Vous êtes sur la page 1sur 9

CHAPITRE I : INITIATION À LA CONFORMITÉ COMMERCIALE

Objectif du chapitre
Comprendre l’importance de la conformité commerciale.

La mondialisation et la croissance des échanges commerciaux forcent les exportateurs et les


importateurs à accorder davantage d’importance à la conformité commerciale.

Selon l’étude du Aberdeen Group intitulée Global Trade Compliance Priorities in 2008, la
conformité commerciale se transforme d’une fonction de soutien à des initiatives
stratégiques d’envergure organisationnelle.

Elle précise également que les pressions principales qui incitent les entreprises à les prendre
compte sont :

 la mondialisation croissante des activités (52 % des répondants), et


 la complexité croissante des règlements en matière de sécurité du commerce
international.

Colin Robertson, a écrit en mars March 2011:


« Plus de 200 règlements différents, et un peu plus au Canada, portent sur le commerce
transfrontalier. Tous les ans, les organismes de réglementation canadiens et américains
apportent quelque 5 000 modifications qui sèment la confusion et compliquent la tâche des
exportateurs. »

Tous les règlements sont vraiment accablants pour les entreprises.

Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), les règles frontalières


et commerciales sont accablantes pour 21 % des petites entreprises, et les dépenses de
conformité par employé leur coûtent proportionnellement plus cher.

KPMG a également déterminé que la conformité représente le cinquième plus grand défi
dans le domaine du commerce international et que 34 % des entreprises estiment que la
conformité commerciale est difficile.

Les experts du commerce extérieur ont commencé à parler de l’application de la conformité


à tous les aspects du commerce international et non uniquement à la conformité
douanière :

Page 1 of 9
1)- « Lorsqu’on a une vision commune, il est beaucoup plus facile d’assurer la conformité de
toute la chaîne d’approvisionnement, ce qui contribue à protéger la marque et à réduire les
interruptions d’approvisionnement. »

2)- « La tendance future pourrait fort bien porter sur la fusion de la conformité commerciale
et de la conformité des fournisseurs dans des domaines tels que la sécurité des produits et
la responsabilité sociale. »

3)- « Il faut d’abord bien cerner les enjeux de conformité liés aux produits, classer ensuite
les produits et enfin appliquer ce processus aux fournisseurs par l’entremise d’un portail de
fournisseurs. On assure ainsi la gestion de la conformité de bout en bout. »

4)- « Il est logique que ces activités de conformité soient groupées...parce de nombreux
élémentsdedonnéescommunspeuventêtrepartagés.»

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a publié les résultats d’une


enquête menée auprès de ses membres sur leur expérience de la frontière canado-
américaine. Le présent atelier reflète certaines des recommandations de la FCEI.

1)- Un guichet commercial unique : les entreprises souhaitent un guichet unique où elles
peuvent se procurer toute l’information nécessaire à l’importation ou à l’exportation, de la
part de certains ministères gouvernementaux et non seulement de l’Agence des services
frontaliers du Canada. « Il n’est pas réaliste de s’attendre à ce que les propriétaires
d’entreprise sachent quels ministères ont des exigences et quelles sont ces exigences. »

2)- Du langage simple : La lisibilité et la clarté sont un des aspects les moins bien cotés. »

3)- L’accessibilité : « Il existe de nombreuses sources d’information sur les programmes


frontaliers et commerciaux destinés aux petites et moyennes entreprises du Canada, mais
souvent, les chefs d’entreprise ne s’en servent pas parce qu’ils ne savent pas où les
trouver.»

Chapitre II : Les avantages de la conformité commerciale


Objectif du chapitre

Page 2 of 9
Décrire ce que sont les avantages de la conformité commerciale pour une entreprise.

LES COÛTS DE LA CONFORMITÉ

Selon un sondage réalisé par Aberdeen Group auprès de 340 exportateurs et importateurs,
dont les résultats ont été publiés dans le document intitulé Global Trade Compliance
Priorities in 2008, les dépenses moyennes de conformité commerciale, y compris la main-
d’œuvre, les logiciels, les amendes, les frais de courtage, etc., représentent environ 13 % du
total des coûts commerciaux, moins les coûts des biens mêmes – les coûts autres que la
conformité visant la logistique/services de transitaires, le transport, l’entreposage, etc.

C’est ce qu’il faut dépenser pour se conformer aux nombreux règlements et règles en
matière d’exportation et d’importation.

Ne pas s’y conformer peut occasionner des retards importants dans la chaîne
d’approvisionnement, des amendes, voire la perte de privilèges commerciaux.

L’Enquête sur le coût de la mise en conformité à la réglementation de Statistique Canada8,


réalisée en 2008, a noté l’incidence disproportionnée du coût de la conformité à la
réglementation sur les petites entreprises.

Ainsi, les entreprises comptant de 1 à 4 employés ont dépensé deux fois plus par employé
pour la conformité que celles comptant de 5 à 19 employés (657 $ contre 313 $,
respectivement).

De même, les entreprises comptant de 5 à 19 employés ont dépensé deux fois plus par
employé pour la conformité que celles comptant de 20 à 99 employés (155 $) et quatre fois
plus que celles comptant de 100 à 499 employés (74 $). (L’enquête portrait sur 12 «
exigences réglementaires », qui ne touchaient pas les domaines de la conformité
commerciale.)

LES AVANTAGES DE LA CONFORMITÉ

Il est plus difficile de quantifier les avantages de la conformité.

La sécurité s’étant resserrée aux frontières canado-américaines depuis 2001, plusieurs


organisations des deux côtés de la frontière ont étudié l’incidence de ce resserrement sur
les entreprises canadiennes et américaines.

Page 3 of 9
Comme le mentionnait une étude d’Industrie Canada, la conformité frontalière suscitera
non seulement une réduction de coûts, mais aussi une amélioration du service à la clientèle.

Les trois grands avantages soulevés dans l’étude de 2004 étaient le temps / l’efficacité, la
diminution des coûts et la crédibilité.

« ...Le plus important avantage de la certification au processus des flux frontaliers réside
dans le caractère prévisible des délais de livraison et dans l’efficacité que celui-ci confère à
toute la chaîne d’approvisionnement. »

Ce sondage s’est penché sur la certification aux termes de divers programmes de sécurité
(voir le chapitre 6), mais les avantages de la conformité qui s’y rattachent sont de nature
générale :

1)- Assurer la sécurité de la chaîne d’approvisionnement

2)-Réduire le nombre d’inspections à la frontière

3)-Minimiser le temps des formalités à la frontière

4)-Protéger le nom et la réputation de l’entreprise

5)- Réduire le coût de la conformité aux prescriptions douanières

6)-Maintenir un partenariat solide et permanent avec les douanes canadiennes et


américaines

7)- Repérer d’autres partenaires certifiés avec lesquels on peut faire des affaires.

Pour les fournisseurs de services tels que les fournisseurs logistiques de tierce partie (3PL),
la conformité sécuritaire est importante pour attirer des fabricants et des détaillants qui
souhaitent que leurs fournisseurs de services fassent partie d’une chaîne
d’approvisionnement conforme.

En 2007, la Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) a
effectué un important sondage auprès des 690 participants inscrits à l’époque au
programme de sécurité Partenariat douanes-commerce contre le terrorisme (C-TPAT) (se
reporter au chapitre 6), pour déterminer quels en étaient l’avantage. Le C-TPAT est un
programme américain volontaire portant sur la sécurité de la chaîne d’approvisionnement.

Certaines compagnies canadiennes y participent et le programme canadien Partenaires en


protection (PEP) s’harmonise avec le C-TPAT.

Page 4 of 9
L’enquête du CBP soulève l’importance de certains avantages intangibles de la participation
au programme ainsi que de la diminution des coûts :

1)- Diminution du temps et des coûts liés au dédouanement des marchandises par le CBP

2)- Réduire le temps des lignes d’inspection du fret supplémentaire du CBP

3)- Améliorer la prévisibilité dans le mouvement transfrontalier des biens et services

4)-Réduire les pénalités

5)- Créer d’importantes possibilités de réduction de coûts

6)- Améliorer la sécurité du personnel

7)- Réduire le vol et le chapardage de marchandises

8)- Accéder au programme EXPRES (une voie prioritaire pour traverser la frontière)

9)- Améliorer l’utilisation des actifs

10)- Réduire les primes d’assurance.

Le temps est un des avantages quantifiables le plus souvent relevé dans l’évaluation de
certains programmes.

Le programme Importer Security Filing (ISF) est un programme obligatoire du CBP, portant
sur l’information qui doit être fournie au CBP avant que les marchandises n’arrivent à la
frontière. (On le connaît aussi sous l’appellation de 10+2, parce que l’importateur doit
produire 10 éléments de données « additionnels » et le transporteur, deux.)

L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) offre un programme similaire au Canada,
à savoir le Manifeste électronique.
Le magazine American Shipper a publié un sondage de référence sur l’ISF, avant que le
programme ne soit entré en vigueur en janvier 2010, et comparé les « gagnants » (environ
10 %) aux répondants moyens.

 Durant cette période d’apprentissage, la moitié des gagnants (48 %) n’ont pas eu à
apporter de modification, comparativement au tiers (34 %) en moyenne.

 Cela justifie en partie le temps réduit que les compagnies conformes ont ajouté à
leur cycle d’affaires par suite de nouvelles procédures.

 Le répondant moyen a signalé que l’ISF ajoutait un peu plus de deux jours à leur
cycle de chaîne d’approvisionnement (remise de la commande, emballage,

Page 5 of 9
réservation, soumission, chargement à bord du navire et départ du navire). Les
gagnants ont réussi à le faire en une demi-journée de moins.

 Tous les gagnants ont dépensé moins de 25 $ par présentation (70 % entre 11 $ et 25
$), comparativement à la moyenne des répondants (40 %) dont les coûts se sont
élevés à plus de 26 $.

Il existe maintenant au Canada et en Europe des programmes de rapports préalables


similaires à l’ISF, puisque ces rapports permettent aux autorités douanières de se concentrer
sur les expéditions « plus risquées. »

En plus d’épargner du temps, la réduction des coûts est souvent mentionnée dans ce genre
de sondages. Dans son sondage annuel Global Trade Compliance Priorities in 2008,
Aberdeen Group a signalé que :

 La moitié des participants ont déclaré que leur fonction de conformité commerciale
mondiale était plus efficace que l’année précédente, et que l’avantage principal était
une atténuation du risque de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
 Les compagnies « exemplaires » de l’étude étaient deux plus aptes que la moyenne
industrielle à avoir réduit le nombre d’interruptions de la chaîne
d’approvisionnement occasionnées par des erreurs de conformité commerciale, par
rapport à l’année précédente.12

« La conformité ne se limite pas uniquement à éviter le risque. Elle porte aussi sur le
rendement de l’investissement. ».

Une étude canadienne des activités environnementales, un autre aspect de la conformité


commercial qui sera mis de l’avant dans le présent atelier (au chapitre 7.2), précise que les
avantages d’activités de « gestion de la chaîne d’approvisionnement verte » portent surtout
sur l’efficacité énergétique ainsi que le recyclage / la réutilisation des produits et de
l’emballage :
« Ainsi, 80 p. 100 des fabricants les plus performants ont observé une réduction de leurs
coûts de distribution ainsi qu’une amélioration de la fidélisation et de l’efficacité de la
distribution, et 90 p. 100 ont fait état d’une amélioration des processus de conformité. ...
Parmi les autres avantages commerciaux, mentionnons l’amélioration de la gestion des
risques, un plus grand accès aux marchés étrangers, une augmentation des ventes et une
plus grande différenciation dans les services de distribution. »

Page 6 of 9
Les avantages commerciaux diffèrent selon l’industrie manufacturière; par exemple, les
avantages les plus courants pour de l’électronique industrielle étaient la fidélisation de la
clientèle.

Pour les fabricants de produits de consommation, il s’agissait des processus de conformité.


Des rapports similaires du même sondage de 2008 s’adressent aux chaînes de détail et aux
biens de consommation courante, ainsi qu’aux services de logistique et de transport.

LES COÛTS DE LA NON-CONFORMITÉ

Mêmes les entreprises expérimentées commettent des erreurs lorsqu’elles se conforment à


la réglementation commerciale, surtout aux règlements douaniers. Le sondage international
du Aberdeen Group auprès de 340 exportateurs et importateurs (pour la plupart de grande
taille), a révélé que même les entreprises les plus performantes font des erreurs et que leurs
expéditions sont détenues aux douanes :

Fourchette Moyenne
industrielle =
49 % moyen
% de commandes internationales exécutées 4,6%-25,7% 9,2%
comportant des erreurs de conformité commerciale
% de demande de licence (ou permis) de douane 0,6%-6,5% 2,4%
refusées au début en raison d’erreurs
% d’expéditions à l’importation détenues aux douanes 2,2%-9,4% 3,4%
% d’expéditions à l’exportation détenues aux douanes 0,7%-6,7% 1,7%
% d’expéditions internationales dont les droits n’ont 2,2%-11% 2,6%
pas été réglés correctement.

La non-conformité, même si elle est involontaire, peut entraîner des pénalités.

Le Régime de sanctions administratives pécuniaires (RSAP) de l’ASFC encourage la


conformité « volontaire » à ses règlements par l’imposition de sanctions en cas
d’inobservation.

Les pénalités sont proportionnelles aux types d’infractions, à leur gravité et à la leur
fréquence.

Les pénalités mentionnées dans l’analyse de l’ASFC précisent des pénalités d’une valeur
moyenne de 100 à 300 $ pour des infractions mineures mais fréquentes, des pénalités
supérieures à 9 000 $ pour de fausses représentations et jusqu’à près de 2 500 $ pour ne
pas avoir obtenu de permis d’exportation.

Page 7 of 9
Certains coûts liés à l’inobservation sont moins immédiats. Si, après avoir exporté des
marchandises en franchise de droits dans le cadre de l’ALENA, l’exportateur fait échec à une
vérification de l’ASFC et que les marchandises sont ultérieurement privées de la franchise de
droits, l’exportateur doit informer les clients canadiens ou étrangers que les marchandises
n’ont pas été admises.

Les clients qui ont acheté et importé les marchandises en franchise de droits doivent ensuite
signaler l’erreur de déclaration à leurs propres représentants des douanes et rembourser les
droits et taxes plus l’intérêt pouvant aller jusqu’à quatre ans. Les dommages qu’en subissent
la réputation et les relations avec les clients peuvent être catastrophiques.

PRINCIPAUX ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX


Plusieurs organismes gouvernementaux canadiens sont responsables de réglementer les
exportations, notamment :

l’Agence des services frontaliers du Canada

l’Agence canadienne d’inspection des aliments

Environnement Canada

Santé Canada

PRINCIPAUX ENJEUX EN MATIÈRE DE CONFORMITÉ D’IMPORTATION

1)- Enjeux liés aux produits

 Propriété intellectuelle
 Salubrité des aliments
 Sécurité des produits de consommation
 Contrôles à l’importation
 Contrôles à l’exportation
 Normes industrielles

2)- Enjeux en matière de conformité douanière

 Classement
 Évaluation
 Règles d’origine

3)- Enjeux logistiques

Page 8 of 9
 Programmes de sécurité
 Matières dangereuses

4)- Enjeux financiers et autres

 Fiscalité
 Environnement
 Conservation de documents

Il existe de nombreuses autres questions de conformité commerciale, telles que la


conformité relative à la fermeture et au marquage des conteneurs d’expédition, l’utilisation
des bons taux de change, etc. Ce sont cependant les fournisseurs de services, dont les
transitaires et les courtiers en douane, qui les règlent au nom de l’importateur ou de
l’exportateur.
D’autres questions sont plus rares, les règlements en matière de lutte contre la corruption
par exemple, ou ne sont importantes que lorsqu’on importe des marchandises de certains
pays.

Ll’importateur doit en être conscient car c’est à lui que revient la responsabilité d’assurer la
conformité plutôt qu’au fournisseur de services.

Toutes les compagnies doivent bien sûr observer de nombreuses questions de conformité
non reliées au commerce international, dont la fiscalité, la santé et la sécurité des employés,
les rapports statistiques.

Page 9 of 9

Vous aimerez peut-être aussi