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MARGUERITE DURAS ( 1914-1996)

Marguerite Duras, de son vrai nom Marguerite Germaine Marie Donnadieu, est une écrivaine,
metteur en scène, scénariste, dialoguiste et réalisatrice française. Elle est née le 4 avril 1914 à
Saigon, en Indochine, suite au déplacement qu'ont fait ses parents pour travailler de façon
volontaire dans les colonies. Son père, directeur d’école et sa mère institutrice, ont eu trois
enfants : Pierre, Paul et Marguerite. En 1921 son père meurt, obligeant la famille à rentrer en
France.En 1924 la famille retourne en Indochine. Suite à un investissement dans un barrage
concédé, sa mère devra reprendre l’enseignement. Il faut noter que cet épisode marquera
également Marguerite qui écrira en 1950 son premier roman, Un barrage contre le Pacifique,
pour raconter cet épisode de sa vie. A partir de cette année, Marguerite Duras ne s'arrêtera plus
de publier des romans à intervalles réguliers (Moderato cantabile, Le Vice-consul, Détruire, dit-
elle, Hiroshima mon amour, Le ravissement de Lol V. Stein, India Song etc). Elle écrit L'Amant
en 1984 et recevra la consécration mondiale grâce à l'obtention du Prix Goncourt. Un film
(anglais !) sera fait en 1992.

L'Amant
Il s'agit d'un livre largement autobiographique reprenant son enfance en Indochine. Il a été
retravaillé 7 ans plus tard sous le nom de L'amant de la Chine du Nord.
La narratrice, c'est l'auteur lorsqu'elle avait 15 ans et demi. Elle raconte un épisode de sa propre
vie. L'action se situe en Indochine où elle vit avec sa mère, veuve, et ses deux frères, tous deux
plus âgés qu'elle. Inscrite de force dans un lycée pour étudier les mathématiques, peut-être dans
le but secret de reprendre la carrière de sa mère enseignante, elle ne rêve que de devenir écrivain.
Elle est pensionnaire, et à ce titre plutôt laissée seule. Un jour durant lequel elle traverse le fleuve
séparant son lycée et sa pension, elle rencontre un banquier chinois, jeune et riche. Ils tombent
éperdument amoureux et commencent une relation faite d'amour et d'argent, difficilement
qualifiable de relation saine et stable. Elle va durer un an et demi durant lequel ce Chinois va
régulièrement rencontrer Marguerite, dite « l’enfant », l'amener parfois à sa pension, souvent
dans sa garçonnière où elle va découvrir l'amour physique. Durant cette période l’héroïne doit
faire face à la honte, à la peur, à la jalousie et doit parvenir à trouver sa place au sein d'une
famille où il est difficile de s'imposer. En effet, sa mère est terriblement distante, son frère aîné
Pierre est violent, il attire toute l'attention et l'amour de sa mère, et son second frère, Paul,
fragile, doux, est totalement délaissé par le reste de sa famille, à l'exception de sa soeur qui lui
voue une adoration jusqu'à sa mort brutale et prématurée. Ce livre raconte à la fois une période
de l'enfance de Marguerite Duras et comment elle est parvenue à sortir du contexte familial et
scolaire, où elle n'était vue que comme une européenne au milieu de la communauté asiatique.

Liens entre L'Amant et Un barrage contre le Pacifique


L'Amant est donc une refonte partielle d'un roman précédent, Un barrage contre le Pacifique.
L’action de l'amant fait référence à des barrages donnés en concession, épisode central du
premier roman. L'héroïne s'appelait initialement Suzanne et était plus âgée, sa mère était
institutrice, et elle a dans L'Amant deux frères qui n'apparaissaient pas auparavant. Quant au
Chinois de L'Amant, il pourrait correspondre à M. Jo, bien que ce personnage ne soit pas
Chinois. De plus, l'ordre chronologique des évènements n'est plus le même et il est assez difficile
de trouver des lieux ou actes communs.

Liens entre la narratrice et ses frères


La narratrice a deux frères, qui ont un rôle moins important dans l'histoire que les autres
personnages. L'aîné, Pierre, est un homme brutal. Il ne vit que pour jouer, boire et fumer de
l’opium. Il traine régulièrement dans les endroits peu recommandables de la ville et n'a que peu
de rapports avec sa soeur. Mais dès le début de l'histoire ce frère comprend que seule elle peut
rapporter de l'argent à la famille et c'est tout naturellement qu'il va appuyer la relation entre sa
sœur et son amant pour en tirer le maximum d'argent, argent qui lui sert essentiellement à
rembourser ses dettes. Le second frère, Paul, plus jeune, est un peu son opposé. Calme, sérieux,
l’héroïne le voit comme un confident. Malheureusement pour elle, il décède tôt, laissant sa sœur
dans la douleur.

Liens entre la narratrice et son amant


Personnage central de l'histoire, l'amant est un riche chinois prêt à se marier, et qui tombe
amoureux de cette (trop) jeune française sur un bac qui traverse le Mékong. Dès le début de
l'histoire le lecteur sait qu'il a une vraie attirance physique qui débouchera sur une relation
passionnée, surtout physique. La narratrice ne nommera cet homme que sous le vocable de
"l'amant". Jamais son nom n'est indiqué. Son rôle est de servir l'histoire, il doit avoir une fonction
liée à l'attirance de la narratrice, puis à l'éveil de sa sexualité. Il représente aux yeux du lecteur
une simple position sociale, mais aussi aux yeux de la narratrice, qui accepte de le suivre dans sa
garçonnière. Elle souhaite avoir une relation sexuelle, non pas par désir mais par esprit
d'indépendance, par liberté d'action, par volonté de transgression. De son côté, l'amant sait que
leur relation ne durera pas et qu'elle n'existe que parce qu'il a une situation sociale élevée. La
relation a bel et bien lieu et après l'avoir traitée comme une femme, il la traite comme une enfant,
s'occupant d'elle comme le ferait un père de son enfant. Il la nourrit, la couche, la lave etc. Cette
relation ambigüe deviendra catastrophique pour la jeune fille lorsqu'elle découvrira qu'elle a des
sentiments forts pour lui, sentiments qu'elle a voulu taire. Mais ce sera trop tard, l'amoureuse sera
prise entre sa recherche de la relation pour l'argent et celle pour l'amour. En prenant conscience
de son immaturité au début de la relation, elle s'ouvre les portes de la souffrance en amour,
lorsqu’elle doit partir pour toujours en France, pour faire des études et laisser l’homme épouser
une Chinoise riche, choisie par son père.
La tenue de la narratrice est volontairement provocante. Marguerite Duras insiste sur le chapeau
et les chaussures à talons hauts, deux accessoires rigoureusement interdits pour les jeunes filles
du début du siècle. Ils sont la base de la tenue vestimentaire et c'est aussi ce qui attire le regard
du Chinois. Mais c'est aussi pour l'auteur une façon de marquer une séparation entre la norme
sociale, évoquée par l'ensemble des autres personnages occidentaux du livre, et son héroïne, libre
au -delà de ses propres désirs. Ainsi séparée du reste de la communauté, elle peut vivre sa propre
vie de la façon qu'elle a choisie, libre, faisant tomber les tabous de la société française en
Indochine.

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