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Les faits
« En leur tournant le dos, c'est une catastrophe. Il va y avoir une enquête. Si les faits se
vérifient, il y aura une commission de discipline. Nous sommes dans un secteur sensible »,
assure-t-elle. Une condamnation qui ne fait pas l'unanimité. Plusieurs professeurs
soutiennent l'enseignante de Barika, considérée comme « exemplaire ». D'ailleurs, comme
l'explique le site Algérie Focus, « Sabah Boudris n'est pas restée silencieuse face aux
critiques de ses détracteurs. Dans une déclaration à Ennahar TV, elle explique que ses
intentions sont nobles et se défend contre toute accusation d'endoctrinement ».
L'un de ses défenseurs a même diffusé un commentaire de soutien à l'enseignante – « Oh,
Benghabrit, l'institutrice a un peuple qui se solidarise avec elle » – signé « gendarmerie
nationale » et accompagné d'une photo montrant une arme, un grade et des insignes de la
gendarmerie nationale. Il vient d'être arrêté. Deux semaines plus tard, l'affaire fait toujours
grand bruit. Pourquoi ? Depuis le début de la rentrée, plusieurs événements concernant
directement l'école se sont succédé. Un secteur hypersensible enAlgérie. Toujours au
premier jour de la rentrée, des lycéennes ne portant pas le voile ont été interdites d'accès à
un lycée de Sebbala, àAlger. Une affaire qui a suscité l'émoi de nombreux Algériens.
Les enjeux
Simples faits divers ou réels questionnements ? La deuxième option est en train de prendre
le dessus. Plusieurs parents d'élèves, instituteurs, hommes et femmes publics ont réagi et
condamné les propos et la méthode utilisée par la jeune enseignante. Ils estiment qu'elle est,
d'une part, en violation totale de la loi en filmant l'intérieur d'une classe et donc en exposant
les enfants aux dangers ; d'autre part, et c'est ce qui a déclenché la colère de bon nombre
d'Algériens, son message n'est pas loin du militantisme idéologique. Prôner l'amour de la
langue arabe, oui, mais l'associer à des idées religieuses va pour beaucoup à l'encontre de
l'esprit de l'école républicaine prônée par le pays.
Au-delà d'un débat entre les pour et les contre, la question de l'usage de l'arabe classique à
l'école est posée depuis cinquante ans enAlgérie. En effet, le darija est la langue algérienne,
un mélange d'arabe, de français et de berbère, mais l'arabe classique lui est préféré pour
l'enseignement dès la primaire. C'est une volonté des conservateurs qui la considèrent
comme langue du Coran, donc seule habilitée à être apprise par les enfants, en particulier
ceux de moins de 6 ans, dans les écoles coraniques. Ils voient donc d'un mauvais œil les
réformes progressistes de la ministre Nouria Benghabrit qui veut renforcer l'enseignement
des langues étrangères comme le français et l'anglais.
Par Idriss Elram