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Cameroun - Pygmées Bedzan de la plaine Tikar / Cameroon BEDZAN PYGMIES


from the Tikar Plain

Research · March 2017

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2 authors, including:

Fabrice Marandola
McGill University
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Research Chair GeAcMus (Geste-Acoustique-Musique) View project

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INEDIT
Maison des Cultures du Monde

Cameroun
PYGMÉES BEDZAN
de la plaine Tikar

Cameroon
BEDZAN PYGMIES
from the Tikar Plain
W 260095 INEDIT/Maison des Cultures du Monde • 101, Bd Raspail 75006 Paris France • tél. 01 45 44 72 30 • fax 01 45 44 76 60 • www.mcm.asso.fr
Collection fondée par Françoise Gründ
et dirigée par Pierre Bois
Enregistrements effectués dans les villages de
Kwen, Mansoh et Mbondé en février et juillet
1999. Enregistrements, photographies et notice,
Nathalie Fernando-Marandola et Fabrice
Marandola. Traduction des termes vernacu-
laires, Martin Mgbédié. Traduction anglaise,
Frank Kane. Illustration de couverture, Françoise
Gründ. Prémastérisation, Frédéric Marin /
Alcyon Musique. Réalisation, Pierre Bois.
Pressage, Disctronics.

Ces enregistrements ont été réalisés grâce au


concours du LACITO-CNRS, du MINREST (Cameroun)
ainsi que de la coordination APFT du Cameroun, que
nous tenons à remercier chaleureusement. Merci éga-
lement à Christian Leclerc pour ses précieux conseils.
© et O
p 2000 Maison des Cultures du Monde.

INEDIT est une marque déposée de la Maison des


Cultures du Monde (direction, Chérif Khaznadar).

Symboles phonétiques* / Phonetic symbols

S = sh ("shako") E = è (fr. "mère" / engl. "bread")


N = ng ("parking") O = 'o' ouvert / open 'o' ("dot")
Z = j o4 4O = on (fr. "Lyon" / nasal vowel)
W = gn ("peigner") / ny ("Niagara") a4 = an ("France" / nasal vowel)
B = 'b' implosif / implosive 'b' E4 = in ("fin" / nasal vowel)
Q = arrêt glottal / glottal stop %4 = œn, entre u 4 et a4 / between u4 and a4
2 = e (fr. "le" / engl. "the")
e = é (fr. "été" / engl. "pen") ´ – ` = tons linguistiques / linguistic tones

* Police de caractères New Lacito développée par le Laboratoire des Langues et Civilisations à Tradition Orale (CNRS).
Cameroun
PYGMÉES BEDZAN
de la Plaine Tikar

L es Bedzan1 représentent le groupe de


population pygmée le plus septentrional
d’Afrique centrale. Ils peuplent une partie de la
plaine qui porte aujourd’hui leur nom, consi-
dèrent les Pygmées comme leurs «serviteurs»
ou «esclaves» (shong [S&o
4 N]) ; de fait, les Bedzan
plaine Tikar située dans la vallée du Mbam et ont adopté leur langue, copié une grande par-
de son affluent, la rivière Kim, à 250 kilomètres tie de leur organisation politique et installé la
au nord de la capitale camerounaise Yaoundé. plupart de leurs campements à plus ou moins
Au nombre de quatre cents personnes seule- grande proximité de villages tikar dont ils
ment, ils se répartissent en une dizaine de reconnaissent l’autorité du chef, qui a rang de
villages – couramment appelés campements – roi. En revanche, les Bedzan détiennent un
qui peuvent compter jusqu’à une quinzaine de rôle fondamental lors des moments les plus
familles. Les Bedzan se sont en effet sédenta- importants de la vie sociale de la commu-
risés vers le début du XXe siècle et résident le nauté tikar que sont la naissance de l’enfant
plus souvent dans des clairières aménagées à d’un chef et les funérailles d’un prince ou
l’intérieur de la forêt. Cette sédentarisation d’une princesse tikar2 ; ils sont en outre répu-
semble être à l’origine du développement de tés pour leur connaissance de la forêt et de
l’agriculture dans leur mode de subsistance son monde surnaturel. Ainsi s’établit un équi-
– basé jusqu’alors essentiellement sur la pêche, libre entre ces deux sociétés qui se craignent
la chasse et la cueillette – notamment dans les et se respectent mutuellement.
villages qui vivent en bordure de grandes éten- La musique occupe une place prépondérante
dues de savane, au nord de la rivière Kim. dans la vie des Bedzan, et qu’elle soit destinée
Les Bedzan vivent en étroite relation avec à célébrer un mariage ou à pleurer les morts,
leurs «grands» voisins, les Tikar, population elle est pour l’essentiel collective et soutient
d’origine Mboum dont les migrations depuis des danses exécutées en solo, en couple ou en
le plateau de l’Adamaoua remontent aux XVIe rond. Elle s’organise selon plusieurs réper-
et XVIIe siècles. Les Tikar, qui ont conquis la toires qui renvoient le plus souvent à des

1. Prononcé «bédjan» [bedZ4a] (singulier : [medZ4a]) dans la zone sud et «bédzan» dans la zone nord.
2. Le titre de prince ne revient pas, chez les Tikar, aux seuls enfants du chef mais à l’ensemble des descendants
des différentes lignées originelles tikar.

–3–
circonstances précises, parmi lesquelles figu- timbres différents : nkwo bunkin [nkw"O b"unk`E 4 ],
rent les sorties de masques représentant les la «voix des grands (hommes)» ; nkwo beyi
esprits des ancêtres. Chaque répertoire porte [nkw"O B"2y&K], la «voix des (grandes) femmes» ;
un nom générique qui désigne à la fois l’en- nkwo bembeban [nkw"O B"2mb`2b4ˆ], la «voix des
semble de pièces qui le composent, la pièce jeunes hommes» et nkwo bwèso [nkw"O bw"Es`O],
principale ainsi que, le cas échéant, le masque la «voix des petits» (au sens d’enfants). Cette
pour lequel il est chanté. Bien que la plupart organisation polyphonique n’est pas sans rap-
des répertoires soient liés à des événements peler celle des Pygmées Aka de République
particuliers, plusieurs peuvent être chantés Centrafricaine ; il est à noter cependant que
consécutivement au cours d’une même céré- les Bedzan ne pratiquent pas la technique du
monie. Par exemple, lors de la fête de funé- yoddle, si caractéristique des chants Aka.
railles qui intervient quarante jours après le Les chants sont entonnés par un soliste,
décès d’un membre de la communauté, les homme ou femme, avant que les différentes
Bedzan entonnent bien souvent un chant voix du chœur ne viennent s’y adjoindre par
extrait du Nan [n4ˆ] qui est en quelque sorte le superposition ou par juxtaposition, cette der-
répertoire «passe-partout», chanté en toutes nière technique – responsoriale – semblant être
circonstances et bien souvent avant tout l’apanage des pièces de facture plus récente.
autre. Le Nan constitue ainsi une invitation à Dans la majeure partie des cas, seule la partie
la fête qui rassemble tout le campement, soliste énoncée au début du chant comprend
avant que le masque sacré win [w"E 4 ] ne fasse des paroles, le reste du chant ne reposant que
fuir femmes, enfants et non initiés et que soit sur des onomatopées qui laissent libre cours aux
exécuté au beau milieu de la nuit l’ensemble chanteurs pour effectuer sans cesse de nouvelles
des pièces qui lui est consacré. variations. En effet, la musique bedzan est une
La musique bedzan est pour une très large musique cyclique dont le principe repose sur la
part vocale : elle se compose de chants poly- répétition d’un énoncé musical connu de tous
phoniques à quatre parties soutenus par un et varié au gré des interprètes au fur et à mesu-
ou plusieurs tambours et des hochets en van- re de l’exécution – sans toutefois que l’identité
nerie – doublés éventuellement de battements de la pièce ne s’en trouve altérée. Ainsi les par-
de main. Hormis pour les répertoires réservés ticipants possèdent une marge de liberté, qui se
aux hommes initiés (win [w"E 4 ]) ou aux femmes trouve renforcée par la latitude que possède
(mgbègnè [mgb&EW&E]), l’exécution d’un chant chacun d’eux de changer de voix à sa guise en
permet à chacun des membres d’un campe- certains points précis du cycle ; dans les faits, ce
ment de participer puisque les quatre voix qui sont généralement les enfants (garçons et filles)
le constituent correspondent à autant de et les jeunes hommes qui s’amusent à évoluer
–4–
dans le registre qui n’est pas encore le leur. Comme dans de nombreuses pièces, quelques
Enfin, aucune pièce ne possède de véritable voix émergent de l’ensemble du chœur au
conclusion et le chant cesse généralement faute sein duquel toutes s’entremêlent avec une
de «combattants», donnant souvent l’impres- rare densité.
sion de se déliter progressivement avant de
s’éteindre définitivement. 2. Lengbu [l`2Nb"u]
Les hochets en vannerie qui accompagnent Le chant Lengbu accueille les hommes au retour
les chants sont indifféremment joués par les d’une chasse fructueuse. Il célèbre tout particu-
hommes ou les femmes, alors que les tam- lièrement la prise de gros gibier, tel un buffle,
bours sont frappés uniquement par les qui procurera à l’ensemble du campement de la
hommes. Les seuls instruments mélodiques viande en abondance. C’est au chef que revient
rencontrés chez les Bedzan sont empruntés ensuite la tâche de la répartir équitablement
aux Tikar : il s’agit de la sanza et de la harpe- entre tous les membres de la communauté.
cithare, pour lesquelles il n’existe aucun
répertoire propre. Appelées respectivement 3. Ndondon [nd"O 4 d&O4 ]
mbe pèrè [mb&2 p&Er"E] (litt. «instrument mélo- 4. Nde yé [nd&2 y&e]
dique / fin et allongé») et mbe kelon [mb&2 k"2l"O
4 ] Ndondon et Nde yé font partie intégrante du
(litt. «instrument mélodique / poitrine»), elles répertoire Nan [n`a 4 ]. Littéralement, ndondon
sont jouées par les hommes, en solo ou en désigne un mariage entre personnes de proche
petit comité, et accompagnent des chants exé- parenté, c’est-à-dire issues d’une même famille
cutés généralement à mi-voix. depuis quatre générations seulement ; pour les
Bedzan comme pour les Tikar, ce type d’union
1. Nan [n4ˆ] est qualifié de mariage «en famille». La danse
Nan est la pièce principale du répertoire le plus qu’accompagne ce chant en est une illustra-
courant, qui porte le même nom. N’étant atta- tion : les danseurs, qui se détachent deux par
ché à aucune circonstance particulière, celui-ci deux du groupe de chanteurs pour exécuter
peut être interprété au cours de toute festivité. simultanément des figures plus ou moins vir-
Le chant est soutenu par un tambour sur pied à tuoses, peuvent être de proche parenté,
une membrane percuté à l’aide d’une baguette comme par exemple un père et son fils.
et à main nue, le nkè meku [nk&E m`2k] ou ngwin Nde yé est extrêmement prisé par les Bedzan.
ndu [ngw&E 4 nd"u], d’un long tambour cylindrique Presque toujours entonné par une femme, il a
également à une seule membrane frappé à pour vocation d’exprimer les sentiments
mains nues, mben [mB`2 4 ] ou ngwin sedi’ [ngw&E4 amoureux, ce que résume poétiquement son
s`2` d&KQ], et de hochets en vannerie shisha [S“Sˆ]. titre qui signifie «mon cœur».
–5–
5. Kpéreba [kp&er"2b"a] 6. Melwœn [m`2lw`% 4 ]
Cette pièce est interprétée sur deux harpes- Pièce principale du répertoire du même nom, ce
cithares – souvent plus connues sous le nom chant est entonné à la chefferie tikar lorsque les
de mvêt – dont les joueurs mêlent leurs voix à Pygmées présentent un nouveau-né de sang
celles de deux jeunes femmes. royal à l’ensemble de la population, ainsi que
Constitué de cinq cordes tendues entre un trois mois plus tard, au moment où ses premiers
manche en bambou et un chevalet qui lui est cheveux – considérés comme les cheveux des
perpendiculaire, ce type d’instrument est éga- mauvais esprits – sont rasés. En effet, les Bedzan
lement pourvu d’un résonateur hémisphé- détiennent un rôle capital lorsque la femme
rique en calebasse fixé à l’opposé du chevalet. d’un chef tikar accouche, puisque non seule-
Nommé mbe kelon [mb&2 k"2l"O 4 ] («instrument ment le premier lait donné au nouveau-né sera
mélodique / poitrine»), il tient son nom de la celui d’une femme pygmée, réputé «fort», mais
technique de jeu mise en œuvre : l’ouverture aussi parce que sa première apparition devant
du résonateur est placée contre la poitrine ou l’ensemble des villageois se fera par l’inter-
l’abdomen du musicien qui, en éloignant plus médiaire des Bedzan, qui se passent le nourris-
ou moins de lui un des bords de la demi- son de main en main en chantant et dansant
calebasse, parvient ainsi à faire varier le Melwœn. Par ces actes, les Bedzan contribuent à
timbre de l’instrument. la naissance biologique puis sociale du nou-
Les cordes des harpes-cithares de facture tradi- veau-né – qui deviendra peut-être un jour chef
tionnelle sont découpées à même l’écorce du à son tour. Ils seront investis d’une fonction
bambou qui tient lieu de manche, mais les similaire au cours de la cérémonie d'introni-
musiciens leur préfèrent de plus en plus les sation du chef et lorsqu’il s’agira de célébrer le
câbles d’acier habituellement destinés à la décès d’un prince tikar. Les Pygmées exercent
fabrication des pièges. Plus résistants et moins ainsi un véritable contre-pouvoir en s’imposant
sujets aux nombreuses variations hygromé- comme les intermédiaires indispensables en ces
triques, ils confèrent aux instruments une moments-clés de l’existence du chef tikar
sonorité particulière. – symbole de l’ensemble de sa communauté.
Rappelons que les instruments mélodiques ne
possèdent pas de répertoire propre et que les 7. Papi [p"ap&K]
pièces interprétées sont bien souvent extraites, 8. Nembon [n"2mb"O
4 ]
comme c’est le cas ici, du répertoire principal Ce sont les deux chansons principales asso-
Nan. Kpéreba («papaye») évoque l'obligation de ciées au masque mgba [mgbˆ], qui est un
partage de la nourriture qui prévaut entre les masque de divertissement. Celui-ci est sou-
membres d'une famille ou d'un campement. vent qualifié de «masque des enfants», par
–6–
opposition aux masques chargés d’un sens réservé aux femmes, qui a trait à tout ce qui
plus profond, comme celui qui est lié à la touche à la maternité et la fertilité. Ses chants
mort et que seuls les initiés ont le droit d’ap- sont exécutés, là encore, devant la chefferie
procher, le masque win [w"E 4 ]. Ce dernier, qui tikar lorsque la femme du chef est présentée,
ne peut «sortir» que la nuit, est en fait repré- enceinte, à la population. On peut également
senté par un ensemble d’aérophones et par un les entendre lorsque une femme bedzan en fait
instrument à la sonorité étrange dont les la demande ou lors des funérailles d’une vieille
Bedzan gardent jalousement le secret. femme. Afin de favoriser la fécondité des
Bien au contraire, le masque mgba est émi- jeunes femmes présentes, il n’est pas rare de
nemment public et joue un rôle de bouffon. Il voir une femme enceinte se mettre à danser ou
s’agit d’un masque en bois sculpté à la «che- une vieille femme se rajeunir en simulant un
velure» de raphia, prolongé d’une sorte de ventre rond, provocant alors l’hilarité générale.
combinaison en tissus colorés qui recouvre Alors que Nyendon est une pièce assez calme,
l’homme qui le porte de la tête aux pieds. qui laisse la part belle aux variations qu’effec-
Protégé par l’anonymat de son accoutrement, tue le tambourinaire, Mgbègnè – pièce principa-
celui-ci se livre à diverses facéties qui ont le le du répertoire – est plus dynamique. Toutes
don de mettre en joie l’ensemble des specta- deux ne sont chantées que par des femmes, les
teurs, eux-mêmes chanteurs et tambouri- tambours étant frappés par les hommes qui
naires. En présence du chef tikar, la danse du mêlent parfois leurs voix au groupe qu’ils
masque s'élabore autour du siège sur lequel il accompagnent. Les paroles de ces deux chants
trône, jusqu’à ce que le porteur du masque ne consistent en des moqueries à l'égard de la
vienne s’agenouiller devant lui pour en rece- sexualité masculine.
voir une sorte de «bénédiction». Ce type de
danse se rencontre chez les Tikar et il semble 11. Mbwé nan [mbw&e n"a 4 ]
que cette coutume leur ait été empruntée. Décomposition voix par voix
Dans Papi («jeune garçon» en français local), Cette plage correspond à un enregistrement
une jeune fille s'adresse à son ami et lui dit : analytique réalisé en présence d’un effectif
«Si tu ne m'aimes pas, j'en aimerai un autre» ; réduit à quatre chanteurs, ce qui permet de dis-
Nembon fait quant à elle référence à la récolte tinguer plus aisément les quatre voix constitu-
du miel, mets prisé de tous les Bedzan. tives de la polyphonie. On peut entendre suc-
cessivement la voix des hommes : nkwo bunkin
9. Nyendon [ny&End"O4 ] [nkw"O b"unk4E
4` ], la voix des jeunes hommes nkwo
10. Mgbègnè [mgb&EW&E] bembeban [nkw"O B"2mb`2b4ˆ], la voix des femmes,
Le répertoire Mgbègnè accompagne le masque nkwo beyi [nkw"O B"2y&K] et la voix des enfants,
–7–
nkwo bwèso [nkw"O bw"Es`O] avant que l’ensemble
des quatre ne se superpose de nouveau en un
admirable édifice sonore.
Les battements de mains représentent les
secouements du hochet qui entretiennent
avec la pulsation un rapport de 2 contre 3 :
q q q hochet / battements de main
q. q. pulsation
Le schéma suivant résume l’entrée successive
des voix :

1. nkw"O b"unk`E4 1.

2. nkw"O B"2mb`2b4ˆ 2.

3. nkw"O B"2y&K 3.

4. nkw"O bw"Es`O
12. Mbwé nan [mbw&e n"a 4 ]
Version complète
Il s’agit du même chant exécuté de manière
conventionnelle. Mbwé nan, «petit frère du
Nan», est la pièce principale qui clôt le réper-
toire Nan. Le secouement continu du hochet
souligne un pas de danse pour lequel le dan-
seur, quasiment immobile, tend les bras à l’ho-
rizontale et martèle le plus rapidement possible
le sol à petits pas. Cette version, débordante
d’énergie, témoigne de l’extrême vivacité du
patrimoine culturel et musical des Bedzan.
NATHALIE FERNANDO-MARANDOLA tambour sur pied
et FABRICE MARANDOLA footed drum
nkè meku [nk&E m`2k]

–8–
harpes-cithares
zither-harps
mbe kelon [mb&2 k"2l"O4 ]

–9–
masque / mask mgba [mgbˆ]

– 12 –
masque mgbègnè / mask mgbènyè [mgb&EW&E]

– 13 –
Cameroon
BEDZAN PYGMIES
from the Tikar Plain

T he Bedzan1 (singular Medzan) are the nor-


thernmost Pygmy group in Central Africa.
They live in part of the Tikar Plain located in
organisation and located most of their encamp-
ments relatively close to villages of Tikar whose
authority they recognise as chiefs (who holds
the valley of the Mbam River and its tributary, the rank of king). The Bedzan play a funda-
the Kim River, 250 kilometres south of mental role in the most important moments of
Yaounde, the capital of Cameroon. They are the social life of the Tikar community such as
only 400 people divided among a dozen vil- the birth of a child of a chief or the funeral of a
lages, commonly called encampments, each Tikar prince or princess2. They are also reputed
of which may have as many as fifteen fami- for their knowledge of the forest and its super-
lies. The Bedzan became sedentary at the natural dimension. There is thus an equili-
beginning of the 20th century and now most brium between these two societies which fear
often live in clearings made within the forest. and respect each other.
This sedentarisation seems to have led to the Music plays a major role in the life of the
development of agriculture as part of their Bedzan. Whether for a marriage celebration or
subsistence – formerly based on fishing, hun- a funeral lament, the music is essentially col-
ting and gathering – especially in the villages lective and accompanies solo, pair or round
along the edge of large stretches of savannah dances. It includes several repertoires which
north of the Kim River. are usually associated with particular circum-
The Bedzan live in close contact with their "tall" stances, such as the wearing of masks repre-
neighbours, the Tikar, a Mbum-origin group senting the spirits of the ancestors. Each reper-
which migrated from the Adamawa Plateau in toire has a generic name which refers to all the
the 16th and 17th centuries. The Tikar, who pieces in it, the main piece, and also the mask
conquered the plain which now bears their for which it is sung (if it is associated with a
name, consider the Pygmies their "servants" or mask). Although most of the repertoires are
"slaves" (shong [S&o
4 N]). The Bedzan adopted their linked to particular events, some can be sung
language, copied a large part of their political at various ceremonies. During the funeral feast

1. Pronounced "bedjan" [bedZ4a] (sg : [medZ4a]) in the southern area and "bedzan" in the northern area.
2. Among the Tikar the title of prince refers not just to the child of a chief, but to all descendants of the various
Tikar origin lineages.
– 14 –
two weeks after the death of a member of the to more recent songs. In most cases, only the
community for example, the Bedzan often solo part which begins the song has words.
sing a song taken from Nan [n4ˆ], which is a The rest of the song is composed of vocables
sort of all-purpose repertoire, sung in all cir- which allow the singers to freely perform dif-
cumstances and often before any other songs. ferent variations. The Bedzan music is cyclical,
The Nan thus acts as a call to the feast which based on the repetition of a musical figure
brings together the entire encampment until which is understood by all and which can be
the appearance of the sacred mask win [w"E 4 ] varied at the singers' will as the song goes on,
causes women, children and non-initiates to without the song losing its identity. The parti-
leave so that the pieces dedicated to this mask cipants thus have a degree of flexibility which
can be sung during the night. is further extended by the possibility of swit-
The Bedzan music is mostly vocal. It is com- ching parts at certain precise moments in the
posed of four-part polyphonic songs accom- cycle. It is most often children (boys and girls)
panied by one or several drums, wicker rattles, or young men who experiment with switching
and sometimes also hand clapping. Other to the adult registers. The pieces do not have a
than the repertoire reserved for male initiates real conclusion, so the songs generally stop
(win [w"E 4 ]) or women (mgbènyè [mgb&EW&E]), sin- when people drop out, often giving the
ging allows all members of an encampment to impression that the song gradually dissolves
participate because the four voices correspond before finally disappearing.
to four different timbres: nkwo bunkin [nkw"O The wicker rattles which accompany the
b"unk`E4 ], "voice of big (men)"; nkwo beyi [nkw"O songs can be played by men or women while
B"2y&K], "voice of (big) women"; nkwo bembeban the drums are only played by men. The only
[nkw"O B"2mb`2b4ˆ], "voice of young men" and melodic instruments found among the
nkwo bwèso [nkw"O bw"Es`O], "voice of little ones" Bedzan are those borrowed from the Tikar:
(meaning children). This polyphonic organi- the lamellaphone and the zither-harp for
sation is reminiscent of that of the Aka which there is no special repertoire. Called
Pygmies of the Central African Republic. The respectively mbe pèrè [mb&2 p&Er"E] (litt. "melodic
Bedzan do not use yodelling however, a stri- instrument / thin and long ") and mbe kelon
king feature of Aka songs. [mb&2 k"2l"4O] (litt. "melodic
The songs are started by a soloist, male or instrument / chest"), they are played by men,
female, followed by the various voices of the alone or in small groups, and accompany
chorus entering by superposition or juxtaposi- songs which are generally sung softly.
tion (all voices together or soloist/chorus alter- The recordings were made in Kwen, Mansoh
nation), the latter technique apparently linked and Mbondé villages in February and July 1999.
– 15 –
1. Nan [n4ˆ] pairs to perform more or less virtuosic dance
Nan is the main piece of the most common sequences may be close relatives, such as a
repertoire, which has the same name. It is not father and son for example.
linked to a particular situation and can be per- Nde yé is held in high esteem among the
formed during any festivity. The song is accom- Bedzan. It is almost always started by a woman
panied by a footed drum with a skin struck with and expresses amorous feelings, as suggested
a stick or with the hand the nkè meku [nk&E by the word itself which means "my heart."
m`2k] or ngwin ndu [ngw&E4 nd"u], a long cylindri-
cal drum also with a single skin played with the 5. Kpéreba [kp&er"2b"a]
hands, mben [mB`24 ] or ngwin sedi’ [ngw&E4 s``2d&KQ], This piece is played with two zither-harps
and wicker rattles shisha [S“Sˆ]. As in many – often called "mvet". The instrumentalists
pieces, some individual voices stand out from sing, blending their voices with those of two
the dense harmony of the chorus. young women.
This instrument has five strings stretching
2. Lengbu [l`2Nb"u] between a bamboo neck and a bridge perpen-
The song Lengbu welcomes men returning dicular to it. It also has a hemispheric calaba-
from a successful hunt. It celebrates in parti- sh resonator attached facing the bridge.
cular the killing of large game, such as a buf- Called mbe kelon [mb&2 k"2l"O4 ] ("melodic instru-
falo, which will provide an abundant supply ment /chest") it owes its name to the playing
of meat for the whole encampment. The chief technique used. The opening of the resonator
is in charge of equitably distributing the meat is placed against the chest or abdomen of the
among the members of the community. musician who, by moving one of the sides of
the half-calabash away from him can thus
3. Ndondon [nd"O 4 d&O4 ] vary the timbre of the instrument.
4. Nde yé [nd&2 y&e] Traditionally-made zither-harps have strings
Ndondon and Nde yé are an integral part of the made from the bark of the same bamboo
Nan [n`a
4 ] repertoire. Ndondon literally refers to which serves as the neck, but musicians now
a marriage between close relatives, i.e. within more often prefer metal wires which are gene-
the same family connected within the past rally used for traps. They are longer lasting,
four generations. For the Bedzan as for the less subject to humidity variations, and give
Tikar, such a union is considered a marriage the instruments a particular sonority.
within the family. The dance which is accom- As there is no specific repertoire for the melo-
panied by the song is an illustration. The dan- dic instruments, the pieces played often come
cers who separate from the group of singers in from the main repertoire, Nan, as is the case
– 16 –
in this example. Kpéreba ("papaya") evokes the which have a deeper meaning, such as the
obligation of sharing food with members of mask linked to death, win [w"E 4 ], which only
the family or the encampment. the initiates may approach. The win mask,
which can only be revealed at night, is in fact
6. Melwœn [m`2lw`% 4 ] made of a set of aerophones and an instru-
The main piece in the repertoire of the same ment with a strange sound which the Bedzan
name. This song is sung in the Tikar chiefdom carefully keep secret.
when the Pygmies present newborn children The mgba mask on the contrary is very much
of royal blood to the population, and again a public mask and acts as a buffoon. It is a
three months later when the babies' first hair wood mask sculpted with raffia "hair" with a
(considered to be that of evil spirits) is cut. The trailing suit of coloured cloth which covers
Bedzan play an essential role when the wife of the man wearing it from head to toe.
a Tikar chief gives birth because the first milk Protected by the anonymity of his outfit, this
given to the baby will be from a Pygmy woman person carries out various pranks intended to
(reputed to be "strong") and because the first entertain the spectators, who are also singers
appearance of the child among the villagers and drum players. In the presence of a Tikar
occurs via the Bedzan who pass the baby from chief, the mask dance is performed around his
one person to another, singing and dancing throne until the person wearing the mask
the malwoe. In this way, the Bedzan participa- comes and kneels before him to receive a sort
te in the biological and social birth of the child of "blessing". This type of dance is found
– who will one day become a chief. The among the Tikar and it appers that this cus-
Pygmies perform a similar function during the tom was borrowed from them.
enthronement of a chief or for the funeral of a In Papi ("young boy" in the local dialect of
Tikar prince. The Pygmies thus have real power French), a young girl talks to her boyfriend
because of their role as essential intermediaries and tells him, "If you don't love me, I will love
at the key moments in the life of a Tikar chief someone else. Nembon refers to the gathering
– the symbol of the entire community. of honey, which is greatly appreciated by all
the Bedzan.
7. Papi [p"ap&K]
8. Nembon [n"2mb"O4 ] 9. Nyendon [ny&End"O4 ]
These are the two main songs associated with 10. Mgbènyè [mgb&EW&E]
the mask mgba [mgbˆ], which is an amuse- Mgbènyè is the repertoire which accompanies
ment mask. It is often referred to as a "chil- the mask reserved for women, linked to every-
dren's mask" by comparison with masks thing which involves maternity and fertility.
– 17 –
These songs are also sung in the Tikar chief- The hand clapping corresponds to the rattle
dom when his pregnant wife is presented to shaking which is in a 2 to 3 ratio with the beat:
the population. They can also be heard when q q q rattle / hand clapping
a Bedzan women requests them or during the q. q. beat
funeral of an old woman. In order to favour The following diagram indicates the successi-
the fertility of the young women present, it is ve entries of the voices:
not unusual to see a pregnant woman start
dancing or an old woman imitating a young
woman with a round abdomen, provoking 1. nkw"O b"unk`E4 1.
general laughter. 2. nkw"O B"2mb`2b4ˆ 2.
While Nyendon is a fairly quiet song, leaving
3. nkw"O B"2y&K 3.
plenty of room for variations by the drum
player, Mgbènyè – the main song of the reper- 4. nkw"O bw"Es`O
toire – is more dynamic. Both are sung only by 12. Mbwé nan [mbw&e n"a 4 ]
women with mocking remarks regarding male Complete version
sexuality, while the men play the drums and The same song performed in a conventional
occasionally join their voices in the songs. manner. Mbwé nan "little brother of Nan", is
the main piece which ends the Nan repertoire.
11. Mbwé nan [mbw&e n"a 4 ] The continuous shaking of the rattle unders-
Breakdown part by part cores a dance step in which the dancer, almost
This track is from an analytic recording with a motionless, holds his arms horizontally and
group limited to four singers allowing for easier stomps on the ground in small steps as quick-
separation of the four parts of the polyphony. ly as possible. This very energetic version
We hear in succession the men's voice, nkwo demonstrates the great vivacity of the Bedzan
bunkin [nkw"O b"unk4E
4` ], young men's voice nkwo musical heritage.
bembeban [nkw"O B"2mb`2b4ˆ], women's voice
nkwo beyi [nkw"O B"2y&K], and children's voice NATHALIE FERNANDO-MARANDOLA
nkwo bwèso [nkw"O bw"Es`O], before the group of and FABRICE MARANDOLA
four comes together as an admirable ensemble.

– 18 –
masque / mask mgba [mgbˆ]

– 19 –
Couverture (1 & 4) 28/06/06 16:43 Page 1

INEDIT
Maison des Cultures du Monde

Cameroun
PYGMÉES BEDZAN
de la plaine Tikar

Cameroon
BEDZAN PYGMIES
from the Tikar Plain
W 260095 INEDIT/Maison des Cultures du Monde • 101, Bd Raspail 75006 Paris France • tél. 01 45 44 72 30 • fax 01 45 44 76 60 • www.mcm.asso.fr
INEDIT Cameroun PYGMÉES BEDZAN

INEDIT W 260095
de la plaine Tikar
Maison des Cultures du Monde
CAMEROUN • PYGMEES BEDZAN

Cameroon BEDZAN PYGMIES


from the Tikar Plain
1. Nan 4’30”
Collection fondée par 2. Lengbu 3’28”
Series founded by 3. Ndondon 2’55”
Françoise Gründ
dirigée par / headed by 4. Nde yé 4’34”

CAMEROUN • PYGMEES BEDZAN


Pierre Bois 5. Kpéreba 5’15”
(harpe-cithare/zither-harp)
6. Melwœn 3’32”
7. Papi 3’10”
8. Nembon 3’37”
9. Nyendon 3’38”
10. Mgbègnè 5’43”
11. Mbwé nan 5’05”
(analyse / analysis)

W 260095 AD 090 12. Mbwé nan 6’14”


(version complète / complete
distribution AUVIDIS
INEDIT W 260095

version)
O
P 2000 INEDIT / MCM
enregistrements & notice | recordings & liner notes
Made in France Nathalie Fernando & Fabrice Marandola Total 51’47”

Catalogue disponible sur demande / Ask for the catalogue


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et sur internet / and on internet : www.mcm.asso.fr
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