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Le silence du président de la République Paul Biya en cette période crise sanitaire inquiète tous les

acteurs de la vie sociopolitique du Cameroun.

Après le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), le Prof Maurice Kamto, c'est
au tour du Père Ludovic Lado (Jésuite) de briser le silence.

Dans une réflexion publiée sur les réseaux sociaux, "l'homme de Dieu" compare et silence de Paul Biya à
celui de Jésus en cette période pascale.
"Il y a une heure pour venir au monde, nous ne la choisissons pas. Il y a une heure pour en repartir, et
souvent, nous ne la choisissons pas non plus. C’est du côté de la passion." affirme-t-il. INTEGRALITE.

« Où est le président Paul Biya depuis début de la crise sanitaire ? Pourquoi se cache-t-il ? »

Il y a une heure pour venir au monde, nous ne la choisissons pas. Il y a une heure pour en repartir, et
souvent, nous ne la choisissons pas non plus. C’est du côté de la passion.

Au moment où nos medias sont saturés au quotidien du décompte des morts et contaminés, mais aussi
des guéris, du coronavirus, nous entrons providentiellement sur le plan liturgique dans le temps de la
passion de Jésus Christ.

Or qui dit passion dit souffrance et mort ! Comme quoi dans toute vie, il y a un temps pour l’action et il y a
un temps pour la passion où nous subissons la souffrance et faisons la pénible expérience de
l’impuissance face aux forces de la mort. C’est le chemin de tout le monde, sans exception. C’est donc
insensé de vivre comme si on n’allait jamais mourir.

Jésus

Si Jésus entre triomphalement dans la ville de Jérusalem où sont concentrés ses détracteurs les plus
hauts gradés, c’est pour affronter courageusement l’inévitable, l’heure de sa mort. Après plusieurs
tentatives manquées de se débarrasser de lui, manqués parce « son heure n’était pas arrivée »
(expression courante dans l’évangile de Jean), le moment est venu pour lui de partir. Il le pressent lui-
même : « Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. » Oui,
à cette heure, le ciel se tait et on se lamente : « Mon Dieu mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ».
Abandonné ? Dieu n’abandonne personne. Il se tait seulement! Pour éviter des négociations. Chacun a
son heure ! Quand elle arrive, il faut partir. Pour beaucoup, surtout les plus vieux, coronavirus sonne
l’heure de départ. Et il faut partir. Ils n’ont rien fait pour être ciblés. C’est simplement l’heure de partir.

Il y a un temps pour vivre et il faut en user correctement. Il y a un temps pour souffrir et mourir. C’est bien
cela la condition humaine universelle. La mort est un universel anthropologique. C’est pourquoi la peur
excessive de la mort traduit un rapport inauthentique à la vie. Car la mort peut être le fumier, l’humus, de
la vie. C’est ce que nous enseigne la nature au quotidien quand une souche pourrie nourrit la vie des
rejetons.

L’heure

Coronavirus nous arrache au quotidien des êtres chers, et nous avons raison de pleurer à cause de la
charge émotionnelle. Ironiquement, il cible les plus vieux, comme pour nous inviter à donner un contenu
sensé à notre vie pendant qu’on est encore jeune. Quand l’heure vient de partir, il faut partir pour laisser
de la place aux plus jeunes et ainsi devenir pour eux l’humus qui les fait verdir et fleurir.
Si les gouvernants de l’Afrique centrale pouvaient comprendre cette leçon de coronavirus qui
cible principalement les plus vieux, on n’aurait plus des vieillards de plus de 80 ans au pouvoir.
Où est le président Paul Biya depuis début de la crise sanitaire ? Pourquoi se cache-t-il ?

Pourquoi ne passe-t-il pas la main à un plus jeune, encore vigoureux, pour poursuivre le chemin. Quand
on a fait son temps, il faut avoir la sagesse de se retirer et se préparer à partir. Jésus n’avait que 33 ans
quand son heure est arrivée, mais en trente-trois ans il avait accompli sa mission sur terre. Dans les 33
ans, il n’a eu que trois ans de vie active. Et plus de deux mille ans après il continue d’influencer
positivement des vies.

La qualité d’une vie ne se mesure pas à sa longueur ou à la manière dont on meurt. On peut vivre
longuement mais pour rien. Tout comme on peut avoir une vie courte mais riche. Beaucoup
veulent vivre longtemps, mais pour quoi faire ? That is the question !

La manière dont on meurt importe peu aussi. Jésus qui a passé sa vie sur terre à faire du bien et si
souvent entouré de foules est mort atrocement seul avec seulement quatre personnes (sa mère, sa
tante, un ami et une amie) au pied de sa croix, symbole de l’infamie. Il a été enterré discrètement un peu
comme les victimes de coronavirus depuis quelques mois.

L’avons-nous les mains régulièrement, d’ailleurs Pilate le fait si bien dans le récit de la passion
que nous allons méditer ces jours-ci, mais surtout l’avons souvent nos cœurs pour toujours être
prêt à partir quand l’heure de chacun arrivera.

Enfin, ne vivons pas trop mal le confinement durant la semaine sainte, c’est la passion même en acte, qui
nous pique vif dans la chair. Vivons-la en communion avec tous ceux qui sont affectés et infectés par
coronavirus.

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