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Chapitre 3 : La gestion de la trésorerie

Toute entreprise commerciale ou industrielle opère chaque mois des achats, des ventes, des
paiements, des versements. Elle reçoit aussi de l’argent, paie ses salariés, rembourse des
emprunts etc… Toutes ces opérations donnent lieu à des encaissements et à des
décaissements. Le résultat de ces deux opérations nous donne la trésorerie disponible pour la
société.
Définition : La trésorerie représente l’argent disponible une fois les recettes encaissées et
les dépenses décaissées. Tout est exprimé en intégrant la TVA donc en TTC

Pourquoi faire de la gestion de trésorerie ?

- Tient compte des délais de paiement


- Etudier l’impact du BFR et du cycle d’exploitation sur la trésorerie disponible chaque
mois (ce que ne font pas le bilan et le CR).
- Prévoit les besoins de financement ou au contraire les excédents de trésorerie à court
terme. C’est donc un moyen d’optimiser la gestion de trésorerie et d’éviter le risque de
liquidité
- Choisir le mode de financement ou de placement le plus adéquat pour la trésorerie de
la société.

Section 1 : Les composantes de la trésorerie

La trésorerie est composée de décaissements et d’encaissements provenant de sources


différentes.

a) Les encaissements.

 Ventes de marchandises, de produits finis etc… (comptant ou crédit)


 Acomptes et avances versés
 Subventions d’exploitation et d’investissement
 Emprunts et prêts
 Produits financiers
 Cessions d’actif
 Augmentation de capital en numéraire
 TVA à recevoir

Bref, tout ce qui fait entrer de l’argent.

b) Les décaissements

 Achats comptant ou crédit


 Services extérieurs
 Impôts et taxes
 Charges de personnel
 Charges financières
 TVA à payer

Bref, tout ce qui entraîne une sortie d’argent.


Remarque : Notons tout de suite que la trésorerie se moque de la distinction bilan/compte de
résultat. Ce qui l’intéresse, c’est ce que l’entreprise reçoit et verse chaque mois, peu importe
si l’opération provient du bilan ou du compte de résultat.

Tous les décaissements et encaissements sont enregistrés dans un compte « Banque » en


comptabilité (n°512). Les encaissements sont des débits et les décaissements sont des crédits.

Section 2 : La gestion de trésorerie

Deux situations peuvent se présenter et demander de prendre des décisions importantes pour
ne pas déséquilibrer la situation de l’entreprise
Une bonne gestion de trésorerie revient à avoir un solde proche de 0. Cela permet au FR de
financer le cycle d’exploitation sans difficultés, permet donc l’insuffisance de ressources
durables et permet d’éviter le financement excessif (argent immobilisé pour rien qui rapporte
peu + FR trop élevé qui représente dans le long terme un coût puisqu’il faut rembourser).
En général, pour avoir une gestion optimale et prendre de bonnes décisions, il faut établir un
« budget de trésorerie ».

a) Trésorerie excédentaire ou positive

Dans ce cas, les encaissements sont supérieurs aux décaissements. On dit que le solde du
compte banque est « débiteur » puisque le débit > crédit. On a eu plus d’entrées d’argent que
de sortie. Cela veut aussi dire que le FR > BFR (cf chapitre précédent)

La firme doit alors se poser la question de l’utilisation de cet excédent de trésorerie. Plusieurs
possibilités s’offrent à elle :
- Remboursement de dettes à l’avance
- Financer de nouveaux investissements
- Paiement de fournisseurs au comptant sous escompte (environ 3%).
- Placement : Quel type de placement ? Quel montant ? Quelle durée ?

Intéressons-nous à la dernière possibilité : le placement.


Il se fait en tenant compte de deux critères : la rentabilité du placement et son risque.
Il en existe beaucoup :

- Placement en valeurs mobilières : actions, obligations (certificat de dépôt)


- Placement sous forme de fonds bloqués (compte épargne): dépôts à terme (dépôt qui
ne peut être retiré qu’après un certain temps, 1 mois minimum, avec un taux fixé à
l’avance et générant des intérêts élevés) ou dépôt à vue (moins rémunérés).
- Placements en OPCVM (organisme de placement collectif en valeurs mobilières) :
placement dans un organisme dont l’activité est d’investir sur les marchés financiers
avec l’épargne de ceux qui ont apporté les fonds. Les placements se font en VMP ou
en autres instruments financiers. Ils gèrent nos capitaux et investissent pour nous.

Intérêts des placements :

- Moyen de générer des intérêts.


- Epargne disponible et sécurisée.
b) Trésorerie négative ou déficitaire

Dans ce cas, les encaissements sont plus petits que les décaissements et le solde du compte
« banque » est créditeur. On parle simplement de « découvert bancaire ». Cela signifie aussi
que le FR < BFR : vous n’avez pas les ressources pour financer votre cycle d’exploitation.

La firme doit trouver des financements autres que ses ressources durables, insuffisantes pour
financer le cycle d’exploitation. Ces modes de financement ont tendance à faire diminuer le
BFR ou augmenter le FR. Dans le paragraphe suivant, nous verrons les autres moyens pour
améliorer la trésorerie hors financements.

- Modes de financement à court terme :


 Crédits de trésorerie : facilité de caisse (découvert court terme, périodique),
découvert bancaire (concours bancaires permanents), crédits spot (très courte
durée, une entreprise établit un document financier qu’elle remet à sa banque
contre versement des fonds en contrepartie d’un taux d’intérêt), Avance à
terme fixe (emprunt inférieur à 1 an dont le taux d’intérêt et l’échéance sont
fixés à l’avance  Baisse du BFR
 Escompter des créances : établissement de lettre de change pour les
escompter.  Baisse du BFR
Ces deux solutions posent évidemment un problème de renouvellement qui rend
dépendante la firme des banques et ils sont assez coûteux.
 Titres de créances négociables : obligations ayant la forme juridique d’un
billet à ordre négociés sur un marché réglementé et détenus par des institutions
financières spécifiques et non par le particulier lui-même. Son montant est
supérieur à 150.000€. On retrouve les billets de trésorerie (durée de vie de 1
jour à 1 an, émis par les entreprises)  Baisse du BFR
 Affacturage : un factor (établissement spécialisé) avance à l’entreprise ses
créances (QUE les factures) contre rémunérations, appelées « commission
d’affacturage » (couverture du risque d’impayés, gestion des factures), des
frais de dossier et une commission de financement (taux d’intérêt qui marche
comme un taux d’escompte).  Baisse du BFR
 Le financement bancaire des créances : remise de créances à la banque qui
nous avance les fonds, sous forme de crédit ou d’autorisation de découvert. On
appelle cela la « cession Dailly ». Il suffit de remplir un simple bordereau
Dailly. Elle concerne toutes les créances professionnelles. Son coût est plus
élevé que le découvert mais plus faible que l’affacturage (le risque d’impayé
reste à la charge de l’entreprise). Cette cession se fait sous paiement d’intérêts,
de commissions.  Baisse du BFR

- Modes de financement à moyen- long terme :


 Emprunt classique : Hausse du FR
 Emprunt obligataire classique : Hausse du FR
 Titres de créances négociables : obligations ayant la forme juridique d’un
billet à ordre négociés sur un marché réglementé. Son montant est supérieur à
150.000€. On retrouve les bons à moyen terme négociable (durée de vie
supérieur à 1 an, émis par les entreprises)  Hausse du FR
c) Gestion optimale de la trésorerie : Ajustement du BFR et du FR

Un moyen très simple pour gérer de manière optimale la trésorerie (pour qu’elle soit proche
de 0) est d’agir directement sur le FR et/ou sur le BFR. Nous avons déjà un peu étudié ce sujet
dans le chapitre précédent mais développons.

Nous ne nous intéresserons que sur le cas où la trésorerie est négative. Lorsqu’elle est
positive, nous avons déjà vu comment utiliser l’excédent.

 Cas où la trésorerie est négative : outre les financements externes étudiés dans le
paragraphe précédent, la firme peut aussi essayer d’agir sur son FR ou sur son BFR
pour la ramener à 0.

 Agir sur le FR : il faut alors l’augmenter.


 Augmenter les fonds propres : augmenter le capital,
mettre plus de résultat en réserve (verser moins de
dividendes)
 Augmenter les dettes de long terme (avances des
associés, prêts de la maison-mère)
 Réduire les immobilisations (corporelles, incorporelles,
financières) : se séparer des immobilisations non
stratégiques.

 Agir sur le BFR : il faut le diminuer


 Diminuer les stocks (volume ou coût d’évaluation 
changer de méthode de valorisation des stocks, écouler
plus rapidement les stocks par promotions, flux tendus),
les en-cours de production (en diminuant le délai de
production)
 Verser des acomptes aux fournisseurs.
 Réduire le délai des créances clients : accorder des
escomptes, éviter créances douteuses, changer la
clientèle, changer conditions de vente
 Céder ses valeurs mobilières de placement
 Allonger le délai de paiement des fournisseurs (même si
délicat dans la réalité)
 Demander des acomptes aux clients avant la livraison.

La société peut calculer plusieurs ratios qui peuvent l’aider à prendre de bonnes décisions et
à savoir quelle solution adopter :

- Délai moyen de règlement des clients :

Il indique le nombre de jours qui sépare la livraison d’un bien ou l’exécution d’un service de
l’encaissement de la créance. Plus il est élevé, plus il aura un impact négatif sur le BFR. En
général, la société prend la moyenne des créances sur l’année.
- Délai moyen de règlement des fournisseurs :

Les achats ne comprennent pas les immobilisations puisque les dettes fournisseurs excluent
celles-ci (pas prendre dettes sur immos)
Il indique le nombre de jours moyen qui sépare la livraison d’un bien ou l’exécution d’un
service du paiement de la dette. Plus il est élevé, moins il aura d’impact sur le BFR.

- Délai moyen de rotation des stocks : Il en existe plusieurs selon que l’on s’intéresse
aux marchandises, aux matières premières ou aux produits finis.
Il indique le nombre de jours moyen où un article reste en stock c’est-à-dire le nombre de
jours moyen entre le moment où il entre et le moment où il en sort.

 Délai de rotation des stocks de marchandises =

 Délai de rotation des matières premières =

 Délai de rotation des produits finis =

Avec stock moyen =

Il faut absolument éviter d’analyser le délai de rotation des stocks à l’état brut, comme tel. Il
est important de le comparer aux autres entreprises du secteur et de l’analyser conformément
à la durée du cycle d’exploitation (un cycle long engendre des délais plus élevés).
Evidemment qu’une rotation faible est un indice de bonne performance économique.
Remarque : la logique de toutes les formules de délai est un produit en croix (EXPLIQUER
AUX ETUDIANTS POURQUOI).

De plus, vous voyez que ces délais sont fondamentaux pour la firme qui désire prendre de
bonnes décisions sur le financement de son cycle d’exploitation. Elle peut savoir si ce sont ses
dettes ou ses créances qui sont payées en premier et donc savoir sur quelle variable agir. Si
ses créances ont un délai supérieur à ses dettes, dans ce cas, elle a intérêt soit à allonger la
durée de ses dettes, soit réduire celle de ses créances. Dans les deux cas, l’objectif est de
baisser le BFR pour accroître la trésorerie.

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