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Chapitre II Calcul des planchers en béton armé

II Calcul des planchers en B.A :


II.1 Introduction :

Les planchers visés dans ce chapitre sont constitués d'une dalle horizontale associée à un
système de poutres formant nervures (poutres principales, poutres secondaires,...).
Ils sont sollicités par des charges pesantes et éventuellement par des actions climatiques
(neige, vent).

II.2 Planchers à poutres parallèles (courants) :

Les planchers sont les éléments horizontales devant assurer la stabilité vis-à-vis les
charges verticales due aux charges permanents et surcharge d’exploitation.
Les charges agissantes sur un élément porteur sont d'une part, celles qui agissent
directement sur lui et d'autre part, celles qui lui sont transmises par les éléments qu'il
supporte, compte tenu de leur continuité éventuelle.
Dans tous les cas, pour l'évaluation des charges transmises par les hourdis aux poutres
(secondaires ou principales), on peut négliger l'effet de continuité des hourdis.
Pour la transmission des charges par des éléments autres que les hourdis, il faut distinguer le
cas des planchers à charge d'exploitation modérée et celui des planchers à charge
d'exploitation relativement élevée.
Le calcul de ce type de poutres ne présente aucune difficulté et il est basé essentiellement sur
le principe de la vérification des flèches. Les poutres de ce type de planchers sont considérées
en général solidaires aux poteaux qui les supportent et le calcul est basé sur la méthode des 3
moments utilisés comme point de départ pour toutes les méthodes de calcul existantes.

II.2.1 Planchers à charge d'exploitation modérée :

Les planchers à charge d’exploitation modérée sont calculés par plusieurs méthodes
parmi les quelles la méthode forfaitaire. Dans la transmission des charges des poutrelles aux
poutres, on peut admettre la discontinuité des différents éléments, exception faite toutefois :
- des travées de rive des poutrelles et des poutres où, sur le premier appui intermédiaire, il est
tenu compte de la solidarité, soit en prenant en compte les moments de continuité adoptés, soit
forfaitairement en majorant les réactions correspondant aux travées indépendantes de 15 % s'il
s'agit de poutrelles à deux travées et de 10 % s'il s'agit de poutrelles à plus de deux travées,
- des travées de rive prolongées par une console où l'on tient compte de l'effet de console.

a- Principe de la méthode forfaitaire:

La méthode consiste à évaluer les valeurs maximales des moments en travée et des moments
sur appuis à des fractions, fixées forfaitairement, de la valeur maximale du moment
isostatique Mo dans la « travée de comparaison », c'est-à-dire dans la travée indépendante de
même portée libre que la travée considérée et soumise aux mêmes charges. Les valeurs
forfaitaires adoptées doivent vérifier les conditions basées sur l’expérience [3].

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b- Conditions d’application :

L'application de la méthode forfaitaire de calcul implique que les conditions suivantes soient
réunies :

Q ≤2g, avec : Q : charge d’exploitation.


Q≤500 daN/m2, G : charge permanent.

- l'inertie est la même dans les différentes travées,


- les portées successives sont dans un rapport compris entre 0,80 et 1,25,
- la fissuration est considérée peu nuisible.

c- Calcul des moments:

Pour chaque travée on pose le rapport entre les charges (α) et le rapport entre les
combinaisons K comme est indiqué sur les formules suivantes :

Q 1.35 G+1.5 Q
α=
G+Q
et K=
G+Q

Soit les notations suivantes :

- Mo : la valeur maximale du moment fléchissant isostatique de la travée considérée


- Mw : et Me respectivement les valeurs absolues des moments sur appuis de gauche et de
droite de la travée considérée
- Mt : le moment maximal en travée

Les valeurs de Mt ,Mw et Me doivent vérifier la condition suivante :

M w+¿+ M ( 1+0.3 α ) M 0
Mt+
2
e
≥ max
{ ( 1.05 M 0 )
¿

d- Valeurs minimales des moments :

d.1 Poutres à deux travées :

Les moments minimaux donnés par la méthode forfaitaire pour une poutre à deux travées
sont indiquées sur la figure suivante (Figure II.1) :

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Figure II.1 Les moments pour poutre à 2 travées

d.2 Poutres à plus de deux travées :

Pour les poutres à plus de deux travées les formules des moments sont résumés sur la figure
suivante (Figure II.2) :

Figure II.2 Figure indiquant les moments pour poutre à plus de 2 travées

e- Effort tranchant:

Les valeurs de l’effort tranchant peuvent être déterminées ou prises forfaitairement en tenant
compte des moments de continuité (Figure II.3, Figure II.4).
Avec :

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V0i : effort tranchant dans la travée isostatique considérée 

Figure II.3 Les valeurs de l’effort tranchant pour une poutre à deux travées

Figure II.4 Les valeurs de l’effort tranchant pour une poutre à plus de 2 travées

II.2.2 Planchers à charge d'exploitation élevée :

Ou applique généralement la méthode de calcul applicable aux planchers à charge


d'exploitation relativement élevée, dite « méthode de Caquot ». Cette méthode s'applique
essentiellement aux planchers des « constructions industrielles »

a- Principe de la méthode de Caquot :

Pour une poutre continue sur (n) appuis la méthode de trois moments aboutit à résoudre un
système de (n-1) équations à (n-1) inconnues qui sont les moments sur les appuis.

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La méthode de calcul proposée par Albert Caquot part du postulat que les moments sur
appui sont provoqués par les charges se trouvant sur les travées adjacentes à l’appui
considéré [3].

b- Portée de calcul selon la méthode de Caquot :

Les moments aux nus des appuis sont calculés en tenant compte uniquement des charges
appliquées sur les travées voisines à gauche (w) et à droite (e).
On détache de chaque côté des appuis des travées fictives de longueur l’w et l’e.

l’w ou l’e = 0,8 li pour les travées intermédiaires.


l’w ou l’e = li pour les travées de rives sans consoles.

Voilà un exemple qui montre le calcul de portée selon Caquot d’un plancher courant
(Figure II.5) :

Figure II.5 Exemple de calcul de portée selon Caquot


c- Les moments d’appuis:

Les moments aux nus des appuis, considérés comme sections à vérifier, sont calculés en ne
tenant compte que des charges des travées voisines de gauche (w) et de droite (e) [3].

Il faut distinguer les deux cas suivants :

Cas 1 : une charge uniformément répartie par unité de longueur pw sur la travée de gauche
et pe sur la travée de droite donne un moment d'appui égal en valeur absolue à :

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p w l ' 3w + p e l' 3e
M i=
8.5(l ' w +l ' e )

Avec :
pw : la charge appliquée à la travée de gauche.
l’e  : la longueur fictive de travée à gauche d’appui.
pe : la charge appliquée à la travée de droite.
l’e : la longueur fictive de travée à droite d’appui.

Cas 2 : une charge concentrée pw sur la travée de gauche ou p e sur la travée de droite à la
distance a du nu de l'appui donne un moment d'appui égal en valeur absolue à :

K p w l ' 2w K pe l ' 2e
M i= Ou M i=
(l ' w +l ' e ) (l ' w +l ' e )

Les valeurs du coefficient K sont donnés par la figure E.2.2,1-moments d'appuis


(BAEL91-page 130)

d- Les moments en travée :

On trace la courbe des moments de la travée indépendante de portée ( l et non l’ ) sous l'effet
de la charge permanente, puis sous l'effet de la charge permanente et de la charge
d'exploitation, les différentes charges étant affectées du coefficient de pondération
correspondant à l'état limite considéré. On prend comme ligne de fermeture :
- pour les moments positifs, celle qui joint les moments d'appui minimaux en valeur absolue
- pour les moments négatifs, celle qui joint les moments d'appui maximaux en valeur absolue
en supposant dans chaque cas que les charges d'exploitation peuvent ou non être appliquées
dans les différentes travées.

e- L’effort tranchant :

Les efforts tranchants d'appui sont calculés par la méthode générale applicable aux poutres
continues en faisant état des moments de continuité.
Ils sont calculés en considérant les travées réelles (la portée l et non l’). [3]
II .3 Planchers à poutres croisées:

II.3.1 Définitions :

Le réseau de poutres croisées est constitué de deux ensembles de poutres (Figure II.6) :
• m poutres (Aj) (j=1,2,…, m) Parallèles, toutes identiques, donc ayant même loi d’inertie et
mêmes liaisons extérieures.
• n poutres (Bi) (i = 1, 2, ..., n) Parallèles, toutes identiques, donc ayant même loi d’inertie et
mêmes liaisons extérieures.
Les poutres (Aj) et (Bi) sont liées les unes aux autres en leurs points de croisement appelés
nœuds du réseau Nij, au nœud Nij les poutres (Aj) et (Bi) ont donc même flèche.

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Les forces extérieures sont des charges verticales normales au plan du réseau. Nous
supposerons la rigidité à la torsion des poutres négligeable, donc les réactions mutuelles qui
s’exercent entre les poutres aux nœuds sont normales au plan du réseau.
Nous supposerons le réseau tel que les poutres (Aj) restent stables si l’on supprime les poutres
(Bi) ; les poutres (Aj) seront appelées poutres principales et les poutres (Bi) poutres
secondaires.
Les poutres (Aj) sont en général orthogonales aux poutres (Bi), Cependant les deux systèmes
des poutres peuvent se couper sous un angle différent d’un angle droit. [2]

Figure II.6 Réseau de poutres croisées

II.3.2 Caractéristiques mécaniques des poutres :

 Relations entre efforts et flèches :

Désignons par (A) la poutre identique à toutes les poutres (Aj) (Figure II.7).

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Figure II.7 Poutre principale

Soit B1, B2 ….,Bn, les sections de la poutre (A) correspondant aux nœuds du réseau
Un système de charges Pi (P1, P2, ..., Pn) appliquées dans ces sections produit dans celles-ci
des flèches Vi (V1, V 2, ..., Vn) données par la formule (1) suivante :

(i=1,2,….n) ………….. (1)

Nous comptons les flèches et les charges positivement vers le bas. Les coefficients a ik ,
caractéristiques de la poutre (A), sont les éléments d’une matrice a = [a ik ] régulière et
symétrique (aik = a ki ) en vertu du théorème de réciprocité de Maxwell-Betti. Le déterminant
de la matrice [a] étant différent de zéro, l’équation (1) peut être résolue par rapport aux
charges :

(i=1,2,….n) …………..(2)

Les coefficients α ik sont les éléments de la matrice α = [α ik ] inverse de la matrice [a]. La


matrice α est régulière et symétrique
Il en est de même pour les poutres (Bi) A1, A2,……Am étant les sections de la poutre (B)
correspondant aux nœuds du réseau.
Des charges Pj (j=1,2,….m) appliquées dans les sections (Aj) produisent au droit de ces
sections des flèches Vj (j=1,2,…..n) données par les formules :

(i=1,2,….n) ………….. (3)

Au droit de chaque nœud nous aurons l’égalité des flèches :

Vi=Vj…………..…………………(4)

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Avec :
Vi : la flèche correspondant à la de poutre principale Ai.
Vj : la flèche correspondant à la poutre secondaire Bi.

II.3.3 Systèmes de charges propres des poutres principales :

Nous dirons qu’un système de charges q1, q2, ..., qn appliquées dans les sections B1, B2 ,..,Bn de
la poutre (A ) est un système de charges propres si les flèches v 1 , v2 , ..., vn au droit de ces
sections sont proportionnelles aux charges :

..…….. (4)

La formule (1) montre que tout système de charges propres qi vérifie les équations linéaires et
homogènes, donc nous écrivons :

A partir de la formule (4) en peut écrire : Vi=Sqi

Nous remplaçons Vi dans l’équation (1)  :

(i=1,2,… n).…..(5)

Le système d’équation (5) n’a de solution non nulle que si S est une valeur caractéristique,
racine de l’équation caractéristique de degré n :

a11−S a12 ⋯ a 1n

[
Dn ( S )=
a21

an 1
a22−S ⋯
… ⋯
a 2n

an 2 … ann−s
=0
]
L’énergie de déformation W de la poutre (A) soumise aux charges Pi appliquées dans les
sections Bi a pour valeur :

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Nous avons :

Donc l’énergie de déformation W devient :

L’équation caractéristique est donc l’équation en S de la forme quadratique définie positive


2W. Elle a donc toutes ses racines réelle sont positives ; nous désignerons par S1, S2 , ..., Sn
ces racines rangées par ordre de grandeur décroissante :

S1> S2> ... > Sr> ... > Sn>

Les nombres Sr (r=1,2, …,n) sont les valeurs caractéristiques de la matrice A. les équations
(5) étant puisque la matrice A est régulière, équivalentes aux équations :

Nous supposerons les valeurs Sr distinctes, autrement dit que l’équation caractéristique n’a
pas de racines multiples. À toute valeur caractéristique Sr correspond à un système de
charges propres q1r , q 2r , ..., qnr qui sont les composantes d’un vecteur d’un espace
vectoriel à n dimensions appelé espace des charges. Les vecteurs sont les vecteurs
propres de la matrice A.
Puisque les charges propres ne sont définies qu’à un facteur près, nous pouvons choisir ce
facteur de façon que la norme (ou longueur) des vecteurs soit égale à l’unité. Nous
désignerons par les vecteurs charges propres normés dont les composantes Q ir définies

par :

On peut écrire :

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Nous avons entre les vecteurs Q1, Q2, …, Qr, les relations suivantes :

Il en résulte que la matrice Q = [Qir] est une matrice orthogonale (Q t = Q –1) et que les
vecteurs charges propres normés forment une base orthonormée de l’espace vectoriel des
charges.
Tout vecteur ⃗P de composantes P 1, P 2, ..., Pn peut donc s’écrire :

Les coefficients ayant pour valeurs :

Nous obtenons ainsi la décomposition d’un système de charges quelconques en une somme de
systèmes de charges propres.
Les flèches v1, v 2, ..., vn produites par les charges P1 , P 2, ..., P n sont les composantes d’un
vecteur la décomposition précédente montre que :

L’énergie de déformation W a pour valeur :

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II.3.4 Méthode de calcul du réseau :

II.3.4.1 Report des charges appliquées aux nœuds

On peut supposer que les charges sont appliquées aux nœuds. Deux méthodes peuvent être
employées.

II.3.4.1.1 Première méthode :

Plaçons un appui sous chaque nœud du réseau ; les poutres (A j ) et (Bi ) sont alors des
poutres continues et l’on sait calculer les efforts dans ces poutres et, par suite, les réactions
Rij exercées par les appuis sur les nœuds N ij du réseau. Pour obtenir les efforts dans le réseau
sous l’effet des charges appliquées aux poutres, il suffit d’ajouter aux efforts calculés dans le
réseau appuyé aux nœuds les efforts dans le réseau soumis à des charges P ij opposées aux
réactions Rij [2].

II.3.4.1.2 Deuxième méthode :

Supposons une poutre principale (A j ) seule chargée ; les réactions exercées sur cette poutre
par les poutres (B i ) ne dépendent que des flèches aux nœuds N ij communs à la poutre (A j )
et aux poutres (B i ).
Les réactions mutuelles ne seront donc pas changées si l’on remplace les charges directement
appliquées à la poutre (A j ) par des charges équivalentes appliquées aux nœuds Nij et
déterminées de la façon suivante : les charges directement appliquées et les charges
équivalentes produisent les mêmes flèches aux nœuds N ij de la poutre (A j ) supposée
désolidarisée des poutres (B i ) [2].

Le calcul des charges équivalentes s’effectue donc de la manière suivante :


— déterminer les flèches Vij aux nœuds Nij de la poutre (Aj ) supposée désolidarisée des
poutres (B i ) sous l’effet des charges qui lui sont appliquées ;
— calculer les charges équivalentes au moyen de la formule :

Cette méthode s’applique également aux poutres secondaires (Bi ) lorsqu’elles sont
susceptibles d’être considérées comme poutres principales. Une légère difficulté se présente
lorsque les poutres (B i ) désolidarisées des poutres (A j ) ne sont pas stables.
Pour déterminer les charges équivalentes relatives à la poutre (Bi ), il faut alors procéder de
la façon suivante :
— déterminer les flèches (Vij ) aux nœuds Nij de la poutre (Bi ) désolidarisée des poutres (A j )
et sur appuis simples à ses extrémités (donc Vi1 = 0 et Vim = 0) sous l’effet des charges qui
lui sont appliquées.
— calculer les charges équivalentes au moyen de la formule :
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II.3.4.2 Équations d’équilibre du réseau :

Supposons donc le réseau soumis à des charges concentrées P ij appliquées aux nœuds Nij et
prenons pour inconnues les flèches vij des nœuds. Dans ces conditions la charge supportée par
la poutre (Aj ) aux nœuds Nij est d’après la formule (2) :

et la charge supportée par la poutre (Bi ) au nœud Nij est, d’après la formule (4) :

Les équations d’équilibre s’obtiennent en écrivant que :

Nous obtenons ainsi le système de m et n équations linéaires à m ; n inconnues :

On peut écrire l’équation (14) s’écrit sous forme matricielle :

αv+vβ =P

avec :
v = [vij ], c’est la matrice de flèches d’éléments vij ,
P = [Pij ], c’est la matrice de charges d’éléments Pij ,
α : matrice symétrique d’ordre n régulière,
β : matrice symétrique d’ordre m régulière ou non.

II.3.4.3 Méthode de résolution des équations d’équilibre  :

Par analogie avec la théorie des plaques où l’on exprime la solution de l’équation de
Lagrange sous forme d’une somme de solutions particulières qui sont le produit d’une
fonction de x par une fonction de y, nous cherchons les solutions de l’équation (14) de la
forme :

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Vij = Ci Vj

Portons cette expression dans l’équation (14), nous trouvons :

Qr
Supposons que les coefficients Ci soient les composantes d’un vecteur propre ⃗

– soit Ci = Qir
– l’équation précédente devient, compte tenu de la relation (8) :
Il en résulte que Pij est de la forme :

Il en résulte que Pij est de la forme :Pij = Π jrQir


Dans ces conditions la solution de l’équation (14) s’écrit : vij = VjrQir
V jr (j = 1, 2, ..., m ) satisfaisant au système de m équations linéaires :

L’interprétation
mécanique des
équations (15) est
immédiate : ce sont les équations qui permettent de calculer les flèches V jr de la poutre (B )
dans les sections Aj lorsque cette poutre est soumise aux charges Π jr appliquées aux sections
Aj et qu’elle repose en A1 , A2 , ..., Am sur des appuis élastiques identiques ayant pour
coefficient d’élasticité 1/Sr . En effet, les deux termes du premier membre de l’équation (15)
représentent, le premier la réaction des appuis élastiques, le second les charges nécessaires
pour maintenir les flèches Vjr ; la somme de ces deux termes est égale aux charges appliquées.

Il résulte des considérations précédentes que la méthode de résolution des équations (14) est
la suivante :

— décomposer les charges Pij appliquées aux nœuds en somme de charges propres de la
poutre (A ) :

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Les coefficients Π jr ont pour valeurs, d’après la formule (11) :

— étudier pour chaque valeur Sr la poutre (B) sur appuis élastiques A1, A2 , ..., Am de
coefficients d’élasticité 1/Sr soumise aux charges Π jr ; on peut, pour calculer les flèches V jr ,
résoudre l’équation (15) en utilisant les méthodes d’approximations successives données dans
le paragraphe II.5 ; la solution de l’équation (14) a alors pour expression :

Connaissant les flèches aux nœuds du réseau, les formules (12) et (13) donnent les parts et
des charges supportées par les poutres (Aj ) et (B i ) ; nous savons donc calculer les efforts
dans ces poutres puisque toutes les forces qui leur sont appliquées sont connues.
On notera que plus Sr est petit, plus les appuis sont raides ; donc, en général, les valeurs V jr
décroitront en valeur absolue et même assez vite à mesure que r croitra [2].

II.3.4.4 Généralisation :

Supposons que les poutres (Aj ) et (Bi ) soient à lois d’inertie proportionnelles, ce qui signifie
que la loi d’inertie de la poutre (Aj ) est λ j fois la loi d’inertie de la poutre (A ), et que la loi
d’inertie de la poutre (Bi ) est µi fois la loi d’inertie de la poutre (B ).

Les formules(12) et (13) deviennent dans ce cas :

et les équations d’équilibre s’écrivent :

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Chapitre II Calcul des planchers en béton armé

Pour résoudre les équations (19), on décompose les charges P ij en somme de charges propres
de la poutre (A) selon la formule (17).
La solution des équations (19) est encore représentée par la formule (18) dans laquelle les
coefficients Vjr vérifient les équations :

Les coefficients Vjr sont donc les flèches de la poutre (B i ), dont l’inertie est µ i fois celle de la
poutre (B ), soumise aux charges Π jr appliquées aux nœuds Nij et reposant en ces nœuds sur
des appuis élastiques de coefficients d’élasticité λ j / Sr . [2]

II.3.5 Calcul d’une poutre sur appuis élastiques par approximations successives  :

II.3.5.1 Généralités :

Les méthodes d’approximations successives présentent, sur la méthode qui consiste à


employer la relation des cinq moments, l’avantage d’une plus grande rapidité et aussi celui
d’une plus grande souplesse. Elles peuvent s’appliquer facilement au calcul des poutres
reposant sur des appuis d’élasticités différentes et des appuis fixes.
Elles permettent également de traiter le cas des poutres soumises des charges quelconques.
Deux méthodes peuvent être utilisées selon que l’on parte de la matrice [aik ] ou de la matrice
[α ik ]. [4]

II.3.5.2 Utilisation de la matrice [aik ] :

La méthode fondée sur l’utilisation de la matrice [aik ] ne peut être employée que pour une
poutre qui reste stable si l’on supprime les appuis élastiques. Soit donc une poutre reposant
sur des appuis fixes en nombre suffisant et sur n appuis élastiques A1, A2, ..., A n . La réaction
exercée par l’appui A i est proportionnelle à l’abaissement vi de l’appui :

Cette poutre étant soumise à un système de charges quelconques (F ), appelons les flèches
produites par (F ) en A1 , A2 , ..., A n . Les flèches vi de la poutre sur appuis élastiques ont pour
expression :

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Chapitre II Calcul des planchers en béton armé

Nous déduisons des deux relations précédentes un système den équations linéaires que l’on
peut mettre sous la forme :

Ce système peut être résolu par la méthode d’approximations successives de Gauss-Seidel : la


réaction Ri étant isolée au premier membre de l’équation de rang i, on porte dans le second
membre de l’équation un système de valeurs approchées des inconnues R i et l’on en déduit un
système de valeurs plus approchées ; on gagne du temps en modifiant le système de valeurs
approchées après chaque équation.
La convergence est d’autant plus rapide que le coefficient de la réaction isolée au premier
membre est plus grand ; la méthode converge donc rapidement lorsque les appuis élastiques
sont souples (Si grand).

II.3.5.3 Utilisation de la matrice [αik] :

Cette méthode peut être employée que la poutre comporte ou non des appuis fixes puisque la
matrice α est toujours définie.
En revanche, la méthode ne peut être appliquée commodément qu’aux poutres supportant des
charges concentrées au droit des appuis élastiques. Dans le cas de charges quelconques, il faut
déterminer les charges équivalentes comme il a été indiqué.
Soit donc une poutre reposant sur n appuis élastiques Ai de coefficients d’élasticité Si soumise
à des charges Pi appliquées au droit des appuis élastiques. La charge totale appliquée à la
poutre dans la section A i est P i – R i, donc :

v i désignant la flèche au droit de l’appui A i . En tenant compte de la relation (21), nous


obtenons pour calculer les réactions R i un système de n équations linéaires que l’on peut
mettre sous la forme :

Ce système se résout par la méthode d’approximations successives de Gauss-Seidel, de la


même façon que le système (22).
Les coefficients d’élasticité Si figurent dans tous les coefficients des inconnues au second
membre des équations. La convergence est d’autant plus rapide que les coefficients
d’élasticité Si sont plus faibles, donc que les appuis élastiques sont plus raides.

II.3.6 Réseaux réguliers de poutres de section constante :

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Chapitre II Calcul des planchers en béton armé

Un réseau régulier est un réseau dont les poutres principales et les poutres secondaires sont
également espacées.

II.3.6.1 Poutres principales simplement appuyées :

II.3.6.1.1 Calcul des flèches en fonction des charges :

La poutre A de portée (n+ 1) L et d’inertie I est soumise aux charges P1, P2, ..., Pn dans les
sections B1, B2, ..., Bn espacées de (Figure II.8). En posant :

Figure II.8 Poutre principale simplement appuyée

les formules qui donnent les flèches d’une poutre sur appuis simples soumise à une charge
concentrée montre que l’élément aik de la matrice a a pour expression :

II.3.6.1.2 Charges propres des poutres principales :

Les charges propres sont données par le théorème suivant dont on trouvera la démonstration
en [1] [2].

Les vecteurs charges propres normés ont pour composantes :

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Chapitre II Calcul des planchers en béton armé

et la valeur caractéristique Sr associée au vecteur est :

II.3.6.1.3 Calcul des charges en fonction des flèches

a- Méthode de calcul :

Pour calculer les coefficients aik on pourrait résoudre les équations qui donnent les flèches vi
en fonction des charges Pi . Mais cette méthode est pénible et a l’inconvénient de ne pas tenir
compte des flèches v 0 et vn + 1 des extrémités de la poutre qui interviennent dans le calcul des
coefficients bjh relatifs à la poutre (B ) libre.

Considérons donc la poutre de la figure II.8 comme une poutre continue à n + 1 travées
égales de portée .
Soient et les rapports focaux relatifs à la i e travée Bi – 1 Bi et b le coefficient de
souplesse:

Supposons d’abord qu’un seul appui intermédiaire B i subisse une dénivellation vi


comptée positivement vers le bas ; seules les travées contigües à l’appui Bi subissent des
rotations d’ensemble :

La théorie des dénivellations d’appui nous donne immédiatement les valeurs des moments sur
les appuis B i – 1 , B i et B i + 1 : [2]

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Chapitre II Calcul des planchers en béton armé

En tenant compte de ce que b = 1/(Kl2) et des relations de récurrence entre les rapports
focaux :

Un calcul facile permet de mettre les formules précédentes sous la forme :

Les moments sur les autres appuis ont pour valeurs :

Les charges Pk appliquées à la poutre sont égales aux réactions d’appui de la poutre
continue ; comme nous comptons les charges positivement vers le bas, nous obtenons :

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Chapitre II Calcul des planchers en béton armé

Soit, compte tenu des formules (28) et (29) :

Examinons le cas où un appui extrême est dénivelé ; supposons, par exemple, que
l’appui de gauche soit abaissé de v 0 , nous trouvons :

Puis, toujours en utilisant la formule (30) :

b- Cas d’un nombre infini de travées identiques :

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Chapitre II Calcul des planchers en béton armé

Dans ce cas, tous les rapports focaux ϕ i et ϕ’ i sont égaux à ϕ=2-√ 3 , Ce cas se rencontre
dans l’étude du réseau de nombre infini de poutres. On obtient facilement, à partir les
formules données précedentes, les résultats suivants :
Les moments sur appuis ont pour valeurs :

et les charges ont pour valeurs :

II.3.6.2 Poutres principales encastrées :

II.3.6.2.1 Calcul des flèches en fonction des charges :

Supposons la poutre (A ) encastrée à ses extrémités (Figure II.9).


Soit l’espacement des poutres (B ) ; la portée de la poutre (A ) d’inertie constante I est
(n + 1) . En définissant toujours K par la formule (24),
les formules qui donnent les flèches d’une poutre encastrée soumise à une charge
concentrée montrent que l’élément aik de la matrice a pour expression :[4]

Figure II.9 Poutre principale encastrée

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Chapitre II Calcul des planchers en béton armé

II.3.6.2.2 Charges propres des poutres principales :

Il n’existe pas, pour la poutre encastrée, d’expressions simples es charges propres


comme dans le cas de la poutre sur appuis simples. Il faut donc résoudre l’équation
caractéristique, en bénéficiant seulement du fait que les systèmes de charges propres sont soit
symétriques, soit antisymétriques.

II.3.6.2.3 Calcul des charges en fonction des flèches :

Les formules données au paragraphe II.6.1.3.1 sont encore valables, les rapports focaux
ayant pour valeurs :

Les moments d’extrémité M 0 et Mn + 1 ne sont plus nuls et les charges extrêmes


(réactions d’appui) sont données par les formules :[2]

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