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Le Concile de Trente fut un concile œcuménique (c’est‐à‐dire qu’il réunit tous les évêques et autorités ecclésiastiques
du christianisme) qui a eu pour but de lutter contre les idées protestantes en matière de doctrine et de réformer le
clergé catholique qui, jusque‐là, était l’objet de critiques violentes (pratique des indulgences, vie délictueuse de
membres du clergé, voire de certains papes). Il réaffirma certains points de doctrines (place des Saintes Ecritures,
maintien des sept sacrements, maintien de la croyance dans le Purgatoire…) et réforma le clergé (célibat réaffirmé,
cumul des paroisses et des diocèses interdit…). Certains de ces décrets abordèrent la musique ou les images. En voici
un extrait :
« Les évêques banniront des églises les musiques où se mêle, soit dans l’orgue soit dans le chant, quelque chose de lascif et d’impur ;
aussi bien que les actions séculières, les conversations vaines ou profanes, les promenades, bruits, clameurs, afin que la Maison de
Dieu puisse paraître et être dite en vérité Maison de Prière » (extrait de la XXIIème session du Concile de Trente)
Comment « purifier » le répertoire de la musique vocale italienne après le Concile de Trente ?
La volonté de gratter le vernis religieux qui pourrait contrarier, d’après Luther et Calvin, l’élan de la foi en recherchant
une certaine sobriété dans les lieux de cultes et en remettant en cause le train de vie du clergé est un élément
caractéristique du mouvement protestant, cependant certains prédicateurs catholiques, tel que Savonarole,
pointaient déjà du doigt les dérives de l’Eglise romaine dès la fin du XVème siècle. Il est donc logique de voir sous
Clément VIII (1592‐1605) une purification des programmes iconographiques des églises et des intérieurs de maisons
ecclésiastiques (voir annexe 1). Son pontificat est marqué par une grande fermeté des rapports entre religion et art.
C’est dans ce contexte que le théologien et compositeur oratorien Giovanni Ancina (1545‐1604) publie une anthologie
de laude (Tempio armonico della Beatissima Vergine, 1599) dont la préface s’en prend vivement aux dangers de la
musique. « Ancina redoute les textes des madrigaux et autres genres mondains au point d’en assimiler la diffusion à une « peste
contagieuse » et propose d’assainir ces textes par substitution des expressions illicites. Inspirés par une telle position des
musiciens vont alors composer des contrafacta, polyphonies ou monodies originellement sur des vers profanes auxquels sont
substitués des textes spirituels en latin » (Extrait du livre « Ars musica et naissance d’une chrétienté moderne » de X.Bisaro et
J.Y.Hameline paru au CESR en 2008). L’érudit milanais Aquilino Coppini reprendra ainsi plusieurs madrigaux de Claudio
Monteverdi (voir Annexe 2).
Activité : Commentaire d’écoutes :
Cruda Amarilli de Claudio Monteverdi, 1605
Felle amaro de Aquilino Coppini daprès Cruda Amarilli de Montverdi, 1607
Les différentes parties vocales sont‐elles identiques dans ces deux chants ? __________________________________
Qu’on fait les interprètes de la seconde version pour accentuer le caractère spirituel de l’œuvre ? _________________
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Le chant est‐il syllabique ou mélismatique ? ____________________________________________________________
Que se passe‐t‐il sur les mots « ahi lasso » (hélas) (ou « aceto » le poivre de la passion dans le version latine) ?
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La « purification » du madrigal de Monteverdi passe‐t‐elle par une modification de la musique ou des paroles ?
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Vocabulaire :
Syllabique : On parle de chant syllabique lorsque chaque syllabe est potée par une seule note.
Mélisme : Un mélisme est une figure mélodique de plusieurs notes portant une seule syllabe.
Annexe 1 : détail de la fresque réalisée par Perin de Valga (1547) pour le pape Paul III dans la salle Apollon du
château Sant‐Ange à Rome.
Annexe 2 : Extrait de la partition de Cruda Amarilli de Monteverdi (1605) avec le texte spirituel en latin, Felle amaro,
de Coppini (1607).
Début du texte original en italien : Début du texte spirituel en latin :
Cruda Amarilli, che col nome ancora, Felle amaro me potavit populus
d’amor, ahi lasso! et aceto;
amaramente insegni . non illi dedi amaras aquas