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Droit Pénal International et Européen

Quand est-on face à un problème de droit pénal international et européen ? C’est


fondamental de le savoir parce que les principes et les règles ne sont pas forcément les memes, ni
le raisonnement. Pour cela, il faut commencer par définir le droit pénal international et en expliciter
le contenu.

Introduction

I. Définition du droit pénal international

Qu’est-ce que le droit pénal international ? Le droit pénal international est la branche du
droit criminel qui règles l’ensemble des problèmes pénaux qui se posent sur le plan international .

Exemple : on a un français qui commet un meurtre au Japon à l’encontre d’un Italien. Dans cette
situation, on a 3 États différents qui sont concernés par l’infraction : France, japon et Italie. Dans
une telle situation, la question qui va se poser c’est quel est le juge pénal compétent pour juger
d’une telle infraction. Il en découle une deuxième question : quelle est la loi pénale qu’il va
appliquer ? Le droit pénal international va déterminer si les tribunaux français sont compétent pour
connaitre de l’infraction et quelle loi pénale va être compétente pour régler l’infraction.

Ensuite, le droit pénal international va également déterminer si la police française ou un juge


répressif français peut procéder à des investigations sur le territoire d’un État étranger. Le droit
pénal international va également déterminer si par exemple la France peut livrer un délinquant qui
s’est réfugié sur son sol à un État étranger. Et enfin, le droit pénal international va également fixer
des règles qui permettent de déterminer si un jugement répressif étranger de condamnation est
exécutoire en France ou non.

Donc à travers ces différents exemples on peut constater que l’appellation droit pénal international
doit être entendu largement. On va maintenant la décortiquer. On a d’abord la formule « droit
pénal » :

- cette expression englobe deux choses : le droit pénal a proprement dit ou ce que l’on appelle le
droit substantiel qui décrit les infractions punissables, qui désigne les personnes pénalement
responsables et qui fixe les peines encourues.

- Et puis cela englobe également la procédure pénale ou droit pénal procedural qui détermine
notamment la compétence des tribunaux répressifs et les effets de leurs jugements.

Le droit pénal international est à la fois un droit pénal international substantiel et un droit pénal
international procédural.

Et puis, on a également le mot « international ». Ce mot doit lui aussi être compris de manière
extensive. Ce mot va renvoyer à deux cas de figure en pratique :

- un problème de droit pénal est international chaque fois qu’une infraction présente un élément
d’extranéité, c’est-à-dire un élément par lequel l’infraction est en contact avec un ordre juridique
étranger. Ce peut être par exemple la nationalité de l’auteur ou de la victime de l’infraction. Il
peut aussi se trouver lorsqu’on a une infraction commise à l’étranger par un français ou au
préjudice d’un français. Ce premier cas de figure est extrêmement fréquent actuellement : on
appel cela des infractions transfrontières. Elles sont de plus en plus nombreuses et ceci est du à
plusieurs phénomènes. Lesquels ? L’essor du commerce international et les nouvelles
techniques informatiques ou de communications (TIC) notamment avec la démocratisation de

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l’internet avec la cybercriminalité. Autre phénomène, les traffics internationaux illicites en tout
genre (traffics internationaux de stupéfiants, d’armes, d’êtres humains) . Mais aussi le développement
du terrorisme. Et la multiplication des délits financiers. Etc.

- lorsqu’on a un problème pénal qui va apparaître au plan international lorsqu’une infraction ne


présente des contact avec un seul État. Exemple : on a une infraction commise en France par
un français domicilié en France à l’encontre d’une victime française qui demeurer elle-même en
France. Et pourtant, dans une telle situation, il peut apparaitre un problème de droit pénal
international.

Quand ? C’est le cas chaque fois qu’un État est lié par une norme supranationale qui prime son
droit pénal interne. Il peut s’agir par exemple de la France qui est liée par la Convention de 2000
sur la criminalité transnationale organisée (Convention de Palerme) ou encore qui est liée par la
Convention de 2003 contre la corruption dite Convention de Merida. Ces deux conventions
internationales fixent ce que l’on appelle des normes de comportement et donc elles viennent
s’appliquer en priorité au droit pénal français purement interne.

Autre exemple : cela concerne les normes internationales notamment celles édictées par l’UE
qui peuvent autoriser l’accomplissement d’actes qu’un droit interne sanctionne pénalement et
donc qui peuvent avoir pour effet de neutraliser les infractions prévues par ce droit interne alors
même qu’il s’gait d’infractions dépourvues de tout élément d’extranéité.

Dernière exemple, ce sont plusieurs dispositions de la Convention Européenne des Droits de


l’Homme qui ont pour conséquence d’infléchir certaines règles internes de droit pénal ou de
procédure pénale alors même que l’infraction poursuivie ne comporte aucun élément
d’extranéité.

On peut conclure que le droit pénal peut être international soit par son objet (existence d’une
élément d’extranéité) soit par sa source, c’est-à-dire en présence d’une norme supranationale.

Une fois qu’on a identifié un problème de droit pénal international, où trouve-t-on ces règles de
droit pénal international ?

II. Les sources du droit pénal international

Là aussi c’est large. Les sources du droit pénal international sont à la fois internes et
internationales.

On commence par le sources internes parce qu’elles sont encore prédominantes à l’heure
actuelle. Pourquoi ? Parce que les États restent souvent très réticents à abdiquer une part de leur
souveraineté en matière pénale. Cela veut dire le droit pénal international est surtout un droit
national, c’est-à-dire un droit propre à chaque État. Pour ce qui concernent la France, ces sources
internes sont les sources classiques :

- la loi (ex : articles 113-1 et suivants du Code pénal sur la compétence de la loi pénale française ; articles
695-11 et suivants du Code pénal sur le mandat d’arrêt européen)

- la jurisprudence (ex : jurisprudence française qui refuse l’exécution en France d’un jugement pénal
étranger).

Deuxièmement, les sources internationales tendent aujourd'hui à se multiplier. Pourquoi ? Parce


que les États ont pris conscience de la nécessité de collaborer les uns avec les autres pour lutter
contre la criminalité internationale. Il y a une autre raison fondamentale : c’est le développement
d’un volet particulier du droit pénal international qui est le droit pénal humanitaire. C’est le droit des
juridictions pénales internationales. Concrètement, quelles sont ces sources internationales ?
:

- on a quelques rares principes généraux du droit international public dont le principe de la


souveraineté des États qui interdit aux organes d’un État (comme sa police) d’accomplir des actes
d’investigation, de contraintes sur le territoire des autres États. ce principe de souveraineté
explique pourquoi il n’existe pas à l’heure actuelle de police européenne ou internationale.

- les actes émanant d’organisations internationales notamment les Règlements et les Directives
qui constituent le droit dérivé de l’UE

- les sources internationales les plus nombreuses sont bien évidemment les conventions
internationales ou traités, accords internationaux. On constate que les traités internationaux
règlent les aspects les plus divers du droit pénal substantiel ou du droit pénal procédural. C’est-
à-dire qu’on a de nombreuses conventions internationales qui présent les comportements
autorisés ou interdits, d’autres sur la compétences des tribunaux, les conditions des enquêtes,
les effets internationaux des jugements, les conditions de l’extradition, etc.

Quel est le régime juridique des traités internationaux liant la France ? C’est-à-dire le sort
que leur réservent les autorités française, et plus particulièrement les tribunaux répressifs. Il faut
d’abord distinguer entre l’applicabilité des traités et leur application effective :

- l’applicabilité d’un traité : ce sont les conditions auxquelles est subordonnée la possibilité pour
un tribunal français d’appliquer le traité

- une fois qu’un traité est applicable, il faut voir comment se fait son application effective : c’ers la
façon dont un tribunal français donne effet aux dispositions d’un traité

A. L’applicabilité du traité international

Il faut deux conditions pour qu’un traité soit applicable par un tribunal répressif français :

- il faut d’une part que le traité soit régulièrement intégré à l’ordre juridique interne
- il faut qu’il soit directement applicable à l’individu qui fait l’objet de la poursuite pénale

1. L’intégration du traité à l’ordre juridique interne

Cela suppose deux choses : un traité est intégré à l’ordre juridique français lorsqu’il y a été
régulièrement introduit et qu’il s’y trouve encore inséré au moment où le tribunal pénal français
statue. Autrement dit, il faut donc une introduction régulière et un maintien.

a. L’introduction du traité dans l’ordre juridique interne

Les modes d’introduction des traités dan l’ordre juridique interne sont réglés par la
Constitution : article 53 alinéa 2 et article 55. Il ressort de la combinaison de ces deux articles que
le traité doit avoir été régulièrement ratifié puis publié.

La ratification est impérative parce que sans ratification, un traité est inapplicable par les tribunaux
nationaux. De même, est inapplicable un traité qui a été ratifié de manière irrégulière : soit que la
ratification n’ait pas été l’oeuvre du Président de la République ; soit qu’elle n’ait pas été autorisée
par une loi dans les cas où l’article 53 exige une telle autorisation. Quand est-ce qu’il faut une
autorisation de la loi ? Lorsque le traité modifie des disposition nationales de nature législative.
Et puis, la ratification doit être suivie de la publication. Pour être applicable dans l’ordre interne, un
traité doit avoir été non seulement publié mais encore publié régulièrement. Quand a-t-on une
publication régulière ? Il faut que la publication ait été ordonnée par un décret du Président de la
République et doit avoir été faite dans le Journal Officiel de la République française spécialement
dans sa partie « loi et règlement » et non pas dans la partie « avis et communication ». La
régularité de la publication est contrôlée par le Conseil d’état et la Cour de cassation.

Il fait ensuite qu’il soit d’application directe à l’individu qui fait l’objet de la poursuite pénale.

b. Le maintien du traité dans l’ordre juridique interne

Un traité n’est applicable que si, au moment de la décision du juge, il se trouve encore
intégré à l’ordre juridique français. Cela veut dire qu’il faut qu’à cette date, au moment où le juge
statue, le traité n’ait pas cessé d’être en vigueur ou que son application n’et pas été suspendue.
C’est ce que dit l’article 55 de la Constitution.

Le problème, c’est que l’article 55 va susciter des difficultés en pratique. Cet article 55 subordonne
la force obligatoire d’un traité à la condition dite de réciprocité. C’est-à-dire qu’il faut que le traité
soit appliqué par l’autre État contractant. Et là se pose deux questions très concretes auxquelles la
jurisprudence a été amenée à répondre :

- qui du tribunal saisi du litige, d’une partie au litige ou du gouvernement peut prendre
l’initiative de soulever la question de la réciprocité ?

- et ensuite, qui du tribunal ou du gouvernement est compétent pour apprécie si la


condition de réciprocité est remplie ?

On a une jurisprudence contradictoire entre la première chambre civile et la chambre criminelle de


la Cour de cassation: :

- la première chambre civile de la Cour de cassation par un arrêt rendu le 6 mars 1984 dans
l’affaire Mme Kappy épouse Lisak a dit « c’est au seul gouvernement français, plus
précisément le MAE qu’il appartient à la fois de soulever la question de réciprocité, d’apprécier
si la réciprocité est assurée par l’État étranger et, dans la négative, de prendre ou de ne pas
prendre une mesure de rétorsion ». La première chambre civile a dit que « en l’absence
d’initiative prise apr le gouvernement pour dénoncer ou suspendre l’application d’un traité, il
n’appartient pas aux juges d’apprécier le respect de la condition de réciprocité (…) ». Cela veut
dire que tant que le gouvernement demeurer inerte, parce qu’il n’est pas le destinataire de
l’article 55 posant la condition de réciprocité, le tribunal ne peut prendre aucune initiative, pas
même celle d’interroger le gouvernement sur le point de savoir si cette condition est remplie.
Donc le juge va devoir appliquer le traité. Autrement dit, la première chambre civile pose une
présomption de réciprocité.

- ce n’est pas la même solution retenue par la chambre criminelle à laquelle se rallie le Conseil
d’État. Elle impose au juge répressif de soulever d’office le problème de la réciprocité et de
sursoir à statuer jusqu’à ce que le MAE ait apprécié l’existence ou l’absence de réciprocité.
L’arrêt de principe rendu le 29 juin 1972 : Kamolpraimpna. la réalité de la réciprocité est
pour lui une question préjudicielle dont il doit renvoyer l’examen au MAE. La solution donnée par
la chambre criminelle se comprend parfaitement pour deux raisons : d’une part parce qu’un
tribunal est moins bien placé pour apprécier la situation. et d’autre part, et surtout, l’examen de
la réciprocité et la décision de suspension du traité qui peut en découler risque d’avoir des
incidences diplomatiques extrêmement graves de sorte que cette décision doit être réservée au
seul gouvernement.
À partir de là, on a une autre question : est-ce que le juge pénal est lié par la réponse du
gouvernement ? Certains auteurs estiment que non et puis face à cela, la Cour de cassation te le
Conseil d’État ont dit sue pour eux oui. Sauf que la CEDH a condamné cette jurisprudence en
déclarant que « si les juridictions nationales peuvent consulter le MAE, elles ne peuvent être liées
par l’avis de celui-ci faute de quoi, le plaideur qui indique le traité n’aurait pas accès à un
« tribunal » au sens de l’article 6 paragraphe 1 de la CEDH ». Au sens de l’article 6 paragraphe 1,
un tribunal est « un organe jouissant de la plenitude de juridiction et répondant à une série
d’exigence telles que l’indépendance à l’égard de l’exécutif, (…) ». Arrêt Chevrol c. France du 13
février 2003, CEDH.

D’ailleurs, quelques temps après, le Conseil d’État par un arrêt d’assemblée du 9 juillet 2010,
Mme Cheriet-Benseghir prend acte de la décision de la CEDH et reconnait désormais
compétence au juge administratif pour vérifier si la condition de réciprocité prévue par l’article 55
est ou non remplie sans s’en tenir à l’avis du MAE comme auparavant.

Est-ce que la condition de réciprocité joue pour tous les traités ? La condition de réciprocité
ne joue pas pour les traités humanitaires comme le Statut de Rome créant la CPI. Et puis, elle ne
joue pas dans le cadre du droit de l’UE.

2. L’applicabilité directe du traité aux individus

Un traité est d’applicabilité directe, ou d’effet direct, s’il est de nature à créer des droits
subjectifs dont les particuliers peuvent se prévaloir devant un juge national. En revanche, si le
traité règle exclusivement les relations entre les États-parties, un individu ne peut pas s’ne
prévaloir devant un tribunal national.

Toute la difficulté sera de savoir si le traité créé des droits subjectifs ou s’il règle les relations entre
les États. Il faut donc rechercher la volonté des États contractants. C’est une question
d’interprétation du traité que le juge doit résoudre selon les critères posés par la Convention de
Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités.

Quels sont les traités que la jurisprudence pénale française estime d’applicabilité directe ?
- La CEDH parce que même si la jurisprudence évoque pas directement la formule « applicabilité
directe », la jurisprudence française permet couramment aux particuliers d’invoquer les
dispositions de la CEHD. Exemples : articles 6 (droit de l’accusé d’être informé de la nature et de la
cause de l’accusation) et 13 (droit à l’octroi d’un recours effectif devant une instance nationale) de la
CEDH et l’article 7 de la CEDH qui pose le principe de non-rétroactivité.

- de multiples dispositions des traités de l’UE : TFUE et Traité de Lisbonne. Ou encore des
dispositions du droit dérivé de l’UE.

Il faut maintenant se poser la question de l’application effective du traité international.

B. L’application effective du traité international

À partir du moment où le traité est applicable, le juge pénal doit d’office l’appliquer.
Autrement dit, il doit lui donner effet sans attendre qu’une des parties au litige s’en prévale.
Concrètement, cela veut dire que le juge doit rechercher la solution du litige non pas dans sa
législation nationale mais dans le traité international, celui-ci en application de l’article 55 de la
Constitution ayant « une autorité supérieure à celle des lois ».
Comment le juge pénal fait-il pour appliquer le traité international ? :
- soit les dispositions du traité sont claires et précises, leur application au litige est alors
immédiate
- soit le sens et la portée du traité ne sont pas évidents (les cas le plus fréquents en pratique), il
faudra alors interpréter le traité avant que le juge pénal ne donne effet au traité en
reconnaissant sa primauté sur le droit interne.

1. L’interprétation du traité

L’interprétation incombe-t-elle au juge saisi du litige ou à une autre autorité à


laquelle le juge devra poser une question préjudicielle d’interprétation ? Pour répondre à
cette question, il va falloir distinguer entre le droit de l’UE et les traités internationaux classiques.

a. Le droit communautaire

La situation est la suivante : si au cours d’un procès pénal engagé contre un individu soit
pour une violation d’une règle communautaire, soit pour une infraction au droit français que le
prévenu prétend incompatible avec le droit communautaire, le juge a un doute sur le sens et la
portée de la règle communautaire applicable, il est compétent pour l’interpréter lui-même.

Arrêt de principe de la chambre criminelle de la Cour de cassation du 12 décembre 1991 :


« les juridictions nationales sont les juges naturels du traité CEE ». Mais attention, ce n’est pas
une obligation pour le juge français. Le juge national peut décider de ne pas interpréter lui-même
la norme communautaire et dans ce cas-là de recourir à la procédure prévue par l’article 267 du
TFUE : il va sursoir à statuer et demander à la CJUE de se prononcer à titre préjudiciel sur
l’interprétation du droit de l’UE.

Précisions :
- si cette question préjudicielle est posée à la CJUE, quelle est la portée de la réponse de la
CJUE ? Un arrêt de la CJUE s’impose à la juridiction qui a posé la question préjudicielle comme
aux autres juridictions nationales sauf à poser une nouvelle question préjudicielle à la CJUE.

- est-ce que la chambre criminelle utilise souvent cette procédure ? On constate depuis que
la procédure a été mise ne place, il est plutôt rare dans le sauts que la Chambre criminelle
sursoit à statuer et saisisse la CJUE. Elle préfère faire elle-même son interprétation de la règle
communautaire. Elle le fait plutôt rarement puisque ce n’est que le 4 janvier 1982 que la
chambre criminelle a posé sa première question préjudicielle. Et, il a fallu apprend plus de 10
ans pour quelle pose sa deuxième : le 3 octobre 1994. On a deux arrêts très célèbres : arrêts
Melki et Abdeli du 16 avril 2010 de la section chargée de la QPC et portait sur un article du
Code pénal français sur les contrôles policiers aux frontières et la Cour de cassation, dans ces
deux arrêts, elle posé la question préjudicielle suivante : « ces contrôles aux frontières sont-ils
bien conformes à ce que dit le Traité de Lisbonne ? ».

b. Les traités internationaux classiques

La question est simple : le juge a-t-il un pouvoir d’interprétation ou doit-il interroger le


gouvernement et plus précocement le MAE ? La réponse a cette question a connu une
évolution importante en jurisprudence.

Pendant longtemps, la chambre criminelle de la Cour de cassation s’est refusée ce pouvoir


d’interpréter un traité et par voie de conséquence l’a également refusé aux juges du fond.
Effectivement, dans de nombreux arrêts, elle affirmait que « les conventions internationales sont
des actes de haute administration qui ne peuvent être interprétées que par les Puissances entre
lesquelles elles sont intervenues ». Cela voulait dire qu’une juridiction répressive était « tenue de
sursoir à statuer jusqu’à ce que le gouvernement français, qu’il lui appartient de consulter à ce
sujet, ait officiellement interprété le traité ». Donc la position de la chambre criminelle était claire.
Une fois que le gouvernement français a interprété le traité, est-ce que le juge est lié ou non
par cet avis ? Oui.

Cette position rigide de la chambre criminelle était quand même très critiquable. Pourquoi ? parce
que l’interprétation du traité était en définitive donnée par l’État, État qui est aussi parti au procès
pénal : problème d’impartialité te d’indépendance. Cette jurisprudence, finalement, a été modifié
puisque la chambre criminelle s’est alignée sur la jurisprudence des chambres civiles de la Cour
de cassation ainsi que sur celle du Conseil d’État (GISTI, 29 juin 1990) en déclarant fermement que
« il est de l’office du juge d’interpréter les traités internationaux invoqués dans la cause soumise à
son examen sans qu’il soit nécessaire de solliciter l’avis d’une autorité non-juridictionnelle ».
désormais, le juge pénal français est compétent pour interpréter les traités internationaux : arrêt
du 11 février 2004 où la chambre criminelle approuve la Cour d’appel « d’avoir usé de ses
pouvoirs en interprétant elle-même le traité ».

De toute façon, cette solution était inévitable. Pourquoi ? Depuis que la CEDH a considéré qu’une
juridiction qui s’estime liée par l’interprétation gouvernementale d’un traité n’est pas un « tribunal
indépendant » au sens de l’article 6 paragraphe 1 de la CEDH. Elle lavait déjà dit dans l’arrêt
Beaumartin c. France du 24 novembre 1994, CEHD. ET elle l’avait réaffirmé dans l’arrêt
Chevrol c. France du 13 février 2003, CEDH.

Une fois que toute obscurité a été levée, que le traité est clair et précise, on peut passer à
l’application effective.

2. La primauté du traité

Une fois toute obscurité dissipée, le traité international doit tire appliqué par le juge
répressif au litige relevant de son domaine d’application, ceci à la place de toute règlementation
interne. Pourquoi ? Parce que le traité a, selon les dispositions de l’article 55 de la Constitution,
une autorité supérieure à celle des lois. C’est le principe de primauté des traités internationaux
sur la loi nationale.

Est-ce que c’est un principe absolu ? Comment a-t-il été reconnu en pratique ? Il faut
envisager deux cas de figure selon que le traité est postérieur ou antérieur à la loi nationale :

- ce principe de primauté a toujours été reconnu dans l’hypothèse où le traité est postérieur à la
loi nationale. Là, il n’est que l’application de l’adage lex posterior derogat priori. Cela signifie que
le traité déroge à la loi antérieure dans la mesure où il est inconciliable avec elle.

La seule difficulté que suscite ce confiait entre les normes, elle est d’ordre transitoire. Et la
question est la suivante : les situations créées avant l’introduction du traité en droit interne (ex :
infractions commises antérieurement) doivent-elles être examinées à la lumière du traité ou de la loi
nationale antérieure ? En principe, un traité ne rétroagit pas. Mais, il faut apporter des nuances à
ce principe. La première nuance a été apporté par la chambre criminelle concernant la question
de l’extradition : elle a admis par deux arrêts rendus en 1986 que « les conditions de
l’extradition sont règlementées par le traité d’extradition en vigueur au jour où la chambre
d’accusation de la Cour d’appel émet son avis sur la demande d’extradition même si ce traité
n’était pas encore en vigueur lors de la commission de l’infraction ; ou lors de l’entrée du
délinquant sur notre sol ; ou encore lors de la demande d’extradition ». Arrêts du 6 octobre et du
5 novembre 1986.

Il y a une deuxième nuance au principe de la non-rétroactivité : c’est le principe de la


rétroactivité in mitius. Effectivement, il faut admettre que conformément au principe de la
rétroactivité in mitius, un traité plus doux (ex : qui supprime une incrimination prévue par une loi
nationale antérieure) est applicable aux infractions commises avant son entrée en vigueur.

- en revanche, la reconnaissance par les tribunaux du principe de primauté du traité a été plus
tardive dans l’hypothèse ou le traité est antérieur à une loi nationale qui se révèle inconciliable
avec lui. Le pas a été franchi dans une affaire civile par l’arrêt Café Jacques Vabre du 24 mai
1975. C’était un arrêt rendu par la chambre mixte de la Cour de cassation. Et effectivement
ensuite, la chambre criminelle, à son tour, a affirmé la primauté des traités sur les règles
internes postérieures : arrêt du 14 janvier 1980.

Comment d’un droit pénal national a-t-on mis en place un processus d’internationalisation
du droit pénal ?

III. Le développement du droit pénal international : la question de l’internationalisation du


droit pénal

Il y a eu plusieurs étapes successives qui chacune comporte une dimension particulière


d’internationalisation. Schématiquement, il y a 3 étapes.

A. L’établissement conventionnel d’une coopération policière ou judiciaire entre les États

C’est le premier degré minimum de l’internationalisation. Ce degré minimal de


l’internationalisation a été mis en place pour une meilleur application des droits pénaux internes.
Cela a été notamment le cas avec les conventions d’extradition dont la plus importante : la
Convention Européenne d’Extradition de Paris du 13 démembre 1957.

Dans cette hypothèse, le concours des autorités publiques d’autres États peut être requis pour
assurer l’application d’une loi pénale nationale. Mais attention, on est dans le degré minimal :
précisément, il s’agit toujours de mettre en oeuvre des droits internes puisque d’une part, la
détermination des infractions et des peines demeurant du seul ressort des droits nationaux, et
d’autre part, l’extradition peut toujours être refusée pour des motifs touchant à l’ordre public, c’est-
à-dire relevant du droit interne de l’État sollicité. La France, en matière d’extradition, applique le
principe selon lequel la France n’extrade pas ses nationaux.

Et, il peut y avoir une petite nuance, on peut aller au-delà de ce degré minimal : il peut y avoir une
internationalisation plus poussé quand par exemple le Conseil de Sécurité de l’ONU ordonne à un
État par une décision de faire comparaître certaines de ces ressortissants devant un tribunal pénal
étranger.

Exemple : il y a quelques années le CS a pris la résolution 731 du 21 janvier 1992 à l’encontre de


Kadhafi. Elle a été prise par le CS dans une affaire de terrorisme international. EN 1992, il y a eu
des attentats perpétrés à l’encontre deux deux compagnies aériennes : PAN-AM au dessus de
l’Ecosse et contre le vol d’UTA. Dans ces deux attentats, des ressortissants libyens, des agents
des pouvoirs publics libyens ont été soupçonnés d’avoir été impliqués. L’ONU, par cette résolution,
a demandé instamment à la Libye de livrer deux de ses agents impliqués dans ces attentats sous
menace de sanctions économiques en cas de refus. La Libye s’est exécutée en livrant ses deux
agents pour qu’ils puissent être jugés devant le tribunal écossais aux Pays-Bas.

Dans cette affaire, dans le pouvoir du Conseil de Sécurité on peut y voir une première ébauche de
ce qu’allait être plus tard les tribunaux pénaux internationaux spéciaux créés par le Conseil de
Sécurité.
B. L’internationalisation normative

Elle consiste à définir des incriminations pénales par des règles internationales ou au
minimum de prévoir l’incrimination de certains comportements, ceci généralement par des
conventions multilatérales. On parle d’internationalisation normatives et non juridictionnelles parce
que la répression ne peut être que réalisées par les juridictions nationales. On essaye de parvenir
à une harmonisation de la répression et l’idéal serait d’aboutir à une compétence universelle.

Cette internationalisation normative concerne surtout des infractions très anciennes comme la
piraterie ou l’esclavage. Autre illustration, c’est également l’une des dimensions du Statut de Rome
du 17 juillet 1998 qui établit la CPI puisqu’il vise directement un certain nombre de crimes qui
relèvent d’atteintes graves au droit humanitaire.

C. L’internationalisation institutionnelle

C’est l’étape la plus récente qui entraine la création de juridictions internationales pénales
qui peuvent juger et condamner des individus en vertu d’incriminations résultant de normes
internationales suivant des procédures internationales.

Elle présente un degré incontestablement supérieur dans l’internationalisation puisque l’on va au-
delà d’une simple coordination des droits et procédures pénaux internes, au-delà du droit pénal
international classique. On est dans un autre volet : le droit pénal international humanitaire.

Comment peut-on apprécier cette évolution ? On peut fair brune appréciation mitigée de cette
évolution du droit pénal international. Elle est à la fois révélatrice du progrès du droit pénal
international mais elle est aussi révélatrice de nombreuses carences :

- les progrès : il y a à la fois un progrès technique et étique. On a un passage du normatif à


l’institutionnel et aussi avec la récupération par le droit international de compétences pénales
qui étaient considérées jusque-là comme l’apanage des seuls États souverains. Pour le progrès
éthique avec la criminalisation de comportements individuels ou collectifs trop souvent ignorés
par les droits internes ou qui échappent à toute répression organisée.

- les carences : en effet, cette évolution souligne l’échec des mécanismes de sécurité institués
par le droit, qu’il s’agisse des droits internes ou du droit international. On a d’une part l’échec
des mécanismes préventifs et d’autres part, on a l’échec des mécanismes coercitifs.
Pourquoi ? Parce que si les crimes poursuivis continuent d’être perpétrés, c’est que les
systèmes juridiques internes, de même que l’ordre international issu de la Charte des Nations-
Unies, n’ont pas su les prévenir. Maintenant, s’il faut envisager de créer des juridictions pénales
internationales, c’est que les mécanismes coercitifs visant à réagir rapidement et efficacement
contre les atteintes à la sécurité internationale, et bien, ces mécanismes coercitifs n’ont pas non
plus fonctionné pour les arrêter. Donc, l’accumulation de ces échecs conduit à la création de
juridictions pénales internationales chargées de réprimer des comportements que l’on a su ni
prévenir, ni arrêter en temps utiles.

Quel est le raisonnement juridique à tenir en droit pénal international ? Il sous-tend le plan du
cours. Il y a 3 questions fondamentales à se poser dans l’ordre en vue de résoudre les problèmes
pénaux qui apparaissent sur le plan international :

- le point de départ de toute responsabilité pénale, c’est l’infraction. Sans infraction, il n’y a pas de
responsabilité pénale. Donc la première question, c’est : qui définit les infractions et qui
détermine les sanctions pénales ? Est-ce que c’est le droit international par le biais de traités ou
d’actes d’organisations internationales ? Ou est-ce que c’est le droit interne ? Cette première
question va fair l’objet de la première partie du cours. À cette première question, on peut
apporter schématique trois réponses.

° Tantôt, mais c’est exceptionnel, les infractions et les sanctions pénales sont exclusivement
régies par le droit international . Cela renvoie à deux cas en pratique : soit on est dans le cadre
d’un procès pénal international devant une juridiction pénale internationale (droit pénal
international humanitaire) ; soit c’est par l’effet de neutralisation des infractions et des sanctions
pénales établies par le droit national en vertu du principe de primauté du droit international.

° Tantôt, et c’est plus fréquent, les infractions et les sanctions pénales sont régies à la fois par le
droit international et le droit national. Ceci selon des combinaisons variées.

° Tantôt, et c’est encore plus fréquent, lorsque le droit international est inexistant, les infractions
et sanctions pénales sont exclusivement régies par un droit national. Mais là, il faudra
déterminer quel droit national est applicable si l’infraction présente un élément d’extranéité.

- une fois qu’on a la condition préalable, l’infraction, quelle juridiction répressive sera compétente
pour statuer sur cette infraction et juger le ou les responsables ? Et quelle est la loi pénale
applicable ? Attention, en droit pénal international, il n’y a pas la question du conflit de lois. En
droit pénal international, la première question à se poser est quel est le juge compétent et
découlera de la réponse à cette question la loi pénale applicable.

- Comment aboutir au prononcé de la sanction pénale ? Quels sont les mécanismes généraux de
mise en oeuvre de la répression sur le plan international ?

Partie 1 : Définition et structure des infractions et sanctions pénales


L’infraction, c’est un comportement interdit et puni d’une sanction pénale . Donc, il ne suffit
pas qu’une règle de droit interdise un acte qu’elle décrit pour que l’acte constitue une infraction. Il
faut encore qu’une règle de droit, la même ou une autre, « incrimine » l’acte en le sanctionnant
d’une peine. Cela veut dire qu’en droit pénal international, il existe deux types de normes :

- la norme de comportement (ou norme de conduite) : c’est la norme qui interdit tel ou tel acte.
- la norme de répression : elle attache une sanction pénale au-dit acte et qui crée l’infraction qui
en résulte.

Ces deux types de normes donnent souvent lieu à ce que l’on appelle une division du travail entre
le droit international et le droit national. La norme de comportement est formulée par le droit
international qui décrit l’acte prohibé tandis que la norme de répression qui sanctionne le
comportement est établie par le droit national. En fait, l’infraction n’est pas vraiment une infraction
international au niveau de sa structure.

On rencontre cette division du travail notamment parmi les conventions internationales les plus
récentes parce qu’elles ne comportent pas de sanctions pénales et donc n’édictent pas en tant que
telle des infractions. Ces conventions vont demande aux États parties de le faire. Exemple :
Convention de Vienne de 1988 sur les stupéfiants ; Convention Européenne sur le blanchiment
d’argent; Convention de New York de 2000 sur la criminalité organisée. Ces conventions
internationales vont utiliser les formulations suivantes : « chaque État adopte les mesures
nécessaires pour conférer le caractère d’infraction pénale à : (énumération des actes prohibés) ». Ou
alors la Convention va dire « chaque État adopte les mesures nécessaires pour que constitue une
infraction pénale en vertu de sa loi : (énumération des comportements prohibés) ».

Cette combinaison du droit national et du droit international est historiquement apparue d’abord en
droit international général et ensuite en droit communautaire.

À côté de cette première division du travail, il y a également des cas où le droit international
supplante entièrement le droit national :

- lorsque le droit international neutralise les infractions et par voie de conséquence les sanctions
pénales établies par le droit national

- le droit des juridictions pénales internationales (droit humanitaire des juridictions pénales internationales).

Titre 1 : La combinaison du droit international général


et du droit national
Schématiquement, cette première combinaison suppose tout d’abord des normes de
comportement posées par le droit international, puis des normes de répression édictées par le
droit national français.

Chapitre 1 : Les normes de comportement posées par le droit international

On constate que depuis plus d’un siècle, le droit international conventionnel édicte des
règles de conduite dans des domaines extrêmement divers. Quelles sont les valeurs ainsi
protégées par le droit international ? Il s’agit d’abord de la vie et de l’intégrité physique, ensuite
la dignité, ensuite la sécurité, la santé et enfin l’environnement.

Section 1 . La vie et l’intégrité physique

Ce que l’on constate, c’est que de manière générale, les normes de comportement visant à
protéger ces valeurs (vie et intégrité physiques) renvoient aux infractions les plus graves qui
existent, à savoir :

- les crimes contre l’humanité


- le génocide
- les crimes de guerre
- les tortures et actes de barbarie

À côté de cela, on a d’autres conventions internationales qui visent d’autres comportements


attentatoire à la vie et à l’intégrité physique. Exemple : conventions internationales qui visent à
interdire les actes de terrorisme comme la Convention de New York de 1998 sur la répression des
actes terroristes à l’explosif ; la Convention de New York de 2000 sur le financement du terrorisme.
On a toute une série de conventions internationales visant à limiter les atteintes physiques
volontaires portées au moyen de matière nucléaire. On a des conventions internationales
concernant des attentes physique résultant de l’usage d’armes. Etc.

I. Les crimes contre l’humanité (C.C.H)


Historiquement, le crime contre l’humanité apparu, sur le plan juridique, avec le Statut du
Tribunal Militaire International (TMI) de Nuremberg annexé à l’Accord de Londres du 8 août 1945.
Le TMI de Nuremberg avait été établi pour juger les grands criminels de guerre des puissances
européennes de l’Axe. Ce Statut du TMI de Nuremberg est fondamental puisqu’il nous donne la
toute première définition du crime contre l’humanité à l’article 6c.

Quelle est la première définition juridique du crime contre l’humanité ? Selon l’Article 6c du
Statut du TMI de Nuremberg, le crime contre l’humanité englobait : « l’assassinat, la réduction en
esclavage, la déportation ou tout autre acte inhumain commis contre toute population civile avant
ou pendant la Guerre ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux
lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient ou non constitués une violation du droit interne du
pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence
du tribunal ou en liaison avec ce crime ». Cette définition du crime contre l’humanité est dès
importante parce qu’elle a survécue à la disposition de la juridiction pénale internationale, c’est-à-
dire que le Tribunal de Nuremberg a rendu un seul verdict et une fois son verdict, la nuit a qui a
suivi on a procédé aux exécutions à mort par pendaison et le Tribunal a fermé ses portes et a
disparu. Et notamment, on le voit avec la loi française du 26 décembre 1964, loi tendant à
constater l’imprescriptibilité du crime contre l’humanité. On le voit dans cette loi parce que, au lieu
de proposer sa propre définition, la loi de 1964 renvoie à celle du Statut du TMI de Nuremberg. On
reprend in extenso la définition.

De même qu’en jurisprudence, la chambre criminelle de la Cour de cassation, par une série d’arrêt
postérieur à 1945 va directement se référer à cette définition de l’article 6c du Statut du TMI de
Nuremberg. Elle va s’y référer pour non seulement préciser la notion de crime contre l’humanité
mais également pour la compléter. Qu’est-ce que la chambre criminelle va rajouter ? Elle va
préciser que « les crimes contre l’humanité visent les actes inhumains et les persécutions qui au
nom d’un État pratiquant une politique d’hégémonie idéologique ont été commis de façon
systématique ». Et puis la deuxième précision apportée par la chambre criminelle : « non
seulement contre des personnes en raison de leur appartenance à une communauté raciale ou
religieuse mais aussi contre les adversaires de cette politique quelque soit la forme de leur
opposition ». Elle rajoute donc une deuxième catégorie de victime. Cela visait les membres de la
résistance française. Cela a permis à la chambre criminelle de confirmer la condamnation pour
crime contre l’humanité aussi bien contre des personnes de nationalité allemande (ex : Klaus
Barbie) mais aussi de personnes de nationalité française (ex : Maurice Papon).

Y-a-t-il d’autre textes de droit international qui définissent le crime contre l’humanité ?
Effectivement, les crimes contre l’humanité ont également été visés par les Statuts des Tribunaux
Pénaux Internationaux (TPI adoc) pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda et aujourd'hui, les
crimes contre l’humanité sont visés par le Statut de la CPI. La définition qui est aujourd'hui donnée
par le Statut de la CPI constitue le droit positif.

On a aujourd'hui une définition du crime contre l’humanité dans le Code Pénal français depuis son
entrée en vigueur le 1er mars 1994 (à retenir). Avant, on en avait pas. Ce sont les articles 211-1 et
suivants du Code Pénal. Au 1er mars 1994, la définition qui a été intégrée dans le Code Pénal est
différente de celle donnée par les textes internationaux. Pendant des années, cette définition n’a
pas été changée. Quand le Statut de Rome est entré en vigueur, il y a eu ce problème de
définitions différentes.

Si on est le juge pénal français et qu’on doit statuer sur un crime contre l’Humanité, est-ce
qu’on applique a définition donnée par le Code pénal français ou celle donnée par le Statut
de Rome de la CPI ? On utilise le principe de primauté du traité international sur la loi nationale
(article 55 de la Constitution). Mais ce problème aujourd’hui ne se pose plus parce qu’un loi française
a été promulgué le 9 août 2010 portant adaptation du droit pénal à l’institution de la CPI. Cette loi
du 9 août 2010 vient modifier la définition du crime contre l’humanité donnée par le Code pénal
afin de la mettre en conformité avec celle du Statut de Rome. Avec cette loi, on n’a plus
d’incompatibilité entre la loi nationale et le droit international.

II. Le génocide

Cette norme de comportement, on l’a trouve dans une convention incontournable : la


Convention de l’ONU du 9 décembre 1948 sur la prévention et la répression du génocide. Cette
Convention définit le crime de génocide comme : « l’un quelconque des actes ci-après commis
dans l’intention de détruire en tout ou en partie un groupe national, ethnique, racial ou religieux
comme tel :
a) mettre de membres du groupe
b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe
c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entrainer sa
destruction physique totale ou partielle
d) mesure visant à entraver les naissances au sein du groupe
e) transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe ».

l’enjeu maintenant est d’arriver de distinguer le génocide du crime contre l’humanité. Le génocide
apparait comme une espèce particule de crime contre l’humanité. Donc tous les génocides sont
des crimes contre l’humanité mais ils sont tellement graves, horribles qu’on les a sorti de la
catégorie générale pour ne faire désormais une infraction autonome. C’est sans aucun doute le
plus grave des crimes contre l’Humanité. C’est ce qui a amené Chu,rchill, en 1945, à l’appeler « le
crime ans nom ».

Dans les deux infractions, on retrouve la même gravité des actes commis précisant que l’atteinte à
la vie n’est qu’une variété parmi d’autres des atteintes portées à l’homme. Ensuite, autre point
commun, on y observe la même volonté chez l’auteur de collaborer à une politique systématique
d’anéantissement physique ou moral de l’individu pour des motifs discriminatoires. Mais, sur ce
dernier point, on a une différence entre le génocide te le crime contre l’humanité. Pourquoi ? On
constate que pour le génocide, il n’y a que 4 motifs discriminatoire (nationaux, raciaux, ethnique et
religieux). Alors que dans le crime contre l’humanité, les motifs discriminatoires y sont plus
nombreux puisqu’on y ajoute les motifs sociaux, politiques culturels, etc.

Ensuite, on y constate la même indifférence à la qualité de l’auteur, auteur qui peut être un
gouvernant, un fonctionnaire ou encore qui peut être un simple particulier.

Et puis concernant les victimes, les victimes de ces deux infractions sont visées non pas
individuellement mais en tant que représentants d’un groupe ou d’une partie d’un groupe de
population voué collectivement à disparaitre.

dans tous les cas, sont également prohibés la tentative de génocide et les comportements
satellites comme la complicité, l’entente en vue de commettre un génocide ou l’incitation directe et
publique. Cela permet d’étendre la responsabilité pénale et donc la répression du génocide.

Le génocide, on le retrouve également dans les statuts des TPI ad hoc et dans le Statut de Rome
de al CPI. C’est la définition du Statut de Rome qui constitue le droit positif.

Au niveau interne, on le retrouve dans le code pénal français depuis le 1er mars 1994.

Le 27 janvier, c’est la journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre
l’humanité. Elle a été instituée en 2002 à l’initiative des ministres de l’éducation des États
membres du Conseil de l’Europe et c’est une journée qui est suivie paf les Nations-Unies. La
France et l’Allemagne ont choisi le même jour parce que c’est la date de libération du camp
d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques.

III. Les crimes de guerre

Le crime de guerre est une notion centrale du jus in bello. Les crimes de guerre, c’est
l’ensemble des agissements qui méconnaissent délibérément les lois et coutume de la guerre.

Il y a eu une évolution importante dan sua prise en compte d cette incrimination. Les efforts
internationaux pour prohiber certains comportements contraires à ces lois et coutumes se sont
concrétisés essentiellement à partir de la seconde moitié du 19° siècle avant de trouver un premier
couronnement avec les Conventions de La Haye de 1899 et de 1907 et un second couronnement
dans le Statut du TMI de Nuremberg.

Ensuite, le droit de la guerre allait connaitre un développement considérable sous l’impulsion du


Comité International de la Croix Rouge avec les quatre Conventions de Genève du 12 août 1949.
Ces dans ces Conventions que l’on retrouve la norme de comportement. Elles forment une sorte
de Code du crime de guerre sans d’ailleurs que le mot soit utilisé par elle. Où trouve-t-on
la
définition du crime de guerre ? Dans l’article 3 commun aux quatre Conventions. Cet article 3
commerce par poser un certains nombres de dispositions minimales applicable aux conflits armés,
y compris non-internationaux : « se trouvent prohibés en tout temps et en tout lieux :
a) les atteintes portées à la vie et l’intégrité corporelle notamment le meurtre sous toute ses
formes, les mutilations, les traitements cruels, les tortures et supplices
b) les prises d’otages
c) les atteintes à la dignité des personnes notamment les traitements humiliants et
dégradants (…) ».

On a repris cette définition juridique pour l’intégrer aux Statuts des TPI ad hoc. Pour les deux
Statuts ou un seul ?

On l’a aussi dans le Statut de Rome de la CPI. Et également dans le Code pénal français.

Ces Conventions de Genève continuent de constituer al référence. On a beaucoup d’application


pratique :

- par jurisprudence française concernant un cas largement médiatisé : le cas de Klaus Barbie.
C’était le commandant de la Gestapo de Lyon pendant la WWII. Il a été condamné à mort par
contumas à deux reprises par le Tribunal Militaire Permanent de Lyon pour crime de guerre (29
avril 1952 pour des assassinats, incendies volontaires, pillages et séquestration commis dans le Jura ; 25
novembre 1954 pour des faits similaires commis à Lyon) . Il a connu un autre procès de mai à juillet
1987 devant la Cour d’assises du Rhône pour crime contre l’humanité et il a été condamné à la
réclusion criminelle à perpétué le 4 juillet 1987. Il est mort en prison le 25 septembre 1991.

- par organe international extrêmement important : lorsque le Conseil de Sécurité de l’ONU a


condamné à l’unanimité le 18 décembre 1992 l’expulsion collective de plusieurs centaines de
Palestiniens par Israël. Le Conseil de Sécurité a pris la résolution 799 où il a réaffirmé que la
quatrième Convention de Genève du 12 août 1949 « s’applique à tous les territoires palestiniens
occupés par israël depuis 1967, y compris Jerusalem » et le Conseil a souligné que
« l’expulsion de civils contrevient aux obligations que la Convention impose à Israël ». le Conseil
exige de ce dernier qu’il « garantisse le retour immédiat et en tout sécurité dans le territoire
occupe de tous ceux qui ont été expulsés ».

- affaire toujours en cours : la question du Statut des personnes considérées par les États-Unis
comme ayant des liens avec Al-Qaïda et qui ont été transféré après le 11 septembre 2001
d’Afghanistan vers la base américaine de Guantanamo à Cuba. C’est un centre de détention
ouvert en janvier 2002 pour accueillir ces personnes. Le problème c’est que ces personnes qui
sont été transférées ont été maintenu en captivité pour une durée indéterminée et sans
bénéficier des garanties d’une procédure judiciaire. À cette époque-là, la communauté
internationale s’est indignée de cette situation et beaucoup de personnes ont invoqué les
Conventions de Genève. Georges W. Bush a toujours refusé de reconnaître à ces personnes le
statut de prisonniers de guerre. Pourquoi ? Parce qu’il a expliqué que dans cette affaire-là on
été entré dans un nouveau type de guerre qui était la guerre contre le terrorisme. Il a expliqué
que cette nouvelle forme de guerre n’a pas été envisagée lorsque les Conventions de Genève
ont été signées. Avant d’arrivé rua pouvoir, Barack Obama avait pris l’engagement de faire
fermer Guantanamo. Effectivement, au premier jour de son investiture en 2009 a signé un
décret prévoyant la fermeture du camp de Guantanamo dans un délia d’un an. Ce décret n’a
jamais pu être mis en oeuvre en raison de l’imposition républicaine du Congrès. À l’heure
actuelle, il y aurait plus que 41 prisonniers encore détenu dans ce camp. Donald Trump a signé
en janvier 2017 un décret qui prévoit de laisser ouverte la prison de Guantanamo et des
organisation humanitaires qui craignent que ce décret permette d’accueillir à nouveau de
nombreuses personnes dans ce camp de détention militaire.
IV. Les tortures et actes de barbarie

S’agissant d’abord de la torture, il existe plusieurs textes internationaux protecteurs des


droits de l’homme qui contiennent des dispositions probant la torture. On a par exemple :

- article 5 de la DUDH de 1948


- articule 3 de la CEDH
- article 7 du PIDCP de 1966
- etc

Mais quel est le texte qui nous donne la définition précise de la torture ? C’est une
Convention de l’ONU du 10 décembre 1984 contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains dégradants. Selon l’article 1 de cette Convention, la torture, c’est « tout acte par
lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement
infligées à une personne (…) à l’exclusion de celles résultant uniquement de sanctions légitimes
inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles ». Cette restriction s’explique par l’objet
même de la Convention qui est de lutter contre la torture d’origine étatique et non contre celle qui
pourrait être pratiquée par des particuliers.

Plus loin, la Convention donne des précisions sur les personnes pouvant être tenues responsables
de ces tortures. Elle précise que « l’auteur de ces actes ne peut être qu’un avant de la fonction
publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son
consentement express ou tacite ».

La Convention prévoit différentes types de tortures. Sont visées :


- la torture moyen de pression
- la torture sanction
- la torture discrimination.

Ce qu’il est intéressant de constater c’est qu’en lisant la Convention, aucun fait justificatif ne peut
être invoqué en défense qu’il agisse de l’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique voire d’une
circonstance exceptionnelle comme la guerre déclarée ou menaçante ou « tout autre état
d’exception ».

Et puis, la Convention a aussi eu pour objet de mettre en place des garanties pour prévenir ces
actes de torture et notamment elle prévoit des obligations à l’égard des États parties à savoir qu’ils
doivent prendre des mesures concrètes afin d’empêcher la torture à l’intérieur de leurs frontières et
il leur est interdit de renvoyer une personne dans un État dans lequel il y a une grande possibilité
qu’elle y soit torturée. Les États parties doivent s’assurer que les actes de torture constituent des
infractions au regard de leur droit pénal.

Enfin, il incombe aux États parties de prohiber également la tentative et la participation accessoire,
y compris de celle d’une personne quelconque.

Il y a quelques années, l’Assemblée générale des Nations-Unies, le 18 décembre 2002, a adopté


un Protocole facultatif qui complète cette Convention et qui prévoit notamment un système
préventif de visite dans les prisions de l’État qui a ratifié le Protocole. Le Protocole est entré en
vigueur le 22 janvier 2006.

On constate le mutisme total de la Convention sur la notion voisine de traitement cruels, inhumains
ou dégradants. Et pourtant, comme il y a une distinction dans l’intitulé, c’est que ce n’est pas la
même chose. Qui s’est chargé d’opérer la dissection entre la torture et les actes cruels,
inhumains ou dégradants ? C’est la CEDH. On a un arrêt de la CEDH du 28 juillet 1999 dans
lequel la CEDH a condamné la France pour torture sur la personne d’un ressortissant étranger qui,
au cours d’une garde-à-vue de 4 jours pour trafic de drogue, avait subi des violences graves et
répétées (coups de poing, coups de pied, coups de matraque, coups de batte de baseball, menaces avec
un chalumeau, coups d’annuaires etc) . Qu’a dit la CEDH dans cette affaire ? Elle a dit que « les
actes de violences physiques et mentales commis sur la personne du requérant pris dans leur
ensemble ont provoqué des douleurs et des souffrances aiguës au sens de la Convention de 1984
et revêtent un caractère particulièrement grave et cruel. (…) De tels agissements doivent être
regardés comme ds actes de torture ». Il y a eu condamnation de la France dans cet arrêt
Selmouni c. France.

Depuis, est-ce encore possible aujourd'hui ? Il y a des interrogatoires sous vidéosurveillance.

Section 2 .

Section 3 .

Section 4 .

(voir le document condensé écrit)

Section 5 . L’environnement

Il y a deux problèmes majeurs qui sont pris en compte en droit pénal international de
l’environnement : d’une part, la protection de la mer et d’autre part le contrôle des mouvements
transfrontières de certains biens.

I. La protection de la mer

Cela fait longtemps que l’homme a compris que la mer est un immense réservoir est en
termes de richesses et il y a peu, il a pris conscience que ces richesses ne sont pas inépuisables.
Elles sont en train de disparaitre en rivons de la pollution. À partir de cette prise de conscience, les
États ont pris de conventions internationales tendant à protéger la mer contre deux séries d’actes
de pollution :

- les rejets en mer


- les incinérations et les immersions en mer.

A. Les rejets en mer

Sont ici visés des rejets de substance nuisibles effectués à l’occasion de l’exploitation
normale d’un navire (navire, dans les mers et océans, les bateaux dans le sucres d’eaux internes). Qu’est-ce
que l’exploitation normale d’un navire ? C’est à l'occasion de leur transport maritime entre deux
ports.

Le rejet en mer de ces substances nuisibles, pour lutter contre la pollution de la mer, va être
interdit par le droit international. Elle est prévue par une convention internationale très célèbre qui
a donné lieu à une application dans l’affaire de l’Erika. Dans cette affaire, le juge pénal français
n’était pas compétent mais pour maintenir et confirmer des condamnations pénales qui ont été
prononcées par les juges du fond, la chambre criminelle, contre le droit, a affirmé que le juge pénal
français était compétent.

Quelle est cette fameuse convention internationale ? Il s’agit de la Convention MARPOL.


l’interdiction de ces rejets de substances nuisibles est prévu par la Convention MARPOL du 2
novembre 1973 pour la prévention de le pollution par les navires. Cette Convention est complétée
de 6 annexes, une par catégorie de substance nuisibles :

- sur les hydrocarbures


- sur les substances liquide nocives transportées en frac
- en colis
- eaux usées des navires (pas encore en vigueur)
- etc.

Première précision importante : la Convention ne distingue pas entre les rejets intentionnels et les
rejets accidentels.

Autre précision : l’interdiction de rejet n’est pas absolue. La Convention opère des dissections
selon différentes critères : selon la nature et/ou la quantité des substances déversées ; selon le
lieu du rejet (l’interdiction est plus drastique lorsque le rejet est effectué dans les eaux territoriales ou dans
certaines mers particulièrement vulnérables que l’on nomme des zones spéciales) ; selon que le navire
est un navire-citerne ou non.

Il y a un principe d’interdiction de rejet des substances nuisibles mais la Convention MARPOL


prévoit deux faits justificatifs qui permettront l’exonération de la responsabilité pénale :

- par l’état de nécessité : ce sera lorsque les rejets sont effectués pour assurer la sécurité du
navire ou pour sauver des vies humaines en mer

- par « le repentir actif » : en droit pénal français, ce n’est pas une cause d’exonération pénale.
Mais la Convention MARPOL le prévoit : lorsqu’en cas de rejet accidentel, « toutes les
précautions raisonnables ont été prises après l’avarie ou la découverte du rejet pour empêcher
ou réduire ce rejet ».

B. Les incinérations et les immersions

Elles supposent en général que des déchets ou autres matières ont été chargé à bord d’un
navire ou d’un aéronef en vue de leur déversement en mer : c’est l’immersion. Ou, en vue de leur
destruction thermique en mer : c’est l’incinération.

On a une grande convention internationale qui lie la France : c’est la Convention de Paris du 22
septembre 1992 pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est (Convention
OSPAR). Elle a un objet extrêmement large parce quelle vise très largement « les substances ou
énergies créant, ou susceptible de créer, des risques pour la santé de l’homme, des dommages
aux ressources biologiques et écosystèmes marins, des atteintes aux valeurs d’agrément ou des
entraves aux autres utilisation légitimes de la mer ».

Concrètement, au niveau de la norme de comportement, d’abord la Convention interdit


systématiquement l’incinération de déchets ou autres matières à bord de navires, aéronefs ou
installations off-shore. Maintenant, s’agissant de l’immersion à partir de ceux-ci de déchets oui
d’autre satires est en principe interdite sauf exception soumise à autorisation ou à règlementation.

L’interdiction de l’immersion ou l’obligation de respecter les conditions posées par l’autorisation ou


la réglementation est levée « en cas de force majeure due aux intempéries ou à toute autre cause
lorsque la sécurité de la vie de l’homme ou d’un navire, d’un aéronef ou d’une installation off-shore
est menacée ». (La force majeure en droit pénal français est irrésistible et imprévisible (comme la prof)) .
II. Le contrôle des mouvements transfrontières de certains biens

On constate qu’il y a deux biens juridiquement pris en compte par le droit international :
d’une part, certaines espèces de faune et de flore sauvages et d’autre part les déchets.

A. La faune et la flore sauvages

L’objectif est éviter une surexploitation de certaines espèces de faune et de flore sauvages
menacées d’extinction par suite du commerce international. Les États ont adopté une Convention
mondiale : la Convention de Washington du 3 mars 1973 dite la CITES. Que prévoit cette
Convention ? Elle oblige les États à prendre des mesures pour limiter, sinon interdire,
l’exportation, l’importation, la ré-exportation et l’introduction en provenance de la mer de
« spécimens ». Qu’est-ce qu’un « spécimen » au sens de la CITES ? C’est un animal ou une
plante, vivant ou mort, et les produits obtenus à partir d’un animal ou d’une plante comme par
exemple un object en ivoire. Des éléphants d’Afrique naissent sans défense actuellement (entre 1%
et 3% à cause d’un défaut génétique).

Que prévoit la CITES ? En général, la CITES prévoit que le commerce de ces « spécimens » est
subordonné à une autorisation d’une autorité publique. Cette autorisation est soumise à diverses
condition plus ou moins strictes selon les espèces qui sont classées en trois catégories :

- Annexe 1 : liste noire qui regroupe les espèces menacées d’extinction (ex : baleine noire, gibbon
ou sabot de Vénus). Leur commerce est interdit sauf dérogation spécifique

- Annexe 2 : liste grise qui renvoie aux espèces dites vulnérables qui pourraient être menacées
d’extinction si leur commerce était libre (ex : éléphant de mer, cyclamen, éléphant d’Afrique). le
commerce de ces espèces est autorisé sous certaines conditions et strictement encadré. Cela
veut dire que les importations, exportations et ré-exportations à but commercial ou non sont
régulées au moyen de permis et certificats délivrées par les autorités nationales et contrôlées en
douane. Estimation : 96% des espèces inscrites à la CITES figurent à l’Annexe 2.

- Annexe 3 : liste blanche, c’est toute autre espèce qu’un État de sa propre initiative protège sur
son territoire et pour lesquelles sil demande l’assistance de la communauté internationale pour
contrôler les exportations. Leur commerce n’est autorisé que si le pays exportateur a délivré un
permis attestant de leur origine licite (la France n’a jamais inscrit aucune espèce pour l’heure dans
cette liste blanche).

B. Les déchets

On a une Convention internationale de Bâle du 22 mars 1989 sur le contrôle des


mouvements transfrontières des déchets dangereux et de leur élimination. Cette Convention ne
prohibe pas les importations et exportations de déchets notamment vers les États en voie de
développement. Elle se contente d’accorder des droits et d’imposer des obligations aux États à
propos de déchets dangereux (mercure, arsenic, plomb, déchets hospitaliers, amiante, etc) et à propos
d’autres déchets (fer, cuivre, cuir, matières plastiques, etc). Concrètement, la Convention prévoit qu’un
État partie a toujours le droit d’interdire l’importation de déchets et il en a même l’obligation si les
déchets proviennent d’un État non-contactant.

Ensuite, un État partie qui permet l’exportation des déchets doit informer l’États d’importation, qui
lui-même n’a pas inertie l’importation, du mouvement transfrontière envisagé et ne permet pas
l’exportation avant d’avoir reçu l’accord écrit de l’États d’importation.

Une affaire illustre cette importance de la Convention de Bale : affaire du Clemenceau. C’est
l’ancien porte-avion de l’armé française qui en 1997 est désarmé. Et donc, l’État français veut s’en
débarrassé puisqu’au sens du droit de l’environnement c’est devenu un déchet. Le problème c’est
qu’avant de le démanteler il faut procéder à une autre opération : le Clemenceau est bourré
d’amiante. Comme c’est dangereux, la France décide de le faire ailleurs. La France décide
d’envoyer le Clemenceau en Inde parce que c’est loin et puis la main d’oeuvre est très peu cher.
Plusieurs ONG écologiste saisissant la justice française. Elle autorise le départ du Clemenceau
pour l’Inde où il doit être désamianté et démantelé. Il arrose en Haute-mer et la justice indienne est
également saisie de son coté et va rendre un avis négatif sur ces opérations du Clemenceau en
Inde. Précisément, la Commission déchets toxiques de la Cour Suprême indienne a estimé que
procéder à de telles opérations violerait la Convention de Bâle de 1989 sur les déchets dangereux.
Pourquoi ? La Convention prévoit que les transports de déchets dangereux ne sont autorisés que
si l’État exportateur ne dispose pas lui-même des moyens techniques et des sites d’élimination
nécessaires pour éliminer les déchets en question. Cette condition n’était pas remplie en l’espèce
puisque la France pouvait y procéder elle-même. Donc violation de la Convention de Bâle. Le
porte-avion revient dans le port de Brest et il sera envoyé plus tard dans un port britannique.
Chapitre 2 : Le normes de répression
posées par le droit national francais
L’inobservation des normes de conduite posées par une convention internationale n’est pas
en soi une infraction pénale. Elle ne le devient que si un État l’incrimine en choisissant une
sanction pénale. Il y a donc deux étapes : l’étape de l’incrimination et le choix de la sanction
pénale. À ce double point de vue, le droit national subi une certaine contrainte du droit
international.

Section 1 . L’incrimination des normes de conduite posées par une Convention


internationale

D’abord, les conventions internationales n’accordent pas toujours aux États une entière
marge de manœuvre pour incriminer. En revanche, les convention internationale leur abandonnent
totalement le choix de la technique d’incrimination.

I. La marge de manoeuvre du législateur national dans l’incrimination

La question est la suivante : un État contractant est-il tenu ou non d’incriminer la


violation des normes de comportement établies par la convention internationale à laquelle
il est partie ? Cela dépend des conventions et schématiquement, en toute logique, on peut
considérer qu’il y a deux catégories de conventions :

- plusieurs conventions n’imposent pas une telle obligation . Ce sont les conventions
internationales les plus anciennes. Exemples :

° Convention internationale du travail du 26 juin 1973 concernant l’âge minimum d’admission à


l’emploi. Elle indique « l’autorité [nationale] compétente devra prendre des sanctions appropriées
en vue d’assurer l’application effective des dispositions de la convention ». Elle n’exige pas que
ces dites sanctions soient forcément pénales.

° Convention de Vienne du 8 novembre 1968 sur la circulation routière qui est encore plus
explicite puisqu’elle dit même que « la dite convention n’oblige pas les parties à prendre des
sanctions pénales ».

- beaucoup plus nombreuses sont les conventions qui enjoignent aux États d’incriminer la
transgression des règles de conduite qu’elle pose. Exemples :

° Convention sur le faux monnayage qui précise que « doivent être punies comme infractions de
droit commun les actes énumérés par ladite Convention ».

° Convention de Vienne de 1988 contre le traffic de stupéfiant qui dit elle aussi de manière très
claire « chaque État partie adopte les mesures nécessaires pour conférer le caractère
d’infraction pénale aux actes définis par ladite Convention ».

° Jurisprudence de la CEDH : arrêt X et Y c. Pays-Bas, 26 mars 1985, CEDH : cela concernait


le Code pénale néerlandais. Il s’agissait du fait que ce Code ne contient aucune disposition
réprimant les avances sexuelles faites à des personnes handicapées mentales. La Cour a
considéré cela comme une violation du droit à la vie privée garantie par l’article 8 de la CEDH.
La Cour dit « la Cour estime insuffisante la protection du droit civil. Seule une législation
criminelle peut assurer une prévention efficace nécéssaire dans ce domaine ».

Que se passe-t-il si un État méconnait l’obligation d’incriminer tel acte ?


- sur le plan juridique du droit pénal : juridiquement, la réalisation de cet acte ne constitue pas une
infraction pénale
- s’agissant de l’État qui ne respecte pas son obligation internationale : tout au plus l’État
concerné risque d’engager sa responsabilité internationale.

Lorsqu’un État contractant a procédé à l’incrimination, il doit respecter certaines règle posées par
le droit international. L’État contractant est notamment tenu de respecter les principes de la non-
rétroactivité et de la rétroactivité in mitius qui débouclent du droit international :

- principe de non-rétroactivité : on le retrouve dans deux textes : il est consacré par l’article 7
de la CEDH et par l’article 15 du PIDCP. Les deux articles sont rédigés de la même manière.
« Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au moment où elle a été
commise, ne constituait pas une infraction d’après le droit national ou international ». cela veut
dire que si une loi française vient à incriminer rétroactivement un acte interdit par une
convention internationale, le juge pénal français doit, au nom de la primauté du droit
international, refuser d’appliquer cette loi à un acte accompli avant son entrée en vigueur.

Les deux textes admettent parfois la rétroactivité mais dans des cas très précis. Un aliéna
suivant dit la chose suivante : « le présent article ne portera pas atteinte au jugement et à la
punition d’une personne coupable d’une action ou d’une omission qui au moment où elle a été
commise était criminelle d’après les principes généraux de droit reconnu par les nations
civilisées ». Le but de cette disposition est de sauver les lois nationales prises au-lendemain de
la WWII pour réprimer rétroactivement les crimes de guerre te les faits de collaboration avec
l’ennemi qui avait été perpétrés pendant la WWII. Sauf que ces lois sont entrées en vigueur
après la commission des faits.

- principe de rétroactivité in mitius de la loi pénale de fond plus douce : ce principe est
proclamé par l’article 15 du PIDCP : « Si postérieurement à l’infraction la loi prévoit l’application
d’une peine légère, le délinquant doit en bénéficier ». Le texte n’envisage que l’hypothèse où
une loi nouvelle atténue la loi pénale nationale antérieure. Mais par une interprétation qui est
valable en droit pénal, a fortiori, il doit être étendu à l’hypothèse où une loi nouvelle supprime
une incrimination établie par une loi antérieure puisqu’une telle loi exclue toute peine.

Cela veut dire que si une loi française supprime une incrimination, le juge pénal français devra,
au nom de la primauté du droit international, appliquer cette loi nouvelle plus douce à des actes
accomplis avant son entrée en vigueur. Même si cette loi ne se déclare applicable qu’à des
actes réalisés après sa mise en vigueur.

Comment ? Par quelles techniques ?

II. les techniques d’incrimination

Deux techniques sont utilisée pour incriminer la méconnaissance des normes de conduite
établies par les conventions internationales :

- le plus souvent, une loi ou un règlement, sans se référer à la convention internationale, reproduit
la norme internationale de comportement et édicte la sanction pénale encourue. C’est la
technique de l’incorporation. Exemple : à la suite de la ratification de la Convention de 1966 sur
l’élimination de la discrimination raciale, une loi française du 1er juillet 1972 a incriminé en
copiant-collant plusieurs atteintes discriminatoires fondées sur des considérations raciales. On a
les articles 225-1 à 4 et article 432-7 du Code pénal.

Il arrive même qu’un texte national soit adopté par anticipation et entre en vigueur avant la
convention elle-même (ex : loi française du 15 juillet 1970 a incriminé des actes visés par la Convention
de La Haye du 16 décembre 1970 à savoir le fait de s’emparer d’un aéronef en vol ou d’ne exercer le
contrôle par violence ou menace de violence).

- beaucoup plus rarement une loi ou un règlement se borne à se référer, sans la reproduire, à la
convention internationale et en sanctionne la transgression. C’est la technique de l’intégration
par référence ou technique de l’intégration par renvoi. Exemple : la loi du 5 juillet 1983 réprimant
la pollution par les navires punit tout capitaine « qui se sera rendu coupable d’infraction aux
dispositions de la Convention internationale pour le prévention de la pollution par les navires
faite à Londres le 22 novembre 1973 » (Convention MARPOL).

Cette technique, contrairement à la première, présente l’ avantage de révéler l’origine


internationale de la norme de conduite et facilite ainsi le respect de la primauté du droit
international sur le droit national.

L’inconvénient de cette deuxième technique est qu’i va falloir chercher la Convention


internationale, la lire et trouver l’article de la convention qui pose la norme de conduite à
respecter. Et ensuite, beaucoup de conventions internationales sont rédigées en anglais.

Si aucune de ces deux techniques n’a été utilisé, la violation de la norme internationale n’est pas
pénalement punissable.

Section 2 . Le choix de la sanction pénale

En principe, la loi nationale qui incrimine la méconnaissance d’une norme de conduite


posée par le droit international fixe comme elle le souhaite la nature, le type et le quantum des
sanctions pénales encourues.

- Nature : réclusion criminelle, emprisonnement, amende, etc


- Type : peines principales, peines complémentaires, peines alternatives, etc
- Quantum : durée de la peine restrictive ou privative de liberté, montant de l’amende

Exemple : la loi du 5 juillet 1985 qui réprime la pollution par les navires, on constate que c’est en
toute liberté que cette loi a édicté des peines d’amende et d’emprisonnement variables selon le
jaugeage et le type de navire en cause et selon le type de substance rejeté en mer.

De même, c’est librement que la loi nationale peut modifier des sanctions pénales antérieurement
prévues. Exemple : après la loi du 5 juillet 1983, il y a eu plusieurs lois pénales postérieures qui
sont venues aggraver la sanction en cas de pollution par des navires.

Il y a quand même des contraintes qui découlent du droit international. Tout d’abord, il y a des
contraintes concernant les droits transitoires : si une loi nationale nouvelle aggrave une peine, elle
ne peut être appliquée rétroactivement car l’article 7 de la CEDH et l’article 15 du PIDCP énoncent
que « il n’est infligée aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où
l’infraction a été commise ». C’est le principe de non-rétroactivité de la loi pénale plus sévèr e. Et
inversement, si une loi nationale nouvelle diminue le taux d’une peine ou supprime l’une des
peines prévues auparavant, elle doit être appliquée à un acte accompli avant son entrée en
vigueur puisque l’article 15 du PIDCP consacre le principe de la rétroactivité in mitius.
En dehors de ces questions de droit transitoire, il faut savoir que bien d’autres entraves sont
apportées au droit national par les conventions internationales. Il s’agit tantôt d’interdictions, tantôt
d’obligations.

I. Les interdictions

- Certaines sanctions pénales sont interdites par le droit international. Il s’agit d’abord du
bannissement puisque selon l’article 3 du 4° Protocole additionnel à la CEDH « nul ne peut être
expulsé du territoire de l’État dont il est le ressortissant ».

- Son également interdits, les sanctions contraires à l’article 3 de la CEDH prohibant les peines
ou traitements inhumains et dégradants. Par exemple, on a un arrêt de la CEDH dans lequel la
lapidation pour adultère encourue par une femme en Iran a été considéré comme dégradante.
C’est l’arrêt Jabari c. Turquie, 11 juillet 2000, CEDH. La Cour a considéré que l’expulsion
d’une femme en Iran où elle risquait d’être condamnée à la lapidation est incompatible avec
l’obligation de la Turquie de respecter l’article 3 de la CEDH.

- Ensuite, à certaines conditions, l’emprisonnement peu poser problème. Ainsi, l’ isolement


cellulaire peut constituer un traitement inhumain s’il est total et sensoriel (arrêt Kröcher et
Möller c. Suisse, 9 juillet 1981, CEDH). Mais, ce n’est pas le cas de « l’isolement social
relatif » qui a été imposé pendant plus de 8 ans à Ramires Sanchez dit Carlos où la Cour s’est
justifié en disant que « compte tenu de la personnalité et de la dangerosité hors normes du
détenu. C’est l’arrêt Ramires Sanchez c. France, 4 juillet 2006, CEDH.

- Constitue également un traitement inhumain l’entrave à son lit d’hôpital subi par un détenu de
75 ans à la veille de son opération. C’est l’arrêt Henaf c. France, 27 novembre 2003, CEDH.

- De même que que constitue un traitement inhumain les fouilles corporelles quotidiennes
imposées sans motif sérieux pendant plus de 3 ans à un détenu placé en quartier de haute
sécurité. C’est l’arrêt Van der Ven C. Pays-bas, 4 février 2003, CEDH.

- De même son inhumain et dégradant le maintien en détention d’un individu contraint de subir
une chimiothérapie menotté. C’est l’arrêt Mouisel c. France, 14 novembre 2002, CEDH.

- Devant la CEDH, sets posée la question de savoir si le maintien en détention d’un condamné
pendant plus de 40 ans est un traitement inhumain et dégradant. Cette question s’est posée
dans l’affaire Léger c. France, 30 mars 2009, GC - CEDH. Lucien Léger a été condamné à la
réclusion perpétuelle pour le mettre d’un enfant en France. Il a été libéré le 3 octobre 2005
après 41 ans d’emprisonnement (record en Europe). La Grande Chambre a affirmé qu’il n’y avait
pas eu violation de la CEDH et que donc cette durée de plus de 41 ans d’emprisonnement ne
constituait pas un traitement inhumain ou dégradant.

- Maurice Papon était emprisonné pour crime contre l’Humanité et il avait saisi la CEDH en
soutenant que son maintient en détention malgré son âge avancé et son problème de santé
était contraire à l’article 3 de la CEDH. La requête n’a jamais été examiné sur le fond parce
qu’elle avait été déclaré irrecevable à cause d’un vice de procédure. Il a pu sortir de prison
grâce à une loi très célèbre : la loi Kouchner du 4 mars 2002 qui prévoit que les prisonnier
peuvent être libérés s’ils souffrent d’une maladie incurable ou si leur incarcération met en
danger leur santé. C’était l’un des tout premiers bénéficiaire de cette loi.

Parfois, on a des conventions internationales qui prohibent expressément une peine privative ou
restrictive de liberté. Exemple : Convention de Montego Bay du 10 décembre 1982 sur le droit de
la mer qui inique que « seules des peines pécuniaires peuvent être infligées ».
Quelles est surtout la sanction pénale qui est interdite par plusieurs conventions
internationales ? La peine de mort. cela veut dire que tant que ces conventions internationales
n’auront pas été dénoncées, le législateur français ne pourra pas rétablir cette peine. La peine de
mort a été abolie en France par la loi Badinter du 9 octobre 1981. Effectivement, en 1977 se tient
en France un procès qui a été médiatisé : le procès de Patrick Henry. Il est responsable du
kidnapping et du meurtre du petit Philippe Bertrand qui à ce moment-là avait 7 ans. Les faits
s’étaient produit en janvier 1976. Il a eu Robert Badinter comme avocat de la défense. Il n’y avait
aucun doute sur sa culpabilité mais Badinter va mener un combat contre la peine de mort. le
procès se solde par sa condamnation à la réclusion criminelle. Quelques années plus tard, avec
l’arrivée de Mitterand au pouvoir, Robert Badinter devient Grade des Sceau et devant l’assemblée
nationale, il va prononcer sa dernière plaidoirie pour faire adopter la loi abolissant la peine de mort.
Finalement, le OUI pour l’abolition l’a remporté par 363 voix contre 117. Patrick Henry est mort le 3
décembre 2017 après avoir passé 40 ans en prison. Au moment où l’enfant a été kidnappé, aux
JT, les journalistes passent une interview de Patrick Henry mais on ne sait pas que c’est lui le
meurtrier. Il explique que c’est terrible pour les parents, etc.

Cela veut dire que si une loi française rétablissait la peine de mort, les tribunaux pénaux français
devraient refuser de l’appliquer en raison de la primauté du droit international.

Quels sont les textes internationaux qui sont venus prohiber la peine de mort ?
Chronologiquement :

- le PIDCP de 1966 qui est entré en vigueur en France le 4 février 1981. Il interdit de prononcer et
d’interdire la peine de mort mais uniquement envers certaines personnes. Lesquelles ? « une
sentence de mort ne peut être imposée pour des crimes commis par des personnes âgées de
moins de 18 ans et ne peut être exécutée contre des femmes enceintes ».

- de manière plus générale cette fois-ci, cela a été le 6° Protocole additionnel à la CEDH du 28
avril 1983 qui proclame la chose suivante : « la peine de mort est abolie, nul ne peut être
condamné à une telle peine ni être exécuté ».

II. Les obligations

Exceptionnellement, certaines sanctions pénales doivent être édictées par le droit national.
C’est le cas notamment de la confiscation qui est prévue par différentes conventions
internationales comme :

- la confiscation de fausses monnaies et des instruments de leur fabrication (Convention sur le


faux monnayage
- les fonds utilisés ou destinés à être utiliser pour la commission d’infraction terroriste (Convention
internationale pour le financement du terrorisme)
- les écrits ou autre objets obscènes
- la Convention CITES impose la confiscation des espèces de faune et de flore sauvages
menacées d’extinction et qui ont fait l’objet d’un traffic ou d’une détention illicite
- en matière de trafic de stupéfiant, le droit international prévoit au États l’obligation de
confiscation des produits stupéfiants saisis.

Mais, pour qu’un tribunal prononce cette confiscation, elle doit avoir été empressement par sa
législation nationale puisque la convention internationale n’est pas d’applicabilité directe.

Ensuite, les États parties se voient parfois imposé une obligation d’assurer une égalité de
traitement. Exemples :
- la Convention sur le faux monnayage oblige un État contractant à sanctionner de peines
identiques la contrefaçon de sa monnaie nationale et la contrefaçon des monnaies étrangères
- la Convention MARPOL exige que les sanctions soient « d’une sévérité égale quelque soit le
lieu où l’infraction a été commise, que ce soit en haute mer ou dans des mers territoriales ».

Ensuite, s’agissant du quantum de la peine, les conventions forment leurs exigences de la manière
suivante. Elles disent que l’infraction doit être passible de peines « très rigoureuse, ou alors
sévères, ou alors efficaces, ou alors appropriées ou encore doivent être passible d’un châtiment
adéquat ». On constate que ce sont des expressions très imprécises. En réalité, l’imprécision de
ces expressions laissent au droit national une large marge d’appréciation.

Et puis dernier point, toujours au sujet du montant de la peine, le droit international peut imposer le
respect du principe de la proportionnalité. Application concrète : c’est le cas où la Commission du
Conseil de l’Europe a ainsi considéré que le fait d’infliger à des personnes coupables de trahison
en temps de guerre une incapacité totale et perpétuelle de publier leurs opinions publiques « ne
parait guère conciliable avec les idéaux des démocraties membres du Conseil de l’Europe et va
au-delà des mesures nécessaires ». Cette exigence de proportionnalité est aussi une des
constantes du droit de l’UE.

Titre 2 : La combinaison du droit


communautaire et du droit national
Le droit communautaire s’est complexifié avec l’évolution quantitative des normes
européennes. On peut constater que le droit de l’UE établit de plus en plus de normes de
comportement que les personnes physiques ou morales doivent respecter. Tantôt, il y a des
règlements et des directives communautaires qui imposent des obligations, tantôt les personnes
se voient interdire d’accomplir tel ou tel acte. Le Jurisclasseur Europe présente les différentes
normes de l’UE. L’enjeu posé, c’est de montrer de quelle manière la violation de ces normes de
comportement peut être incriminée de façon à renforcer l’efficacité du droit communautaire. Les
rapports entre le droit communautaire et la matière pénale ont subi une très grande évolution ces
dernières années. Dans les années 2000, il y a eu un net bouleversement dans ces rapport entre
le droit communautaire et le droit pénal. Ceci en raison d’abord de la jurisprudence de la CJCE et
ensuite en raison du dernier traité en date, le Traité de Lisbonne. (…) Ce grand bouleversement ne
remet pas en question les grands principes posés avant. Il faut savoir que exception faites des
hypothèses où l’incrimination est l’oeuvre du droit communautaire lui-même, aucune compétence
pénale n’a été transférée aux institutions communautaires. (…) Comme l’a déclaré la CJCE dans
l’arrêt CJCE, 14 décembre 1995, Banchero : « la législation pénale reste de la compétence des
Etats membres ». La conséquence de cette règle générale c’est qu’il en résulte qu’en principe
c’est au droit national de chaque État membre qu’il appartient d'une part d’incriminer la
transgression des normes communautaires de comportement et d’autre part, de fixer la nature et
le quantum des sanctions pénales. Une évolution récente fait que dans certains domaines, il va y
avoir une communautarisation des infractions pénales. Suite à une évolution récente, par
exception à cette règle générale, dans certains domaines, il va y avoir une communautarisation de
certaines infractions pénales.

Chapitre 1 : La création des incriminations


L’incrimination suppose d’abord qu’une décision d’incriminer a été prise, ensuite, qu’une
certaine technique d’incrimination a été utilisée.

Section 1 . La décision d’incriminer

Là, se posent deux questions très simples :

- quel est l’auteur de la décision d’incriminer ?


- et cette décision est-elle obligatoire ?

I. L’auteur de la décision

Selon la règle classique, seuls les États membres ont compétence pour incriminer les
manquements au droit communautaire. En effet, le droit communautaire se bo…Cette règle
s’applique (sauf exceptions introduites par le Traité de Lisbonne).

Le caractere oblgatoire ou facultatif de la deision d'incriminer

Dans tous les cas, la règle nationale d’incrimination obéit au principe du droit pénal transitoire.
Cela veut dire qu’elle ne s’applique qu’aux infractions commises après son entrée en vigueur, le
principe de non-rétroactivité, même si elle a transposé la directive qu’avec retard. Tant que la
direction n’a pas été transposée « elle ne peut avoir comme effet par elle-même de déterminer ou
d’aggraver la responsabilité pénale de ceux qui agissent en infraction à ses dispositions » (CJCE,
3 mai 2005, Berlusconi). Il en résulte donc que nul ne peut être rétroactivement punit pour avoir
contrevenu à une directive entre le moment où celle-ci aurait dû être transposée et le moment où
elle l’a été. A fortiori, il n’en est de même si l’infraction à la directive non transposée a été commise
à un moment où le délai de transposition n’était pas expiré.

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Deuxième hypothèse : texte national nouveau et règlement communautaire

Un règlement est directement applicable et donc il n’a pas a être transposé. Mais, rien n’empêche
un État de « recopier » dans un texte interne la norme de comportement figurant dans le règlement
et d’y ajouter une sanction pénale, il s’agit de la méthode de l’incorporation. Elle a l’avantage de
réunir dans un même texte la norme de comportement et la norme de répression que le justiciable
connaîtra en lisant le seul JO national. Mais, elle présente le grave inconvénient de rabaisser le
règlement communautaire au rang d’une règle interne et du lui faire perdre son caractère propre.
C’est pourquoi une autre technique est d’ordinaire utilisée, la technique de l’intégration par
référence, l’intégration par renvoi. Les autorités rédigent un texte qui se borne à faire référence au
règlement communautaire sans reproduire la norme de conduite qu’il contient. La première
possibilité c’est que la sanction pénale peut figurer dans le texte même qui se réfère au règlement.
C’est notamment le cas si aucune peine n’était antérieurement édictée. Fréquemment, le texte
national qui se réfère au règlement communautaire renvoie pour les pénalités à un texte interne
préexistant auquel est ainsi raccroché l’infraction au règlement communautaire. Cette technique de
l’intégration par référence complique la tâche des justiciables et des tribunaux qui sont obligés de
consulter tour à tour le JO de l’UE pour connaître la norme de comportement et le JO national pour
connaître l’incrimination et la sanction pénale. L’avantage de cette deuxième technique, c’est
qu’elle est respectueuse de la spécificité du règlement communautaire, elle indique clairement
l’origine supranationale de la norme de comportement.

S’agissant de son application dans le temps, la règle nationale d’incrimination n’est applicable
qu’aux infractions commises après son entrée en vigueur même si le règlement communautaire
est entré en vigueur antérieurement. Une décision de la Chambre criminelle de la Cour de
cassation, , , rappelle ce principe. La chambre criminelle y a refusé de sanctionner une fraude à un
règlement communautaire, le Règlement du 15 octobre 1968, relatif à la commercialisation des
oeufs parce que la fraude postérieure à ce règlement avait été commise avant la publication du
décret français punissant la violation dudit règlement. En conclusion, pour éviter un vide dans la
répression, le législateur national doit se dépêcher d’édicter les sanctions pénales.
Chapitre 2 : La fixation des sanctions
Les États membres sont souverains, en principe, pour incriminer les infractions au droit
communautaire. En revanche, le droit communautaire limite leur liberté pour choisir la nature et le
quantum de la sanction pénale.

Section 1 . La nature de la sanction

Le cas des infractions aux règles communautaires relatives à la libre-circulation des


personnes et notamment des salariés. C’est au sujet de ces infractions, que la Cour de justice a
interdit d’édicter certaines sanctions comme l’expulsion ou encore dans certains cas, même une
peine d’emprisonnement.

En dehors du domaine de la circulation des circulations des personnes, aucune sanction n’est a
priori exclut, mais la Cour de justice impose aux Etats membres de veiller à ce que les violations
du droit communautaire soient sanctionnées dans des conditions qui soient analogues à celle
applicables aux violations du droit national d’une nature et d’une importance similaire. Plusieurs
arrêt de la CJCE sont venus rappeler cette règle de la sanction analogue. Cette même remarque
vaut également au sujet du quantum de la sanction.

Section 2 . Le quantum de la sanction

La CJCE, dans un arrêt du 10 juillet 1990, pose la règle suivante « les Etats ont le soin de
définir la sévérité des sanctions applicables en cas d’infraction ». Mais, certains textes
communautaires, de même que la Cour de justice elle-même ont posé à l’intention des Etats
membres et à l’intention des tribunaux nationaux trois règles dont la combinaison n’est pas
toujours facile en pratique. Première règle, il faut d’abord en vue d’assurer l’application effective
des prescription communautaires, que les sanctions soient suffisamment sévères pour être
dissuasives. Deuxième règle, la sanction doit être proportionnée à la gravité de l’infraction
commise et au but recherché par la norme communautaire transgressée. Et troisième règle, il
appartient aux Etats membres de sanctionner les violations du droit communautaire « dans des
conditions qui soient analogues à celles applicables aux violations de droit national d’une nature et
d’une importance similaire ».

Ce système est-il satisfaisant ? Le fait de ne pas reconnaître de compétence pénale aux


institutions européennes ? Si l’on se plonge un peu plus sur ce système, on constate que
l’absence de compétence communautaire pour incriminer la violation des règlements et directives,
présente deux risques majeurs. D’abord, le risque cette violation soit punit par tel État et non par
tel autre. Deuxième risque, c’est le risque d’une divergence des sanctions pénales. Si l’on prend
les États qui ont choisis d’incriminer, à nouveau, il va y avoir des variations car au niveau des
sanctions pénales ils sont libres d’édicter des sanctions plus ou moins sévères. Donc la même
violation d’une norme communautaire sera constitutive d’un crime dans un Etat membre,
constitutive d’une contravention dans un autre Etat, etc. Cela peut fausser la concurrence entre les
opérateurs économiques. Ces deux risques qui ont été clairement identifié en pratique, on amené
à faire évoluer le droit communautaire et il y a eu trois étapes dans l’évolution du droit
communautaire pour réduire ces risques. La première étape, c’est que ces risques ont été réduit
par le TUE signé à Maastricht le 7 février 1992 qui a ensuite été modifié par le Traité d’Amsterdam
du 2 octobre 1997. A l’époque, le Titre VI du TUE constituait le troisième pilier qui était intitulé
« Dispositions relatives à la coopération policière et judiciaire en matière pénale ». Ce titre vise
notamment à lutter contre la criminalité grâce aux rapprochements en tant que de besoins des
règles du droit pénal des États membres. A cette fin, on va organiser une coopération de type
intergouvernementale (c’est la procédure du troisième pilier). Pour le troisième pilier, c’est le Conseil
de l’UE qui adopte les textes. Les instrument mis à disposition du Conseil de l’UE qui doit adopter
les textes à l’unanimité, pour instaurer cette coopération de type intergouvernementale ce sont des
conventions internationales, des positions communes, des décisions cadres ou encore des
décisions. (…) Plusieurs décisions cadres et décisions ont été adoptées en matière pénale,
notamment une décision cadre contre le racisme et la xénophobie, les décisions cadres contre le
trafic illicite de drogues, des décisions cadres contre la pedo-pornographie sur internet, sur le
terrorisme, sur la traite des êtres humains, sur l’exploitation sexuelle d’enfants, etc. Tous ces textes
définissent les comportements prohibés et surtout, imposent le plus souvent aux Etats membres,
ce que ne fait jamais un règlement ou une directive à ce moment là, des les ériger en infraction
pénale et de prévoir « des sanctions pénales effectives, proportionnées et dissuasives ». Mais,
cela n’a pas été jugé suffisant, on a voulu aller plus loin et donc il y a deux étapes qui ensuite ont
suivies dans l’évolution du droit communautaire. Ces deux étapes nous amènent à nous poser la
question de savoir si l’on ne va pas vers la construction d’un droit pénal de l’UE.
Chapitre 3 : Vers la construction d’un droit pénal de l’UE ?
Dans un colloque où intervenait Mme. JAWORSKI, elle a développé la notion de « guerre
des piliers ». Dans les années 2000, il y a une nouvelle évolution du droit communautaire que va
connaître le droit communautaire, elle va s’articuler autour d’une problématique spécifique qui est
la problématique de la protection de l’environnement. Les années 2000 ont été le théâtre d’une
mobilisation particulière des instances communautaires en matière de protection de
l’environnement. On a fait le constat sans équivoque d’une criminalité écologique grandissante et
transfrontière qui touche l’ensemble des Etats membres de l’UE. Or, le texte d’origine c’est l’article
174 paragraphe 2 du Traité CE qui va être repris intégralement dans chacun des traités successifs
pose un objectif, celui d’un niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de
l’environnement. Or, pour remplir cet objectif on ne peut utiliser que des sanctions pénales
suffisamment dissuasives pour prévenir à l’avenir, les atteintes les plus graves à l’environnement.
On constate qu’il y a des écarts considérables qui existent entre les Etats membres. Les types et
les niveaux de sanctions diffèrent sensiblement, certains Etats membres n’ont pas du tout recours
au droit pénal alors que d’autres ne proposent que des sanctions pénales très peu dissuasives et
donc sans effet probant sur le comportement des délinquants écologiques. A partir de ce constat,
de cette disparité, de cette absence d’harmonisation, il est apparu indispensable d’engager une
action à l’échelle de l’Union européenne. Ceci d’une part pour garantir le respect de l’abondante
législation communautaire environnementale et d’autre part, d’harmoniser la politique pénale dans
les différents États. Concrètement, ils vont mettre en place et adopter des définitions communes
des infractions et les sanctions qui leurs sont attachées.

La question qui se pose maintenant, c’est de savoir d’une part par quel instrument juridique on
va procéder, est-ce qu’on va prendre une directive, une décision cadre ou encore un autre
texte juridique ? D’autre part, deuxième question, dans quels termes est-ce qu’on va poser
l’obligation d’incriminer aux États membres, est-ce que le texte va aller jusqu’à fixer lui-
même les sanctions pénales, etc ? Cette double incrimination a fait naître une controverse, « la
guerre des piliers ». Cette controverse a dû être tranchée par la Cour de justice des
communautés européennes.

Section 1 . La guerre des piliers et la jurisprudence de la CJCE

C’est une première au sein des institutions communautaires, il y a un conflit inter-


institutionnel qui va prendre naissance autour de l’objectif de protection pénale de l’environnement.
Ce conflit oppose la commission européenne (premier pilier) et le Conseil de l’UE (troisième pilier).

On veut, au sein de l’UE, prendre un texte sur la protection pénale de l’environnement. Le


problème majeur de ce texte c’est qu’il combine deux questions relevant chacune d’un pilier
différent. On n’a les mesures pénales qui relèvent du troisième pilier sur l’harmonisation des
sanctions pénales au sein de l’UE et la protection de l’environnement qui est une matière qui
relève du premier pilier constitué par les communautés européennes.

En clair, on a un texte à cheval sur deux piliers qui pose la question du fondement et de
l’instrument juridique à prendre. Le premier pilier ce sont les directives, le troisième ce sont les
conventions-cadre, chaque pilier relève d’une autre procédure. Aussi bien le Conseil de l’UE que la
Commission revendiquent leur compétence pour prendre ce texte. Le Conseil de l’UE a adopté
une décision-cadre du 27 janvier 2003 (troisième pilier) relative à la protection de l’environnement
par le droit pénal alors que la Commission européenne (premier pilier) avait déposé une proposition
de directive du 13 mars 2001 au contenu identique. (…) Au-delà du conflit de compétence en droit
pénal de l’environnement, l’enjeu est beaucoup plus grand, (…) la question plus générale de savoir
si le droit communautaire pourrait désormais obliger les EM à prévoir des sanctions pénales. La
Commission européenne veut s’octroyer ce nouveau pouvoir dans sa proposition de directive. La
Commission européenne cherche à imposer aux Etats membres de prendre des sanctions
pénales, elle souhaite franchir une nouvelle étape pour aller vers une communautarisation du droit
pénal de l’environnement. La Commission saisit la CJCE d’un recours en annulation de la
décision-cadre adoptée par le Conseil de l’UE. Elle conteste la légalité de la décision-cadre
adoptée par le Conseil de l’UE. La CJCE saisie de ce recours en annulation va devoir trancher le
conflit et elle va devoir déterminer le fondement sur lequel le texte relatif à la protection pénale de
l’environnement sera adopté.

La Cour de justice tranche le conflit par une décision CJCE, 13 septembre 2005, Commission c/
Conseil en faveur du premier pilier de la Commission européenne. La Cour nie au Conseil de l’UE
la possibilité de prendre une décision cadre dans une matière relevant de la compétence exclusive
de la compétence, à savoir le droit de l’environnement. Dans le même temps, elle autorise le droit
communautaire du premier pilier à imposer aux Etats membres de prendre les sanctions pénales
afin de protéger l’environnement. Cet arrêt apparaît novateur puisque jusqu’à présent, une
compétence pénale directe n’avait jamais été reconnu au législateur communautaire. Jusqu’à
présent, aucune directive européenne ne pouvait imposer aux États membres de prendre des
sanctions pénales. Qu’est-ce qui justifie cette solution de la Cour ? La Cour s’appuie sur des
éléments objectifs tel que le contenu de l’acte et sa finalité. Elle relève que la décision-cadre a
pour objet principal la protection de l’environnement qui est une compétence essentielle de la
communauté alors que l’harmonisation des sanctions pénales est elle accessoire.

Ce qu’il faut retenir c’est qu’avec cet arrêt, pour la première fois, la Cour reconnait au législateur
communautaire le pouvoir d’imposer aux États membre par le biais d’une directive de prendre des
sanctions pénales « dès lors qu’elles sont indispensables et nécessaires pour garantir la pleine
effectivité des normes édictées ».

À partir de cette jurisprudence, la Commission européenne va adopter une nouvelle proposition de


directive le 9 février 2007 qui en fait reperde le contenu de la décisions-cadre. Le texte définitif
sera adopté le 19 novembre 2008. Entre ces deux dates, il va se passer un nouvel épisode qui va
faire intervenir la CJCE.

Le texte définitif du 19 novembre 2008, quel est son objectif ? C’est l’adoption de définitions
communes des infractions et des sanctions pénales qui leurs sont attachées pour un niveau
minimal d’harmonisation dans tous les États membres de la Communauté. Cela veut dire que les
États membres restent libre de maintenir ou de prendre des mesures de protection plus sévères
que celles prévues par la directive. On sauvegarde une part de souveraineté nationale.
Maintenant, autre précision s’agissant des sanctions pénales que la directive impose aux États
membres : elles devront être « effectives, proportionnées et dissuasives ». Cette formule est
utilisée pour la première dans un texte adopté sur le fondement du premier pilier.

Pourquoi une nouvelle intervention de la CJCE ? La Commission européenne va faire une


interprétation extensive, pour ne pas dire excessive, de l’arrêt de 2005 et dire que désormais elle
est non seulement compétente pour imposer aux États membres de prendre des sanctions
pénales mais elles est aussi compétente pour fixer elle-même dans un directive la nature et le
quantum de la sanction pénale. Dans sa proposition de directive de 2007, la Commission fixe pour
certaines infractions une échelle des peines d’emprisonnement et d’amende. Autrement dit, la
Commission s’arroge le pouvoir de préciser la nature et le quantum des sanctions pénales
applicables en lieu et place des États membres traditionnellement souverains en la matière. Et là
problème parce que la CJCE n’a absolument pas donné ce pouvoir : elle l’a autorisé à imposer aux
États membres de prendre des sanctions pénales. Elle a donc été amené à faire un rappel à
l’ordre de la Commission dans un arrêt rendu le 23 octobre 2007 à propos de la lutte contre la
pollution causée par les navires, CJCE. Ici, la CJCE précise que « la Communauté n’est pas
compétente pour déterminer le type et le niveau des sanctions pénales mais qu’il appartient aux
seuls États membres de définir les peines applicables ».

Cette directive du 19 novembre 2008 est le premier texte, le premier acte législatif du premier pilier
à imposer des sanctions pénales aux États membres.
À ce stade, la question qui se posait : est-ce que cette nouvelle compétence reconnue par la
CJCE au législateur communautaire serait le premier pas vers une communautarisation de
l’ensemble du droit pénal ? Ou alors, est-ce qu’elle ne se limite qu’à la protection de
l’environnement ? Quelle est la portée des deux arrêts ? Les années suivantes, plusieurs
directives ont été adoptées et qui ont montré qu’en fait ce n’est pas qu’en matière de protection de
l’environnement que désormais le législateur communautaire peut imposer des sanctions aux
États membres. Exemple : directive du 18 juin 2009 prévoyant des normes minimales concernant
les sanctions et les mesures contre les employeurs de ressortissants de pays tiers en séjour
irrégulier. Cette directive qui concerne le droit du travail impose aux États membres de prendre des
sanctions.

Il faut retenir :

- à ce moment-là, le législateur communautaire peut désormais contraindre les États membres à


incriminer certaines violation du droit communautaire, c’est-à-dire celles touchant au premier
pilier. Et ceci par el biais de directives.

- mais ces directives ne vont pas jusqu’à édicter elles-elles les peines encourues parce que selon
la CJCE, ces peines relèvent de la compétence des États membres.

Maintenant, est-ce que ce pas supplémentaire que la Commission européenne veut franchir,
est-ce qu’il ne va pas être franchi par un autre moyen ? Section 2.

Section 2 . La communautarisation du Traité de Lisbonne

Le Traité de Lisbonne a été adopté le 13 décembre 2007 et est entré en vigueur le 1 er


décembre 2009. Il a supprimé la construction entre les trois piliers. Donc, la Communauté
européenne qui était le premier pilier va disparaître et ne subsiste que l’Union européenne avec
une procédure de droit commun et puis quelques procédures spécifiques dans des domaines
particuliers comme en marier de défense et de politique étrangère.

Le Traité de Lisbonne va opérer un renforcement du role de l’UE dans plusieurs domaines dont le
domaine de la justice pénale. Notamment, il élargit le champ de la coopération judiciaire en
matière pénale. Il renforce les roule d’EUROPOL et EUROJUST et il donne le pouvoir au Conseil
de décider de mètre en place un parquet européen. En 2017, un règlement est adopté portant
création d’un Parquet européen.

Le Traité de Lisbonne fait de la reconnaissance mutuelle des décisions le principe de base de la


coopération judiciaire.

Est-ce que le Traité de Lisbonne a franchi le pas supplémentaire ? Il supprime le troisième


pilier et va communautariser un certain nombre d’infraction dans des domaines particuliers en
autorisant leur complète création par des actes communautaires, à savoir par des directives. C’est
l’article 83 du TFUE qui prévoit deux séries d’infraction. Mais, tout autre infraction n’appartenant
pas à l’une de ces catégories de l’article 83 relève exclusivement du droit national de chaque État
membre ou des conventions internationales qu’il a conclues. Le Traité de Lisbonne dit « toute
compétence non attribuée à l’Union dans le Traité appartient aux États membres ». Quelles sont
les deux catégories d’infractions visées par l’article 83 ? :

- article 83 paragraphe 1 : la première série d’infractions pénales susceptibles d’être créer par des
directives est constituée par des infractions « intéressant des domaines de criminalité
particulièrement graves qui sont énumérés limitativement à l’article 83 paragraphe 1 ». Quels
sont ces domaines ? Il s’agit du terrorisme ; de la traite des êtres humains et exploitation
sexuelle des femmes et des enfants ; le trafic illicite de drogue ; le traffic illicite d’armes ; le
blanchiment d’argent ; la corruption ; la contrefaçon de moyens de paiement ; criminalité
informatique ; et criminalité organisée. C’est ce que l’on appelle communément les euro-
crimes.

Mais cela ne suffit pas, il faut en plus que ces infractions remplissent une condition : « revêtent
une dimension transfrontière résultant du caractère ou des incidences de ces infractions ou d’un
besoin particulier de les combattre sur des bases communautaires ».

- article 83 paragraphe 2 : la seconde série d’infarction est constituée de comportements qui


portent atteinte à « une politique de l’Union dans un domaine ayant fait l’objet de mesures
d’harmonisation ». C’est tout ce qui est infraction aux règles issues de politiques communes
concernant notamment l’environnement, les transports, la pêche, l’agriculture, l’immigration et la
concurrence. En fait, ce sont tous les domaines de l’ancien premier pilier.

Il y a une condition à remplir puisqu’il faut que le rapprochement des dispositions législatives et
réglementaires des États membres en matières pénales s’avèrent indispensables pour assurer
la mise en oeuvre efficace de la politique de l’Union.

Il y a deux observations à faire :

- le Traité de Lisbonne a transféré la compétence pénale à l’UE, donc on constate que les États
membres ont consenti un abandon de leur souveraineté nationale en matière pénale. Par
exemple, une directive pourra édicter une peine privative de liberté de telle durée, une amande
de tel montant, ou encore des peines complémentaires oui alternatives.

- Les règles pénales qu’une directive peut désormais instaurer ne sont que des règles minimales.
Par exemple, un directive va indiquer que tel acte sera passible d’un emprisonnement d’au
moins 1 an ou elle doit dire que l’acte est passible d’un emprisonnement d’un an ou plus.
Les États sont libres de prendre ou de maintenir des sanctions plus strictes. De ce point de vue-
là, il y a quand même la conservation des États membres d’une large de manoeuvre et donc
d’une portion de souveraineté. Mais avec le risque que la violation des normes communautaires
ne soit pas sanctionnée partout de la même manière et qu’apparaissent ainsi des « États
refuges », ce qui pourrait fausser la concurrence entre les opérateurs économiques de l’UE.

Qu’est-ce qui permettrait d’éliminer totalement ce risque ? Il faudrait que les directives fixent
des sanctions fixes qui soient applicables de manière identique dans tous les États membres. Mais
cela n’existe pas. Est-ce souhaitable ? Non (d’après la prof).
Titre 3 : La neutralisation des infractions et des
sanctions pénales nationales par le droit international
On part d’une règle très simple : un droit national ne peut pas interdire ce que permet le
droit international. Donc, chaque fois qu’une norme internationale autorise un acte, une règle
nationale qui prohibe le même acte, sous la menace d’une sanction pénale, doit s’effacer. C’est la
primauté du droit international qui entraine la neutralisation des infractions et des sanctions
pénales établies par le droit national.

D’un point de vue technique, que fait cette neutralisation ? Elle retire aux faits leur caractère
infractionnel et prive la poursuite pénale de tout fondement légal.

En pratique, ce phénomène de neutralisation du droit national par le droit international s’observer


surtout en droit communautaire, un peu moins en droit international classique.

Chapitre 1 : La primauté du droit communautaire


À l’origine, le doit des Communautés européens instaure les libertés de circulation des
personnes, des marchandises, des services et des capitaux. Et donc, cela veut dire qu’un État
membre ne peut pas entraver ces liberté en imposant des obligations ou des interdiction et les
infractions pénales qu’il établit en ce sens doivent être paralysées par le droit communautaire. La
CJCE l’a dit très clairement dans un arrêt rendu le 25 février 1988 : « un système de sanction ne
saurait avoir pour effet de compromettre les libertés prévues par le droit communautaire ».

Il faut savoir que ce principe de neutralisation, de primauté du droit communautaire est aussi
affirmé par la chambre criminelle de la Cour de cassation dans plusieurs arrêts mais elle utilise
toujours la même formulation pour consacrer ce principe puisqu’elle dit que « il appartient au juge
répressif d’écarter l’application d’un texte d’incrimination de droit interne lorsqu’il méconnaît une
disposition d’un traité des Communautés européennes ou d’un texte pris pour son application ».

Cette neutralisation qui découle du principe de primauté est générale parce qu’elle atteint toute
incrimination antérieure ou postérieure à la règle communautaire. Mais maintenant, elle ne
s’applique que si une condition est remplie : que si une incompatibilité est constatée entre la règle
communautaire et l’incrimination de droit national.

Section 1 . Le caractère général de la neutralisation

La neutralisation atteinte aussi bien la législation pénale antérieure ou postérieure à la


législation communautaire.

I. La législation pénale antérieure

C’est un arrêt rendu par la CJCE : arrêt du 9 mars 1978, Simmenthal, CJCE. S’agissant
de la législation pénale antérieure, la CJCE affirme que « les normes communautaires directement
applicables ont pour effet de rendre inapplicable de plein droit toute disposition contraire de la
législation nationale existante ». Ce principe de primauté du droit communautaire concerne les
dispositions du Traité CE et des traits successifs et le droit communautaire dérivé.
A. La neutralisation par le Traité CE et successifs

On constate que dans le domaines de la LCM, de nombreuses réglementations nationales


sont paralysées parce qu’elles sont incompatibles avec les articles 28 et 29 du Traité CE (34 et 35
du TFUE aujourd’hui). Ces articles sont ceux qui prohibent les restrictions aux importations ou aux
exportations et toute taxe ou mesure d’effet équivalent :

- La CJCE, le 15 décembre 1976, a par exemple décidé que « est neutralisée une règle
française douanière exigeant une licence d’importation ou imposant le paiement d’une taxe pour
introduire en France des marchandises provenant d’un État membre ».

- Autre exemple : décision de la chambre criminelle de la Cour de cassation du 8 mars 1993 où


elle dit que « est neutralisée une règle française prohibant ou restreignant l’exportation de
marchandises vers un État membre ».

- Au sujet d’une ancienne règle française qui établissait une discrimination en matière de publicité
entre les alcools français et les alcools importé pour d’haters États membres. CJCE, 1980 :
« cette règle française ne peut servir à justifier une condamnation pénale ».

B. La neutralisation par le droit communautaire dérivé

La neutralisation par le droit communautaire dérivé, c’est d’abord le cas des Règlements
communautaires qui sont toujours d’applicabilité directe. Exemple : a été approuvé la relaxe d’un
importateur de vin italien non conforme à une loi française de 1941 mais conforme à un Règlement
communautaire qui neutralise la loi française de 1941. Décision de la chambre criminelle de la
Cour de cassation, 22 octobre 1970 qui se fonde sur l’article 55 de la Constitution française.

C’est aussi le cas des directives qu’un État a transposé dans son ordre juridique. Exemple : la
CJCE a dit, au sujet de la législation française du travail qui interdisait pénalement le travail de nuit
des femmes, que « la directive du 9 février 1976 sur le principe de l’égalité de traitement entre
homme et femme crée à la charge des États membres l’obligation de ne pas poser en principe
législatif l’interdiction du travail de nuit des femmes […] alors surtout qu’il n’existe aucune
interdiction du travail de nuit des hommes » arrêt de la CJCE du 25 juillet 1991.

Qu’en est-il si la directive n’a pas été transposée ? En pratique, il y a deux hypothèses :
- tant que n’est pas écoulé le délai imparti aux États membres pour la transposer, une directive ne
peut pas être invoquée par les particuliers qui restent soumis à la législation pénale interne
même s’ils se sont conformés par avance aux prescriptions de la directive : arrêt du 5 avril
1979, CJCE au sujet d’un commerçant poursuivi pour avoir étiqueté des vernis en violation du
droit national mais conformément à une directive de 1977 non-encore transposée et dont le
délai de mise en ouvre n’était pas expiré à la date donné.

- en revanche, dès l’expiration du délai de transposition, un particulier peut se prévaloir de la


directive non-transposées qui lui confère un droit et peut donc tenir en échec une incrimination
nationale préexistante. C’est ce qu’a décidé la CJCE le 5 avril 1979 (le même jour) aux sujet d’un
commerçant poursuivi pour avoir emballé des solvants en violation du droit national mais
conformément à une directive de 1973 qui, à la date des faits, aurait déjà du être transposée.
Elle a dit « un État membre ne saurait appliquer sa loi interne même si elle est assortie de
sanction pénale, non-encore adaptée à une directive après l’expiration du délai fixé pour sa
mise en oeuvre à une personne qui s’est conformée aux dispositions de la directive ».
II. La neutralisation de la législation pénale postérieure à la règle communautaire

La CJCE a également très clairement posé la règle. C’est toujours le même arrêt
Simmenthal de 1978 où elle affirme que « la primauté du droit communautaire a aussi pour effet
d’imposer au juge pénal l’obligation de laisser inappliquée de sa propre autorité toute disposition
contraire de la législation nationale même postérieure ».

C’est la même application que pour la législation national antérieure : par le droit ordinaire et par le
droit dérivé.

A. La neutralisation par le droit originaire

On était jugé contraire au Traité CE des arrêtés français de 1982 et 1983 déterminant un
prix minimum des ventes des carburants par des critères qui excluent l’incidence éventuelle d’une
baisse des prix sur le marché intracommunautaire.

B. La neutralisation par le droit dérivé

Pour les règlements communautaires : à l’occasion d’un procès pénal engagé contre le
producteur d’aliments pour animaux qui avait violé un arrêté de 1976 bloquant le prix de tous les
produits, la CJCE a déclaré que « le Règlement communautaire de 1968 s’oppose à une
règlementation nationale de blocage des prix au stade de la distribuons des produits ».

Et enfin, une directive transposée dans l’ordre juridique interne ou qui n’a pas été transposé mais
dont le délai de transposition a expiré interdit aussi à un État d’adopter ultérieurement une
législation qui lui est contraire. Souvent d’ailleurs, la directive l’affirme elle-même expressément.
Exemple : directive du 21 décembre 1988 sur les additifs alimentaires qui dit « les États membres
ne peuvent interdire la commercialisation d’additifs alimentaires si ceux-ci sont conformes à la
présente directive ».

Cet effet de neutralisation ne se produit que s’il y a une incompatibilité entre la norme
communautaire et le norme interne.

Section 2 . La condition tenant à l’incompatibilité de l’incrimination nationale avec le droit


communautaire

La règle a été fixée par la CJCE dans l’arrêt Simmenthal où elle précise que « le juge
national n’a l’obligation de laisser inappliquée des règles internes d’incrimination nationale que si
elles sont incompatibles avec des normes communautaires ».

Concrètement, qu’est-ce que cela veut dir pour le juge national ? Il va être amené à vérifier
une éventuel incompatibilité ce qui n’est pas toujours facile en pratique. Et puis, il va aussi devoir
identifier et écarter les cas où aucune incompatibilité n’existe.

I. La difficulté pour le juge pénal d’apprécier l’incompatibilité

Souvent en pratique, il y a plusieurs étapes :

- tout d’abord, la vérification d’une contradiction, d’une incompatibilité entre la norme nationale et
le droit communautaire exige une confrontation abstraite du texte d’incrimination interne te du
droit communautaire.

- le problème c’est que souvent cette première étape ne suffit pas et donc la vérification suppose
aussi un examen des situations de faits et de leurs inconsciences économiques. C’est-à-dire
appréciation concrète selon les circonstances de chaque espèce. Là, bien évidemment, cela
crée une marge d’incertitude qui gène non seulement le juge mais aussi les opérateurs
économiques qui peuvent hésiter à adopter tel ou tel comportement.

En pratique, il va y avoir plusieurs situations possibles pour le juge qui sera amené à faire cette
appréciation concrète :

- le cas le plus simple, c’est quand le juge national sursoit à statuer et pose une question
préjudicielle à la CJCE / CJUE qui rend un arrêt interprétatif de la norme communautaire et
déclare elle-même incompatible cette norme communautaire avec une règle nationale. Quelle
va être la portée de cet art interprétatif de la CJCE / CJUE ? Est lié par cet arrêt non
seulement le juge national qui a posé la question préjudicielle mais aussi tout autre juge
ultérieurement saisi d’une poursuite pénale à moins qu’il préfère poser une nivelle question
préjudicielle.

- Il arrive souvent que l’arrêt interprétatif de la Cour de Justice ne se prononce pas sur
l’incompatibilité (mais que sur la règle communautaire) et laisse au juge national le soin de le faire en
fonction des circonstances de l’espèce.

C’est ainsi que la CJCE a déclaré qu'un arrêté de blocage des prix peut être contraire à l’ article
30 du Traité CE « lorsque les prix se situent à un niveau tel que l’écoulement des produits
importés devient soit impossible, soit plus difficile que celui des produits nationaux ». Dans cet
arrêt, elle termine en disant « il appartient à la juridiction nationale de décider si ces conditions
sont en l’espèce réunies ». Arrêt du 18 octobre 1979, CJCE.

- l’hypothèse la plus compliquée pour le juge nationale : s’il s’abstient d’interroger la Cour de
Justice, ce qui est souvent le cas de la chambre criminelle. Dans ce cas, le juge national va
vérifier lui-même la compatibilité de sa législation pénale avec le droit communautaire.

Exemple où une incompatibilité a été reconnue par la chambre criminelle de la Cour de


cassation : décision du 23 juin 2004, chambre criminelle au sujet d’une loi française exigeant
que le capitaine d’un navire français soit de nationalité française. C’était une loi française
sanctionnant les rejets polluants dans la mer par les navires. Elle vient transposer un texte
communautaire concernant ces rejets polluants par les navires dans la mer. La loi française dit
qu’ion ne peut retenir ces infractions que si le capitaine du navire français a la nationalité
française or le texte de la directive ne l’exige pas. Donc ici, la chambre criminelle a estimé que
l’exigence de la loi française était contraire au texte communautaire. Plus tard, le législateur
français est venu modifier la loi pour ôter cette mention de la loi française.

Quel est le risque de ce troisième cas de figure ? Il y a le risque qu’un État engage sa
responsabilité en cas de violation du droit communautaire par une juridiction suprême. Des
actions en responsabilité ont déjà été engagées devant les tribunaux administratifs français en
raison de la méconnaissance du droit communautaire par des juridictions pénales.

II. Les cas où l’incompatibilité n’existe pas

Il y a deux hypothèses :
- en cas de divergence des domaines d’application du droit communautaire et du droit interne
- en cas de justification du droit national par le droit communautaire

A. La divergence des domaines d’application du droit communautaire et du droit national

Si ces domaines ne coïncident pas parfaitement, par exemple parce que les deux droits
n’ont pas le même objet, il n’y a pas d’incompatibilité et par conséquent, l’incrimination nationale
n’est pas neutralisée par le droit communautaire. Cette règle a été rappelé à plusieurs reprises par
la CJCE :

- affaire Di Pinto, 14 mars 1991, CJCE : la Cour dit que la directive du 20 décembre 1985
relative à la protection du consommateur n’interdit pas aux États « de prendre des mesures
qu’elle ne concerne pas comme celui de la protection des commerçants ».

- de même, les règles sur la libre circulation des travailleurs, la liberté d’établissement et la libre
concurrence sont inapplicables à des situations purement internes à un État membre lesquels
restent donc régis par la loi de cet État. C’est ainsi que la loi Royer du 27 décembre 1973 qui
incrimine l’extension de certain commerce sans autorisation d’une commission demeure
applicable à un prévenu français résident en France où il exploite son commerce. C’est l’affaire
Bekaert, 20 avril 1988, CJCE.

B. La justification du droit national par le droit communautaire

Il n’y a pas non plus d’incompatibilité entre le droit communautaire et le droit national,
malgré l’identité de leur domaine d’application, lorsque le premier, le droit communautaire,
établissant une liberté permet exceptionnellement au second, le droit national, de supprimer ou de
restreindre cette liberté. Dans ce cas-là, c’est le même raisonnement : l’incrimination nationale
n’est alors pas neutralisée.

Quelles sont les exceptions que consent le droit communautaire au principe de liberté qu’il
pose ? On les trouve d’abord dans des textes et puis après on a la jurisprudence européenne qui
est venue élargir la liste des exceptions :

- s’agissant des textes, cela concerne la LCM et on a l’article 30 du Traité CE qui est devenu
l’article 36 du TFUE et qui permet aux États d’édicter des interdictions ou des restrictions
d’importation ou d’exportation « justifiées par des raisons de moralité publique, d’ordre public,
de sécurité publique, de protection de la santé et de la vie des personnes et des animaux ».

- cette liste a été rallongée par la jurisprudence de la CJCE. Elle l’a d’abord fait dans le célèbre
arrêt Cassis de Dijon du 20 février 1979, CJCE qui dit que « en l’absence d’une
règlementation commune de la production et de la commercialisation des marchandises, […] les
obstacles à la libre circulation intracommunautaire résultant de disparités des législations
nationales doivent être acceptées dans la mesure où ses prescriptions peuvent être reconnues
comme étant nécéssaire pour satisfaire à des exigences impératives d’intérêt général tenant
notamment à l’efficacité des contrôles fiscaux, à la protection de la santé publique, à la loyauté
des transactions commerciales et à la défense des consommateurs ». C’est une liqueur à 19°
fabriquée à Dijon. On a un importateur allemand qui a commandé un chargement de Cassis de
Dijon qui n’a pas pu pénétrer sur le territoire allemand. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque il y avait
une règlementation nationale allemande qui interdit l’importation de boissons en dessous de
25°. Elle était justifiée par le que les consommateurs d’alcool sont essentiellement des jeunes
qui n’ont pas d’argent et donc on va interdire les alcools pas trop fort et on va autoriser que les
alcools plus cher. On a une justification qui est fondée sur la protection des consommateurs.
L’importateur porte l’affaire devant la CJCE. Dans cette affaire, est-ce que la Cour admet que
la règlementation nationale est justifiée par cette EIIG qu’est la défense des
consommateurs ? Ici, la CJCE ne retient pas l’EIIG et dit que la restriction apportée à
l’importation du Cassis de Dijon n’était pas justifiée par une EIIG et qu’une teneur en alcool
inférieure à la législation nationale ne peut pas nuire à l’intérêt général.

À l’occasion d’autres arrêts, la CJCE est venue rajouter de nouvelles expiations pouvant être
apportées à la LCM notamment dans un arrêt ABDHU du 7 février 1985, la Cour estime que la
protection de l’environnement est une EIIG et que donc un État membre peut apporter des
restrictions à l’importation de certaine marchandises pour la protection de l’environnement.

On a également la protection de logement social, la bonne administration de la justice et enfin


on a également les exigences tenant à la lutte contre la criminalité.

En pratique, le plus souvent, la CJCE estime insatisfaites les conditions d’application de l’article 30
devenu 36 du TFUE ou de la jurisprudence Cassis de Dijon de sorte que la législation nationale
en cause est incompatible avec le droit communautaire de la LCM. Dans un arrêt du 16 janvier
2003, CJCE, il s’agissait de la loi espagnole interdisant la commercialisation sous la dénomination
chocolat des produits de cacao et de chocolat contenant des matières végétales autres que le
beurre de cacao. La CJCE déclare que cette législation espagnole n’est pas justifiée par des
exigences impératives tenant notamment à la protection des consommateurs.

Ce phénomène de neutralisation s’observe également en droit international classique. C’est en


pratique relativement rare que des conventions internationales viennent neutralisé des dispositions
nationales. On le retrouve notamment dans des conventions relatives à la condition des étrangers
en France ou encore la CEDH.
Chapitre 2 : La primauté des conventions internationales
Voir sur Moodle (synthèse).
On a vu les différentes combinaisons où les infractions sont régies conjointement par le droit
international et par le droit national. Et puis, il y a d’autres cas où le droit international supplante
entièrement le droit national. Cela vise les cas où les infractions et les sanctions pénales sont
régies exclusivement par le droit international. Cela renvoie à deux hypothèses en pratique :

- soit le droit international neutralise les infractions et donc les sanctions pénales nationales
(application du principe de primauté)

- soit le droit international établit lui-même les infractions et les sanctions pénales. Cela reste
exceptionnel mais effectivement, dans ce cas-là, on est en présence de véritables infractions
internationales puisqu’elles sont définies et punies exclusivement par le droit international et
sont directement applicables sans qu’il soit besoin qu’un législateur national prenne des
mesures complémentaires d’application.

Actuellement, ce droit international qui supplante entièrement le droit national présente 3 aspects :

- le droit pénal international humanitaire ou ce que l’on appelle le droit des juridictions pénales
internationales

- le droit communautaire devenu droit de l’UE : dès l’origine, on a des dispositions


communautaires qui sanctionnent d’amendes certains comportements. Cela se trouve
essentiellement en matière de concurrence où plusieurs textes (des règlements) qui prévoient
des amendes contre les entreprises ou association d’entreprises qui entravent les pouvoirs
d’investigation de la Commission européenne sur des accords et pratiques portant atteinte à la
libre concurrence dans le marché commun. Ces règlements prévoient notamment de
sanctionner des abus de position dominante, des consternations illicites entre entreprises, etc.

- le droit de la navigation fluviale sur le Rhin et la Moselle : il existe deux conventions


internationales, à savoir la Convention de Mannheim de 1968 pour la navigation du Rhin et la
Convention de Luxembourg de 1956 pour la Moselle.

Dans ces trois matières, le procès pénal se déroule ou peut se dérouler devant un organe
international.

Et deuxième cas de figure : il y a des cas où les infractions et sanctions pénales sont
exclusivement régies par le droit national mais présente un élément d’extranéité. C’est par
exemple une infraction commise ne France par un étranger ou une infraction commise l’étranger
par un français ou une infraction commise à l’teenager à o’contre d’un français. La question alors
est de déterminer le droit national compétent pour dire si c’est une infraction, quelle est la sanction
pénale encourue et quel est le tribunal compétent pour statuer. Sauf que la réponse traditionnelle
est que les tribunaux répressifs d’un État saisie de poursuites pénales appliquent leur propre droit
pénal à l’exclusion de toute loi pénale étrangère. C’est un principe fondamental en droit pénal
international. C’est le principe de solidarité des compétences juridictionnelles et législatives.
On peut aussi parler du principe de coïncidence des compétences juridictionnelles et législatives.
Donc si les tribunaux répressifs français sont compétents, ne se pose pas la question de la loi
pénale applicable puisqu’ils appliquent systématiquement leur propre droit pénal. Donc en droit
pénal international, il n’y a pas de conflit de lois. Mais c’est la question de la compétence
juridictionnelle qui se pose.

Elle se pose pour les trois catégorie d’infractions que l’on retrouve en droit pénal international
(infractions régies conjointement par le droit international et le droit national, les infractions régis
exclusivement par le droit international et les infractions régies exclusivement par le droit national
mais doté un élément d’extranéité). Face à ces trois catégories, la question qui se pose est de
quelle juridiction répressives ces infractions relèvent-elles ?
Partie 2 : Les règles de compétence des juridictions pénales
Il y a deux hypothèses à distinguer :

- d’abord, on a les infractions internationales qui relèvent de la compétence des différentes


juridictions pénales internationales

- et puis, le deuxième cas de figure est lorsqu’on est en présence d’infraction exclusivement
régies par le droit national mais présentant un élément d’extranéité ou encore quand on est en
présence d’infractions régies conjointement par le droit international et par le droit national. Ici,
la question à se poser est : quand est-ce que les tribunaux répressifs français sont-ils
compétents ?

Titre 1 : Les juridictions pénales internationales


On est dans la droit pénal humanitaire qui a connu une grande évolution :

- dans le passé le plus lointain, pour mémoire, il faut se souvenir des toutes premières juridictions
pénales internationales qui ont été créées. La première fuit le TMI de Nuremberg qui a été créé
par l’Accord de Londres du 8 août 1945 suivi de son frère jumeaux le TMI pour l’Extreme-Orient
de Tokyo créé en 1946.

Le TMI de Nuremberg a été créé à la fin de la WWII pour juger te punir les grands criminels
militaires de guerre des puissances européennes de l’Axe. Il est très important puisqu’il est
l’affichage d’une volonté politique qui est de promouvoir dans l’opinion publique l’idée que le
crime ne saurait rester impuni. Cette idée est devenu un principe parce qu’au fil du temps, avec
tout ce qui s’est mis une place en termes de justice pénale internationale, c’est toujours ce
principe qui est venu fonder toutes les actions. On a dit à la fin de la WWII « plus jamais ça ». Le
TMI de Nuremberg a été saisi de crime imputés à 22 accusés dont Goehring, etc te le TMI a
rendu son jugement le 1er octobre 1946, il n’y a eu qu’un seul jugement. Au moment où nul
prononce le verdict, dans la minute qui suit, le tribunal ferme ses portes. À l’époque, la peine
capitale été encourue et elle va être pioncé pour plusieurs condamnés. Cela a été une justice
très rapide puisque dans la nuit du 1er au 2 octobre 1946, on a immédiatement exécuté les
condamnés à mort par pendaison.

Quelles étaient les infractions pur lesquelles le TMI de Nuremberg était compétent ? Dans
son statut était précise son statut matériel et 3 catégories de crimes entraient dans la
compétence du TMI : crimes contre la paix, crimes de guerre te les crimes contre l’humanité.

- ensuite, on a eu les TPI ad hoc qui n’existent plus aujourd’hui. Pourquoi est-il important de les
étudier de manière précise ? Alors même qu c’est du passé, il constituent encore du droit positif
parce que l’actuel juridiction pénale internationale continue de se référer à la jurisprudence des
TPI ad hoc.

- Et enfin, on a le droit de la CPI qui est aujourd’hui la seule juridiction pénale internationale
permanente.
Chapitre 1 : Les tribunaux pénaux internationaux ad hoc
Que faut-il retenir de ces TPI ad hoc ? Il y a eu deux TPI : le TPI pour l’ex-Yougoslavie et
le TPI pour le Rwanda, tout deux ont été créée par le Conseil de sécurité de l’ONU. C’est
fondamental. Cela veut dire que leur création réussite donc des décision unilatérales d’un organe
international qui dispose du pouvoir de prendre des décisions obligatoires à l’égard de l’ensemble
des États membres des Nations-Unies. Cela veut dire que non seulement la création de ces
tribunaux s’impose à tous mais également leur compétence pénale est obligatoire pour tous. Ces
TPI ad hoc ne dépendent donc pas du consentement individuel de chacun des États du monde. Ils
ne reposent pas sur une négociation universelle et ils ne promettent pas de s’exonérer de leur
compétence par des réserves voire par une auto-exclusion unilatérale.

Ces TPI ont la primauté sur les juridictions nationales. Cela veut dire qu’à tout moment de la
procédure, le TPI peut officiellement demander aux juridictions nationales de se dessaisir en sa
faveur.

Section 1 . Le TPI pour l’ex-Yougoslavie

Il a achevé son mandat le 31 décembre 2017. Ceci dit, le site officiel du TPI pour l’ex-
Yougoslavie demeure ouvert parce que l’ONU a précisé qu’il fallait faire acte de mémoire de ces
TPI qui ont fait un travail remarquable. C’est pareil pour le TPI du Rwanda.

Le TPI pour l’ex-Yougoslavie, tout comme son homologue pour le Rwanda, a été crée pour
répondre à une situation particulière. Le contexte est le suivant : c’est à la suite des pratiques de
purifications ethniques qui ont eu lieu en Bosnie-Herzégovine en 1991. Il ya eu des déplacements
forcés de population, exécutions sommaires, détention arbitraires, viols systématiques de femmes
musulmanes. C’est à la suite de ces pratiques de purifications ethniques que le Conseil de sécurité
de l’ONU a décidé le 22 février 1993 « la création d’un tribunal international pour juger les
personnes présumées responsables de violations graves du droit humanitaire international
commises sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis 1991 ». En principe, il y a le principe de
présomption d’innocence. Or, ici on parle de personnes présumées responsables. Mais on est en
situation exceptionnelle, en droit pénal international humaniste où il est autorisé certaines
entorses, atteintes à des grands principes.

Le 25 mai 1993, le Conseil de sécurité a confirmé sa décision en approuvant le Statut du TPI pour
l’ex-Yougoslavie précisant que ce tribunal examinera les violations graves du droit humanitaire
international commises « entre le 1er janvier 1991 et une date que déterminera le Conseil après la
restauration de la paix ». Cette phrase nous montre que le TPI pour l’ex-l’ex-yougoslave montre
que c’est une juridiction temporaire donc compétence limitée dans le temps. Mais, la date butoir
n’ayant pas été fixé au moment de l’adoption du Statut, on a pu intégrer dans la compétence de ce
TPI les exactions commises bien plus tard en 1998 et 1999 au Kosovo.

Le TPI pour l’ex-Yougoslavie est installé à La Haye le 17 novembre 1993. Il est alors composé de
16 juges élus par l’Assemblée générale des Nations-Unies et d’un Procureur nommé par le
Conseil de sécurité de l’ONU. Au départ, il y a eu qu’un seul procureur pour les deux TPI mais
pour accélérer les procures par la suite on a nommé un procureur distinct pour chaque TPI.

Et puis, le TPI comporte 3 chambres de première instance et une chambre d’appel.

Compétence matérielle
Ce sont les articles 2 à 5 du Statut qui énumèrent les actes pour lesquels le TPI est compétent,
actes qui sont accomplis depuis 1991. Le Statut du TPI pour l’ex-Yougoslavie est rétroactif.
Lorsque l’on lit ces articles, on constate que 4 grandes catégories d’infractions ont été intégrées :
- il est compétent pour juger des infractions graves aux Conventions de Genève du 12 août 1949
(article 2). Et l’article 2 donne une liste d’exemple d’actes matériels qui rentrent dans chacune
des catégories. On y trouve l’homicide intentionnel, la torture ou les traitements inhumains y
compris les expériences biologiques (lorsque des experts de l’ONU se sont déplacés en ex-
Yougoslavie, ils ont découverts qu’il y avait des charniers mais aussi des camps de concentration où il ya
avait aussi des expériences biologiques qui avaient été pratiquées sur certains prisonniers) , prise des
civils en otage, etc.

- Il est compétent pour juger des violations des lois ou coutume de la guerre , c’est ce que l’on
appelle les crimes de guerre, et notamment l’article 3 donne une liste ouverte : emploi d’armes
rocoues ou autres armes conçues pour causer des souffrances inutiles, destruction sans motif
de ville ou de village ou encore la dévastation que ne justifie pas les exigences militaires, etc.

Les deux articles suivants sont très intéressants :

- le génocide, article 4, c’est-à-dire lorsqu’il sont commis dans l’intention de détruire en tout ou en
partie un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel : le meurtre ou l’atteinte grave
à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe, la soumission intentionnelle du groupe
à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, les
mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, et enfin le transfert forcé d’enfant
du groupe à un autre groupe. Est-ce que le statut de l’actuel CPI va reprendre cette même
définition ?

- les crimes contre l’humanité, article 5 du Statut : cet article précise « s’ils ont été commis au
cours d’un conflit armé de caractère international ou interne et dirigé contre une population
civile » on trouve les « assassinats, extermination, réduction en esclavage, expulsion, torture,
viols, persécutions pour des raisons politiques, raciales ou religieuses […] et tout autre actes
inhumains ».

Compétence personnelle
Quelles sont les personnes qui peuvent être tenus pour pénalement responsables, qui
peuvent être jugées par le TPI ? Les personnes à l’égard desquelles le TPI est compétent sont
les personnes physiques donc on exclu les personnes morales. C’est une règle générale en droit
pénal international. On exclut donc les états et toutes les autres organisations notamment
criminelles. Pendant la guerre en ex-Yougoslavie, des milices sont intervenus mais on ne peut pas
les atteindre devant le TPI.

Quelles sont ces personnes physiques ? Le spectre est extrêmement large puisque le statut
précise « les personnes physiques qui ont commis, incité de commettre, ordonné de commettre,
planifié, aidé et encouragé à planifier, préparer ou exécuté l’un de ces crimes ».

Est-ce que le statut du TPI pour l’ex-Yougoslavie a prévu des causes d’exonération ? La
qualité de chef d’État ou de gouvernement ou celle de haut-fonctionnaire n’est ni une cause
d’exonération pénale ni une cause de diminution de la peine. Ensuite, il est précisé que le fait pour
un accusé d’avoir agi en exécution d’un ordre du gouvernement ou d’un supérieur, s’il n’opère pas
exonération de responsabilité, peut entrainer une réduction de peine si le tribunal « l’estime
conforme à la justice ». Dernière précision quant à l’acte accompli par un subordonné, il engage
également la responsabilité pénale de son supérieur sous deux conditions cumulatives :

- si celui-ci savait ou avait des raisons de savoir que le subordonné s’apprêtait à commettre ces
actes ou l’avait fait (on requiert la connaissance du supérieur)

- et n’a pas pris les mesures nécessaires et raisonnables pour empêcher que ledit acte ne soit
commis ou en punir les auteur (condition de l’intervention matérielle du supérieur).
Quelles sont les sanctions que le TPI pour l’ex-Yougoslavie a pu prononcer à l’égare de ces
personnes froncées coupable ? D’abord, le tribunal, par une décision rendue en leur présence,
ne peut prononcer que des peines d’emprisonnement dont le montant est fixé non pas par le statut
du TPI mais par référence au droit national, c’est-à-dire par référence à la grille générale des
peines d’emprisonnement appliquée par les tribunaux de l’ex-Yougoslavie. La peine de mort est
donc exclue. L’emprisonnement peut aller jusqu’à l’emprisonnement à vie mais dans la
jurisprudence du TPI pour l’ex-Yougoslavie, il ya surtout eu des lourdes peines d’emprisonnement
à temps. Par exemple, par un arrêt du 5 juillet 2001, le TPI a condamné Jelisic à 40 ans
d’emprisonnement. Dans un arrêt de 2004, Kordic a été condamné à 25 ans d’emprisonnement.

La toute première condamnation a un génocide est un jugement rendu le 2 août 2001 à


l’encontre de Krstic a été le premier accusé reconnu coupable de génocide.

Et puis, un autre procès qui concerne Slobodan Milosevic qui était le Président en exercice de la
République Fédérale de Yougoslavie. Et, il a fait l’objet de 66 chefs d’inculpation dans 3 affaires :
affaire Bosnie-Herzégovine, affaire Croatie, affaire Kosovo pour crimes contre l’humanité,
infractions graves aux conventions de Genève te pour violation d lois ou coutumes de la guerre. La
mise en accusation de Milosevic par le procureur du TPI a marqué un véritable précédent en terme
de justice pénale internationale. Pourquoi ? C’est la première fois qu’un chef d’État en exercice
était inculpé par une instance judiciaire internationale . Il a été arrêté le 1 er avril 2001, il a été
transféré devant les juges du TPI le 29 juin 2001 et son procès débute le 12 février 2002 et la fin
de son procès était programmée pour le 14 mars 2006. Pourquoi une période aussi longue ? Il ne
voulait pas être représenté par un avocat et donc il demande plus de temps pour préparer sa
défense ; puis il conteste la compétence du TPI ; et puis après il dit qu’il y a 66 chefs d’accusation
et que le dossier fait 1 00 pages et qu’il a besoin de temps. Sauf qu’il n’a pas été condamné de ces
66 chefs d’accusation : il est mort en détention le 11 mars 2006, trois jours avant la fin de son
procès. Juridiquement, sa mort met fin de facto à son procès. Milosevic qui est le principal
responsable de la guerre en ex-Yougoslavie est mort présumé innocent. On l’a trouvé dans on lit
dans sa cellule et l’autopsie révèle soit qu’il est mort d’une crise cardiaque ou qu’il s’est suicidé. La
version officielle est la crise cardiaque. En 2017, à la fin de l’année, un accusé s’est suicidé en
pleine audience du TPI pour l’ex-Yougoslavie.

Section 2 . Le TPI pour le Rwanda


Il a fermé ses portes le 31 décembre 2015. À nouveau, on est en présence d’une juridiction
spécialisée qui a été créée pour répondre à une situation particulière donc il faut rappeler le
contexte dans lequel il a été milles en place : suite au massacre de 500.00 et 800.000 Tutsis et
opposants Hutus en 1994 au Rwanda et sur le territoire d’États voisins. Suite à cela, le Conseil de
sécurité de l’ONU a institué le 8 novembre 1994 un TPI « pour juger les personnes présumées
responsables d’acte de génocide ou d’autres violations graves du droit international humanitaire
commis sur le territoire du Rwanda et pour juger les citoyens rwandais présumés responsables de
tels actes et violations commis sur le territoire d’États voisins entre le 1er janvier et le 31 décembre
1994 ». Ce TPI pour le Rwanda est encore plus ad hoc que ne l’est le TPI pour l’ex-Yougoslavie
parce qu’il n’est compétent que pour les actes commis sur l’année 1994 et pas au-delà.

Le TPI pour le Rwanda a son siège à Arusha en Tanzanie et il est composé de la même manière
que le TPI pour l’ex-Yougoslavie et il dispose d’un statut et d’un Règlement de preuve et de
procédure qui sont largement claqués sur ceux du TPI pour l’ex-Yougoslavie.

Il y a quand même deux séries de différences par rapport au TPI de l’ex-Yougoslavie :

- compétence matérielle : les actes commis au Rwanda ont eu pour cadre non pas une guerre
stricto sensu mais un conflit interne entre deux ethnies. Donc, il est incompétent pour connaitre
des violations des lois et coutumes de la guerre.

- les peines susceptibles d’être prononcées par le tribunal : il ne s’agit que de peines
d’emprisonnement mais dont le montant est fixé par référence à la grille générale des liens
d’emprisonnement appliquée par les tribunaux rwandais.

Pour le Rwanda, la majorité des condamnés ont été condamné à la perpétuité.

Ces deux TPI restent des juridictions d’exception à la compétence spéciale et limitée et qui ont été
institués pour répondre de manière adaptée aux crimes et à des crises particulières. Très vite s’est
posé la question de l’achèvement de leur mandat et c’est le Conseil de sécurité qui devait régler
cette question. Le Conseil de sécurité a pris plusieurs résolutions qui chaque fois prorogeait le
délai pour l’achèvement du mandat de ces deux TPI parce qu’il ya avait beaucoup d’affaire à
traiter, ils avaient une procédure très lente puisqu’elle était basée sur l’oralité des débats, etc. Et
puis, le Conseil de sécurité, par une résolution du 26 mars 2004 a exhorté les deux TPI à veiller à
ce que les nouveaux actes d’accusation ne visent que les plus hauts dirigeants soupçonnés de
porter la responsabilité la plus lourde. Il a mis en place une système de sélection de la justice
pénale internationale.

La logique qui entoure ces deux TPI est bien différent de celle de la CPI. Mais avant d’arriver à la
CPI, il faut savoir qu’il y a eu une autre forme de juridiction qui a été mis en place : les juridictions
d’expiation ou les tribunaux mixtes, hybrides qui sont venus remplacer le système trop lourd des
TPI ad hoc. Il y eu une première vague avant la création de la CPI. Puis cela s’est calmé et
maintenant ce mouvement reprend. L’intérêt de ces juridictions mixtes est que dans leur
composition et leur fonctionnement, elles mélangent le droit national et le droit international. C’est-
C’est-dire qu’elles seront composées de juges nationaux et juges étrangers. Dans leur
fonctionnement, elles seront emmené à combiner de manière harmonieuse des règles de droit
international et national. Exemples :

- tribunal spécial pour le Cambodge institué en 2001 pour juger les anciens responsables Khmers
rouges

- tribunal spécial pour la Sierra Leone qui a été créé le 16 janvier 2002 pour juger des crimes de
guerres commis durant la guerre civile en Sierra Leone

- tribunal spécial pour le Liban crée le 30 mai 2007 pour une seule affaire : après l’assistant du
premier ministre Libanais Raffik Hariri

- En 2018, une Cour pénale spéciale a été mis une place en République centrafricaine. Elle va
intervenir, enquêter sur des faits qui relèvent de la compétence de la CPI et qui pour lesquels
elle n’est pas parvenu à statuer de manière satisfaisante.

- Etc

Tous ces exemples fonctionnent sur une articulation du droit national et du droit international.
Chapitre 2 : La Cour Pénale Internationale
La CPI est la première juridiction pénale internationale permanente. Elle est chargée
d’enquêter et de juger les individus accusés de violations massives du droit international
humanitaire et des droits de l’homme. Elle siège à La Haye au Pays-Bas et c’est une juridiction
très particulière, ceci à différentes points de vue :

- à la différence de la CIJ qui en peut connaitre que des différents opposant des États, la CPI est
compétente pour juger les individus indépendamment de leur qualité officielle et hiérarchique.
Cela veut dire qu’un chef d’État en exercice peut très bien être traduit devant la CPI.

- à la différence des deux TPI ad hoc qui ont été créés par le Conseil de sécurité de l’ONU, la
compétence de la CPI n’a pas de limite temporelle. C’est une juridiction permanente

- comment est-ce que la CPI s’articule avec les juridictions pénales nationales ? La CPI est
un organe complémentaire des juridictions nationales. Cela veut dire qu’elle n’exerce sa
compétence que lorsque les États sont dans l’incapacité ou ne manifestent pas la volonté de
poursuivre eux-mêmes les responsables des crimes relevant de la compétence de la CPI. Dans
tous les cas, la compétence de la CPI n’est que subsidiaire. Concrètement, cela veut dire que si
un État mène des poursuites à propos d’une affaire qui concerne également la CPI, la CPI devra
se dessaisir de l’affaire en faveur des tribunaux nationaux.

Section 1 . Le processus de création de la Cour pénale internationale

De ce processus de création va découle bien de choses concernant les problèmes de


fonctionnement en pratique.

Pour la Cour pénale internationale, il y a eu une conférence diplomatique organisée par les
Nations-Unies qui s’est tenue à Rome le 17 juillet 1998. Dans le cadre de cette conférence, 120
États contre 7 (comme les USA et la Chine, l’Inde, Israël) ont adopté le Statut portant création de la
Cour pénale internationale. C’est le Statut de Rome du 17 juillet 1998.

Et, pour que cette juridiction internationale entre en fonction, il fallait que cet accord soit ratifié par
60 États. Le 11 avril 2002, le seuil des 60 ratifications à été atteint et le Statut est entré en vigueur
le 1er juillet 2002 (à retenir). Actuellement, il y a 123 États parties au Statut de Rome. La dernière
adhésion en date concerne la Malaisie le 4 mars 2019. Et entre temps, certains États africains en
sont sorti comme le Burundi.

Le Statut de Rome n’est pas le seul texte juridique qui vient régir le fonctionnement de la CPI. Il
vient organiser la compétence de la Cour, son mode de fonctionnement, le droit applicable ainsi
que les modalités de coopération avec les États. Ce Statut de Rome est complété par d’autres
textes parmi lesquels on a :

- le Règlement de procédure et de preuve


- « Éléments constitutifs des infractions » qui permet de donner des indications à la Cour pour
interpréter les définitions des crimes données par le Statut de Rome

- le Règlement financier.

Le Statut de Rome va préciser la composition de la CPI.


Section 2 . La composition de la CPI

La CPI est composée de :

- la Présidence qui est chargée de l’administration générale de la Cour


- elle est composée de 3 sections juridictionnelles : la Chambre préliminaire, la Chambre de
première instance et la Chambre des appels

- le Bureau du Procureur avec à sa tête un Procureur général qui est actuellement Fatou
Bensouda, une femme gambienne.

- un greffe

Que manque-t-il ? Les juges. La CPI est composé de 18 juges choisis parmi de personnes
jouissant d’une haute considération morale, connue pour leur impartialité et leur intégrité et ayant
une compétence reconnue en droit pénal ou dans des domaines pertinents du droit international
tels que le droit international humanitaire ou les droits de l’homme. Ces juges sont nommés en
veillant à assurer la représentation des sexes, des régions et des différentes systèmes juridiques.
Le Procureur et les 18 juges sont élus par l’assemblée des États patries avec un renouvellement
tous les 9 ans par 6 juges.

Qui peut saisir la CPI ? Est-ce qu’un citoyen peut saisir le CPI ? Non.

Section 3 . Les modes de saisine de la CPI

Le Statut de Rome prévoit trois procédures de saisine de la Cour :

- un État partie peut saisir le Procureur de la CPI d’une situation dans laquelle un ou plusieurs
crimes visés par le Statut de Rome semble avoir été commis

- le Conseil de sécurité de l’ONU peut renvoyer une affaire, une situation devant la CPI en vertu
du Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies.

- le procureur peut saisir le CPI : « proprio motu » (= de son propre chef) sur la base de
renseignements obtenus de la part d’État, d’organisation gouvernementale, internationale et
même des ONG dont certaines qui sont très actives comme Amnesty INternational, Women
Rights Watch. Néanmoins, pour ouvrir une enquête, le Procureur doit préalablement obtenir une
autorisation de la Chambre préliminaire.

Section 4 . La compétence de la CPI

Il y a différents types de compétences et la CPI va être limitée au regard de ces


compétences :

- ratione temporis : c’est une grande différence par rapport aux TPI ad hoc, la compétence de la
CPI n’est pas rétroactive. Elle n’est compétence que pour les crimes commis depuis son entré
en vigueur, soit le 1er juillet 2002.

- ratione loci : la CPI est compétente dans 4 hypothèses :


° lorsque le crime a été commis sur le territoire d’un État partie au Statut de Rome ou à bord
d’un navire ou d’un aéronef immatriculé dans un tel État.

° lorsque le crime a été commis par le ressortissant d’un État aprem au Statut de Rome, peu
importe le lieu où le crime a été commis.

° lorsqu’un État n’a pas ratifié le Statut mais fait une déclaration par laquelle il reconnaît la
compétence de la Cour dans une affaire spéciale. C’était le cas de la Côte d’Ivoire le 18 baril
2003 après des élection sanglantes.

° lorsque des crimes ont été commis dans des circonstances mettant en danger la paix et la
sécurité internationales ou y portant atteinte et que le Conseil de sécurité a saisi la Cour
conformément au Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies. Il l’a fait à plusieurs reprises. Par
exemple : première saisine par le Conseil de sécurité, résolution 1593 du 31 mars 2005 au
sujet de crimes de guerre commis au Darfour.

- ratione personae : la compétence de la CPI est limitée aux personnes physiques majeures,
auteurs, co-auteurs, complices et instigateurs de crimes relevant de la compétence de la Cour.
En revanche, le Statut de Rome ne contient pas de disposition prévoyant la possibilité de
poursuivre pénalement des personnes morales de droit privé ou de droit public. Sont également
exclues de la compétences de la Cour les mineurs. C’est problématique parce qu’à l'heure
actuelle, dans certaines régions, on a très souvent ce que l’on appelle des enfants soldats qui
sont enlevés à leur famille t sont ensuite formatés pour commettre des crimes, des meurtres,
des viols, etc. C’est un problème crucial parce qu’ils sont très nombreux et doivent-ils être
déclarés pénalement responsables ou ce sont des victimes ? Ce n’est pas la CPI qui va
apporter la réponse puisqu’elle n’est pas compétente pour juger les mineurs. Ils doivent être
jugés par les juridictions nationales.

- ratione materiae : la compétence matérielle de la CPI englobe 4 catégories de crime


considérés comme « les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté
internationale ». Elles sont énumérés à l’article 5 du Statut de Rome : crime de génocide, crimes
contre l’humanité, crime de guerre et crime d’agression.

I. Le génocide

Le génocide est défini à l’article 6 du Statut de Rome. On constate qu’il n’y a pas de,
nouvelle définition du génocide puisque cet article 6 reprend la définition d’une Convention des
Nations-Unies du 9 décembre 1948 relative à la prévention et la répression du crime de génocide.
Cela veut dire qu’au terme de l’article 6, le génocide s’entend comme « l’un quelconque des actes
ci-après commis dans l’intention de détruire en tout ou partie un groupe national, ethnique, racial
ou religieux :

- meurtre de membres du groupe


- atteinte à l’intégrité physiques de membres du groupe
- soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence de nature à entrainer sa
destruction physique totale ou partielle
- mesures visant à entraver les naissance
- transfert forcés d’enfants du groupe à un autre groupe ».

II. Les crimes contre l’Humanité

Les crimes contre l’Humanité sont à l’article 7. La notion de crime contre l’humanité
apparaît pour la première fois dans le Statut du Tribunal militaire international de Nuremberg en
1945 en tant que. Notion proprement juridique. On est dans un contexte particulier à ce moment-là
puisqu’à l’issue de la WWII, la communauté internationale a voulu désigner, par une qualification
nouvelles, les exactions les plus graves perpétrées par les Nazis et avant tout cela concernait la
Shoah et donc la communauté internationale voulait permettre de juger les responsables aux
niveaux nationaux et au niveau international. Donc, le concept de crime contre l’Humanité est
fortement ancré dans un contexte historique particulier. Malheureusement, on constate qu’il va
sortir de son contexte puisqu’il appartient aujourd’hui aux concepts fondamentaux du droit. C’est
ce qui explique que la qualification a été reprise dans de multiple instruments juridiques internes,
de même que dans les deux Statuts des TPI ad hoc et désormais dans le Statut de la CPI.

La définition de cette qualification ne s’est faite que lentement au cours des 40 derniers années et
ce que l’on peut dire c’est qu’aujourd’hui, le crime contre l’Humanité est devenu un chef
d’inculpation beaucoup plus large et mieux défini grâce à l’article 7 du Statut de Rome :

- l’article 7 paragraphe 1 du Statut de Rome commence par poser le contexte particulier propre à
tous les crimes contre l’Humanité : « il faut que les actes perpétrés le soient dans le cadre d’une
attaque généralisée ou systématique dirigée contre une population civile et en connaissance de
cause ».

- paragraphe 2 : « sous réserve de ce contexte particulier, la notion de crime contre l’Humanité


s’applique à des faits réprimés sous d’autres qualifications beaucoup plus anciennes ». Là,
l’article 7 nous donne une liste de 11 actes matériels constitutifs de crimes contre l’Humanité
comme le meurtre, la déportation, la réduction en esclavage, la torture et puis, plus récemment a
été rajouté le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation
forcée et les autres formes de violences sexuelles de gravité comparable.

On peut dégager trois grands principes de droit international qui régissent le crime contre
l’Humanité :

- le crime contre l’Humanité peut être commis en tout temps : en temps de guerre extérieure ou
intérieure comme en temps de paix

- il est imprescriptible

- personne ne peut échapper à la répression qui atteint aussi bien les chefs d’État que les simples
exécutants

III. Les crimes de guerre

Le Statut de Rome précise que la Cour a compétence pour les crimes de guerre « en
particulier lorsque ceux-ci s’inscrivent dans le cadre d’un plan ou d’une politique ou font partis
d’une série de crimes analogue commis sur une grande échelle ». Il pose un contexte particulier
pour les crimes de guerre. Les crimes de guerres peuvent renvoyer à des actes isolés. Mais le
Statut invite la CPI à ne statuer que sur des violations massives du droit international humanitaire.

Les crimes de guerre sont précisés, définis à l’article 8 qui prévoit trois catégories d’infractions qui
entre dans la qualification de crimes de guerre :

- les infractions graves aux Conventions de Genève du 12 août 1949


- les autres violations des lois et coutumes applicables aux conflits armés internationaux. On a
une liste qui comprend notamment les attaques délibérées contre la population civile et les
biens civils, le transfert de population, le fait d’affamer délibérément la population, les mutilations
te les expériences biologiques et scientifique, ont a été rajoutés le viol, l’esclavage sexuel, la
prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée, le fait d’enrôler ou de faire
participer des enfants de moins de 15 ans aux hostilités, etc.

- les violations graves commises dans le cadre de conflits ne présentant pas de caractère
international. Il y a eu une révision du Statut de Rome pour encore élargir la compétence de la
CPI et il y a eu la Conférence de révision de Kampala qui s’est tenue en mai et juin 2010 et a
adopté une résolution visant à modifier l’article 8 pour élargir la compétence de la CPI aux
crimes de guerre nés de l’usage de certaines armes empoisonnées, de munitions qui se
fragmente dans le corps humain, de gaz asphyxiants ou toxiques, ou de tout liquide, matière ou
procédés analogiques utilisés dans le contexte d’un conflit armé ne présentant pas un cratère
international et au cours duquel on utilise des gaz asphyxiant ou toxique. Cela renvoie à la
Syrie.

IV. Le crime d’agression

C’est la catégorie qui a donné le plus de difficultés aux États. Il faut savoir qu’au moment
où les 120 États adoptent le Statut de Rome, ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le crime
d’agression mais pour ne pas bloquer le processus de création de la CPI, on va quand même
l’adopter mais en prévoyant un article 5 paragraphe 2 (abrogé depuis) qui dit la chose suivante : « la
Cour exercera sa compétence à l’égard du crime d’agression lorsqu’une disposition définissant ce
crime et fixant les conditions d’exercice des compétences de la Cour à son égard aura été
adoptée ». Cela veut dire cependant très longtemps, deux points ont opposés les États pour
l’incorporation du crime d’agressions dans le champ de compétence de la CPI :

- la définition-même du crime d’agression


- la désignation de l’organe compétent pour qualifier l’acte d’agression.

Cette définition commune va être trouvée lors de la Conférence de Kampala. Un amendement a


été adopté portant définition du crime d’agression, ceci malgré les réticences, pour ne pas dire
l’opposition, de la France, de la Grande-Bretagne et du Japon. La France n’a pas adopté cet
amendement. Et donc lors de la Conférence, après l’article 8, on insère un article 8 bis dans le
Statut de Rome portant définition du crime d’agression. Le crime d’agression, c’est « la
planification, la préparation, le lancement ou l’exécution par une personne effectivement en
mesure de contrôler ou de diriger l’action politique ou militaire d’un État d’un acte d’agression qui
par sa nature, sa gravité et son ampleur constitue une violation manifeste de la Charte des
Nations-Unies ». On constate qu’à la différence des trois autres crimes, n’importe qui ne peut pas
commettre un crime d’agression. Donc, seul un dirigeant politique ou militaire peut être tenu pour
responsable d’un crime d’agression.

Il faut savoir que l’adoption de cet amendement n’a été qu’une étape d’une route encore longue
parce que au moment où on l’a adopté, il a été posée comme règle :

- que l’amendent devait être soumis à la ratification d’au moins 30 parlements nationaux d’États
patries

- et puis, il fallait également qu’un nouveau vote de l’assemblée des États parties intervenant en
ce sens après le 1er janvier 2017. Qu’en est-il aujourd’hui ? Non, mais elle est quand même
compétente. On est en décembre 2017 lors de l’assemblée générale annuelle des États parties
et à ce moment-là, coup de théâtre, les États parties arrivent à se mettre d’accord pour activer
par consensus le crime d’agression. L’assemblé générale a déclenché la compétence de la cour
sur ce chef d’accusation sans nouveau vote mais la CPI a précisé que cette compétence ne
serait formalisée qu’au 17 juillet 2018, lors du vingtième anniversaire de la CPI.
Pourquoi cela a été aussi dur de définir ce crime d’agression et d’activer cette
compétence ? C’est un crime qui a un caractère très politique et puis surtout, c’est un crime qui
potentiellement permet de poursuivre les dirigeants actuellement en exercice. Plusieurs dossiers à
l’heure actuelle dans lesquels certains dirigeants, y compris français, pourraient être poursuivis
devant la CPI. Par exemple, concernant la Crimée, la Libye, la RDC, l’Afghanistan ou même la
Syrie.

Cela s’est fait à un prix relativement élevé parce que le consensus de l’assemblée générale des
États parties s’est fait aux prix d’exemptions qui ont été prévues pour éviter certaines poursuites
de certains dirigeants. Comme par exemple l’éventuelle poursuite de dirigeants français et
britannique pour la guerre en Libye, ou encore à l’encontre de responsables israéliens dans le
conflit avec la Palestine.

Maintenant, c’est la grande incertitude : on ne sait pas du tout comment la CPI va procéder pour
ce crime d’agression.

Dernière précision : la CPI a une compétence matérielle limitée et il faut savoir qu’il ya quelques
années, il y a eu un grand débat pour savoir s’il fallait ou non inclure le terrorisme dans la
compétence de la CPI. L’idée a finalement été abandonnée. Maintenant, il ya. Un moyen quand
même d’apporter, ramener des affaires mettant en cause des actes terroristes devant la CPI : c’est
d’utiliser la notion générale de crime contre l’Humanité mais ce n’est pas un crime autonome en
tant que tel.

Section 5 . Les peines encourues

La peine de mort est exclue. Mais, ce n’est pas une évidence parce qu’au moment des
débats, avant l’adoption du Statut de Rome, certaines États avaient proposé d’inclure la peine de
mort.

La CPI pourra prononcer des peines d’emprisonnement : soit à perpétuée ou de 30 ans au plus.
Ainsi que des peines d’amendes et la confiscation des profits et des biens tirés des crimes.

Est-ce que la CPI dispose d’une prison internationale ? Il y a un quartier pénitentiaire mais ce
n’est pas une prison. Les personnes condamnées par la Cour effectueront leur peine
d’emprisonnement soit dans l’establishment pénitentiaire de l’État hôte (Pays-Bas), soit dans celui
d’un État partie volontaire. En fait, il ya une liste de pays qui se sont portés candidats pour
accueillir les personnes condamnées par la CPI. Dans cette liste des pays volontaires, il y a la
France.

Section 6 . Les principes généraux du droit pénal applicables devant la CPI

Le Statut de Rome reprend différents principes généraux du droit pénal international qui ont
pour objet d’accroitre l’efficacité de la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves. Il ya quatre
principes généraux applicables devant la CPI :

- le principe de l’absence d’immunité devant la CPI. C’est l’article 27 du Statut de Rome


intitulé « défaut de pertinence de la qualité officielle ». Cela veut dire que par ce principe, les
chefs d’États ou de gouvernements, les membres d’un gouvernement ou d’un parlement, les
représentants élus ou agents d’un État ne peuvent, en aucun cas, être exonérés de leur
responsabilité pénale. En outre, la qualité officielle ne peut constituer en tant que tel un motif de
réduction de la peine.

- la responsabilité du supérieur hiérarchique. C’est l’article 28 du Statut de Rome qui affirme


que « les chefs militaires et autres supérieurs hiérarchiques doivent répondre des crimes
commis par leurs subordonnés ». Et inversement, tout crime relevant de la compétence de la
CPI et perpétré sur ordre d’un gouvernement ou d’un supérieur, militaire ou civil, n’exonère pas
la personne qui la commis de sa responsabilité pénale (article 33 du Statut de Rome).

En revanche, le Statut de Rome va prévoir certains cas d’exonération de la responsabilité pénale


: c’est l’article 32 du Statut qui prévoit l’exonération en cas de déficience mentale du criminel ou
encore la légitime défense à l’article 31.

- les crimes relevant de la compétence de la CPI ne se prescrivent pas. C’est le principe


d’imprescriptibilité des crimes entrant dans le statut de la CPI.

- le respect des droits de la défense : cela veut dire que le Statut de Rome garantit les droits de
la défense reconnus par les conventions internationales relatives à la protection des droits de
l’Homme. Parmi ces droits, on a la présomption d’innocence, le droit à l’assistance d’un avocat
et d’un interprète, le droit de ne pas être détenu au-delà d’un délai raisonnable, le droit d’être
informé des charges, de leurs natures et de leur causes, le droit d’avoir le temps et la facilité
pour préparer sa défense, le droit d’interroger et de contre-interroger les témoins, le droit de ne
pas témoigner contre soi-même, etc.

Section 7 . La reconnaissance des droits des victime devant la CPI

Le Statut de Rome constituant une avancée historique dans la reconnaissance des droits
des victimes devant la CPI. C’est l’article 68 du Statut de Rome qui consacre non seulement leur
protection mais aussi leur participation et leur représentation devant la Cour. C’est historique parce
que pour la première fois, les victimes ont le droit de participer à tous les stades de la procédure
pour exprimer leur vue et présenter leur demande et elles peuvent être représenter par un avocat.

Ensuite, ces victimes bénéficient également d’un droit à réparation selon l’article 75 du Statut de
Rome et à cet effet, un fond d’indemnisation pour les victimes des crimes relevant de la
compétence de la CPI et pour leur famille. Ce fond d’indemnisation a été créé par l’Assemblée des
États parties en septembre 2004. Ce fond d’immunisation va avoir une double fonction :

- il est d’abord un instrument à la disposition de la CPI pour executer les ordonnances de


réparation et les mesures de confiscations et d’amendes décidées par la CPI

- il peut aussi utiliser ses propres ressources en allouant par exemple certaines sommes d’argent
à des organismes d’assistance pour des activités et des projets au benefice des victimes et de
leur famille. Par exemple : on va allouer certains somme à des organismes pour la construction
d’orphelinats, d’écoles, de logements, d’hôpitaux, etc.
il y a un double impératif pour le bon fonctionnement de la CPI :

- il y a une nécessité impérative d’une coopération des États : chaque État partie au Statut de
Rome est libre de choisir la manière de mettre en oeuvre ses obligations à l’égard du Statut de
Rome et donc à l’égard de la CPI. La seule obligation statutaire déboucle de l’article 86 : « les
États parties coopèrent pleinement avec la Cour dans les enquêtes et poursuites qu’elle mène
pour les crimes relevant de sa compétence ». Autrement dit, il pose le principe de la coopération
des États avec la CPI. Ce principe est fondamental parce que sans cette coopération, la CPI ne
peut rien faire. Pourquoi ? Elle ne peut pas appréhender les suspects, elle ne peut pas les
transférer devant ses juges, elle ne peut pas administrer la preuve sur le terrain. La CPI ne
dispose pas de police internationale, elle n’a pas d’agent à envoyer sur le terrain pour arrêter les
suspects, rechercher les éléments de preuves, etc. Elle doit compter sur la bonne volonté des
États pour effectuer les enquêtes et mener à bien les poursuites.

Dernièrement, le 17 mars 2019, les Philippines ont quitté le Statut de Rome. Pourquoi ? Parce
que la Procureur générale vient d’ouvrir une enquête contre le Président dans le cadre de sa
guerre contre la drogue qui aurait fait entre 4.000 et 20.000 victimes.

Et, les États-Unis ont interdit de séjour Fatou Bensouda aux USA et les USA de manière plus
générale ont annoncé qu’il priverait de visa toute personne enquêtant pour la CPI sur
d’éventuels crimes de guerre commis par des liminaires américains en Afghanistans ou dans
d’autres pays. C’est une réaction des USA face à l’annonce par Fatou Bensouda d’une série
d’enquête sur des crimes commis apr des soldats américains en Afghanistan.

- et la nécessité de l’intégration du Statut de Rome au niveau national : la CPI fonctionne sur


le principe de complémentarité, cela veut dire que la CPI n’intervient que de manière subsidiaire
et les enquêtes et poursuites relèvent de la responsabilité première des États. Donc, les États
doivent incorporer ou harmoniser les définitions de ces crimes et les principes généraux du droit
pénal international visés par le Statut de Rome.

Mais, s’agissant de la France, avant ce problème d’harmonisation des dispositions, la France a


du au tout debut lever un premier obstacle juridique parce que le Conseil constitutionnel français
avait estimé que certaines dispositions du Statut de Rome étaient contraires à la Constitution
française et c’est notamment l’article 27 relatif au chef de l’État ou gouvernement, un membre
du gouvernement tou un parlementaire qui a été jugé incompatible avec les dispositions de la
Constitution qui instituent des immunités ou des règles spéciales de procédures au profit de ces
personnes. Par une décision rendue le 27 janvier 1999, le Conseil constitutionnel a dit qu’il y
avait une incompatibilité entre le Statut de Rome et la Constitution. Si un engagement
international comporte une ou plusieurs clauses contraires à la Constitution, que faut-il
faire pour que la ratification de cet engagement international puisse intervenir ? Il faut
procéder à une révision de la Constitution. Et donc effectivement, cet obstacle juridique a été
levé par une loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 qui a insérée dans la Constitution un nouvel
article 53-2 au terme duquel : « la République peut reconnaitre la juridiction de la Cour pénale
internationale dans les conditions prévues par le -traité signé le 18 juillet 1998 ». Que veut
dire
« peut » ? Cela laisse une porte de sortie.

La CPI est entrée en vigueur (à savoir exactement pour le partiel) le 1er juillet 2002. C’est au mois
de juin 2004 que le Procureur Luis El Campo a annoncé l’ouverture de la première enquête
officielle : c’était une enquête relative au crime grave présumé commis sur le territoire de la
République Démocratique du Congo depuis le 1er juillet 2002. La Cour a tenu sa première
audience le 15 mars 2005 pour entendre à huis-clos le Procureur. Le premier procès de la CPI a
commencé& le 26 janvier 2006 avec Thomas Lubanga qui a été accusé et condamné de
conscription forcée d’enfants de moins de 15 ans en RDC. Il a été condamné le 10 juillet 2012 à 14
ans d’emprisonnement.
Actuellement, il y a 10 examen préliminaires qui ont été ouverts qui concernent l’Afghanistan, la
Colombie, la Guinée, la Palestine, les Philippines, le Nigéria, l’Ukraine, le Venezuela, l’Irak contre
Royaume-Uni et le Bangladesh. Actuellement, 11 enquêtes sont menées par le Bureau du
Procureur : Soudan, RDC, Ouganda, République centrafricaine, Mali, Kenya, Libye, Côte d’Ivoire,
Géorgie, Burundi.

La CPI a été sais de 27 affaires et à l’heure actuelle, on a 15 personne mises en cause qui sont
toujours en fuite.
Titre 2 : La compétence des tribunaux répressifs nationaux
Dans quels cas le juge pénal français sera compétent face à un problème de droit
pénal international ? On a un arrêt de principe fondamental en matière de compétence des
juridictions nationales. Cet arrêt a été rendu par la CPJI le 7 septembre 1927 : c’est l’affaire du
Lotus qui opposait la France contre la Turquie.

Dans cette affaire, il y a eu un abordage qui s’est produit en Haute-Mer entre un charbonnier turc
et un paquebot français appelé le Lotus. Le navire turc sombre en entrainant la mort de plusieurs
marins turcs. Le capitaine du Lotus est alors traduit devant un tribunal turc et condamné pour
homicide pour imprudence. La France n’est pas d’accord et saisie la CPJI pour contester la
compétence du tribunal turc. Elle proteste en faisant valoir « le capitaine étant de nationalité
française et le navire sous pavillon français, la Turquie ne disposait d’aucun titre de compétence
pour juger les actes commis ». Donc, pour la France, comme c’est un dommage causé en haute
mer, il faut appliquer la compétence de l’État du pavillon. À quoi la Turquie répond qu’il faut
appliquer « la compétence du fait de la nationalité des victimes » et comme en l’espèce les
victimes sont turques, on donnait compétence au tribunal turc. Dans cette affaire, deux questions
juridiques se posaient :

- quelles sont les compétences de l’État ?


- quid lorsque deux États sont concurremment compétent ?

La CPJI a été amené à trancher le conflit et elle va reconnaitre la compétence de la juridiction


turque au motif que les effets de l’abordage se sont produits sur un navire turc, autrement dit en
Turquie. Donc dans cette affaire, la Cour fait application de la théorie du résultat qui découle du
principe de territorialité.

Et la CPJI en profite pour poser un principe général concernant la compétence des tribunaux, il est
le suivant : « chaque État reste libre d’adopter les principes de compétence pénale international
qu’il juge les meilleures et les plus convenables ». Autrement dit, chaque État a la liberté de fixer
ses regels de compétences. Donc en application de ce principe, il appartient donc à la France de
déterminer souverainement, sous réserve des conventions internationales, les cas dans lesquels
ses tribunaux répressifs sont compétents.

Comment la France a procéder pour déterminer les cas dans lesquels ses tribunaux
répressifs sont compétent ? Il y a un raisonnement, une méthodologie particulière à adopter :

- le droit français repose sur une distinction traditionnelle entre infractions commises en France et
infractions commises à l’étranger. Pourquoi ? Parce que la première hypothèse postule
l’application du principe de territorialité. Et, la seconde hypothèse voit se développer des
compétences « extraterritoriales » aux fondements divers.
Chapitre 1 : Les infractions commises en France
À l’instar des droits étrangers, le droit français consacre le principe de la compétence
territoriale et c’est le principe prioritaire. Mais, la mise en oeuvre de ce principe pose quelques
problèmes parce qu’il s’agira concrètement de déterminer quand une infraction est commise en
France.

Section 1 . L’affirmation du principe de territorialité

Les juridictions françaises sont compétences pour connaitre toute infraction commise sur le
territoire de la République française, c’est-à-dire lorsque l’ordre juridique français est directement
troublé par des infractions commises en France.

La première question qu’il faut se poser : quel est le fondement légal de ce principe ?
Traditionnellement, ce principe était fondé sur un article du Code civil : article 3 alinéa 1 du Code
civil alors même que ce texte se borne à poser une règle de conflit de loi : « les lois de police et de
sureté obligent tous ceux qui habitent le territoire ».

Sauf qu’il faut quand même trouver quelque chose dans le Code penal et effectivement,
aujourd'hui, le principe de territorialité est consacré par l’article 113-2 du Code pénal. Son alinéa 1
dit que « la loi pénale française est applicable aux infractions commises sur le territoire de la
République ». Et en application du princier de solidarité, si la loi pénale française est applicable, le
juge pénal français sera compétent pour les infractions commises sur le territoire de la République.

Deux questions fondamentales :


- quelles sont les justifications de ce principe ?
- quelle est sa portée ?

I. Justifications du principe

Les arguments en faveur de ce principe sont extrêmement forts et nombreux :

- au plan juridique, le principe de territorialité est l’expression-même de la souveraineté d’un État.


En effet, la souveraineté française serait méconnue si on devait appliquer une loi pénale
étrangère à une infraction commise en France.

- la loi pénale française est ce que l’on appelle « une loi de garantie sociale » dont le but est de
protéger l’ordre public français troublé par l’infraction commise en France. Et donc, elle-seule
peut indiquer la façon dont l’ordre public français doit être défendu.

- l’application territoriale de la loi pénale assure l’égalité de tous devant la loi.


- du point de vue de la politique criminelle, il ressort que l’efficacité d’un jugement est d’autant
plus grande que l’infraction est jugée au lieu où le trouble social a été le plus durement ressenti.

- du point de vue de la procédure, ce principe satisfait aux exigences d’une bonne administration
de la justice. Pourquoi ? Parce que les tribunaux français proches du lieu de commission des
faits sont les mieux placés pour rechercher les preuves et pour apprécier l’importance du trouble
causé à l’ordre public.

- l’application par le juge pénal français de son droit pénal est beaucoup plus facile que celle
d’une loi pénale étrangère qu’il a du mal à connaître et à interpréter.
II. La portée du principe

Elle est considérable. Il y a deux points importants : cette compétence territorial est à la fois
générale et exclusive :

- compétence générale : cela veut dire qu’elle s’applique même si l’orateur des faits est étranger,
même s’il a été arrêté à l’étranger ou réside dans un État étranger et lemme si la victime est
étrangère aurait-elle la même nationalité que l’auteur. Et en application d’une jurisprudence
ancienne, cette compétence territoriale s’applique aussi à l’acte de complicité accompli à
l’étranger, y compris par un étranger, qui est l’accessoire d’une infraction principale commise en
France.

- compétence exclusive : dans le mesure où les juridictions françaises sont seules compétences
pour juger une infraction commise en France, relèverait-elle également d’une compétence
étrangère (par exemple : une compétence personnelle) . Cela veut dire que les tribunaux français
connaîtront d’une infraction même si un État étranger à demander à la France l’extradition de
l’intéressé ou même si l’infraction a fait l’objet d’une poursuite pénale à l’étranger. C’te quand
même embêtant parce que cela crée des conflits entre différents États et c’tes pour cela que
certaines conventions internationales invitent les États à coopérer pour décider lequel d’entre-
eux poursuivra l’auteur de l’infraction à l’exclusion d’autres. D’autres convention fixent même par
avance les règles de compétence pour anticiper d’éventuels conflits entre les États, c’est le cas
de le Convention Montego Bay, la Convention MARPOL.

Mais ce n’est pas un principe absolue parce que quelle que soit sa portée, certaines infractions
commises en France échappent à la compétence territoriale . Lesquelles ? Il y a deux catégories :

- les infractions commises à bord d’un navire ou d’un aéronef militaire étranger, évoluant dans les
eaux ou le ciel français, ces infraction ne relevant que de la compétence du pavillon étranger au
nom du respect de la souveraineté étrangère

- les infractions survenues à bord d’un navire de pêche, de plaisance ou de commerce étranger à
un moment où ce dernier se trouve dans les eaux françaises ou dans un port français.

Section 2 . La mise en oeuvre du principe de territorialité

Pour que les tribunaux répressifs français soient territorialement compétents, l’infraction
doit avoir été commise en tout ou en partie en France. À partir de làa, il ya deux questions à
résoudre :

- il faut cerner la notion d territoire français


- Il faut déterminer quand une infarction peut être localisée sur ce territoire.

I. La notion de territoire français

On a un arrêt très ancien rendu par la chambre criminelle de la Cour de cassation le 23


février 1884 dans lequel la chambre criminelle dit que cette notion vise « tout territoire sur lequel
s’exerce la souveraineté de la France et régit par ses lois, qu’il s’agisse du territoire terrestre ou
des espaces maritimes ou aériens ». Cette jurisprudence a été finalement consacrée légalement à
l’article 113-1 du Code pénal qui affirme que « le territoire de la République inclut les espace
maritimes te aériens qui lui sont liés ». Donc ke territoire français se découpe en trois portion :
- un espace terrestre : il este composé des départements métropolitains ; les départements
d’Outre-Mer (Guadeloupe, Martinique, Réunion, Guyane) ; les collectivités d’Outre-Mer (Polynésie
française, Walis et Futuna, TAAF) ; la Nouvelle-Calédonie, Saint Pierre-et-Miquelon et certaines
iles. Auxquels ont doit ajouter les ambassade Ste consulats étrangers en France puisque la
fiction d’extraterritorialité de ces lieux est aujourd’hui révolue.

À quel moment le juge doit-il se placer ? Au jour de la réalisation des faits puisque c’est à ce
jouir-là que l’infraction se cristallise.

- un espace maritime : il comprend la mer territoriale française qui est une bande maritime
comprise entre les côtes françaises et une ligne fictive située à 12 milles marins. On rajoute
également les ports, les havres, les rades. En revanche, la Haute-Mer et les eaux territoriales
étrangères échappent à la souveraineté française et donc une infraction commise dans ces
espaces ne relèvent pas de la compétence française sauf dans trois cas :

° lorsque l’infraction a été réalisée à bord ou à l’encontre d’un navire français ou à l’encontre des
personnes se trouvant à bord parce qu’un navire français est réputé parcelle du territoire
français, en quelque lieu qu’il se trouve (compétence du pavillon qui est en fait une compétence
territoriale)

° lorsque l’infraction a été accomplie en relation avec l’exploration du plateau continental


français et l’exploitation de ses ressources naturelles quelque soit le pavillon du navire.

° en cas de rejet d’hydrocarbures ou d’autres substances nuisibles ou d’opération d’immersion


ou d’incinération effectuées à partir d’un navire étranger dans la zone économique au large des
côtes du territoire de la République. La ZEE est une portion de mer s’étendant jusqu’à 200mm
des côtes françaises.

- un espace aérien : il est situé au-dessus des espaces terrestres et maritimes français. En
revanche, l’ensache aérien situé au dessus de la Haute-Mer et des espaces terrestres ou
maritimes étrangers échappent à la souveraineté française sauf une exception : un aéronef
français étant traditionnellement assimilé au territoire français, toute infraction commise à son
bord ou à son encontre oui à l’encontre des personnes se trouvant à bord relève de la
compétence territoriale française quelque soit le lieu survolé (article 113-4 du Code pénal).

II. La localisation d’une infraction sur le territoire français

Cette localisation est certaine si l’infraction s’est intégralement réalisée en France. En


revanche, elle va poser problème si l’infraction s’est commise sur le territoire de deux voire
plusieurs États.

Exemple de l’escroquerie : les manoeuvres frauduleuses se déroulent en France et sont suivies de


la remises de fond en Italie : cette escroquerie doit-elle être localisée en France ou à
l’étranger, ou indifféremment en France et à l’étranger ? On trouve la règle dans deux articles :

- article 693 du Code de Procédure Pénale qui dispose « est réputée commis sur le territoire de la
république toute infraction dont l’acte caractérisant un de ses éléments constitutifs a été
accompli en France ».

- article 113-2 alinéa 2 du Code pénal qui dispose « l’infraction est réputée commise sur le
territoire de la République dès lors qu’un de ses faits constitutifs a eu lieu sur ce territoire ».
La jurisprudence a dégagé de cette règle ce que l’on appelle la théorie de l’ubiquité qui localise
indifféremment une infraction au lieu de la survenance de son fait générateur ou au lieu de la
production de son résultat. En clair, l’ubiquité donne compétence au tribunal de l’action et du
résultat.

Les juges ont opéré un forçage de cette théorie qui les conduit parfois à « atomiser » les
infractions afin de les mettre en contact avec le territoire français et donc de pouvoir les soumettre
à la compétence territoriale française.

Relativement récemment, une loi du 3 juin 2016 est venue créer un nouveau cas de compétence
territoriale dont le critère est la localisation de la victime, personne physique ou personne morale,
d’un crime ou d’un délit commis au moyen d’un moyen de communication électronique . C’est
l’article 113-2-1 du Code pénal. Il a été introduit dans le Code pénal face à l’expansion de la
cybercriminalité (résidence de la victime ou siège social de la personne morale).

Mise en application concrète

A. La tentative d’infraction

En droit pénal français, la tentative suppose un commencement d’exécution suivi d’un


désistement involontaire. La tentative n’est localisé en France que si ce commencement
d’exécution s’est réalisé sur le sol français. En revanche, ni une simple intention délictueuse ni
même des actes préparatoires ne suffisent à localiser en France une infraction tentée. L’intention
délictueuse en suffit pas.

Plus difficile est de savoir qui l’on peut localiser en France une tentative dont le commencement
d’exécution s’est accompli à l’étranger alors que le résultat aurait dû survenir en France si une
interruption involontaire des faits ne s’était produite. Dans ce cas là, il ya deux réponses
possibles :

- une première réponse est affirmative : elle est fondée sur la théorie de la tentative selon laquelle
une infraction tentée est traitée comme une infarction consommée et donc le résultat projeté
devant survenir en France, l’infraction tentée peut être localisée en France. Cela a été appliquée
par certaines juridictions du fond mais il y a très longtemps.

- une seconde repose est négative : elle repose à juste titre sur l’ interprétation stricte de l’article
693 du Code de Procédure Pénale ou de l’article 113-2 du Code pénal. Pourquoi ? Parce que ces
deux textes exigent la réalisation en France d’un acte caractérisant ou d’un fait constitutif, ces
deux textes exigent des actes matériels. À partir de là, on ne sautait se tenter de la production
éventuelle d’un résultat demeuré à l’état de projet.

B. L’infraction simple et instantanée

L’infraction simple et instantanée est constituée par un seul acte matériel qui se commet en
un trait de temps (meurtre). Elle n’intéresse le plus souvent qu’un seul État parce qu’elle est peu
propice à une scission territoriale entre le fait générateur et le résultat. Dans la plupart des cas, ce
sera facile de localiser l’infraction. Et pourtant l’hypothèse d’une scission territoriale n’est pas un
cas d’école. Exemples :

- le juge pénal français a été amené à localiser une diffamation par lettre « là où la diffamation
parvient ». Je suis en Egypte au bord de la Mer Rouge, j’écris une lettre contenant des propos
diffamatoire à l’encontre du Président Macron et j’envoie cette lettre à l’Elysée en France et par
application de la théorie de l’ubiquité, je peux localiser le lieu de l’infraction au lieu où parvient la
lettre. Cela fonctionne aussi avec les e-mails.

- la pollution transfrontière, c’est simple et instantané. On a une decision dans laquelle une
pollution d’un cours d’eau commise à paris d’une entreprise située en Belgique a été localisée
en France alors femme que le déversement polluant avait été fait en Belgique, au motif qu’une
atteinte « avait été portée en territoire français au milieu biologique nécéssaire à la vie des
poissions ».

C. L’infraction d’habitude

L’infraction d’habitude suppose la réalisation de plusieurs actes identiques qui pris


isolément ne sont pas punissables. En droit interne, la jurisprudence a affirmé que l’infraction
d’habitude était constituée à partir de la réalisation du deuxième acte.

On ne va pas rependre ce raisonnement en droit international parce que raisonner de la même


manière en droit international conduirait à exiger une localisation intégrale de l’infraction en France
quand la loi se contente de sa localisation partielle. Donc c’est pourquoi l’infraction d’habitude (ex :
exercice illégal de la médecine) sera réputée commise en France dès qu’un seul acte aura été
accompli sur le territoire français à condition bien sûre d’avoir été précédé ou suivi d’un autre acte
au moins qui soit identique.

D. L’infraction continue

Une infraction continue est une infraction dont l’exécution s’étend sur une certaine durée se
manifestant par une réitération constante de la volonté coupable de l’auteur après l’acte initial.
Exemple : on a une installation classée soumise à une procédure d’autorisation et elle ne le fait
pas. L’acte initial sera le défaut d’un depot de dossier et après jour après jours, l’exploitant exerce
son activité sans avoir demandé l’autorisation.

Doctrine et jurisprudence sont d’accord pour déclarer compétentes les juridictions de tous les États
sur les territoires desquels l’infraction continue se manifeste. Par exemple, on va localiser ces
infraction continues sur les territories sur lesquels se sont déroulés des actes d’espionage ou alors
l’infraction de port d’arme prohibée ou encore pour ce qui est de la soustraction de mineur.

E. L’infraction d’omission

C’est une infraction qui se réélise par une acte négatif, l’abstention. Pour la jurisprudence,
l’infraction se localise indifféremment au lieu de l’abstention (ex : abandon pécuniaire de famille localisé au
domicile du débiteur) soit c’est au lieu ou aurait dû se produire le résultat escompté (ex : l’ex-conjoint ui est
allé habiter en Espagne mais il doit verser la pension alimentaire à sa famille qui se trouve en France).

F. L’infraction complexe

L’infraction complexe est l’infraction dont la réalisation nécessite l’accomplissement de


plusieurs actes de nature différente qui concourent à une fin unique. En rédigeant l’article 693 du
CPC, le législateur français a surtout penser à cette infarction tant il est dans sa nature d’être
transnationale. Pourquoi ? Parce que l’infraction complexe suppose pour sa constitution
matérielle al réunion d’au moins deux actes, deux éléments distincts.
Exemple de l’escroquerie : elle suppose la réalisation de deux actes matériels différents : des
manoeuvres frauduleuses suivies par exemple de la remise d’un bien. Les tribunaux localisent
indifféremment l’escroquerie au lieu de l’action là où les manœuvres frauduleuses ont été
commises ; ou au lieu du résultat, c’est-à-dire la où la remise du bien ou des fonds a été réalisée.
C’est la théorie de l’ubiquité.

Il suffit que l’un de ces deux actes ait été réalisé en France.

La cerise sur le gâteau c’est que la jurisprudence très souvent va plus loin et très souvent elle
essaye de décomposer abusivement des infractions afin de multiplier les points de contact avec le
territoire français. Il y a deux techniques qui ton été dégagées par la jurisprudence :

- parfois c’est une simple condition préalable de l’infraction qui est qualifiée par la jurisprudence
d’acte caractérisant un acte constitutif afin de transformer une infraction simple commise à
l’étranger en une infraction complexe partiellement commise en France. C’est abusif parce
queue condition probable n’entre pas dans les elements constitutifs de l’infraction mais al
jurisprudence de manière totalement abusive dit le contraire.

Exemple d’une décision de la chambre criminelle le 12 février 1979 concernant un abus de


confiance : dans cette affaire, la chambre criminelle a localisé en France un abus de confiance
commis à l’étranger parce que la remise du bien était intervenu en France. L’abus de confiance
ergs incriminé par l’article 314-1 du Code pénal et c’est le fait pour une personne de détourner
au préjudicie d’autrui un bien quelconque qui lui a a été remis et qu’elle a accepté à charge de le
vendre ou d’ne faire un usage déterminé. La remise du bien est une condition préalable. La
Chambre criminelle a dit sou excepte condition préalable qu’est la remise du bien fait partie des
éléments constitués de l’infraction et comme il a été réalisé en France, on peut localiser cette
infraction en France.

- au contraire, la deuxième technique c’est de retenir un élément postérieur à la constitution des


faits pour rattacher ces derniers au territoire français. C’est le cas en matière d’association de
malfaiteurs quand on confond dans une même matérialité l’infraction mère, à savoir l’entente
délictueuse, et les infractions filles, c’est-à-dire celles dont la réalisation est projetée. C’est ainsi
que la chambre criminelle a localisé l’association de malfaiteur alors que l’entente criminelle
avait été constituée à l’étranger mais les projets de crimes devant se réaliser en France.
Chapitre 2 : Les infractions commises à l’étranger
Le raisonnement est le suivant : si le droit français n’admettait que le princier de
territorialité, toute infraction commise entièrement à l’étranger échapperait à la compétence
judiciaire française. Et là, les conséquences sont extrêmement graves parce qu’il suffirait à l’auteur
français de telles infractions de se réfugier dans son pays, la France, pour bénéficier de l’impunité
la France n’extradant pas en principe ses nationaux.

C’est pourquoi divers textes notamment les articles 113-6 et suivants du Code pénal et les articles
689 et suivants du CPP prévoient, et cela de plus en plus, des compétences extraterritoriales en
matière de crime et de délits. Les compétences extraterritoriales ne s’appliquent que pour les
crimes et les délits. Quelles sont les principales compétences extraterritoriales ? :

- la compétence personnelle attachée à la nationalité française de l’un des protagonistes de


l’infraction

- la compétence réelle fondée sur la protection des intérêts supérieurs de l’État français
- la compétence universelle débouclant de la présence en France de l’auteur présumé de
l’infraction.

À défaut de l’une de ces compétences, les tribunaux français ne peuvent connaitre d’une infraction
perpétrée à l’étranger et leur incompétence ne peut pas être couverte par le consentement ni de la
personne poursuivie ni de l’État sur le territoire duquel l’infraction s’est réalisée.

Section 1 . La compétence personnelle

La compétence est dite personnelle parce qu’elle tient à la personnalité, à la nationalité de


l’auteur ou de la victime de l’infraction. À partir de là, on va avoir deux types de compétences
personnelles :

- la compétence personnelle active : lorsque l’auteur de l’infraction est de nationalité française.


On est face à une infraction commise à l’étranger par un français.

- la compétence personnelle passive : lorsque la victime de l’infraction est de nationalité


française. On est face à une infraction commise à l’étranger contre un ou une française.

I. La compétence personnelle active

Pour les conditions de la mise en oeuvre de la personnalité active, il faut distinguer les
règles communes aux crimes et délits et celle spécifique aux seuls délits. Toutes ces règles sont
contenues dans le Code pénal. Avant le 1er mars 1994, elles étaient contenus dans le CPP. La
compétence limitée prévue en matière de contravention par l’ancien article 695 du CPP a été
supprimée dans le nouveau Code pénal.

A. Les règles communes aux crimes et délits

Le fondement de la compétence personnelle active est l’article 113-6 du Code pénal qui
pose deux conditions communes aux crimes et aux délits :

- la première condition est celle d’une incrimination ad hoc par la loi française. Elle a été posée
dans l’ancien article du CPP, elle n’a pas été reformulée dans le nouveau texte du Code pénal
mais la jurisprudence continue de l’exiger.

- la deuxième condition est relative à la nationalité de la personne poursuivie. La personne


poursuivie doit être française soit au jour de la commission de l’infraction soit postérieurement
au fait qui lui est imputé. Peu importe qu’il s’agisse d’une personne physique ou morale
française.

Quand est-ce qu’une personne morale est française ? Lorsqu’elle a sion siège social réel en
France même si elle est contrôlée par des étrangers.

B. La condition spécifique aux seuls délits

Elle est généralement exigée, sauf exceptions. Pourquoi aux seuls délits ? Moins
l’infraction est grave, plus la compétence française est subsidiaire et donc limitée. Cette condition
est prévue à l’alinéa 2 de l’article 113-6 du Code pénal qui impose une double incrimination ou
réciprocité d’incriminations des faits par la législation française et par la législation du pays où ils
ont été commis. Il y a obligation pour le juge français de consulter cette législation étrangère.

Mais, il existe des exceptions. Ces exceptions sont prévues par des lois pénales spéciales pour
certaines infractions bien particulières. Par exemple :

- on a les lois du 1er février 1994 et du 17 juin 1998 relatives à la prévention et à la répression des
infractions sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs. Ce sont deux lois qui répriment ce que
l’on appelle le tourisme sexuel pédophile. On ne peut pas concevoir de ne pas sanctionner ces
actes de pédophilie et donc on n’exige pas la double incrimination.

- la loi du 6 août 2004 relative à la bioéthique qui interdit le clonage humain. Dans certains États,
ce n’est pas encore interdit. Il n’tes pas envisageable de ne pas pouvoir réprimer de tels actes
sous couverte de la condition de réciprocité des incriminations n’est pas remplie.

- Loi relative à la répression de mercenaires


- Etc …

En dehors de ces exceptions, concrètement, le juge français vérifier premièrement si l’infraction


est bien incriminée par la loi étrangère. Si ce n’est pas le cas, il doit se déclarer incompétent. Et, il
doit vérifier si l’infraction le demeure au jour de l’ouverture des poursuites en France.

En revanche, peu importe que les éléments constitutifs des deux incriminations soient distincts ou
même peu importe que les deux qualifications soient différentes. Par exemple en France c’est u
délit mais à l’étranger ce peut être un crime, une contravention ou une autre qualification.

Dernière précision, dans l’hypothèse d’un délit commis à l’étranger par une personne morale
française, le juge français doit constater non seulement que le fait est incriminé par la loi étrangère
mais aussi que cette dernière permet d’engager la responsabilité pénale des personnes morales.
(ex : l’Italie ne reconnaît pas la responsabilité pénale des personnes morales) .

II. La compétence personnelle passive

C’est l’article 113-7 du Code pénal. L’idée est la suivante : l’État français doit protection à
ses citoyens où qu’ils se trouvent. Donc il est de son devoir de connaitre des infractions dont ils
sont victimes et là apparait la notion centrale : la notion de victime.
La jurisprudence a été amené à donné sa définition e la notion de vigile au sens de l’article 113-7
du Code pénal. Ona la décision de la cour d’appel de Paris du 6 novembre 1995 : « la victime
est la personne ayant souffert immédiatement de l’infraction et non pas son enfant mineur qui seul
était français en l’espèce ». Un peu plus tard, dans un arrêt du 31 janvier 2001, la chambre
criminelle évoque la « victime directe ».

Cette compétence personnelle passive a été introduite en droit français par une loi du 11 juillet
1975 et à cette époque, elle était limitée. Avec le nouveau Code pénal entre en vigueur le 1 er mars
1994, cette compétence a été étendue. Effectivement, l’ancien article 689-1 du CPP la bornait aux
seuls crimes accomplis à l’étranger tandis que l’actuel article 113-7 du Code pénal y ajoute les
délits punis d’emprisonnement sans les soumettre à l’exigence de la double incrimination.

Il faut d’une part que les faits soient qualifiés de crime ou de délit par la loi française et le demeure
jusqu’au jour du jugement et d’autre part, il faut que la victime soit française au moment de
l’infraction. Certaines victimes françaises vont être protégées par un autre texte : le personnel
diplomatique et consulaire français protégé par l’article 113-10 du Code pénal.

C’est un système qui a suscité de vives critiques. Analyse de la situation : on est dans les
hypothèses de compétence personnelle donc cela veut dire que l’infraction est commise à
l’étranger. Cette infraction commise à l’étranger prote directement atteinte à l’ordre public de l’État
étranger où elle a été commise et non à l’ordre public français. De sorte qu’en attribuant
compétence aux tribunaux français pour en connaitre, le législateur français entend les associer à
la sauvegarde des intérêts d’un État étranger. Donc, les tribunaux français sont ici compétents
dans une hypothèse où l’ordre juridique français n’a pas été troublé et ils le sont pour concourir à
la défense d’un ordre public étranger.

Mais là où il va y avoir des critiques c’est que cela nous amène par application du principe de
solidarité des compétences législatives et juridictionnelles à ce que les tribaux français appliquent
leur propres lois pénales : si d’une part les tribunaux français exercent leur droit de punir par
solidarité avec l’État étranger où l’infraction a été commise et que d’autre part le but des règles
pénales d’un État est de protéger son ordre public et non celui des autres, donc dans ce cas-là, il
n’y a aucune raison pour que les tribunaux français appliquent la loi pénale française. Dans le
mesure où seul un ordre public étranger a été violé par l’infraction, la loi pénale étrangère est seule
apte à indiquer la façon dont cet ordre public peut être défendu en posant l’incrimination et en
l’assortissant des peines qu’elle juge appropriées. Plusieurs arguments sont en faveur de
l’application de la loi pénale étrangère :

- l’application de la loi pénale étrangère serait conforme au principe de la légalité qui notamment
impose que la loi pénale soit prévisible. Donc l’application de la loi étrangère permettrait de
respecter les légitimes prévisions de l’auteur de l’infraction qui se fie tout naturellement à la
législation du pays où il accomplit son acte.

- c’est conforme au sentiment de justice parce qu’il apparaît anormal qu’une personne puisse être
déclarée coupable d’un acte criminel que la loi française incrimine alors que la loi étrangère du
lieu d’accomplissement de l’acte le considère comme licite. Et puis, il apparaît injuste qu’un
délinquant encoure en vertu de la loi pénale française des sanctions plus lourdes que celle
qu’inflige la loi de l’État dont l’ordre public a été troublé.

C’est pourquoi en pratique, certains États admettent que leur juridiction répressives dotées d’une
compétence personnelle appliquant parfois une loi pénale étrangère. Est-ce le cas de la
France ? Les articles 113-6 et 113-7 énoncent que « la loi pénale française est applicable aux
crimes et délits commis à l’étranger par ou contre un français ». Donc, de par cette formulation,
ces articles
interdisent toute application des lois pénales étrangères. La France n’admet pas pour le système
de compétence personnelle que ses juges appliquent une loi pénale étrangère.

Section 2 . La compétence réelle

C’est l’article 113-10 du Code pénal. C’est la compétence par laquelle un État confie à ses
tribunaux la poursuite des atteintes portées à l’étranger à ses intérêts supérieurs. Donc, l’ordre
juridique français est ici troublé par des infractions commises dans un État étranger.

Il faut savoir que cette compétence réelle s’est développée au fil du temps. À l’origine, ce système
protéger la sûreté, le sceau et la monnaie de l’État français. Et puis avec le développement de la
solidarité internationale et d’un droit international pénal soucieux d’une efficacité répressive, la
compétence réelle s’est vue parasitée par d’haters styles de compétence. C’est ainsi que l’article
113-10 du Code pénal projette aujourd’hui pèle-mêle les intérêts fondamentaux de l’État français
mais aussi certains intérêts fondamentaux d’États étrangers (contre-façons des monnaies étrangères
ou encore atteintes de certains États étrangers) et puis il protège également les agents et locaux
diplomatiques et consulaires français se trouvant à l’étranger.

La vraie compétence réelle à l’origine concerne d’abord les crimes et délits qualifiés d’atteintes aux
intérêts fondamentaux de la nation française et qui sont réprimés par le Titre I du Livre IV du Code
pénal. On y trouve les actes de trahison et d’espionnage, les atteintes aux institutions de la
République et les atteintes à l’intégrité du territoire national ou les atteintes à la défense nationale.

Ensuite, on a rajouté la falsification ou la contrefaçon du sceau de l’État français ou de la monnaie


française. Et puis, l’article 113-10 vise encore d’autres infractions dont notamment le transport et la
détention en feu de la mise en circulation des monnaies contrefaites ou falsifiées.

Analyse/critique de la compétence réelle pour les infractions commises à l’étranger contre certains
intérêts fondamentaux d’un État étranger : de telles infractions violent directement non pas l’ordre
juridique français mais un ordre public étranger que les tribunaux français sont chargés de
défendre. Il serait donc logique de leur appliquer loa loi pénale étrangère parce que c’est à la loi de
l’État lésé qu’il appartient d’indiquer la façon dont son ordre public doit être sauvegardé. Est-ce
possible d’appliquer en France la loi étrangère dans ce cas ? L’article 113-10 énonce que « la
loi pénale française s’applique aux crimes et délits […] ». Donc à nouveau, ce texte interdit aux
tribunaux français d’appliquer la loi pénale étrangère et donc là aussi, le principe de solidarité des
compétences juridictionnelles et législatives doit s’appliquer mais il ne se justifie pas.

Section 3 . La compétence universelle

Ce que l’on appelle aussi le principe d’universalité du droit de punir donne compétence aux
tribunaux de ‘lÉtat sur le territoire duquel se trouve, même passagèrement, le suspect quelque soit
le lieu de commission de l’infraction et quelque soit la nationalité de l’auteur et de la victime de
l’infraction. Mais elle est limitée : seules les infractions très graves lésant la communauté
internationale justifiant une compétence aussi exceptionnelle. Elle est exceptionnelle parce qu’elle
est d’une mise en oeuvre souvent difficile surtout lorsque l’État de l’infraction se tourne éloigné de
l’État de jugement.

Quelle est la justification de cette compétence universelle ? Ce système de compétence


universelle exprime la solidarité des États dans la lutte contre la délinquance internationale. Pour
lutter contre la piraterie aérienne ou maritime, le terrorisme ou encore la torture.
Dans chaque droit pénal international des États, on va avoir une liste exhaustive des infractions
qui se trouvent attachées à cette compétence universelle. Où trouve-t-on cette liste en droit
pénal international français ? De façon surprenante, les dispositions relatives à la compétence
universelle ont été maintenues dans le Code de Procédure Pénale aux articles 689-1 à 689-14 du
CPP. Cela vise aussi bien des infractions consommées que des infractions tentées qui stigmatisent
toutes des comportements prohibés par des textes internationaux.

Quelles sont ces infractions ? :

- les actes de torture


- les actes de terrorisme
- l’utilisation illicite de matière nucléaire
- les actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime et des plateformes fixes
- les actes illicites contre la sécurité de l’aviation civile y compris celle des aéroports
- la corruption ou les infractions portant atteinte aux intérêts financiers des Communautés
européennes
- les actes de terroristes accomplit avec un engin explosif ou meurtrier
- le financement d’actes de terrorisme
- les crimes relevant de la compétence de la CPI (lire -11) à savoir le génocide, les autres crimes
contre l’humanité et les crimes et délits de guerre : il y a un renversement du prince de
complémentarité : c’est l’État français qui a une compétence complémentaire par rapport à la
CPI, c’est très bizarre.
- les infractions à la règlementation du temps de conduite et de repos dans le domaine du
transport par route dans l’UE
- les disparitions forcées de personnes
- les infractions d’atteinte aux biens culturels en cas de conflit armé commise part une personne
résident habituellement sur le territoire de la République

On rajoute à cette lise encore deux autres infractions : les infractions de trafic de stupéfiants et de
trafic de migrant commises en Haute-Mer.

À quelle condition générale va-t-on pouvoir donner compétence universelle au juge pénal
français ? À l’exception des deux trafics en Haute-Mer, la compétence universelle est toujours
subordonnée à la présence en France du responsable présumée des faits au moment de
l’ouverture des poursuites. En revanche, peu importe qu’il se soit enfui postérieurement.

Quelles sont les implications de cette compétence universelle ? Si le juge pénal français
reconnaît sa compétence au titre de la compétence universelle, quelle va être la loi pénale
qu’il va appliquer ? Des auteurs relativement nombreux estiment que ce système de l’universalité
de la répression implique dune dissociation ds compétences juridictionnelles et législatives et donc
qu’un tribunal répressif français doit appliquer à l’infraction la loi pénale de l’État étranger sur le soil
duquel elle a été commise. Parce que c’est à la défense de l’ordre public étranger que participent
dans un but de coopération internationale les tribunaux français. À partir de là, ce serait donc à la
loi de l’État étranger lésé par l’infraction qu’il appartient d’indiquer la façon dont son ordre public
doit être défendu.

Il y a le principe de la légalité qui milite encore plus fort dans ce sens qu’en matière de compétence
personnelle. Pourquoi ? Dans le système de la compétence universelle, le juge compétent est en
quelque sorte désigné par le hasard de l’arrestation. Donc il est inadmissible et contraire à l’idée
de prévisibilité de la loi qui se trouve à la base du principe de légalité qu’un individu arrêté en
France soit jugé et puni en vertu de la loi pénale française dont l’application était pour lui
totalement imprévisible.

Est-ce que la jurisprudence française a entendu la doctrine ? Est-il possible de par les
textes ? Quand on regarde ces articles du CPP, ils se bornent à dire qu’une personne « peut être
poursuivie et jugée par les juridictions françaises » mais le streets ne précisent pas que cette
personne sera jugée d’après les lois françaises contrairement aux autres textes des autres
compétences. Donc, le droit pénal international français n’empêcherait pas notre jurisprudence
d’appliquer une loi pénale étrangère.

Est-ce qu’il le fait ? À l’heure actuelle, on ne trouve pas d’exemple d’application d’une loi
étrangère par le juge pénal français.

Illustration concrète : la Belgique adore utiliser ce système de compétence à un tell point qu’elle a
été remise à l’ordre par la CIJ qui lui a dit que ce système devait rester limité. Le 12 février 2019,
un syrien a été arrêté en France et a été présenté à un juge d’instruction français dans le cadre de
l’information judiciaire ouverte pour acte de torture, crime contre l’humanité et complicité de ces
crimes. Le juge crantais a été saisie en application de la compétence universelle. Quel a été le point
de contact ? C’est le lieu de l’arrestation : en France. L’affaire est encore en cours.

Que faire dans cette catastrophe humanitaire qu’est le conflit syrien ? La CPI n’a pas été
saisie. Pourquoi ? Quels sont les obstacles juridiques ? La Syrie n’est pas partie au Statut de
Rome. Pas de ressortissant d’un État partie. Pas de déclaration d’acceptation de la compétence.
Dans les situations de menace ou de trouble à la sécurité ou au maintien de la paix international,
le Conseil de sécurité de l’ONU par une résolution peut donner compétence à la CPI. Mais il y a
des blocages avec le véto de la Russie te de la Chine aussi.

Des réfugiés syriens ont appelé la CPI à déclencher une procédure contre le régime de Bachar Al
Assad pour crime contre l’humanité et ils sont représentés par des avocats britanniques qui ont
déposé un dossier début mars 2019. La CPI a répondu qu’elle a bien reçu le dossier et on attend
pour l’instant.

La justice pénale internationale continue de se développer.

Examen :
- QCM (pas de point négatif) 20 questions
- Le QCM portera sur une évaluation des connaissance et compréhension du cours
- Ce peut être des questions d’application de ce qu’on a vu ensemble
- Chaque mot est important
- Questions d’actualité
- Totalité du cours

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