Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
2005/4 n° 41 | pages 94 à 102
ISSN 1161-2770
ISBN 2747210162
Article disponible en ligne à l'adresse :
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-entreprises-et-histoire-2005-4-page-94.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.
MANAGEMENT GLOBAL,
MANAGEMENT TRANSVERSAL :
CARLOS GHOSN CHEZ NISSAN
par Jean-Pierre DURAND et Joyce SEBAG
professeurs de sociologie
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
Centre Pierre Naville
Université d’Évry
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
(1) Cet article a été écrit à partir des entretiens accordés en 2003 par C. Ghosn et son équipe managériale à Tokyo
et à Paris aux auteurs pour leur documentaire Nissan, une histoire de management (Production Centre Pierre
Naville, Evry, 2005). Toutes les citations qui suivent sont issues de l’entretien avec le PDG de Nissan. Nous remer-
cions Lise Gastaldi et Patrick Fridenson, ainsi qu’Éric Godelier pour leur relecture attentive de la première version
de ce texte.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
ce panorama, des faibles parts de marché,
une incapacité à faire des profits, la dette la
plus élevée de l’industrie automobile, des
1. UN DIAGNOSTIC retours sur capitaux investis médiocres, et
MANAGÉRIAL RADICAL tout cela sur dix ans, vous savez que vous
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
DÉCEMBRE 2005 – N° 41 95
094-102 Ghosn 20/02/06 10:53 Page 96
prise. Tous les constructeurs automobiles ou dans les centres techniques, on y ren-
sont de grands territoires, au sein desquels il contre, selon leur dire, des salariés dévoués,
y a de nombreuses baronnies. Certaines sont disciplinés et très qualifiés, prêts à faire tout
évidentes, d’autres moins, mais c’est une ce qui est nécessaire pour que l’entreprise
industrie qui fonctionne par cheminées. surmonte ses difficultés.
Dans le cas de Nissan, c’était particulière-
Les difficultés rencontrées par Nissan
ment flagrant. Et au-delà des prières et des
dans les années 1980-1990 relèvent-elles des
discours sur la transversalité, c’est une
responsabilités de son management ? C.
entreprise qui n’a jamais fonctionné sur un
Ghosn se veut apaisant : « Je ne me rappelle
mode transversal. Or un constructeur auto-
pas avoir parlé de crise du management
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
mobile qui ne réussit pas à introduire plus
japonais. Je ne pense pas avoir fait de décla-
de transversalité est voué au déclin.
rations en ce sens avant 1999, j’ai été très
Par ailleurs, si vous maintenez un tableau discret là-dessus. Mais je suis de ceux qui
de bord aussi médiocre pendant dix ans, cela pensent que si une entreprise va mal, c’est à
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
veut dire qu’il manque un sens des priorités cause de son management. Et à l’inverse, si
pour se projeter avec succès dans l’avenir. elle a de bons résultats de manière perma-
Finalement, c’est la raison la plus forte du nente, c’est aussi grâce à son management.
déclin de Nissan : au bout d’un certain Donc j’attribue au management une respon-
moment, on ne pense plus au long terme ; et sabilité probablement un peu plus grande
à partir du moment où il n’y a pas de projet que ce que les analystes et les observateurs
d’entreprise, au-delà de seulement essayer de veulent bien lui reconnaître d’ordinaire. On
survivre à court terme, l’entreprise s’effi- a trop tendance à trouver des excuses faciles
loche. L’entreprise perd sa cohérence, on comme « le marché est difficile », « la com-
sous-estime la situation de chaque secteur et pétition est féroce », « les taux de change ne
c’est le meilleur signal du début de la fin ». sont pas favorables », etc. Quelque part, je
trouve tout cela artificiel car tout le monde
Des atouts et un management est soumis aux mêmes règles, et finalement,
la responsabilité fondamentale est celle du
à revisiter management. Donc je ne peux pas dire que
Nissan était en très mauvaise posture et que
Ce constat n’empêche pas, comme ne son management était bon : c’est antino-
cessent de le rappeler C. Ghosn et son équi- mique. Si le management est médiocre, la
pe, « qu’il y avait quand même des points performance de l’entreprise sera médiocre ;
forts chez Nissan tels qu’une présence inter- si le management est bon, les résultats ne
nationale très importante – même si l’entre- sont probablement pas bons instantanément,
prise n’était pas managée de façon globale –, mais ils le seront demain. La seule façon
un véritable esprit d’entreprise et une gran- d’évaluer le management est d’étudier la
de maîtrise des process industriels fondée performance de l’entreprise, non pas sur le
sur un très bon management des usines (le court terme, à un mois ou trois mois, mais
Nissan Production Way). Sur le plan tech- sur plusieurs années ».
nique, Nissan a développé de grandes com-
pétences, avec quelques motorisations parti-
culièrement réussies ». En effet, tous les 2. EFFICACITÉ PRODUCTIVE
membres de la nouvelle direction de l’entre- ET RÉORIENTATIONS
prise reconnaissent la très grande qualité
des équipes de Nissan, comme c’est STRATÉGIQUES
d’ailleurs le cas d’une manière générale
dans les grandes entreprises japonaises : que Si le diagnostic managérial a été sans
ce soit dans les usines, chez les fournisseurs complaisance, celui sur l’appareil productif
96 ENTREPRISES ET HISTOIRE
094-102 Ghosn 20/02/06 10:53 Page 97
pris dans son ensemble apparaît assez diffé- Mais la qualité n’est que l’un des élé-
rent. En effet, en termes de productivité ments déclenchant l’acte d’achat. Force est
industrielle, Nissan est considérée comme de constater que Nissan avait plus de clients
étant très performante, en particulier aux qui achetaient ses véhicules parce que
États-Unis où elle possède l’usine la plus c’était un « bon » achat, des voitures fiables
productive du marché nord-américain, ainsi à des prix abordables, livrées dans de bonnes
qu’en Europe où Nissan-Sunderland conditions, que parce qu’ils avaient un coup
(Grande-Bretagne) apparaît aux yeux des de cœur pour la voiture. « Tout ce côté émo-
spécialistes comme la meilleure usine auto- tionnel de l’achat avait été complètement
mobile européenne. « Au Japon, malheu- négligé ; le côté rationnel, en revanche,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
reusement, il n’y a pas d’institut d’audit avait été particulièrement optimisé, y com-
extérieur, note C. Ghosn. Mais lorsque nous pris en tenant compte des contraintes de
comparons les performances de nos usines manufacturing, mais au détriment de la
japonaises à celle de notre usine britan- créativité. Désormais nous essayons d’allier
nique, elles sont au moins égales, si ce n’est les deux, c’est-à-dire de conserver la rigueur
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
DÉCEMBRE 2005 – N° 41 97
094-102 Ghosn 20/02/06 10:53 Page 98
étaient plus chers que ceux de Renault. Avec annoncé NRP en disant « on va essayer de
des écarts de prix de 20 à 25 %, il était clair faire cela et si ça ne marche pas on revien-
que le keiretsu et la direction des achats ne dra avec un autre plan ». Nous avons lancé
fonctionnaient pas. un plan d’action en nous engageant sur trois
points :
« Deuxièmement, avec des taux d’utili-
sation des usines au Japon de 50 %, ce qui 1. Le retour de Nissan à la profitabilité
est ridicule pour un constructeur automobi- dès la première année du plan.
le, nous avons été amenés à fermer 5 sites 2. Une croissance progressive de cette
industriels. Troisièmement, nous avions des profitabilité pour atteindre un mini-
actifs complètement farfelus pour un cons-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
mum de 4,5 % à la fin du plan de 3
tructeur automobile : dans l’industrie de ans.
l’armement, dans la téléphonie, etc. Nous
avions même un supermarché, des biens 3. La réduction de la dette de moitié
immobiliers en grande quantité et des parti- durant la période du plan.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
98 ENTREPRISES ET HISTOIRE
094-102 Ghosn 20/02/06 10:53 Page 99
Nissan, considère-t-il, « se sont installées pas les intérêts de tout un chacun dans l’im-
une sorte de mollesse et de complaisance médiat. De plus, il faut de la transparence,
mutuelles entre le management de Nissan et en ce sens qu’il ne doit jamais y avoir de
le management de ces entreprises. Le kei- différences entre ce que vous dites et ce que
retsu, dans ces conditions là, mène à la dis- vous faites ».
parition. Nissan en a été un parfait exemple.
Il ne faut jamais oublier que l’industriel est
là pour servir un client et non pas pour faire 4. MODÈLES ET OUTILS
plaisir aux fournisseurs ou aux distribu- DE GESTION DANS UN
teurs. Quand le constructeur oublie cette
MANAGEMENT GLOBAL
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
vérité de base, il commence à faire des
compromis. C’est ce qui explique qu’il y ait
autant de hauts et de bas dans l’industrie La question des modèles est ici double :
automobile ». D’où la mise en concurrence elle tourne autour du modèle industriel
des fournisseurs relevant du keiretsu avec japonais – ou du modèle d’entreprise – dont
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
ceux de l’extérieur et surtout la division par on sait maintenant qu’il est pluriel(2) et du
deux de leur nombre. Nissan a réussi à éta- modèle managérial de C. Ghosn que
blir avec un fournisseur indépendant nombre de revues spécialisées essaient de
comme Hitachi – une des grandes firmes reconstruire à partir de ses pratiques et de
japonaises – des relations de long terme ses déclarations. Ce dernier, qui fait réguliè-
sans qu’il y ait un contrôle actionnarial de la rement appel aux outils de gestion en tant
part de Nissan. que tels, fustige en revanche les utilisations
Après 1999, la politique de Nissan a été trop mécaniques des modèles : « Tout
initialement perçue comme une politique de comme les modèles utilisés en mathéma-
court terme (vente d’actifs, fermetures tiques ou en physique, vous en avez besoin
d’usine, réduction du nombre de fournis- pour essayer de comprendre, mais ils ne
seurs, etc.). Pourtant, comme le souligne sont jamais que des outils et si vous en faites
avec force C. Ghosn : « Il faut aussi penser un objectif, vous êtes perdus. Une équation
dans le long terme. En 1999, on me repro- n’a jamais représenté une réalité, elle la
chait de ne faire que des choses sur le court résume et vous aide à la comprendre ; mais
terme. Or Nissan était en 2003 l’entreprise si vous limitez la réalité à cette équation,
la plus profitable de l’industrie automobile vous êtes perdus ».
mondiale, devant Toyota. Nous n’avons pas
fait et nous ne faisons pas de politique de L’étalonnage des pratiques
court terme, nous faisons du long terme,
mais c’est un long terme responsable. Si les usages des modèles sont discu-
J’entends par là un long terme qui n’hésite tables, il n’en reste pas moins qu’un modè-
pas à traiter les problèmes dès qu’il les voit le managérial de Nissan a été mis au point
et qui n’essaie pas de faire une danse du par C. Ghosn et son équipe qui combine la
ventre autour de ces difficultés ou de les culture nationale et des emprunts exté-
théoriser pour ne pas les résoudre ». Alors rieurs sur fond de mondialisation : « Le
une des qualités premières du manager est modèle de management que je pratique,
l’action « et surtout l’action cohérente avec c’est un management global. Cela signifie
les objectifs annoncés, même si elle ne sert qu’il faut comprendre les meilleures pra-
(2) Cf. les travaux du GERPISA (Groupe d’études et de recherches permanent sur l’industrie et les salariés de l’au-
tomobile) et en particulier R. Boyer et M. Freyssenet, Les modèles productifs, Paris, La Découverte, 2000.
DÉCEMBRE 2005 – N° 41 99
094-102 Ghosn 20/02/06 10:53 Page 100
tiques mondiales et les appliquer toujours est fondamental pour la performance des
avec la même motivation. Ce qui est bon au entreprises. En même temps, il faut avoir le
Japon, nous le gardons. Ce qui est bon aux souci d’aller dans le sens de la globalisation
États-Unis, en Europe ou ailleurs, nous tout en préservant sa propre identité. Cela
l’adaptons mais en tenant compte des réali- signifie que vous allez d’autant plus vers la
tés locales. C’est ce qui fait que les hommes globalisation que vous vous sentez fort dans
se retrouvent dans le management de votre identité. Ce qui apparaît contradictoi-
Nissan, parce qu’ils savent que ce n’est pas re à première vue, à savoir le souci d’identi-
une question de nationalités, ce n’est pas té et l’orientation vers la globalisation, est
une culture qui est venue se plaquer sur une en fait complémentaire ».
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
autre culture. Nous partons du terrain et
nous pratiquons les changements néces- Globalisation et identités
saires de façon très pragmatique. Nous pre-
nons ce qu’il y a de mieux et nous expli- Cette dialectique de l’identité de l’entre-
quons pourquoi nous sommes en train prise et de la tendance profonde vers la glo-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
d’adopter telle mesure ou tel axe de change- balisation anime tous les questionnements
ment. Je pense que finalement le manage- sur la mobilité internationale des hommes
ment de Nissan est beaucoup plus global d’une part et des capitaux d’autre part. C.
que lié à telle ou telle culture. Et c’est vieux Ghosn fait reposer en partie sa stratégie de
comme le monde, dans l’histoire de l’huma- management des hommes et des produits
nité on a toujours été dans le sens de la des- sur la convergence des efforts dans la diver-
truction des barrières ». sité des logiques : « Les gens qui vont
Au-delà de la transversalité, présentée contre la globalisation, ce sont en fait des
ci-dessus comme moyen de management, gens qui se sentent menacés dans leur iden-
l’interculturalité constitue le deuxième prin- tité. A l’inverse, ceux qui sont solides dans
cipe pour réduire les féodalités et surtout leur identité ne craignent pas la globalisa-
ouvrir les pratiques de chacun sur les tion. Ainsi, j’insiste sur l’importance du
mondes extérieurs. Ainsi, « manager au tra- management global, mais dans le respect
vers des cultures n’est plus un luxe, mais est des identités, qu’elles soient culturelles,
devenu une nécessité pour les entreprises du nationales, fonctionnelles ou de toute autre
XXIe siècle. Or les cultures nationales nature. Par exemple, lorsque vous menez
continuent de primer sur les visions glo- des opérations d’acquisition, si vous parlez
bales ou tout simplement sur la compréhen- de rapport de forces, vous créez des vain-
sion immédiate et l’empathie vis-à-vis d’au- queurs et des vaincus dans l’entreprise. Or
trui, de cultures différentes : chacun reste les vaincus ne sont jamais motivés. Votre
conditionné par sa nationalité française, performance est basée sur la capacité à
japonaise ou américaine, ou par le fait de motiver le maximum de personnes dans
sortir de telle ou telle école, etc. A partir de l’entreprise. Si vous commencez par créer
là commencent les problèmes car des cen- un grand nombre de vaincus qui ne se
retrouvent pas dans l’identité d’entreprise et
taines de milliers de personnes qui tra-
dans son projet, vous êtes en péril ».
vaillent dans l’entreprise ne se reconnais-
sent pas en cela. Elles ne sont pas du même
pays, ni de la même université, elles n’ont La marque : manager
pas la même formation et pourtant elles ont la créativité
envie de jouer un rôle dans l’entreprise.
Dans la globalisation, le fait d’associer des La question de la marque se pose prati-
personnes de cultures différentes, de forma- quement à partir des mêmes paramètres qui
tions différentes, de nationalités différentes, doivent mêler unicité de l’image et pluralité
des acteurs dans l’entreprise (les salariés), à avez une marque forte, vous arrivez à
sa périphérie (les distributeurs, voire les vendre vos produits beaucoup plus cher ».
fournisseurs) et enfin ce qui assure sa péren-
Donc, pour parvenir à motiver l’en-
nité et son développement, à savoir les
semble des salariés et à créer une image de
clients. En effet, la marque est d’abord une
marque, c’est-à-dire in fine à construire l’en-
identité que sa direction construit, qu’elle
treprise, il faut une stratégie de long terme.
souhaite donner à terme à l’entreprise, à ses
Ce sont des questions sur l’entreprise dans
produits et qui se partage à l’intérieur de
dix ans ou dans quinze ans qui sont posées.
l’entreprise : « Cette image ne doit pas être
« Cela ne veut pas dire que nous « snobons »
vaseuse ou confuse. Elle doit reposer sur
le court terme, car je soutiens que l’obliga-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
quelque chose de très précis qui recouvre le
tion de résultats à court terme est très saine
design, l’ingénierie, le manufacturing, le
pour l’entreprise. Je n’adhère pas aux dis-
marketing, mais aussi les ventes ou la com-
cours sur la crainte d’une dictature du court
munication. Comme une entreprise est faite
terme ou du marché. Le fait de devoir expli-
de millions de décisions prises par des mil-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
sondages qui sont faits à propos de la quali- une vision globale de l’entreprise, c’est-à-
té des conditions de travail sont très intéres- dire une stratégie mondiale qui s’inscrit
sants. Nous les regardons avec beaucoup dans la division internationale du travail,
d’attention car ils révèlent aussi des dérives. avec une approche locale des produits. En
Ils constituent une source d’information très troisième lieu, ce management repose sur un
importante pour rectifier le tir dans des respect des identités locales : s’il y a mana-
domaines qui sont souvent difficilement gement interculturel, c’est d’abord en cou-
visibles [pour nous]. Car la qualité se lant les principes et objectifs de la direction
construit aussi dans les relations avec les générale dans les us et coutumes locales. En
syndicats ». interne, ce management se veut d’abord
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
transversal – avec toutes les résistances à la
La question de la nature des rapports
reconfiguration que cela implique – pour
avec les syndicats a été posée d’entrée de
améliorer la réactivité de l’entreprise et l’in-
jeu en 1999 et ces derniers ont fait preuve
tensité de ses liens avec son environnement
d’un esprit coopératif, certainement plus
(Renault d’une part(3) et ses fournisseurs
Document téléchargé depuis www.cairn.info - St.Francis Xavier University - - 132.174.255.250 - 14/09/2018 18h19. © ESKA
(3) Nous avons choisi de ne pas aborder dans le présent article la coopération entre Nissan et Renault.