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Damas à la fin du XVIe siècle, d’après trois actes de

waqf ottomans
Jean-Paul Pascual

DOI : 10.4000/books.ifpo.7461
Éditeur : Presses de l’Ifpo
Année d'édition : 1983
Date de mise en ligne : 4 mars 2015
Collection : Études arabes, médiévales et modernes
ISBN électronique : 9782351595091

http://books.openedition.org

Édition imprimée
ISBN : 9782351591260
Nombre de pages : 160-[3]

Référence électronique
PASCUAL, Jean-Paul. Damas à la fin du XVIe siècle, d’après trois actes de waqf ottomans. Nouvelle édition
[en ligne]. Beyrouth : Presses de l’Ifpo, 1983 (généré le 05 mai 2019). Disponible sur Internet : <http://
books.openedition.org/ifpo/7461>. ISBN : 9782351595091. DOI : 10.4000/books.ifpo.7461.

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© Presses de l’Ifpo, 1983


Conditions d’utilisation :
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1

Cette étude se concentre sur l’histoire monumentale de la ville de Damas au XVI e siècle et au
début du XVIIe siècle. Si cette problématique n’est pas nouvelle, cet ouvrage s’appuie sur de
nouveaux documents et compare Damas à d’autres villes de l’Empire ottoman. Les actes de Waqf
fournissent par exemple un grand nombre d’informations précises sur les constructions de
bâtiments et leur architecture, sur la topographie de la ville, les transformations subies dans le
tracé des rues ou le noyau urbain. L’auteur s’interroge également sur les motivations qui
poussent l’État et ses représentants à effectuer ces activités de construction dans une période
pendant laquelle la ville ne connaît, apparemment, aucun essor économique et démographique
notable. Ce livre permet donc de comprendre de nombreux aspects de la vie économique et
sociale, mais aussi de l’histoire religieuse et juridique de la ville à cette époque.
2

SOMMAIRE

Avant-propos

Transcription

Chapitre premier. Damas au XVIe siècle


1. Introduction historique
2. La ville de Damas : Le cadre urbain

Chapitre II. Fondateurs et fondations


1. Les Deux Fondateurs
2. Les actes de waqf

Chapitre III. Les constructions des deux gouverneurs datation, description et localisation
1. Les constructions de Sīnān Bāšā à Damas
2. Les constructions de Murād Bāšā

Conclusion generale

Annexe
Les monnaies

Bibliographie générale. Les documents d’archives

Index General

Plans
3

Avant-propos

1 Il subsiste à Damas de nombreux bâtiments datés par leur architecture du XVIe siècle ou
du début du XVIIe. Des travaux importants qui portent totalement ou en partie sur cette
période, ont été publiés : ce sont les ouvrages de A. Badrān, de A. Ṭalas, de ᶜA. Rīḥāwī et de
ᶜA. Rāfiq, les traductions de Sauvaire, les études de J. Sauvaget et les éditions de textes par
A. Dahmān et Ṣ. Munaǧǧid. Toutefois l’histoire monumentale de la ville de Damas au XVIe
siècle, et les caractères de son urbanisme, demeurent mal connus.
2 Pourtant les sources disponibles, chroniques ou compilations diverses qui couvrent cette
période, sont aussi nombreuses que celles qui portent sur d’autres époques ;
systématiquement dépouillées, les œuvres éditées d’Ibn Ṭūlūn, d’al-ᶜIlmawī, d’al-Būrīnī,
d’al-Ġazzī, et celle, ignorée ou méconnue, d’Ibn Ayyūb, fournissent une abondante
moisson de renseignements ; mis en ordre, ces derniers permettent d’éclairer l’histoire de
la ville, sans toutefois répondre à toutes les interrogations formulées.
3 Un autre type de source, les actes de waqf n’ont fait l’objet que d’une timide approche ; ils
apportent, comme le montrent les études déjà publiées pour la ville du Caire, des
informations précieuses et précises sur les constructions de bâtiments et leur
architecture, sur la topographie de la ville, les transformations subies dans le tracé des
rues ou le noyau urbain ; ils peuvent aider aussi à mieux comprendre de nombreux
aspects de la vie économique et sociale, mais aussi de l’histoire religieuse et juridique.
4 Les actes de waqf conservés dans les archives publiques à Damas, où ils sont accessibles à
tout chercheur, sont malheureusement peu nombreux. Selon le Šayḫ Aḥmad al-Qāsimī,
ancien Directeur des Waqfs, un incendie ravagea, en effet, à la fin de la Seconde Guerre
Mondiale, le bâtiment qui abritait la Direction des Waqfs, et dans cet incendie furent
perdus les documents conservés. Aussi, une fois écartés les actes de fondation qui avaient
déjà fait l’objet d’une étude, seuls deux documents conservés à la Bibliothèque Nationale
de Damas restaient à notre disposition : les actes de waqf de Sinān Bāšā, gouverneur de la
Province de Damas en 1587-88 et de Murād Bāšā, gouverneur de 1594 à 1596. Par la suite,
un troisième document, conservé aussi à la Ẓāhiriyya, mais qui n’était pas répertorié dans
les catalogues édités de cette bibliothèque, nous fut signalé par hasard ; ce document, qui
était le premier acte de fondation de Murād Bāšā et complétait l’acte découvert
précédemment, présentait un grand intérêt pour comprendre les réalisations de ce
gouverneur dans la ville de Damas ; il fut naturellement intégré à notre travail.
4

5 La difficulté que nous avons rencontrée d’emblée était, pour aboutir à un même objet, de
traiter des documents de forme et de conception différentes. Les deux actes de Murād
Bāšā portaient uniquement sur des bâtiments construits par ce gouverneur dans la ville
de Damas, en donnaient leur description sommaire et mentionnaient les transactions
réalisées pour l’achat ou la location des emplacements sur lesquels ils étaient édifiés.
L’acte de Sinān Bāšā se présentait au contraire sous une autre forme : il dressait une liste
des bâtiments construits par ce dernier, non seulement dans la ville de Damas, mais aussi
dans le Bilād aš-Šām méridional ; il recensait d’autre part les bien-fonds destinés à les
faire fructifier, les diverses fonctions attachées à cette fondation et décrivait avec
précision les repas qui devaient être servis aux voyageurs descendant dans les ḫān.
6 Il nous a paru utile de commencer par une étude des constructions édilitaires réalisées
par les deux gouverneurs dans la ville de Damas. Nous n’avons donc traduit que les
parties qui étaient consacrées à ce type de bâtiment dans les trois documents, en
présentant sous forme de tableaux les passages du waqf de Murād Bāšā qui donnaient en
détail les diverses transactions réalisées par ce gouverneur. Nous avons d’autre part
annoté les termes ou expressions les plus importants ou mal connus et proposé des
localisations pour les divers toponymes mentionnés et concernant plus particulièrement
la ville de Damas. Ainsi des passages importants, préambules des trois waqfs, services
dans la mosquée de Damas ou dans les ḫān de Sinān Bāšā, n’ont fait l’objet d’aucun
commentaire, mais nous avons tenu à rendre accessibles aux chercheurs les documents
dans leur intégralité. Nous les avons publiés en notant les variantes avec les textes ou
parties de textes imprimés.
7 L’histoire de Damas à la fin du XVIe siècle supposait une bonne connaissance de l’histoire
de la ville à partir de la conquête ottomane, et principalement des activités de
constructions ; les rares études qui avaient été faites sur cette période, n’ayant pas
répondu à nos exigences, la consultation et le dépouillement des sources accessibles de
l’époque étaient nécessaires. Ce travail, relativement long, a donné lieu à la présentation
de la ville au début de la conquête ottomane, mais aussi à l’établissement d’un tableau
synoptique mentionnant les plus importantes réalisations à Damas au cours du XVIe siècle,
dont une liste avait déjà été établie par Ṣ. Munaǧǧid. Enfin, il a paru d’un certain intérêt
de donner une idée rapide de la place de la ville, par sa population, dans l’Empire et dans
le Bilād aš-Šām pour situer les réalisations des deux gouverneurs dans un contexte plus
général.
8 Les divers documents utilisés pour ce travail n’ont pas tous été découverts au cours de
recherches personnelles ; nombreux sont ceux qui m’ont été signalés lors de rencontres
fortuites ou suscitées, ou grâce à des amitiés nouées lors de mon séjour à Damas ; c’est
dire donc les multiples dettes de reconnaissance que j’ai accumulées et qu’il m’est
impossible de toutes mentionner ici.
9 Je désire vivement exprimer toute la reconnaissance que je dois à M. André Raymond qui
me proposa ce travail, accepta de le patronner et me prodigua avec bienveillance conseils,
critiques et encouragements ; à l’Institut Français d’Études Arabes dans son ensemble, et
à M. Thierry Bianquis son directeur, qui ont entretenu l’atmosphère scientifique
indispensable à l’achèvement de cette recherche ; à la Direction Générale des Antiquités
et Musées de Syrie ; à la Direction des Archives Historiques et plus particulièrement à sa
directrice, Mme Daᶜd Ḥakīm, qui n’a jamais cessé avec gentillesse et amitié de me fournir
toutes les facilités de travail ; à MM. Salīm Barakāt et ᶜA. Darwīš qui ont bien voulu relire
avec moi les textes arabes et m’ont fait bénéficier de leurs vastes connaissances ; à M.
5

Abdel Karim Rafeq, professeur à l’Université de Damas, qui, avec sa compétence et son
amicale générosité m’a indiqué de nombreuses sources à consulter ; à M. ᶜAdnān Baḫīt,
Directeur du Centre des Archives de l’Université Jordanienne qui m’a autorisé à consulter
les documents conservés dans son Centre ; à M. Muṭīᶜ Ḥāfiẓ de l’Académie Arabe de
Damas et M. Bassām Ǧābī, qui m’ont signalé des documents et manuscrits qu’ils avaient
pu découvrir ; à Mlle. D. Sack qui, par amitié, a confectionné avec grand soin les cartes ; à
M. J. Picard qui, avec compétence, s’est chargé de fabriquer cet ouvrage.
10 Enfin à Regina Pascual-Heinecke ; sans son aide de tous les instants et sa patience
compréhensive, ce travail n’aurait jamasi vu le jour.
6

Transcription

1 Pour la transcription des mots arabes, nous nous sommes conformé au système de
translittération de la revue Arabica, en notant néanmoins l’assimilation des lettres
solaires. En ce qui concerne les mots d’origine turque, nous avons en principe adopté la
graphie des ouvrages cités ; nous avons cependant préféré la forme arabe pour les termes
apparaissant dans nos textes.
7

Chapitre premier. Damas au XVIe


siècle

1. Introduction historique*
1 La victoire du sultan ottoman Salīm Ier à Marǧ Dābiq, près d’Alep, le 24 août 1516, met un
terme, militairement, au régime mamelouk dans le Bilād aš-Šām, et les deux grandes
villes syriennes, Alep et Damas, se rendent sans combat au conquérant ottoman. La région
est divisée en trois provinces (eyālet) dont les capitales sont Alep, Tripoli et Damas, et
diverses mesures sont immédiatement prises pour « ottomaniser » l’administration ; ce
n’est cependant qu’après l’écrasement de la révolte du premier gouverneur ottoman de
Damas, Ǧānbirdī l-Ġazālī, en 1521, que le régime ottoman sera définitivement implanté
dans le Bilād aš-Šām et le pays véritablement organisé sous le sultan Sulaymān al-Qānūnī
(1520-1566).

L’organisation de la Province de Damas sous les Ottomans

2 Les principales modifications qu’apporte la nouvelle organisation administrative


touchent la « province de Damas » : l’autorité du gouverneur (wāli) qui, sous Ġazālī,
couvrait une région s’étendant de Maᶜarrat an-Nuᶜmān au nord à al-ᶜArīš au sud, est
fortement restreinte ; le pays est divisé en sandjak ( = liwāᵓ), circonscription administrative
de base dans l’Empire, et la « province » de Damas (eyālet) n’est plus composée que des
sandjaks de Damas, Safad, al-Quds, Nābulus, ᶜAǧlūn, Laǧǧūn, Tadmur, Ṣaydā avec
Beyrouth, al-Karak avec aš-Šawbak. Ces divisions demeureront, grosso modo, tout au long
du XVIe siècle et une partie du XVIIe siècle, jusqu’en 1660, date à laquelle une nouvelle
modification importante sera apportée dans l’organisation de la province méridionale du
Bilād aš-Šām1.
3 A la tête de la Province de Damas se trouve un gouverneur (wāli) assisté d’un lieutenant,
mutasallim, chargé de gouverner la Province en son absence2. Nommé pour un an
renouvelable, le gouverneur est mentionné dans les documents ottomans sous le titre de
beylerbey ou mir i-mirān, et les sources locales le nomment quelquefois, traduction arabe
8

de ce dernier titre, amīr al-umarā’, mais plus généralement nāᵓib aš-Šām continuation de
l’emploi de la terminologie mamelouke, ḥākim, kāfil et plus simplement wāli. Il réside dans
l’ancienne demeure des gouverneurs mamelouks, le Dār as-Saᶜāda, située au sud-ouest de
la Citadelle. Il bénéficie durant son mandat d’une concession (ḫāṣṣ), de revenus de villages
et de leurs terroirs d’un montant annuel de 1.000.000 d’aspres, revenus auxquels
s’ajoutent ceux tirés de la perception de divers impôts et taxes levés pour des services
d’intérêts public et des attributions de charges.
4 Le wāli a sous son contrôle direct la ville de Damas et son liwāᵓ divisé en 48 nāḥiya ; les
autres sandjaks sont gouvernés par des sandjakbeys, tous subordonnés cependant au wāli
de la province. Outre l’obligation qui leur est faite de conduire en personne, quand l’ordre
leur en est donné, les forces militaires dont ils disposent, les autres fonctions du
gouverneur, comme celles des sandjakbeys, sont bien connues dans la Province de Damas,
d’après les décrets sultaniens. Ils sont chargés de maintenir en état tous les bâtiments
publics (mosquées et écoles, mais aussi forteresses et ponts) et d’assurer le maintien de la
loi et de l’ordre dans leur circonscription administrative respective, c’est-à-dire, durant
notre période, de prévenir toute incursion bédouine, toute agitation locale et de réprimer
tout soulèvement. Il incombe aussi au wāli de coopérer avec le defterdār en lui fournissant
des troupes pour la collecte des impôts, dont le montant annuel pour l’eyālet de Damas
passe de 8.500.000 aspres en 1523 à 15.800.000 aspres en 1568. Enfin une tâche particulière
et importante est assumée par le gouverneur de Damas : il doit fournir une escorte
militaire à la caravane du Pèlerinage damascain vers les Villes Saintes, pour assurer sa
sécurité, à l’aller et au retour.
5 Pour mener à bien ces diverses tâches, le wāli dispose d’une force armée, dont le nombre
semble avoir été fort fluctuant au cours du XVIe siècle. Cette force, surtout composée de
fantassins, repose sur le corps des Janissaires, recrutés par le devshirme, dont le rôle et
l’influence, au moins dans la ville de Damas, ne cesseront de croître vers la fin du XVIe
siècle. Mille de ces derniers sont envoyés à Damas au lendemain de la reconquête de la
ville et de la province en 1521, pour parer vraisemblablement à tout nouveau
soulèvement et affirmer la présence de l’autorité de l’État ; ce nombre, important, ne
semble pas avoir été maintenu par la suite, mais les sources n’apportent point de
renseignements sur ce sujet3. Le corps des Janissaires, commandé par un āġā envoyé
d’Istanboul, est divisé en petites unités (bölük), dont certaines sont cantonnées dans la
Citadelle de Damas, la plus importante de la province ; d’autres sont établies dans la ville,
dans des casernes (oda), et le reste des unités est dispersé dans les nāhiya du sandjak,
assistées comme à Damas par des militaires d’autres corps, fantassins et cavaliers. Ils
assurent la sécurité des grandes voies de communication, mais ils sont surtout chargés du
maintien de l’ordre dans les villes, du moins à Damas. Ils fournissent le contingent de
militaires chargé d’assister le defterdār dans la collecte des impôts, notamment à Alep et
dans sa région, où les abus qu’ils commettront les rendront totalement impopulaires.
6 A côté du corps des Janissaires, le gouverneur dispose d’une force de cavaliers sous le
commandement d’un alay-beg, et connue sous le nom général de sipahi. Chacun d’eux est
titulaire, selon son grade, de la concession des revenus de villages de la province (timār, zi
ᶜāmet ou ḫāṣṣ) ; en contre-partie, le sipahi doit assurer un certain nombre d’obligations
militaires : il doit répondre surtout à tout ordre de mobilisation en cas de guerre ; leur
principal devoir semble avoir été, aux XVIe et XVIIe siècles, d’assurer, cantonnés dans des
forteresses, la sécurité de la route du Pèlerinage damascain. Dans le dernier quart du XVIe
siècle, pour les trois provinces d’Alep, Damas et Tripoli, le nombre des sipahi s’élève, selon
9

une source ottomane, à 8263. Pour le seul liwāᵓ de Damas, les registres des timars
mentionnent en 1529, 5 titulaires de ziᶜāmet et 451 timariotes ; en 1548, le nombre de zaᶜ
īm s’élève à 16, celui des timariotes à 397 ; en 1568, les timariotes sont 366 4. Si la majorité
des sipahi sont d’origine rūmi5, d’anciens mamelouks, peu nombreux, et quelques chefs
locaux sont cependant intégrés dans le système des timars.
7 La réaction ottomane, violente lors de la rébellion de Ġazālī, liquide plus complètement le
régime mamelouk en Syrie qu’il ne l’est en Egypte ; avec l’introduction du pouvoir
ottoman direct, un nouveau recensement plus complet des biens et des personnes est
effectué, qui sera repris par la suite à intervalles réguliers : les impôts dans les villes et les
campagnes sont méticuleusement définis, détaillés et enregistrés. A la suite de ce
recensement, toute la Syrie est placée sous le contrôle d’une seule administration
financière, dont le responsable, le defterdār, directement nommé par Istanboul est établi à
Alep. A Damas, il est représenté par un katḫudā, les registres des timars étant tenus par
un second fonctionnaire. En 975/1567, les Trésors d’Alep et de Damas sont séparés, et un
poste de defterdār dépendant dTstanboul est créé pour la province de Damas ; le mandat
de ces hauts-fonctionnaires, d’origine rūmi ou persane, est d’une plus longue durée que
ceux du gouverneur ou du Grand-Juge, avec lesquels ils collaborent étroitement. Le
defterdār est assisté de fonctionnaires subalternes (kātib), et la collecte des impôts est
effectuée par l’intermédiaire d’agents rémunérés (amin), de ṣūbāšī ou par affermage ; les
revenus collectés annuellement sont envoyés à Istanboul où ils sont reçus au début de
l’année fiscale.
8 Le troisième haut-fonctionnaire, à Damas comme ailleurs dans l’Empire, est un religieux,
le Grand-Juge (qāḍi l-quḍāt) ; pratiquement toujours rūmi, il est de rite hanéfite, rite
officiel de l’État ; la totalité de la province est sous sa juridiction, et il est responsable du
maintien de l’ordre économique et social, une responsabilité fort vaste qui suppose des
activités nombreuses et variées, relevant du domaine judiciaire bien entendu, mais aussi
du politique, du militaire et de l’administratif. Les sources, cependant, ne précisent pas
clairement les limites de ce champ d’activités, et n’indiquent pas non plus comment, dans
le cas où elles interfèrent avec les attributions d’autres fonctionnaires, celle du wāli par
exemple, les conflits sont résolus. Dans la pratique, l’importance des pouvoirs du Grand-
Juge semble surtout dépendre de la personnalité du titulaire du poste, de la conception
qu’il peut avoir de son rôle, mais aussi des circonstances dans lesquelles se déroule son
mandat6. Quoi qu’il en soit, le Grand-Juge exerce ses diverses activités à travers un
système de représentants (nāᵓib), hanéfites comme lui, et des trois autres rites, et d’autres
agents subalternes, en majorité d’origine locale ; les nāᵓ ib siègent dans les cinq différents
tribunaux de la ville de Damas et dans les huit circonscriptions (nāḥiya) juridiques du liwā
ᵓ (connues sous le nom général d’al-barr) ; les juges des grandes agglomérations de l’eyālet
sont aussi subordonnés au Grand-Juge.
9 Jusqu’au début du troisième quart du XVIe siècle, la situation dans le Bilād aš-Šām est
caractérisée, après l’introduction du pouvoir ottoman direct, par un calme relatif tant
dans les villes que dans les campagnes. Les différents wāli qui se succèdent tiennent
fortement les villes ; ils contiennent, sans pouvoir cependant la réduire totalement,
l’agitation bédouine qui demeure un danger pour la sécurité des campagnes, de la route
du Pèlerinage et des voies de communications en général ; ils s’efforcent de maintenir,
pour mieux les contrôler, dans les différentes régions de petits pouvoirs locaux qui
s’équilibrent, sans cependant être assez puissants pour contrebalancer l’autorité
ottomane ou s’y opposer durablement. Cette politique révèlera à long terme la faiblesse
10

de l’Empire, quand, vers la fin du siècle, émerge Faḫr ad-Dīn al-Macnī, qui se taille aux
dépens des pouvoirs ottoman et locaux un vaste domaine.

La fin du XVIe siècle : une période troublée

10 Dans le dernier quart du XVIe siècle, on assiste dans le Bilād aš-Šām à un déclin de
l’autorité des gouverneurs qui correspond à la décadence générale qui s’amorce dans
l’Empire Ottoman. Avec Sulaymān le Législateur (1521-1566) prend fin la série des sultans
énergiques et compétents et commence l’avènement de sultans médiocres et incapables
— avec une seule exception, mais postérieure à notre période, celle de Murād IV
(1623-1640) — portés au pouvoir par des intrigues de palais.
11 Militairement, la conquête de l’importante place fortifiée qu’est l’île de Chypre en 1570-71
est l’une des dernières grandes victoires ottomanes du XVIe siècle ; elle est suivie de la
défaite navale de Lépante en octobre 1571 : l’Empire, malgré les efforts prodigués pour
reconstruire en un hiver une nouvelle flotte, ne retrouvera plus la suprématie en
Méditerranée orientale. L’affaiblissement militaire de l’Empire Ottoman va être plus
manifeste au cours des guerres qu’il soutient entre 1578 et 1606, en Europe centrale
contre les Habsbourg et dans l’Est contre les Safavides. Les victoires obtenues contre les
Persans entre 1578 et 1590, celle obtenue en 1596 contre les Habsbourg et leurs alliés, sont
remises en question quand, après 1603, les Ottomans doivent lutter simultanément sur les
deux fronts, et faire face aux révoltes qui ne cessent de désoler, depuis de longues années,
l’Anatolie puis la Syrie septentrionale, pour toucher Damas au début du XVIIe siècle.
12 Ce quart de siècle de guerres ininterrompues sur les fronts est et ouest, par les lourdes
demandes qu’il impose au Trésor, contribue à aggraver la crise économique à laquelle fait
face l’Empire ; ce dernier connaît, dans cette seconde moitié du XVIe siècle, une
importante hausse des prix des denrées essentielles7, résultant en partie du commerce
entretenu avec les pays européens el du flot de métal précieux qui se déverse dans
l’Empire, entraînant une grave inflation, qui aboutit à la première grande dévaluation de
15848, amplement traitée par les chroniqueurs ottomans. Cette inflation va avoir de
profondes répercussions sur le fonctionnement de l’appareil d’État ; le montant des
impôts depuis longtemps fixé en monnaie stable diminuant fortement, le gouvernement
va de plus en plus souvent recourir à l’affermage des impôts et à la levée d’impôts
extraordinaires dont la valeur est déterminée chaque année. Enfin la « frontière » ne
procure plus à l’État, sous forme de butin, des revenus additionnels, et quand des
conquêtes seront réalisées, elles seront une charge pour le Trésor ottoman, qui
subviendra en partie aux dépenses des pays conquis.
13 Les deux institutions fondamentales de l’Empire, le système des timār et le devshirme, vont
rapidement se dégrader vers la fin du XVIe siècle. Les détenteurs de timār, les sipahi
(cavaliers), équipés d’armes médiévales traditionnelles vont céder la place (le phénomène
apparaît déjà sous Sulaymān Ier), à des corps équipés d’armes à feu destinés à combattre
plus efficacement les armées européennes dotées d’armement moderne. Le nombre des
sipahi ne va cesser de décroître, phénomène amplifié par l’inflation que connaît l’Empire :
les petits timār seront en effet confisqués quand leurs détenteurs obligés de servir en cas
de guerre, seront, en raison de la forte réduction de leurs revenus, dans l’incapacité de
s’équiper.
11

14 Le corps des Janissaires va par contre s’accroitre en nombre : des Musulmans libres, turcs
ou non, vont être admis en leur sein, malgré un décret sultanien promulgué dès 1577 et
prohibant, pour la province de Damas, cette pratique, qui mine le strict recrutement du
devshirme. Leurs salaires laminés par l’inflation, ils vont, pour se procurer des revenus
additionnels, à Damas comme partout ailleurs dans l’Empire, s’engager dans le commerce,
l’artisanat, acquérir des biens fonciers, devenir usuriers9 et tenter d’une manière générale
de s’approprier, aux dépens de l’État, les richesses urbaines ; chargé, chaque année, de la
levée des impôts dans la Province d’Alep, le ǧund de Damas, appelé aussi à combattre les
révoltés au nord d’Alep, opprime les populations. Ils sont combattus puis rejetés d’Alep au
début du XVIIe siècle par le wālī de la Province. Infiltrés par des non-turcs, engagés
partiellement dans la vie économique, divisés en groupes aux intérêts antagonistes, la
discipline au sein des Janissaires s’en ressent fortement, et ils perdent leur esprit
combatif.
15 Alors que les deux institutions de base de l’Empire ne cessent de se dégrader, l’État
recourt, quand besoin est, à la levée de troupes irrégulières ; des compagnies de jeunes
paysans sans terre, surtout anatoliens, sont constituées : salariés dotés eux aussi d’armes
à feu, ils sont connus dans le Bilād aš-Šām sous le nom général de sakbān (ou quelquefois
sakmān). Quand ils ne sont pas rémunérés ou quand ils sont débauchés par le
gouvernement, ils s’engagent dans les milices personnelles que se constituent certains
pouvoirs locaux dans la région vers la fin du XVIe siècle10, ou forment des bandes écumant
les campagnes. Ce phénomène, quand ces bandes sont menées par un chef de guerre
mécontent, se transforme en une virtuelle guerre civile, connue dans l’histoire, sous le
nom de révoltes Galāli. En Syrie, touchée aussi par ces troubles, la révolte la plus célèbre
est celle menée par Ibn Ǧānbulād dans la région d’Alep ; il vient mettre le siège devant
Damas au début du XVIIe siècle, et se retire vers le nord, moyennant une forte rançon, et
après que ses troupes aient pillé les quartiers extra-muros de la ville11. Ibn Ǧānbulād sera
défait comme d’autres chefs révoltés, par Murād Bāšā alors Grand-Vizir, clans les années
1610.

2. La ville de Damas : Le cadre urbain


16 Désolée par les troubles qui l’agitent à la fin du XIVe siècle, puis saccagée par les Mongols
en 1400, Damas, capitale de la niyāba mamelouke de Sām connaît au cours du XVe siècle un
regain d’activité, moindre cependant que celui qui caractérise Alep, sa rivale du nord12.
Vers la fin du siècle, la ville, à l’image de l’Empire mamelouk, entre dans une nouvelle
période de troubles économiques et sociaux, pratiquement ininterrompus jusqu’à la
conquête ottomane. Les luttes de factions désolent les campagnes et la ville et entravent
le commerce ; l’imposition fiscale et para-fiscale s’alourdit ; les abus de toutes sortes,
confiscation de biens, dilapidation de waqf, extorsion de fonds voire pillage par des
bandes armées, deviennent de plus en plus courants ; ils soulèvent les protestations
fréquentes et violentes de la population damascène, qui accueillera sans déplaisir, en
1516, le vainqueur ottoman13. Damas est désormais rattachée à Istanboul : second centre
politique au moins, dans le Sultanat mamelouk, elle n’est plus alors que la capitale d’un
« modeste pachalik » d’un plus vaste empire ; elle bénéficie cependant économiquement
de cette intégration à l’Empire ottoman, et la caravane du Pèlerinage damascain sera une
source de richesse pour la ville.
12

La vision de la ville

17 Comment se présente, au début de la conquête ottomane, cette ville que Sauvaget


affirmait « plus qu’à demi-ruinée »14 ? Plusieurs visions sont possibles : celle de l’étranger
arrivant pour la première fois dans cette Damas arrosée par le Barada et ses bras. Il est,
tout d’abord, sensible à la situation de la ville, à la limite du « désert », entourée de ses
jardins au spectacle ravissant qui lui fournissent en abondance toutes sortes de denrées et
de fruits. Ensuite, son contact avec la ville donne lieu à une énumération et à une
description admirative, mais sommaire, des monuments les plus importants : la grande
mosquée, la Citadelle, les murailles et bien entendu les bazars ; si, quelquefois des pensées
économiques s’ajoutent au seul spectacle de la ville, Damas est comparée, souvent à son
avantage, à certaines cités européennes. Tel est, par exemple, le point de vue du Rabbin
Bassola, le premier voyageur européen arrivant dans la Damas ottomane en 1522 :
« Damas est une grande ville, deux fois plus vaste que Bologne. Elle est entourée de
murailles et fortifications importantes et d’un fossé. Il y a aussi une citadelle bien
fortifiée et de très beaux marchés ; ceux où le commerce se tient sont couverts.
Damas a une population importante et un commerce actif. On y trouve toutes sortes
d’activités commerciales et artisanales peut-être même plus qu’à Venise. En
particulier, l’artisanat et le commerce de la soie se font sur une grande échelle... La
région jouit en abondance de denrées et de fruits... Le coût de la vie est
approximativement celui que l’on connaît à Venise. Les maisons sont, à l’intérieur,
magnifiques, avec des jardins et des fontaines, et le marché possède aussi des
fontaines à profusion... Au milieu de la ville, près de la place aux marchandises ( ?),
il y a une mosquée, qui est un édifice grandiose. Sa cour intérieure est deux fois plus
vaste que celle de Saint-Marc... »15.
18 Un quart de siècle plus tard, en 1547, Damas impressionne aussi favorablement Belon du
Mans ; sa description plus détaillée mais aussi plus nuancée, rejoint celle de son
prédécesseur, le Rabbin Bassola, bien qu’il se garde cependant de toute comparaison avec
l’Europe : il s’étonne devant l’abondance d’eau dont jouit la ville, et remarque la beauté
du bazar ; il s’émerveille devant la Grande Mosquée et note l’existence d’un « Basestan qui
est lieu réputé où l’on vend les plus chères marchandises de la ville ». Il est plus réservé
cependant sur les rues de la ville « étroites et mal droites » et ses maisons qui « y sont
assez bien bâties »16.
19 D’autres voyageurs ont un jugement beaucoup plus sévère, surtout s’ils comparent Damas
à sa rivale du nord, Alep. Chesneau qui passe à Damas à la même époque que Belon du
Mans, en 1549, est beaucoup plus rude envers la métropole méridionale du Bilād aš-Šām ;
seule trouve grâce à ses yeux la situation exceptionnelle dont jouit la ville :
« Et ce dict jour..., arrivâsmes en la ville de Damas située en une fort belle plaine,
l’une des plus belles et plaisantes situations que j’aye point vue en tout le pays du
Grand Seigneur, tant pour la quantité des fontaines, que pour les jardinages et
arbres fruictiers qui y sont de toutes sortes, en si grand habondance qu’il est
impossible de plus, avec prairies et beaux ruisseaux de rivières qui les entourent.
Au demeurant, la ville n’est pas fort peuplée, ne gueres bien bastie. Halep est
beaucoup plus belle ville, plus riche et plus peuplée... »17.
20 Plus tardivement, en 1581, Schweigger, théologien de Tübingen, note aussi avec
admiration la beauté des jardins, l’abondance des fruits. A ses yeux Damas est « grande et
vaste, entourée de hautes et puissantes murailles », il aperçoit « ci et là, de jolies églises
(sic) turques », et pour lui la ville « est pleine de boutiques qui offrent des étoffes de soie...
et des marchandises coûteuses comme pierres précieuses et autres objets » ; il rejoint
13

cependant le sévère jugement émis par Chesneau, quand il remarque, que la ville possède
« de mauvaises habitations »18. Quant aux voyageurs musulmans, les témoignages qu’ils
ont laissés sont encore moins nombreux. Ils ne portent, du moins ceux qui ont été
publiés, que sur la Mosquée des Omayyades ; ce monument demeure, à leurs yeux, le seul
édifice qui, par sa magnificence et son histoire, fait la célébrité de la ville 19.
21 Rencontre-t-on plus de précisions dans les écrits des Damascènes ? Leur vision de la ville,
une ville sainte, illustrée par le souvenir d’Adam, Moïse et Jésus, est, bien entendu, fort
différente. Notons tout d’abord que, exceptée l’œuvre de Badrī20, fort élogieuse, qui date
de la seconde moitié du XVe siècle, aucune description stricto-sensu de la ville n’a été à
notre connaissance rédigée au siècle suivant par un écrivain local21. Dans la majorité des
nombreuses œuvres qui nous sont parvenues, ce sont avant tout les monuments religieux
qui retiennent l’attention des écrivains damascènes. Ils en retracent rapidement
l’histoire, mais ne donnent que rarement ou sommairement leur description22. Quelques
phrases concernent les promenades habituelles des habitants locaux, lors de certaines
fêtes saisonnières, à Rabwa, Nayrab ou dans la Ġūṭā23. Un véritable guide des différents
« lieux saints » à visiter à Damas est écrit à l’intention des pèlerins24 ; mais il n’y a rien sur
les rues ou le visage particulier de l’ensemble de la ville.
22 Pourtant cette dernière ne demeure pas totalement absente de ces souvent longues et
savantes compilations, et plus particulièrement de l’une des œuvres, malheureusement
incomplète, de l’écrivain damascène Ibn Ṭūlūn25. En rapportant certains événements,
troubles civils, incendies, l’arrivée des Ottomans, Ibn Ṭūlūn fournit des renseignements,
fort fragmentaires il est vrai, sur certains édifices civils ou militaires. La Citadelle,
entretenue et occupée, domine la ville, et un large fossé, que l’on peut remplir d’eau,
l’entoure sur ses quatre côtés26 ; les murailles, dont certaines parties ont été remises en
état, au cours du quart de siècle précédant l’entrée des Ottomans27, sont cependant,
comme la Citadelle, envahies par des constructions parasites28. Hors-les-murs, dans les
faubourgs, l’existence de fortifications plus légères est attestée ; elles sont restaurées et
renforcées, ou après avoir été détruites, reconstruites29. Dans la ville intra-muros, la
Qisāriyyat al-Qawwāsin, entrepôt d’armes, à plusieurs reprises pillée durant les troubles,
est transformée lors de l’arrivée de Salīm Ier dans Damas, en cuisine pour lui-même et sa
suite30.
23 Au-delà des faubourgs, dans le Marǧ occidental et Rabwa, les palais ou maisons d’été (
quṣūr wa-ǧawāsiq) des grands notables de la ville qui surplombent le Midān al-Aḫḍar et le
Qaṣr al-Ablaq sont, au début de la période ottomane, abandonnés et disparaissent pour la
plupart31. Sur l’habitat proprement dit, les informations sont encore plus discontinues et
imprécises : certes, attaques, pillages et incendies de maisons, voire de quartiers tout
entiers, se succèdent dans l’histoire d’Ibn Ṭūlūn, mais il est difficile d’apprécier l’étendue
des dommages. Les quartiers extra-muros sont les plus touchés, mais des incendies,
souvent criminels, et de grande ampleur, se déclarent aussi, dans les quartiers autour de
la Grande Mosquée, détruisant habitations et marchés32.
24 Ibn Ṭūlūn met bien entendu l’accent, suivant en cela ses maîtres, sur les édifices religieux.
Il note impitoyablement l’état d’abandon, voire de ruines, dans lequel nombre d’entre eux
se trouvent, à la suite des pillages qui désolent la ville33, de la dilapidation ou de la vente
des waqfs consacrés à leur entretien, et d’appropriations illégales34. Sous Ǧānbirdī, les
malversations de certains intendants de madrasa se poursuivent35 ; l’entrée des Ottomans
dans la ville occasionne aussi des déprédations, lorsque certains lieux de culte sont
occupés par les soldats36. Ibn Ṭūlūn qui rapporte, avec réprobation, ces pratiques, ne
14

manque pas cependant de noter, souvent avec quelque étonnement, les constructions ou
restaurations entreprises sur l’ordre du sultan Salīm ou dans la courte période du
gouvernement de Ǧānbirdī ; il décrit, avec satisfaction, les divers travaux de rénovation
entrepris dans la Mosquée des Omayyades37, dans quelques madrasa ou bâtiments publics
et l’érection de la takiyya du sultan à Ṣāliḥiyya38.
25 C’est donc le tableau d’une ville malgré tout déchue qu’offre cet auteur ; sa vision
contraste avec les « descriptions » souvent admiratives de certains des voyageurs
occidentaux qui visitent la Damas au début de la période ottomane. Mais peut-on
affirmer, comme le faisait Sauvaget, que les Ottomans ont trouvé lors de leur arrivée une
ville à « demi-ruinée » ? Remarquons en effet à nouveau qu’Ibn Ṭūlūn, comme ses
prédécesseurs, ou successeurs, perçoit essentiellement la ville à travers ses monuments
religieux : c’est donc avant tout la déchéance de ces derniers, et non celle de la ville qui
est notée.

Les constructions dans la ville au XVIe siècle

26 Pourtant l’opinion d’Ibn Ṭūlūn, et, dans une certaine mesure, l’affirmation de Sauvaget,
sont en partie confirmées si l’on prend en considération les réalisations qui se succèdent
tout au long du XVIe siècle. L’impression générale qui se dégage de la lecture des rares
sources disponibles trouve son illustration dans le tableau ci-joint ; bien qu’il ne soit pas
exhaustif, il indique clairement que la ville de Damas connaît durant quatre vingts années
des activités de constructions remarquables. Les restaurations sont peu nombreuses, et ce
sont avant tout les réalisations monumentales qui retiennent l’attention : apparemment
l’intention manifeste des dignitaires ottomans est, plutôt que de restaurer des bâtiments
existants, de leur substituer de nouveaux édifices.
27 Inauguré avec les bâtiments construits par le sultan Salīm Ier à Ṣāliḥiyya, sur la tombe
d’Ibn ᶜArabī, le mouvement se poursuit et les constructions se multiplient au cours de
cette période. Elles sont, jusqu’à la moitié du XVIe siècle, plutôt l’œuvre de notables de la
ville ; à cette date, avec le wālī Aḥmad Šamsī Bāšā, de nombreux gouverneurs, qui se
succèdent à la tête de la Province, deviennent les principaux réalisateurs de monuments
qui sont érigés dans la ville. Leur zèle, stimulé par l’exemple du sultan Sulaymān qui
construit son grand complexe dans le Marǧ, ne se démentit pas, et le mouvement
s’intensifie dans le dernier quart de siècle.
28 Les constructions monumentales comprennent avant tout des édifices religieux
(mosquée, takiyya) auxquels sont quelquefois adjointes une école (maktab) dispensant un
enseignement primaire et une « cantine » (maṭbaḫ) qui prépare des repas destinés à être
offerts gratuitement aux pauvres (fuqarāᵓ). La construction de bâtiments à vocation
économique n’est cependant pas négligée : des sūq et des ḫān sont bâtis, comme aussi des
bains et des fours à pain, ou des ponts pour faciliter la circulation dans la ville. Quand
l’espace le permet, mais les cas sont rares, les divers édifices sont érigés d’un seul tenant,
selon le concept du complexe ottoman. D’une manière générale cependant, les
monuments religieux sont construits dans les quartiers hors-les-murs, sur le grand axe
nord-sud qui longe les murailles et qu’emprunte la caravane du Pèlerinage ; les bâtiments
à vocation économique (sūq et ḫān) sont par contre édifiés dans la ville intra-muros, dans
le secteur situé à l’ouest de la Mosquée des Omayyades, sur l’emplacement d’anciens
bâtiments, mais aussi de maisons particulières : les principales activités économiques de
15

la ville tendent à être regroupées dans un espace bien délimité, qui connaît une extension
remarquable due à l’intensification des échanges au sein de l’Empire.
29 Ces réalisations, dont les bâtiments principaux sont les édifices religieux, sont consacrés
en waqf. Elles sont richement dotées de revenus de bien-fonds ruraux, de villages entiers
parfois, de moulins, et d’autres bâtiments à vocation économique, comme les sūq et les
ḫān. Ces revenus sont destinés à subvenir aux dépenses d’entretien des édifices religieux,
mais aussi à régler les salaires des employés attachés aux fondations. En effet, non
seulement des bâtiments sont érigés avec la participation d’artisans locaux et pour leur
bénéfice, mais de nombreuses fonctions permanentes, religieuses et domestiques, sont
créées, qui sont remplies dans leur majorité par des Damascènes. Ainsi, outre un certain
nombre d’imām, ḫaṭib ou muᵓaḏḏin, trente récitants du Coran sont employés dans la
fondation du sultan Salīm Ier à Ṣāliḥiyya ; dans la mosquée de Darwīš Bāšā, quelque
cinquante-cinq personnes perçoivent, à divers titres, un salaire, et seize étudiants, dont
toutes les dépenses sont couvertes par les revenus de la fondation, suivent un
enseignement.

Les dimensions et la population de la ville

30 Quelles sont les dimensions de la ville ? Notre intention n’est pas de mener ici une étude
topographique de Damas qui dépasserait le cadre du présent travail ; nous nous
contenterons de donner une image approximative de son étendue géographique au XVIe
siècle et plus particulièrement au début du XVIIe siècle, afin de circonscrire le cadre dans
lequel s’intègrent les fondations objets de notre étude. Nous nous référerons aux travaux
déjà effectués et aux sources connues, que nous compléterons par les recensements
ottomans auxquels nous avons pu avoir accès.
31 Nous possédons sur la ville de Damas quelques points de repères : ses murailles et ses
portes ; le tracé des premières est bien connu, et l’emplacement des secondes existe, pour
la plupart d’entre elles, à l’heure actuelle39 ; ces points de repères permettent de délimiter
avec exactitude la ville intra-muros, dont la superficie s’élève à quelque 130 ha. L’étendue
géographique de Damas est cependant bien plus grande : la ville a débordé ses murs au
nord, à l’ouest et au sud, et l’on ne peut la dissocier des « faubourgs » qui la prolongent
au-delà de l’enceinte, et qu’un voyageur européen estime, avec quelque exagération,
« deux fois plus grande que la ville »40. En effet, au-delà de certains particularismes ou de
l’éloignement de la Damas intra-muros, les faubourgs et celle-ci sont compris comme une
seule entité, car les liens entre eux sont fort étroits. Ainsi, avec Ṣāliḥiyya41, des
« villages », que des études contemporaines avaient ignorés, sont « administrative ment »
rattachés, dans les recensements ottomans à la ville de Damas ; tel est le cas, par exemple,
de deux « maḥalla », Bayt Liḥyā et al-ᶜAnnāba situées au nord-est de Damas : mentionnées
par al-Badrī42, elles font, pour l’administration ottomane, partie intégrante de la ville
comme le montre la liste de la page suivante43.
16

TABLEAU I. PRINCIPALES CONSTRUCTIONS, RECONSTRUCTIONS OU RESTAURATIONS AU XVI e


SIECLE

32 Damas possède donc 37 maḥalla au milieu du XVIe siècle, un nombre qui demeure
relativement constant jusqu’en 100544, et près des deux-tiers sont situés hors-les-murs.
Malgré l’imprécision des renseignements fournis par ce recensement, et par ceux qui lui
sont postérieurs45, les maḥalla, reportées sur une carte, permettent de suggérer d’une
manière approximative, la surface occupée par la ville. Celle-ci, Ṣāliḥiyya comprise,
couvrirait vers 1550 environ 250 ha, estimation maximum, la superficie des quartiers
extra-muros étant sensiblement égale à celle de la ville intra-muros ; si nous excluons
Ṣāliḥiyya, 18 ha. environ, la ville dans-les-murs et ses faubourgs immédiats couvriraient
230 ha., ces derniers occupant une superficie moindre que la ville intra-muros.

Noms des maḥalla de Damas d’après un registre ottoman datant de 950/1543


environ

33 * Bāb Muṣallā
34 Dāḫil Bāb Tūmā
35 * Qanawāt
36 Faṭiyya ( ?)
37 Bāb Šarqī
38 * At-Taᶜdīl
39 Al-Yahūd
40 Bāb Šarqī (2e fois)
41 Dāḫil Bāb al-Ǧābiya
17

42 * Qanawāt (2e fois)


43 Qaymariyya
44 Al-Ǧanīq ( ?)
45 * Suwayqat Ṣārūǧā
46 * Madrasa AbīᶜUmar (Ṣāliḥiyya)
47 * Ḥammām al-ᶜAllàn (Ṣālihiyya)
48 * Ḥiyākī š-Šarqī (Ṣālihiyya)
49 * Šayḫ Muḥyi d-Dīn ᶜArabī
50 (Ṣāliḥiyya)
51 * As-Sikka (Ṣāliḥiyya)
52 * Qabr ᶜᾹtika
53 * Šāġūr Barrānī (tābiᶜ Ǧāmiᶜ Bāb Šāġūr)
54 Šāġūr Ǧuwwānī (Dāḫil Bāb Ṣaġīr)
55 * Al-Mazābil
56 * Ǧisr al-Abyad (Ṣāliḥiyya)
57 * Ḥammām al-Muqaddam (Ṣāliḥiyya)
58 * Ḥiyākī 1-Ġarbī (Ṣāliḥiyya)
59 * Masǧid al-Qaṣab
60 Bāb Šarqī (3e fois)
61 Bāb as-Salāma
62 * Ḫāriǧ Bāb al-Ǧābiya
63 Naṣārā
64 * Al-ᶜAnnāba
65 * Qubaybāt
66 * Mīdān
67 Nūr ad-Dīn aš-Šahīd
68 Bayn al-Madāris
69 Bāb al-Ḫadrā
70 * Šādī Bek
71 (Les noms des maḥalla sont donnés dans l’ordre où ils apparaissent dans le registre. Les
maḥalla précédées d’un astérisque sont situées extra-muros ; celles dont la lecture et/ou la
localisation ne sont pas certaines sont suivies d’un point d’interrogation).
72 Cependant un examen rapide des sources montre que la ville occupe une surface plus
restreinte : intra-muros, au sud-est, un grand jardin, le Bustān al-Qiṭṭ, est vide
d’habitation ; hors-les-murs, des espaces libres souvent fort vastes s’étendent : par
exemple, la grande place sous la Citadelle, où se tiennent des marchés quotidiens ou
hebdomadaires, ou les grands cimetières situés sur la périphérie de la ville, et qui, pour
certains, pénètrent dans la zone habitée46 ; d’autres, de dimensions réduites, existent à
l’intérieur des quartiers ; enfin l’existence de jardins est attestée dans la zone urbanisée47.
18

73 A ces espaces vides, dont l’étendue ne peut être mesurée, il faut ajouter la surface
importante occupée par les édifices religieux48, civils (ḥammām notamment) et militaires :
la Citadelle (avec son fossé) et la Grande Mosquée, les deux monuments les plus
importants de Damas, couvrent quelque 5 ha ; dans certaines sections de la ville, les
bâtiments religieux sont particulièrement nombreux : à Ṣāliḥiyya, et dans les murs, au
nord, à l’ouest et au sud-ouest de la Mosquée des Omayyades, où une maḥalla porte le nom
révélateur de Bayn al-Madāris49. Même si ces bâtiments servent de logement aux gens de
passage, ou sont occupés d’une manière permanente, la surface totale utile de la ville se
trouve ainsi fort réduite : sans que l’on puisse avancer avec certitude un chiffre, elle ne
devait sans doute pas dépasser, Ṣāliḥiyya comprise, les 200 ha.
74 Quel est le nombre de « foyers » que la ville renferme, et comment se répartissens-ils sur
sa superficie de 200 ha. ?
75 Les remarques des voyageurs cités plus haut sur la population de la ville rejoignent, bien
entendu, les impressions qu’ils ont de cette dernière : pour l’un, Damas, « a une
population importante », tandis que, pour un second, comparée à sa rivale du nord Alep,
elle « n’est pas fort peuplée ». Aucun n’avance cependant de chiffre, qu’il nous faut
trouver dans des documents, qui sont à l’heure actuelle peu exploités et analysés : les
registres de recensements ottomans50.
76 Dès l’entrée du sultan Salīm Ier dans la ville en 922/1516, un comptage des hommes est
entrepris à des fins purement fiscales51, suivi peu après d’un second recensement effectué
sous le gouvernement de Ǧānbirdī 1-Ġāzālī52. Ces deux recensements ne nous sont pas
parvenus, mais au cours du XVIe siècle, de nombreux dénombrements sont réalisés pour
tout le Bilād aš-Šām et pour la ville de Damas : les chiffres globaux de trois d’entre eux,
ceux de 950/1543, de 955/1548 et de 977/ 1569, ont été publiés par A. Bakhit53. Quant aux
chiffres du dernier comptage de « feux » (ḫāna) connu, celui de 1005/1596-97, ils ont été
donnés par Ḥ. Sāḥilī dans un article récent54 ; ces chiffres sont cependant incomplets, plus
particulièrement ceux concernant les Chrétiens et les Juifs, en raison vraisemblablement
de lacunes existant dans l’exemplaire du registre utilisé par Sāḥilī ; nous les avons donc
fait suivre par les chiffres que nous avons obtenus en dépouillant un registre conservé au
Centre des Archives de ᶜAmmān.
77 Des chiffres ci-dessous, une constatation s’impose : si l’on néglige, pour les raisons
avancées par Barkan, le premier recensement dont les chiffres sont particulièrement
élevés, la population de Damas a augmenté jusqu’au milieu du XVIe siècle, pour décroître
sensiblement jusqu’à la fin du siècle ; cette constatation est conforme aux idées énoncées
par Barkan sur la baisse démographique que connaissent les villes arabes par rapport aux
autres villes de l’Empire, en Anatolie et en Roumélie. La situation est sans doute beaucoup
plus complexe : la taille d’une ḫāna, dont la définition fiscale demeure vague, a pu varier
et recouvrir selon les régions géographiques et les périodes des réalités différentes 55.
19

La population de Damas au XVIe siècle

Note (2)56
Note (3)57
Note (4)58
Note (5)59
Note (6)60

78 Une remarque semblable s’applique à la notion de muǧarrad (mâle célibataire) : l’âge


auquel un enfant est enregistré comme muǧarrad a pu être abaissé par les agents du fisc,
qui ont pu aussi redéfinir leurs catégories fiscales, et préféré enregistrer comme muǧarrad
des militaires par exemple. Cependant l’augmentation importante en nombre et en
pourcentage des muǧarrad dans le dernier recensement peut résulter de la nécessité de
retarder le mariage en raison d’opportunités économiques limitées ; il peut aussi provenir
d’apports extérieurs à la ville, paysans en quête de travail ou fuyant les troubles
économiques et sociaux que connaissent les campagnes ; enfin il peut s’agir d’une
augmentation réelle de l’accroissement naturel, produisant une population plus jeune
d’hommes en âge d’être mariés61.
79 Sans pouvoir proposer de réponse définitive à ce problème, que des recherches
ultérieures, portant sur l’ensemble du Bilād aš-Šām, villes et campagnes, permettront
sans doute d’éclairer, il convient, cependant, de prendre note du témoignage d’un
Damascain qui écrit vers 999/1590 : pour Ibn Ayyūb, qui rapporte avec quelque détail la
grave crise frumentaire qui affecte la population en 99962, la ville de Damas connaît,
malgré tout, en cette fin de siècle, une certaine reprise économique et ses habitants, dit-il,
« sont aujourd’hui innombrables »63. S’il convient de considérer avec prudence
l’argumentation de ce chroniqueur, il est à remarquer que trois nouveaux quartiers (deux
maḥalla et une ḥāra) créés ou nés vraisemblablement vers la fin du siècle, sont mentionnés
dans le dernier recensement de 1005/1596-97 : ils attestent, si ce n’est un accroissement
de la population, du moins une certaine extension de la surface urbanisée et l’arrivée de
populations nouvelles64.
80 En possession du nombre de ḫāna, quel multiplicateur, qui représenterait le nombre
moyen de personnes que comprend le « feu », adopter afin de proposer un chiffre pour la
population de la ville ? Les rares chercheurs qui ont travaillé sur la démographie de
l’Empire Ottoman, ont utilisé, avec beaucoup de réserve, des multiplicateurs variant de
4,5 à 765. Barkan a adopté le multiplicateur moyen de 5, et pour tenir compte de certains
groupes exclus des recensements (Janissaires, esclaves de l’Empire), a majoré de 10 % le
20

chiffre obtenu ; il avance ainsi pour la ville de Damas à la fin du XVIe siècle un total de
population de 42.779 personnes66. Si nous partons de nos propres chiffres, en ajoutant
toutefois le nombre des muǧarrad, nous obtenons, selon la méthode de Barkan, un total de
44.654 habitants. La densité de population serait donc, pour une superficie que nous
avons estimé à deux cents hectares, de 220 habitants / ha., un chiffre qui paraît fort bas.
81 Si nous admettons par contre que chaque famille comptait trois à quatre enfants en
moyenne, que les familles les plus riches possédaient, souvent, une domesticité
nombreuse67, et que la population flottante (Janissaires et ceux qui en cette fin de siècle
leur sont assimilés, commerçants, étudiants et divers autres migrants installés dans la
ville pour de longues périodes), bien que difficilement chiffrable, était assez importante,
il parait opportun de retenir comme multiplicateur le nombre 7 — chiffre maximum —
qui prendrait en compte ces divers éléments ; Damas aurait donc compté, au début de l’an
mil de l’Hégire, quelque 57.000 habitants, soit une densité de 285 habitants / ha. environ ;
cette évaluation, beaucoup plus élevée certes que celle proposée par Barkan, nous paraît
cependant devoir être retenue comme une estimation maximum de la population de la
ville : celle-ci doit vraisemblablement osciller autour des 55.000 habitants.
82 Comment se répartissent, à la fin du XVIe siècle, les 7934 ḫāna dans la ville, qui peut être
divisée en quatre grands ensembles ; outre la ville intra-muros clairement délimitée, trois
autres ensembles géographiques peuvent être dégagés, grossièrement, dans la ville extra-
muros : les faubourgs septentrionaux (Ṣāli-hiyya et ses 610 ḫāna exclus), occidentaux et
méridionaux ;

Note (1)68

83 Du tableau ci-dessus, deux constatations s’imposent, dont la seconde soulève le problème


de la validité du recensement et du crédit qui peut lui être accordé. Tout d’abord, les
communautés non-musulmanes sont très fortement concentrées dans la ville intra-muros,
et plus particulièrement sa partie orientale. Cette concentration, qui apparaît avec moins
d’évidence dans les registres antérieurs, doit être en partie attribuée à la politique
ottomane ; en accordant en effet une large autonomie administrative aux minorités sous
l’autorité de leurs chefs religieux, elle incite ces derniers à se regrouper dans des
21

quartiers bien délimités, un phénomène qui est, par ailleurs, accentué par l’insécurité
politique et économique qui règne en cette fin de siècle, et qui fait jouer les solidarités
communautaires.
84 La répartition des feux entre la ville intra-muros et les faubourgs apparaît tout à fait
remarquable. Il ressort en effet du tableau précédent que plus des deux tiers des ḫāna
sont localisés dans la ville extra-muros, dont la superficie est, selon nos estimations,
inférieure à celle de la ville dans-les-murs. Cette disproportion qui est, pour le moins,
extraordinaire, fait douter d’une part de la qualité de ce comptage d’hommes effectué à la
fin du XVIe siècle, et nous amène d’autre part à supposer l’existence dans ce registre de
lacunes qui la justifieraient. Néanmoins, malgré ces réserves, cette différence doit reflèter
la réalité de la densité de l’habitat entre les deux parties de la ville ; les quartiers extra-
muros sont occupés, pour certains, par des classes populaires et les maisons d’habitations,
de petites dimensions, y sont fortement serrées, alors que dans la ville intra-muros
existent de larges secteurs vides d’habitants permanents : le Bustān al-Qitt par exemple,
la Citadelle, les multiples édifices religieux et surtout des bâtiments à vocation
économique dont le nombre s’est accru au XVIe siècle ; le secteur des sūq où ils sont
concentrés s’est peu à peu étendu aux dépens de zones d’habitations, forçant la
population à s’installer hors-les-murs.
85 La démographie de la ville de Damas requiert sans nul doute des recherches plus
profondes et les remarques qui précèdent doivent être considérées comme un premier et
rapide bilan. Ajoutons toutefois, pour clore ce chapitre sur la population, que Damas est
par le nombre de ses « feux » (7934), la cinquième ville de l’Empire à la fin du XVIe siècle :
située fort loin derrière Istanboul, qui est une énorme métropole, et le Caire à laquelle
Léon l’Africain attribue « 25.000 feux »69, elle est aussi dépassée par Brousse, l’ancienne
capitale, qui compte quelque 12.000 ḫāna70, et par Alep qui atteint le chiffre de 8.430
« feux »71.
86 Bien qu’elle ne regroupe pas 8 % de la totalité des ḫāna de la Province72, l’agglomération
de Damas demeure la première de la Syrie centrale et méridionale.

NOTES
1. Barbir, Ottoman rule in Damascus, 102 Tableau 3, donne d’après Kunt, Sancaktan eyalett, la liste
des sandjaks de tout le Bilād aš-Šām en 1527 ; il ne précise pas lesquels forment à cette date la
province de Damas, ou sont subordonnés au gouverneur de Damas ; une certaine confusion
s’ensuit, du fait que le tableau porte le titre de « Division de la Province de Damas, 1527-1641 ».
2. L’existence d’un conseil (dīwān) n’est pas clairement établie par les sources ; Heyd, Ottoman
Documents, 88, mentionne un dīwān (dīvan) qu’il traduit en note 1 par « the provincial
government » ; Muḥibbī, I, 201 mentionne aussi un dīwān vers le milieu du XVIIe siècle.
3. Dans un document publié par Heyd, Ottoman Documents, 72, le sultan ordonne l’envoi sur le
front persan en 1578 de 300 « Janissaires de Damas » ; dans d’autres documents, ibid, 73, il
ordonne l’envoi de 500 Janissaires ; dans aucun n’est précisé cependant le nombre total des
membres de cette force stationnée à Damas. En 1602, un consul vénitien estime à 1500 la force
22

des Janissaires de Damas, Berchet, Relazioni, 127. Des chiffres sont donnés pour des périodes
postérieures par Rafeq, Local Forces, 283, et Barbir, Ottoman rule, 95 tableau 2.
4. Pour le détail de ces chiffres, v. Bakhit, The Province of Damascus, 105-106.
5. C’est ainsi que les sources arabes désignent les ottomans d’origine non-arabe.
6. En l’absence du wālī, le qāḍī l-quḍāt peut assurer des obligations d’ordre militaire, Heyd,
Ottoman Documents, 69-70 ; c’est le qāḍi l-quḍāt qui, en compagnie du defterdār de Damas, assume la
responsabilité de la défense de la ville assiégée par Ibn Ǧānbulād, Bûrini, Tarāǧim, II, 277 ; un
exemple de Grand-Juge à la forte personnalité est donné par Muḥibbī, Ḫulāṣa, I, 172-3 ; v. aussi
ibid., I, 263 ; pour d’autres ayant peu d’intérêt dans l’application de la loi, ibid., I, 94, 111-112, 131 ;
pour ceux accusés de corruption ou d’appropriation illégale de biens, ibid., I, 208-9 ; III, 463-4 ; IV,
32 et 394.
7. Barkan, The price révolution, 3-28.
8. De 100 dirham, l’État frappe 800 akçe, alors qu’il n’en frappait que 450 antérieurement ; le prix
de la pièce d’or ottomane va passer, en conséquence, de 60 à 120 akçe, v. Sahillioglu, Sivis year
crisis, 240.
9. Le plus récent exposé sur ces développements particuliers dans le Bilād aš-Šām est celui de
Ḥamūd, Ḥarakāt al-ᶜaskar, 204 sq.
10. Ḥamūd, Ḥarakāt al-ᶜaskar, 170 sq.
11. Būrini, Tarāǧim, II, 276 sq.
12. Lapidus, Muslim cities, 25-29, sur la crise plus générale que connait l’Empire mamelouk à la fin
du XIVe siècle ; 32-38, sur le renouveau économique de la Syrie.
13. Lapidus, Muslim Cities, 38-43, 149-151, 153-163 ; Barġūt, Ǧawānib iǧtimāᶜyya, 399- 409 ; et
surtout Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, qui rapporte dans le détail tous les épisodes des troubles qui
désolent la ville.
14. Sauvaget, Esquisse, 467, qui fait remonter cette déchéance au passage des Mongols ; cette
affirmation est reprise dans Raymond, Conquête, 117 ; les idées de Sauvaget, sont aussi celles
d’Abdel Nour, Habitat et fonctions urbaines, 91, dans les quelques lignes lapidaires qu’il consacre à
la Damas du XVIe siècle.
15. Lewis, A Jewish source, 181 ; l’éditeur précise que la « place aux marchandises » serait la
qisariyya (sic) !
16. Belon, fol. 149 v°.
17. Chesneau, 113.
18. Schweigger, 320.
19. Munaǧǧid, Madīnat Dimašq, 295-310, qui public les passages que des voyageurs musulmans ont
consacrés à la ville de Damas ; Ibn Iyās (mort en 1524) sur la Mosquée des Omayyades ; il
mentionne sans donner de texte l’écrivain alépin plus tardif, Sahīh b. Qāsim (mort en 1584) ;
enfin la description très postérieure d’al-Ḫiyārī (vers 1080/1669-70), de la Mosquée des
Omayyades bien entendu, et qui comporte des notations plus générales sur les hammam et les
cafés.
20. Al-Badrī, Nuzhat al-anām fī maḥāsin aš-Šām, Le Caire 1341.
21. Munaǧǧid, Muᶜǧam, 281 sq.
22. Les deux grandes œuvres sont celles d’Ibn Ṭūlūn, Qalāᵓid, qui ne porte que sur aṣ-Ṣāliḥiyya, et
l’ouvrage de Nuᶜaymī, Tanbīh aṭ-ṭālib, qui couvre toute l’« agglomération » de Damas ; un résumé,
plutôt une mise à jour de ce dernier est donnée, quelque cinquante années plus tard, par Ilmawi,
Muḫtaṣar, avec de nombreuses additions.
23. Ibn Ṭūlūn, Ḏahāᵓir, fol. 29 a-b ; ce passage est publié, d’après un autre manuscrit, par Aḥmad
Taymūr, « Waṣf Rabwat Dimašq ».
24. Ibn al-Ḥawrānī, Kitāb ziyārāt aš-Šām, al-musammā l-išārāt ilā amākin az-ziyārāt ; il mentionne les
cimetières qui sont situés à la périphérie de la ville.
23

25. Sur cet auteur, v. EI², s.n., IV, 982-83 ; Munaǧǧid, Muᶜǧam 290-298, qui donne les principales
références.
26. Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, II, 123, quand Ǧānbirdī prend par ruse la Citadelle dont un grand pont,
enjambant le fossé, permet l’accès à la porte orientale.
27. Ibn Ṭūlūn, Iᶜlām, 118 (en 905/1500-1), et traduction Laoust, Gouverneurs, 64.
28. Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, II, 37, quand le sultan Salim Ier en 922/1516, souhaite faire dégager les
alentours de la Citadelle et les murailles des constructions qui l’encombrent ; il abandonne ce
projet devant l’importance de la somme à payer pour dédommager les propriétaires.
29. Ibid., I, 188, 189, 190 (année 903/1497-8) ; II, 100 (926/1519-20) ; Ibn Ṭūlūn, Iᶜlām, 166
(910/1504-5) et Laoust, Gouverneurs, 103 ; ces fortifications sont soit de grandes portes (bawwāba),
munies quelquefois d’archères (marāmi), soit de simples « barricades » (tadārīb). Elles sont situées
à l’intérieur des quartiers, mais aussi aux entrées de la ville.
30. Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, II, 34, 35 ; Laoust, Gouverneurs, 149.
31. Ibn Ṭūlūn, Ḏahāᵓir, fol. 29b ; Taymūr, Wasf, 149.
32. Les mentions d’incendies sont trop nombreuses dans le premier volume des Mufākaha d’Ibn
Ṭūlūn, pour les rappeler toutes ici ; pour les plus récentes, v. par exemple I, 357 (917/1511-12) et
II, 65-66 (923/1517-18) ; en ce qui concerne la Grande Mosquée et ses alentours, citons
l’important incendie qui a eu lieu en 884/octobre 1479 et qui ravage une partie de celle-là et
détruit quelque huit sūq, Sauvaire, Description, JA mars-avril 1896, 226-7 (d’après Ibn Ṭūlūn).
Postérieurement en 930 un incendie éclate dans les mêmes lieux occasionnant de grands
dommages, Ibn Ayyūb, Rawḍ fol. 34b (d’après Ibn Ṭūlūn) et Laoust, Gouverneurs, 177.
33. Ibn Ṭūlūn, Mufâkaha, II, 7, sur la mosquée de Bayt al-Āliha qu’il visite en rabīᶜ II 922/mai 1516.
34. Ibid., I, 346, 349, 353, 378, 380 ; ᶜIlmawī, Muḫtaṣar 86, 91-92, et Sauvaire, Description, JA
septembre-octobre 1894, 262-3 ; sur la Madrasa de Sibay construite avec des matériaux provenant
d’autres édifices, par exemple Ibn Ṭūlūn, Qalāᵓid, 142, 195 ; ᶜIlmawī, Muḫtaṣar, 185.
35. Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, II, 109-110, 113.
36. Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, II, 35 : les soldats ottomans qui logent en majorité chez l’habitant
transforment le Muṣallā l-ᶜĪdayn en ḫān pour leurs chameaux, chevaux et mules, et parquent des
moutons dans la Madrasa ᶜAḏrāwiyya ; en 928/1522, lors du retour en force des Ottomans, les
Damascènes, pour éviter de loger les soldats, réduisent les dimensions des portes de leurs
maisons, et font démolir les écuries, Laoust, Gouverneurs, 160-1.
37. Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, II, 103, 110, 116-7.
38. Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, II, 39 (Ġūriyya), 83 (Dār as-Saᶜāda), 106 (Rabwa), 118 (Ẓāhiriyya
Ǧuwwāniyya) ; sur la takiyya, voir surtout Ibn Ṭūlūn, Iᶜlām, 224-226.
39. Sur les grandes portes de la ville, v. par exemple Badrī, Nuzhat al-an ām, 34-38, qui mentionne
aussi l’existence de petites portes dans les murailles, ouvertes et utilisées quand il est nécessaire ; v.
aussi Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, index, s.v. bāb.
40. Belon du Mans, fol. 149 vo.
41. Située à plus de deux kilomètres de l’enceinte fortifiée, ce « bourg » très particulier est
considéré par les Ottomans comme faisant partie de « l’agglomération de Damas » (nafs i-Šām), v.
Tapu Defteri, n° 401, 21-26, 37 ; n° 263, 113-129 ; n° 521, fol. 71b-78a.
42. Badrī, Nuzhat al-anām, 268 ; Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, I, 167 et 189, mentionne la Maḥallat al-
ᶜAnnāba avec une ḥāra de Samaritains, ce qui est confirmé par les Tapu Defteri postérieurs, par ex.
n° 263, p. 173 et n° 521, fol. 87b-88a ; pour Bayt Liḥyā, v. Tapu Defteri, n° 263, 96, 166 et 173-4. Ces
deux maḥalla étaient approximativement situées sur l’emplacement actuel du quartier de Qaṣṣāᶜ.
43. Tapu Defteri, n° 401, 2-54. Ce Tapu Defteri recense 96 zuqāq dont les noms sont pour la plupart
difficilement déchiffrables. Ce nombre est dans tous les cas incomplet, car pour la majorité des
maḥalla, souvent les plus importantes, aucune « rue » (zuqāq) n’est mentionnée. De plus le terme
maḥalla ne semble pas recouvrir une entité bien définie en population et en étendue ; ainsi le
nombre de ḫāna recensées pour une maḥalla est compris dans une fourchette allant de 22 ḫāna,
24

pour la plus petite (Šādī Bek), à 559, la plus importante (Šāġūr Barrānī) ; pour l’une et l’autre un
seul nom de zuqāq est indiqué. Cette remarque s’applique aussi pour les deux autres
recensements que nous avons dépouillés ; le dernier en date, n° 521 de 1005/ 1596-1597, bien
détaillé, parait le plus complet et recense près de 200 zuqāq. Sur le terme maḥalla, v. Cohen-Lewis,
Population, 41, qui notent aussi la disparité des chiffres de population par maḥalla pour les villes
de Palestine à la même époque.
44. Bakhit, Ottoman Province, 57, donne, d’après le même document que nous avons utilisé (Tapu
Defteri n° 401, de 950/1543-4), le chiffre de 36 maḥalla ; pour 955/1548-9 (T.D. n° 263) : 37 maḥalla ;
pour 977/1569-70 (T.D. n° 474) ; 39 maḥalla ; le registre n° 521 de 1005/1596-1597, recense 33
maḥalla et 3 ǧamāᶜ’a (Naṣārā, Samarā, Yahūd) ; voir carte III, la localisation de ces maḥalla.
45. Le nombre des rues est incomplet, les limites des maḥalla ne sont pas mentionnées, le nombre
de personnes que comprend une ḫāna n’est jamais défini... De plus certaines maḥalla mentionnées
dans les premiers registres, deviennent des zuqāq et sont intégrées, dans le registre de
1005/1596-97, dans d’autres maḥalla : par ex. la Maḥallat al-Mazābil et la Maḥallat Masǧid al-
Qaṣab, deviennent une seule et unique maḥalla, T.D. n° 521, fol. 14b-23b.
46. Leur localisation est donnée par Sauvaget, Esquisse, carte ; v. aussi Moaz-Ory, Stèles funéraires,
cartes.
47. Waqf Sinān Bāšā, fol. 26a, un jardin localisé à Maḥallat al-ᶜUqayba al-Kubrā ; Waqf Muṣṭafā Lālā
Bāšā, 66, où le ḫān construit vers 1570, et qui était situé sur l’emplacement actuel du sūq al-Hāl,
est limité au nord par des jardins. Pour une période postérieure, fin XVIIe-début XVIIIe siècle, de
nombreux documents des Tribunaux religieux mentionnent des habitations de par toute la ville
possédant des jardins — vraisemblablement potagers — ; ce renseignement m’a été fourni par M.
Šaᶜbān, que je remercie ici pour la gentillesse dont il a fait preuve à mon égard en m’indiquant
quelques documents qu’il avait découverts lors de ses recherches personnelles et qui m’ont été
particulièrement utiles pour ce travail.
48. A la fin du XVe siècle, Ibn ᶜAbd al-Hādī, Ṯimār al-Maqāṣid, recense, dans l’agglomération de
Damas, environ 250 mosquées de toutes dimensions. Au milieu du XVIIe siècle, un voyageur
européen, le Jésuite J. Besson rapporte aussi que Damas possède 200 mosquées, (cité par
Charkoudian, The Damascus of Muḥammad Muḥibbī, 25) ; pour les bains à la fin du XVe siècle, v.
Munaǧǧid, Ḥammāmāt Dimašq, in al-Mašriq, 41 (1947), 401-425, d’après Ibn al-Mabrad / Ibn ᶜAbd al-
Hādī ; ce texte est repris dans Munaǧǧid, Ḫiṭaṭ Dimašq.
49. Tapu Defteri, n° 401, 52-54 ; T.D. n° 263, 109-113 ; dans T.D. 521, fol. 28b, elle n’est pas
mentionnée comme maḥalla, mais une zuqāq portant ce nom est incluse dans la Maḥalla Nūr ad-
Dīn.
50. Pour une idée générale sur les différents registres, El2, Daftar-i Khāḵanī, II, 83-84 ; v. aussi O.L.
Barkan, « Essai sur les données statistiques des régistrès de recensement dans l’Empire Ottoman
aux XVe et XVIe siècles » dans Journal of the Economie and Social History of the Orient, I/1953, 9-36 ;
Bakhit, The Province of Damascus, bibliographie, pour les registres concernant la ville de Damas et
sa province.
51. Bakhit, The Province of Damascus, 45, d’après Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, II, 31.
52. Ibn Ṭūlūn Mufākaha, II, 68, recensement entrepris en ramaḍān 923/ sept. 1517 ; Ibn Ṭūlūn ne
donne pas de précisions, mais il pourrait s’agir de la reprise ou de la continuation du premier
recensement.
53. Bakhit, The Province of Damascus, 56-57.
54. Sāḥilī, Taġayyur, 142.
55. Erder & Faroqhi, Population rise, 334.
56. La colonne « total » est pour (4), (5) et (6) le résultat de l’addition des ḫāna musulmanes,
chrétiennes et juives, à l’exclusion des muǧarrad.
57. Barkan, Research, 168, n’indique pas comment il est parvenu à ce chiffre.
25

58. Bakhit, The Province of Damascus, 57.


59. Sāḥilī, Taġayyur, 142.
60. T.D. 521, 11a-90a. Si nous ajoutons à ce chiffre, les 105 personnes (imām, muᵓaḏḏin, ḫaṭīb, šarīf,
sayyid...) mentionnées dans le recensement mais exemptées d’impôts, et en les considérant
comme « feux », nous obtenons un nombre de 7934 ḫāna. C’est ce chiffre qui servira de base à
l’estimation que nous proposerons pour la population de la ville.
61. Erder & Faroqhi, Population rue, 337, 342 notes 19 à 22.
62. Ibn Ayyūb, Rawḍ, fol. 169b et 229b ; Rāfiq, Bilād aš-Šām wa Miṣr, 187-188, d’après une autre
œuvre du même auteur.
63. Cité par Bakhit, The Province oj Damascus, 62 ; Ibn Ayyūb, tire argument de la foule qui se
presse dans la Mosquée des Omayyades à la veille de l’an mil de l’Hégire.
64. T.D. 521, 14b, 55a-b, 63b-64a : les deux quartiers sont respectivement les maḥalla ǧadīda de
Ḫūbān Ḫātūn (lecture incertaine) que nous n’avons pu localiser, mais qui pourrait être le quartier
inclus dans le waqf de Sinān Bāšā ; de Ḥaqlat at-Turkumānī, situé vraisemblablement au sud du
Mīdān, sur l’emplacement actuel du quartier de Ḥaqla où la mémoire collective damascène
conserve encore le souvenir d’habitants d’origine turcomane ; la ḥāra est celle des Naṣārā, incluse
dans la Maḥalla de Bāb Muṣallā, quartier où existent encore de nos jours des Chrétiens, ce qui
nous donne la date post quem de l’installation de cette communauté hors du quartier chrétien. Il
est à noter que les habitants de la seconde maḥalla, et ceux d’une rue de la première sont
exemptés d’impôts ; cette mention tendrait à signifier que le gouvernement ottoman est à
l’origine de l’installation de cette population et qu’il a pratiqué à Damas à la fin du XVIe siècle une
politique d’implantation d’éléments allogènes, pour des raisons qui demandent à être précisées.
65. Cook, Population pressure, 66 et tableaux, utilise le multiplicateur 4,5 ; Cohen-Lewis, 14-15,
proposent le chiffre 6.
66. Barkan, Research, 167-168.
67. Tel ce grand cadi de Damas qui peu avant sa mort, vers 940/1533-34, affranchit la trentaine
d’esclaves qu’il possédait ; ce cas, qui peut paraître exceptionnel, doit être considéré comme un
exemple représentatif de la haute société damascène, v. Ibn Ṭūlūn, Quḍāt, 317.
68. Le dernier chiffre est le total, par grands ensembles, des personnes (Imām, muᵓaḏḏin, ḫaṭīb,
šarīf, sayyid...) mentionnées dans le recensement mais exemptées d’impôts.
69. Communication orale de M. A. Raymond.
70. Barkan, Research, 168.
71. Ibid., 168.
72. Barkan, Research, 171.

NOTES DE FIN
*. Nous avons essentiellement utilisé pour cet exposé sur l’histoire du Bilād aš-Šām au XVIe siècle
et au début du XVIIe siècle les ouvrages de Rāfiq, Bilād aš-Šām wa Miṣr et Bakhit, The Province of
Damascus ; le travail récemment publié de Barbir, Ottoman rule in Damascus, bien que traitant d’une
période postérieure, a été lu avec profit, surtout les pages 14-17, 40-42, 102 Tableau 3. Pour les
conditions générales dansl’Empire, voir Inalcik, The Ottoman Empire, the classical age, et Shaw,
History of the Ottoman Empire, vol. 1.
26

Chapitre II. Fondateurs et


fondations

1. Les Deux Fondateurs


1 Cinquième ville de l’Empire Ottoman à la fin du XVIe siècle, reléguée au rang de capitale
provinciale, Damas ne cesse de jouir néanmoins d’un grand prestige culturel : elle possède
des monuments religieux célèbres, des « lieux saints » à visiter et elle est le point de
départ du Pèlerinage vers les Villes Saintes, qui réunit chaque année — lunaire — des
milliers de pèlerins venus des provinces asiatiques et européennes de l’Empire. Elle est
aussi un point de passage important des routes commerciales terrestres entre l’Anatolie,
la Palestine, l’Égypte et le Ḥiǧāz, que les caravanes empruntent avec plus ou moins de
régularité selon les conditions politiques. La caravane du Pélerinage demeure cependant
la plus régulière et donne lieu à d’intenses échanges commerciaux dont la ville bénéficie,
même dans les conjonctures les plus défavorables.
2 Dès sa conquête par les Ottomans, Damas retient l’attention du sultan Salīm I er qui
construit à Ṣāliḥiyya le mausolée d’Ibn ᶜArabī, et son successeur le sultan Sulaymān fera
bâtir, par la suite, la grande takiyya dans le Marǧ. Tout au long du XVIe siècle, les grands
dignitaires ottomans qui se succèdent à Damas, participeront, pour la plupart, à la
« reconstruction » et au développement de la ville : ils restaurent des bâtiments existant,
ou construisent de nouveaux édifices qui sont souvent de prestige.
3 Tel est le cas de deux personnages, Sinān Bāšā et Murād Bāšā, qui, tour à tour, à la tête de
la province de Damas, à la fin du XVIe siècle, bâtissent d’importants monuments dont les
actes de fondation sont présentés ci-après.

Sinān Bāšā1

4 Koca Sinān Bāšā ibn ᶜAlī, ou Yūsuf b. ᶜAbd Allāh selon les écrivains damascènes, est
d’origine albanaise ; élevé dans le Sérail, il gravit les échelons de la hiérarchie militaire
pour devenir mīr i-liwā en Anatolie et dans le Bilād aš-Šām, à Ġazza, Tripoli et Alep. Au
printemps 1568, il devient gouverneur d’Egypte, et de cette province entreprend des
27

expéditions au Yémen dont il assure la possession à l’Empire2. Une nouvelle fois


gouverneur d’Égypte en 1571-1572, il conduit victorieusement les troupes ottomanes qui
emportent d’assaut la Goulette (Ḥalq al-Wādī) et incorpore Tunis à l’Empire Ottoman en
15743. Ces succès lui valent de nouvelles promotions et, au printemps de l’année 1580, il
lui est confié le commandement de l’expédition en Géorgie, puis il est nommé, pour la
première fois, Grand Vizir en août 1580 ; la Géorgie est conquise, mais elle n’est pas
soumise, et les difficultés qui surgissent, une fois l’expédition achevée, entraînent sa
destitution et son exil en 1582. Il réussit cependant, après quelques années, à rentrer à
nouveau dans les bonnes grâces du sultan et obtient le gouvernement de la Province de
Damas.
5 Son mandat à Damas.
6 Les informations les plus détaillées, mais anecdotiques, sur son mandat à Damas sont
fournies par Ibn Ayyūb, qui se flatte d’être un proche de ce wālī. La date de l’entrée de
Sinān Bāšā à Damas n’est pas donnée par cet auteur4, mais Ġazzī indique qu’il devient
gouverneur « au début de l’année 995 »/ mi-décembre 1586-mi-janvier 15875. La raison
essentielle de sa venue à Damas, selon son panégyriste damascain Ibn Ayyūb, réside dans
son désir d’acquérir des bien-fonds pour son waqf, mais surtout de bâtir un madfan et une
grande mosquée ; effectivement la construction de cette dernière est commencée,
semble-t-il, dès 995/1587, la « première pierre » (taɔsis) étant posée en présence du
fondateur, de ᶜulamāᵓ et de muɔaḏḏinūn6. C’est aussi lors de sa présence à Damas qu’il
ordonne l’acquisition de jardins (basātin), de champs cultivés (mazāriᶜ), de villages (qurā),
d’habitations (buyūt) ; il acquiert aussi les deux Qābūn7, des villages dans la Ġūta et dans
d’autres régions, le Bilād al-Qāᶜ (près de Baᶜlabakk), mais aussi des biens sultaniens dans
la région de Ḥimṣ8. Tous ces biens sont acquis pour une somme de 50.000 sulṭāni, ajoute
Ibn Ayyūb, et les achats sont réalisés par l’émir Muḥammad b. Manǧak et Zayn Ǧalabī b.
ᶜᾹmir Ǧawīš9. Toutes les transactions sont légalement enregistrées par le Qāḍī Šihāb ad-
Dīn Aḥmad aš-Šuwaykī10.
7 Sinān Bāšā demeure, pour les Damascains, le gouverneur qui bâtit en Syrie des mosquées
et « takiyya » à Saᶜsaᶜ, al-Quṭayfa, ᶜUyūn at-Tuǧǧār11. La réalisation par excellence que
tous mentionnent est bien entendu la Mosquée de Damas, édifice sur lequel Ibn Ayyūb
fournit le plus de renseignements. Ce monument n’est pas achevé quand Sinān Bāšā, alors
en campagne dans le Ḥawrān, reçoit le 4 saᶜbān 996/29 juin 1588, l’ordre de destitution
envoyé dTstanboul. Il quitte la ville la semaine suivante, le 12, après avoir gouverné la
Province une année et demie environ12. Ce n’est que le 16 du même mois que le mutasallim
de son successeur, Ḥasan Bāšā, et non Ḫusrū Bāšā comme l’indique par erreur Ġazzī 13,
reçoit Damas et sa province des gens de Sinān Bāšā.
8 Ses dernières années.
9 Destitué du gouvernement de la Province de Damas, en raison d’intrigues de palais à
Istanboul, Sinān Bāšā se retire, de lui-même semble-t-il, à Uskūdar pendant quelques
mois. Il est appelé, en ǧuinādā II 997/avril 1589, pour la seconde fois à remplir les plus
hautes fonctions de l’Empire ; une nouvelle fois écarté du Grand Vizirat, il revient au
pouvoir à l’occasion d’une révolte de Janissaires, en rabīᶜ II 1001/janvier 1593 14 ; il
commande, alors en poste, des expéditions victorieuses sur le front ouest de l’Empire et
plus particulièrement en Hongrie. Destitué, il rentre en grâce en šawwāl 1003/juillet 1595,
puis est écarté à nouveau du Grand Vizirat, pour se voir confier une cinquième fois, à la
suite de la mort subite de son successeur, le sceau de l’Empire. Il reste Grand-Vizir jusqu’à
28

sa mort le 4 šaᶜbān 1004/3 avril 159615, et est enterré dans la turba qu’il avait fait
construire en 1002/1593 dans un quartier d’Istanboul16 ; il fait rédiger et enregistrer, deux
mois avant sa mort en bonne et due forme, son grand waqf du Bilād aš-Šām17, une des
fondations les plus importantes de la Syrie méridionale.
10 Les jugements des auteurs damascains sur Sinān Bāšā diffèrent de ceux portés par les
chroniqueurs ottomans ou occidentaux ; alors que pour ces derniers, c’est un personnage
« cruel, entêté et ignorant », les Damascains voient en lui un bienfaiteur de la ville et un
grand bâtisseur d’édifices religieux18. Immensément riche, il laisse en héritage des biens
innombrables, qui sont énumérés en détail par Ibn Ǧumᶜa19, et les fondations pieuses qu’il
a établies dépassent, selon un chroniqueur ottoman, le centaine20. Ces différents waqf
sont acceptés, non sans difficultés, par le Sultan 21 : pour le waqf du Bīlād aš-Šām,
plusieurs mesures de confiscation sont ordonnées, dès 999/1591, après sa seconde
destitution du Grand Vizirat ; levées quand il revient au pouvoir, elles sont à nouveau
imposées après sa mort, et annulées, semble-t-il définitivement, après l’intervention de
notables locaux22.

b) Murād Bāšā23

11 Grand-Vizir à la fin de sa vie, sous le sultan Aḥmad Ier, Murād Bāšā b. ᶜAbd ar-Raḥmān24,
croate de naissance, est, lui aussi, élevé dans le Sérail ; militaire, il sert l’Empire dans la
suite de Maḥmūd Bāšā, gouverneur du Yémen puis d’Égypte, dont il est, avant son
assassinat, le lieutenant (Katḫuḏā) ; il redevient simple sandjakbey en Egypte, puis il lui
est confié le gouvernorat de l’Abyssinie (Ḥabaš), et ensuite celui du Yémen où il demeure
en poste quatre années (984-988/1576-1580). Nommé ensuite wāli de la province de
Qaramān en Anatolie, il est appelé à participer à la guerre contre les Safavides. Il est lait
prisonnier à la bataille de Tabriz en septembre 1585, et n’est libéré que cinq années plus
tard, à la conclusion de la paix avec le Šāh ᶜAbbās. C’est durant sa réclusion, alors qu’il a
échappé à l’exécution, qu’il fait le serment, s’il est libéré, de consacrer « 10.000 pièces
d’or » à la construction d’édifices fondés en waqf au bénéfice des Pauvres des Ḥaramayn
aš-šarī-fayn 25 Il tient cette solennelle promesse quand, après avoir servi à Chypre, il est
nommé gouverneur de la province de Damas.

Son mandat à Damas

12 Aucune des sources n’indique avec exactitude la date de sa nomination ou de son entrée
dans la ville de Damas. Les plus tardives, quand elles mentionnent qu’il fut nommé à deux
reprises à Damas, ne s’accordent point sur leurs durées respectives. Selon Ibn Ǧumᶜa,
Murād Bāšā aurait été nommé une première fois à Damas en 1001/1592-93, mais ne serait
resté qu’un mois en poste avant d’être destitué26. Quand au second mandat, s’il s’agit du
même personnage, Ibn Ǧumᶜa et les autres sources, s’accordent à le situer durant l’année
1003/1594-95, sans en indiquer cependant la durée27. Un Salnāma tardif apporte des
informations supplémentaires sur les deux mandats probables de Murād Bāšā : nommé au
cours de l’année 1001/ 1592-93, il demeure en poste « une année, huit mois et sept jours »,
jusqu’en l’an 1003/1594-95, date à laquelle lui succède, mais pour un court intermède de
huit jours, Ḫusrū Bāšā ; ce dernier étant appelé vraisemblablement à remplir d’autres
fonctions, Murād Bāšā est reconduit pour « sept [nouveaux] mois », jusqu’à sa destitution
en 1004/1595-9628.
29

13 Murād Bāšā aurait donc gouverné la Province de Damas, pratiquement sans interruption,
pendant plus de deux années. Ces indications bien qu’imprécises sur la présence probable
de ce personnage à Damas paraissent être confirmées par le texte du waqf : en effet toutes
les transactions sont réalisées entre la fin mai 1594 et mai 1595, la majorité l’étant entre
mai et décembre 159429. Muḥibbī, qui écrit, il est vrai un siècle plus tard, précise que
Murād Bāšā donne l’ordre de construire le premier sūq à la fin de l’année 1002/août-
septembre 1594, alors que la majorité des transactions avait donc été réalisée.
14 On peut donc avancer avec quelque sûreté que Muràd Bāšā est gouverneur durant cette
période, et sans doute jusqu’au 4 août 1595 (fin de l’année 1003) date à laquelle l’acte de
waqf est rédigé30, et qu’il entreprend, après avoir obtenu un décret sultanien, la
construction du sūq, du café et du premier ḫān. Sur ses autres actions, les sources ne
mentionnent que ses campagnes contre deux émirs locaux, Manṣūr b. al-Furayḫ et ᶜAlī b.
al Ḥarfūš ; la puissance du premier, sandjakbey de Nābulus, cl par deux fois émir du Ḥaǧǧ
en 998/1589-90 et 1590-91, qui n’avait cessé de prendre de l’ampleur, en faisait un
concurrent sérieux des différents gouverneurs31. Murād Bāšā élève par contre à la
fonction de Sandjakbey l’émir Faḫr ad-Dīn al-Macnī, qui se taillera par la suite un vaste
domaine aux dépens de l’Empire.
15 Apogée et fin de la carrière de Murād Bāšā.
16 Ecarté de Damas vers la fin de l’année 1003 ou au début de l’année 1004/1594-95, Murād
Bāšā va occuper divers postes de gouverneur en Anatolie (à Dyārbakr notamment) ; il est
nommé à Budin en 1601, puis sardār (commandant en chef) de l’armée ottomane sur le
front hongrois. Il dirige à plusieurs reprises des négociations de paix avec l’Autriche, qui
amènent à la conclusion de la paix de Zsivatorosk en novembre 1606 ; à la suite de
l’exécution du Grand-Vizir Darwīš Bāšā, il est nommé, à la fin de l’année 1606, à la plus
haute charge de l’Empire, et le restera jusqu’à sa mort.
17 Durant son Grand Vizirat, Murād Bāšā se rend plus particulièrement célèbre, et les
sources arabes s’en font l’écho32, par la manière implacable avec laquelle il réprime les
nombreuses rébellions dans les provinces asiatiques de l’Empire ; il défait le Kurde Ibn
Ǧānbulād en 1607 dans la région d’Alep, Qalandar Oǧlu l’année suivante, en Cappadoce,
puis en 1609, d’autres pachas rebelles en Anatolie. Ayant ainsi rétabli l’ordre intérieur
dans l’Empire, ce qui semble avoir été une priorité pour lui, Murād Bāšā se tourne enfin
contre la Perse comme le souhaitait le sultan. Il détruit tout d’abord Tabriz, avant
d’entamer des négociations avec le Šāh ᶜAbbās ; il meurt le 5 août 161133, à plus de 80 ans,
avant le commencement de la campagne de l’année suivante contre les Persans, et est
enterre dans une iurba proche de sa madrasa dans un quartier d’Istanboul.

2. Les actes de waqf


Présentation des textes

18 Les trois documents que nous présentons ci-après sont des actes de waqf des deux
importants personnages de l’Empire Ottoman dont nous avons donné la biographie ci-
dessus ; ayant occupé tour à tour les fonctions les plus hautes (grand-vizir) auprès de la
Sublime Porte, ils ont été, durant la dernière décade du XVIe siècle, gouverneurs de la
Province de Damas et construisirent d’imposants monuments religieux et civils à
caractère économique, dont certains existent encore de nos jours.
30

19 La première waqfiyya, celle de Sinān Bāšā, est un document manuscrit composé de 68


folios, comportant chacun 11 lignes d’une écriture nasḫi, de lecture facile. Ce document,
conservé à la Bibliothèque Ẓāhiriyya de Damas sous le n° 1 1253, et qui ne comporte aucun
titre, est une copie achevée à la fin du mois de ramadan 1312/26-27-mars 1895, selon le
scribe, un certain Muḥammad Adīb b. as-Sayyid Arslān at-Taqī34. Cette copie est certifiée
conforme à l’original, daté de 1004/1595-9635, par le mutawalli du waqf Muḥammad Ᾱġā b.
Qāsim Ᾱġā, et par Ibrahim Ᾱġā b. Muḥammad Ᾱġā b. ᶜAbd ar-Rahmān Ᾱġā, mutawalli de la
Mosquée Sināniyya, en 1316/1898-189936. Notons enfin que le scribe offre ce document à
ses enfants le 8 ḏū 1-ḥiǧǧa 1324/23 janvier 190737.
20 De cette waqfiyya existent un second manuscrit, incomplet38, conservé à la Bibliothèque
Ẓāhiriyya sous le n° 11213, ei un texte imprimé par les soins de la Mudīriyyat al-Awqāf de
Damas, d’après un document dont l’origine n’est pas mentionnée. Cette brochure de 43
pages, sans date ni lieu d’édition, porte le titre de Waqf Sinān Bāšā, et comprend, outre le
texte incomplet de la waqfiyya (pages 1 à 37), deux documents en turc en annexe (pages
38 à 43)39). Le texte imprimé, qui comporte de nombreuses erreurs typographiques, est
malheureusement, comme nous l’avons signalé, incomplet : il manque en effet
l’équivalent de trois folios du premier manuscrit de la Ẓāhiriyya, de la fin du fol. 59b à la
fin du fol. 62a.
21 Compte tenu des imperfections du texte imprimé, le manuscrit complet de la Ẓāhiriyya,
cité sous l’abbréviation Ḫ (maḥṭūṭa), a été choisi comme document de référence ; il a été
transcrit intégralement et les fautes grammaticales n’ont pas donné lieu à correction. Les
variantes fournies par le texte imprimé, cite sous l’abréviation Ṭ ( maṭbūᶜ) ont été
indiquées en note. Les nombreuses fautes typographiques du texte imprimé — provenant
aussi du document de base — n’ont pas fait l’objet de notes, excepté dans le cas de
toponymes, où la lecture du texte publié a été indiquée.
22 Les deux différentes waqfiyya de Murād Bāšā, sont elles aussi conservées à la bibliothèque
Ẓāhiriyya de Damas ; la première, la plus ancienne portant le n° 4316, est un manuscrit de
37 folios de 11 lignes chacun, d’une belle écriture nasḫi, rédigé le 28 ḏū l-qaᶜda 1003/4
août 1595 (fol. 36a-b). A ce texte est annexé un court document (ḥuǧǧa) de 4 folios de 11
lignes chacun, d’une écriture différente ; cet acte de tribunal religieux, émis par le Grand
Qāḍī (hanéfite) de Damas, le 14 šsaᶜbān 1016/4 décembre 1607, confirme la validité du
transfert des négociants du sūq as-Sibāhiyya, dans le bâtiment construit par Murād Bāšā 40
.
23 La seconde waqfiyya de Murād Bāšā, n° 4317, est un manuscrit de 46 folios de 11 lignes
chacun d’une belle écriture nasḫi. Il est incomplet ; toute la fin du texte manque, et deux
lacunes d’au moins un folio chacune existent : après le fol. 17b et après le fol. 25a. Ce
document ne comporte aucun titre, et le fait qu’il soit incomplet ne nous permet pas de
connaître la date de sa rédaction. Il est cependant possible de déduire d’après une
indication donnée par le texte (fol. 23b), que la rédaction de cet acte est postérieure au
mois de muḥarram 1017/avril 1608 et qu’elle a été faite avant la mort du fondateur en
1020/ 161141. Cette waqfiyya a été partiellement éditée (fol. 16b à 23a) par S. Munaǧǧid
sous le titre « Ḫhān Murād Bāšā, al-Bazzāstān », dans la revue Mašriq, XLI, pages 62-64.
24 La composition de ces documents ne comporte en soi aucune originalité. Introduites par
la basmalla et (ou) la ḥamdallah, comme dans d’autres documents similaires, on peut y
distinguer trois parties42. En premier un préambule, en prose rimée (saǧaᶜ), dans lequel
est fait l’éloge du fondateur ; fort long dans l’acte de waqf de Sinān Bāšā, et dans le second
31

acte de Murād Bāšā, rédigés quand ces deux personnages occupent la plus haute fonction
de l’Empire (le Grand Vizirat)43, il est très court dans le premier acte de Murād Bāšā : ce
dernier n’est alors que le wāli de la province de Damas, au moment de la rédaction de
l’acte44. La seconde partie fait état des donations principales, et dans le cas de l’acte de
Sinān Bāšā, des biens destinés à les faire fructifier et énumère les nombreuses fonctions
attachées à ce waqf. Enfin une dernière partie reproduit en détail les volontés du
donateur et s’achève sur une procédure formelle qui sert à confirmer la validité et
l’irrévocabilité de la fondation pieuse par un enregistrement en bonne et due forme45.
25 Les documents de waqf dont les textes arabes ont été donnés intégralement, n’ont fait
l’objet que d’une traduction partielle. Celle-ci a porté en priorité sur les parties
concernant les bâtiments et leur description, quand cette dernière existait. Il a été
cependant éliminé de la traduction les expressions ou locutions adjectives qui
n’apportaient rien à la compréhension du texte ou à la description de l’édifice ; d’autres
parties, celles concernant les acquisitions notamment, ont été reproduites sous forme de
tableaux pour en faciliter la lecture. Pour l’acte de waqf de Sinān Bāšā, nous nous sommes
limité à la traduction des parties concernant les bâtiments en général situés dans toute la
Syrie méridionale, mais en mettant toutefois l’accent sur l’analyse et commentaires des
édifices et des biens localisés dans la ville de Damas ou dans sa vicinité (Gūta et Marǧ).
Tous les noms de personnes et de lieux mentionnés dans les parties traduites ont fait
l’objet de recherches en vue de leur identification, et pour les toponymes, de leur
localisation.

L’acte de waqf de Sinān Bāšā

26 L’acte de waqf dont nous donnons ci-après une traduction partielle, a été rédigé à la
demande du fondateur, le Grand-Vizir Sinān Bāšā b. ᶜAlī 46 (fol. 3b-4a) pour reprendre en
un seul texte (fol. 5a) tous les divers actes rédigés antérieurement47 et lors de sessions
nombreuses (fol. 4b et 5a).
27 Cet acte a été dressé lors d’une séance de tribunal (maǧlis aš-šarᶜ aš-šarif)48 à laquelle
assistaient ᶜAbd ar-Raḥmān Ef. b. Sulaymàn Ef., mudarris à la madrasa Šāhzāda
Muḥammad Ḫān49, procurateur de Sinān Bāšā (fol. 5b) et Yūsuf Ᾱġā b. ᶜAbd ar-Raḥmān50,
du groupe des mutafarriqa51, mutawalli du fondateur (fol. 5b).
28 Les deux principaux témoins étaient (fol. 6a) : Muṣṭafā Ef. b. ᶜAlī Ef., mudarris dans une
madrasa du sultan Sulaymān52 et le Šayḫ Muḥammad Ef. b. Sulaymān Ef. mudarris à la
madrasa Abīhān ( ?) sultan 53.
29 Cet acte certifie que le fondateur a construit :
• « la grande mosquée (al-masǧid al-ǧgāmiᶜ)54, sise dans la Mahalla Bāb an-Naṣr, à l’extérieur de
Bāb al-Ǧābiya, extra-muros (ẓāhir Dimašq) (fol. 6a-b) ;
• l’école pour enseigner le Coran (dār taᶜlim al-Qurᵓān), à proximité de la mosquée mentionnée
(fol. 6b) ;
• une siqāya à proximité de la mosquée (fol. 6b) ;
• une mosquée sise dans la Mahalla al-Ǧadīda, qui fait partie du waqf du fondateur, (al-
muntamiya ilā l-wāqif), dans le sūq connu sous le nom de Sīpāhī Bāzārī (fol. 6b) ;
• une grande mosquée dans le village de Quṭayfa55 de la Province de Damas (fol. 6b-7a) ;
• dans ce même village, un emâret pour nourrir les pauvres qui passent, des pièces (buyūt)
nombreuses pour les voyageurs, un ribāt, pour accueillir les arrivants (fol. 7a) ;
• une grande mosquée dans le village de Saᶜsaᶜ56 dans la province de Damas (fol. 7a) ;
32

• à proximité de cette mosquée, un emâret pour les pauvres, des pièces pour les voyageurs et
deux ribāṭ pour tout arrivant (fol. 7a-b) ;
• une grande mosquée au lieu-dit ᶜUyūn at-Tuǧǧār57, dans le Sandjak de Ǧīra Safad (fol. 7b) ;
• à proximité de cette mosquée, un emâret qui comprend une cuisine (maṭbaḫ), un cellier (
kīlār), des pièces pour des voyageurs, une réserve à provisions (anbār) et deux hn pour
accueillir ceux qui passent (fol. 7b-8a) ;
• une grande mosquée dans la qaṣaba de ᶜAkkā58 de la province de Damas (fol. 8a) ;
• à proximité de cette mosquée une école pour enseigner le Coran (bayi li taᶜlim al-Qurʾān) à
tout enfant pauvre ou orphelin (fol. 8 a) ».
30 « Le fondateur constitua en waqf les mosquées et leurs dépendances pour ceux qui prient,
mentionnent avec constance le nom de Dieu, se prosternent dans les mosquées pour s’y
acquitter des cinq prières, de celles des vendredis et des jours de fêtes selon la manière
instituée et répandue dans le pays (fol. 8a) ; il constitua en waqf les deux écoles
d’enseignement du Coran pour les enfants musulmans (fol. 8a-b) ; les emârets et les ribāt
avec leurs dépendances pour les pauvres qui passent et les voyageurs (fol. 8b) ».
31 « Le fondateur affecta (rattaba) [à l’entretien de ces édifices] afin qu’ils persistent et ne
disparaissent pas au cours des siècles, de nombreux produits et revenus (mustaġillāt) de
bien-fonds (ᶜaqār), bâtiments (musaqqafāt), villages (qurā) et champs cultivés (mazāriᶜ) 59
(fol. 8b).
32 à Damas,
• la totalité des 74 dukkān60 aux hautes fenêtres (ṭāqātᶜāliyāt), avec au-dessus les 34 chambres (
ḥuǧra) ; les 8 dukkān qui leur sont contigus, aux vocations diverses (mutaḫālifat al- cunwān) :
l’un est connu [sous le nom] de café (qahwa ḫāna)61, le second pour être destiné à la vente du
laban, le troisième à l’équarrissage (maslaḫa), le quatrième pour être une maḫmaḍa 62 ( ?), le
cinquième pour la vente de la cire (šammāᶜ), le sixième pour fabriquer l’amidon (iṣlāḥ an-našā
ʾ) ?63, les deux dernières étant des teintureries ; le dépôt (maḫzan), le ḥawš 64et autres (sāʾir al-
arkān) ; tout ceci est situé dans la Mahalla Bāb al-Musallā 65, à Fex-térieur de Bāb al-Ǧābiya,
une des portes de Damas (fol. 8b-9a) ;
• la totalité du local de teinturerie (dukkān sibāġi) avec, à l’étage une pièce 66, sis dans la
mahalla mentionnée (fol. 9a) ;
• la totalité de la savonnerie (maṣbana) avec des pièces (ṭibāq) et tout ce qui lui est contigu en
fait de dépendances (liḥāq) sises dans la mahalla mentionnée (fol. 9a) ;
• la totalité du dukkān connu pour être un café (qahwa ḫāna), avec des pièces (ṭibāq), des droits
et des dépendances (liiḥāq), sis au sūq al-ᶜAmra67 (fol. 9b) ;
• la totalité du hān connu sous le nom de Qīsriyya Duhayna-tiyya sis dans le sūq al-Buzūriyya 68
, comprenant 39 dépôts (maḫzan) au rez-de-chaussée et à l’étage et une grande écurie (fol.
9b) ;
• la totalité du manzil69 situé dans la mahalla Bāb al-Ǧābiya al-Ǧuwwāniyya (fol. 9b) ;
33 à Saᶜsaᶜ,
• la totalité des dukkan situés à l’intérieur de l’emâret fol. 10a) ;
• la totalité du nouveau moulin à blé, composé de deux meules « ajustées » 70 (fol. 10a) ;
34 à Damas,
• la totalité du moulin à blé, avec ce qui lui est contigu (ma huwa lāḥiq bih wa laṣiq),
comprenant 3 meules ajustées, avec toutes ses dépendances (marāfiq) et droits ; il est situé à
l’extérieur de Bāb Tūmā, une des portes de Damas (fol. 10a-b) ;
• la totalité du ḥawš71 destiné à entreposer le bois, proche du moulin susmentionné (fol. 10b) ;
33

• la totalité du manzil72 situé dans la maḥalla Bāb al-Qalᶜa,


• à proximité du tombeau du Šayh ᶜAṣrūn73 ; il comprend des pièces et logements (buyūt wa
masākin) nombreux ; il est appelé makān (fol. 10b)
• la totalité du terrain de Mahalla al-Ǧadida74 (fol. 10b) ;
• la totalité du ḥammām connu précédemment sous le nom de ḥammām Našū 75, sis dans la
mahalla Bāb al-Ǧābiya al-Barrniyya76, une des mahalla de Damas (fol. 10b-1 1a) :
35 à Saᶜsaᶜ,
• la totalité du nouveau ḥammām, construit par le fondateur à l’intérieur de son emâret (fol.
11a) ;
36 à Quṭayfa,
• la totalité du nouveau ḥammām construit par le fondateur à l’intérieur de son emâret, avec
10 dukkān (fol. 11a) ;
37 en Palestine,
• la totalité du moulin à foulon ruiné (aṭ-ṭāḥūn al-harib al-mtiadd li ġasl al-ǧūḫ) 77, connu sous le
nom d’al-Battān, sis sur la terre de la mazraᶜat as-Sayyāra 78, dépendant de Ǧīra Safad ; ce
moulin, situé sur le Jourdain, est composé de deux pièces ; l’une d’elles est voûtée, construite
de pierres et kils ; d’elle on accède à une seconde pièce, dont une partie des murs est debout
et une partie de la couverture ruinée ; ce moulin comprend deux roues de bois destinées à
fouler Pétoffe, complètement équipées, mues par Peau du canal prévu à cet effet, et
provenant du Jourdain, avec une cuve (māᶜūn) de cuivre (fol. lla-b) ; dans le Mont-Liban,
• la totalité des deux moulins sis à Wādī r-Rahā près du village de Ras Kabdā 79, dépendant de
(.....), qui tournent sur le Nahr al-Ǧawza ; l’un est destiné à moudre le blé, l’autre à presser
les olives ; chacun d’eux est composé de deux meules ajustées et possèdent des commodités
(manāfiᶜ) (fol. 12a) ;
• la totalité du moulin qui tourne sur la rivière du village da Baqrzalā80 dans la nāhiya de
ᶜArqā, de la province de Tarābulus et connu sous le nom d’al-Fayhāᶜ ; il est composé de trois
meules ajustées, et est destiné à moudre le grain et à presser les olives 81 ; il comprend aussi
des dépôts (maḫzan) pour les olives et une écurie qui leur est contiguë (fol. 12a-b) ;
38 en Palestine,
• la totalité du nouveau hān situé dans la qaṣaba de ᶜAkkā82 du liwā de Ṣafad qui comprend 80
dépôts (maḫzan) au rez-de-chaussée et à l’étage (fol. 12b) ;
• la totalité du ḥammām sis dans la même qaṣaba (fol. 12b) ; la totalité des maḫzan et dukkān,
au nombre de 20, sis dans la ville de Ṣafad (fol. 12b) ;
• la totalité des deux moulins sis près de Ǧisr Yaᶜqūb 83 (fol. 13a) ;
• la totalité du moulin à foulon et à blé mu par le Wādī Dilbay, près de Safad 84 (fol. 13a) ;
• la totalité du moulin à blé sis près du village de Manwāt 85 ;
• la totalité du moulin à proximité du village de Ġābisiyya 86 (fol. 13a) ;
• la totalité du moulin sis dans le village de Kardāna 87 et qui comprend quatre meules (fol.
13a) ;
• la totalité du moulin à foulon sis à Wādī r-Rabtiyya88. Tout ceci est situé dans les environs (
ḍawāḥ’ī) de Ṣafad (fol. 13a) ;
• la totalité du pressoir à olives situé à proximité du village de Ṣiddīqīn 89 dans la nàḥiya de
Bisàra aux environs de cette localité (fol. 13b) ;
• la totalité du nouveau ḥammām que le fondateur a construit dans l’édifice sis à ᶜUyūn at-
Tuǧǧār90 avec toutes ses dépendances (fol. 13b) :
• la totalité des 6 dukkān construits à l’intérieur de cet édifice (fol. 13b) ;
34

• la totalité du moulin à blé mu par la force animale, et la totalité du café (bayt al-qahwa) situés
dans cet édifice (fol. 13b) ;
• la totalité du four de boulanger sis dans la localité de ᶜAkkā 91 (fol. 13b).
39 Le fondateur a, d’autre part, constitué en waqf de nombreux bien-fonds classés sous
quelque 165 rubriques différentes. Ce sont, dans leur grande majorité, des parts ou
totalités de parts de parcelles de terre (arḍ), de vergers (bustān), de champs cultivés (
mazraᶜa), de villages entiers avec leur terroir et tout ou partie des impôts qui y sont levés
92
. Ces bien-fonds sont situés à proximité de la ville de Damas, dans la Ġūṭa et le Marǧ (cf.
tableau p. 59), mais aussi dans le Qalamūn au nord, non loin du village de Qutayfa, dans le
Wādī I-ᶜAǧam (autour de Saᶜsaᶜ), dans le Mont Liban et en Palestine, c’est-à-dire, d’une
manière générale, dans la vicinité des édifices construits par le fondateur. Notons enfin
que ce dernier a constitué en waqf une savonnerie située à Tripoli, et dont une
description sommaire est donnée93 (fol. 47a).
40 Le fondateur a constitué tous ces bien-fonds en waqf, en se réservant le droit, sa vie
durant, de modifier à sa guise les dispositions contenues dans ce document (fol. 47a-48a).
Il stipule d’autre part que la surveillance (tawliya) de la totalité du waqf reviendra après
lui au meilleur de ses affranchis 94 (li l-aršad fa l-arsad min ᶜutaqā° al-wāgif), puis aux
enfants de ce dernier en ligne mâle ; il prévoit dans le cas de l’extinction de la lignée du
premier mutawallī, que la surveillance du waqf reviendrait au meilleur de ses propres
descendants, dans la ligne masculine ; dans le cas de l’extinction de cette lignée, la
surveillance du waqf serait assurée par le gouverneur en poste (wāli z-zamān) fol. 48a-b).
41 Le fondateur précise alors dans le détail, le salaire versé à chaque chargé de fonction
religieuse et domestique attaché à son waqf95, comme il indique le type de repas à servir
dans ses différents emârets et les dépenses prévues à cet effet96.
42 Enfin, après avoir remis la totalité du waqf entre les mains de son mutawallī, le fondateur,
par l’intermédiaire de son procurateur, revient sur sa décision et demande que le waqf
soit réintégré dans ses propriétés personnelles. Le mutawallī contestant cette décision, le
qādī se prononce contre la demande du fondateur et en faveur de la stricte application de
toutes les stipulations du waqf, sans modification aucune (fol. 65b-68a) 97.
43 Cet acte a été dressé au début de ǧumādā II 1004/début février 159698 (fol. 67b), en
présence des témoins suivants : Muṣṭafā Ef. b. Sulaymān Ef., mudarris dans la madrasa du
fondateur99 ; Muḥammad Ef., mudarris à la Madrasa Sayhī Ǧalabī à Edirne100 ; cAbd al-Bāqī,
mudarris à la Madrasa Sāmīn Lālā101 ; as-sayyid Muḥammad, mudarris à la Madrasa Husā-
miyya à Edirne102 ; Aḥmad Ef., mudarris à la Madrasa Bahrā-miyya à Constantinople103 ; c
Abd ar-Raḥīm Ǧalabī, mudarris à la Madrasa Yāqūt Bāšā à Edirne104 ; Ridwān Ef., mudarris à
la Madrasa Hidr Ǧalabī à Constantinople105 ; Ahmad Ef. mudarris à la Madrasa Ibrāhīm Bāšā
à Edirne106 ; Madhī Ef. al-Mudakkir ; Hidr Ǧalabī b. al-Mudakkir ; Qāsim Ǧāwīs, rédacteur
du waqf (kātib al-waqf) ; Aḥmad al-Mulāzim, copiste (kātib al-hurūf) ; et d’autres personnes
présentes.
35
36

(1) Sur les différents villages situés dans la Ǧūta, et mentionnés dans le tableau, v. Ibn Ṭūlūn, Ḍarb al-
ḥūṭa, 149-161.
(2) Sur les divers impôts levés dans les campagnes, v. surtout Man-tran-Sauvaget, index, (dime, ḫarāǧ,
pâturage...), Hütteroth, 64 sq., Lewis, Ottoman land tenure, 109 sq.

TABLEAU III. LES FONCTIONS DANS LE WAQF DE SINĀN Bāšā


37

Note 1107

Le premier acte de waqf de Murād Bāšā

44 « L’Amir al-Umarā’...108 (fol. 2b) Murād Bāšā, kāfil al-mamlaka aš-šāmiyya....109 (fol. 3a) a
constitué en waqf tout ce qu’il a construit (fol. 3b) près de la Mosquée des Omayyades, du
côté de l’ouest à Bāb al-Barīd, dans le sūq connu sous le nom de Tawāqiyyat al-Arwām110 :
45 — la totalité des 47 hānūt, qui étaient à l’origine 49111..., mais [l’emplacement de] deux
hānūt de la rangée méridionale a été [utilisé pour la construction] de la porte du hān 112
qui sera mentionné plus loin.
46 « De ces ḥanūt, 9 sont situés dans la rangée méridionale, 5 à l’est de la porte du hān qui
sera décrit, et 4 à l’ouest de la même porte ; les limites de ces hānūt sont (fol. 4a) : au sud
le hān dont mention sera faite ; à l’est les dukkān de Bāb al-Barīd ; au nord le sūq sur
lequel ils ouvrent ; à l’ouest la bawwāba113 et la rue.
47 « 9 ḥānūt sont situés dans la rangée septentrionale ; à l’origine leur nombre était de 10,
mais [l’emplacement] d’un hānūt a été utilisé pour bâtir la porte du café114 qui sera
mentionné ; les limites de ces hānūt sont : au sud le sūq sur lequel ils ouvrent ; à l’est le
sūq de Bāb al-Barīd ; au nord le café déjà cité ; à l’ouest le sūq et les ḥānūt construits par
le fondateur.
48 « 15 ḥānūt sont situés sur la rangée orientale orientée vers (fol. 4b) l’ouest (āḫiḏā bi-ġarb) ;
à l’origine leur nombre était de 14, mais au moment de la construction un quinzième
hānūt a été ajouté ; les limites de ces quinze ḥānūt sont : au sud le sūq ; à l’est la maison
d’al-Baṣrawī 115, la maison d’Ibn Naᶜa116 et la Qāsāriyya ᶜAṣrūniyya 117, waqf des Deux
Sanctuaires ; au nord la porte de la Qāsāriyya ᶜAṣrūniyya et les dukkān des Deux
Sanctuaires ; à l’ouest, le sūq sur lequel les hānūt ouvrent.
38

49 « 14 ḥānūt sont situés sur la rangée occidentale ; leurs limites sont : au sud la bawwāba 118
et la rue passante ; à l’est le sūq sur lequel ils ouvrent ; au nord de même (fol. 5a) ; à
l’ouest Bayt ad-Dīwān119, puis la maison d’Ibn Zaḥlaq120, la maison de ᶜAlī Ǧāwīs connu
sous le nom de Dū l-Fiqār121 et la Turba de Sīdī ᶜAṣrūn122.
50 « Ces ḥānūt sont ceux qui ont été construits totalement (min al-asās ilā r-rās) par le
fondateur.... avec des matériaux nouveaux (bi mūn wa-ālāl ǧadida) après que ce dernier fut
entré en possession des anciennes ruines (qild ?)123 par des transactions légales... et que
fut consignée dans ces documents l’autorisation de construire [des bâtiments] avec étages
(al-bināᵓwa-t-taᶜalli)124(fol. 5b).
51 Puis suit l’énumération des transactions réalisées par le fondateur, transactions que nous
avons reprises sous forme de tableau pour en faciliter la lecture (cf. Tableau IV).
52 « La totalité de l’édifice (makān) destiné à « cuire » le café et à le vendre (li ṭabḫ al-qahwa
wa bayᶜihā125 situé dans le sūq précédemment mentionné et que le fondateur a fait
construire en totalité avec des matériaux nouveaux ; il comprend un rez-de-chaussée et
un étage (sufl wa ᶜuluww). Le rez-de-chaussée possède (fol. 20a) des iwān, des banquettess (
maṣṭaba), des foyers (kānūn) et un bassin (buḥayra) alimenté en eau à partir du Qanawāl
selon un droit dont il sera fait état plus loin... Il possède [également] un droit [en eau]
déterminé du Bānyās, de la canalisation (sāqiya) qui arrive à l’endroit cité [plus haut] ;
l’étage comprend des riwāq qui surplombent le sūq cité et le rez-de-chaussée. On accède
aux riwāq par un escalier de pierre [construit] après que le fondateur fut entré en
possession de la moitié de l’édifice en ruine (qild) par vente légale (bayᶜ šarᶜi) de la part du
Hawāǧā Amin ad-Dīn b. al-ᶜAnbarī126 en date du 7 dū l-qaᶜda 1002/ 25 juillet 1594 (fol.
20b), établie.... par le Qādi Ahmad Ǧalabi... al-Hanafī127 ; la seconde moitié de cet ancien
édifice (qilduhā l-qadim) a été louée (tawāǧur)128 au mutawallī du waqf de Qamar Hātūn bt.
ᶜAbd Allāh, épouse de Iskandar Kathudā129, pour construire un bâtiment à étage(s) (al-bin
āʾ wa-t-taᶜalli) pour une période déterminée et un loyer quotidien de 4 dirhamᶜuṭmāni 130 en
vertu de Facte de location (tawāǧur) daté du 7 rabīᶜ I 1003/20 novembre 1594, établi par le
Qādī Muhibb ad-Dīn al-Ḥanafī131 (fol. 21a). La totalité du terrain (ard) a été cédée en
location (tawāǧur) au fondateur par le mutawallī du waqf de la Ǧašīšiyya132 pour y
construire [un bâtiment] à étage(s)... pour une durée déterminée et un loyer annuel de 80
qiṭʿa fiḍḍiyya133 en vertu de l’acte de location du 10 ǧumādā Il établi devant le Qāḍī šāfiᶜite
134
.
53 « Les limites [de ce bien] sont au sud : l’arrière des ḥānūt construits par le fondateur ; à
Fest Farrière des dukkān du sūq Bāb al-Barīd ; au nord la maison al-Baṣrawī 135 ; à l’ouest
de même, limite complétée par (tamāmuhu) le sūq construit par le fondateur (fol. 21b).
54 « la totalité du nouveau hàn sur le pourtour duquel sont situés les ḫānūt (al-ḫān al-ǧadid
al-lāḏi fi ḏāḫilihi al-ḥawānit al-mustadīra) ; ce ḫān est situé dans le lieu mentionné plus haut.
Il comprend des hànūt, 3 maḫzan situés aux trois coins ; 7 autres sont situés au-dessus des
hànūt construits par le fondateur et des ḥānūt du ḥān mentionné ci-dessus. Le ḫān
comprend aussi 10 maḫzan sur les côtés sud et ouest ; les ḫānūt mentionnés possèdent
une pièce intérieure (dāhil), un finaɔ136, des fermetures, et le ḫān des commodités (manāfiᶜ)
et droits légaux137. Tout ceci a été construit par le fondateur en totalité, avec des
matériaux nouveaux (fol. 22 a), sur l’emplacement où étaient situées précédemment une
qīsāriyya connue sous le nom d’al-Kattāniyya138 et des maisons ruinées (buyūt ḫariba),
après que le fondateur ait acquis par vente légale des propriétaires une partie des
terrains, l’autre partie ayant été louée (iḥtikār)139... » (fol. 22b).
39

55 Puis suit l’énumération des transactions que nous avons reprises sous forme de tableau
(cf. Tableau V.).
56 « Les limites de ce ḫān sont : au sud la maison de Ḥusayn b. Zahlaq, limite complétée (
tamāmuhu) par la Qīsāriyyat al- Ḥaramayn aš-šarīfayn140, la maison à café mentionnée141
( ?) et le waqf des Haramayn as-sarīfayn ; à l’est, l’arrière des dukkān, waqf de Darwīš Bāsā
142 ; à cet endroit se trouve une petite porte, côté est, dont le terrain, propriété du waqf

Darwīs Bāšā, a été cédé en location (muḥākara) au fondateur par le mutawallī du waqf
Darwīs Bāšā contre une somme mensuelle de 40 qiṭᶜa fiḍḍiyya ; à cette somme sont
ajoutées, chaque mois, 10 qiṭᶜa à payer au waqf de Darwīs Bāšā en raison du fait que cette
porte occupe l’emplacement d’un hānūt (fol. 27b) de ce waqf( ?) comme en témoigne
l’acte légal.... en date du 27 šawwāl de l’année mentionnée plus bas ; au nord le sūq
mentionné sur lequel est située une grande porte ; à l’ouest la rue passante.
57 « Le ḫān et la maison à café possèdent un droit légal à l’eau qui les alimente à partir du
Qanawāt, de l’orifice (dāʾira)143 dont l’eau coule au nord du fleuve mentionné ; ce droit est
d’un aṣbuʿ144 et demi selon les aṣbuʿ du dirāᶜ al-qāsimi 145 ; [cet orifice] est contigu à la
māṣiya146 Damrak dont l’eau coule vers le répartiteur (ṭāliᶜ)147 situé en face de la maison
d’al-Ǧawharī148 dans la maḥalla de Sīdī ᶜAmūd ; l’eau coule ensuite vers le répartiteur
contigu à la mosquée al-Ġazzī149 dans la maḥalla Bāb al-Barīd à l’intérieur de Damas ; l’eau
est dirigée ensuite vers le répartiteur situé à la porte de la Madrasa al-Wagīhiyya150, puis
au répartiteur situé à l’ouest du hān mentionné ; de là, elle alimente le café et le hān,
comme en témoigne l’acte légal établi par... ᶜAbd ar-Rahmān Efendi, nā’ib al-marammāt 151 à
Damas (fol. 28a-b), daté du 10 šaᶜbān 1003/20 avril 1595.
58 « [Ils possèdent aussi] un droit d’un demi aṣbuᶜ à l’eau du répartiteur contigu à la
mosquée al-Ġazzī obtenu du mutawallī de cette mosquée contre une redevance annuelle
de 40 qiṭᶜa selon l’acte légal daté du 29 šaᶜbān 1003/9 mai 1595.....
59 « [Ils possèdent aussi] un droit d’eau d’un aṣbuᶜ du Qanawāt, à partir du répartiteur
contigu à la bawwāba, eau qui alimente le ḥammām al-Ġazzī152 auparavant et qui est
devenu la propriété du fondateur par vente légale de la succession (warata) du Ḥāǧǧ (fol.
29a) Husayn al-Ḫāznadār connu sous le nom de Hazīnadār153, selon l’acte légal établi
devant le Qādī Ahmad Ǧalabi et daté du 15 ḏūl-qaᶜda 1002/2 août 1594... (fol. 29b).
60 « Le fondateur a stipulé (fol. 30a) que le nāzir et mutawallī154 de son waqf utilisent tout
d’abord ses revenus pour entretenir et réparer [les édifices], pour les maintenir dans le
même état et conserver [à ce waqf] sa vocation, quand bien même ces revenus ne
suffiraient qu’à couvrir les dépenses entraînées par le règlement des loyers et salaires......
61 « Du reliquat des revenus, la moitié reviendra aux pauvres de la Mekke, et l’autre moitié
aux pauvres de Médine... (ce reliquat) sera ajouté au Māl as-sundūq155 (fol. 30b) constitué
chaque année à Damas pour tous les pauvres des Deux Sanctuaires ; dans le cas où il serait
impossible de faire parvenir aux pauvres d’une des deux villes la part qui leur est
destinée, le tout sera distribué aux pauvres de l’autre ville ; dans le cas où il serait
totalement impossible d’acheminer aux deux villes les parts qui leur sont destinées, elles
seront distribuées aux pauvres musulmans où qu’ils se trouvent.
62 « Le fondateur a, d’autre part, stipulé (fol. 31a) que le nāẓir, mutawallī et ǧābī de (son)
waqf soit, sa vie durant, le sayh Sihāb ad-Dīn Aḥmad b. al-marḥūm aš-šayḫ Muḥammad al-
Maġribī156, nāẓir des waqfs de la Mosquée des Omayyades ; il lui sera alloué
quotidiennement 10 dirham ᶜuṯmāniyya : 8 dirham pour les fonctions de naẓāra et tawliya et
40

2 dirham ᶜutmāni pour la fonction de collecteur de revenus (ğibāya). Son successeur à cette
triple fonction sera (fol. 31b) le nāẓir, mutawallī et ğābī du waqf des Deux Sanctuaires.
63 « Le fondateur a aussi prescrit que le kātib du waqf soit, sa vie durant, Ahmad Ǧalabī b. al-
marhūm Sinān Efendi157, le kātib des Deux Sanctuaires ; il lui sera alloué quotidiennement
4 dirham ᶜuṯmāni ; son successeur sera le kātib en poste du waqf des Ḥaramayn aš-
šarīfayn....
64 « Le fondateur a enfin imposé comme strictes conditions (fol. 32a).... que ce waqf, ou
qu’une de ses parts, ne soit loué plus de trois années [consécutives]158 ; que ne soit créé
pour quiconque d’emploi nouveau ; que ne soit alloué aux nāẓi, mutawallī, ğābī et kātib
que ce qui a été prévu plus haut comme salaire ; que rien ne soit octroyé à une personne
particulière des Haramayn as-sarīfayn, mais que, quel que soit le reliquat des revenus du
waqf, il soit expédié, avec le Māl aṣ-ṣundūq, aux pauvres des Deux Sanctuaires comme il a
été prévu plus haut (fol. 32b) ; qu’aucune partie de ce waqf ne soit vendue ou échangée,
même si l’échange est plus profitable. Quiconque, nāzir ou mutawallī, entreprendra de
tels actes, cessera sur le champ d’être en fonction de sorte que sa décision ne soit pas
entérinée (fol. 33a)... »
65 Ayant renoncé à la possession de ce waqf, le fondateur le remet entre les mains du Šayḫ
Aḥmad, le mutawallī, nāẓir et gābī, qui le reçoit et l’accepte légalement. Une fois le waqf
dūment enregistré (fol. 34a-b).... le fondateur fait part de son désir de revenir sur sa
décision, et demande que le waqf redevienne sa propriété personnelle. Sur opposition du
mutawallī, le qāḍī rejette la demande du fondateur159 (fol. 35a-36b).
66 Cet acte est rédigé le 28 dū l-qaᶜda 1003/4 aoūt 1595..... en présence des témoins suivants :
Muḥammad b. Muḥammad Haṭṭāb160 ; Muḥibb ad-Dīn b. Taqī d-Dīn al-Ḥanafī161 ;
Muḥammad b. al-Minqār al- Ḥanafī, Sams ad-Dīn162 ; Muḥammad b. Muḥammad al-Qudsī
al-Hanafī163 ; Muḥammad b. Dāwūd al-Qudsī al-Muftī š-Šāfiᶜī de Damas164 ; Hasan al-Būrīnī
š-Šāfiᶜī165, mudarris à la Nāṣiriyya al-Ǧuwwāniyya à Damas166 ; Maḥmūd b. Yūnus al- Ḥanafī
1-Haṭīb167.... ; ᶜAbd al-Hayy168 ; ᶜAbd al-Hayy al-ᶜUlwānī169... ; Yaḥyā 1-Bahnasī 1- Ḥanafī 170 ;
ᶜAlī b. Muḥammad al Ḥasanī ( ?) ḫādim171... ; Nāsir ad-Dīn Imām de la Mosquée des
Omayyades, al-Ḥanafī172 ; ᶜAlā ad-Dīn al-Ḥanafī, Imām de la Mosquée des Omayyades,
Ḫaṭib de la Salīmiyya173 ; Muḥammad b. Bīrī174 ( ?) ; Yūsuf b. Aḥmad b. Aḥmad b.
Muḥammad b. Ismāᶜīl al-ᶜIlmawī175 ; Barwīz Bek ( ?)176 ; ᶜAlī Bek Kīlānī Bāšā Zāde177 ; Yusūf
b. ᶜAbd al-Hādī aṭ-Ṭabbāᶜ178 ( ?) ; ᶜAlī Ḫaṭṭāb179 (fol. 36b-37a).

Le second acte de waqf de Murād Bāšā180

67 « .... Et il consacra aux pauvres (des Deux Sanctuaires) un waqf,... quand il était amīr al-
umarāᵓ181 de Damas ; il s’agit du sūq dont fia description] (fol. 15a) détaillée suivra en son
lieu.
68 Puis il désira accroître ses bienfaits pour les pauvres des Deux Sanctuaires pour remercier
Dieu de son extrême bonté à son égard... et il consacra en waqf la totalité de ce qu’il a
construit... (fol. 15b)
69 «... le bazzāzistān182... nouveau bātiment aux importantes proportions ; il prescrivit que
son nouveau waqf fut consigné par écrit, que fussent clairement exposés ses détails, ses
limites, ses conditions et obligations ; [il prescrivit aussi] que fut inséré dans son nouveau
waqf tout ce qui était inclus dans son ancien waqf183, sans ajout ni ommission.... afin que
41

les deux waqfs soient couchés par écrit dans un même document (maḍbūṭayn fi mağalla
wāḥida) demeurant au cours des temps, unique.... (fol. 16a).
70 « .... Quant à son nouveau waqf, il consiste en la totalité du bazzāzistān situé à l’intérieur
de Damas, au sūq Bāb al-Barīd.... ; il comprend 53 grands dukkān voūtés en berceau,
l’entrée de chacun d’eux étant marquée d’un arc en pierre (de taille) ; [il comprend en
outre] 8 petits dukkān... ; certains des dukkān sont surmontés de dépôts (maḫzan) (fol.
16b), dont le nombre est de 40, utilisés par les négociants (tuğğār) pour entreposer leurs
plus précieux biens. Chaque dépôt est accessible de l’intérieur du dukkān auquel il est
affecté au moyen d’une échelle de bois ; un grand dépôt (ḫazīna) est situé à l’arrière (dāḫil)
d’un dukkān attribué au šayḫ al-bazzāzīn184 ; il est surmonté d’un second dépôt (ḫazīna)
auquel on accède du dépôt inférieur, au moyen d’un solide escalier (sullam matin). Ces
dukkān et dépôts sont situés sur les quatre côtés du bazzāzistān, au milieu duquel se
trouve une « cour » dallée dotée d’un bassin alimenté en eau courante du Qanawāt 185 (fol.
17a)...
71 « .... [du côté des dukkān situés à l’ouest] se trouvent deux dépôts (maḫzan), le premier
situé au-dessus du dukkān, le second surmontant la porte ouest ; sur le côté sud de la
porte ouest, se trouvent deux petits dukkān ; tout ceci est ce que comprend le bazzāzistān
en fait de dukkān et dépôts. Il est couvert de 9 coupoles ; 7 d’entre elles sont grandes,
chacune possédant un lanter-non muni d’une grille (fi kulli wāḥida minhā qāfiᶜa fihā šubbāk
hadid)186 et une lucarne vitrée (qamāri min zugāg)187 ; le nombre de fenêtres (subbāk) est de
12 (fol. 17b) ; il y a aussi 12 lucarnes. Les deux petites coupoles sont percées chacune de
trois fenêtres grillagées (šubbāk min ḥadid) munies de lucarnes vitrées (qarna-riyyāt min
zuğāğ). Ces coupoles sont bāties, sur les quatre côtés, sur des pendentifs (turs) 188.... (fol.
18a). Chaque pendentif est construit de pierres de taille blanches et noires de même
proportion. Les pendentifs sont au nombre de 20 et reposent sur des arcs (qasyy) en
grandes pierres de taille (fol. 18b) de 1 ḏiraᶜ 1/3. Les arcs, au nombre de huit, et
semblables à une demi-circonférence, supportent les coupoles et reposent sur 15 piliers ;
sur les quatre côtés (fol. 19a), 41 colonnes de pierres de taille séparent les dukkān....
72 « La « cour » est entourée sur les quatre côtés par les dukkān ; sa surface, rigoureusement
plane, est recouverte de cadasa189, constitué de cendre et de chaux (fol. 19b).... excepté
autour du bassin (birka) au centre de la cour.... [(ce bassin)] est alimenté en eau du
Qanawāt à raison d’un aṣbuᶜ et demi par l’orifice creusé (dā’ira manqūra)190 dans la pierre
située sur la rive de ce fleuve, du côté nord et contiguë à la māšiya, dont l’eau alimente le
répartiteur (ṭāliᶜ) situé en face de la maison d’Ibn al-Ǧawharī antérieurement 191, maison
habitée maintenant par Yūsuf (fol. 20a) Yāyā Bāšī192, sise à l’intérieur de Damas, dans la
Mahalla Šayḫ ᶜĀmūd. Ce répartiteur est connu sous le nom de Tamirak ( ?)193. Puis l’eau
arrive au répartiteur con-tigu à l’ancien Hammām Murād Bāšā194, proche de la mosquée
puis au répartiteur de la maison d’Ahmad Bāšā195, puis à l’ancien répartiteur dans la rue
conduisant à la Mahalla al-Malik as-Saᶜīd Nūr ad-Dīn196, contigu à la Qāsāriyyat al-
Ḥaramayn aš-Šarīfayn connue sous le nom de Mūsā 1-Qat-tān197 ; puis de ce répartiteur au
bassin [du bātiment] ; le bazznstān est muni de quatre portes dont les battants sont
habillés de plaques de fer fixées par de solides clous... (fol. 20b) ; une chaîne est tendue en
travers pour interdire [l’accès] ( ?) des bêtes de somme. Une des portes, celle qui est à
l’orient, ouvre sur le sūq Darwīš Bāšā ; elle est surmontée d’une inscription, et son
appareil est de marbre et pierres jaunes et roses ; deux autres portes, à l’ouest, ouvrent
sur la rue Tanam198 qui débouche sur la rue (darb) menant à Nūr ad-Dīn aš-Šahīd ; de la
quatrième porte, au nord, on accède à l’ancien waqf du fondateur, le bazzastān précédent,
42

transformé en Sūq as-Sibāhiyya199 (fol. 21a).... Les rangées de dukkān sont munies d’une
balustrade (darabzīn) de bois travaillé ; chaque dukkān possède des crochets 200 et des
étagères pour y déposer les étoffes précieuses et suspendre des vêtements. Près de la
porte occidentale dans le passage (dihliz) ancien par lequel on accède au vieux bazzastān, 6
dukkān voūtés en berceau sont situés, l’un au sud, les cinq autres au nord ; (fol. 21b)
chacun est muni de bonnes fermetures (aġlāq) de bois.... A l’intérieur du nouveau
bazzastān, sont aménagés neuf dukkàn voūtés surmontés d’un auvent (rafrāf).... A l’arrière
des dukkān situés à l’ouest, à l’extérieur, une porte donne accès à un escalier de pierre qui
conduit à un dépôt (maḫzan), duquel part un second escalier de pierre qui aboutit à une
pièce haute (ṭabaqa ᶜidwiya), logement du gardien. Au nord, il existe aussi une pièce à
laquelle on accède par un escalier de pierre ; cette seconde pièce est dévolue au logement
(fol. 22a) du second gardien chargé de la surveillance du premier bazzastān.....
73 « Les limites de cet édifice sont : au sud la Qāsāriyya de feu le Hawàgà Mūsà b. al-Qattàn,
waqf des Deux Sanctuaires ; à l’est le Sūq Darwīs Bāšā201 où se trouve la porte, limite
complétée (tamāmuhu) par la Qāsāriyyat al-Ḥaramayn202, et le café (dār al-qahwa) waqf des
Haramayn ; ces deux édifices ont été fondés par Muḥammad Āgā b. ᶜAbd Allāh, chef des
Muhdirīn203, et le Sayyid al-Làgurdī ; au nord le Ḫān al-Haramayn aš-Šarīfayn dont le waqf
(fol. 22b) a été fondé par Ibn al-Qattān et le Sayyid al-Lāgurdī, limite complétée par le café
des Ḥaramayn et le passage de l’ancien bazzastān où se trouve la porte qui y donne accès ;
à l’ouest la voie donnant sur la rue Tanam ( ?) sur laquelle sont situées les deux portes. »
74 « L’emplacement (sāḥa) sur lequel a été construit cet édifice a été en partie acquis par le
fondateur par achat du Ḥāğğ Manṣūr b. Mubārak al-Maġribī s-Saqqā204, de Fātima bint aš-
Šihābī Aḥmad b. Qafğār et de sa tante Tiğār bint Nağm ad-Dīn ad-Ḍa’īf, du Ḥāğğ
Muḥammad b. ᶜAmr Wasat ( ?), de Zāhida bint Badr ad-Dīn al-Ḥalabī, des quatre sœurs,
Āisa, Makkiyya, Hadīğa et Badra, banāt Šihāb ad-Dīn ad-Dahīna, d’Aḥmad b. Hayr ad-Dīn
al-Ḫalīlī et Ahmad Āġā ğābi des waqf as-Sulaymāniyya205 en vertu d’un acte légal, comme il
Test clairement exposé dans l’acte de son waqf précédent daté du 8 muḥarram 1017/24
avril 1608, (fol. 23a-b) 206 établi par le Qādī lbrāhīm b. ᶜAlī 207 ; l’autre partie a été louée (
isti’ğār aš-šarᶜi wa l-istihkār al-muᶜtabar al-marᶜi)208 au mutawallī, Maḥmūd Bek b. Walī 209, le
mutawallī des Haramayn aš-Šarīfayn pour y construire un édifice à étages (li manfaᶜat al-
binā ? wa t-taᶜalli....) (fol. 24a). Les limites de cette partie qui a été louée sont : au sud le
Hān al-Haramayn as-Sarīfayn210, jusqu’au (wa yantahi) magasin de torréfaction du café,
waqf de la mosquée Darwīs Bāšā ; à l’est le sūq Darwīs Basa et la parcelle (arḍ) de l’écurie
de la Qāsāriyya al-Ǧadīda avec la parcelle de murlafaqāt ?211 comprise dans le waqf des
Haramayn ; au nord, la Qāsāriyyat al-Ḥaramayn nouvelle, et à l’ouest la rue, en vertu de
l’acte et des documents contenus dans la waqfiyya déjà citée ; le montant de la location (
al-ḥikr wa l-iğāra) est de 2420 dirham ᶜuṯmāni annuellement (fi ḥawl ?) (fol. 24b).... à payer à
quiconque est le mutawallī des waqf des Ḥaramayn à Damas.
• la totalité des dépôts (maḫzan) au nombre de 32, situés à l’étage au-dessus des dépôts (
maḫzan) appartenant au waqf des pauvres des Deux Sanctuaires212 ; ils sont situés à
l’intérieur de Damas, à l’entrée (bi ra’s) du sūq aṭ-Ṭawāqiyya ancien, en face (tuğāh) la Turba
de....213 (fol. 25a) Mustafa b. Bustān....

TABLEAUX V et VI ANNEXES AU WAQF MURĀD BĀSĀ pp. 86-95

TABLEAU IV LES PREMIÈRES TRANSACTIONS (fol. 6a-20a)


43
44

Note 1214
Note 2215
Note 3216
Note 4217
Note 5218
Note 6219
Note 7220
Note 8221
Note 9222
Note 10223
Note 11224
Note 12225
Note 13226
Note 14227
Note 15228
Note 16229
Note 17230
Note 18231
Note 19232
Note 20233
Note 21234
Note 22235
Note 23236
Note 24237
Note 25238
Note 26239
Note 27240
Note 28241
Note 29242
Note 30243
Note 31244
Note 32245
Note 33246
Note 34247
Note 35248
Note 36249
Note 37250
Note 38251
Note 39252
Note 40253
Note 41254
Note 42255
Note 43256
Note 44257
Note 45258
Note 46259
Note 47260
45
46

TABLEAU V LES SECONDES TRANSACTIONS (fol. 22b-27a)


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NOTES
1. Biographie avec bibliographie dans IA, X, 670-675 ; El 1, IV, 451-452 ; pour les auteurs locaux :
Ibn Ayyūb, Rawḍ, 140a-141b ; Ġazzī, Luṭ f 348-349 ; Muḥibbī, Ḫulāṣa, II, 214-216 ; sur ses différents
vizirats, Hammer-Purgstall, GOR, IV, 700.
2. An-Nahrawālī, al-Barq al-Yamānī, 210 sq.
3. Ibid., 445-474 ; Waqf Sinān Bāšā, fol. 4a.
4. Ibn Ayyūb, Rawḍ, fol. 140a-b.
5. Ġazzī, Luṭf, 348, confirmé par Būrīnī, Tarāǧim, I, 66 : Sinān Bāšā, gouverneur de Damas, suit
l’enterrement du qādī Ibn Ḥasan Bek, décédé en 995/1586-7.
6. Ġazzī, Luṭf, 348.
7. Ibn Ayyūb, Rawḍ, fol. 140a-b ; dans le texte de waqf, fol. 27b-29a, il est fait mention des trois
Qābūn.
8. Il est à noter que le texte de waqf ne mentionne aucun bien dans la région de Baᶜlabakk :
erreur d’Ibn Ayyūb, ou ont-ils été confisqués par le Sultan ? Voir plus bas page 35, note 4. Pour la
région de Ḥimṣ, doit-on comprendre qu’il s’agit des biens situés dans le Qalamūn ? Voir Waqf
Sinān Bāšā, fol. 34a-35a.
9. Ibn Ayyūb, Rawd, fol. 140a-b ; Ġazzī, Luṭf, 215, ajoute le nom d’un troisième personnage, Galāl
Galabīb. as-Sayh Adham, dont il donne une biographie peu flatteuse, ibid., 195.
10. Biographie élogieuse de ce personnage dans Ġazzī, Luṭf, 155-6 ; Ibn Ayyūb, Rawd, fol. 140b,
prétend qu’il est son ami ; Muḥibbī, Ḫulāṣa, I, 280 281, est plus critique et avance qu’il était
spécialisé dans la vente (illégale) des biens waqf (wa kāna yaḥkum bi bayᶜ al-awqāf).
11. Ġazzī, Luṭf, 348 ; Muḥibbī, Ḫulāṣa, II, 214.
12. Salnāma, 87.
13. Ġazzī, Luṭf, 348 ; il s’agit sans doute d’une mauvaise lecture du texte par l’éditeur, qui renvoie
à la biographie de Ḫusrū Bāšā, et qui, donnant les dates des deux mandats de ce gouverneur, ne
remarque point qu’ils sont postérieurs de quelque cinq années ; Salnāma, 87, indique qu’il s’agit
du second mandat de Ḥasan Bāšā.
14. Ibn Ayyūb, Rawḍ, fol. 141b, situe la révolte des Janissaires en 997, juste avant son second
mandat de Grand-Vizir.
15. Ġazzī, Luṭf, 349, donne le 5 šaᶜbān.
16. Müller-Wiener, Bildlexikon, 361.
17. Voir infra notes au waqf.
18. Ġazzī, Luṭf, 348, qui précise que Sinān Bāšā a bâti, outre les ponts et les ḫān, plus de 40
mosquées à hutba dans les différentes régions de l’Empire.
19. Ibn Ǧumᶜa, Wulāt, 20-22 ; Laoust, Gouverneurs, 192-193.
20. Cité par Heyd, Ottoman Documents, 187 n. 1 ; Öz, Yemen Fatihi, 171-193, catalogue des
documents divers conservés dans le tombeau de Sinān Bāšā ; ce catalogue donne une idée de
l’ampleur des réalisations effectuées par ce Vizir.
21. Röhrborn, Confiskation, 348.
22. Heyd, Ottoman Documents, 188, n. 5 et 189.
23. Pour la biographie de ce personnage nous avons essentiellement utilisé les articles qui lui
sont consacrés dans IA, VIII, 651-654 et EI1, III, 782-783 ; nous les avons complétés, pour ce qui
concerne le mandat de Murād Bāšā en Syrie, par les informations fournies dans les notices
contenues dans Ġazzī, Luṭf, 319-321, et Muḥibbī, Ḫulāṣa, IV, 355-358 ; contrairement à Ġazzī qui se
limite à la période syrienne de ce gouverneur, Muḥibbī donne une biographie fort détaillée qui
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couvre toute la carrière de ce vizir, en utilisant vraisemblablement, outre Ġazzī, des sources
ottomanes. Il est à noter que Būrīnī, qui fut proche de ce personnage, ne lui consacre, du moins
dans les manuscrits que nous avons pu consulter, aucune notice biographique. Ce personnage ne
doit pas être confondu avec le premier Murād Bāšā, gouverneur de Damas en 976/1568-69, mort
la même année et constructeur de la mosquée sise à Suwayqa, voir Ġazzī, Kawākib, III, 205-206, et
Luṭf, 55, avec références.
24. Il est ainsi nommé dans Waqf Murād Bāšā II, fol. 8a.
25. Ġazzī, Luṭf, 319, rapporte cette anecdote d’après le Qāḍī Muḥibb ad-Dīn, un des témoins
présents lois de la rédaction du premier acte de waqf, qui la tenait de Murād Bāšā lui-même.
Remarquons que ce dernier, selon Ġazzī, raconte avoir échappé de peu à l’exécution, après avoir
été présenté comme tous les autres prisonniers, au Šāh Ismāᶜil, ce qui, pour le moins, est
anachronique : si Murād Bāšā a été fait prisonnier en 1585, il n’a pu rencontrer le Šāh Ismāᶜil II
qui ne règne qu’en 1576-77 ; corriger aussi la grossière erreur de l’éditeur de Luṭf as-samar, qui
indique en note qu’il s’agit d’Ismāᶜil Ier, souverain mort en 1524.
26. Ibn Ǧumᶜa, 23 et 74 ; p. 23 n. 3, l’éditeur du texte, S. al-Munaǧǧid ajoute qu’une autre source,
vraisemblablement un salnāma ou un texte en arabe copie d’un salnāma ottoman, précise que la
durée de son mandat fut « d’une année, huit mois et sept jours » (cf. infra). Babinger, Statthalter 5,
première colonne Nos 46 à 50, donne une liste d’après Ibn Ǧumᶜa qui ne correspond pas au texte
édité par S. al-Munaǧǧid et traduit par H. Laoust. Ces différences sont dues probablement à
l’écriture défectueuse du manuscrit et à l’existence d’une seconde copie ; elle n’est mentionnée ni
par Munaǧǧid ni par Laoust qui n’indiquent d’ailleurs pas le texte, vraisemblablement le même,
qu’ils ont utilisé, le premier pour l’édition, le second pour la traduction ; v. Ġazzī, Luṭf, 283,
Murād Bāšā serait wālī eu 1001-1002.
27. Il s’agit de toutes les sources à l’exclusion de Ġazzī et Muḥibbī qui ne mentionnent pas un
second mandat.
28. Salnāma, 88, qui mentionne la nomination pour la seconde fois de Ḫusrū Bāšā en 1004.
29. Voir infra tableaux IV et V.
30. La présence de Murād Bāšā lors de la séance où l’acte de waqf est rédigé n’est pas clairement
mentionnée ; on peut cependant déduire du texte (fol. 3a) que Murād Bāšā est toujours
gouverneur de la Province.
31. Rāfiq, Bilād aš-Šām wa Miṣr, 163 et 197 sq : Manṣūr b. al-Furayḫ, qui est aussi multazim de Ṣafad
et ᶜAǧlūn, se taille à la fin du Xe siècle de l’hégire, un domaine dans la Biqāᶜ du nord au dépens
des Ᾱl Ḥanaš ; il construit de nombreux bâtiments dans cette région, et une belle demeure à
Damas, au sud du Sérail, dans le quartier de Darwīšiyya, pour être son siège d’Amïr al-Ḥaǧǧ. Ses
biens sont confisqués en 1000/1591, mais la famille se maintient dans la Biqâᶜ jusqu’à sa défaite
devant Fahr ad-Dïn al-Maᶜni, au début du second quart du XVIIe siècle.
32. Būrīnī, Tarāǧim, II, 287 sq ; Ġazzī, Luṭf, 321 ; Muḥibbī, Ḫulāṣa, IV, 357-358.
33. Les auteurs arabes donnent des dates de décès différentes : Ġazzī, Luṭf, 321, le 22 ǧumādā 1/2
août, qui ajoute que la nouvelle parvient à Damas en raǧab/septembre-octobre ; Muḥibbī, Hulāša
IV, 358, le 18 ǧumādā 1/29 juillet.
34. Voir folio 68a ; nous n’avons pu trouver de renseignements sur ce personnage, mais son père
possède une courte biographie dans Šaṭaṭī, Aᶜyān Dimašq, 61.
35. Fol. 67b ; il est cependant probable que tout ou partie de ce waqf a fait l’objet d’une rédaction
antérieure à cette date, voir Öz, Yemen Fatihi, 189-190.
36. Fol. la ; il semble cependant que le collationnement ne fut pas totalement effectué, comme
l’indique une annotation en marge du fol. 41a.
37. Voir page de garde.
38. De 6 folios de 19 lignes chacun, mélangés vraisemblablement lors de la reliure.
39. Le premier daté du milieu de ḏū l-qaᶜda 1003/juillet 1595, et le second du 9 ramaḍān 1201/25
juillet 1787.
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40. Voir infra le chapitre sur les constructions de Murād Bāšā.


41. Fol. 8a, où le texte porte : « ḥaḍrat Murād Bāšā. ᶜAbd ar-Raḥmān, adāma Allāh ayyām dawlatih... »,
ce qui indique que le Grand Vizir est encore en vie.
42. Vesely, Un document de fondation, 424 n. 4.
43. Les deux préambules occupent respectivement les folios 1 à 5 du waqf de Sinān Bāšā (écriture
très serrée) et 1 à 15 du waqf de Murād Bāšā.
44. Il n’occupe que les deux premiers folios.
45. Voir infra, Waqf Sinān Bāšā, fol. 65b-68a, et Waqf Murād Bāšā I, fol. 34a-35a ; Waqf Muṣṭafā Lālā
Bāšā, 228 sq ; Sauvan, Une liste de fondations pieuses, 244-257 (texte arabe), sur un litige où cette
procédure apparaît en arrière-plan. Les exemples peuvent être sans aucun doute multipliés ; voir
EI1 art. waḳf, IV, 1154 sq.
46. Sur ce wāli, voir sa biographie supra.
47. D’autres actes de waqf qui concernent Damas et sa région ont été effectivement rédigés
antérieurement, voir T. ÖZ, Yemen Fatihi, p. 189 dor. nos 190-192, 193, p. 190 doc. n os 195, 196 et
197 ; voir aussi Heyd, Ottoman Documents, 187-9.
48. Nom général donné aux tribunaux religieux dans l’Empire ottoman.
49. Il s’agit sans doute du même personnage que le signataire du document présenté par Heyd,
Ottoman Documents, 188-9 ; Muḥibbī, Ḫulāṣa, III, 292, mentionne un Yūsuf Aga, nāẓir du waqf as-
Sinäniyya dans les années 1030/1622.
50. Sur cette madrasa, voir Baltaci, 513-17 et Müller-Wiener, Bildlexikon, 47U-483 ; le personnage
mentionné est peut-être le même que celui cité dans Baltaci, 517, n° 27 sous le nom de Kara
Abdurrahman Efendi et qui enseigne à la même époque dans cette madrasa.
51. Sur les Müteferrikalar (l’Elite), voir Inalcik, Ottoman Empire, 82-3 et 116 ; Shaw, History, I, 117. Ce
groupe particulier du « service extérieur » était composé de fils de Pachas et de vassaux de
l’Empire, otages élevés dans le sérail, qui recevaient un salaire quotidien et participaient aux
cérémonies du Palais. Ils pouvaient devenir Subaçi et recevoir des timars. Notre Yūsuf Ᾱġā
semble cependant avoir été attaché à Sinān Bāšā comme esclave puis affranchi (ᶜatīq), puisque
dans la waqfiyya (fol. 47b-48a) il est précisé que les mutawalli du waqf seront des ᶜatīq, ou leurs
descendants en ligne mâle.
Il est intéressant de noter ce que rapporte Muḥibbī, Ḫulāṣa, III, 386, dans la biographie qu’il
consacre à Muṣṭafā b. Qāsim b. ᶜAbd Allāh al-Kuidi, fils du successeur de Yūsuf Ᾱġā ; celui-là
devient mutawallī du waqf de Sinān Bāšā en faisant jouer à la mort de son père la condition qui
stipule que l’intendance (tawliya) du waqf doit revenir à un ᶜatīq ou à ses descendants.
52. Sans doute l’une des sept madrasa comprises dans le complexe construit par le Sultan
Sulaymàn à Istanboul, voir Baltaci, 518 et Mantran, Istanboul, 136.
53. La lecture est semblable dans le texte imprimé et le manuscrit. Il faut sans doute lire
« madrasa Ismi Han Sultan », voir Baltaci, 285.
54. Sur cette grande mosquée, l’école d’enseignement, la siqāya et la seconde mosquée, cf. infra,
« Les constructions de Sinān Bāšā ».
55. Le village de Quṭayfa est situé à 30 km. au nord de Damas. Sinān Bāšā y construisit, selon
notre waqfiyya, une mosquée, un emâret, des pièces (buyūt), un ribāt (fol. 7a), un ḥammām et 10
boutiques (fol. 11a). Selon E. Celebi, au XVIIe siècle, il y avait de nombreuses pièces, écuries, des
pièces pour femmes, des réserves pour provisions, un four, un ḥammām, des boutiques ;
Zakariyya, Ǧawla, 26, qui donne en traduction la description d’E. Celebi, décrit le hàn à la fin des
années 30. Sauvaget, Caravansérails syriens, 117-121, restitue le complexe d’après Thévenot (milieu
du XVIIe siècle) et les renseignements fournis par les habitants au milieu des années 30. Il publie
des photos de l’intérieur du hàn, de la mosquée, de la cuisine et du ḥammām (fig. 28 à 33) ; il
donne le plan du complexe (fig. 25). Il mentionne la présence d’un café qui n’apparaît ni dans
notre waqfiyya ni dans la description postérieure de Celebi, contemporain de Thévenot. Sinān
Bāšā consacre en waqf d’importants bien-fonds qu’il se fait octroyer par le Sultan : la totalité du
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village de Quṭayfa et de son terroir avec les divers impôts (rusūm) et la dîme (ᶜušr) sur les moulins
et le pressoir (à olives) qui y sont levés (fol. 35a) ; une partie du terroir du village de Ǧarud et
deux mazraᶜa dépendant de ce village, avec la dîme (ᶜušr), les impôts (rusūm), l’impôt sur la pâture
(rasm al-marᶜā), le māl sayfī, et l’impôt sur le moulin situé sur une des deux mazraᶜa (fol. 34a-35a) ;
enfin une terre, ou des terres, d’une superficie de 9 faddān rūmānī dépendant du terroir du village
de Rahiba ( ?) avec les impôts qui y sont levés : dîme (ᶜušr), autres impôts (rusūm), le droit sur la
pâture (ḥaqq al-marᶜā), et le mal sayfī (34a). Les deux villages cités sont situés dans le Qalamūn :
Ǧarūd qu’il faut lire Ǧayrūd (Répertoire, D/243-207), et Raḥiba, qu’il faut vraisemblablement
corriger en Ruḥayba (Répertoire, D/162-168). Sur les impôts particuliers levés dans les régions de
Quṭayfa, Ǧayrūd et Ruhayba, productrices d’alcali, voir Mantran-Sauvaget, 23.
56. Le village de Saᶜsaᶜ, (40 km. au sud de Damas) était situé sur l’importante route
qu’empruntaient les caravanes vers la Palestine et l’Égypte, à environ 7 heures de Damas :
Thévenot, Reystn, 298 ; Hartmann, Die Slrasse von Damaskus nach Kairo, dans ZDMG LXIV/1910,
665-702 ; Répertoire, D/177-150. Sinān Bāšā construit dans ce village une mosquée, un emâret, des
pièces nombreuses, 2 ribāṭ, 10 dukkān (fol. 10a et lia) et un ḥammām (fol. 11a). Ces bâtiments ou
du moins une partie d’entre eux, sont déjà vraisemblablement construits le 21 mai 1581 quand le
voyageur allemand Schweigger y passe ; il voit en effet à Saᶜsaᶜ un caravansérail récemment
incendié, et à côté un second tout nouvellement construit par le Beylerbey de Damas :
Schweigger, Reyssebeschreibung, 219 : « ... dans une vaste campagne, nous arrivons à un
caravansérail récemment incendié, mais à proximité duquel un nouveau a été construit par les sujets
du maître du village représentant du Beglerbeg de Damas ; ce lieu se nomme Sasa... » (souligné par
nous) ; Heyd, Ottoman Documents, 126-127, ne cite que partiellement Schweigger, en notant que ce
dernier ne trouve entre Qunayṭra et Damas, qu’un seul ḫān « then burnt out ». Un document
ottoman daté du 11 šawwāl 989/8 novembre 1581, publié en traduction par Heyd, Ottoman
Documents, 114, n° 63, indique que des bâtiments, proches de ceux érigés par l’État, sont en cours
de construction par Sinān Bāšā à Saᶜsaᶜ. Thévenot, Reysen, 298, mentionne l’existence, moins d’un
siècle plus tard, d’un hn à Saᶜsaᶜ, qui comprend en son milieu une mosquée, et sur le côté un
puits ( ?) et à l’extérieur une petite forteresse. E. Celebi, Seyahat Name, IX, 527-8, décrit la
mosquée, et note la présence d’une forteresse, d’un hn, d’un emâret surmonté de huit coupoles,
d’un four à pain, de réserves, de 20 dukkān et d’un ḥammām ; voir aussi Hütteroth, Historical
Geography, (p. 18), 176, et Cohen-Lewis, 166 et n. 46. Sinn Eās se fait octroyer la totalité du village
de Saᶜsaᶜ et de son terroir, avec la totalité des impôts (rusūm), les droits de pâture et les droits
levés sur les moulins situés sur le terroir (fol. 39a-b) ; la totalité du village et du terroir de Ḫaribat
Sasaᶜ ( ?) avec la totalité des droits sur les deux moulins et le māl ṣayfī (40a) ; des champs cultivés
et des parcelles de terre, avec la totalité ou une partie des impôts qui y sont levés, près de
Kanākir (D 183/147), Bayt Sābir (D 174/ 154), Kawkab (D 189/162)... (fol. 35b-36a, 39b, 40a, 41a-b).
57. Situé au pied du Mont Tabor en Palestine, voir Heyd, Ottoman Documents, 110-113 ; Sanderson,
Travels, 98, qui y passe en 1601 note « then we came to Aiontosar, at the foote of Mount Tabor... ».
Les premières informations que nous possédons sur la décision d’entreprendre des constructions
en ce lieu nous sont données par les documents présentés par Heyd, Ottoman Documents, 110-113,
114-115. En šawwāl 989/novembre 1581, le Sultan, adoptant une suggestion des juges de Damas,
Safad et Acre et du Sandgakbey de Safad, ordonne au gouverneur de Damas et à son defterdār de
bâtir une forteresse à ᶜUyūn at-Tuǧǧar, afin de protéger les caravanes de pèlerins et de
marchands contre les attaques bédouines ; le mois précédent, il ordonnait qu’un ḫān fortifié soit
construit en ce même lieu. De fait, Sinn Bāšā avait déjà entrepris la construction de son édifice,
puisque dès mai 1581, un voyageur allemand est témoin d’une attaque de Bédouins contre ce
bâtiment, qui sera partiellement détruit lors d’une seconde attaque en août de la même année.
L’édifice construit par Sinn Bāšā comprend une mosquée, un emâret avec cuisine, cellier,
chambres, réserves pour provisions, un hān (7a-b), un ḥammām, 6 boutiques, un moulin et un
café (13b). Trois quart de siècle plus tard, E. Celebi, Seyahal-Name, IX, 449-450, décrivant les
51

bâtiments situés en ce lieu, note l’existence d’une forteresse ( ?) construite par Sinn Bāšā, d’un
ḥammām qui n’est plus en activité (muᶜattal) et de 6 boutiques.
58. Sur Acre qui n’est guère plus qu’un village de pêcheurs au XVIe siècle, v. Hütteroth, Historical
Geography, 92 et Cohen-Lewis, 121. Sinān Bāšā construit Acre même une grande mosquée, une
école d’enseignement du Coran, un ḫān de 80 maḫzan, un ḥammām (12b) et un four de boulanger
(13b).
59. Au XVIe siècle, selon Cohen-Lewis, 168 n. 57, signifie un endroit cultivé mais non habité
souvent proche d’un village.
60. Bien que le texte ne le précise pas, il s’agit sans nul doute du grand sūq construit par Sinān
Bāšā au sud de sa mosquée, v. infra « les constructions de Sinān Bāšā ».
61. La boisson nommée « café » est bue pour la première fois à Damas à la mi rabiᶜ I 941/
septembre 1534, voir Ġazzī, Kawākib, II, 126, qui cite Ibn Tūlūn ; voir aussi Ibn Ayyūb, ur-Rawd al-ᶜ
āṭir, fol. 300b-301a-b, citant lui aussi Ibn Tūlūn. L’habitude de boire du café se répandit
rapidement dans Damas, soulevant de vives polémiques, entre partisans et opposants, sur la
licéité de cette boisson et sur les « maisons à café », appelées ḫammāra. Le café est interdit à
Damas en šawwāl 953/nov.-déc. 1546, par décret impérial, voir Ġazzī, Kawākib, II, 13 et 39.
L’interdiction fut levée assez rapidement et les cafés se multiplièrent, construits par des
personnages officiels, sources de revenus appréciables et inclus dans les fondations pieuses ; sur
l’histoire de la diffusion du café à Damas, voir le travail récent de Ḥamūd, Ḥarakāt al-ᶜaskar,
208-209.
62. La lecture est semblable dans le manuscrit et le texte imprimé, mais ce terme n’est attesté
dans aucun dictionnaire. Il faut peut-être lire maḥmaṣa, boutique où l’on grille les pois chiches,
car cette activité était fort répandue à Damas v. Belon, Observations, 152 r° « ... il y a plusieurs
boutiques en Damas tout ainsi comme au Caire, qui ne font autre ouvrage que rôtir des pois
chiches... ». Il faut écarter le sens de boutique de torréfaction du café, car si la racine est la même,
les textes précisent toujours la dévolution de la boutique en ajoutant le mot « bunn » (café).
63. L’association de ces deux termes pour indiquer une fabrique d’amidon n’est attestée dans
aucun ouvrage ; Qāsimi, Dictionnaire, II, 482-3, n’emploie pas la racine ṢLḤ dans la description qu’il
donne des opérations successives intervenant dans la fabrication de l’amidon. La « fabrique
d’amidon » est appelée à Damas, déjà au XVIe siècle qāʿat an-našāʾ, voir Fekete, Siyāqat, I, 502-503,
où il faut ainsi lire l’expression mentionnée dans un document daté de 999/1590-91, et corriger le
sens donné par le traducteur. Voir aussi Qāsimī, Dictionnaire, II, 482.
64. Sur le ḥawš — habitation collective, voir la discussion, avec références, et les conclusions
provisoires de Abdel Nour, Types architecturaux, 70-74, qui portent avant tout sur la Palestine et le
Liban. Pour Damas, le terme ḥawš" est indiqué au début du xx e siècle, avec le sens très précis
d’habitat collectif dans Zettersteen, Kleine Beiträge, 15, où ce type de bâtiment est ainsi décrit :
« Hôs à Damas désigne une grande maison, qui n’est pas destinée à une seule famille, mais est
divisée en logements pour plusieurs personnes ». Il faut cependant ajouter que M. Muh. A.
Dahmān, lors d’une discussion récente, nous a indiqué que le terme ḥawš désignait
exclusivement, jusqu’à la période mandataire, un type de bâtiment, grosse maison, située à la
périphérie de la ville de Damas, donc plutôt rurale, et dont l’une des caractéristiques principales
était de posséder une grande écurie. Dans un document conservé dans les registres des
Tribunaux religieux de Damas, la description d’un bâtiment rural, ḥawš, est donnée : il comprend,
entre autres des logements (buyūt) pour les métayers (murābiᶜ), voir Siǧill Dimasq, II, 50. Il
convient d’autre part de noter que dans l’acte de Sinn Bāšā, un ḥawš est mentionné et il est
précisé qu’il est destiné à entreposer le bois (fol. 10b).
65. La limite septentrionale de cette mahalla passait donc au nord du sūq, et au sud du ḥammām,
comme le texte nous invite à le déduire.
66. Sur le sens de la racine ṬBQ « couvrir, recouvrir, envelopper, s’adapter, s’ajuster », voir
Kazimirski, II, 55-57. Nous avons traduit dans le texte le terme tabaqa (plur. ṭibāq ?) par le terme
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vague de « pièce » ; quand il était suivi ou précédé d’une indication, précisant qu’il était situé à
l’étage, nous l’avons traduit par « pièce(s) à l’étage ». La traduction proposée par Fekete, Siyāqat,
496-99, « tannerie » d’après le sens de ce mot en turc ottoman, ne paraît pas convenir dans les
documents relatifs à Damas. Dans notre texte, le mot apparaît par trois fois : une fois sous la
forme ṭabaqa, lié à un local de teinturier, et deux fois sous la forme ṭibāq lié à une savonnerie et à
un café ; dans ces deux derniers cas, le mot ṭibāq est employé conjointement avec le mot lihāq ; si
l’on exclut l’emploi de ces deux mots uniquement pour l’effet d’assonance, il faut comprendre
alors « ce qui dépend (de la savonnerie ou du café) à l’étage et ce qui lui est contigu ». C’est sans
nul doute cette traduction du mot ṭibāq « ce qui dépend à l’étage » qui convient aussi pour les
textes présentés et traduits par Fekete.
67. Un sūq al-ᶜAmāra est mentionné à la (in du XVe siècle, voir Yūsuf b. ᶜAbd al-Hādī, Nuzhat ar-
rifāq, 128, n° 118 ; cet auteur ne précise ni sa localisation ni sa spécialisation. Mais comme il le
cite à la suite des sūq localisés à Bāb al-Faraǧ et avant ceux localisés à Bāb al-Farādīs, on peut
supposer avec quelque vraisemblance que ce sūq était situé intra-muros, dans le quartier de
ᶜAmāra duquel il tire son nom, et qu’il n’était qu’un sūq de quartier.
68. Le sūq al-Buzūriyya était situé sur le même emplacement qu’on lui connaît aujourd’hui, au
sud du sūq as-Silāh, voir Yūsuf b. ᶜAbd al-Hādi, Nuzhal ar-rifāq, 125, n° 17. Ce même auteur
mentionne dans sa liste des sūq, sous le n° 18, un sūq ad-Duhaynatiyyin qui était situé entre les
deux sūq précédemment cités (Silāḥ et Buzūriyya), et qui était spécialisé dans la vente
d’onguents. Notons cependant que le sūq ad-Duhaynatiyyin ne semble pas avoir été occupé
exclusivement, à la fin du XVIe siècle, par le type de commerce mentionné par Ibn ᶜAbd al-Hādi ;
plusieurs documents des registres des Tribunaux de Damas, font mention de la vente des
instruments de travail (asbāb) d’un artisan qui est à la fois fabricant d’armes et verrier, et dont le
hānūt, qui semble être aussi son domicile, est situé dans ce sūq, voir Siǧill Dimasq, I, 137-8, 154-5,
cas 266, 299 et 300. Ces mêmes documents mentionnent une qīsriyya, localisée dans ce sūq,
connue sous le nom de Hawāǧa Amīn ad-Din, dans laquelle cet artisan possède un dépôt (maḫzan).
La qīsriyya citée dans notre texte doit tenir son nom soit de sa localisation à proximité de ce sūq,
soit parce qu’elle était occupée par ces artisans spécialisés qui y avaient peut-être été regroupés.
69. Sur ce terme voir infra p. 51 n. 2.
70. Sur les sens de la racine ṬBQ voir supra p. 49 n. 2. Il faut comprendre ici qu’il existe dans ce
bâtiment deux emplacements pour la mouture des grains. L’expression « ḥaǧar muṭbaq » désigne
la meule supérieure mobile qui s’ajuste sur la meule inférieure fixe et tourne avec l’axe vertical
entraîné par la force hydraulique ou animale, voir Sahāda, Tāriḫ at-ṭāḥūn, 1, AAAS, XXIII, 241-273.
Dans l’Empire ottoman, le droit sur les moulins était perçu par « pierre », entendons
« tournante » ; dans le cas de moulins qui ne fonctionnaient que six mois l’an (par eaux de crue,
comme dans le Ḥavvrān par exemple) il n’était perçu qu’un droit « d’une demi pierre », voir
Cohen-Lewis, 60, 161 n. 29.
71. Sur ce terme, voir supra p. 48 n. 4.
72. Ce mot signifie en arabe comme en turc ottoman : lieu où l’on descend, où l’on fait halte ;
hôtellerie, auberge, logement, logis, relais sur la route, voir Kazimirski, II, 1241 et Redhouse,
1999. Des deux manzil mentionnés dans cette waqfiyya, seul le second est « décrit », mais d’une
manière succincte, pour que l’on puisse définir sa fonction qui était peut-être celle d’une
hôtellerie Le nom de makān, peu précis, qui lui est donné, soulève a priori une question : pourquoi
le (ou les) rédacteur(s) du waqf a-t-il indiqué que ce bâtiment était appelé, et connu, par ce nom ?
Deux types de réponse sont possibles : le premier serait de considérer que le terme makān a un
sens totalement vague, signifiant tout au plus que ce bâtiment compte tenu de la personnalité du
fondateur, est bien connu comme lui appartenant, comme étant son édifice « par excellence »
(makān) ; mais dans ce cas pourquoi le premier manzil n’est-il pas décrit et appelé par ce nom ? La
seconde réponse serait d’envisager que ce mot, au moins à Damas et au XVIe siècle, possède une
signification particulière et sert à désigner un type d’édifice, si ce n’est unique, du moins
53

possédant certaines caractéristiques particulières. Ce terme makān apparaît par deux fois dans
une autre waqfiyya damascène de la même époque, datée de 974/1566-67. A la page 28 du waqf de
Fāṭima Ḫātūn, un makān, situé intra-muros, à Hārat al-Yahūd, comprend des pièces (buyūt) en rez-
de-chaussée, possédant chacune des commodité », qui s’organisent autour d’une grande cour.
Chaque pièce possède une porte et une fenêtre (šubbāk) donnant sur la cour. Huit latrines
(murlafaqāt) occupent le centre de cette dernière, dans laquelle se trouvent aussi deux puits d’eau
potable. Le second makān mentionné dans le texte (p. 29-30) est situé à l’extérieur de Bāb al-
Ǧābiya, et comprend au rez-de-chaussée un entrepôt (maḫzan) ; de ce dernier, on accède à l’étage
qui comprend des logements (masākin), possédant des commodités. Un édifice ? (makān) est
mentionné dans un document des Reǧistres des Tribunaux religieux de Damas (Siǧill Dimašq, I,
140). Situé extra-muros, à mahallat Bāb as-Salām, à l’extérieur de Bāb as-Salām, il est connu sous le
nom de Bayt ar-Rassām ; il comprend au rez-de-chaussée un entrepôt, deux murabbaᶜ ( ?) dans
l’une d’elles se trouvent une citerne (masnaᶜ māᶜ) ; une cuisine et une latrine (murtafaq ḫāṣṣ). A
l’étage une pièce (tabaqa ?) à laquelle on accède par un escalier de pierre. L’utilisation du mot
makän dans ces divers textes relatifs à Damas ne s’applique pas, selon les descriptions souvent
sommaires qui sont données, à un seul type de bâtiment ; si l’on doit sans doute voir dans le
premier manzil mentionné dans le waqf de Sinān Bāšā, une sorte d’hôtellerie, dans le dernier
makān, un type d’habitation plutôt rurale, les autres makān mentionnés dans le waqf de Fātima
Htūn et de Sinān Bāšā se rapprocheraient sans doute de ce type de bātiments connus au Caire
sous le nom de rabᶜ, et destinés au logement des populations les plus pauvres, bâtiments plus
modestes, à la dimension de la ville. Voir lbn ᶜĀbidin, Radd al-muḥlār, IV, 261, qui définit le manzil,
comme « un endroit (makān) qui se compose de 2 ou 3 pièces/logements (bayt) dans lesquels on
descend nuit et jour, qui possède une cuisine, des toilettes ; on peut y séjourner en famille... mais
[le manzil] ne possède ni cour ni écurie ». L’inexistence de tels bâtiments dans la Damas actuelle
ne nous permet pas de conclure définitivement ; cependant la découverte de nouveaux
documents, waqfiyya ou autres, contenant des descriptions nouvelles, indiquant le type de
locataires qui l’occupent permettrait de cerner d’une manière plus précise la fonction de cet
édifice.
73. Il s’agit sans nul doute du tombeau et de la Madrasa ᶜAṣrūniyya qui étaient situées sur la rue
menant de l’embranchement de Bāb al-Barid à la Citadelle (WW, E3, 9). La madrasa fut détruite
lors de l’incendie qui ravagea cette rue en octobre 1898, voir WW, II, 61 qui citent Babinger.
74. Sur cette mahalla voir infra « Les constructions de Sinān Bāšā ».
75. Ce ḥammām avait été construit par un important négociant de Damas, et ouvert en ǧurnādā I
799/fév.-mars 1395 ; voir Ibn Qāḍī Šuhba, 610, 641, qui précise qu’il était l’un des plus beaux de
Damas ; voir Écochard-Le Cœur, Les bains de Damas, où les plans de ce ḥammām sont donnés.
76. Sur la limite de cette mahalla d’avec celle de Bāb Muṣallā, voir supra p. 49, n. 1.
77. L’existence d’un tel type de moulin est attestée dans la région de Safad dès le milieu du XVIe
siècle. Cette technique fut importée d’Espagne dans l’Empire ottoman, à Salonique
principalement, puis ensvuite en Palestine par des immigrants juifs. Elle nécessitait une eau
abondante non seulement pour laver la laine brute, mais aussi pour mouvoir les « marteaux »
fixés aux roues tournantes qui battaient l’étoffe, v, Cohen-Lewis, 61 avec notes et références. Le
nom de battait que porte ce moulin est à rapprocher, si notre lecture est bonne, du nom sous
lequel la technique était connue en Espagne (batan). Il est à noter que le moulin à foulon était
connu dans l’Empire byzantin, comme l’atteste la dérouverte en Anatolie d’un moulin, d’un type
différent de ceux décrits ici, qui remonterait aux X-XIe siècles, voir H.M. Danisman, An operational
fulling-mill at Kirha-Divan in the Central Anatolian plateau, Turkey, dans Post-Medieval Archeology,
11/1977, 80-86.
78. Une Mazraᶜat as-Sayyāra ( ?), au sud de Ǧisr Yaᶜqūb, sur la rive droite du Jourdain (Carte
Rosh-Pina, 266/208) avec les ruines d’un moulin indiquées, pourrait correspondre à notre
toponyme. I1 est intéressant de signaler qu’un moulin à blé, situé sur le terroir du village d’as-
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Sayyāra, « près de Oaṣr (sic) Banāt Sayyidnā Yaᶜqūb », est mentionné dans le waqf Lālā Muṣṭafā
Bāšā, 132. Les limites de ce dernier bâtiment, telles qu’elles sont données, diffèrent de celles
indiquées pour le moulin à foulon de Sinān Bāšā ; s’il ne s’agit donc pas du même édifice, les deux
moulins devaient être proches l’un de l’autre.
79. Peut-être Ras Kida, situé dans la région de Batrūn dans le Liban septentrional. Sur les
pressoirs à olives, voir R. Cresswell, « Un pressoir à olives au Liban : essai de technologie
comparée », L’Homme, 1965, n° 1, 33-63.
80. Sur ce village, voir Wild, Lib. Ortsn., 135 avec références.
81. Comme il est exclu d’utiliser une même installation pour moudre le grain et presser les olives,
il faut comprendre ici que nous avons réuni, dans un même bâtiment, deux types d’installations
destinées à deux activités différentes. L’hypothèse avancée par Abdel Nour, Types architecturaux,
90 n° 35 trouve en partie ici une confirmation.
82. Voir supra p. 47 n. 1.
83. C’était un point de passage important situé sur le Jourdain, où un droit de péage était prélevé,
voir E. Celebi, IX, 525 ; Thévenot, 298 ; Hartmann, Die Strasse von Damaskus nach Kairo, 665-702 ;
Hülteroth, 93, 94 (fig. 9), 95 ; Heyd, 127 et n. 5 ; Cohen-Lewis, 165-6 et n. 44.
84. Sur ce wādi voir Cohen-Lewis, 163 n. 30, pour les références ; ajouter Ġazzī, Kawākib, I, 33 qui

mentionne près de Safad un Wādī Dilbayya ( ?). Selon Cohen-Lewis,


61, ce wādī fut par la suite nommé, du fait de l’existence sur son cours de nombreux moulins,
Wādī I- Ṭawāḥīn ; situé entre Safad et Mayrūn, voir Carte Palestine, ar-Rāma, 1/50.000,
(262-264/194), où de nombreux emplacements de moulins sont indiqués.
85. Lieu non identifié.
86. Hütteroth, (Z 53) 194, mentionne un village « Ǧābiyya », qui pourrait être le nôtre, puisque lui
aussi situé dans la nāḥiya de ᶜAkkā (fol. 46a et b).
87. A corriger en Kafr Dāna, village vide à la fin du XVIe siècle, selon Hütteroth, (p. 18) 192 ; situé
dans la nāḥiya de ᶜAkkā (fol. 42 a-b).
88. Peut-être ce ruisseau er-Rabadiyé, qui coule au sud de Ṣafad et se jette dans le lac de
Tibériade, voir Baedeker, 258 et carte 242-243 ; Carte Palestine, ar-Rāma, 1/50.000e.
89. Village nommé par Hütteroth, 179, dépendant de la nāḥiya de Tibnin (Bānī Bišāra, voir Waqf
Sinān Bāšā fol. 42b, 43a).
90. Sur ᶜUyūn at-Tuǧǧār, voir supra p. 46 n. 1.
91. Sur Acre, voir supra p. 47, n. 1.
92. Étant donné la diversité des régions dans lesquelles le waqf est représenté, les impôts
mentionnés constituent un éventail à peu près complet de ceux levés sur les campagnes dans le
Bilād aš-šām.
93. La lecture du manuscrit est masṭaba ; nous avons suivi la lecture du texte imprimé puisque la
description donnée, même sommaire, concerne bien une savonnerie. Connue sous le nom d’Al-
Mālikiyya, elle comprend des entrepôts (maḫzan) avec une cuve de cuivre (māʿūn nuḥāsī) pour la
cuisson du savon ; elle est alimentée en eau du Grand Canal de Tripoli, selon un droit d’eau
reconnu (légalement). Située dans la Maḥallat al-Yahūd, cette savon nerie est limitée au sud par
la maison de l’Évêque des Chrétiens ; à l’est la maison de Yahūdā... ; au nord la voie passante où
est située la porte ; à l’ouest la maison de l’Évêque déjà mentionné. Pour une description plus
détaillée, relativement, d’une savonnerie située à Ṣaydā, voir Abdel Nour, Types architecturaux, 81,
d’après un waqf du XVIIe siècle. Il n’est pas étonnant de noter la présence dans le waqf de Sinān
Bāšā d’une savonnerie ; en effet, le savon était l’un des articles faisant l’objet d’un commerce très
actif avec l’Europe et de nombreux négociants à Tripoli y étaient engagés, voir Rau-wolff, Riḥla,
34. Sur le procédé de fabrication du savon, voir la description donnée par ce même auteur, 35-36.
55

Voir aussi Mantran-Sauvaget, 69 avec références, où le règlement indique, avec sans doute
quelque exagération, que « c’est sur cette dernière (l’herbe à savon — alcali) que reposent les
moyens d’existence des habitants de Tripoli, puisque c’est avec elle que l’on fait le savon fabriqué
à Tripoli ». Sur les régions productrices de cette herbe, voir supra p. 44, n° 4.
94. Cette condition fut au moins une fois appliquée, voir supra p. 43, n° 6.
95. Voir infra Tableau II.
96. Voir infra Tableau III.
97. Cette procédure (rétractation du fondateur du waqf, opposition du mutawallī, jugement,
après réflexion, du qādi en faveur de ce dernier) semble n’être que toute formelle ; elle ne sert
qu’à confirmer la validité de la fondation pieuse, et son irrévocabilité, par un enregistrement en
bonne et due forme. Elle permet aussi d’éviter dans l’avenir, selon l’esprit de la loi, et dans celui
du fondateur, toute appropriation des biens de la fondation destinée à des œuvres pieuses, par un
tiers, héritier ou État. Sur [a prodédure, voir Y. Sauvan, Waqfiyya, 232, 244-245, avec références.
98. Cet acte est rédigé deux mois avant la mort de Sinān Bāšā qui a lieu le 4 šaᶜbān 1004/3 avril
1596 ; il est alors, pour la cinquième fois, Grand Vizir de l’Empire. En effet, écarté du Grand
Vizirat le 16 rabiᶜ I 1004/19 novembre 1595, il est rappelé à ce poste par le Sultan à la suite de la
mort subite de son successeur survenue quelques jours après sa nomination, voir Hammer, GOR,
IV, 700 ; EI1, art. Sinān Bāšā, IV, 452.
99. Il s’agit vraisemblablement de la madrasa construite en 1593/1002 par Sinān Bāšā à
Istanboul ; cette madrasa comprend une turba dans laquelle il fut enterré : Müller-Wiener,
Bildlexikon, 361. Voir aussi Baltaci, 284-6.
100. Sur cette madrasa, voir Baltaci, 444.
101. Peut-être la madrasa Lālā Sāhin de Brousse, Baltaci, 571.
102. Baltaci, 136.
103. Nous n’avons pu identifier cette madrasa.
104. Baltaci, 145.
105. Ibid. 244-5.
106. Il s’agit peut-être de la madrasa Eski Ibrahim Pasa, Baltaci, 126-127.
TABLEAU II. BIEN-FONDS DU WAQF DE SINĀN BĀŠĀ DANS LA GŪṬA ET LE MARǦ
107. Les fonctions font l’objet d’explications dans le texte du waqf.
108. Traduction arabe de Mīr-i mīrān, voir Introduction. Dans ce texte, comme dans le suivant, les
points de suspension indiquent — sauf mention contraire en note — que des expressions ou
locutions adjectives qui n’apportaient rien à la compréhension du document, ont été omises de la
traduction.
109. Sur cette titulature plus particulièrement employée sous les Mamelouks, voir Gaudefroy-
Demombynes, La Syrie à l’époque Mamelouke, Paris 1923, 141 ; N. Ziyadeh, Urban Life, 16.
110. (3) Un sūq de Ṭawāqin est mentionné à la fin du XVe siècle par Yūsuf b. ᶜAbd al-Hādī, JVuzhat
ar-rifāq, 125, n° 22. Cet auteur le situe derrière le sūq al-Buzūriyyīn, du côté de l’ouest, voir Tanbīh
al- Tālib, carte. Celui cité ici est probablement un sūq fondé postérieurement sur un emplacement
occupé plus d’un quart de siècle auparavant par ces artisans ; voir lbn Ayyūb, Rawd, fol. 34b, qui
rapporte que, dans les années 930, un grand incendie ravagea tout le quartier de Bāb al-Barīd
jusqu’à al-ᶜAṣrūniyya, le feu s’étant déclaré dans le logement (fabaqa ?) d’un tawāq. Il fut décidé de
reconstruire un sūq, comme il avait été décidé, à une date antérieure non précisée par l’auteur,
de rebâtir la qisāriyyat at-Tawāqin (waqf de la Mosquée des Omayyades) qui était en ruine depuis
Timur Lang (voir aussi le même auteur, fol. 87a). Le qualificatif al-Arwām peut indiquer soit que le
sūq était occupé par des artisans d’origine anatolienne, qui s’étaient installés après la conquête
ottomane, soit que leur production était plus particulièrement destinée aux Anatoliens habitant
la ville ou ses environs. Ces artisans auraient fabriqué des calottes, des bonnets ou peut-être aussi
des toques ; un voyageur visitant la Syrie en 1599, notait que les habitants de Tripoli « mettent
sur leur teste un bonnet qu’ils appellent Takiya et qui est de drap ou de soye avec du coton » ; ce
56

même voyageur, parlant des femmes, rapportait qu’ « elles mettent sur leur tête un taquia de
drap ou de soye ordinairement rouge ou bleu... », Dandini, Voyage du Mont Liban, 44 et 48, cité par
Dozy, Dictionnaire détaillé des noms des vêtements chez les Arabes, Amsterdam 1845, 280-291, et plus
spécialement 290-291.
111. Voir infra « Les constructions de Murād Bāšā ».
112. Il s’agit du premier ḫān construit par Murād Bāšā, voir infra.
113. Porte qui fermait le quartier, voir von Kremer, Topographie, 17.
114. Sur le café, voir infra p. 68 n. 1.
115. Sur cette famille de notables religieux, liés à la famille Ġazzī, v, Ġazzī, Kawākib, I, 279, II,
47-48, 1.57, III 30 et Ġazzī, Laṭf, 36-37 ; Ġazzī, Kawākib, II, 48, précise que le sayh Ǧalāl ad-Din,
personnage le plus important de cette famille, mort au milieu du XVIe siècle, habitait une maison
« proche de la Mosquée des Omayyades, du côté de l’ouest ».
116. Personnage (et famille) non identifiés.
117. Voir supra, p. 52, n 1 ; Yahya, Inventaire, n° 84, 279 avec références. Une qisāriyya portant ce
nom était située à Bāb al-Barīd, en face de la Madrasa al-ᶜAṣrūniyya (voir infra, p. 67 n. 7), séparée
d’elle par une rue. Elle occupait, depuis le XIVe siècle, l’emplacement de la maison du Qādī Ibn Abi
ᶜAṣrūn (mort à la fin du XIe siècle) d’où elle tirait vraisemblablement son nom ; voir Tanbih at-
Tālib, carte, où les deux bâtiments sont localisés.
118. Porte de quartier, voir supra p. 66, n. 2.
119. Il s’agit selon toute vraisemblance d’une maison appartenant à la famille ad-Diwān dont
l’existence est attestée au début du XVIe siècle par Ġazzī, Kawākib, I, 63 ; notre texte mentionne
par ailleurs des bien-fonds acquis par Murād Bāšā au waqf d’un certain Sihāb ad-Dīn b. ᶜAbd ar-
Razzāq ad-Dīwān (fol. 17b-18a) et à un certain Ahmad b. Maḥmūd ad-Dīwān (fol. 14b),
personnages que nous n’avons pu identifier.
120. Sans doute la maison de ce personnage mentionné aux folios 22b-23a, 23b du texte de waqf
et que nous n’avons pu identifier.
121. Un ᶜAli Ǧāwīs, portant un autre surnom, mutawallī de la Mosquée des Omayyades puis Amīr
al-Haǧǧ, mort en 1021/1612-1613, fait l’objet d’une courte biographie dans Ġazzī, Luff, 288. Le
surnom de Dū l-Fiqār était porté par les militaires, voir par exemple Siǧill Dimašq, III, Qassām
ᶜAskarī, où les exemples sont nombreux.
122. Il s’agit de la Madrasa ᶜAṣrūniyya, dans laquelle son fondateur, Ibn Abī ᶜAṣrūn fut enterré,
Badrān, Munādama, 132-3. Sur sa localisation, voir Badrān, ibid, 131, et WW, E, 3, 9 ; voir aussi
carte II.
123. Ce mot apparaīt aussi sous la forme « iqlid » ? une main anonyme l’a d’ailleurs rajouté ; (‫)ﷲ‬
au-dessus de ce mot dans notre texte. En marge, d’une autre écriture, deux mots, que nous
n’avons pu déchiffrer, apparaissent. Cependant, dans le second acte de waqf de Murād Bāšā (fol.
28a) qui reprend la première waqfiyya, est insérée, après le mot « qild », une glose : ayy an-naqḍ,
c’est-à-dire « en mauvais état, menaçant ruine » ; voir aussi Ġazzī, Luṭf, 268, où le terme est
uttilisé avec un sens semblable.
124. Voir EI1, art. wakf, IV, 1154 sq.
125. Il s’agit ici du lieu où la boisson est préparée et vendue, plutôt que du bâtiment où le café est
torréfié, voir supra, p.48 n. 1.
126. Sur les Ibn aI-ᶜAnbari, voir Ġazzī, Kawākib, I, 20 et III, 170 ; le personnage mentionné ici est
peut-être le fils, Muḥammad, du Hawāǧā ᶜAbd al-Qādir b. Muḥammad al-ᶜĀtikī, connu sous le
nom de Ibn al-ᶜAnbatī, mort en 998/1589-90, importante personnalité (min ruᵓasāᵓ) de la ville de
Damas. Le titre de Hawāǧā était porté par les grands négociants.
127. Nous n’avons pu identifier ce personnage, dont le nom complet, tel qu’il est mentionné aux
fol. 6b, 21a, 23a-b et 29b, est : Aḥmad Ǧalabi b. cAbd ar-Raḥim al-Hanafi. Il était Qādi hanéfite, et,
hākim ḫilāfa, il assurait vraisemblablement durant cette période l’intérim entre la destitution
d’un qāḍī l-qudāt et l’arrivée de son successeur (fol. 6b).
57

128. Ce terme, dont nous ne pouvons donner une signification juridique précise mais qui semble
indiquer un type particulier de contrat de location, apparaît dans la majorité des transactions
réalisées par Murād Bāšā, et dans lesquelles l’autre partie est un waqf (voir Tableaux III et IV). Il
désigne dans ce cas l’acte de cession locative du terrain, à l’exclusion des édifices qui sont
achetés, contre une redevance (uǧra) annuelle, sauf dans un cas (fol. 21a) où cet acte concerne le
bâtiment. Dans deux transactions, ce terme est associé, une fois au terme muḥākara (fol. 14b-15a),
une autre fois à celui d’iḥtikār, sans que l’on puisse déduire que ces trois termes recouvrent une
même notion juridique ; ils devraient cependant être rapprochés d’un type particulier de contrat
à long terme, ḥikr, ou d’un modèle similaire plus tardif commun dans l’Empire ottoman aux XVI-
XVIIe siècles, iǧāratayn ou sa formation alépine uǧratayn ; voir Baer, Hikr, 1-2 ; Amin, Awqāf,
280-285 ; pour Alep, Marcus, 30. Ce type de contrat, iǧāratayn ou uǧratayn, dans lequel l’acquéreur
payait une somme déterminée à la conclusion de l’accord, et un loyer annuel, impliquait que ce
dernier jouissait de droits de propriété, complets sur les bâtiments qu’il construisait sur la
parcelle de terre prise en location. La durée du contrat pouvait être perpétuelle ou à long terme,
le contrat devenant caduc si l’acquéreur cessait de payer le loyer prévu. Dans les transactions
réalisées par Murād Bāšā, une clause particulière est mentionnée qui permet au fondateur de
construire des bâtiments avec étage (al-bināᵓ wa-t-ta ᶜallī) sur le terrain pris en location (tawāǧur) ;
il est indiqué, outre le montant du loyer annuel, que le contrat est valable pour une durée
déterminée (mudda maʿlūma), mais qui n’est pas précisée. Cependant, compte tenu de
l’importance des édifices construits, de plus consacrés en waqf aux Pauvres des Deux Sanctuaires,
le contrat ne pouvait être que de très longue durée, voire à perpétuité. C’est peut-être dans ce
dernier sens qu’il faut comprendre l’expression al-iḥtirām wa-l-baqāᵓ (qui sera respecté et
persistera durablement) ajouté à la clause autorisant la construction de bâtiment à étage(s).
Néanmoins seules des recherches ultérieures, le dépouillement d’ouvrages de droit, la découverte
des actes originaux concernant les transactions réalisées par Murād Bāšā ou de documents
concernant d’autres waqf permettront d’apporter des éclaircissements sur cette notion de
tawāǧur.
129. Un personnage de ce nom est mentionné dans Laoust, Gouverneurs, 162.
130. Sur les monnaies, voir infra tableau des monnaies.
131. Comme il appert du texte de waqf (fol. 7a et 21a) il était Grand Qādī de Damas en
1003/1594-5, durant une courte période. Son nom n’est point cité par lbn Ǧumᶜa, Wulāt.
132. Il s’agit peut-être du grand waqf de Qayt Bay, dit de la Dasisu, voir infra tableau Y et p. 94 n.
45.
133. Voir infra, tableau des monnaies.
134. Il s’agit de Šams ad-Din Abu ᶜAbd Allāh Muḥammad b. Ǧānbak al-Kanǧi, Qādī sàfiᶜite, (mort
en rabīᶜ I 1016/juin-juillet 1607), devant lequel tous les contrats de location furent conclus, sauf
mention contraire ; voir les tableaux IV et V. Biographie dans Ġazzī, Luṭf, 24-25
135. Voir supra p. 67. n. 2.
136. Les « descriptions » que nous possédons des hānūt sont toutes identiques ; ils possèdent un
dāhil, un finsᵓ, des aġlāq et des manājf, (voir fol. 19b-20a] -Le mot dāhil désigne la pièce qui constitue
la boutique dont le mode de fermeture (aġlāq) qui existait encore à Damas il y a quelques années,
était semblable à celui décrit pour Alep et Antioche : « un volet supérieur, qui relevé forme
auvent et un volet inférieur, articulé, qui sert d’étalage et de siège pour les clients » ; Sauvaget,
Alep, p. 120, fig. 27 et pl. XXIII, 3 ; Bazantay, Enquête sur l’artisanat à Antioche, Beyrouth, 1936, p. 5,
mentionne l’existence d’un autre système de fermeture dans les vieux sūq d’Antioche. La notion
final est définie par les juristes malékites comme « un espace libre qui entoure et qui longe un
immeuble bâti : dans la conscience musulmane, le propriétaire de tout immeuble possède sur le
dit fina des droits d’usage privilégiés... » et le fināʾ « se traduit dans la pratique journalière par un
droit préférenciel de stationnement, d’attache des bêtes et de déchargement mais qui signifiait
sûrement à l’origine... quelque chose de plus important : la propriété de l’immeuble bâti déborde
58

virtuellement autour de lui... », Drunschwig, Urbanisme médiéval, 131 et 133. Cette même notion
est reprise dans un ouvrage récent où le fināʿ est défini comme « an open space around or along a
building », Hathloul, Tradition, continuity and change, 92 : cet auteur présente des plans pour
illustrer le fināʾ d’un café notamment, ibid, 95 et 97, et précise que le fināʾ est utilisé pour les
activités domestiques ou pour la fabrication et la vente des produits.
137. Cette notion de « droits légaux » (ḥuqūq šarᶜiyya) pour la maison d’habitation, est définie,
d’après des juristes qui lui sont antérieurs par Ibn cAbidīn, Radd al-Muḫtār, III, 261-262. Il s’agit
essentiellement pour les maisons d’habitation du droit d’accès (ḥuqq al-tarīq) et du « droit à
l’égoût » (haqq al-masīl). La notion de marāfiq, qui est mentionnée plus loin dans le texte, associée
d’ailleurs à la notion de huqūq šar’iyya, est proche de cette dernière, mais selon Ibn ᶜĀbidīn, ibid.,
IV, 261-262, plus large.
138. Qisāriyya inconnue à ajouter à la liste établie par Yahya, Inventaire. Voir Tableau IV pour les
noms des propriétaires.
139. Sur ce terme, voir supra p. 68 n. 4. Voir Tableau IV pour les transactions.
140. Cette qisāriyya et le calé sont mentionnés dans le second waqi de Murād Bāšā (fol. 22b) où il
est indiqué que ces deux bâtiments ont été fondés en waqf, et vraisemblablement construits, à
une date non précisée, par des personnages dont les noms sont donnés. Voir aussi Yaḥya,
Inventaire, n° 218, 370-375. Les localisations proposées par cet auteur, qui n’a pas eu connaissance
de notre texte sont à modifier sensiblement.
141. La seule maison à café mentionnée précédemment est celle construite par Murād Bāšā, dont
la localisation ne peut correspondre à cette dernière. Il s’agit donc d’une erreur du scribe, qui a
de plus ajouté un « et », rendant la phrase plus confuse. Il faut sans aucun doute rétablir le texte
et suivre la lecture du second waqf (fol. 22b) : « la maison à café, waqf des Ḥaramayn ».
142. Les informations concernant la carrière de ce gouverneur dans le Bilād aš-šām sont à
trouver essentiellement dans deux sources : Ibn Ayyūb, Rawḍ, fol. 125b-126b et Ġazzī, Kawākib, III,
150-152.
143. « Orifice rond (dāʾira) creusé dans la pierre située sur la rive de ce canal (nahr) », telle est
l’explication de ce terme clans la seconde waqfiyya de Murād Bāšā, fol. 20a. C’était une première
prise d’eau directe du canal, qui par un conduit (qasṭal) aboutissait à des répartiteurs primaires
(ṭāliᶜ), qui eux-mêmes distribuaient l’eau par quartiers dans des répartiteurs secondaires, Tresse,
Irrigation, 528. Cet auteur ne fournit cependant pas d’explication précise de ce terme, qui n’est
pas mentionné par Qāsimī, Dictionnaire. Ce terme semble avoir désigné plus précisément les
cavités, ou orifices, des répartiteurs (ṭāliʿ) ; voir Muḥammad Saᶜīd al-Usṭuwāni, [Muḏakkirat
yawmiyya] fol. 47b-48a, manuscrit autographe, où ce terme est mentionné à plusieurs reprises
dans un shéma de répartition de parts d’eau au XIXe siècle, d’un quartier situé intra-muros au sud
de l’actuel sūq al-Hamīdiyya. Nous souhaitons remercier le Dr. A. Usṭuwāni qui nous a fort
aimablement autorisé à consulter ce manuscrit, et à le citer.
144. Mesure de longueur (29,5 mm), 24 e partie du diraᶜ (0,71 m.), au moins à Damas au XXe siècle,
servant à indiquer le diamètre de l’orifice, et par extension la part d’eau, Tresse, Irrigation, 523.
145. La lecture est semblable dans les deux waqfiyya de Murād Bāšā et dans celle de Sinān Bāšā
(fol. 15b) ; cette mesure n’est pas répertoriée dans Hinz, 55 et 58, qui mentionne un ḏirāᶜ al-
ḥāšimī, mesure bien connue à Damas. Notons cependant que dans le Waqf Lālā Muṣṭafā, C5, les
parts d’eau du grand hān construit par ce gouverneur sont données en aṣbuᶜ du ḏirāʿ an-naǧǧārī ;
sur cette mesure voir Hinz, 60.
146. La māsiya (pl. māwāṣī) selon Tresse, Irrigation, 475, désigne la vanne qui permet de fermer un
canal important, qui ne fonctionne que par intermittence (appelée aussi bāb), et sert à irriguer
les terroirs de villages de la Ġūṭa.
147. « Répartiteur à siphon » urbain dont Thoumin, Notes, 19 sq., donne la description et le
fonctionnement. Voir aussi Usluwānī, fol. 47b-48a, où est donné le schéma du répartiteur à
siphon al-Ǧawharī qui est à rapprocher sans doute de celui mentionné par notre texte.
59

148. Sur cette grande famille, originaire de Perse, qui s'installe à Damas à la fin du VIIIe siècle/fin
e
du XIV siècle, voir Būrīnī, Tarǧini, I. 112- 116 et 223-287. Selon cet auteur, p. 283, cette famille
était regroupée à la fin du XVIe siècle dans le quartier proche du Bīmāristān Nūr ad-Din, appelé
Hārat Haǧar aḏ-ḏahab, où le fondateur de la famille avait construit de nombreuses maisons. Cette
localisation correspond grosso-modo à celle que nous connaissons de la mahalla Sīdi ᶜĀmūd, v.
Tanbīh aṭ- Ṭālib, carte en annexe, où est localisée la Madrasa Ǧawhariyya (n° 57).
149. Mosquée non identifiée ; elle devait être située non loin du ḥammām du même nom, voir
infra p.74, n. 1.
150. Cette madrasa disparue était située au sud des madrasa ᶜAṣrūniyya et Masrūriyya et à l’ouest
de la Ṣamṣāmiyya ; elle était située au nord de la Madrasa Hātūniyya, dont la rue conduisait au
Bīmāristān an-Nūrī, Badrān, Munādama, 22-23 ; cet auteur situe approximativement cette
dernière sur l’emplacement du sūq Ḥamidiyya actuel, dans le quartier de Hārat Ḥaǧar ad-Dahab,
voir supra n. 3
151. Personnage non identifié. La fonction demeure quelque peu obscure, car elle n’est
mentionnée, à notre connaissance, dans aucune source de l’époque ; si notre lecture est bonne, il
s’agit d’un fonctionnaire civil, d’après son titre d’Efendi, suppléant ? (nāᵓib) d’un autre
fonctionnaire, charge des restaurations (marammāt) dans la ville de Damas. Etait-il chargé plus
particulièrement de veiller au bon fonctionnement des canalisations de la ville, ou simplement à
l’entretien des bâtiments à usage public (mosquées, ḥammām, ḫān...) qui impliquait aussi de
veiller à leur alimentation régulière en eau ?. Il paraît évident cependant que cette fonction
« urbaine » est à rapprocher de celle que l’on connaīt dans la capitale ottomane sous le nom de
tamirat müdürü (« directeur des restaurations et réparations »), voir Mantran, Istan-boul,
129-130, 164. Sans doute, compte tenu de la dimension de la ville de Damas, huit fois moins
peuplée que la capitale, les fonctions urbaines étaient-elles moins diversifiées qu’à Istanboul, et
certains des fonctionnaires se voyaient chargés de plusieurs missions.
152. Ce ḥammām, waqf du Bimāristān an-Nūri se trouvait au sud de la Madrasa Hātūniyya (pour
la localisation de cette madrasa, voir supra p. 7 3 n. 5). Le nāzir du Bimāristān s’appropria une
pièce (ḫalwa) de ce bâtiment et l’adjoignit à la maison qu’il se faisait construire avant
936/1529-30. Le ḥammām continua semble-t-il de fonctionner jusqu’en 996/1587-88, date à
laquelle, l’Émir de Ġazzā, Ahmad b. Ridwān, construisant sa maison sur un emplacement contigu,
s’en appropria une partie ; le reste du bailment disparut, car ce grand personnage, ouvrit alors
une large rue à la place de la ruelle qui existait ; voir lbn Ayyūb, Rawḍ, fol. 66b-67a, qui rapporte
l’histoire du ḥammām au XVIe siècle, dans la biographie qu’il consacre au nāzir du Bimāristān an-
Nūrī.
153. Personnage non identifié, mais dont le surnom « trésorier » indique sans doute qu’il était un
fonctionnaire civil de l’Empire, vraisemblablement d’origine non-arabe.
154. Il est à remarquer que, contrairement à d’autres waqfs plus imper-tants comme celui de
Sinān Bāšā par exemple, les fonctions de nāẓir, mutawallī, ǧābi sont attribuées à une seule
personne, il est vrai de grande moralité, voir infra p. 75 n. 2.
155. Nous n’avons pas trouvé ailleurs mention de cette expression. Elle semble désigner
uniquement le trésor constitué à Damas par les revenus des waqfs locaux des Haramayn et
destinés aux pauvres de ces villes ; c’était donc une partie de la surra (ou sürre) qui regroupait
tous les dons d’argent et les denrées alimentaires prélevés sur la cassette du Sultan et tirés des
revenus de waqfs fondés dans ce but ; il incombait au gouvernement de Damas d’en assurer
l’acheminement jusqu’aux Villes Saintes ; Barbir, Ottoman Rule, 110, 126-133 ; pour l’Égypte, Shaw,
Financial Organization, 258, 261-263
156. Biographie de ce sayh des Malékite de Damas, mort en ǧumādā I 1008/ nov.-déc. 1599, dans
Ġazzī, Luṭf, 184. Ce personnage était connu pour être un bon administrateur de waqf, qu’il faisait
prospérer. Il élargit les accès ā la Mosquée des Omayyades : le sūq Bāb al-Barīd en reculant les
banquettes (taḫt) et le sūq as-Silāḥ. C’est à ce sayh que Murād Bāšā confie la construction,
60

achevée en 1005, des bâtiments mentionnés dans cette waqfiyya, Ġazzī, Luṭf, 321. Il est à
remarquer que si la date d’achèvement de la construction donnée par Ġazzī est exacte, la
description des bâtiments telle qu’elle est donnée dans notre texte doit être considérée comme
un « plan » des futurs édifices, la description de leur état final. Cette constatation n’est pas sans
importance ; elle soulève en effet la question de savoir si cela était le cas pour un grand nombre
de waqfiyyas, et par là si les « plans prévus » des bâtiments étaient respectés ; surtout dans le cas
où le fondateur n’était point présent sur les lieux pour suivre l’avancement des travaux et faire
respecter le plan du (ou des) bâtiments.
157. Aḥmad b. Sinān ar-Rūmi, kātib puis nāẓir des waqfs des Haramayn as-sarīfayn à Damas dont
il utilisait les revenus à sa convenance : mort le 19 šawwāl 1019/4 janv. 1611. Ce personnage,
d’après la biographie que nous donne Ǧazzi, Luṭf, 168-9, joua un rôle important à Damas où il
semble s’être établi : il construisit en effet une maison avec jardin, à Ǧisr al-Abyad, où il recevait
plus particulièrement les qāḍī de la ville avec lesquels il entretenait des liens étroits.
158. La durée normale de la location d’un bien-fonds urbain appartenant à un waqf, telle qu’elle
est précisée par le fiqh est d’une année, sauf dispositions contraires du fondateur, voir Amin,
Awqāf, 280.
159. Sur cette procédure, voir supra p. 57 n. 4.
160. Il s’agit peut-être de ce qāḍi malékite, Kamāl ad-Dīn Muḥammad b. Ḫaṭṭāb, devant lequel est
établi un contrat de location, voir notre waqf fol. 13b ; Gazzi, Luṭ f, 52, mentionne un qāḍi Kamāl
ad-Din b. Ḫaṭṭāb, sans indiquer son maḏhab, mais qui était le fils d’un hanbalite ; voir aussi Gazzi,
Kawākib, III, 16, 132
161. Qāḍī l-Quāḍāt de Damas en 1003/1594-95, comme l’indique notre texte, fol. 7a et 21a ; il était
originaire de Ḥamā, et un important notable de Damas, ville dans laquelle il s’était établi après
993/1585. Il y meurt en sawwāl 1016/ janv.-fév. 1609 : biographie dans Gazzi, Luṭf, 63-69 ;
Muḥibbi, Ḫulāsa, III, 322-331, dont il est l’arrière grand-père ; voir aussi, Murādī, ᶜUrf al-baššām, 44
et n. 1.
162. Né à Alep en 934/1525-26, mort à Damas, où il s’était établi, le 24 šawwāl 1005/10 juin 1597,
Ġazzī, Luṭf, 82-86.
163. Personnage non identifié.
164. Ġazzī, Luṭf, 7-13, où sa nisba est maqdisi.
165. Būrīnī, Tarāğim, 8-16, où la biographie de ce personnage, auteur de l’ouvrage, est donnée par
l’éditeur du texte ; voir aussi Ġazzī, Luṭf, 198-212.
166. Sur cette madrasa, voir Badrān, Munādama, 149.
167. Personnage non identifié.
168. Ce témoin qui n’a indiqué que son premier nom, est peut-être ᶜAbd al-Ḥayy al-Ḥimṣī,
notable religieux hanéfite, mort en ramaḍān 1010/fév.-mars 1602 ; Ġazzī, Luṭf, 251-252.
169. Personnage non identifié.
170. Sans doute ce personnage mentionné à plusieurs reprises dans Ġazzī, Luṭf, 189, 279, 316, 344
et 349.
171. Personnage non identifié.
172. Personnage non identifié.
173. Sans doute ᶜAlī b. Muhammad at-Tarābulsī, mort en 1032/1622-23, Ġazzī, Luṭf, 277-78.
174. Ġazzi, Luṭf, 61-62 ; te personnage semble avoir commencé sa carrière à Damas comme kātib
auprès du defterdār de la province ; réputé pour sa compétence dans la tenue des livres de
comptes, il s’installe à Damas dort il devient l’une des notabilités, jusqu’à sa mort en 1015/1606.
175. Son nom apparait à la suite d’une courte pièce de vers ; il s’agit vraisemblablement de ce
poète, mort en 1006/1597-98, dont une biographie succincte est donnée par Ġazzi, Luṭf, 345-347.
176. Barwiz b. ᶜAbd Allāh ar-Rūmī, affranchi du premier Defterdār de la province de Damas, après
que ce poste, séparé de celui d’Alep, fut créé en 975/1567 (Bakhit, 163). Ce personnage poursuit
une carrière militaire, puis à sa retraite s’installe à Damas où il devient l’une des personnalités de
61

la ville, jusqu’à sa mort en 1015/1606, Ġazzi, Luṭf, 190 ; selon Muḥibbi, Ḫulāṣa, I, 451, il construit
près de sa maison dans la Mahalla al-Qaymariyya, une mosquée et y crée au moins deux fonctions
salariées (imām et muezzin) ; corriger en ce sens Barbir, Ottomans in damascene Society, 72 ;
corriger aussi la date du décès de ce personnage, ibid, 72 et 82 n° 11.
177. Personnage non identifié.
178. La lecture de ce nom est donnée sous réserve, car la signature est difficilement déchiffrable ;
personnage non identifié.
179. Personnage non identifié.
180. Les quinze premiers folios consistent en éloges adressées au fondateur et qui rappellent qu’il
combattit « avec succès » les Hongrois et les Qizil Bas (fol. 12b-13a).
181. Sur ce titre, voir « Introduction » ; le texte fait ici référence au premier waqf de ce
personnage alors qu’il était gouverneur de la province de Damas, voir supra, p. 65 sq.
182. Sur ce bātiment et sa localisation, voir infra « Les constructions de Murād Bāšā ».
183. Référence au premier waqf de ce personnage, voir supra p. 65 sq.
184. Chef de la corporation des négociants en tissus de luxe auquel un local est attribué dans le
bātiment, voir Inalcik, The hub of the city, 3.
185. Il existe ici une lacune d’au moins un folio, qui ne permet pas d’avoir une idée plus précise
sur le plan général du bātiment, et sur la disposition des boutiques autour de la « cour ».
186. A Damas le terme le plus usité aujourd’hui pour désigner le lanternon est qaffāᶜa.
187. Qamarī désigne à Damas et en Syrie les ouvertures « en cul-de-bou-teille » dotées d’épais
verres qui sont en général pratiquées dans les coupoles des hammām.
188. Chehabi, Vocabulaire, 188, indique entre autres qu’il s’agit de la calotte de plomb qui sert à
protéger une coupole, un sens qui ne convient pas ici. Nous avons donc préféré traduire, selon le
contexte et sous réserve, le terme « turs » par pendentif, plutôt que par trompe, car aucun ḫān à
Damas ne possède de coupole reposant sur des trompes.
189. Sur la technique de fabrication de la ᶜadasa, voir Qāsimi, Dictionnaire, II, 297.
190. Sur ce terme technique et les deux suivants māṣiya et ṭāliᶜ, voir supra, p. 12 n. 2 et p. 73 n. 1 et
2.
191. Sur ce personnage et sa famille, voir supra, p. 73 n. 3.
192. Personnage non identifié ; comme son titre l’indique il s’agit d’un militaire.
193. Lecture donnée sous réserve : dans le premier waqf. fol. 28a, la lecture est Damrak.
194. Ce hammām n’a pu être localisé : il s’agit peut-être d’un bain construit par le premier Murād
Bāšā.
195. Personnage non identifié.
196. Sur la localisation de cette maḥalla, voir carte.
197. Personnage non identifié, mais vraisemblablement un grand négociant de la ville, car il
porte le titre de ḫawāgā, voir infra fol. 22b.
198. Nous avons choisi cette lecture. Tanam, en raison de l’existence d’un grande habitation
appartenant à un ancien dignitaire de l’État mamelouk de (ce) même nom, habitation proche du
mausolée du Nūr ad-dīn, voir Ibn Tūlūn, Mufākaha, II, 34-35.
199. Sur ce sūq, voir « le premier acte de waqf de Murād Bāšā ».
200. La lecture du texte édité par M. Munağğid est aġlāq (fermetures), due vraisemblablement à
une erreur typographique ; nous avons choisi de lire aᶜlāq (crochets) en fonction du contexte.
201. Sur Darwīs Bāšā, voir supra p. 72 n° 1.
202. Il est intéressant de remarquer que la majorité des bātiments limitrophes du bazzāzistān
sont tous fondés en waqf au bénéfice des Deux Sanctuaires ; il n’est malheureusement pas
possible de proposer une date précise pour leur construction.
203. Ce personnage et le suivant n’ont pu être identifiés. Attachés aux différents tribunaux
religieux, les muḥḍir étaient chargés de faire comparaître les plaignants devant le juge, voir
Bakhit, The Province of Damascus, 139 : Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, II, 71, 98.
62

204. Ce personnage comme les suivants n’ont pu être identifiés.


205. Il s’agit sans nul doute de la fondation attachée à la Takiyya construite par le sultan
Sulaymān dans le Marğ, Ibn Ayyūb, Rawḍ, fol. 132b-133b.
206. On peut déduire de cette indication que la construction du bazzā-zistān a été lancée avant
cette date.
207. Personnage non identifié.
208. Cette terminologie juridique est un peu différente cependant de celle employée dans le
premier acte de waqf de ce gouverneur, voir supra, p. 68 n. 4
209. Personnage non identifié.
210. Ce bātiment, comme les suivants, sont selon toute vraisemblance ceux qui sont cités plus
haut, fol. 22b.
211. Ce terme est usité pour désigner généralement les latrines.
212. Il s’agit apparemment d’un nouveau bātiment, différent du sūq et du hān mentionnés dans
le premier acte de waqf ; la « decsription » sommaire, et réduite en raison de la lacune qui existe
dans le texte, ne permet pas d’apporter de preuve définitive à cette proposition.
213. Il existe ici une lacune d’un folio au moins, car la description des limites de ce bātiment
manque, comme font aussi défaut les renseignements qui sont, en général, donnés par les actes
de location ou d’achat passés par le fondateur. Ainsi Muṣṭafā b. Bustān, qui fut grand cadi de
Damas, devait être le juge (ou l’un des juges) devant lequel furent enregistrés des actes
antérieurs ; en effet, ce grand-juge, mort à Constantinople en šaᶜbān 1006/ mai 1597, n’est pas
enterré à Damas, et ne possède donc aucune turba, voir Gazzi, Luṭ f, 56 sq. La Turba en question,
compte tenu de sa localisation, doit être selon toute vraissemblance celle du Šayḫ ᶜAṣrūn, v. supra
p. 67. A partir du folio 26b, le texte du premier acte de waqf, avec la description du sūq, est repris,
à part quelques modifications de peu d’importance, intégralement, jusqu’au folio 23a, La fin du
manuscrit manque totalement.
214. Le texte précise que les bātiments « en mauvais état » (iqlid) de ces sept hänüt sont vendus
avec la totalité de la basta, destinée à la vente des chandelles, de la rangée méridionale et la
totalité de la basṭa de la rangée septentrionale. Ce ternie de basṭa est assez obscur ; pour Alep,
Barthélémy, I, 47, donne le sens d’« étaler », « mettre des marchandises à l’étalage », y compris à
l’extérieur d’une boutique, dans la rue, ce dernier sens étant lié au nom de métier basṭātī
(vendeur en plein air). Pour Damas, à la fin du XIXe siècle. Qāsimī, Dictionnaire, II, 220, donne une
description plus détaillée de ce métier qui correspond à la définition de Barthélémy, et à celle
connue actuellement à Damas. Le terme basṭa doit-il être compris comme « emplacement
particulier » destiné à l’étalage, peut être sur des « bancs de bois » (taht), Sigill Dimašq, I, 93, cas
176, 8 muh. 992/21 janv. 1584 et à la vente des marchandises différentes de celles exposées dans
les boutiques riveraines ?
215. Les trente transactions mentionnées dans ce tableau concernent, soit des achats (terrains et
murs) soit des locations (tawāgur, v. supra : « Le premier acte de waqf de Murād Bāšā », n. 21) pour
une période déterminée non précisée, et achats de murs (bātiments en mauvais état) ; ainsi
quinze hänüt (soit en totalité, soit des parts) font l’objet d’une acquisition légale, terrains et murs
(baynᶜ šar ᶜī, ḥukmī) : le reste est acquis pour les murs, le terrain étant pris en location et le
montant du loyer annuel indiqué.
216. Sur ce grand négociant, mort en 848/444-45, qui fonda un important waqf et construisit des
ḫān à Qunayṭra, Ǧisr Yaᶜqūb, Maniya et ᶜUyūn at-Tuğğär, Nuᶜaymī, Daris, II, 290-291. Sur la
famille al-Muzalliq aux XVe et XVIe siècles, Lapidus, Muslim Cities, 214-215, 274, 284 et 285 avec
références ; Ibn Ayyüb, Rawḍ, fol. 105 a-b, Pour la vocalisation Muzalliq, v. ᶜIlmawi, Muḫtasar, 211.
217. Voir supra, le premier acte de waqf de Muräd Bāšā, p. 68 n. 3.
218. Ibid. p. 70 n. 2.
219. Vendeur de légumes ou de fruits frais. Dozy, Supplément, s.n.
220. Il s’agit de parts complémentaires des sept ḥānūt mentionnées ci-dessus, voir n. 1.
63

221. Les Banü ᶜUbāda possédaient une turba à Ṣāliḥiyya, Ibn Ṭūlūn, Qalā’id, II, 449.
222. Sur ce qāḍi, voir supra, p. 77 n. 3.
223. Complément des sept ḥānāt mentionnées précédemment, n. 1 et 7.
224. Ṭalas, 155 et plus particulièrement 204-205.
225. Personnage non identifié.
226. Le seul personnage portant le nom de Ḥamrāwi que nous ayons trouvé est le qādī Kamal ad-
Dīn Muhammad b. Aḥmad b. Yūsuf as-Ṣafadī d-Dimašqi 1-Ḥanafī, nāzir de la Mosquée des
Omayyades puis des Plaramayn, mort en 976/ 1568-69 ; Ġazzī, Kawākib, III, 43-44 ; Anṣāri, Rawḍ
al-’āṭir, fol. 255a-b, qui rapporte comme Gazzi, op. cit., certain travail d’urbanisme effectué par ce
qādi au sud de la Mosquée des Omayyades, sans préciser la date.
227. C’est la première madrasa construite à Damas, Ba-drān, Munādama, 178-179.
228. Il s’agit vraisemblablement de Šihāb ad-Din Ibrāhim b. ᶜAğlān, naqīb al-ašrāf de Damas à la fin
du XVe siècle, cité dans Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, I, 36, 53 ; voir aussi Iᶜlām. 146 et la traduction
française Laoust, Gouverneurs, 87. Les Banū ᶜAglān étaient une grande famille de šartf de Damas
dont les membres partagèrent avec les Banū Ḥamza la niqābat al-ašrāf de la ville ; pour la fin du
XVIe début du XVIIe siècle, voir Ġazzi, Luṭ f, 31-33, 35-36, 58-60.
229. Az-zàwiya al-mālikiyya, madrasa de la Mosquée des Omayyades, fondée en waqf par Salāh
ad-Din. Nuᶜaymi. Dāris, II, 3 ; voir aussi infra n. 47.
230. Le manuscrit porte Ibn ; il ne peut s’agir de l’auteur du Dāris, cité à la note précédente. C’est
sans aucun doute son fils Yaḥyā,"‘mort en 977/1569-70, qui, comme son père, portait comme
laqab : Muḥyî d-dīn, Ġazzi, Kawākib I, 250 et II, 219-220.
231. Personnage non identifié.
232. Grand négociant mort en 895/1489-90, Lapidus, Muslim cities, 215 avec références. Sur les
Banū Bakri, Ġazzī, Kawākib, II, 194 et Muḥibbī, Ḫulāsa, I, 117.
233. Personnage non identifié.
234. Personnage non identifié.
235. Ġazzī, Kawākib, III. 87 : Ibrāhim Bek b. Ǧaᶜfar ar-Rūmī, fils de militaire, commence, dénué de
toute ressource, sa vie active dans le corps des Janissaires ; il gravit tous les les échelons de la
hiérarchie et devint détenteur d’un sandjak. Héritant certaine fortune de son frère, il l’investit,
avec succès, dans le commerce ; il épouse la fille d’un notable de Damas, s’installe dans la maison
de ce dernier près de Bāb al-Barīd et meurt en 998/1589 ; Ġazzī, Luṭ f, 130-132, précise que son
gendre, āġā des Janissaires à Damas, puis Sandjakbey, s’approprie sa succession. Voir aussi
Barbir, Ottomans in damascene society, 72 et 82 n° 1, où il faut corriger la date du décès de ce
personnage, et ajouter à la liste donnée par cet auteur le gendre de Ibrāhim b. Ǧaᶜfar, Ibrahim b.
Ṭālū.
236. Personnage non identifié.
237. Personnage non identifié.
238. Voir supra, p, 77 n. 2.
239. Waqf non identifié.
240. Sur la famille ad-Diwān, voir supra « Le premier acte de waqf de Murād Bāšā », p, 67 n. 2.
241. Peut-être ce personnage mentionné dans Ġazzi. K’awākib, I, 82, II, 80 et III, 27.
242. Personnage non identifié.
243. Personnage non identifié.
244. Personnage non identifié.
245. Personnage non identifié.
246. Il s’agit sans aucun doute du père de l’auteur des Kawākib mort en šawwāl 984/janv. 1576,
Ġazzi, Kawākib, III, 3-10.
247. Personnage non identifié ; un ᶜAbdī Bek aṭ-Ṭawāqī, possédait une qāsāriyya à l’extérieur de
Damas, Waqf Lālā Muṣṭafā Bāšā, 68.
64

248. ᶜAli b. Ḥusayn b. Muhammad b. Ḥamza, naqib al-ašrāf de Damas, mort en ramaḍān 1009/mars
1601, Ġ-azzī, Luṭ f, 278.
249. Personnage non identifié.
250. Ṣāliḥ b. Muhammad b. Muhammad ar-Ramli, raᵓis al-muᵓaqqit de la Mosquée des Omayyades
et un de ses muᵓaqqit, mort en 1013/1604-1605, Ġazzī, Luṭ f, 233.
251. Personnage non identifié, le texte mentionnant qu’il était ḫalīfat al-ḫukm, ce qādī devait
assurer l’intérim entre la destitution d’un Grand Juge et l’arrivée de son successeur.
252. Voir supra p. 67 n. 3.
253. Personnage non identifié, parent de Husayn b. Zahlaq, (voir notre précédente). Ils sont tous
deux descendants du personnage qui a consacré en waqf la Qisāriyya Kattāniyya (voir fol.
22b-23a). Une ğāmiᶜ al-Qalᶜi, située dans le sūq Gaqmaq, est mentionnée au début du XIe siècle de
l’Hégire, Muḥibbī, Ḫulāsa, II, 310 ; voir aussi Ṭalas, Ḏayl, 246.
254. Personnage non identifié.
255. Personnage non identifié.
256. Personnage non identifié.
257. Ṯimār, 159 et 222 n° 132 ; Ibn Ṭūlūn, Mufākaha, I, 351 : cette mosquée se trouvait à Ḥārat
Zuqāq al-Birka ; en ruine au début du Xe/XIVe siècle, elle fut reconstruite en 916/1510-11.
258. Il s’agit selon toute vraisemblance du grand waqf de Qayt Bay, pour les Villes Saintes : ce
renseignement nous a été fourni par Mme. M. Zakariya, que nous souhaitons remercier. Voir EI 1,
art. wakf.
259. Personnage non identifié.
260. Un bātiment est connu sous ce nom à Damas à la fin du XVIe siècle : la Zāwiya al-Waṭiyya,
située au nord de la mosquée al-Ǧarrāḥ, c’est-à-dire dans le quartier de Sàgūr Barrānt ; voir
ᶜIlmawī, 172. Selon cet auteur, qui reprend des sources antérieures, des magasins et des « pièces »
dans ses alentours immédiats avaient été constitués en waqf au profit de ce bātiment. Ou bien
s’agit-il d’un second nom donné à la Zāwiya al-Mālikiyya, ou à l’une des trois autres madrasa
malékites connues à Damas à cette époque ? Voir Badràn, Munādama, 224- 226 ; Pouzet,
Maghrébins, 168, n. 2 et 188-190.
65

Chapitre III. Les constructions des


deux gouverneurs datation,
description et localisation

1. Les constructions de Sīnān Bāšā à Damas


1 L’acte de waqf de Sīnān Bāšā, comme nous l’avons déjà indiqué, est rédigé deux mois
avant la disparition du Grand Vizir ; le texte regroupe donc des actes antérieurs, puisque
quelques bâtiments sont déjà en construction, ou achevés1, avant que ce personnage,
écarté de la plus haute fonction de l’Empire en 1582, ne reçoive le gouvernement de la
Province de Damas, à la fin de l’année 1586 ou au début de la suivante2 ; c’est
probablement pour cette même raison que les grands édifices, dont la construction est
lancée à Damas lors de son mandat, ne sont pas décrits, même sommairement, dans le
texte à notre disposition. Outre la petite mosquée du Sūq as-Sibāhiyya, bâtiment
aujourd’hui disparu, les diverses « maisons » du quartier d’al-ᶜAmāra et les moulins, ces
derniers biens ayant été sans doute acquis et non construits par le fondateur, les
monuments les plus importants, bien connus et localisés, sont sa Grande Mosquée, le
maktab, le bain et le sūq.

La Grande-Mosquée (Carte II, n° 2)

2 Sinān Bāšā est gouverneur de la Province quand il assiste, en 995/fin 1586-1587, à la pose
de la première pierre (taᵓsis) de la fondation de la Grande-Mosquée3. Le puissant
gouverneur décide, comme ses prédécesseurs Muṣṭafā Lālā Bāšā, Darwīš Bāšā ou Murād
Bāšā, de bâtir hors-les-murs ; l’emplacement choisi est cependant exceptionnel : il est
situé à l’extérieur de Bāb al-Ǧābiya, au carrefour de la voie Droite, de la grande artère qui
longe les murailles de la ville et mène vers les faubourgs méridionaux, et de deux rues
s’enfonçant dans les quartiers ouest ; cet emplacement est occupé, selon le panégyriste
damascène du gouverneur4, par deux édifices religieux : outre la mosquée al-Baṣal,
monument cité par toutes les sources postérieures, un masğid (du Sūq al-Ḥabbālīn) y est
aussi situé. Sinān Bāšā les fait détruire et fait bâtir une seule grande mosquée, en
66

s’appropriant, note avec quelque réprobation Ibn Ayyūb, une partie importante du Ṭarīq
as-sulṭāni5. La supervision de la construction de la mosquée, ainsi que celle du sūq, est
confiée à l’émir Muḥammad b. Manğak, auquel sont adjointes deux autres personnes6.
3 Les différentes sources ne donnent pas de renseignements sur les matériaux et
techniques employés lors de la construction, ni sur les différentes étapes de cette
dernière, qui dure plus de quatre années. La mosquée est, en effet, « officiellement
inaugurée » le premier vendredi de l’année 999/2 novembre 1590, par le fils de Sinān
Bāšā, gouverneur en poste de la Province, qui accomplit la prière en compagnie de
ᶜulāmāᵓ et de personnalités de la ville. L’édifice n’est alors pas totalement achevé : le
revêtement du minaret et le dallage de la cour sont en partie réalisés7, mais ces finitions
sont sans doute complétées dans les semaines qui suivent l’inauguration du bâtiment,
dans le courant de l’année 999/fin 1590-15918.
4 Le bâtiment, qui est conçu à l’origine avec un jardin9, ne fait l’objet d’aucune description
par les sources arabes contemporaines10, et il faut attendre le début du XXe siècle pour
avoir une description architecturale, quelque peu complète de l’édifice, donnée par deux
architectes européens11. Ce dernier, régulier, de style turc, est inscrit dans un triangle
renversé, pointe dirigée vers le sud ; il est composé d’une cour, située au nord, et d’une
salle de prière contiguë, au sud. La cour, où certaines irrégularités dans la construction
sont dues à la conservation d’une partie d’une barbacane, comporte un bassin à ablutions
en son centre, des latrines à l’est et trois portes ouvrant à l’ouest, au nord et au sud-est.
Au sud de la porte ouest, la principale, se dresse un minaret « revêtu de briques émaillées
en vert »12 ; sur le côté sud de la cour s’allonge un portique (riwāq) couvert par sept
coupoles, au centre duquel une porte permet l’accès à la salle de prières. Cette dernière,
dont le plan rectangulaire est tout à fait régulier, est surmontée d’une grande coupole sur
pendentifs, « décorés de plâtre sculpté dans le style maghrébin »13 ; elle possède aussi des
vitraux anciens et est décorée de panneaux de faïence, que l’on retrouve au-dessus de la
porte ouest et dans le portique.

Les constructions adjacentes

5 Tout à proximité de la mosquée, au sud-est, adossé au mur d’enceinte, Sinān Bāšā fait
construire une école14 ( maktab) (carte II, n° 3), qui, bien que fermée, existe à l’heure
actuelle ; deux enseignants, un maître et un assistant, dispensent un enseignement
primaire (rudiments de lecture et d’écriture) à 50 élèves, dont 25 orphelins. De l’autre
côté du jardin et de l’édifice principal, le gouverneur de Damas fait probablement
restaurer et aménager un ancien bain (carte II, n° 4) construit à la fin du VIIIe/XIVe siècle
par un grand négociant de la ville15. Pour alimenter en eau la mosquée, les deux sabīl16, le
ḥammām, et peut-être aussi la seconde mosquée et la maḥalla incluse dans le waqf, Sinān
Bāšā fait construire une canalisation (siqāyà), ouvrage d’art vraisemblablement important
puisqu’il est consigné dans l’acte de waqf17. Au sud de ces trois bâtiments, qui, bien que
n’étant pas d’un seul tenant, forment un petit complexe à l’ottomane, un grand sūq est
construit ; comme pour les autres édifices, aucun détail n’est donné par le texte sur son
agencement, ni sur le type de bâtiment auquel il succède. De l’acte on peut cependant
comprendre que le sūq (carte II, n° 5) est composé d’au moins 74 boutiques en rez-de-
chaussée, surmontées de 34 chambres à l’étage18 ; des descriptions et l’iconographie plus
tardives permettent de pallier en partie l’insuffisance du texte : les boutiques sont
aménagées de part et d’autre de la grande artère (ṭariq sulṭāni), qui est recouverte d’une
67

toiture, plate ou peut-être en bâtière (ğamalūn), méthode de couverture-répandue à


Damas, reposant sur dix-neuf grands arcs19, encore visibles sur une photographie prise
dans le premier quart du XXe siècle20.
6 Outre ces divers bâtiments, Sinān Bāšā construit une seconde mosquée (carte II, n° 1) de
dimensions plus modestes si l’on en juge par le nombre réduit de fonctions qui y sont
créées21. Le texte ne précise pas la localisation exacte de cet édifice, dont nous n’avons
trouvé mention dans aucun texte ou document de la période ; l’acte indique seulement
qu’il est situé dans la Maḥalla al-Ǧadīda, propriété de la fondation de Sinān Basa, et « dans
le sūq connu sous le nom de Sīpāhī Bāzārī »22. Ce sūq, dont un document, postérieur d’un
siècle et demi au texte du waqf23, donne les limites, permet de proposer une localisation
approximative de la mosquée : ce sūq était situé au sud de la Citadelle, à proximité de la
takiyya d’Ahmad Šamsī Basa, sur l’emplacement du sūq connu aujourd’hui sous le nom de
sūq al-Ḥamīdiyya ; il possédait quatre portes ouvrant aux quatre points cardinaux, la
porte méridionale donnant sur une rue, que le document nomme zuqāq Sinān Bāšā ; il est
donc probable que la mosquée (masğid), petit lieu de prière, se trouvait, soit dans le sūq
comme semble l’indiquer le texte, ou plus vraisemblablement sur son côté sud, dans le
quartier connu à l’heure actuelle sous le nom de Ḥarīqa ; le nom de Sinān Bāšā que la rue
portait encore quelque cent cinquante années plus tard, conservait probablement le
souvenir de constructions réalisées par le gouverneur lors de son mandat.

Les autres bâtiments et les bien-fonds

7 Les autres bâtiments que l’acte de waqf mentionne dans la ville de Damas sont des biens
de rapport acquis par le Grand Vizir : outre un café situé dans le Sūq al-ᶜAmāra, une
qīsāriyya dans le Sūq al-Buzūriyya, un moulin et un ḥawš destiné à entreposer le bois à
l’extérieur de Bāb Tūmā24, bâtiments dont les vocations respectives ne font aucun doute,
il existe aussi deux autres édifices appelés manzil25, tous les deux situés intra-muros. Les
descriptions détaillées de ces deux édifices font malheureusement défaut, — seul le
second est « décrit », mais trop succinctement — pour qu’il soit possible de proposer, avec
quelque sûreté, leur dispositon et leur destination. Le premier manzil, simplement
mentionné et de dimensions modestes, avait sans doute une fonction d’hôtellerie ; le
second, bâtiment plus important car il est précisé qu’il comprend de nombreuses pièces
et logements (buyūt wa masākin), avait peut-être une tout autre vocation : situé à
proximité du tombeau du Šayḫ ᶜAṣrūn, à mi-chemin de la Citadelle et des sūq, il n’est pas
exclu d’envisager qu’il était destiné à héberger d’une manière permanente, comme les rab
ᵓ au Caire 26, une classe peu fortunée de la population damascène, artisans principalement,
mais peut-être aussi des militaires de rang inférieur.
8 A ces biens immeubles dont les revenus sont destinés à subvenir aux dépenses d’entretien
des principaux édifices de la fondation et à règler les salaires des personnes qui lui sont
attachées, il faut ajouter d’autres bien-fonds, tous situés hors de la ville, dans sa vicinité
immédiate, dans la Ġūṭa et le Marǧ. Sur les 63 biens mentionnés, six sont localisés dans le
Marǧ (un village dans sa totalité avec les impôts qui y sont levés, trois terroirs avec divers
impôts, deux mazraᶜa et des « terres »). Le reste des biens, qui comprend quelque 57
rubriques, est situé dans la Ġūṭa, l’oasis de Damas, mais relativement dispersé autour de
la ville : au nord vers Ṣāliḥiyya (Mayṭur, Qaṣr al-Labbād, Qābūn...) ; à l’ouest, Maḥallat al-
Ḫalḫāl et Mizza ; au sud, Masǧid al-Qadam, Šāġūr Barrānī ; à l’est, Manīḥa et ᶜAqrabā.
Cependant cette dispersion relative ne doit pas cacher que Sinān Bāšā acquiert les trois
68

Qābūn, soit selon le texte 49 parcelles de terre, outre les habitations et le ḥammām, c’est-
à-dire le village et son terroir, et qu’une grande partie du village de Manīḥa, de ses terres
et des impôts qui y sont levés, deviennent propriété de la fondation27.

Fonctions et salaires

9 L’importance de la fondation de Sinān Bāšā appert non seulement du grand nombre de


bien-fonds qu’elle comprend, mais aussi des multiples fonctions qui y sont attachées. Sur
tout le territoire de la Syrie méridionale, 444 personnes, y compris lecteurs du Coran,
pauvres (faqir) et élèves, sont rétribués sur les revenus du waqf. Ce nombre fait de la
fondation du Grand Vizir une des plus importantes de la province de Damas, la seconde
sans doute après celle de la Mosquée des Omayyades, qui emploie vers la fin du siècle
quelque 596 personnes28. Les fonctions prévues dans le waqf de Sinān Bāšā comprennent,
comme le montre le tableau III, sept fonctions principales, qui regroupent les personnes
qui, établies à Damas, occupent les postes de responsabilité : surveillance du waqf,
collecte des revenus et comptabilité. Les fonctions secondaires, religieuses et
domestiques, sont donc les plus nombreuses : 437 personnes sont, à des titres divers,
attachées à la fondation dans toute la province29.
10 A Damas même, où sont situés les bâtiments les plus remarquables du waqf, outre les sept
responsables, 203 personnes perçoivent des salaires ou des gages de la fondation ; la
majorité (115) est bien entendu attachée à l’édifice le plus prestigieux, la grande mosquée,
le second lieu de prière (masğid) n’étant apparemment qu’un petit bâtiment. Comme
aucun emâret n’est construit dans la ville par Sinān Bāšā, les fonctions religieuses
constituent la masse de celles prévues par le fondateur. Cependant à l’exemple d’autres
fondations30, quelques emplois domestiques nécessaires sont créés pour la surveillance et
l’entretien des bâtiments, et en particulier de la grande mosquée : un portier (bawwāb) et
deux « balayeurs » (kannās), — ces fonctions étant confondues en une seule dans la
seconde mosquée — ; deux allumeurs de chandelles et deux employés chargés de brûler
de l’encens ; un jardinier (bustāni), car la mosquée possède un jardin ; un homme (šāwi) 31
est spécialement chargé de l’entretien des canalisations, « en les inspectant matin et
soir » ; enfin seul un menuisier (nağğār) est prévu pour réparer et maintenir en état tous
les bâtiments à Damas32.
11 Sur les salaires, comme sur les prix et les monnaies à Damas durant cette période, les
informations que nous possédons sont trop peu nombreuses et discontinues, pour tenter
de brosser un tableau général et faire quelques comparaisons pertinentes. Comparer ainsi
les salaires surtout les plus bas prévus pour les différents chargés de fonction dans le
waqf de Sinān Basa, avec ceux indiqués pour les mêmes emplois dans le waqf de Lālā
Muṣṭafā Bāšā est une entreprise périlleuse : entre les dates des deux waqfs, une vingtaine
d’années, une dévaluation au moins, en 1584, a été faite33, et nos connaissances sur les
cours des monnaies sont des plus réduites. Pour les hauts salaires, nous savons que les ᶜ
ulamā, enseignant dans les madrasa, perçoivent entre 30 et 80 ᶜuṯmāni par jour 34 ; le
mutawalli de la fonda-dation de Sinān Bāšā, avec ses 50 qiṭᶜa fiḍḍiyya, (sans doute quelque
cent ᶜutmānī) 35 est donc fort bien rémunéré. Les autres rémunérations apparaissent par
contre fort basses : celle du nāẓir plus particulièrement, qui ne reçoit qu’une qiṭᶜa par
jour, mais il est vrai que, mudarris dans la Madrasa Sulaymāniyya, il est, par ailleurs,
rétribué36.
69

12 De fait, ces différents postes, mutawalli, nāẓir de fondations ou enseignant, paraîssent


avoir été fort rémunérateurs, si l’on en juge par la concurrence à laquelle donne lieu leur
obtention : certains postulants n’hésitent pas à faire le voyage à Istanboul pour arracher
leur nomination37. Aux rétributions sans doute élevées, s’ajoutent d’autres avantages,
matériels et de prestige, mais aussi la possibilité de percevoir deux salaires par le cumul
des postes, une situation qui ne paraît pas avoir été exceptionnelle à Damas durant cette
période38.

2. Les constructions de Murād Bāšā


13 Murād Bāšā entreprend, après avoir obtenu un décret sultanien39 son premier programme
de constructions à la fin de l’année 1002/mi 1594, et confie la supervision de sa réalisation
au Šayḫ Muḥammad al-Maġribī40. Pour mener à bien ce programme qui comprend outre
un sūq et un café, un ḫān, que Ġazzī et Muḥibbi nomment wakāla41, il acquiert ou loue les
anciens bâtiments et/ou les terrains (cf. waqf) à l’emplacement où il désire ériger ses
bâtiments ; il détruit les anciennes boutiques, en construit de nouvelles, en élargissant la
rue et élevant les toitures42. Il construit également à Bāb al-Barīd, une grande coupole, qui
repose sur les deux colonnes existant de part et d’autres du croisement (murabbaᶜ) 43. Pour
sa wakāla, ou ḫān, il « exproprie » (aḫaḏ), dit Muḥibbi, des maisons situées derrière ces
colonnes ; la construction de cette dernière est achevée en 1005/1596-97, et un court
poème est écrit par le Šayḫ ᶜAlī ṭ-Ṭayyib al-Ġazzī, pour célébrer cette réalisation et en
donner la date44.

Les premiers bâtiments

14 Excepté le café, sommairement décrit certes, mais dont la vocation est claire45, les sources
ne donnent pas d’indications précises et détaillées sur la dévolution du sūq et du ḫān. Sur
les 47 boutiques que comprend le sūq, l’une d’entre elles est dévolue à la vente des
légumes et fruits et une seconde l’est à la vente du coton46 ; il est précisé aussi que la
vente à l’étalage est autorisée devant quelques magasins, vraisemblablement contigus les
uns aux autres47. La vocation des 45 autres boutiques n’est point indiquée, mais l’on peut
avancer, avec quelque sûreté, en se fondant sur le nom que portait précédemment le sūq,
et qu’il porte encore vers 1017/1608-160948, qu’elles sont destinées à la fabrication ( ?) et à
la vente de bonnets à la mode anatolienne (ṭāqiyya).
15 Le ḫān n’est pas décrit dans le détail, et le nombre de pièces qu’il comprend n’est pas
indiqué49. Il est destiné à abriter les négociants (tuğğār) du Sūq as-Sibāhiyya, construit et
fondé en waqf par le gouverneur Ahmad Šamsī Bāšā vers 962-963/1554-56 50 ; ce dernier
avait fermé le premier sūq des sipahis, situé sur un autre emplacement, sūq qui était waqf
des Ḥaramayn51. Murād Bāšā réintègre ce sūq dans ce dernier waqf, et ordonne aux
négociants de s’y installer ; ils s’exécutent de mauvais gré, et ils tentent, au moins une fois
en 1016/1607, de faire annuler cette décision par le Grand Qāḍï ; déboutés de leur plainte,
ils attendront la mort de Murād Bāšā, pour revenir à leur emplacement précédent52.
16 Sur les fonctions de ce ḫān, les sources ne nous fournissent que des informations très
fragmentaires. Nommé wakāla par Ġazzī et Muḥibbi comme nous l’avons vu plus haut, il
est spécialement construit pour la Ṭāᵓifat as-Sibāhiyya53, et destiné à remplacer l’ancien
Sūq du wālī Ahmad Šamsī Bāšā. On peut donc supposer que l’on y trouvait des
70

marchandises de valeur destinées à la clientèle privilégiée que constituait, malgré la


décadence qu’il connaissait, le groupe des sipahi54. Une fois abandonné par les négociants,
la vocation de ce ḫān demeure obscure. Connu sous le nom de Ḫān al-Murādiyya,
appartenant au waqf de Murād Bāšā, il est mentionné dans quelques documents
conservés dans les registres des Tribunaux religieux. Il semble servir alors d’entrepôt ou
de dépôt (amāna ?) pour les biens des militaires décédés55, dans l’attente du règlement de
la succession.

Le Bazzāzistān

17 Le second programme de construction ne comprend qu’un seul bâtiment ; il apparaît dans


le texte de waqf indifféremment sous le nom de bazzāzistān ou bāzistān56, tandis que Ġazzī
et Muḥibbï le mentionnent comme sūq57. Contrairement aux premières constructions, les
dates du début et de l’achèvement des travaux, supervisés par Ḥasan Bāšā Šūrbaza, un
notable de Damas58, ne sont pas données par les différentes sources.
18 Il appert cependant du texte de waqf que le bâtiment est vraisemblablement construit, ou
en cours de construction, en 1017 : en effet il est indiqué que le premier acte consacrant
la fondation en waqf de cet édifice est rédigé le 8 muḥarram 1017/24 avril 1608 59, le texte
présenté ici n’étant que le document réunissant les deux actes précédents60.
19 Le texte comporte une lacune importante61 qui ne permet pas de reconstituer le plan
exact du bâtiment : il est couvert par 9 coupoles supportées par de forts piliers et démuni
d’étage (bien qu’un second niveau existe, mais accessible uniquement de l’intérieur des
boutiques) ; il comprend 61 boutiques alignées contre les murs intérieurs, et quelques-
unes aménagées à l’extérieur. Quatre portes ouvrent sur trois côtés, car la présence d’un
édifice, la Qīsāriyyat al-Qaṭṭān, sur le côté sud, n’a pas permis, vraisemblablement,
l’aménagement d’une ouverture méridionale ; la porte orientale, la seule décorée,
surmontée d’une inscription et donnant sur un sūq, en est certainement l’accès principal.
Cette disposition correspond, grosso-modo, à la conception générale des bedestans
ottomans62, bien que l’existence d’une « cour » (sāḥa ?) munie d’un bassin, semble être un
développement local et singulier (mélange entre bedestan et ḫān) de l’agencement de ce
type de bâtiment. L’édifice, tel qu’il ressort du texte et comme son nom l’indique, est
destiné à être le siège des marchands d’étoffe de la ville ; une boutique, comportant à
l’arrière un dépôt, surmonté d’une seconde pièce, est dévolue au chef de cette
corporation (šayḫ al-bazzāzīn)63, et Murād Bāšā ordonne aux négociants du sūq aḏ-Ḏirāᶜ de
s’installer dans ce nouveau bâtiment. Ils y demeureront après sa mort, adoptant l’attitude
inverse des marchands transférés dans le premier bâtiment64.

La localisation des bâtiments

20 F. Yahya, dans son inventaire des caravansérails de Damas a déjà, avec des arguments
valables, proposé de localiser les deux principales constructions, le ḫān et le bedestan, de
part et d’autre de Bāb al-Barīd ; il situait le premier sur l’emplacement actuel de la
wakālat al-ᶜAššā, tandis que le second était identifié avec le ḫān al-Murādiyya, nom
attribué à un bâtiment récent—de la fin du XIXe siècle — et que la mémoire collective ne
cesse de conserver65. Ce chercheur remarquait cependant, que la description du bedestan,
identifié avec le Ḫān al-Murādiyya, correspondait à l’agencement d’un bâtiment connu
aujourd’hui sous le nom de Ḫān al-Ǧumruk66. Partant de cette remarque de F. Yahya, nous
71

souhaitons proposer, en nous fondant sur des documents récemment découverts, de


nouvelles identifications et localisations pour les deux édifices construits par Murād Bāšā
(voir cartes II et III).
21 D’après le schéma que nous avons dressé des constructions de Murād Bāšā, ces dernières
sont situées, sur une ligne orientée approximativement nord-sud, et contiguës les unes
aux autres : seuls le ḫān et le bedestan sont séparés par des bâtiments, mais un passage
aménagé entre ces derniers, permet l’accès direct entre ces deux édifices67. La limite nord
des constructions est donnée par deux bâtiments dont l’emplacement est connu : la turba
ᶜAṣrūniyya (carte II, n° 9) et la Qāsāriyya (n° 10) du même nom qui lui fait vis-à-vis de
l’autre côté de la rue68. Le sūq est limité à l’ouest par trois habitations particulières, et au
sud-est par le sūq Bāb al-Barīd (n° 13) ; le ḫān (n° 14) qui constitue sa limite méridionale,
possède une porte secondaire à l’orient, la porte principale ouvrant au nord sur le sūq.

SCHEMA DES CONSTRUCTIONS DE MURĀD BĀŠĀ

22 Quelques documents du XVIIIe siècle, conservés dans les registres des Tribunaux religieux
de Damas, apportent des indications supplémentaires sur la localisation du ḫān et du
bedestan. Dans un premier document il est indiqué que la porte du ḫān, connu sous le
nom de Ḫān al-Murādiyya, waqf de Murād Bāšā, ouvre au nord sur le sūq Bāb al-Barīd 69 ; il
ne fait donc aucun doute que ce premier édifice est à localiser sur l’emplacement qu’on
lui connaît à l’heure actuelle, ainsi que l’a noté F. Yahya, en l’identifiant, cependant,
faussement, comme le bedestan ; le Sūq s’étend au nord, du croisement de Bāb al-Barīd à
la turba ᶜAṣrūniyya.
23 Quant au bedestan (n° 18) le même document indique qu’il est contigu au premier ḫān,
sur son côté sud70, et que sa porte ouvre à l’est sur le sūq al- Ğarākisiyya ; un second
document71 donne des indications plus précises qui permettent de localiser
définitivement ce bâtiment : le bādistān dont la porte ouvre sur le sūq cité ci-dessus,
72

limite au sud un premier ḫān, waqf des Ḥaramayn (n° 17), et au nord un second ḫān (n
° 20), du même waqf, dont la limite méridionale est constituée par la Madrasa al-
Ḥiğāziyya (n° 22), édifice qui existe à l’heure actuelle ; partant du sud vers le nord, nous
avons donc la madrasa, un ḫān (waqf des Ḥaramayn, probablement la Qīsāriyyat al-
Qattān mentionnée dans le waqf de Murād Bāšā) que l’on doit situer sur l’emplacement
actuel du ḫān az-Za‘faranğiyya (n° 20) ; le bādistān, et un second ḫān (waqf des Ḥaramayn,
c’est-à-dire la Qīsāriyyat al-Ḥaramayn citée dans le waqf de Murād Bāšā) sur le site du
Ḫān Šayḫ Qaţanā aujourd’hui. Le bādistān ne peut donc être localisé que sur
l’emplacement occupé par le bâtiment connu, au moins depuis le XIXe siècle, sous le nom
de Ḫān al-Ğumruk (n° 18).
24 La localisation proposée pour les bâtiments de Murād Bāšā, et plus particulièrement celle
du bazzāzistān ne semble pas être matière à contestation ; l’identification de ce dernier
édifice avec le Ḫān al-Ğumruk est par contre problématique : ils présentent certaines
caractéristiques architecturales communes, mais le plan suggéré par le texte de waqf ne
paraît pas conciliable avec celui du bâtiment dans son état actuel72.
25 Restauré après un incendie récent, le Ḫān al-Ğumruk est un édifice constitué de deux
galeries orientées est-ouest et sud-nord, se recoupant à angle droit. Un portail
monumental, qui possède une porte à deux battants en bois renforcés de plaques de fer
fixées par de gros clous, est situé à l’est ; il est suivi d’un vestibule, qui conduit à un
espace couvert en tôle, précédant le premier grand espace couvert d’une coupole. Au-
dessus du vestibule est située une pièce, inoccupée actuellement, accessible par un
escalier situé au sud. Au nord, aucune porte, ou séparation, ne marque l’accès du
bâtiment qui est manifestement inutilé. Les deux galeries sont divisées en 6 grands
espaces par 7 grands arcs brisés supportés par 13 forts piliers ; elles sont couvertes de 6
grandes coupoles sur pendentifs ; quarante boutiques73 voûtées en berceaux sont alignées
de part et d’autre de la large allée centrale ; chaque boutique est surmontée d’une petite
pièce à laquelle on accède au moyen d’une échelle de bois par une ouverture aménagée
dans la voûte. La seconde boutique du côté sud possède, à l’arrière, une grande pièce
surmontée d’une autre pièce à laquelle on accède par un escalier.
26 Trois des caractéristiques du Ḫān al-Ğumruk correspondent donc parfaitement avec la
description du bazzāzistān ; ils possèdent en commun des pièces surmontant des boutiques
voûtées en berceau ; une boutique comporte deux autres pièces ; une porte monumentale
ouvre à l’est sur un sūq. D’autres éléments du bâtiment peuvent faire l’objet d’une
restitution : tout d’abord notons l’existence, sur le mur ouest, de deux ouvertures murées
qui pourraient correspondre aux deux portes occidentales du bazzāzistān ; d’autre part, 6
espaces couverts par 6 coupoles et délimités par 7 grands arcs, un septième espace, lui
aussi couvert par une coupole, peut être restitué car la place existe ; nous aurions ainsi 7
grands espaces, délimités par 8 grands arcs reposant sur 15 forts piliers ; cet espace serait
couvert d’une septième coupole. Quant aux deux petites coupoles il est possible de les
concevoir couvrant l’espace — deux fois moins vaste que les autres — qui fait office de
vestibule à la suite de la grande entrée orientale74.
27 Le plan du Ḫān al-Ğumruk ne correspond apparemment pas avec celui que fait concevoir
le texte de fondation. Par deux fois en effet aux folios 17a et 19b, il est mentionné
l’existence de « quatre côtés » et d’une cour, munie d’un bassin, au centre du bâtiment,
suggérant « un plan quadrangulaire »75. Cependant, en raison de la lacune dans la
description, les indications données par le texte demeurent équivoques, car l’on peut
73

avancer que le ḫān dans sa disposition actuelle, en forme de L, possède quatre côtés, et
considérer sa large allée centrale, comme la cour mentionnée dans le texte. Ajoutons une
dernière remarque pour tenter de lever en partie cette ambiguïté : Ġazzī et à sa suite
Muḥibbi nomment le premier grand bâtiment de Murād Bāšā, wakāla, c’est-à-dire,
glosent-ils, Ḫān ou qisā-riyya76 alors qu’ils emploient pour désigner le bazzāzistān le terme
très précis de Sūq : Damascènes, dans leur esprit, sa forme et son agencement ne
correspondent pas à celle d’un ḫān77.
28 Si donc la localisation ne semble faire aucun doute, il n’en demeure pas moins que les
propositions de restitution que nous avons présentées doivent être confirmées par
d’autres documents historiques, mais aussi par des travaux sur l’architecture de l’édifice.

NOTES
1. Voir supra notes au waqf.
2. Voir supra la biographie de Sinān Bāšā.
3. Ġazzī, Luṭf, 348 ; Sauvaget, Monuments historiques, n° 79, indique que la mosquée est bâtie de
1586 à 1591.
4. Ibn Ayyūb, Rawḍ, 140a-b.
5. Ibid.
6. Ġazzī, Luṭf, 348.
7. Ibn Ayyūb, Nuzha, 380a.
8. Ṭalas, Ṯimār, 227, un verset coranique situé au-dessus de la porte menant à la salle de prière est
datée de 999/fin 1580-1591 ; l’inscription du sabīl situé à l’intérieur de la cour de la mosquée, et
attribuant sa fondation ou restauration (ǧuddida) à Sinān Bāšā est aussi datée de 999/fin
1590-1591, Gaube, Arabische Inschriften, 89, d’après Waddington et Van Berchem, Inscriptions
arabes, 154.
9. Ibn Ayyūb, Nuzha, 380a ; voir aussi WW, 80, qui mentionnent vers 1917 l’existence au sud de la
mosquée d’un petit jardin de forme triangulaire et bordé par des boutiques.
10. Thévenot donne vers le milieu du XVIIe siècle une bonne description de l’extérieur de la
mosquée et de la cour, WW, 80.
11. Wulzinger & Watzinger, Damaskus, die islamische Stadt, 78-80, avec un plan de l’édifice, p. 79 ;
les renseignements historiques de ces auteurs, rapportés d’après des informateurs locaux sont à
rejeter.
12. Sauvaget, Monuments historiques, n° 79.
13. Ibid.
14. Waqf Sinān Bāšā, fol. 6b ; WW, 80, sans description du bâtiment. Ces auteurs indiquent que vers
1850 une madrasa existait, contiguë à la mosquée, — il s’agit vraisemblablement de ce maktab — et
était le siège d’un tribunal religieux ; cette information est sans aucun doute tirée de von Kremer.
15. Voir supra, p. 52 n 3.
16. WW, 78, attribuent le premier sabīl, dans la cour, à Sinān Bāšā al-Mutarid ( ?) et donnent la
date de 960 sous réserve. La lecture est sans doute fautive, voir supra p. 98 n. 6, et aussi Ṭalas,
Ṯimār, 227. Le second sabīl est situé à la pointe du jardin, WW, 80.
74

17. La traduction de siqāya par « canalisation » n’est point sûre ; elle s’appuie, en l’absence de
toute description, sur un emploi de ce terme par Ibn Ṭūlūn, Qalāᵓid, 94 et note 1, pour désigner un
canal (ou canalisation) destiné à l’alimentation en eau du Dār al-ḥadiṯ an-nāṣiriyya à Ṣāliḥiyya ;
Talas, Ṯimār, 227, précise que la mosquée est alimentée en eau de Qanawāt, et WW, 78,
mentionnent l’existence à l’intérieur du bâtiment, dans le mur nord de la cour, d’un répartiteur
d’eau important qui dirige l’eau vers le sud. Voir aussi ᶜIlmawī, Muḫlaṣar, 235, où le terme peut
être pris dans le sens de sabīl.
18. Waqf Sinān Bāšā, fol. 8b-9a ; si l’on ajoute les autres locaux mentionnés comme étant contigus
aux boutiques, ou situés dans la même maḥalla, le sūq aurait compté 83 boutiques, une
savonnerie, un dépôt et un hawš.
19. Von Kremer, Topographie, 11, 15. Le départ des arcs est encore visible de nos jours.
20. WW, planches (D/6, 2), où le sūq ne comporte aucune couverture.
21. Voir supra, tableau III.
22. Fol. 6b.
23. Voir infra, p, 107 n. 3.
24. Fol. 10b.
25. Voir supra, p. 51 n. 2.
26. Une littérature relativement abondante existe maintenant sur ce type d’habitation ; voir par
exemple Raymond, The rabᶜ.
27. Comparer avec Waqf Lālā Muṣṭafā Bāšā, 38-110, qui est aussi richement doté en revenus de
villages, mazāriᶜ, moulins ....
28. Bakhit, The Province of Damascus, 152 n. 109.
29. Comparer avec les chiffres donnés pour d’autres fondations, v. supra « Les constructions dans
la ville de Damas » ; voir aussi Waqf Lālā Muṣṭafā Bāšā, 209 sq, où plus de 80 personnes sont
employées. Sur les fonctions attachées en général à des fondations, voir Amīn, Awqāf, 303 sq.
30. Voir par exemple Waqf Lālā Muṣṭafā Bāšā, 215 sq.
31. Sur le šāwī, voir Qāsimi, Dictionnaire, 249-250 et 364-305. Comparer aussi avec waqf Lālā
Muṣṭafā Bāšā, 217, où c’est le raᵓis aš-šuwāt de Damas qui est chargé, contre une rénumération
journalière, de veiller à l’entretien des canalisations de tous les bâtiments de la fondation.
32. Waqf Lālā Muṣṭafā Bāšā, 215-6 et 217 ; un maçon (bannāᵓ) est prévu pour l’entretien des
bâtiments à Qunayṭra ; deux autres personnes, l’une à Qunayṭra, la seconde à Damas, sans
indication de profession, sont chargées de la restauration (tarmīm ?) des bâtiments.
33. Heyd, Ottoman Documents, 121, n. 3 ; il semble aussi qu’une seconde dévaluation ait été faite en
1588.
34. Bakhit, The Province of Damascus, 153 et 156.
35. Si la qiṭ a est le médin, voir infra, Tableau des monnaies.
36. C’est le cas du mutawallī, nāẓir et ğābī de la fondation de Murād Bāšā, qui est en même temps
nāẓir du waqf de la Mosquée des Omayyades, voir supra « Le premier acte de waqf de Murād
Basa ».
37. Muḥibbi, Ḫulāṣa, III, 386 ; le fils du mutawalli de la fondation de Sinān Bāšā fait, à la mort de
son père, le voyage à Istanboul, pour se faire attribuer le poste ; d’autres exemples dans Bakhit,
The Province of Damascus, 155-156.
38. Voir supra n. 3 pour un exemple.
39. Acte de tribunal religieux (ḥuğğa) daté du 14 šaᶜbān 1016/4 déc. 1607, de 4 folios, annexé à la
première waqfiyya de Murād Bāšā ; ce document, cité par la suite Ḥuğğa, nous apprend, que, au
moins pour le ḫān, un décret sultanien a été émis, fol. 2a.
40. Ġazzī, Luṭf, 320 ; Muḥibbi, Ḫulāsa, IV, 356. Ce šayḫ sera le premier mutawallī du waqf, v. supra,
p. 75.
41. Ġazzī, Luṭf, 320 ; cet auteur, p. 321, définit le mot wakāla ; c’est dit-il : « le nom du ḫān comme
cela est connu chez les Égyptiens ; les Damascènes le nomment qīsāriyya » voir aussi Muḥibbi,
75

Ḫulāṣa, IV, 356-357, qui reprend Ġazzī ; dans la seconde waqfiyya de Murād Bāšā, il est mentionné
comme « l’ancien bāzistān », fol. 21a, 21b, 22a et 23a.
42. Il s’agit vraisemblablement de la toiture du sūq, Muḥibbī, Ḫulāṣa, IV, 356.
43. Ibid., IV, 356 ; cette coupole est décrite au milieu du XIXe siècle par von Kremer, Topographie,
8 ; elle est détruite lors de la construction du sūq Ḥamīdiyya.
44. Ġazzī, Luṭf, 320 ; Muḥibbī, Ḫulāṣa, IV, 356.
45. V. description supra, p. 68. L’existence de nombreuses « maisons à café » à Damas est attestée
à la fin du siècle par Būrīnī, Tarāğim, II, 93.
46. V. supra, p. 86 (fol. 6a et 7b).
47. Ibid., p. 86 fol. 6a.
48. Voir Waqfiyya Murād Bāšā II, fol. 25b.
49. Dans la seconde waqfiyya malheureusement incomplète, la description d’un bâtiment
comprenant 32 mahzan à l’étage est commencée ; voir supra, p. 84 et n. 1.
50. Ibn Ayyūb, Nuzha, fol. 308b rapporte dans la biographie qu’il consacre au nouveau Grand-Juge
qui arrive en poste en 965/1557-58, que le wālī de Damas Ahmad Bāšā avait construit « la madrasa
en face du fossé et le sūq connu sous le nom de Sūq as-Sibāhiyya en face de la Citadelle, sur son
côté sud » ; un sūq portant ce nom est mentionné extra-muros par un document du milieu du XVIIe
siècle (Siğill Dimašq, III, cas 273, p. 188), mais il semble qu’il s’agisse d’une erreur du scribe, car un
acte du XVIIIe siècle, Siğill Dimašq, LIX, p. 21-23, 10 muḥ. 1139, indique la localisation exacte d’un
sūq, connu alors sous le nom de Sūq as-Sibāhiyya wa I-Arwām. Ce document, qui précise que ce
sūq a été consacré en waqf de la takiyya construite par Aḥmad Šamsī Bāšā, selon l’acte de waqf
rédigé en ram. 964/juin-juillet 1557, puis repris dans un second acte rédigé en šawwāl de la même
année (juillet-août), donne les limites de ce sūq : il était situé approximativement sur
l’emplacement du sūq connu par la suite sous le nom de Sūq al-Arwām, au début du sūq al-
Ḥamidiyya ; il avait donc été bâti à proximité de l’édifice religieux érigé par Ahmad Šamsī Bāšā,
dans la Maḥalla al- Ǧadīda qui sera incluse par la suite dans le waqf de Sinān Bāšā, voir supra,
pp. 44, 52, 101.
51. Ḥuğğa, fol. 3a et 4a, indique que l’ancien sūq était situé dans Maḥalla al-Maḥāᵓiriyya wa š-
Šakliyya, hors-les-murs.
52. Ġazzī, Luṭf, 320 ; Muḥibbi, Ḫulāṣa, IV, 356. Les deux auteurs disent « ils revinrent au sūq connu
sous leur nom maintenant » ; voir aussi supra n. 3.
53. Ḥuğğa, fol. 3a.
54. Kreiser, Bedeslen-Bauten, 390, mentionne pour Manisa, ville de l’Anatolie de l’ouest, l’existence
d’un bâtiment comprenant 100 boutiques alignées des deux côtés d’une rue. fermée à ses deux
extrémités par des portes ; « c’est le Sipahi pazari où l’on achète des armes et des vêtements »
(d’après E. Celebi).
55. Siğill Dimašq, VII, cas n° 18 du 22 ğumāda II 1057/25 juillet 1647, p. 12 : il s’agit des biens
possédés par un militaire, biens qui comprennent surtout 150 raṭl de café ; sur la fonction d’
amāna (dépôt), v. Inalcik, The hub of the city, 3.
56. C’est la première fois à notre connaissance qu’un bâtiment sis à Damas, apparaît, dans une
source arabe, sous le nom de bazzāzistān.
57. Ġazzī, Luṭf, 216, 320, 321 ; Muḥibbī, Ḫulāṣa, IV, 356-357.
58. Voir sa biographie dans Ġazzī, Luṭf, 213-218 ; reprise dans Muḥibbī, Ḫulāṣa, II, 24-26, avec une
certaine confusion : cet auteur lui attribue en se contredisant (ibid., IV, 357) la supervision de
toutes les constructions de Murād Bāšā.
59. V. supra, p. 83 (fol. 23b).
60. Ibid., p. 79 (fol. 16a).
61. Ibid., p. 79 (fol. 17b-18a), où la disposition des boutiques autour de la cour manque, et ne
permet pas de reconstituer, d’une manière même approximative, l’agencement du bâtiment.
76

62. Kreiser, Bedesten-Bauten, 367-368, donne la bibliographie la plus complète des études
concernant ce type de bâtiment ; Inalcik, The Hub of the city, 3-4, offre un résumé de la conception
idéale d’un bedestan : « The Ottoman bedestan was a compact stone building, sqare or, more
often, rectangular in shape, with thick walls and lead-encased domes. It towered over the
commercial district of the city like a fortress ... There was usually one gate on each of its sides,
from which the broad streets (shahrah) of the bazaar radiated in four directions. Inside, the
bedestan was divided by thick pillars into sqare compartments, each of which had a dome over it.
The compartments inside a bedestan numbered from four to twenty. Outside the bedestan there
were shops set up against its walls, and the çarsi-s, the rows of shops for the various crafts, were
built nearby on both sides of the streets parallel to the axis of the bedestan. Outside of this
complex additional rows of shops were constructed in sqares or rectangular ». Pour les bedestans
du Caire, voir Raymond-Wiet, Lis marchés du Caire, 21-23.
63. Inalcik, The Hub of the city, 3: « Above all, the bedestan was the headquarters for the merchant
guild trading in precious textiles (baz, thence bazzaz and bazzazistan or bazzaziyya) »; voir aussi
Kreiser, Bedesten-Bauten, 371.
64. Ġazzī, Luṭf, 320 ; Muḥibbi, Ḫulāṣa, IV, 356.
65. Yaḥya, Inventaire, 379.
66. Ibid., 387.
67. Voir supra, pp. 81-82.
68. Voir carte en annexe.
69. SiğilI Dimašq, IL, cas n° 94, du 16 ğumādā I 1135/26 mars 1723 : ce document concerne la
location des deux ḫān appartenant au waqf de Murād Bāšā, qui sont décrits comme suit : « ...
contigus l’un de l’autre, le premier étant connu sous le nom d’al-Murādiyya, à Sūq Bāb al-Barīd, à
l’intérieur de Damas, et le second (sous le nom) d’al-Bādistān ... leurs limites sont au sud, des
maisons à l’est le Sūq al-Ğarākisiyya, où est située la porte du second ḫān ; au nord le Sūq Bāb al-
Barīd, où est située la porte du premier mentionné ... ».
70. C’est ce qu’on déduit du document cité ci-dessus.
71. Siğill Dimašq, XL, 102-103, du 8 ramadan 1132/15 juillet 1720 ; répété dans XLII, 2-3, 4 ḏū l-
qa’da 1134/17 août 1722.
72. La description de ce ḫān a été donnée par Yahya, Inventaire, 386 sq ; nous nous en sommes
largement inspirés en y ajoutant certaines observa dons obtenues lors de plusieurs visites du
bâtiment.
73. En fait 39 boutiques, car le mur de séparation entre deux boutiques a été abattu, pour
constituer un plus grand espace ; mais il existe toujours 40 ouvertures voûtées en berceau.
74. Je remercie Mme. C. Mütting qui après avoir visité le bâtiment, et travaillé sur les plans du
Ḫān al-Ğumruk, m’a suggéré cette possibilité : deux cercles tangents de même diamètre
s’inscrivent parfaitement dans cet espace.
75. Yaḥya, Inventaire, 379.
76. Voir supra p. 106, n. 1.
77. Murādi, Silk, III, 57-58, qui note l’existence d’un Sūq al-Bādistān. Le plan particulier, en forme
de L, du Ḫān al-Ğumruk ne correspond à aucun de ceux connus pour les bedestans ; cependant un
bâtiment ayant une disposition semblable existe à Istamboul, nommé le Misr Carsi ( Sūq des
Égyptiens), Müllier-Wiener, Bildlexikon, 362. Ajoutons enfin qu’un Ḫān al-Ğumruk est mentionné à
Damas au début du XVIIe siècle, localisé très précisément sur l’emplacement occupé actuellement
par le Ḫān at-Tutun, Siğill Dimašq, XIL, 476-477, cas du 10 ḏū I-qa‘da 1140/18 juin 1728.
77

Conclusion generale

1 Les actes de waqf de Sinān Bāšā et Murād Bāšā représentent, dans leur forme et leur
conception, deux modèles de fondations ottomanes de la fin du XVIe siècle. Donations
pieuses de deux personnages successivement gouverneurs de Damas et Grands Vizirs,
elles s’intègrent dans une politique plus générale à l’échelle de l’Empire qui, inaugurée au
XVe siècle, se poursuit au siècle suivant ; sultans et hauts dignitaires dotent les villes
d’établissements d’utilité publique, souvent de grande envergure, qui modèleront l’espace
urbain. Les raisons invoquées par les chroniqueurs pour justifier les réalisations des deux
personnages sont, cela va de soi, religieuses : il s’agit pour Murād Bāšā de tenir le
serment, a fait dans des circonstances exceptionnelles, de fonder un waqf pour les
pauvres des Villes Saintes, et pour Sinān Bāšā de construire un madfan à Damas.
2 S’il ne construit pas ce tombeau, Sinān Bāšā manifeste néanmoins un zèle religieux
exemplaire en bâtissant des édifices dont les plus importants sont situés à Damas ; ses
activités de construction s’étendent à toute la province, et des ḫāns imposants sont élevés
sur la grand route qui mène en Palestine, et sur la route d’Alep ; ils facilitent la circulation
des personnes, assurent leur sécurité et des repas gratuits sont offerts. Sinān Bāšā crée
aussi de multiples emplois rémunérés. Ses actions, même si elles sont entachées
d’irrégularités et d’abus de pouvoir, lui attirent cependant le respect des populations : les
mesures de confiscation prises à l’encontre de son waqf sont levées après l’intervention
de notabilités locales. Il constitue, en dotant sa fondation de revenus de villages entiers,
de moulins et de terres diverses, une entité financièrement autonome, dont la richesse
dépasse celle de son rival Lālā Muṣṭafā Bāšā.
3 Bien plus modeste, et moins prestigieuse est la fondation de Murād Bāšā ; elle ne
comprend que des bâtiments à caractère économique, dont le surplus de revenus est
destiné aux pauvres des Villes Saintes. Il manifeste par là un zèle religieux non moins
exemplaire que celui de Sinān Bāšā ; le sūq as-Sibāhiyya qui avait été incorporé par un
précédent gouverneur dans sa propre fondation, est réintégré dans le waqf des
Ḥaramayn ; son action à Damas, comme plus tard sa conduite alors qu’il est Grand Vizir,
reflètent l’attitude d’un fidèle serviteur de l’Etat. Moins avide de puissance que son
prédécesseur, Sinān Bāšā, son objectif, en créant des bâtiments particuliers, comme le
bedestan où il regroupe autoritairement les négociants en étoffes de luxe, semble être le
contrôle plus étroit des activités économiques.
78

4 Des waqfs de conceptions différentes, fondés par des personnages dont les mobiles sont
différents, les informations qu’ils apportent sont aussi différentes. L’acte de waqf de
Sinān Bāšā s’apparente plus à un recensement des biens de la fondation, car il a fait sans
doute l’objet d’une ou plusieurs rédactions antérieures ; il ne consigne que les éléments
les plus importants de la fondation : les constructions principales sont mentionnées sans
description ; les biens immobiliers qui doivent fournir les fonds nécessaires à la
réalisation des buts assignés au waqf, sont par contre minutieusement énumérés, comme
sont aussi détaillés les emplois créés avec les salaires prévus, et les repas à servir.
5 Les actes de Murād Bāšā fournissent par contre des descriptions de bâtiments, qu’il est
tentant de qualifier de détaillées, en particulier celle qui concerne le bazzāzistān ; de fait,
le rédacteur du waqf vraisemblablement un non spécialiste, se borne à noter les éléments
architecturaux du bâtiment qui lui paraissent les plus remarquables, et certains des
termes qu’il utilise demeurent obscurs. Les parts d’eau, essentielles à Damas, sont par
contre méticuleusement consignées, pour éviter toute contestation ultérieure. Les actes
rapportent enfin, dans le détail, les transactions passées, et montrent le morcellement de
la propriété dans un secteur proche de la Mosquée des Omayyades.
6 Les deux opérations urbaines sont de grande ampleur, il faut encore le souligner, et leurs
emplacements paraissent avoir été choisis avec soin. Sinān Bāšā construit hors-les-murs
son « complexe » en faisant détruire les bâtiments existants. Les édifices sont situés à
l’intersection de la Voie Droite et de la grande artère qui longe les murailles, où deux de
ses prédécesseurs Darwīš Bāšā et le premier Murād Bāšā avaient aussi élevé leurs
monuments ; le site est bordé à l’ouest par une zone faiblement urbanisée, alors qu’au sud
sont situés des quartiers fortement peuplés. Murād Bāšā, au contraire, choisit pour ses
bâtiments à vocation économique de construire intra-muros, proche du Ḫān al-Ḥarīr et
du marché érigés précédemment par Darwīš Bāšā, complétant ainsi les réalisations de ce
dernier. S’il paraît excessif de considérer qu’une conception d’ensemble préside à ces
opérations, remarquons toutefois que les grands monuments à vocation économique sont
construits dans la zone des sūq, où, peu à peu, la politique ottomane avait concentré les
principales activités économiques.
7 Replacées dans un contexte plus large, les grandes constructions de Sinān Bāšā et de
Murād Bāšā sont les dernières d’une série de réalisations qui se sont succédées dans le
demi-siècle précédent et qui n’auront point leurs pareilles jusqu’au XVIIIe siècle. Ces
activités de construction prennent place dans une période pendant laquelle la ville ne
connaît, apparemment, aucun essor économique et démographique notable. Faut-il voir
alors dans ces fondations la tentative ultime de l’État et de ses représentants de stimuler
le développement d’une ville qui jouit d’un important prestige culturel ? Seules la
découverte de nouveaux documents et des recherches comparées, avec les autres villes de
l’Empire, devraient pouvoir répondre à cette question.
79

Annexe
Les monnaies

1 La monnaie courante de l’Empire Ottoman est une petite pièce d’argent, l’aspre (akce = EI
2, I, 327-8), appelée à Damas ᶜuṯmānī (Heyd, Ottoman documents, 120 n. 6). Elle représente à
la fin du XVIe siècle la 120 e partie du dīnār sulṭānī, le sequin des sources européennes,
lequel est d’or fin et souvent égal aux meilleures monnaies d’Europe. A Damas même, à la
fin du siècle, cette pièce d’or est nommée sulṭanī ḏahab, pour le différencier d’une autre
sequin, le sulṭanī muᶜāmalat Dimašq, qui lui est inférieur de moitié en valeur (Ibn Ayyūb,
Nuzha, 342b et 383b).
2 Les sources locales mentionnent aussi deux autres monnaies d’argent, le šāhī (ou bādišāhī)
semblable au šāhī iranien, et le qurš fiḍḍa qui est une plus grosse pièce d’argent,
probablement à cette époque de monnayage ottoman. Le šâhī apparaît, dans les
documents du premier registre des Tribunaux religieux, comme une monnaie de
référence : il est précisé dans les transactions enregistrées devant le juge que le sulṭānī est
compté à 8 šāhī, exceptée une fois où il l’est à 11 šāhī (Siğill Dimašq, I, 135-136, cas du 6
ramadàn 992/12 septembre 1584). Enfin il reste, pour compléter le tableau des monnaies,
à présenter une dernière, qui apparaît surtout dans nos textes : la qiṭᶜa fiḍḍa. Ce terme,
ambigu, est peut-être une autre dénomination de l’aspre, mais utilisé pour désigner un
aspre de bon aloi (Ibn Ayyūb, Nuzha, 342b) ; mais plus vraisemblablement il doit
correspondre à une autre monnaie, le para d’argent / maidin / médin, une sorte d’aspre
contenant une fois et demie plus de métal fin et qui était fort courante en Syrie à cette
époque (Schweigger, 267.)
3 Toutes ces pièces sont frappées à Damas même depuis le règne de Sulaymān I er (Pere,
Osmanlilarda 111 sq.) dans l’atelier (darbḫāna) qui était situé, au moins au début du XVIIe
siècle, à l’intérieur de la Citadelle (Siğill Dimašq, II, pp. 2-3).
80

TABLEAU DES MONNAIES

Note (1)1
Note (2)2
Note (3)3
Note (4)4
Note (5)5

NOTES
1. Schweigger, 267
2. Siğil’ Ḥalab, V, 99.
3. Siğill Dimašq, I, tous les documents, sauf celui des pp. 135-136, où le sulṭānī est compté à 11 šāhī.
4. Heyd, Ottoman documents, 121.
5. Ibn Ayyūb, Nuzha, fol. 342b.
81

Bibliographie générale. Les documents


d’archives

1. Documents de waqf
A Damas les documents de waqf accessibles à tout chercheur et concernant la ville et sa région
sont fort peu nombreux. Certains remontent à la fin de l’époque mamelouke, mais la majorité
datent de la période ottomane. Quelques-uns sont conservés à la Bibliothèque Nationale aẓ-
Ẓāhiriyya ; ils sont pour la plupart répertoriés dans les deux catalogues édités des manuscrits (
Histoire) de cette bibliothèque. Cependant l’existence d’un fichier indépendant situé dans la
« Salle des chercheurs » de cette bibliothèque, a permis de découvrir le premier waqf de Murād
Bāšā, qui n’était cité dans aucun des deux catalogues. Il est d’autre part vraisemblable qu’un
dépouillement très minutieux des manuscrits conservés à la Bibliothèque Nationale permettrait
de découvrir des actes de waqf de ce type, consignés dans d’autres documents.
D’autres actes de waqf peuvent être découverts parmi les nombreux documents contenus dans
les registres des Tribunaux religieux de Damas ; un index général de ces registres est en cours de
réalisation par les soins de la Direction des Archives historiques, où ils sont conservés. Ce travail
qui demandera de longs mois, ne couvrira cependant que la période postérieure à la seconde
moitié du XVIIe siècle ; en effet, hormis un registre qui regroupe des documents de la fin du XVIe
siècle mais qui ne comprend aucun acte de waqf, les autres registres, qui peuvent être consultés
avec l’autorisation de la Direction Générale des Antiquités et des Musées de Syrie, sont tous
postérieurs à la date de 1035/1626.
Outre les actes conservés dans les registres des Tribunaux religieux, la Direction des Archives
Historiques possède aussi des documents divers, généralement des comptes de waqfs, dont aucun
n’est antérieur au XVIIIe siècle ; ils ont été acquis par don, de particuliers ou de la Direction des
Waqfs ; cette dernière administration conserve par ailleurs tous les dossiers des waqfs de Damas,
qui couvrent, entre autres, la comptabilité de ces trentes dernières années des diverses
fondations sises à Damas. Cinq volumes d’actes de waqf des XVIe et XVIIe siècles, dont l’existence a
été mentionnée par le Dr. Bakhit, il y a quelques années, n’ont pu malgré de multiples
recherches, être redécouverts. Enfin, il ne fait aucun doute que de nombreux particuliers à
Damas ont en leur possession des documents de waqf acquis par héritage ; la Direction des
Archives Historiques s’efforce à l’heure actuelle de les localiser et de les acquérir.
Waqf Asᶜad Bāšā al-ᶜAẓm, éd. Ṣ. al-Munağğid, Damas 1953.
82

Waqf Murād Bāšā ᶜ alā fuqarāᵓ al- Ḥaramayn aš-Šarifayn, Ms. Dār al-Kutub aẓ-Ẓāhiriyya, n° ᶜĀmm
4316.
Waqf Murād Bāšā ᶜ alā fuqarāᵓ al-Ḥaramayn a š-Šarifayn, Ms. Dār al-Kutub aẓ-Ẓāhiriyya, n° ᶜĀmm
4317.
Waqf Sinān Bāšā, Ms. Dār al-Kutub aẓ-Ẓāhiriyya, n°ᶜĀmm 12137.
Waqf al-Wazir Lālā Muṣṭafā Bāšā, éd. Ḫalīl Mardarn Bey, Damas 1343/1925.
Waqfiyyat al-Umawi (sic), Manuscrit Ğāmiᶜ al-Umawī.

2. Autres documents d’archives


Le fonds d’archives conservé à la Direction des Archives Historiques de Damas est fort important.
Il comprend essentiellement les registres des Tribunaux religieux de la ville ; malheureusement
comme il a déjà été indiqué un seul volume regroupe des documents des années
991-993/1583-1585. Avec le second volume, datant de 1035/1625-1626, commence une série de
plus de 2000 registres qui couvrent, malgré quelques lacunes, souvent conséquentes, la seconde
moitié du XVIIe siècle et les siècles suivants jusqu’au début du XXe siècle. Les documents que
renferment ces registres concernent des questions fort diverses : achat, vente, location de
propriétés, mariages, divorces, liquidations de successions ... Ils fournissent d’abondants
renseignements, qui nous intéressaient plus particulièrement pour notre travail, sur la
topographie de la ville, ses quartiers, ses rues et sur les bâtiments publics ou privés et leur
localisation. Hormis le premier volume qui a été totalement dépouillé, les seconds et troisième
rapidement parcourus, les autres volumes ont été consultés quand des chercheurs nous ont
signalé des documents présentant un intérêt pour notre travail.
Enfin des microfilms de nombreux registres de recensements ottomans, portant sur toute la
Syrie, sont conservés au Centre des Archives de l’Université Jordanienne à ᶜAmmān. Nous avons
pu consulter et dépouiller les parties concernant la ville de Damas de trois d’entre eux, avec
l’autorisation de M. A.M. Bakhit, le directeur du Centre. Nous désirons à nouveau le remercier des
conseils qu’il nous a prodigués pour la lecture de ces documents.
Siğillāt al-Maḥākim aš-Šarᶜiyya, Dimašq, Mudīriyyat al-waṯā’iq at-tārīḫiyya, Bayt Ḫālid al-ᶜAẓm,
Dimašq, vol. I, II et III.
Tapu Defteri, n° 410, année 950/1543, Basbakanlik Arsivi, Istanbul, microfilm conservé au Centre
des Archives de l’Université Jordanienne.
n° 266, année 955/1548, Basbakanlik Arsivi, Istanbul, microfilm conservé au Centre des Archives
de l’Université Jordanienne.
n° 521, année 1005/1596-97, Basbakanlik Arsivi, Istanbul, microfilm conservé au Centre des
Archives de l’Université Jordanienne.

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V, n° 2/ 1895, 269-315 ; n° 3/1895, 377-386 et 387-411 ; VI, n° 2/ 1895, 221-313 ; n° 3/1895,
409,484 ; VII, n° 2/1896, 185-285 ; n° 3/1896, 369-421, 423-424 et 425-459.
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89

Index General

Les expressions ou termes techniques qui sont traduits ou annotés dans le texte, sont indiqués en
italique.

A
ᶜAbd Allāh b. Ğanbak, 86
ᶜAbd al-Bāqī, 58
ᶜAbd al-Hādī 1-Urmawī, waqf, 88
ᶜAbd al-Ḥayy, 77
ᶜAbd al-Karīm aṣ-Ṣāliḥī, 16
ᶜAbd al-Qādir, 68 n. 2
ᶜAbd ar-Raḥmān, 73
ᶜAbd ar-Raḥmān Ef., 43
ᶜAbdi Bek aṭ-Ṭawāqi, 91
Abihan, v. Madrasa Ismi Ḫān Sulṭān
Abū ᶜAbd Allāh, 86
ᶜadasa, 80
al-Aḏrawiyya, v. Madrasa
āgā, 4
ᶜAğlān, waqf, 88
ağlāq, 70 n. 4
ᶜAğlūn, 3 n. 2
Aḥmad Ier , 35
Aḥmad b. ᶜAbd ar-Raḥim, 94
Aḥmad Āgā, 83
Aḥmad Bāšā, maison, 81
Aḥmad Bāšā 1-Ḥāfiẓ, 16
90

Aḥmad Ef., 58
Aḥmad Ğalabī b. Sinān Ef., 68, 74, 76, 86-87, 90, 92, 94
Aḥmad b. Ḫayr ad-Dīn al-Ḫalīlī, 83
Aḥmad Ibn Qāḍī Nābulus, 16
Aḥmad al-Maġribī, 16
Aḥmad b. Maḥmūd ad-Diwān, 67 n. 2, 90
Aḥmad b. Muhammad, 75
Aḥmad al-Mulāzim, 58
Aḥmad b. Riḍwān, 74 n. 1
Aḥmad Šamsī Bāšā, 16, 17, 107, 108
Aḥmad Šamsī Bāšā, v. takiyya
Aḥmad b. Sinān, v. Aḥmad Ğalabi
Aḥmad b. Sulaymān, 16
Aḥmad aš-Šuwayki, 33
Aḥmad b. Tāğ ad-Din al-Qalᶜi, waqf, 94
ᶜĀᵓiša bt. Šihāb ad-Dīn ad-Dahīna, 83
ᶜĀ’iša bt. Ayluk, 91
akçe, 7 n. 2, 121
Akkā, 47, 56
Akkā, v. ḫān
ᶜAlā’ ad-Dīn, 78
ᶜAla’ ad-Dīn al-Ḥağiğ, 16
alay beg, 4
Alep, 1, 4, 5, 8, 9, 11, 22, 39, 117
Āl Ḥanaš, 38 n. 2
aᶜlāq, 82 n. 1
ᶜAli Bek 16
ᶜAli d-Daftari, 16
ᶜAli Ğālabi, 16
ᶜAli Ğāwīš, maison, 67
ᶜ Ali b. al-Ḥarfūš, 38
ᶜAli I-Ḫaṭṭāb, 78
ᶜAli b. Ḥusayn, 92
ᶜAli b. Muḥammad al-Ḥasani, 77
Ali b. Muḥammad at-Ṭarābulusi, 78 n. 2
ᶜAlī ṭ-Ṭayyib al-Ġazzi, 106
amāna, 108
al-ᶜAmāra, 9
al-ᶜAmāra, v. sūq
amīn, 5
91

Amīn ad-Dīn b. al-ᶜAnbarī, 68


amīr al-ᶜumarā, 2, 65
Anatolie, 7
al-ᶜAnnāba, v. maḥalla
ᶜAqrabā, 59, 60, 102
al-ᶜArīš, 1
ᶜArqā, nāḥiya, 54
al-Arwām, 65 n. 3
aṣbūᶜ, 72 aspre, 121, 122
ᶜAṣrūn (šayḫ), v. tombeau
al-ᶜAṣrūniyya, 65 n. 3
al-ᶜAṣrūniyya, v. madrasa Sidi
ᶜAṣrūn
al-ᶜAṣrūniyya, v. qās āriyya
al-ᶜAṣrūniyya, v. turba
al-ᶜAššā, v. wakāla 110
ᶜatīq, 43 n. 6

B
Bāb al-Barīd, 52 n. 1, 65, 66, 75 n. 2, 89 n. 2, 105, 110, 112
Bāb al-Barīd, v. dukkān
Bāb al-Barīd, v. maḥalla
Bāb al-Barīd, v. sūq
Bāb al-Farādis, 49 n. 3
Bāb al-Farağ, 49 n. 3
Bāb al-Ğābiya, 44, 49, 51 n. 2, 59, 98
Bāb al-Ğābiya al-Barrāniyya, v. maḥalla
Bāb al-Ğabiya al-Ğuwwāniyya, v. maḥalla
Bāb al-Ḫaḍrā, v. maḥalla
Bāb Muṣallā, v. maḥalla
Bāb an-Naṣr, v. maḥalla
Bāb as-Salām, v. maḥalla
Bāb Šarqi, v. maḥalla
Bāb Tūmā, 51, 102
bādišāhi, v. šāhī
Bādistān, 112 n. 3, 113, v. sūq
Badr ad-Dīn al-Ġazzī, waqf, 91
Badra bt. Šihāb ad-Dīn ad-Dahīna, 83
al-Badrī, 13, 19
92

Bahrāmiyya, v. Madrasa
Bakhit, 23
anū ᶜAğlān, 89 n. 15
Banū l-Bakrī, 89 n. 19
Banū l-Bakrī, waqf, 88
Banū Ḥamza, 89 n. 15
Banū ᶜUbāda, waqf, 86
Banyās, 68
Baqrzalā, 54
Barada, 10
Barkan, 23, 26
al-barr, 6
Barwīz Bek, 78
al-Baṣal, v. Mosquée
Basestan, 11
al-Baṣrawī, maison, 66, 70
Bassola, (rabbin), 11
baṣṭa, 87 n. 1
batan, 53 n. 1
Batrūn, 54 n. 1
al-Battān, ṭāḥūn, v. ṭāḥun
bawwāba, 14, 66
Bayn al-Madāris, v. maḥalla
Bayt al-Āliha, 15 n. 2
Bayt Liḥya, 19, 19 n. 2, 27, 60
Bayt al-Qahwa à ᶜUyūn at-Tuğğār, 55
Bayt ar-Rassām, 51 n. 2
Bayt Sābir, 45 n. 1
Bayt li-taᶜlim al-Qur’ān, 47
Bāzistān, 106 n.l, 108
Bazzastān, 81, 82
Bazzāzistān de Murād Bāšā, 79, 108-110, 113, 114, 115, 118
Bedtstan, 109 n. 4, 110 n. 1, 112, 115, 118
Belon du Mans, 11, 12
Besson, 22 n. 1
beylerbey, 2
Beyrouth, 2
Bilād aš-Šām, 1, 2, 6, 12, 25, 32, 34, 35
Bilād al- Qāᶜ, 33
Bīmāristān Nūr ad-Din, 73 n. 3
93

Bīmāristān an-Nūrī, 74 n. 1
bi-mūn wa-ālāt ğadīda, 67
al-binā’ wa-t-ᶜallī, 69
Bi’r Zaytūn 59
Bišāra, nāḥiya, 55
bölük, 4
Brousse, 28
Bulād, 60
Burhān ad-Din al-Bahnasi, 16
Bustān al-Qiṭṭ, 21, 28
al-Buzūriyya, v. sūq

C
Café, 43 n. 1, 71, 83
Café des Ḥaramayn, 82
Café Murād Bāšā, 38
Cappadoce, 39
Caravane du Pèlerinage, 3, 10, 17, 31
Chesneau, 11, 32
Citadelle de Damas, 4, 10, 13, 14, 21, 22, 28, 102, 107 n. 3

D
dāḫil, 70, 79
Dāḫil Bāb al-Ğābiya, v. maḥalla
Dāḫil Bāb Tūma, v. maḥalla
dā’ira manqūra, 80
Damas, sandjak, 2
Damrak, 73
Dār al-ḥadiṯ an-Nāṣiriyya, 100 n. 3
Dār al-Qahwa, 82
Dār as-Saᶜāda 2, 16 n. 2
Dār ta’līm al-Qur’ān de Sinān Bāšā, 44
Darwīš Bāšā, 16, 38, 72, 98, 119
Darwīš Bāšā, v. mosquée
Darwīš Bāšā, v. sūq
Darwīš Bāšā, waqf, 83
ad-Darwišiyya, 38 n. 2
ad-Dašāša, waqf, 69, 94, 95 n. 45
94

Dayr al-ᶜAṣāfir, 61
Dayr al-Ḥağar, 61
defterdār, 3, 4, 5, 6 n. 1
Deux Sanctuaires, 75, 76
Deux Sanctuaires, waqf, 5, 66, 79, 82, 84
Deux Sanctuaires, v. aussi al-Ḥaramayn aš-Šarifayn
devshirme, 3, 7, 8
dīnār sulṭānī, 121, 122
aḏ-Ḏirāᶜ, v. sūq
aḏ-ḏirāᶜ al-ḥāšimī, 72 n. 4
ad-ḏirāᶜ an-nağğārī, 72 n. 4
aḏ-ḏirā’ al-qāsimī, 72 n. 4
dirham, 7 n. 2
dirham ‘uṯmānī, 69, 122
diwān, 2 n. 2
ad-Dīwān, maison, 67
ad-Duhaynatiyyīn, v. sūq
dukkān à ᶜAkkā, 54
dukkān de Bāb al-Barīd, 66, 67, 70
dukkān à Damas, 47-49
dukkān de Ṣafad, 54
dukkān à Saᶜsaᶜ, 50
dukkān sibāġī, 49
dukkān à ᶜUyūn at-Tuğğār, 55
ḏū l-fiqār, 67

E
école de Coran à ᶜAkkā, 47
Egypte, 5
emâret, 59
emâret de Quṭayfa, 53
emâret à Saᶜsaᶜ, 45, 50
emâret de Sinān Bāšā, 45
emâret à ᶜUyūn at-Tuğğār, 46
Empire Ottoman, 7, 10
eyālet, 1, 2, 3, 6
95

F
Faḫr ad-Din al-Maᶜni, 6, 38
al-Farfūr, 16
Fāṭima bt. aš-Šihābī Aḥmad, 83
Fāṭima Ḫātūn, 51 n, 2
Fāṭima bt. Yaḥyā b. ᶜAwn 94
Faṭiyya, v. maḥalla
Finā’, 70, 93
fonctions de waqf, 62-64, 103-105
four de boulanger à ᶜAkkā, 56

G
Ġābiyya, v. Ġābisiyya
Ġābisiyya, 55
al-Ğadīda, v. maḥalla
Ğalāl Ğalabī b. aš-Šayḫ Adham, 33 n. 4
Ğalālī, 9
Ğamāl ad-Dīn b. Aḥmad b. Ayyūb, waqf, 88
Ğamāl ad-Dīn Ibn Qāḍī Kafr Kannā, waqf, 90
ğamalūn, 101
Gāmiᶜ Tankiz, v. Grande mosquée
Ğāmiᶜ al-Ğadid, waqf, 86
Ğānbirdī 1-Ġazāli, 1, 14 n. 1, 15, 23
al-Ğaniq, v. mahalla
Ğaramanā, 59
Ğarūd, v. Gayrūd
al-Ğasiša, v. ad-Dašiša
Ğašišiyya, v. ad-Dašiša
Ğawbar, 27, 81
al-Ğawharī, maison, 73
Ğayrūd, 44 n. 4
al-Ġāzālī, 1, 4
al-Ġazzī, 32, 34
al-Ġazzī, v. hammām
al-Ġazzī, v. mosquée
ğibāya, 76
Ğīra Ṣafad, 46, 53
96

Ğisr Yaᶜqūb, 53 n. 2, 54
Grande Mosquée, v, Mosquée des Omayyades
Grande Mosquée de Sinān Bāšā, 97, 98-101
Grande Mosquée Tankiz, 16
Grand Juge, 5, 6
ğund, 8
Ġūṭa, 13, 33, 56, 102

H
Habsbourg, 7
Ḫadiğa bt. Ḥusayn, waqf, 91
Ḫadiğa bt. Šihāb ad-Dīn ad-Dahīna, 83
Ḥadiṭat Ğarš, 60
Ḥağar aḏ-Ḏahab, ḥāra, 73 n. 3
ḥağar muṭbaq, 50 n. 3
Ḥağīra, 61
ḥākim, 2
al-Ḥamariyya, 59
ḥammām, 22 n. 1
ḥammām à ᶜAkkā, 54
ḥammām al-ᶜAllān, 20
Ḥammām al-Ġazzi, 74
Ḥammām Murād Bāṣā, 81
Ḥammām Našū, 52
ḥammām à Quṭayfa, 53
ḥammām de la Ruwāḥiyya, 16
ḥammām à Saᶜaᶜ, 52
ḥammām à ᶜUyūn at-Tuğğār, 55
Ḥammūriyya, 60
al-Ḥamrāwī, waraṯa, 88
ḫān, 17, 115 ḫān à ᶜAkkā, 54
Ḫān Bāb al-Farādis, 16
al-Ḫān al-Ğadid, Murād Bāšā, 70
Ḫān Ğaqmaq, 16
Ḫān al- Ğūḫiyya, 16
Ḫān al-Ğumruk, 110, 113, 114
Ḫān al-Ḥaramayn, 113
Ḫān al-Ḥaramayn aš-Šarifayn, 82, 83
Ḫān al-Ḥarir, 16
97

Ḫān Murād Bāšā, 38, 66


Ḫān al-Murādiyya, 108, 110, 112
Ḫān Muṣṭafā Lālā Bāšā, 16, 21 n. 3
Ḫān Šayḫ Qaṭanā, 113
Ḫān Sulṭān Sulaymān, 16
ḫān à ᶜUyūn at-Tuğğār, 103, 107
Ḫān az-Zaᶜfaranğiyya, 113
ḫāna, 19 n. 3, 21 n. 1, 23, 24, 26, 27, 28, 29
ḥānūt, 70 n. 4
ḥānūt de Damas, 65
Ḥaqlat at-Turkumānī 25 n. 4
ḥāra Naṣārā, 25 n. 4
ḥāra des Samaritains, 19 n. 2
Ḥārat al-Yahūd, 51 n. 2
ḥārat Zuqāq al-Birka, 94 n. 44
al-Ḥaramayn, v. sūq
al-Ḥaramayn aš-Šarifayn, 36
al-Ḥaramayn aš-Šarifayn, waqf, 71, 72, 76, 84
al-Ḥaramayn aš-Šarifayn, muta-wallī, 83
Ḫāriğ Bāb al-Ğābiya, v. maḥalla
al-Ḥariqa (quartier), 101
Ḥasan Bāšā Šūrbaza, 16, 108
Ḥasan al-Būrīnī, 77
ḫāṣṣ, 2
al-Ḫātūniyya, v. madrasa
Ḥawrān, 34
ḥawš, 48, 51
al-Ḫazīnadār, v. Ḥusayn, al-Ḫaz-nadār
Ḫiḍr Ğalabī, v. madrasa
Ḫiḍr Ğalabī b. al-Muḏakkir, 58
ḥikr, 68 n. 4
Ḥimṣ, 33
Ḥiyākī 1-Ġarbī, v. maḥalla
Ḥiyākī š-Šarqī, v. maḥalla
al-Ḫiyārī, 12 n. 3
Ḫūbān Ḫātūn, 25 n. 4
ḥuğra, 47
ḥuqūq šar-iyya, 71 n. 1
ḥurma Faḍl al-ᶜAziz bt. ᶜAbd ar-Raḥmān, 94
98

al-Ḥuṣāmiyya, v. madrasa
Ḥusayn b. ᶜAlī r-Rūmī, 94
Ḥusayn al-Ḫāznadār, 74
Ḥusayn b. Zaḥlaq, 94
Ḥusayn b. Zaḥlaq, maison, 71
Ḫusrū Bāšā, 34, 37

I
Ibn Abī ᶜAṣrūn, 66 n. 5, 67 n. 5
Ibn ᶜArabī, tombe, 16, 68
Ibn Ayyūb, 25, 32, 33
Ibn al-Farfūr, 16
Ibn Ğānbulād, 6 n. 1, 9, 39
Ibn al-Ğawharī, maison, 81
Ibn Ğumᶜa, 35, 36, 37
Ibn al-Ḥawrānī, 13 n. 5
Ibn Iyās, 12 n. 3
Ibn Manğak, 16
Ibn Na’ma, maison, 66
Ibn Tūlūn, 13, 14, 15, 16
Ibn Zaḥlaq, maison, 67
Ibrāḥīm Āġā b. Muḥammad Āġā b. ᶜAbd ar-Raḥmān, 40
Ibrāḥīm b. ᶜAlī, 83
Ibrāḥīm Bāšā, v. madrasa
Ibrāḥīm Bek b. Gaᶜfar, waraṯa, 88
iğāratayn, 68 n. 4
al-iḥtirām wa-l-baqā’, 68 n. 4
al-ᶜIlmawī, 13, n. 3
incendies, 15 n. 1
ᶜĪsā 1-Qārī, waqf, 88
Iskandar Katḫudā, 69
iṣlāḥ. an-našā, 48
Ismāᶜīl Ier, 36 n. 2
Ismi Ḫān Sulṭān, v, madrasa

J
Janissaires, 3, 4, 8, 9, 26, 34
Jourdain, 53
99

K
kāfil, 2, 65
Kafr Dāna, v. Kardāna
kānūn, 68
Kara Abdurrahman Ef., 43 n.
al-Karak, 2
Kardāna, 55
katḫudā, 5, 36
kātib, 5
al-Kattāniyya, v. qīsāriyya

L
Lağğūn, 2
Lālā Muṣṭafā Bāšā, waqf, 104
Le Caire, 28
Lépante, 7
Liwā’, 2, 6
Liwā’ de Damas, 4
Luṭfī Bāšā, mausolée, 16

M
Maᶜarrat an-Nuᶜmān, 1
madfan, 33
Madḥī Ef. al-Muḏakkir, p. 58
madrasa, 15, 16
Madrasat Abihan, v. Madrasa Ismi Ḫān Sulṭān
Madrasat Abī ᶜUmar, 20
al-Madrasa al-ᶜAḏrāwiyya, 15 n. 5
al-Madrasa al-Aḥmadiyya, 16
al-Madrasa al-ᶜAṣrūniyya, 52 n. 1. 67 n. 5, 73 n. 5
Madrasa Bahrāmiyya (Constantinople), 58
al-Madrasa ad-Danīsiriyya, 16
Madrasa Eski Ibrāhīm Bāšā, v.
Madrasat Ibrāhīm Bāšā
al-Madrasa al-Ġūriyya, 16
al-Madrasa al-Ḫātūniyya, 74 n. 1
al-Madrasa al-Ḥiğāziyya, 113
100

Madrasar Ḫiḍr Ğalabi (Constantinople), 58


al-Madrasa al-Ḥusāmiyya (Edirne), 58
Madrasat Ibrāhīm Bāšā (Edirne), 58
al-Madrasa al-ᶜImādiyya, 16
Madrasat Ismi Ḫān Sulṭān (Constantinople), 44 n. 2
al-Madrasa al-Masrūriyya, 73 n. 5
al-Madrasa al-Mismāriyya, 16
al-Madrasa an-Nāṣiriyya al-Ğuwwāniyya, 77
al-Madrasa al-Qilīğiyya, 16
al-Madrasa aṣ-Ṣādiriyya, waqf, 88
Madrasat Šāhzāda Muḥammad Ḫān (Constantinople), 43
Madrasat Šāmīn Lālā (Brousse), 58
Madrasat Šayḫī Ğalabī (Edirne), 58
Madrasat Sibay, 15 n. 3
al-Madrasa as-Sulaymāniyya, 1.05
Madrasat Sulṭān Sulaymān (Constantinople) 44
al-Madrasa al-Wağihiyya, 73
Madrasat Yāqūt āšā (Edirne), 58
maḥalla, 19, 20, 21
Maḥalla à Damas :
Maḥallat al-ᶜAnnāba, 19, 20, 27
Maḥallat Bāb al-Barīd, 73
Maḥallat Bāb al-Ğābiya al-Barrāniyya, 52
Maḥallat Bāb al-Ğābiya al-Ğuwwāniyya, 50
Maḥallat Bāb al-Ḫaḍrā, 20
Maḥallat Bāb Muṣallā, 20, 25 n. 4, 49 n. 1
Maḥallat Bāb an-Naṣr, 44
Maḥallat Bāb as-Salām, 20, 51 n. 2
Maḥallat Bāb Šarqī, 20
Maḥallat Bayn al-Madāris, 20, 22
Maḥallat Dāḫil Bāb al-Ğābiya, 20
Maḥallat Dāḫil Bāb Tūmā, 20
Maḥalla al-Faṭiyya, 20
Maḥalla al-Ğadīda, 44, 52, 101, 107 n. 3
Maḥallat al-Ğaniq, 20
Maḥallat Ğisr al-Abyaḍ, 20
Maḥallat al-Ḫalḫāl, 59, 102
Maḥallat Ḫāriğ Bāb al-Ğābiya, 20
Maḥallat Ḫammām al-ᶜAllān, 20
Maḥallat Ḥammām al-Muqaddam, 20
101

Maḥallat al-Ḥiyākī 1-Ġarbī, 20


Maḥallat al-Ḥiyākī š-Šarqī, 20
Maḥallat Madrasat Abī ᶜUmar, 20
Maḥallat al-Maḥā’iriyya wa-š-Šakliyya, 107 n. 4
Maḥallat al-Mazābil, 20, 21 n. 1
Maḥallat al-Mīdān, 20
Maḥallat an-Naṣārā 20
Maḥallat v. Nūrad-Dīn, 20, 22 n. 2,81
Maḥallat Qabr ᶜĀtika, 20
Maḥallat Qanawāt, 20
Maḥallat al-Qubaybāt, 20
Maḥallat al-Qaymariyya, 16, 20
Maḥallat Šādī Bek, 20
Maḥallat Šāġūr al-Barrānī, 20
Maḥallat Šāgūr al-Ğuwwānī, 20
Maḥallat Šayḫ Muḥyī d-Dīn ᶜArabī, 20
Maḥallat Sīdī ᶜĀmūd, 73, 81
Maḥallat as-Sikka, 20
Maḥallat Suwayqa Ṣārūgā, 20
Maḥallat at-Taᶜdīl, 20
Maḥallat ᶜUqayba al-Kubrā’, 59
Maḥallat al-Yahūd, 20
Maḥallat al-Yahūd à Tripoli, 56 n. 3
maḫmaḍa, 48
Maḥmūd Bāšā, 36
Maḥmūd Bek b. Walī, 83
Maḥmūd b. Yūnus al-Ḫaṭib, 77
maidin v. qiṭ’a fiḍḍiyya
makān, 51 n. 2
Makkiyya bt. Šihāb ad-Dīn ad-Dahīna, 83
maktab, 17
māl aṣ-ṣundūq, 75, 76
al-Mālikiyya, v. savonnerie à Tripoli
Maniḥa, 60, 102, 103
Manṣūr b. al-Furayḫ, 38
Manṣūr b. Mubārak al-Maġribi s-Saqqā’, 83
Manwāt, 55
manzil, 50, 51, 102
marāmī, 14 n. 4
marāfiq, 51
102

Marğ, 14, 31, 56, 102


Marğ Dābiq, 1
al-Masğid al-Ğāmiᶜ, v. mosquée Sinān Bāšā
Masğid al-Qadam, 59, 60, 102
Masğid al-Qaṣab, 20, 21 n. 1
Masğid du Sūq al-Ḥabbālīn, 98
māṣiya, 73, 81
maslaḫa, 48
maṣnaᶜ mā’, 51 n. 2
al-Masrūriyya, v. madrasa
maṣṭaba, 68
Mausolée Muḥyī d-Dīn, 16
maṭbaḫ, 17
māᶜūn, 53
al-Mayṭūr, 59, 102
Mayrūn, 55 n. 1
al-Mazābil, v. maḥalla
mazraᶜa/mazāriᶜ, 33
médin, v. qiṭᶜa fiḍḍiyya
Mīdān al-Aḫḍar, 14
min al-asās ilā r-ra’s, 67
mir i-mīrān, 2
al-Mizza, 59, 102
Mongols, 9
Mont Liban, 54, 56
mosquées de Damas, 22 n. 1
mosquée à ᶜAkkā, 47
Mosquée al-Baṣal, 98
Mosquée Darwiš Bāšā, 83
Mosquée al-Ğāmiᶜ al-Ğadīd, 16
Mosquée al-Ğāmiᶜ al-Ğarrāḥ, 16, 95 n. 47
Mosquée al-Ġazzī, 73, 74
mosquée à Ğisr al-Abyad, 16
Mosquée al-Ḥašr, 16
Mosquée ᶜĪsā Bāšā, 16
Mosquée Maslūt, waqf, 94
Mosquée des Omayyades (Grande Mosquée), 11, 15, 22, 65, 103
Mosquée des Omayyades, waqf, 94
mosquée à Quṭayfa, 44
mosquée à Saᶜsaᶜ, 45
103

Mosquée de Sinān Bāšā, 16, 33, 40, 44


mosquée à Sūq as-Sibāhiyya, 97
mosquée à Suwayqa, 35 n. 6
mosquée à ᶜUyūn at-Tuğğār, 46
moulin de Ġābisiyya, 55
moulin de Ğisr Yaᶜqūb, 54
moulin de Kardāna, 55
moulin de Wādī r-Raḥā, 54
moulin à blé à Damas, 51
moulin à blé de Manwāt, 55
moulin à blé de Saᶜsaᶜ, 50
moulin à blé de ᶜUyūn at-Tuğğār, 55
moulin à foulon, 53, 55
moulin à foulon de Wādī r-Rabṭiyya, 55
moulin à grains de ᶜArqā, 54
muğarrad, 24, 26
muḥākara, 68 n. 4, 72
Muḥammad, as-sayyid, 58
Muḥammad Adīb b. as-Sayyid Arslān at-Taqī, 40
Muḥammad Āġā b. ᶜAbd Allāh, 82
Muḥammad Āġā b. Qāsim, 40
Muḥammad b. Aḥmad, Kamāl ad-Dīn, 89 n. 13
Muḥammad b. ᶜAmr Wasaṭ, 83
Muḥammad Bek, 16
Muḥammad b. Bīrī, 78
Muḥammad b. Dāwūd al-Qudsī, 77
Muḥammad Ef., 58
Muḥammad Ef. b. Sulaymān, 44
Muḥammad Ğalabī b. Abī s-Suᶜūd, 16
Muḥammad b. Ğānbak al-Kanğī, 70 n. 2
Muḥammad al-Ḥamrāwī, 16
Muḥammad b. Ḫaṭṭāb, Kamāl ad-Dīn, 90
Muḥammad al-Maġribi, 105
Muḥammad b. Manğak, 33, 98
Muḥammad b. al-Minqār, 77
Muḥammad b. Muḥammad Ḫaṭṭāb, 77
Muḥammad b. Muḥammad al-Mutarriḥ, 16
Muḥammad b. Muḥammad al-al-Qudsi, 77
Muḥammad b. Muzalliq, 86
Muḥammad b. Saᶜd ad-Dīn, 16
104

Muḥammad as-Ṣamādī, 16
Muḥammad b. Yūsuf al-Ḥisārī, 92
Muḥammad b. Yūsuf ar-Rūmi, 91
muḥḍir, 82 n. 4
Muḥibb ad-Dīn, 69, 92
Muḥibb ad-Dīn al-Ḥiṣnī, 94
Muḥibb ad-Dīn b. Taqī d-Dīn, 77
al-Muḥibbi, 37
Muḥyī d-Dīn al-Maᶜārikī, waqf, 86, 90
Muḥyi d-Dīn b. an-Nuᶜaymī, waqf, 88
murabbaᶜ, 51 n. 2, 106
Murād IV, 7
Murād Bāšā, 9, 16, 35-39, 65, 98, 110
Murād Bāšā, v. café, ḫān et sūq
Murād Bāšā, constructions, 105-106
Murād Bāšā, turba, 39
Murād Bāšā, waqf, 41-42
murtafaqāt, 51 n. 2, 83 n. 8
Mūsā 1-Qaṭṭān, 81
Mūsā b. al-Qaṭṭān, 82
Muṣallā l-ᶜĪdayn, 15 n. 5
Muṣṭafā b. Bustān, 84 n. 2
Muṣṭafā Ef. b. ᶜAlī, 44
Muṣṭafā Ef. b. Sulaymān, 58
Muṣṭafā Lālā Bāšā, 16, 98
Muṣṭafā Lālā Bāšā, v. ḫān
Muṣṭafā b. Qāsim b. eAbd Allāh, 43 n. 6
mutafarriqa 43
mutasallim, 2, 34
mutawalli, 40
müteferrikalar, v. mutafarriqa

N
an-Nābulus, 2
nāḥiya, 2, 4, 6
Nahr al-Ğawza, 54
Nahr al-Qanawāt, 68, 74, 79, 80
nā’ib, 6
nā’ib al-marammāt, 73 n. 6
105

nā’ib aš-Šām, 2
an-Naṣārā, v. ḥāra et maḥalla
Nāṣir ad-Dīn, 77
an-Nāṣiriyya al-Ğuwwāniyya, v. madrasa
Nawla, 61
an-Nayrab, 13
niyāba. 9
an-Nuᶜaymī, 13 n. 3
Nūr ad-Dīn, v. maḥalla
Nūr ad-Dīn b. Aḥmad al-Ḫayyāt, waqf, 88

O
oda, 4

P
Palestine, 53, 54, 56
para, v. qiṭᶜa fiḍḍiyya
Pèlerinage, 10, 31
Pèlerinage damascain, 3, 4, 31
pressoir à olives, 55
pressoir à olives à ᶜArqā, 54

Q
Qābūn, 33, 102
Qābūn at-Taḥṭānī, 60
Qabr ᶜĀtika, 20
qādī 1-quḍāt, 5, 6 n. 1
qaffāᶜa/qāfiᶜa,80 n. 1
qahwa, 68
qahwa ḫāna, 47
qahwa ḫāna à Damas, 49
Qalamūn, 33 n. 3, 56
Qalandar Oğlu, 39
Qamar Ḫātūn bt. ᶜAbd Allāh, 69
qamari, 80
al-Qanawāt, v. nahr et maḥalla
al-Qāsāriyya al-ᶜAṣrūniyya, 66, 112
106

al-Qāsāriyya al-Ğadīda, 83
Qāsāriyyat al-Ḥaramayn, 81, 82, 83
Qāsāriyyat Ḫawāğa Mūsā b. al-Qaṭṭān, 82
Qāsim Ğāwīš, 58
Qaṣr al-Ablaq, 14
Qaṣr al-Labbād, 59, 102
Qaṣṣāᶜ, 19 n. 2
qasṭal, 72 n. 2
al-Qaymariyya 20
Qayt Bay, 69 n. 4
Qayt Bay, waqf, v. al-Dašīša
qild, 67, 68
al-Qīsāriyya ad-Duhaynatiyya, 50
Qīsāriyyat al-Ḥaramayn, 113
al-Qisāriyya al-Kattāniyya, 71, 94
Qisāriyyat al-Qaṭṭān, 109, 113
Qisāriyyat al-Qawwāsīn, 14
Qisrīn, 61
qiṭ’a fiḍḍiyya, 70, 72, 105, 121, 122
al-Qubaybāt, 20
Qubbat al-Ḥağğ, 59
Qubbat Šayḫ Arslān, 16
al-Quds, 2
Qūniṣa, 61
qurš fiḍḍa, 121, 122
quṣûr wa-ğawāsiq, 14
al-Quṭayfa, 33, 53, 56
al-Quṭayfa, v. mosquée

R
rabᶜ 52 n. 2, 102
Rabadîyé, v. Wādī r-Rabṭiyya
ar-Rabwa, 13, 14, 16
Raḥība, v. Muḥayba
Ra’s Kabdā, 54
Ra’s Kida, 54 n. 1
Ribāṭ Sinān Bāšā, 45
Riḍwān b. ᶜAbd Allāh, 91
Riḍwān Ef., 58
107

Rnḥayba, 44 n. 4

S
Sabᶜ an-Nūrī, waqf, 90
aṣ-Ṣādiriyya, v. madrasa
Šādī Bek, v. maḥalla
Ṣafad, 2, 54, 55
Safavides, 7
aš-Šāġūr al-Barrānī, v. maḥalla
as-Šāġūr al-Ğuwwānī, v. maḥalla
Šāh ᶜAbbās, 36, 39
Šāh Ismāᶜil II, 36 n. 2
šāhī, 121, 122
Saḥiḥ b. Qāsim, 12 n. 3
as-Sāḥilī, 23
Šāhzāda Muḥammad Ḫān, v. madrasa
sakbān, sakmān, 9
Ṣalāḥ ad-Dīn, 88 n. 16
Ṣalāḥ ad-Dīn ar-Ramlī, 92
salaires, v. 62-64
salaires de waqf, 103-105
aṣ-Ṣāliḥiyya, 16, 18, 19, 21, 22, 31, 27, 102
Salīm Ier, 1, 14, 15, 16, 18, 23
as-Salīmiyya, 78
Sālnāma, 37
aš-Šām, 9
Sāmīn Lālā, v. madrasa
aṣ-Ṣamṣāmiyya, 73 n. 5
sandjak, 2, 4
sandjakbey ,3
sāqiya, 68
Saᶜsaᶜ 33, 50, 52
savonnerie, 49
savonnerie à Tripoli, 56
aš-Šawbak, 2
šāwī, 104
Ṣaydā, 2
Šayḫ ᶜĀmūd, v. maḥalla
Šayḫ ᶜAṣrūn, v. tombeau
108

šayḫ al-bazzāzīn, 79, 110


Šayḫ Muḥyī d-Dīn ᶜArabī, 20
Šayḫi Ğalabī, v. madrasa
as-Sayyāra, mazraᶜa, 53
as-Sayyid al-Lāğurdī, 82
Schweigger, 12
sequin, 121
as-Sibāhiyya, v. sūq
Ṣiddīqīn. 55
Sīdī ᶜAṣrūn, v. turba
Sīdī ᶜĀmūd, v. maḥalla
Šihāb ad-Dīn b. ᶜAbd ar-Razzāq
ad-Diwān, 67 n. 2, 92
Šihāb ad-Dīn Aḥmad b. Šaᶜbān, waqf, 90
Šihāb ad-Dīn aš-Šuwaykī, 33
Šihāb ad-Dīn Aḥmad b. Muḥammad al-Maġribī, 75
as-Sikka, v. maḥalla
Sinān Āġā, 16
Sinān Bāšā, constructions, 97-105
Sinān Bāšā, 32-35, 43
Sinān Bāšā, v. Dār taᶜlīm al-Qur’ān
Sinān Bāšā, v. emâret, mosquée, ribāṭ, siqāya, turba
Sinān Bāšā, waqfiyya, 39-41
Sinān Bāšā, v. Zuqāq
Sinān Ğāwīš, 16
Sipahi, 4, 8, 108
Sipāhi Bāzārī, v. Sūq
siqāya, 100 n. 3
siqāyat Sinān Bāšā, 44
Sitt Ḥalab, 16
Siyāġus Bāšā, 16
ṣūbāsī, 5
sufl, 68
Sulaymān Ier, 1, 7, 16, 17
as-Sulaymāniyya, waqf, 83
sulṭānī, 33, 121, 122
sulṭānī ḏahab, 121, 122
sulṭānī muᶜāmalat Dimašq, 121, 122
sūq, 17
Sūq Aḥmad Šamsi Bāšā, 107
109

Sūq al-ᶜAmāra, 49, 102


Sūq al-Arwām, 65 n. 3, 107 n. 3
Sūq Bāb al-Barīd, 70, 79
Sūq à Bāb Ğayrūn, 16
Sūq al-Bādistān, 115 n. 2
Sūq al-Buzūriyya, 50 n. 1, 65 n. 3, 102
Sūq Darwīš Bāšā, 32, 81, 82, 83
Sūq aḏ-Ḏirāᶜ, 110
Sūq ad-Duhaynatiyyīn, 50 n. 1
Sūq Ğaqmaq, 94 n. 40
Sūq al-Ğarākisiyya, 112
Sūq al-Hāl, 21 n. 3
Sūq al-Ḥamīdiyya, 72 n. 2, 73 n. 5, 101, 107 n. 3
Sūq al-Ḥaramayn, 107
Sūq Murād Bāšā, 37, 38, 106
Sūq Sibāhī Bazarī, v. Mosquée
Sūq as-Sibāhiyya, 16, 41, 81, 107
Sūq as-Sibāhiyya wa-l-Arwām, 107 n. 3
Sūq aṭ-Ṭawāqiyya, 84
Sūq Ṭawāqiyyat al-Arwām, 65
Suwayqa, v. mosquée
Suwayqat Ṣārūğā, v. maḥalla

T
tadārīb, 14 n. 4
at-Taᶜdil, v. maḥalla
Tadmur, 2
Tāḥūn al-Battān, 53
tāḥūn al-muᶜadd li-ġasl al-ğūḫ, 53
ṭā’ifat as-Sibāhiyya, 108
takiya, 65 n. 3
Takiyat Aḥmad Šamsi Bāšā, 101, 107 n. 3
at-Takiya al-Mawlawiyya, 16
at-Takiya as-Salīmiyya, 16, 17
at-Takiya as-Sulaymāniyya. 31
tāliᶜ, 72 n. 2, 73, 81
tamāmuhū, 70, 82
Tamirak, 81
tamirat müdürü, 73 n. 6
110

Tanam, rue, 81, 82


ṭāqāt ᶜāliyāt, 47
tāqiyya, 107
Taqī d-Dīn al-Ġarābīlī, 92
Taqī d-Dīn b. Šams ad-Dīn, 90
tuquia, v. takiya Tarābulus, 54
al-Ṭarīq as-Sulṭānī, 98, 101
ta’sīs, 33, 97
Ṭawāqiyyat al-Arwām, v. sūq
tawāğur, 68
ṭbq, 49 n. 2, 50 n. 3
ṭibāq, 49
Tibnīn, 55 n. 6
Tiğār bt. Nağmad-Dīn aḍ-Ḍaᶜif, 83
tīmār, 4, 5, 8
tombeau Šayḫ ᶜAṣrūn, 52, 102
Tripoli, 1, 4, 56
Tunta bt. ᶜAbdī ṭ-Ṭawāqī, 91
at-Turba al-ᶜAṣrūniyya, 112
at-Turba al-Balabāniyya, 16
at-Turba al-Hātūniyya, 16
Turbat Murād Bāšā (Constantinople), 39
Turbat Sīdī ᶜAṣrūn, 67
Turbat Sinān Bāšā, 34 turs, 80

U
uğra, 58 n. 4
al-ᶜUqayba al-Kubrā, 21 n. 3
ᶜUṯmān Āġā ṭ-Ṭawāšī, 16
ᶜuṯmānī, 121, 122
ᶜUyūn at-Tuğğār, 33, 46, 55

V
Voie Droite, 98
Villes Saintes, 3, 31

W
Wādī l-ᶜAğam, 56
111

Wādī Dilbayya, v. Wādī Dilbay


Wādī Dilbay, 55
Wādī r-Rabṭiyya, 55
Wādi r-Raḥā, 54
al-Wağïhiyya, v. madrasa
wakāla, 106, 108, 115
wakālat al-ᶜAššā, 110
wālī, 1, 2, 3, 5, 6, 9
waqf, 17

Y
Yaḥyā 1-Bahnasī, 77
al-Yahūd, v. maḥalla
Yahūda, maison (Tripoli), 56
Yāqūt Bāšā, v. madrasa
Yūsuf b. ᶜAbd al Hādī ṭ-Ṭabbāᶜ, 78
Yūsuf Āġā b. ᶜAbd ar-Raḥmān, 43
Yūsuf b. Aḥmad al-ᶜIlmawi, 78
Yūsuf b. Ilyās, 92
Yūsuf Yāyā Bāšī. 81

Z
Zāhida bt. Badr ad-Dīn al-Ḥalabi. 83
Zāwiyat Ğibrīl, 16
Zāwiyat al-Maġāriba. waqf, 95
az-Zāwiya al-Mālikiyya, 88, 95 n. 47
Zāwiyat Saᶜd ad-Dīn, 16
az-Zāwiya al-Waṭiyya, 95 n. 47
Zayn al-ᶜĀbidïn b. Ḥusayn, 92
Zayn Ǧalabī b. ᶜĀmir Ǧāwīš, 33
ziᶜāmet, 4
zuq āq, 19 n. 3, 21 n. 1
Zuqāq Sinān Bāšā, 101
112

Plans

Légende des plans I et II : localisation des bâtiments


cités dans le texte
1 1. Sūq as-Sībāhiyya
2 2. Petite Mosquee Sinān Bāšā
3 3. Grande Mosquée Sīnān Bāšā
4 4. Dār taᶜlīm al-Qur’ān
5 5. Ḥammām Sinān Bāšā
6 6. Sūq Sinān Bāšā
7 7. al-Madrasa al-Wağīhiyya
8 8. Ḥammām al-Ġazzī
9 9. at-Turba al-ᶜAṣrūniyya
10 10. al-Qāsāriyya al-ᶜAṣrūniyya
11 11. Café Murād Bāšā
12 12. Sūq Murād Bāšā
13 13. Sūq Bāb al-Barīd
14 14. Ḫān Murād Bāšā
15 15. Dukkān Darwīs Bāšā
16 16. Café al-Ḥaramayn
17 17. Qāsāriyyat al-Ḥaramayn
18 18. Bazzāzistān
19 19. Rue Tanam
20 20. Qisāriyyat al-Qaṭṭān
21 21. Sūq Darwīš Bāšā
22 22. al-Madrasa al-Ḥiğāziyya
113

23 23. Ḫān al-Ḥarīr


24 24. Ḫān al-Ğumruk (XVIIIe siècle)

Plan I

LES CONSTRUCTIONS DE SINĀN ВĀŠĀ ET MURĀD ВĀŠĀ


114

Plan II

LES CONSTRUCTIONS DE MURĀD BĀŠĀ


PROPOSITION DE LOCALISATION SUR LE CADASTRE ACTUEL

Plan III

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