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Bernard Denni
in Vincent Tiberj, Des votes et des voix. De Mitterrand à Hollande
2013 | pages 72 à 82
ISBN 9782353713592
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/des-votes-et-des-voix-de-mitterrand-a-hollande---page-72.htm
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tour et de plus de 44 % au second des élections législatives de 2012, la
faible attractivité des partis politiques – environ 2 % des électeurs en
sont membres – ou le faible taux d’adhésion des salariés à une organisa-
72 - tion syndicale – environ 8 % – (Andolfatto, Labbé, 2009), la défiance à
l’égard des hommes politiques sont des éléments qui nourrissent ce
constat pessimiste. Est-il justifié ? Pour répondre à cette question, il est
nécessaire de définir ce qu’est la participation politique, d’évaluer ses
évolutions, de mesurer son importance et d’en dresser un tableau socio-
logique. Ce bilan montrera que la participation politique en France n’est
pas en déclin : elle mobilise autrement en se renouvelant et se diversi-
fiant, sans parvenir toutefois à réduire les inégalités sociologiques d’accès
aux multiples formes d’expression politique.
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sation du suffrage a conduit à développer d’autres moyens d’expression
politique nécessaires aux compétitions électorales, comme le militan-
tisme dans les partis, les votes aux conventions et aux élections primaires
pour désigner des candidats, et toutes les activités liées aux campagnes - 73
électorales. Depuis une dizaine d’années, l’idée de démocratie partici-
pative conduit à créer de nouvelles procédures de concertation des ci-
toyens pour les associer aux décisions locales (Blondiaux 2008). En
marge du cadre institutionnel et même contre lui, apparaissent et se dé-
veloppent au cours des années soixante aux États-Unis puis en Europe
d’autres formes d’expression politique : pétition, manifestation, sitting,
boycott, grève sauvage, occupations, etc. qui se veulent radicales, auto-
nomes, tournées vers l’expression de la colère ou de revendications pré-
cises de groupes sociaux comme l’opposition à la guerre du Vietnam, le
refus des inégalités raciales ou de genre, ou la défense de nouveaux enjeux
comme la protection de la nature. Deux répertoires d’action collective1
distincts et opposés semblent alors s’affronter dans les démocraties : l’un
regroupant toutes celles qui participent à son fonctionnement normal
autour des élections et des consultations institutionnalisées ; l’autre ras-
semblant toutes les activités conduites hors des cadres institutionnels,
protestataires et parfois violentes, sources de dysfonctionnement pour
le système politique (Milbrath, 1965). Pour désigner ce nouveau réper-
toire, la plupart des analystes ne parlent plus de participation politique,
expression trop connotée de civisme, mais de (nouveaux) mouvements
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bliques. Le développement d’actions de protestation ne doit donc pas
s’interpréter comme une menace pour l’équilibre des démocraties, mais
comme une nouvelle extension des formes d’expression politique légi-
74 - times, à côté et en complément de l’exercice du suffrage. Ce résultat, es-
sentiel à la compréhension de l’évolution des relations entre gouvernés
et gouvernants, a été maintes fois vérifié. Ainsi selon l’enquête Valeurs
des Européens en 2008, dans neuf pays comparables3, les personnes in-
terrogées qui ont déjà signé une pétition déclarent à 88 % qu’elles iraient
voter en cas d’élections contre 74 % parmi celles qui refusent cette forme
d’action ; de même 90 % des manifestants se disent prêts à voter et 78 %
de ceux qui rejettent ce mode d’expression. La participation politique,
d’abord limitée aux activités liées aux élections, s’est élargie à d’autres
formes d’actions non institutionnalisées mais peu à peu légitimées aux-
quelles les citoyens ont recours au moins autant pour exprimer une co-
lère ou une indignation que pour chercher à influencer la décision
politique. Est-ce à dire que toute action populaire, même les plus vio-
lentes – l’émeute, l’insurrection, l’attentat politique – relève de la parti-
cipation politique ? Pour répondre à cette question, on pourrait s’en
tenir au critère de la légalité. Mais ce qui différencie les formes d’action
politique répond à des caractéristiques plus fondamentales qui renvoient
aux valeurs et aux principes d’organisation de la société démocratique.
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session de sa fonction. Mais les démocraties développent aussi la mise en
relation des gouvernés avec ceux qui occupent cet espace, d’abord par l’or-
ganisation du « pouvoir de suffrage » puis à travers les formes les plus va-
riées d’expression politique, à condition toutefois que ces modes - 75
d’expression respectent les normes qui définissent comment les citoyens
doivent se comporter à l’égard du pouvoir politique. Toute action politique
vise un détenteur de l’autorité. Le critère qui permet son acceptation par
l’opinion n’est pas son but – soutenir un candidat, défendre une décision
ou au contraire protester et s’indigner contre une politique – mais la forme
qu’elle prend. Ainsi, une action chargée de violences physiques (agression
contre les personnes et les biens) ou verbales (insultes) apparaîtra comme
une transgression des codes démocratiques, la violation du caractère séparé
(« sacré ») du pouvoir, une remise en cause des principes et du système de
valeurs (Michaud, 1986, p. 12) qui fonde l’organisation des relations entre
gouvernants et gouvernés dans une démocratie. Cette transgression peut
aussi venir des autorités qui ont toujours la possibilité de réduire les modes
d’expression populaire comme on le voit au printemps 2012 avec le gou-
vernement du Québec qui, par une « loi spéciale », rend illégale la grève
des étudiants. Un gouvernement peut aussi réprimer une manifestation
au nom de la défense de l’ordre public. Mais il s’expose alors au risque
d’une forte réprobation de la population. Il y a finalement deux grandes
classes de comportements politiques dans les démocraties : la première ras-
semble les comportements, légaux ou non, respectueux des « règles de
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groupe socialiste, condamne mais en des termes plus mesurés : « Ce qu’a
fait Greenpeace est inadmissible. Ils défendent une cause noble mais là, ils ont
fait le contraire du but recherché : ils ont empêché un débat intéressant et utile,
76 - c’est choquant ! » À l’opposé, les députés Verts applaudissent et N. Mamère
déclare : « C’est formidable, c’est une action qui a pour but de sensibiliser les
responsables politiques aux défis lancés par l’effet de serre. Je trouve que c’est
bien ce qu’ils viennent le faire là où bat le cœur de la démocratie et là où il de-
vrait y avoir beaucoup plus de débats sur la question climatique. » Cet épisode
illustre la diversité des réactions des membres d’une société confrontés à
de nouveaux modes d’expression politique dont le caractère violent n’im-
pose pas une condamnation quasi unanime4. Les enquêtes par sondage
permettent de saisir ce phénomène à l’échelle de toute la population. Ainsi
en France, selon les enquêtes Valeurs, l’acceptation des formes de partici-
pation protestataire s’est nettement affirmée entre 1981 et 2008. En 1981,
45 % des personnes interrogées déclaraient qu’elles ne prendraient jamais
part à une manifestation, elles sont 33 % en 1990, 25 % en 1999 et 23 %
en 2008. On retrouve des évolutions de même sens pour la pétition et le
boycott, dont le refus passe de 23 % à 12 % pour la première et de 50 %
à 38 % pour le second. Corrélativement, la participation à ces actions aug-
mente, de façon très nette pour les actions légales, entre 1981 et 1999
(Magni-Berton, 2010, p. 169-170). Les actions ayant le caractère de « rites
civiques » possèdent les conditions requises pour devenir légitimes, mais
leur légitimation peut prendre du temps car toute la société ne réagit pas
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à l’unisson. Certains segments les acceptent plus vite que d’autres : les plus
jeunes et les plus diplômés, les professions intermédiaires ont été les plus
promptes à les accepter. Leur inscription progressive dans le répertoire des
formes légitimes d’expression politique résulte, dans une large mesure, du
renouvellement des générations, suivant un processus analogue à celui mis
en évidence par R. Inglehart (1999) dans son analyse des évolutions cul-
turelles des sociétés occidentales.
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aux autres pays de l’Europe des 15 et pour ce type d’élection de 1945 à
2002, la France avec une moyenne de 25,2 % d’abstention n’est dépassée
que par l’Espagne et l’Irlande (Mayer, 2010, p. 178). Malgré les difficultés
de cette comparaison, il ne fait pas de doute que la France s’inscrit dans le - 77
mouvement général de baisse de la participation électorale qui affecte la
plupart des pays européens. Cette dégradation s’observe dans d’autres scru-
tins : par exemple, un peu moins de 40 % des électeurs se sont abstenus à
la première élection du Parlement européen en 1979 et près de 60 % trente
ans plus tard. Pourtant, l’élection présidentielle continue de mobiliser les
électeurs : on y enregistre en moyenne 19,8 % d’abstention aux premiers
tours depuis 1965 et 18,4 % aux seconds, le record au premier tour étant
atteint en 2002 (28,4 %) ; cinq ans plus tard elle redescend à 16,2 % l’un
des plus faibles taux après 1965 et 1974 ; avec 20,5 %, 2012 se situe dans
la moyenne. Il en résulte une participation électorale très sélective et in-
termittente. Toujours dans le domaine de la participation conventionnelle,
d’autres observations montrent que les Français ne se détournent pas de
la politique. Le nombre de candidats aux élections législatives reste im-
pressionnant, plus de 6000 en 2012 pour 577 sièges. On peut aussi rap-
peler qu’il y a en France quelque 500 000 conseillers municipaux ; l’attrait
pour les questions qui concernent sa commune ou son quartier reste fort :
selon une enquête réalisée dans l’Isère par l’institut BVA pour le laboratoire
Pacte de Grenoble en février 2007, 18 % des mille personnes interrogées
ont déclaré participer à la vie de leur commune ou de leur quartier et 21 %
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être prêtes à le faire. Les électeurs français n’ont pas délaissé les urnes ni
perdu leur capacité à s’engager dans la vie de la Cité.
En dehors de la scène électorale, bien d’autres observations témoi-
gnent de cette vitalité démocratique. Il suffit par exemple de feuilleter son
quotidien national pour constater qu’il est très rare de ne pas y trouver les
échos d’une grève, d’une manifestation, d’une action de protestation pre-
nant parfois des formes originales et inattendues (occupation, opération
escargot sur une rocade urbaine, pyramides de chaussures, défilé de ma-
nifestant-e-s dénudé-e-s, etc.)5. Les mobilisations de citoyens pour expri-
mer leurs revendications, leur indignation ou leur colère sont
omniprésentes, elles s’exercent à flux continus. Il est possible d’avoir un
panorama beaucoup plus précis en analysant les réponses recueillies dans
les 27 pays de l’UE en 2008 dans le cadre des enquêtes Valeurs des Euro-
péens. À propos de cinq formes d’action protestataire (pétition, manifes-
tation autorisée, grève sauvage, boycott et occupation des bureaux ou des
usines) les personnes interrogées devaient dire si « elle l’avait déjà fait », si
« elle pourrait en venir à le faire » et enfin si « elle ne le ferait jamais, quelles
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que soient les circonstances ». L’analyse statistique6 qui prend en compte le
profil des réponses à ces cinq questions dégage quatre types de réactions7.
Le premier regroupe les personnes qui ont déjà pratiqué toutes ces actions :
78 - ces multi-activistes représentent 7 % des citoyens de l’UE des 27. Les mem-
bres du deuxième groupe ont l’expérience des actions légales (pétition,
manifestation, boycott), mais pas de la grève sauvage ou de l’occupation
qu’ils pourraient toutefois entreprendre ; ces activistes légalistes sont 24 %.
Le troisième type regroupe des personnes peu actives mais prêtes à s’enga-
ger dans des actions légales ; ces potentiels légalistes représentent 22 % des
Européens. Enfin le groupe de loin le plus important est constitué par les
personnes qui refusent toutes les formes d’action proposées, légales ou
non : ces réfractaires représentent 44 % des européens. Mais l’intérêt prin-
cipal de cette analyse réside dans la comparaison entre pays. La proportion
de réfractaires va de 75 % en Hongrie, 72 % en Roumanie, 61 % au Por-
tugal 57 % en Grèce à 27,5 % en France, 23 % en Finlande, et 17,5 %
en Suède. Les proportions de multi-activistes varient de 1 % à 3 % dans
les pays de l’Est de l’Europe nouvellement entrés dans l’Union à 18,5 %
au Danemark et 14 % pour la France qui confirme ainsi sa tradition
contestataire (Tilly, 2008) ; ce groupe ne pèse que 3 % en Suède et en Fin-
lande, pays qui combinent une grande tolérance et un profond respect des
lois. La Suède a le plus fort pourcentage de potentiels légalistes (42 %) suivi
par son voisin du nord (33 %), contre 17 % en France, car le pourcentage
d’activistes légalistes (41 %) y est particulièrement élevé. La France est de
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loin le pays où les actions protestataires, légales ou non, sont le plus cou-
ramment pratiquées : par 56 % des sondés, contre 48 % au Danemark,
41 % en Belgique, 37 % en Italie et en Suède, environ 30 % en Espagne,
en Allemagne ou au Royaume Uni, et moins de 10 % en Hongrie, Rou-
manie et Slovaquie. L’importance de la participation politique varie de
façon considérable selon les pays car elle s’inscrit à la fois dans des tradi-
tions démocratiques différentes (les pays les plus réfractaires sont aussi
ceux dont la tradition démocratique est la plus récente) et dans des cultures
politiques nationales plus ou moins tolérantes, consensuelles ou conflic-
tuelles, légalistes, etc.
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et mars 2012, selon les enquêtes TNS Sofrès TriÉlec, 79 % des enquêtés
déclarent qu’ils iront voter à l’élection présidentielle. Les taux de partici-
pation les plus élevés s’observent chez les diplômés de l’enseignement su-
périeur (85 %), les cadres supérieurs et professions libérales (84,5 %), les - 79
personnes ayant fait des études jusqu’au bac ou DUT et les professions
intermédiaires (83 %) ; à l’opposé, on trouve les personnes n’ayant qu’un
certificat d’études primaires (67,5 %), les ouvriers (74 %), les employés
et personnels de service (76 %). Les variations sont de même nature mais
amplifiées en ce qui concerne la participation protestataire en France. Les
multi-activistes et les activistes légalistes sont 56 % en moyenne, le taux le
plus élevé s’observe chez les personnes qui ont fait les études les plus
longues (75 %), les cadres (65 %) et les professions intermédiaires (64 %) ;
les taux les plus faibles s’observent parmi ceux qui ont quitté l’école avant
16 ans (32 %), chez les ouvriers non qualifiés (44 %) et chez les travailleurs
indépendants (34 %). Le genre n’a pas d’effet sur la participation électo-
rale, alors que les hommes sont plus souvent multi-activistes que les
femmes (18 % contre 11 %), celles-ci étant un peu plus « légalistes ». À
ce niveau d’analyse, les logiques sociales sont les mêmes pour les deux
formes de participation ; dans les catégories et les quartiers économique-
ment et culturellement démunis, les progrès de l’abstention sont particu-
lièrement importants (Braconnier, Dormagen, 2007) et les actions
protestataires sont une ressource politique peu utilisée. Toutefois, si l’in-
térêt pour et la familiarité avec la politique existent, alors ils corrigent ces
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ment des facteurs politiques, comme la connaissance des enjeux et leur
importance perçue, l’attractivité de l’offre électorale, la clarté des alterna-
tives politiques mais aussi l’orientation idéologique des acteurs viennent
80 - se combiner avec les déterminismes sociaux. Les électeurs votent davantage
aux élections présidentielles car à leurs yeux elles sont beaucoup plus im-
portantes que les élections législatives, sentiment renforcé par le calendrier
électoral en place depuis 2002, par la multitude des candidatures qui
brouille le message, par le contraste entre une campagne nationale omni-
présente dans un cas, locale et peu visible dans l’autre. De moins en moins
d’électeurs vont voter pour remplir leur devoir électoral, même sans
convictions politiques bien affirmées. La participation électorale va donc
de plus en plus dépendre de la capacité des compétiteurs et des médias à
montrer l’importance des enjeux, à dégager des options politiques claires,
bref de leur capacité à donner envie d’aller voter.
Comme dans toutes les démocraties occidentales, les Français votent
moins qu’il y a une trentaine d’années, et il est souhaitable d’enrayer cette
évolution car, à terme, elle peut peser sur la légitimité des résultats issus
des urnes. Pour autant on ne peut dire que les Français se désintéressent
du débat public. D’autres formes d’expression politique que le vote se sont
installées dans le répertoire des actions collectives sans remettre en cause
l’attachement aux valeurs démocratiques, mais en donnant un autre sens
à la participation qui s’exerce moins dans le cadre « d’une politique dirigée
par les élites », et davantage dans celui « d’une politique dirigeant les élites »
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NOTES
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1. Un répertoire est constitué d’un ensemble d’actions propre à une société que les acteurs
s’approprient pour faire entendre leurs revendications, un peu à la façon dont les musi-
ciens interprètent, à leur façon, des standards de jazz. Cette notion est due à Charles Tilly
(2008).
2. Il s’agit de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Autriche, des Pays Bas et des États-Unis.
3. Ces neuf pays sont : l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Ir-
lande, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.
4. Au même moment, l’Assemblée a été évacuée suite à une fausse alerte à la bombe. Si
celle-ci avait été réelle, il ne fait aucun doute que la condamnation aurait été unanime.
5. Et encore, selon O. Fillieule (1997), la presse ne recense que 10 % des actions de ce
type.
6. Les résultats présentés sont obtenus à partir d’une classification hiérarchique sur fac-
teurs issus d’une analyse des correspondances multiples réalisées sur les cinq questions
de participation « non conventionnelle ».
7. Un dernier type correspond aux personnes qui ne répondent pas soit 3 % de
l’échantillon.
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