitif qui est une forme
nominale du verbe. Selon D. Denis et al (2015, p.386), « ce mode impersonnel, comme son
nom l’indique, participe de deux catégorie distinctes : le verbe, puisqu’il entre dans la
conjugaison et conserve bon nombre des propriétés syntaxiques du verbe, et de l’adjectif avec
lequel il entretient d’étroits rapports. » H.D. Béchade (1994, p.190) définit le participe sur le
plan morphologique. Pour lui, ce tiroir verbal « se présente sous une forme simple ou
composée. » Plus loin, il dit qu’ « il est à la fois verbe et adjectif. » Ce qui indique sa double
nature. Quant à H. Huot (2001, p.134), elle indique que « le français moderne connait deux
formes de participes, l’un dit présent, et l’autre dit passé. » Pour P. Imbs (1960, p.159), il
appréhende les participes comme « des formes verbales dépourvues des catégories de la
personne, du nombre et, dans une large mesure, du temps » Après avoir élucidé l’aspect
définitionnel de ce mode, il importe de l’observer dans le cadre théorique.

1.2- Cadre théorique


Le participe est un mode impersonnel admettant une fonction verbale et une fonction
adjective. Il ne donne aucune indication précise d’époque et possède deux temps : le participe
présent et le participe passé.
Le participe présent se caractérise par la désinence ~ant, commune aux verbes de tous les
groupes à la voix active. Il est invariable en genre et en nombre. Il garde l’essentiel des
propriétés du verbe. La syntaxe se présente ainsi : radical du verbe + ant. Nous en donnons
des exemples :
(E1) : « De cette pudeur se taisant » (p.25)
(E2) : « Après ces flammes consumant » (p.67)
Le participe présent (taisant) est formé du radical tais, auquel on associe la désinence ~ant
qui est une marque flexionnelle. H. Huot (2001, p.105) indique que « les morphèmes
flexionnels sont toujours placés en fin de mot. Ils s’adjoignent à un radical ou à un mot ».
Concernant ce participe présent, le radical est associé au morphème flexionnel. La structure se
schématise ainsi : tais + ant …… taisant
Comme le précédent, le participe présent (consumant) se matérialise par le radical ‟consum”
à qui on associe la désinence ~ant. Partant de cette caractéristique, il se traduit de la manière
suivante : consum + ant …… consumant. Aussi, ce participe est lié directement au substantif
(ces flammes). Celui-ci, au lieu d’identifier un être ou un objet, sert à traduire l’action
accomplie par le participe présent. Ainsi, des cartons contenant de la vaisselle signifie « ces
flamme qui consument » En réalité les marques du genre et du nombre du substantif (ces
flammes) doivent affecter la base verbale (consumant). Ce qui n’est pas le cas. Une telle
incohérence grammaticale met en exergue la règle sur l’invariabilité du participe présent.
Selon l’histoire de la grammaire française, l’invariabilité du participe résulte d’une règle
formulée par l’Académie française en 1679.
Le participe passé, en revanche, est l’élément essentiel de la sous-catégorie du verbe. Il
marque la différence entre la forme simple et la forme composée. Ce temps du participe peut
être considéré comme un adjectif qualificatif ou comme un verbe dans les temps composés. Il
se distingue du participe présent à la fois par la diversité des morphèmes qui l’expriment, et
parce qu’il présente des variations régulières en genre et en nombre. H. Huot (2001, p.134)
catégorise les morphèmes tantôt vocaliques (~é, ~i, ~u ;), tantôt (~s, ~t). Ces exemples
constituent les marqueurs de cette assertion.
(E3) : « Au corps dénudé » (p.15)
(E4) : « Sous un deuil enseveli » (p.37)
(E5) : « Aux horizons maudits » (p.37)
(E6) : « Et les oiseaux sont partis » (p.43)
(E7) : « Elle a vécu pour souffrir » (p.49)
(E8) : « Toutes les femmes, sans exception, ont été violées ant d’être assassinées.. » (p.25)
Les mots mis en exergue sont des participes passés. Ils sont marqués par diverses formes. Les
exemples E3, E4 et E5 représentent la forme simple du participe passé. Cette forme se
caractérise par l’absence d’auxiliaire dans sa syntaxe. En d’autres termes, il est employé sans
auxiliaire et assume les diverses fonctions de l’adjectif qualificatif. S’agissant des exemples
E6 et E7, on note la présence d’une catégorie grammaticale appelée auxiliaire. C’est la forme
composée du participe passé. Elle se matérialise ainsi : auxiliaire (avoir / être) + participe
passé de forme simple. Dans ce cas, ce participe garde son statut verbal. Dans certaines
constructions, l’on note le double emploi de l’auxiliaire suivi du participe passé. « Ce double
auxiliaire n’est rien d’autre que la forme composée de l’auxiliaire réclamé par la construction
verbale », disait J-C Chevalier (1964, p.330). Cette forme grammaticale est dite surcomposée
telle que présentée dans (E8). J-C Chevalier (1964, p.330) la définit comme « une forme
verbale comprenant un participe passé précédé d’un double auxiliaire ».Cette forme s’observe
dans l’exemple E8. Le participe passé « ont été violées » est une forme surcomposée. Le
participe « violées » est suivi du double auxiliaire « ont été » et est matérialisé ainsi : double
auxiliaire + participe passé. Ce qui se traduit par : ont été + violées……..ont été violées.
L’accord du participe passé est régi par des règles très complexes dont la rigueur est de mise.
M. Riegel et al (1994, p.348) renchérit en disant que « l’accord du participe est conditionné
par les cadres syntaxiques ». En effet, tantôt il y’a accord, tantôt il n’y en a pas. C’est en cela
que M. Arrivé et al (1986, p.26) parle de « morceau de bravoure de toute la grammaire
française ».
En somme, le participe passé se détermine par l’informité de sa désinence et présente trois
formes à savoir le participe passé de forme simple caractérisée par l’absence d’auxiliaire, le
participe passé de forme composé marquée par la présence de l’auxiliaire (avoir / être) et la
forme surcomposée du participe passé matérialisée par le double auxiliaire.
À l’analyse, le participe se définit comme la forme nominale-adjective du verbe. Ses
propriétés morphologiques n’ont pas variées. On note le participe présent identifié par sa
désinence ~ant et invariable du fait de son statut verbal. Le participe passé, l’autre temps du
participe, indique d’abord une informité flexionnelle (~e, ~i, ~s, ~u, ~t.), ensuite une diversité
de formes (simple- composée- surcomposée) et enfin une irrégularité dans les accords. Toutes
les propriétés morphosyntaxiques du participe permettront d’analyser les atrocités perpétrées
sur la femme qui ternissent son image.
2- Le participe, expression du traitement inhumain de la femme
La violence est un bouleversement de l’ordre social. Laciné Sylla (2015, p.23) la définit
comme « l’usage de la force physique ou mentale (brutalité, harcèlement, oppression) par des
individus ou groupes sociaux en conflits ». Elle marque l’anomie, c’est-à-dire, l’absence de
lois, de références à des normes sociales mettant en cause la cohésion sociale d’une société.
Bestine Kazadi Ditabala décrit, relate les tumultueuses vagues de crises militaires et politiques
qui ensanglantent et endeuillent le Congo. Les vers libres et explosifs de l’auteur exhument
les plaies béantes d’un peuple étreint par les multiples facettes de la violence, surtout lorsque
ces affres sont faites sur la femme. Elles en payent le lourd tribut. L’image de la femme n’est
pas du tout reluisante telle que rapportée dans l’œuvre. Cette dégradation de la femme est
perçue comme instrument stratégique de conflits armés.

2.1- La femme, instrument stratégique des conflits armés


Instrument aussi bien stratégique que tactique, le viol est délibérément utilisé comme une
véritable arme de guerre dans toutes sortes de conflits. Il vise à conquérir, à chasser ou à
dominer les femmes et les groupes humains auxquels elles appartiennent. Acte de torture lié
au genre, il peut aussi être employé pour extorquer des informations, punir, terroriser ou
humilier. Les femmes sont prises pour cibles parce que leurs agresseurs ont la volonté de
porter atteinte à leur intégrité mentale et physique. L’on en donne quelques exemples :
(E9) : « Des femmes bâillonnées » (p.13)
(E10) : « Des femmes éventrées » (p.15)
(E11) : « Femmes aux cuisses visitées » (p.21)
(E12) : « Au sexe fouillé » (p.63)
(E13) : « Des virginités sacrifiées » (p.63)
(E14) : « Des seins coupés » (p.69)
Les mots en gras sont des participes passés de forme simple. Ils sont tous liés directement aux
substantifs auxquels ils sont rattachés. Selon le critère syntaxique, les participes sont dits
intégrés aux substantifs. On leur confère ainsi le rôle d’adjectif qualificatif. A. Frontier
(1997, p.201) affirme que « le participe passé employé comme adjectif est presque toujours
postposé s’il est épithète. » Il y a donc absence de lien grammatical entre le participe et son
support. M. Riegel et al (1994, p.356) parlent de « constructions absolues » car les participes
passés sont intégrés directement aux groupes nominaux. De cette position, le couple
(substantif + participe) ne souffre d’aucune ambiguïté. De ce fait, les participes passés
adjectivés (bâillonnées, éventrées, visitées, fouillé, sacrifiées, coupés) traduisent l’horreur,
l’ignominie, le déshonneur que les Femmes subissent lors des conflits armés. La jonction de
ces participes sans la présence d’un élément relateur montre bien le traitement inhumain des
bourreaux de ces femmes qui souvent sont sans défense, désemparées, surprises par de telles
terreurs. C’est à leur corps défendant qu’elles se sentent obligées d’accepter cette humiliation
au prix de leur vie. Les sévices sexuels sont les plus récurrents. Contraintes, elles restent
impuissantes face à la furia de ces bêtes de guerre dont le seul objectif est de créer la psychose
dans les esprits. Les Femmes marquées à jamais, restent sans voix, abandonnées, dévaluées
face à ces atrocités. L’emploi du participe a dans cette forme d’expression une valeur
caractérisante pour pointer du doigt ce que l’on considère affreux, surréaliste. Elles sont
directement concernées par cette barbarie ineffable. Cette forme d’écriture suscite la rapidité,
la célérité référentielle. Il y a une indissociabilité dans le discours lié à la circonstance. La
violence sexuelle est une arme, qui permet à ceux qui l’emploient de dépouiller leurs victimes
de leur dignité et de détruire en elles tout sentiment d’amour-propre ; une arme qui sert aussi à
semer la terreur et la destruction au sein de populations entières. Les femmes sont prises pour
cibles parce que leurs agresseurs ont la volonté de porter atteinte à leur intégrité mentale et
physique. L’auteure ne fait pas seulement de décrire l’image de la femme. Elle use de sa
plume pour exposer l’affliction, le deuil, la mélancolie, le malheur dans lequel se trouve la
femme. Elle est dans un engrenage sans issue. Ce qui la conduit à la déchéance, à l’immoral,
au doute. La femme est fragilisée de tout part. En perte d’autorité, d’affirmation, la femme
subit toutes les affres de la violence pendant les conflits armés. Le cri de cœur Bestine Kazadi
consiste à indiquer la véracité des faits afin que l’opinion, dans toute sa composante,
comprennent l’ampleur de ces atrocités et redorer l’image ternie de la Femme en situation
défavorable. En un mot, elle interpelle la classe politique à plus de raison dans leur quête de
pouvoir. En cela, elle fait des indications sur les lieux du crime.

2.2- L’onomastique, expression des lieux de douleurs


Bestine Kazadi Ditabala, dans un souci de probité discursif et factuel, porte à l’opinion les
lieux où les affres des violences sexuelles ont été perpétrées. Pour ne pas demeurer dans le
dilatoire ou encore dans l’émotion, elle meuble ses propos à partir des noms des villes où l’on
a pu enregistrer un nombre important des sévices sexuels commis sur la gente féminine. Dans
les conflits passés, récents et en cours, de manière constante et immuable, les femmes sont
tout particulièrement exposées à des atrocités inimaginables qui bafouent leurs droits les plus
élémentaires. Le viol n’en est qu’une (et pas des moindres) de ses multiples manifestations.
Nous ferons le relevé de quelques lieux contenus dans l’œuvre.
(E15) : « Burhale, plus de 500 femmes violées, début février 1997 » (p.11)
(E16) : « Malemba Nkulu, des viols massifs ont été commis en septembre 2003. » (p.13)
(E17) : « Kasika, (…) Toutes les femmes, sans exception, ont été violées avant d’être
assassinées en les ouvrant, à l’aide de poignards, du vagin jusqu’au ventre. (p.25)
(E18) : « Kinshasa, capitale de la RDC (…) plusieurs dizaines de femmes ont été violées par
les hommes en uniforme. » (p.29)
(E19) : « Liekelesole, des femmes st des jeunes filles ont été violées en juillet 2007 » (p.35)
(E20) : « Tchomia, des centaines de femmes violées en mai 2003. » (p.41)
(E21) : « Makobola, (…) plus de 300 femmes violées le mercredi 20décembre1998. » (p.45)
(E22) : « Kabingo, des dizaines de femmes violées. » (p.55)
(E23) : « Ankoro, (…) une centaine de femmes violées par des hommes en uniformes. »
(p.65)
(E24) : « Drodro, où le 3 avril 2003, une centaine de femmes violées tant dans la localité que
dans les alentours. » (p.71)
Le viol et les violences sexuelles sont des phénomènes courants dans les conflits armés et
leurs conséquences sont dévastatrices. Ils sont malheureusement répandus dans les conflits
armés contemporains. G. Gaggoli (2014) dira que « De tout temps, à travers le monde, les
conflits armés ont été le théâtre de violences sexuelles. Cette forme de violence est encore
fréquente de nos jours dans un certain nombre de conflits armés. » En observant les mots mis
en gras, l’on dénote la récurrence du participe passé « violées ». Cet item exprime l’horreur
sans nom. Les victimes sont des femmes qui subissent les affres des conflits armés qui, très
souvent, elles ignorent la cause de ce bouleversement d’ordre social. Cet acte de torture lié au
genre est perçu comme une lâcheté des bourreaux qui ont des desseins inavoués. De cet usage
ressort le caractère vulgaire de l’acte sexuel et aussi de la profanation du corps de la femme
dit sacré. Le sexe féminin est dépouillé de ses valeurs cardinales. Il est similaire à celui d’une
catin. Dans sa conception triviale, le sexe de la femme se montre peu. Il est un objet de
convoitise prisé par la gente masculine. L'intimité des femmes est l'objet de bien des mystères.
Le viol est une violation flagrante des droits de l’homme et est devenu une expression taboue.
Cela n’émeut plus la société par ricochet les autorités. Aucune sanction n’est instaurée pour
protéger la femme et de punir les auteurs de ce crime crapuleux. C’est avec dédain que cet
acte est apprécié. Les responsables de leurs souffrances, qu’ils soient membres des forces
armées, de la police ou de groupes paramilitaires, sont toujours en liberté. Certains continuent
à occuper des postes importants ou vivent à proximité de leurs victimes. Les victimes gardent
le silence le silence par culpabilité ou par honte, par peur de représailles ou parce qu’il s’agit
d’un sujet tabou. Ainsi, ces précisions de lieux de douleur montrent bien le désastre qui s’est
emparé en République du Congo. Selon les propres termes de l’auteur, « il existe
d’innombrables endroits inaccessibles qui regorgent de victimes silencieuses. » L’Histoire est
un témoignage et elle doit marquer la conscience collective. Bestine, dans son stature
d’éveilleuse de conscience, exhorte tout individu à tourner le dos à la violence à travers les
conflits armés. Par ailleurs, elle plaide pour une revalorisation du statut de la femme qui
devient la victime expiatoire en situation de crise.
On retient que traitement inhumain de la femme a été décrit à partir de l’expression du mode
participe. Le viol et la violence sexuelle étant les caractérisants de cette humiliation de la
femme, l’on a pu ressortir que ces actes relèvent d’instruments stratégiques de conflits armés.
Aussi, les lieux de crimes renchérissent la cruauté ineffable que la gente féminine a été
l’objet.

Conclusion
Le mode participe est toujours perçu comme une forme verbale. Dans sa structure
morphosyntaxique, il a toujours conservé ses canons depuis la codification et la fixation de la
langue française. Ce tiroir verbal présente deux temps qui sont le participe présent avec sa
désinence ~ant et invariable, puis le participe passé marqué tant par son informité et tant par
ses désinences. Ces critères font de ce mode un élément grammatical atypique. Dans
Infi(r)niment Femme, ce mode transcende de ces canons normatifs pour se fondre dans le
monde expressif. En cela, le participe a servi de vecteur pour marquer le viol et les violences
sexuelles faites aux femmes. À partir de ses critères syntaxiques observés dans le corpus, le
participe restitue les sales besognes des conflits armés à l’égard de la gente féminine.

Bibliographie
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de linguistique français, Paris, Flammarion.
BÉCHADE. D. H, 1994, Grammaire française, Paris, puf.
CHEVALIER J.-C et al, 1964, Grammaire Larousse du français contemporain,
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une violation du droit international humanitaire
et du droit international des droits
de l’homme, https://.icrc.org˃download˃file˃07-ricr-sf-894-gaggioli,
consulté le 23/08/2019.
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essai de grammaire descriptive, Paris, Librairie C. Klincksieck.
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Paris, Editions Balafons.

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