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L’industrie
de la plasturgie
N° 768 – JANVIER 2016 – 5,20 €
10 36
© Philippe Castano pour l’INRS
13
Industrie chimique
par excellence,
la plasturgie est confrontée,
© Philippe Castano pour l’INRS
04 ACTUALITÉS 13 DOSSIER
n TPE-PME dans l’Union européenne. OiRA : des outils L’industrie de la plasturgie
d’évaluation des risques en ligne
n Enquête. Le spleen des cadres 14. À chaud ou à froid, un premier bilan
n Commerces. Une recommandation contre les risques 17. Injecter la prévention
liés à la mise en rayon
en phase de conception
n Conseil d’orientation des conditions de travail.
Le Plan santé au travail 2016-2020 est lancé 20. La lutte contre les TMS,
un projet à long terme
22. Attaquer les risques à la racine
24. Le styrène n’a qu’à bien se tenir
10 LE GRAND ENTRETIEN
Yves Roquelaure, responsable du Laboratoire
d’ergonomie et d’épidémiologie en santé
au travail au CHU d’Angers 26 PERSPECTIVES
« Les questions de santé Technologies. Quand l’EPI
au travail sont plus complexes » devient intelligent
40
Tél. : 01 40 44 30 00. Fax : 01 40 44 30 41.
Dépôt légal 1950-9005. ISSN 0373-1944.
www.travail-et-securite.fr – www.inrs.fr
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Travail & Sécurité. Pourquoi s’appuie sur un outil néerlan- nels, qui développe les décli- d’inspections, d’information ou
proposer des outils en ligne dais d’évaluation des risques naisons sectorielles d’OiRA et de sensibilisation, etc. Lors du
pour l’évaluation des risques qui a fait ses preuves. Il per- les propose aux TPE-PME. Nous déploiement de stratégies de
aux TPE-PME dans l’Union met aux partenaires sociaux avons concentré nos efforts sur prévention aux niveaux natio-
européenne ? sectoriels (organisations d’em- les secteurs suivants : garages naux, ces outils peuvent être
n Lorenzo Munar, chargé ployeurs et de salariés) et aux automobiles, transport routier utilisés avec d’autant plus de
de projet pour l’EU-Osha 1. autorités nationales (États, et restauration traditionnelle. facilités qu’ils sont proposés
Depuis l’adoption et la trans- inspections du travail, instituts Ces trois outils ont été dévelop- aux TPE-PME dans le cadre de
position dans les droits natio- de santé au travail) de produire pés en collaboration avec les ces actions.
naux de la directive cadre des outils d’évaluation spéci- organisations professionnelles n M. M. Pour la France, par
européenne sur la santé et fiques ciblant les petites entre- des professions visées. exemple, les outils font partie
la sécurité au travail 2, l’éva- prises. Près d’une centaine d’un ensemble de supports
luation des risques est consi- de déclinaisons sectorielles Comment s’assurer que destinés aux TPE de ces pro-
dérée comme un élément clé ou nationales d’OiRA sont ces outils seront utilisés fessions (dépliant de mobilisa-
dans la prévention des risques actuellement en ligne ou en à grande échelle par les tion, page web d’information,
professionnels sur l’ensemble cours de développement. Elles patrons de PME et les arti- fiches pratiques). Ces offres
de l’Union. Or de nombreuses sont disponibles pour tous, sans concernés par l’évalua- ont été développées en colla-
études montrent que les TPE mais sont développées pour tion des risques dans leur boration avec la direction des
ont du mal à se conformer à des secteurs d’activités spé- entreprise ? risques professionnels de la
cette obligation, qu’elles jugent cifiques, et dans la langue de n L. M. Ces outils ne consti- CnamTS et les Carsat, dans le
complexe. Les outils OiRA 3, leur pays d’origine. À ce jour, tuent pas une fin en soi, mais cadre des programmes natio-
disponibles gratuitement sur seize pays ont déjà participé, bien une aide à la mise en naux visant les TPE de ces sec-
internet et faciles à utiliser, en proposant des déclinaisons place de l’évaluation et de teurs. n
visent à proposer une éva- d’OiRA. Une dizaine d’outils mesures de prévention dans 1. Agence européenne pour la
luation des risques, à la fois sectoriels, rédigés en anglais, les TPE-PME de l’Union. Ils sécurité et la santé au travail. Pour en
simple et effective, aux TPE- concernent l’ensemble de sont d’autant plus utilisés, et savoir plus : https://osha.europa.eu/fr.
PME dans l’Union européenne. l’Union. La France, avec l’INRS efficaces, quand ils accom- 2. Directive n° 89/391/CE du Conseil
du 12 juin 1989 visant à promouvoir
notamment, est très active sur pagnent des politiques natio-
l’amélioration de la santé et de la
Comment s’organise l’offre les outils développés. nales ou sectorielles de pré- sécurité au travail.
des outils OiRA : par pays, n Marc Malenfer, chargé de vention des risques. Un certain 3. OiRA : Online interactive risk
par secteurs d’activité… ? mission TPE-PME à l’INRS. nombre d’États membres les assessment (évaluation des risques
n L. M. Le logiciel OiRA, déve- Pour la France, c’est l’INRS, en utilisent déjà comme une aide interactive en ligne). Pour en savoir
plus : www.inrs.fr/oira.
loppé par l’EU-Osha depuis lien avec le réseau Assurance à l’évaluation des risques,
2009 et utilisé depuis 2010, maladie-risques profession- en lien avec des campagnes Propos recueillis par A. B.
C
Le CNPA, la FNAA 1, la CnamTS et
ompliqué d’être un cadre à 66 % se disent non associés aux décisions
l’INRS ont signé une convention
l’heure actuelle… C’est ce qui stratégiques, et cela même au niveau de
de partenariat intitulée « Chargé
ressort d’une enquête réalisée leur service ou département pour 40 %
de mission TPE Garages » pour
par TNS Sofres pour la CFDT d’entre eux.
la période 2016-2017. Objectif :
Cadres 1. En effet, près d’un cadre Enfin, s’ils estiment en majorité avoir les
mener une expérimentation
sur deux s’estime perdant dans son « deal moyens de s’adapter aux changements, d’accompagnement et d’appui
avec l’entreprise ». Plus précisément, 46 % les cadres se montrent assez sévères sur auprès des très petites
d’entre eux estiment que le bilan entre leur la gestion et l’anticipation des transfor- entreprises de la réparation
investissement et ce qu’ils obtiennent de la mations au sein de leur organisation. Ils automobile. Après la création
part de leur entreprise est déséquilibré. En sont 64 % à affirmer que les changements d’un espace dédié (www.inrs.fr/
revanche, les cadres sont plutôt satisfaits ne sont pas bien anticipés par les entre- garages), cet accord prévoit
des marges de manœuvre dont ils dis- prises. L’impact du digital sur leur travail le déploiement de dix chargés
posent. Mais plus d’un tiers déplorent tou- est diversement perçu par les cadres, mais de mission (cinq pour le CNPA,
tefois un manque d’autonomie dans la fixa- quatre sur dix ne se sentent pas accompa- cinq pour la FNAA) qui visiteront
tion des rémunérations de leurs équipes, gnés par leur entreprise ou administration les garages de plusieurs régions
la définition de leurs propres objectifs et (surtout dans le public). afin de les accompagner dans
les interlocuteurs avec lesquels travailler. Leurs attentes pour mieux vivre leur travail leur démarche de prévention.
sont nombreuses et s’articulent autour de
la reconnaissance (76 %), du développe-
ment des compétences ou de l’expertise
(74 %) et de l’équilibre vie professionnelle-
vie privée (73 %). Enfin, les cadres ont une
attente très claire vis-à-vis des syndicats :
négocier avec la direction de leur organi-
07 NORMANDIE
ILE-DE- ALSACE
PAYS
DE LA LOIRE CENTRE
BOURGOGNE
FRANCHE-COMTÉ
RHÔNE-ALPES
AQUITAINE
L
LES RÉGIONS
a manutention et la manipulation à 400 m2, c’est-à-dire les supermarchés et
n ALSACE-MOSELLE manuelles des produits lors de leur les hypermarchés. « Ce qui inclut les drives,
La Carsat Alsace-Moselle a mise en rayon dans le secteur du qui seront dans les mêmes codes risques à
décerné les trophées de son commerce de détail peuvent générer partir de janvier 2016 4 », souligne-t-il. Les
concours sécurité au début des accidents du travail et des mala- entreprises d’intérim, les sous-traitants et
du mois de décembre dernier. dies professionnelles. Forte de ce constat les fournisseurs effectuant de la mise en
L’objectif est « d’honorer des l’Assurance maladie a rédigé et publié la rayon dans ces établissements sont aussi
acteurs d’entreprises méritants recommandation R478, « Mise en rayon - concernés. En revanche, le texte n’inclut
en matière d’hygiène, de sécurité prévenir les risques liés à la manutention pas les étals de fruits et légumes, ni les
et de conditions de travail ». manuelle » 1, entrée en vigueur le 1er janvier stands de vente traditionnelle.
Ce palmarès distingue dernier. « Elle propose des mesures de pré- Au-delà du texte, c’est une action coordon-
les réalisations individuelles vention à caractère technique, organisation- née qui est mise en place par l’Assurance
et collectives en matière de nel ou individuel permettant de réduire les maladie, avec des échéances précises. La
sécurité, les actes de sauvetage
risques auxquels sont exposés les salariés mise en œuvre a débuté le 1er janvier 2016,
ou encore les personnes
lors de la mise en rayon », résume Vincent avec pour objectif de faire réaliser à toutes
dont l’engagement en faveur
Corlier, ingénieur-conseil à la Cramif et cor- les enseignes un état des lieux au premier
de la prévention est exemplaire.
respondant national des enseignes, qui a trimestre. « La planification des mesures
Au total, 326 diplômes et
5 médailles ont été décernés.
présenté le texte lors d’une journée dédiée à sera établie en fonction des résultats de
sa mise en œuvre, organisée par la CnamTS l’évaluation des risques propres à chaque
n CENTRE-VAL-DE-LOIRE le 25 novembre 2015. établissement et de la capacité de déploie-
Depuis le début du mois de Les salariés concernés par la mise en ment des mesures de prévention définies
novembre 2015, la Carsat Centre rayon sont principalement exposés à des par une enseigne », précise le texte. « Elle
a officiellement pris le nom contraintes articulaires pour le rachis (tronc devra être adaptée également au contexte
de Carsat Centre-Val-de-Loire. penché), les épaules (bras tendus en avant local du magasin, souligne Vincent Corlier.
Cette évolution vise à faire ou en hauteur), les poignets (flexion-exten- La plupart des objectifs sont déjà atteints
coïncider l’appellation de
sion), les genoux (appui sur les genoux, par de nombreux établissements. » Un
l’organisme avec celle de la
position accroupie) et à des contraintes mus- point sera fait en juin 2016. Les enseignes
région, qui constitue sa zone
culaires liées à des efforts importants. Outre devront élaborer un plan de suppres-
de compétence territoriale.
ces risques de troubles musculosquelet- sion progressive de la dépote au sol, qui
À l’instar de toutes les Caisses
tiques (TMS), des risques de chute d’objets devra être intégralement respecté au
régionales d’assurance retraite
et de la santé au travail,
et de chute de hauteur sont aussi à prendre 31 décembre 2017. Le CTN D s’était de son
la Carsat Centre-Val-de-Loire en compte. C’est l’ensemble de ces risques côté engagé à communiquer sur ce texte
exerce trois missions parmi qui sont visés par cette recommandation. auprès des entreprises et des partenaires
lesquelles la prévention sociaux avant la fin du second semestre
des risques professionnels. Drives inclus 2015. n
L’adresse de son site internet Le projet de recommandation a été initié en 1. En savoir plus : le texte intégral est téléchargeable
reste www.carsat-centre.fr. 2012, dans un contexte de forte augmen- sur le site www.ameli.fr.
tation des TMS. Après trois ans de travail 2. « L’évaluation des risques liés à la manutention
n CENTRE-VAL-DE-LOIRE avec les partenaires sociaux et les repré- manuelle des charges au poste d’encaissement
Une présentation du logiciel dans les hypermarchés et supermarchés – Limites
sentants des employeurs, le texte a été
Seirich – pour Système pratiques permettant de diminuer les risques dus aux
adopté en avril 2015 à l’unanimité par le manutentions manuelles ». Cette recommandation,
d’évaluation et d’information sur
comité technique national des services, applicable aux supermarchés et aux hypermarchés,
les risques chimiques en milieu a été adoptée par le CTN D en 2008.
commerces et industries de l’alimentation
professionnel – sera organisée
en région Centre-Val-de-Loire
(CTN D). « Cette recommandation s’inscrit 3. « Limites pratiques permettant de diminuer
dans la continuité des précédentes adop- les risques dus aux manutentions manuelles
à Orléens le 17 mars prochain. de produits ou colis palettisés au-delà de 1,80 m
Son objectif est de faire tées par le secteur de la grande distribu- (hauteur s’entendant support et chargement) ».
connaître l’outil à ses utilisateurs tion, telle que la R440 2 et la R461 3 », pré- Cette recommandation, applicable aux
potentiels : entreprises, cise Vincent Corlier. Elle est en adéquation supermarchés et aux hypermarchés, a été adoptée
par le CTN D en 2011.
collectivités, services de santé avec les autres programmes de prévention,
4. Correspondant aux numéros de risques Sécurité
au travail, etc. Pour tout et notamment le programme TMS Pros.
sociale : hypermarchés 52.1FA et supermarchés
renseignement et la liste des Elle s’applique aux commerces de détail non 52.1DA. Leurs codes NAF respectifs sont 4711F
villes où ce logiciel sera présenté : spécialisés à prédominance alimentaire et 4711D.
www.carsat-centre.fr. et dont la surface de vente est supérieure K. D.
L’IMAGE DU MOIS
La Zac de Clichy-Batignolles se déploie sur 54 hectares au Nord
de Paris. Ce nouveau quartier, actuellement en construction, mixera
logements, commerces et bureaux. C’est là que le nouveau Palais
de justice de Paris sera installé, mais également le fameux
« 36, quai des Orfèvres », la direction régionale de la police judiciaire.
25 grues ont été déployées sur le chantier et, sur recommandation
de la Cramif, un système de gestion des interférences avec logiciels
de supervisions des grues a été mis en place afin de limiter
les risques liés à la coactivité. Cet outil permet également
de coordonner au mieux les livraisons des camions dans une zone
où la circulation est un problème récurrent.
© Gaël Kerbaol/INRS
L
Une chaise de bureau qui sert
e Plan santé au travail (PST 3) et en sécurité au travail à renforcer :
d’échelle, un tournevis de burin
pour la période 2016-2020 1
a l’évaluation des risques et la planifica-
ou du solvant pour se laver
les mains… L’utilisation détournée
été adopté par le Conseil d’orien- tion de la prévention (notamment dans
des équipements provoque
tation des conditions de travail les TPE-PME) ; la formation initiale et
souvent des accidents. (Coct) sous la présidence de continue en santé et sécurité au travail,
L’assurance accident allemande Myriam El Khomri, la ministre du Tra- et en management de la prévention ; et
a lancé une campagne vail, de l’Emploi, de la Formation pro- les actions d’information et de commu-
en direction des écoles fessionnelle et du Dialogue social, le 8 nication autour de la prévention. n
professionnelles. Destinée décembre dernier. Ce plan comprend 1. Sur les grandes orientations du PST 3, lire
aux apprentis, elle a pour slogan : trois axes (les deux premiers étant qua- « L’approche positive du travail, facteur de santé »,
lifiés de « stratégiques », le troisième de Travail & Sécurité n° 759, mars 2015, p. 8.
« Une formation top niveau
= sécurité + respect des règles « support ») : 2. En médecine, la prévention « primaire » consiste
à éviter l’apparition des risques pour
+ qualité ». • prévention « primaire » 2 et culture de
la santé ou la sécurité, ou à en limiter les facteurs
prévention ; à la source.
n BELGIQUE
• q ualité de vie au travail, maintien en A. B.
Une loi approuvée à la fin du mois
emploi et performance ;
de novembre 2015 modifie
le financement, par les
• d ialogue social et système d’acteurs.
entreprises, des services Le premier axe, qui donne la priorité à En savoir plus
externes pour la prévention la prévention et au développement de n HTTP://travail-emploi.gouv.fr/actualite-
et la protection au travail la culture de prévention dans les entre- presse,42/communiques,2138/adoption-
auxquels elles ont recours. prises et auprès des travailleurs, vise du-3eme-plan-sante-au,19096.html.
Au-delà des simples questions notamment à aider les acteurs en santé
de tarification, il s’agit de mieux
prendre en compte la prévention
des risques en rapport avec
CONFLITS INTERGÉNÉRATIONNELS
le bien-être au travail. 7 salariés français sur 10 concernés
n ESPAGNE Le vieillissement de la population en Europe est un phénomène social qui se rencontre
Le syndicat CCOO (Confederación aussi dans le milieu professionnel. L’association au sein des entreprises de jeunes salariés
sindical de comisiones obreras) et de collaborateurs plus âgés est une réalité en constante augmentation. La société ADP,
a lancé une campagne visant spécialisée dans les ressources humaines, s’est penchée sur le sujet au travers
à mieux prévenir les maladies d’une enquête qu’elle a fait réaliser dans huit pays européens 1. Il en ressort une part
liées à l’amiante et à mieux importante de conflits
prendre en compte celles intergénérationnels au travail : 71 %
d’origine professionnelle, des salariés français estiment être
notamment chez les seniors. confrontés à ce type de problème.
En effet, selon cet organisme, Des désaccords qui s’expliquent par
seuls 2 % des cas seraient les différences de valeurs, de modes
reconnus comme maladies de travail et de compétences entre
professionnelles, alors que les générations. Néanmoins,
75 % des cas de mésothéliome l’incompréhension n’est pas totale.
© Gaël Kerbaol/INRS
Avez-vous le sentiment que certains phé- gagner en productivité, ce qui limite les possi-
nomènes, tels que l’hyperconnectivité et bilités de reclassement en interne. Du coup, le
la difficulté à « décrocher » de son travail, maintien dans l’emploi se fait dans d’autres entre-
contribuent à cette poussée des risques psy- prises, avec souvent une perte de salaire. Les
chosociaux ? questions de vieillissement au travail sont donc
Y. R. Les risques psychosociaux concernent les plus difficiles à gérer, surtout pour certains corps
employés comme les cadres, dans tout type d’acti- de métiers (métiers peu qualifiés, travailleurs de
vité. Nous voyons effectivement des salariés qui nuit…). Le travail est d’ailleurs perçu comme de
n’arrivent pas à décrocher de leur travail, mais ce
que l’on constate surtout c’est une déshumanisa-
tion des rapports au travail. Je vois des gens bles-
sés par des mails. Des collègues qui ne se parlent
plus. C’est le règne de l’instantanéité. À mon sens,
Il est indispensable d’initier
on ne laisse pas assez de temps à la réflexion col- une réflexion sur les parcours
lective dans nos organisations, notamment sur le professionnels : on ne peut
contenu et les critères de qualité du travail. Et on
en demande toujours plus aux salariés. Dans tous pas faire la même chose
les secteurs, le stress augmente. à 20 ans et à 65 ans.
Avec une population active qui vieillit, de
nouvelles questions se posent.
Y. R. Nous constatons effectivement qu’il y a une plus en plus excluant. En consultation, beaucoup
difficulté croissante pour les seniors à se mainte- de travailleurs font état d’une pression qui s’est
nir dans certains emplois. Avant, quand les tra- accrue : « Il faut toujours être au top. » Celui qui
vailleurs vieillissaient, la progression sociale au ne l’est plus se retrouve souvent isolé, car il y a
sein de l’entreprise faisait tampon en offrant, en une forme d’individualisation croissante des rela-
fin de carrière, des métiers physiquement moins tions de travail. Le salarié se retrouve davantage
difficiles. Ainsi, il existait des postes « doux », où seul quand il a un souci. Du coup, on assiste à une
l’on pouvait placer les personnes en difficulté. Ces médicalisation des rapports sociaux, à un trans-
postes ont pour beaucoup été externalisés pour fert de problématiques sociales vers le médical : le
➜
travail & sécurité – n° 768 – janvier 2016
LE GRAND ENTRETIEN
12
médecin, souvent le médecin traitant d’ailleurs, se voit depuis une dizaine d’années l’État faire des
retrouve l’interlocuteur de problématiques telles tentatives dans ce sens avec des plans de santé
que le harcèlement qui avant étaient davantage au travail. Ceux-ci visent à intégrer les actions
prises en charge directement par les syndicats, effectuées par les entreprises dans une politique
les collectifs de travail, etc. générale de santé au travail, s’inspirant de ce qui
Mais s’intéresser au problème du vieillissement est fait en santé publique. Avec une organisation
sous le seul prisme des seniors serait insuffisant du travail devenue plus souple, plus floue et plus
et problématique à terme, comme l’a montré le imprévisible, les questions de santé au travail
Centre de recherches sur l’expérience, l’âge et sont plus complexes pour tout le monde : les pré-
les populations au travail (Creapt). Il faut s’y inté- venteurs, les chefs d’entreprise et les salariés. La
resser dès le début de l’activité professionnelle médecine du travail, qui s’est elle-même fondée
et prendre en considération l’ensemble des par- sur des modèles organisationnels stables en voie
cours. Les jeunes aujourd’hui peinent à accéder à de disparition, doit également s’interroger. Nous
des emplois stables, durables, de qualité et avec sommes dans une période de transition. La santé
des perspectives de développement. Et ils ont au travail doit être plus organisée et plus souple
davantage de tâches pénibles. pour s’adapter aux évolutions du monde du travail,
13
L’industrie
de la plasturgie
À chaud ou à froid,
un premier bilan
PRÉSENTS DANS DE NOMBREUX produits industriels, les plastiques recouvrent
une grande diversité de matériaux et leur fabrication une multitude de risques
professionnels. Outre les dangers liés aux produits chimiques, des risques
de nature variée font de la plasturgie un secteur particulièrement sensible.
A
vec 7 % des emplois sion, pour fabriquer un objet. sont parfois possibles. Sinon,
de l’industrie manu- Quant aux thermodurcissables, des mesures de protection col-
facturière en France, ils sont synthétisés par une lective voire individuelle doivent
la plasturgie repré- réaction chimique concomitante être mises en place », précise
sente un secteur à leur mise en forme dans des Cosmin Patrascu, expert en pré-
majeur, malgré une forte com- moules. La transformation de vention des risques associés
pétition internationale. Indus- ces derniers reste peu automa- aux polymères à l’INRS. Cette
tries automobiles, domaine tisée. Le procédé est utilisé dans situation se rencontre particu-
médical, mais aussi fabricants la production de pièces de séries lièrement dans la fabrication
d’équipements électriques et relativement réduites, comme le de thermodurcissables dont
électroniques, de matériaux de polyester insaturé pour la fabri- les procédés de moulages sont
construction, d’emballages… cation de piscines ou le nau- encore très manuels : l’expo-
Dans l’Hexagone, les utilisateurs tisme. sition des salariés à des subs-
de matières plastiques sont très
variés. Si l’on considère uni- Des risques chimiques
quement les entreprises pour très variés
lesquelles la transformation de Les polymères sont générale-
matières plastiques est l’activité ment considérés inertes à froid La prééminence
principale, plus de 115 000 sala- mais les additifs auxquels ils du risque chimique
riés sont concernés.
Les matières plastiques sont
peuvent être associés (anti UV,
retardateurs de feu, etc.) sont,
ne doit pas masquer
constituées de polymères et pour certains, potentiellement les autres risques.
d’additifs – solvants, stabilisants dangereux. C’est donc dès la
thermiques et UV, pigments, etc. fabrication des matières et le
Elles se répartissent principale- mélange de leurs composants
ment en deux catégories. D’un que l’exposition des salariés à tances dangereuses se retrouve
côté, les thermoplastiques, les des agents chimiques dange- à toutes les étapes, notamment
plus courants, qui sont défor- reux, dont certains sont cancé- en ce qui concerne les solvants.
mables et façonnables sous rogènes, mutagènes ou toxiques Concernant les thermoplas-
l’effet de la chaleur. De l’autre, pour la reproduction (CMR), peut tiques, c’est principalement
les thermodurcissables, synthé- apparaître. « Il est nécessaire de lors de la montée en tempéra-
tisés par une réaction chimique bien faire l’inventaire de tous les ture des produits, nécessaire à
lors de leur mise en forme. Les produits utilisés et des dangers la transformation des matières
thermoplastiques sont moulés, à associés. Des substitutions par plastiques, que les risques se
chaud et en général sous pres- des produits moins dangereux concentrent : des substances
dangereuses peuvent être et de processus industriels de REPÈRES « En savoir plus »). Par ailleurs,
émises sous forme de gaz. Il transformation des plastiques : lors de travaux de purge ou de
y a parfois des dégagements la nature et la quantité des pro- n 45 : c’est l’indice nettoyage des outils (buses,
d’aldéhydes dont le formal- duits dangereux émis, en géné- de fréquence des AT fourreaux, etc.), l’opérateur peut
déhyde, qui se trouve être un ral gazeux, sont très variables. dans les entreprises être exposé à ces substances
CMR. Ces substances peuvent L’INRS a donc développé un pro- de transformation gazeuses dangereuses.
être en majorité captées au sein tocole permettant de caractéri- des matières La prééminence du risque
des machines. Cependant, des ser les produits de dégradation plastiques. chimique dans la plasturgie ne
émanations résiduelles peuvent thermique pour aider les entre- n LA MOITIÉ des doit pas pour autant masquer
être relâchées dans les espaces prises à réaliser l’évaluation des accidents du travail les autres risques, également
de travail, notamment au niveau risques et à installer des moyens sont liés très présents, comme dans tout
des buses d’injection ou des de prévention efficaces, tels que à la manutention. secteur industriel. La prévention
têtes d’extrusion. « Mais il existe le captage à la source », précise Viennent ensuite du risque chimique ne constitue
une multitude de formulations Cosmin Patrascu (lire l’encadré les accidents d’ailleurs que l’un des quatre
du travail liés objectifs de la Convention natio-
aux machines nale d’objectif établie par la
et outillages à main, CnamTS avec la fédération de la
puis ceux causés plasturgie (lire l’encadré page
par les chutes. précédente « Les quatre enjeux
n 3 730 : c’est de la convention nationale
le nombre d’objectifs pour la plasturgie ») :
d’entreprises les TMS, les risques incendie-
de transformation explosion, le bruit généré par
des matières les machines de transformation
plastiques en France. des matières plastiques ou par
l’usinage, sont également des
Données 2013 et 2014,
CnamTS. risques importants dans ce sec-
teur.
Injecter la prévention
en phase de conception
L
orsqu’une usine démé- les matières premières dans les autres : la nécessité de mettre
nage après des dizaines presses à injecter, pilotées par aux normes et de conserver
d’années d’activité, elle des programmes et contrôlées l’ensemble des énergies (eau,
peut s’appuyer sur un par des salariés. Les produits électricité) et des systèmes
large retour d’expériences finis, sous forme de polymères d’aération, de récupération ou
pour optimiser sa nouvelle (polycarbonates, polyamides…), d’évacuation dont nous dispo-
implantation. Objectif : capita-
liser sur l’ensemble des ques-
tions ou remarques posées par
le fonctionnement de l’ancien De très nombreux points
établissement, corriger d’éven-
tuelles erreurs ou difficultés pas-
concernant la protection
sées et, bien sûr, mieux évaluer de la santé et de la sécurité
et prévenir les risques. « Notre des salariés ont été étudiés
ancienne installation, qui datait
de 1948, présentait de nombreux lors de la conception.
points de progrès en matière
de prévention des risques »,
explique Philippe Billet, direc-
teur de l’usine Massy-Plastique. pouvant contenir jusqu’à trois sons pour notre fonctionnement ;
Cette structure fabrique des types de plastiques différents mais aussi, une réflexion sur les
pièces plastiques par injection, (« tri-matières ») sont transportés moyens d’accès et de circula-
qui viennent ensuite équiper un en sortie des presses sur des tapis tion, le traitement des bruits, les
grand nombre de réalisations roulants. Les points de pollution risques liés aux manutentions
industrielles : compteurs d’eau ou les plus importants sont situés en manuelles ou aux chutes de hau-
d’énergie, systèmes de distribu- sortie des presses ou au niveau teur, les ambiances thermiques
tion ou de transmission, etc. (lire des buses d’injection, notamment et en particulier la chaleur
l’encadré « Faits & chiffres »). à l’occasion des phases de purge, dans l’atelier, à proximité des
La matière plastique que pro- puisque la matière sort à haute machines… » Dans l’ancien site,
duit Massy-Plastique est réali- température et à l’air libre. la Cramif avait effectué, avec le
sée à partir de monomères ou « Nous avions repéré des points concours de son laboratoire de
substrats souvent présents sous particulièrement contrain- toxicologie et de son centre de
forme de billes. Une centrale de gnants de l’activité, sur l’ancien mesures physiques, des mesures
distribution permet d’envoyer site, poursuit le directeur. Entre sur les polluants et le bruit.
cinq presses en moyenne, des les parties courbes) des pro- débits d’air entrant et sortant, qui
retardateurs d’interventions sont duits de la centrale de distribu- varient en fonction de la tempé-
en cours d’installation sur les tion aux presses… En tout, nous rature extérieure. » L’usine a fait
presses et les tapis pour créer des avons gagné entre 5 et 10 déci- appel à un laboratoire accrédité
stocks tampons. L’objectif étant bels sur l’ensemble de l’atelier », pour venir effectuer des mesures,
de limiter le chargement des indique le directeur. Les niveaux à la fin de l’année 2015, afin de
colis à une heure de production de bruits mesurés sur la nou- vérifier que les niveaux de pol-
de produits finis au maximum… velle installation atteignent en luants sont maîtrisés à proximité
Les chariots de manutention effet les 75 à 80 dB(A). « Pour les des postes de travail. « Il reste
manuels, fabriqués sur place, personnes qui restent exposées des émissions de polluants direc-
sont systématiquement tes- à des niveaux élevés (près de tement par les produits finis, qui
tés par les opérateurs avant 80 dB(A)), nous proposons des Si dans les nouveaux se situent au niveau des tapis de
leur mise en circulation géné- protecteurs individuels contre le locaux, les niveaux de sortie des presses. Nous envisa-
rale dans l’usine. « Le système bruit », ajoute Philippe Billet. bruit ont amplement geons aussi l’installation de dis-
de montage des chariots, très Lors de la phase de conception, baissé par rapport positifs d’aspiration localisée sur
à la précédente
simple 2, permet d’effectuer des l’usine s’est intéressée de près, installation, certaines ces points », note la responsable
évolutions souples, en lien direct avec l’aide de la Cramif, à la ven- personnes restent HSE.
avec les conditions de travail tilation des locaux et au captage exposées à des Il reste à trouver une solution pour
réelles », détaille Karine Marle. des fumées à la source : « Nous niveaux élevés les interventions en hauteur :
(près de 80 dB(A))
Des « points propreté », compre- avons opté pour un dispositif de malgré les différents
« Là, nous avons un problème,
nant les contenants, poubelles captage, au plus près des points équipements constate Karine Marle. Les fabri-
et produits d’entretien courants, d’émission des polluants que sont mis en place. cants de presses ne semblent pas
jalonnent l’usine. « Ils sont placés intégrer, dans leur conception
de manière à être visibles depuis des machines la question des
tous les postes de travail envi- interventions de maintenance,
ronnants, signale Philippe Billet. notamment celles en hauteur.
Ainsi, les postes et leur environ- Nous avons mis au point, avec
nement restent propres et acces- un fournisseur, une nacelle d’ac-
sibles à tous. Il s’agissait de l’un © Philippe Castano pour l’INRS cès avec garde-corps pour les
des points noirs de l’ancienne interventions (plusieurs fois par
usine que nous nous sommes jour) sur la base des machines,
efforcés d’éliminer. » à un mètre de hauteur environ.
En revanche, pour les interven-
Interventions tions (nettoyage, changement de
en hauteur pièces, etc.) plus rares, à trois ou
La limitation du bruit a fait aussi quatre mètres, nous travaillons
l’objet d’une revue de détail : avec une nacelle électrique. Vu
« Pour éviter de retrouver des que cette solution n’est guère
niveaux de bruit similaires à le formaldéhyde et l’acrylonitrile, pratique, nous sommes d’ailleurs
ceux de l’ancienne installation, c’est-à-dire au niveau des buses preneurs de toute idée intéres-
nous avons travaillé avec nos d’injection et de purge. Il est en sante… ». n
fournisseurs, lors de la prépa- cours de déploiement sur nos 1. À propos de la RSE, voir :
ration du chantier, sur plusieurs machines de plus gros tonnages, « Responsabilité sociétale – Entre bonnes
aspects : mise en place de revê- et sera installé sur l’ensemble pratiques et utopie réaliste ». Travail
tements absorbants (sols, murs) des presses à terme », souligne & Sécurité n° 738, avril 2013.
dans l’atelier, capotage de cer- le directeur de l’usine. « Pour la 2. « En pole position, même sur les
taines machines telles que les ventilation générale, nous dis- conditions de travail », Travail & Sécurité
n° 762, juin 2015. À consulter sur :
broyeurs ou les presses, utilisa- posons d’un système presque www.travail-et-securite.fr.
tion de pièces non métalliques convenable. Presque, car nous
pour la distribution (notamment devons parfaire la maîtrise des A. B.
D
epuis 1927, l’entre- aux États-Unis. Celui d’Arbent constate Mikaël Deschamps,
prise familiale Grosfil- dans l’Ain, ouvert depuis une directeur du site. Avant de débu-
lex est implantée dans quarantaine d’années, est dédié ter dans cette action structurée
la région d’Oyonnax, à l’injection de polypropylène, de prévention, l’entreprise avait
dans l’Ain. À l’origine, avec 5 000 tonnes transfor- déjà mis en place des outils pour
elle fabriquait des coquetiers, mées chaque année. Il compte lutter contre les TMS.
ronds de serviettes et autres aujourd’hui 200 salariés. Par exemple, pour l’approvi-
manches à outils en bois. Mais en À la suite de son entrée dans la sionnement des machines en
1954, elle se lance dans la plas- démarche TMS-Pros, l’entreprise matière première, une aide à la
turgie afin de produire essentiel- a initié en 2014 un projet de manutention des sacs de gra-
lement du mobilier d’intérieur et longue haleine pour lutter contre nulés de 25 kg existe depuis
d’extérieur. La société utilise un les troubles musculosquelettiques une vingtaine d’années. Il s’agit
large éventail de techniques de (TMS), avec l’aide de la Carsat d’un préhenseur de sacs, per-
moulage et de matières plas- Rhône-Alpes. « Il y a eu certes mettant de soulever ceux-ci par
tiques (polypropylène, PVC, poly- une automatisation progressive aspiration avant leur ouverture
carbonate, etc.). Elle possède de notre activité ces derniers par l’opérateur au-dessus de la
cinq sites de production – trois temps, mais la manutention a trémie d’alimentation. De même,
dans l’Ain, un au Brésil et un toujours une place importante », des clés dynamométriques (clés
à serrage de couple) sont utili-
La préhension sées depuis deux ans pour fixer
des sacs de granulés les moules sur les presses : elles
au moyen permettent d’effectuer un serrage
d’une ventouse
existe dans à un niveau nécessaire et suffi-
l’entreprise depuis sant, et de limiter l’effort à la fois
une vingtaine lors de cette opération et du des-
d’années. serrage. « Si ces initiatives ont été
prises avant l’accompagnement
de la Carsat, elles font partie des
© Guillaume J.Plisson pour l’INRS
teur technique et membre du plateaux d’étagères à monter ainsi les opérateurs à la recherche de
CHSCT et du CE depuis 2010, que leurs accessoires, à les éti- solutions. C’est un point que nous
ont suivi une formation « per- queter et à les entourer d’un film devons améliorer dans nos pro-
sonne ressource en prévention d’emballage. Une cartographie du chains groupes projets », recon-
des TMS » auprès de la Carsat en poste a été réalisée avec l’aide naît Olivier Roussero. « Dans les
2015. L’objectif était de devenir d’un ergonome du service de démarches de prévention, les
les référents méthodologiques santé au travail en 2014. Chaque erreurs doivent être utilisées pour
du projet de prévention mis en geste a été détaillé, minuté afin affiner la méthodologie », estime
œuvre l’année précédente dans de déterminer les plus problé- Jean-Michel Odoit.
l’entreprise. « Ensemble, nous matiques en termes de TMS. Les L’entreprise prévoit de décliner
avons monté un groupe projet conclusions ont montré que les prochainement la méthode amé-
TMS composé de trois autres per-
sonnes dont un responsable des
ressources humaines, l’infirmière
du site et un ingénieur du groupe
méthode », détaille Joseph San-
toro. « En tant que membres du
CHSCT, nous nous rendons régu-
lièrement auprès des opérateurs
de tous les secteurs pour trans-
mettre à la direction les questions
© Guillaume J.Plisson pour l’INRS
Limiter la hauteur opérateurs levaient fréquemment liorée sur d’autres postes. « Nous
d’empilement les bras au-dessus de leur tête nous pencherons en priorité sur
« Pour déterminer par quel poste car les piles d’étagères et d’acces- les postes identifiés les plus à
commencer, nous sommes partis soires n’étaient pas limitées en risque par l’ergonome, tout en
de l’historique des maladies pro- hauteur. tentant compte des remontées du
fessionnelles, sur les dix dernières Les améliorations ergonomiques CHSCT et des entretiens annuels
années. Nous avons observé sur- apportées sur ce poste ont donc des opérateurs. Et bien sûr, nous
tout des lombalgies, des maux consisté principalement à limiter allons aussi mettre en place cette
de dos et des contusions de cette hauteur d’empilement, en méthode sur les autres sites fran-
l’avant-bras », détaille Jean-Paul fonction de la taille de l’opérateur. çais du groupe », précise Mikaël
Bouchardy, responsable des res- « Les aspects biomécaniques de ce Deschamps. n
sources humaines. L’enquête a poste ont bien été pris en compte. 1. Pour en savoir plus, consulter
révélé que c’était très en aval de Mais les opérateurs ne sont le programme de prévention pour
la production que se situait le pas totalement satisfaits car ils la période 2014-2017 et l’aide financière
poste le plus touché, dans l’atelier doivent réalimenter le poste plus simplifiée disponibles sur le site de la
Carsat Rhône-Alpes : www.carsat-ra.fr
d’assemblage. La tâche consiste fréquemment. Notre erreur a été
à réunir dans un même colis des de ne pas associer suffisamment K. D.
Q
ue ce soit sous Dans l’atelier axes, complémentaires dans le règles de sécurité strictes ont été
forme de tubes, d’usinage, un pont développement d’une culture de mises progressivement en place
roulant facilite la
de raccords, etc., manutention des
sécurité partagée. Afin de sensi- par secteur d’activité et affichées.
40 000 tonnes de tubes, pouvant peser biliser l’ensemble des acteurs de La démarche s’appuie à la fois sur
PVC sortent chaque jusqu’à 125 kg. l’entreprise à la prévention, des les opérateurs et sur les mana-
année des lignes de l’entre-
prise Sotra-Seperef. L’entreprise,
implantée à Sainte-Austreberthe,
dans le Pas-de-Calais, fabrique
et commercialise des produits
en polychlorure de vinyle (PVC).
Essentiellement destinée au
transport d’eau potable, irriga-
tion, eaux usées…, la production
de Sotra-Seperef est réalisée
exclusivement par extrusion. Avec
195 salariés, la société, créée en
1961, s’est récemment lancée
dans un vaste projet de préven-
tion des risques professionnels
impliquant l’ensemble de son
personnel. « Cette démarche
s’inscrit dans une politique forte
de prévention du groupe belge
Tessenderlo auquel appartient
l’entreprise », précise Michel
Bigliardi, directeur industriel de
Sotra-Seperef.
© Gaël Kerbaol/INRS
gers. Ces derniers ont été formés munication mensuelle par les chute », constate Sandrine Des-
au management de la sécurité managers permet de présenter camps. De même, dans l’atelier
sur le terrain, par un organisme l’avancement des actions cor- d’usinage, l’installation d’un
extérieur. « La sécurité est même respondantes. « Le système de pont roulant a permis de faciliter
devenue un critère d’évalua- reporting est une bonne chose. la manutention des tubes, pou-
tion des encadrants. Elle est Il contribue à l’implication des vant peser jusqu’à 125 kg.
désormais considérée comme salariés dans les différents pro- En décembre 2013, l’entreprise
un facteur de performance de jets structurés d’amélioration a créé un journal interne, où
l’entreprise », souligne Michel globale de la prévention des les démarches de prévention
Bigliardi. Chacun est concerné risques et de la préservation de sont régulièrement abordées.
par cette démarche, y compris la santé au travail dans l’entre- Chaque mois, un flash sécurité
les intérimaires qui constituent prise », estime Bruno Hermetz, est diffusé par l’intermédiaire
une population particulièrement ingénieur-conseil à la Carsat des managers à l’ensemble
vulnérable aux accidents. Tout Nord-Picardie. des équipes. Enfin, au sein des
nouvel arrivant, intérimaire ou zones d’affichage d’informa-
contractuel, passe par le dépar- Développement de la tions récemment aménagées,
tement Qualité, sécurité et envi- communication interne de grands écrans viennent
ronnement (QSE) pour une for- À ce jour, 31 groupes de travail d’être installés afin d’y diffuser
mation aux règles de sécurité ont été animés depuis 2012 et de l’information animée. « Nous
qui se conclut par un test. « Nous ont abouti à des propositions souhaitons y intégrer une com-
avons créé nous-mêmes un sys- très diverses selon les problé- posante sécurité importante »,
tème d’e-training adapté à notre matiques. Parfois, il suffit de précise Sandrine Descamps.
activité. Chaque réponse, bonne « Au départ, nous étions scep-
ou mauvaise, est commentée tiques sur la démarche, mais ce
à l’issue du test. Par ailleurs, qui importe c’est le résultat. C’est
tout nouvel arrivant travaille en un vrai changement de menta-
binôme à son poste afin d’inté- lité par rapport à ce qui nous
grer progressivement les bonnes a été enseigné à l’école, où la
pratiques », précise Sandrine productivité passait avant tout.
Descamps, responsable QSE. Changer sa façon de travailler
Toute situation à risque mise pour faire passer la sécurité
en évidence, que ce soit par en premier, ça prend du temps,
© Gaël Kerbaol/INRS
F
abrication de sanitaires, permis d’organiser les nouveaux résine polyester et de styrène, qui
matériaux pour salles de locaux en fonction des flux de correspond à la partie extérieure
bain, mais aussi pour le travail, d’améliorer la luminosité lisse et protectrice du produit fini.
nautisme ou le mobilier Pour la fabrication de de l’atelier et d’isoler les activi- Cette opération est réalisée par
urbain… les activités produits en composite, tés bruyantes dans une cabine projection au pistolet. Un tissu
la technique du
de Polyecim Composites, instal- « moulage au contact »
de détourage. Et évidemment de renfort est ensuite disposé
lée dans la zone industrielle de est la plus usitée chez d’apporter un renouvellement manuellement sur cette couche
Saint-Nazaire, sont variées et Polyecim : des couches d’air adapté à l’activité, grâce à extérieure et une nouvelle couche
pour la plupart réalisées à base de résine polyester la mise en place de cabines ven- contenant la résine est appliquée
de polyester stratifié. Un matériau et de styrène sont tilées pour les process les plus au pinceau. Le processus est
appliquées en
composite formé d’une résine alternance avec polluants pour les 29 salariés de répété afin d’obtenir le nombre
polyester et de renfort en fibres. À des couches de tissu l’entreprise. » de strates désiré.
l’occasion de son déménagement de renfort. Toutes Chez Polyecim, la technique la Pour des raisons esthétiques et
en 2012, l’entreprise a pu inté- ces opérations plus fréquemment utilisée est de résistance du matériau, les
sont réalisées
grer les principes de prévention dans des cabines
celle du « moulage au contact ». Le bulles doivent être évacuées par
des risques professionnels dès ouvertes moule est d’abord recouvert d’un pression manuelle au rouleau
la conception de ses nouveaux à flux laminaire. gelcoat, composé notamment de (ébullage), entre chaque couche
locaux. de tissus et lors du moulage de la
La maîtrise de l’exposition au structure de la pièce. « Cette tech-
styrène, contenu dans la résine nique manuelle de moulage au
polyester, grâce à un système de contact est utilisée pour les proto-
ventilation adapté faisait partie typages et les petites séries. Pour
des mesures phares. Le styrène les moyennes séries et les pièces
est un produit nocif et volatil. Il de grande taille, nous utilisons la
est difficile à substituer car indis- projection simultanée de fibres et
pensable au processus de réticu- de résine », explique Franck Pau-
lation – autrement dit le durcisse- trot, gérant de Polyecim. Toutes
ment de la matière – et est utilisé ces opérations sont réalisées
comme solvant (lire l’encadré dans des cabines ouvertes à flux
ci-dessous). « Le projet a été suivi laminaire.
© Fabrice Dimier pour l’INRS
C
oncevoir des équipements de protec- Dans d’autres secteurs, les projets d’EPI intelli-
tion individuelle (EPI) intelligents. Voilà gents se multiplient. On peut trouver sur le mar-
le défi dans lequel se sont lancés les ché un gilet de sécurité équipé d’une alarme de
fabricants du secteur. L’objectif est de les posture inadaptée : lorsqu’un opérateur se penche
doter de nouvelles fonctions pour leur trop en avant, un signal sonore se déclenche. Ou
permettre d’interagir avec leur environnement. bien encore la digitsole, une semelle chauffante
« Ces EPI nouvelle génération sont dits actifs, par pour maintenir une température confortable dans
opposition aux EPI classiques, plutôt passifs », pré- les chaussures de sécurité par exemple. L’insti-
cise Philippe Guermonprez de l’Institut français tut Fraunhofer, en Allemagne, a mis au point un
du textile et de l’habillement (IFTH). Mais de quoi gant dont la couleur change en présence d’une
s’agit-il exactement ? substance toxique. Des capteurs pour détecter la
Pour devenir intelligents, ces dispositifs sont truf- présence de gaz dangereux ont été développés
fés de capteurs capables de mesurer différents en Angleterre, en collaboration avec l’Univer-
paramètres : rythme cardiaque, température, sité de Nottingham, pour équiper des casques
niveau d’humidité, géolocalisation… Ces informa- de mineurs. De son côté, le fabricant de veste
tions sont ensuite collectées et analysées au sein de pompiers travaille sur l’élaboration d’un tissu
de dispositifs électroniques, eux aussi présents composé de puces de silicium capables de tuer des
dans les EPI. Certains fabricants recourent aussi à microorganismes à l’origine de maladies comme le
des matières réactives. L’éventail est large. On dis- choléra ou la peste. « Nous visons le secteur de la
tingue notamment les matières thermochromes, santé, avec l’objectif de réduire la transmission de
capables de changer de couleur sous l’effet d’un maladies », précise Pascal Barguirdjian. Enfin, cer-
changement de température par exemple. taines recherches portent sur la possibilité d’équi-
La sécurité civile et militaire et, en son sein, per ces EPI de systèmes de détection permettant
principalement les pompiers, joue un rôle parti- de vérifier que l’opérateur est bien équipé avant
culièrement moteur dans le domaine. « Lors des d’entrer dans la zone de travail. Et ce, afin de com-
interventions de ces derniers, le risque d’accident mander l’arrêt d’une machine si ce n’est pas le cas,
grave est très élevé, ce qui pousse à investir dans par exemple.
l’innovation », indique Patrice Marchal, expert à « En Europe, où de nombreux investissements sont
l’INRS. De nombreuses sociétés travaillent sur le consacrés à l’économie numérique, le terrain est
sujet. Les pompiers marins de Brest, la Marine propice au développement de ce type de techno-
de Toulon et la Marine nationale, notamment, logies », assure Philippe Guermonprez. Un appel à
sont équipés de la même veste de protection qui projet thématique relatif aux textiles techniques
déclenche une alarme sonore et visuelle lorsque la
température dépasse 45 °C sous la veste et 144 °C
à l’extérieur. « Les vestes actuelles sont tellement LES EPI INTELLIGENTS À L’ÉTUDE
performantes qu’il devient difficile pour les pom- Une étude de l’INRS va prochainement
piers d’appréhender la température extérieure, démarrer afin d’établir un état de l’art
explique Pascal Barguirdjian, directeur de Teck- des systèmes de protection individuelle
nisolar Séni, qui conçoit cette veste. Il arrive aussi intelligents (SPII) et permettre de proposer
que, pris dans l’action, ils ne remarquent pas une définition de ces dispositifs. Ces travaux
qu’ils ne transpirent plus, d’où l’intérêt de tels cap- seront complétés par une catégorisation
teurs. » La veste dispose également de détecteurs établie à partir de différents critères
d’immobilité et de gaz nocifs. D’autres sociétés (techniques, normatifs, SST). Enfin, l’étude
développent par exemple des cagoules munies de aura pour objectif de développer
capteurs permettant de transmettre à distance la
un processus d’analyse des risques en cas
température de la peau du pompier, son rythme
de dysfonctionnement.
cardiaque et sa géolocalisation notamment. Cédric Duval
Cagoule permettant
de géolocaliser son porteur.
et intelligents a ainsi été lancé en 2015 au sein de tricoter des fils conducteurs pour obtenir un
de l’action « Projets industriels d’avenir » (Piave). tissu électronique à la fois robuste et lavable en
Lancé en 2012, le projet européen smart@Fire vise machine.
la mise sur le marché d’une tenue incendie intel- Outre ces obstacles, les EPI intelligents posent
ligente. Après avoir réalisé une veille des équipe- également des questions. L’arrivée de ces pro-
ments existants, le projet aborde actuellement la duits dotés de nouvelles fonctionnalités marque
rédaction du cahier des charges. une évolution que la normalisation doit prendre
en compte. « On voit apparaître sur le marché
Une généralisation à la peine des produits qui, à coup d’arguments marketing,
Dans les faits, et malgré de nombreuses initia- peuvent séduire les entreprises, indique Patrice
tives, la commercialisation d’EPI intelligents reste Marchal. Mais le risque est d’assister à des
rare. Plusieurs défis restent à relever pour généra- dérives d’usages. Un EPI doit répondre à des exi-
liser leur utilisation. Se pose notamment la ques- gences qui ne sont pas celles de produits vendus
tion du coût. Celui-ci croît fortement dès lors qu’on auprès du grand public, il faut être très vigilant. Le
intègre de l’électronique. Les chiffres varient mais risque est notamment de faire reposer la sécurité
on parle généralement d’une hausse comprise des salariés sur des équipements au détriment
entre 30 et 300 %. Qui dit électronique dit éga- des nécessaires mesures de protection collective,
lement alimentation énergétique, d’où la question qui doivent être privilégiées. » Des organismes
de l’autonomie. « Il faut également veiller à rendre de normalisation examinent également s’il y a
ces équipements faciles à utiliser pour favoriser lieu d’élaborer de nouvelles normes portant par
leur appropriation sur le terrain », ajoute Philippe exemple sur des EPI intelligents dotés de fonc-
Guermonprez. L’enjeu est notamment de parvenir tions électroniques intégrées. Enfin, d’aucuns
à combiner différents capteurs au sein d’un seul redoutent que ces équipements connectés soient
et même équipement pour éviter l’empilement. utilisés pour surveiller leur activité. Une chose est
Cela implique aussi qu’ils puissent s’entretenir sûre : le déploiement de ces équipements doit être
facilement malgré la présence d’électronique. Sur accompagné dès lors qu’il modifie les méthodes
ce point, des progrès ont été effectués. L’IFTH a de travail. Sans cela, le risque est de voir finir ces
notamment élaboré une méthode permettant dispositifs dans des placards. n
AGROALIMENTAIRE
O
n sait que la noto- an, il a dû réaliser de très impor- ration, Didier Chabert a décidé
riété de ce produit tants investissements, pour à la d’industrialiser la production de
est quelque chose fois améliorer la prévention des nougat. » En 1997, l’entreprise
d’assez incroyable, risques professionnels et gagner intègre le groupe sucrier alle-
reconnaît Fran- en productivité. mand Südzucker. L’année 2008
çois Roelens, directeur général Chabert et Guillot est une très voit la naissance du projet « One
et directeur de production du vieille dame, fondée en 1913 par roof ». Il s’agissait de mettre sous
fabricant de Nougat de Montéli- deux beaux-frères qui ont racheté un même toit les quatre sites de
mar Chabert et Guillot. Car 91 % une ancienne société ayant vu le production disséminés dans la
des personnes associent la ville jour en 1848, la Ruche d’or. « Elle ville et ses environs.
de Montélimar au nougat, et était située en face de la gare de Sur un terrain de 22 000 m2,
vice-versa… Mais une étude va Montélimar, explique le directeur toujours situé à Montélimar, une
nous permettre de mieux cibler général. Cela a longtemps facilité nouvelle usine de 10 600 m2
nos consommateurs. » Dans la vente de nougats puisque des voit le jour entre 2009 et 2010
les récents locaux du plus gros petites marchandes en vendaient où sont dorénavant regroupés
nougatier de Montélimar, dans sur le quai de la gare. » les 160 salariés (plus environ
la Drôme, le nougat est omni- Depuis, « l’entreprise s’est déve- 10 à 15 salariés d’un groupe-
présent. Avec une capacité de loppée, poursuit le directeur ment d’employeurs et environ
production de 6 000 tonnes par général. À la cinquième géné- 35 à 40 intérimaires en période
de pic de production). « Ça a été d’hygrométrie. « Seul problème, contrôleur de sécurité à la Carsat
un grand changement, indique le bâtiment, construit initiale- Rhône-Alpes, des fenêtres et des
Patrice Nauleau, chef d’équipe et ment pour une activité logis- « œils-de-bœuf », avec vue sur
membre du CHSCT. Cela a beau- tique, a été difficile à aména- l’extérieur, ont été ajoutés. « Un
coup amélioré nos conditions de ger », souligne Marie-Gabrielle vrai plus », de l’avis d’une opé-
travail, les flux, et réduit le temps Lafosse, en charge de la préven- ratrice.
et les trajets. » tion et de la sécurité. Dans le bâtiment, la marche
Jusqu’à ce déménagement, la en avant est respectée. Les
fabrication du nougat était écla- Limiter la hauteur matières premières – sucres,
tée sur les différents sites, cha- des palettes miels, amandes, pistaches, etc.
cun étant spécialisé dans une Dès les plans, la Carsat parti- – arrivent en vrac, dans des big
partie de la production. Des cipe à un groupe de travail, aux bags pour les ingrédients solides
camions livraient un site puis côtés du CHSCT, de la direction, ou dans des cuves pour les
un autre. Beaucoup de temps et du service de santé au travail et liquides. Les sacs sont rares, mais
d’énergie étaient perdus, sans de l’inspection du travail, sur il y en a encore. « On essaie de
parler des problèmes de qua- les aménagements intérieurs, limiter les palettes à 1,70 m, mais
lité du nougat que cela pouvait les flux et l’organisation du tra- on a du mal, regrette la chargée
poser, ce dernier étant sensible vail en général. Grâce à l’inter- de prévention. Ce sont les fournis-
aux conditions de température et vention de Philippe Morand, seurs qui nous les livrent ainsi. »
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travail & sécurité – n° 768 – janvier 2016
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Philippe Morand lui répond qu’il d’environ 7 m de haut et 2 m bruyant, souligne le contrôleur de
est toujours possible de faire de diamètre. Cette machine est sécurité. Les hauteurs sous pla-
pression sur ses fournisseurs. gérée par un seul opérateur qui fond sont importantes et difficiles
Les blancs sont montés en neige pilote son fonctionnement via un à traiter acoustiquement. » « Mais
tandis que les sucres (saccha- écran tactile. « Plusieurs facteurs les opérateurs ne sont pas ici en
rose, sirop de glucose et miel) de pénibilité ont été réduits en permanence, répond la chargée
sont cuits, partiellement sous vide automatisant les opérations de de prévention. Ils ont le choix
pour que la température de cuis- nettoyage et en isolant la gaine des protections auditives, mais
son soit la plus basse possible. calorifuge », remarque Marie- doivent les porter. À la suite d’ac-
« Le sirop est cuit à 122 °C puis Gabrielle Lafosse. tions de sensibilisation menées
ramené à 105 °C, bien en dessous Les manutentions des big bags tout au long de l’année, le taux de
des 136 °C habituels, remarque remplis de fruits secs sont opé- port s’est bien amélioré. »
le directeur général. Cela abîme rées avec un chariot élévateur Le mélange (sucres cuits, blancs
moins les matières premières. » et un palan. Une fois le big bag d’œuf et amandes grillées) des-
La société a aussi investi dans accroché, les fruits sont ache- cend ensuite depuis un mélan-
un nouvel équipement de pas- minés à l’aide d’un convoyeur geur conique pour arriver sur la
teurisation-torréfaction des fruits jusqu’au torréfacteur où ils sont ligne de formage. Le remplissage
secs (amandes, pistaches ou chauffés entre 100 et 150 °C des trémies est contrôlé, depuis
autres), une structure cylindrique selon les procédés. « C’est un local le bas, par les opérateurs à l’aide
d’un miroir évitant tout déborde- ci, une technologie de découpe à ment pas, sont faciles à nettoyer
ment. La pâte est ensuite aplatie ultrasons a vu le jour. Elle est le et ont une grande précision de
entre deux rouleaux. « Avant, sur fruit d’un développement parti- coupe. Elles limitent également
l’un des anciens sites, on étalait culièrement complexe qui a per- l’apparition des TMS, car il n’y
la pâte à l’aide d’une raclette et mis d’améliorer les conditions a plus les gestes répétitifs de la
d’un rouleau de 30 kg, précise de travail et le coût de revient. découpe traditionnelle avec des
Patrick, un opérateur. C’était très Cette découpe précise permet de scies circulaires.
très physique. » C’est là égale- réduire les rebuts et les étapes Après son rachat par le groupe
ment qu’est ajouté sur chaque de découpe du nougat avant le allemand, Chabert et Guillot a
face le pain azyme, « de l’hostie », conditionnement. poursuivi ses recherches sur les
résume le salarié. Dans les années 1990, l’entre- ultrasons et s’est rapproché d’une
prise a participé à un groupe de entreprise savoyarde, Sodeva,
La découpe à ultrasons recherche, pour partie financé qui développe cette technologie
Après un long cheminement dans par l’Union européenne, sur le pour la découpe de fromages.
un tunnel de refroidissement, la thème de la découpe à ultrasons. Certes, la trancheuse à ultrasons
pâte parvient, sur les lignes, à Il s’agit de couper avec des lames coûte très cher : plus de dix fois
des trancheuses. Une nouvelle qui vibrent à une fréquence de le prix d’une scie classique. Mais
ligne de laminage est venue 20 000 Hz. L’intérêt est triple : ces 60 % du nougat produit sur le site
compléter la première. Sur celle- lames à l’arrêt ne coupent quasi- passe dans cette trancheuse…
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travail & sécurité – n° 768 – janvier 2016
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À 20 000 Hz, le bruit est à la parfaitement étanche, des tun- conditions de travail des lignes »,
limite du domaine de l’audible. nels tapissés de panneaux acous- remarque la chargée de préven-
En revanche, dès qu’elle était mal tiques spécifiques pour l’agro tion. Puis les bacs sont acheminés
réglée, certains opérateurs se alimentaire ont été installés, dans le vaste atelier de condition-
plaignaient. « Lorsqu’on la mettait absorbant le bruit. Pour aboutir à nement, où l’hygrométrie et la
en marche, cela faisait sursauter ce résultat, deux années de tra- température (autour de 22 °C) sont
certaines personnes », remarque vail ont été nécessaires 1. « Avant, contrôlées pour que les nougats
le directeur général. « L’entreprise j’entendais les ultrasons, déclare ne collent pas. Il comprend une
a pris le problème à bras le corps, Claudie Trovato, conductrice de quarantaine de lignes de condi-
en travaillant conjointement avec ligne et membre du CHSCT. Je tionnement et presque autant
un acousticien de l’INRS, souligne perçois nettement la différence, à de postes de scieurs. Historique-
la chargée de sécurité. La Carsat présent. » ment, le métier de scieur était plus
et l’INRS sont intervenus à plu- exposé aux risques de coupures.
sieurs reprises. Les bruits à ce Plus de polyvalence « On a d’abord commencé un gros
niveau de fréquences sont facile- Une fois coupés en larges bandes travail pour protéger les scieurs,
ment arrêtés par des parois mais, par l’atelier fabrication, les nou- explique le directeur général.
a contrario, le moindre interstice gats sont déposés dans des bacs. Avec des actions de sensibilisa-
les laisse passer. » Au final, la « Nous allons travailler sur les tion et l’installation de carters de
machine a été encoffrée de façon méthodes afin d’améliorer les protection. Reste cependant le
11
problème des TMS liés aux mou- tion souhaite pouvoir développer gats sont ensachés de manière
vements répétitifs de va-et-vient le processus des scies à ultrasons automatique puis mis en carton
du plateau de la découpe pouvant pour les substituer aux scies tra- par les opératrices. En fin de
entraîner des maladies profes- ditionnelles. ligne, une table élévatrice permet
sionnelles. Car scier nécessite un Au fond de l’atelier, des ensa- de palettiser les colis à niveau.
geste répétitif, sollicitant pour le cheuses sont installées sur une Une fois prêtes, les palettes sont
haut du corps. » mezzanine. Les « peseuses asso- filmées à l’aide d’une filmeuse.
« Il y a beaucoup de lignes, car ciatives » sont accessibles par un Les nougats partent en France
on propose 1 500 gammes escalier, et des panneaux acous- mais aussi à l’étranger, avec un
de produits et 99 recettes dif- tiques ainsi que des murs micro- gros pic d’activité au moment des
férentes », explique Marie- perforés limitent le bruit. Le haut, fêtes de fin d’année… le nougat
Gabrielle Lafosse. La cadence est libre, laisse passer la lumière. étant l’un des treize desserts de
donnée par la machine d’embal- « Ce sont essentiellement les per- Provence. n
lage. « Ce qui serait bien, c’est sonnes de la maintenance, du 1. Le travail effectué par Chabert et
que l’on parvienne à mettre en contrôle et du nettoyage qui inter- Guillot avec la Carsat et l’INRS devrait
place davantage de polyva- viennent ici, remarque Marie- permettre d’intégrer en conception
des futures machines la prévention
lence, sur ces postes, remarque Gabrielle Lafosse. Il était impor- Delphine Vaudoux des risques liés aux ultrasons
Patrice Nauleau. Mais ça n’est pas tant qu’ils bénéficient de bonnes Photos : Guillaume en agissant sur l’encoffrement,
évident. » La chargée de préven- conditions de travail. » Les nou- J. Plisson le matériel et le procédé.
dans la prévention
de l’établissement : 1999.
n LOCALISATION : Village
Disney, Parc Disneyland,
Marne-la-Vallée à 40 km
de Paris.
n EFFECTIF : 120 salariés,
dont 70 personnes en salle
et 40 personnes en cuisine.
n SERVICE : 1 100 à 1 200
couverts/jour en moyenne.
L’essentiel
n LA DIRECTION de l’enseigne
© Fabrice Dimier pour l’INRS
C’
est dans une des salariés à certains postes.
ambiance de forêt Et, parallèlement, le CHSCT nous
tropicale que le remontait des plaintes récur-
Rainforest Café, rentes de salariés au niveau du
filiale du groupe dos notamment », se souvient
Flo, accueille ses clients au Kevin Fullam, directeur d’ex-
sein du Village Disney à l’orée ploitation. La cause principale a
du parc d’attractions Disney- été vite identifiée : le poids des
land Paris. Plus d’un millier de plateaux. Un commis de salle
clients viennent se restaurer porte environ 300 plateaux par
chaque jour dans ce restaurant jour, d’un poids moyen de 5 kg.
LE CHIFFRE de Marne-la-Vallée, en Seine- « L’établissement fonctionne très
300
et-Marne, de 11 h 30 à 23 h avec bien, nous manipulons donc
un service en continu, tous les beaucoup de plateaux dans une
jours de l’année. Un succès com- journée », témoigne Joésphine
plateaux d’un poids mercial qui connaît un revers de Tousverts, seconde de cuisine,
moyen de 5 kg sont médaille pour certains salariés : un poste concerné également
les troubles musculosquelet- par la charge des plateaux.
portés en moyenne tiques (TMS) liés au poids des L’équipe de direction de l’éta-
par jour par chacun plateaux. blissement s’est mise en
des 13 commis « Nous constations un fort absen- recherche de solutions. « J’ai
de salle. Katia Delaval téisme et un turn-over important découvert les verres en polycar-
bonate aux États-Unis lors de la diminué lui aussi. « La démarche carte. La problématique du poids
réunion annuelle à laquelle je de prévention a été menée en des plateaux reste présente
participe avec mes homologues parfaite autonomie par l’établis- dans nos esprits afin de l’amé-
(NDLR : il existe d’autres res- sement, que ce soit pour l’ana- liorer constamment », souligne
taurants à enseigne Rainforest lyse des risques, la recherche de Kevin Fullam. « Nous recevons
dans le monde). Il n’y a souvent solutions ou leur mise en place », régulièrement des échantillons
pas besoin de réinventer la roue souligne Olivier Poisson, contrô- de nouveaux articles de vais-
pour trouver des leviers d’amé- leur de sécurité à la Cramif. selle de notre fournisseur »,
lioration des conditions de tra- À la suite de ce succès, l’initiative ajoute Sakina Naciri, directrice
vail », constate Kevin Fullam. a été transposée six mois plus de l’établissement depuis 2007.
L’idée de changer toute la vais- tard au King Ludwig’s Castle, un « La direction s’est bien impli-
selle a alors été soumise au établissement proche géré éga- quée dans les conditions de
CHSCT qui l’a validée. La direc- lement par Kevin Fullam. Les travail, elle est à l’écoute des
tion a alors exposé ses besoins nouveaux articles de vaisselle salariés qui s’adressent même
au fournisseur de vaisselle de
l’ensemble du groupe Flo, qui
a proposé des alternatives et
n DES AMÉNAGEMENTS PRÉVUS POUR LE POSTE DE CAFETIER
montré des échantillons. Par
exemple, les verres à soda et à Huit salariés se relaient tout au long de l’année sur le poste
eau ont vu leur poids passer de de cafetier, qui consiste à préparer l’ensemble des boissons
plus de 400 g chacun à 100 g pour le restaurant. Ils ont fait remonter, via le CHSCT, que l’espace
dans la version en polycarbo- dédié en cuisine n’était pas suffisamment adapté à leur travail,
nate et les carafes ne pèsent le réfrigérateur à boissons gênant par exemple l’accès à la réserve
plus, elles, que 290 g au lieu de glace. En septembre 2015, le groupe Flo, auquel appartient
de 800 g auparavant. Les bols le restaurant, a fait étudier ce poste par un ergonome.
en fonte de près de 2 kg ont été Les solutions trouvées pourront être déployées lors
remplacés par des équivalents de la rénovation de l’établissement, prévue à l’automne 2016.
en aluminium deux fois plus
légers, etc.
choisis par l’établissement sont parfois directement à elle, sans
Plus cher à l’achat référencés dans la base com- passer par les représentants du
mais plus rentable mune de commandes du groupe personnel », remarque Mamadou
« Nous n’avons pas trouvé d’al- Flo, et les autres restaurants du Yatera, économe depuis 2009
ternative acceptable pour toute groupe peuvent donc eux aussi et membre du CHSCT depuis
la vaisselle : il faut une certaine alléger leur vaisselle. « Toutefois, plus de deux ans. « Il faut sans
esthétique et une bonne qualité la plupart ne travaillent pas au cesse remettre en question ses
dans un restaurant avec un ser- plateau, mais à l’assiette. Et les pratiques de travail afin de les
vice à table. La majorité de notre quelques brasseries qui utilisent améliorer. Il y a cinq ans, nous
clientèle est française et pour des plateaux ont des volumes de avons remplacé le carrelage de
le reste presque exclusivement couverts plus réduits et des dis- la cuisine par de la résine anti-
européenne », note le directeur tances à parcourir moindre, leur dérapante, et nous avons réduit
d’exploitation. Les verres à pied poids est donc moins problé- le nombre de chutes de plain-
sont donc toujours en verre et matique », explique Emmanuel pied par glissades, rappelle
les assiettes en céramique. Mais Rault, directeur technique. Kevin Fullam. L’an prochain,
les efforts pèsent déjà lourds « Nous changeons une partie de nous allons faire des améliora-
dans la balance : le poids d’un la vaisselle tous les ans, notam- tions sur le poste de cafetier »
plateau moyen a été divisé par ment lorsque nous modifions la (lire l’encadré ci-dessus). n
deux, passant ainsi à 2,5 kg.
« Et nous constatons qu’il y a En adoptant
beaucoup moins de turn-over de des carafes en
polycarbonate,
salariés et d’accidents du travail la direction du
depuis un an », déclare Chris- restaurant a fait
tophe Lefèbvre, chef de cuisine passer le poids
au Rainforest depuis 1999. de celles-ci
Le polycarbonate est plus cher de 800 à 290 g.
En outre, ce matériau
que le verre à l’achat, mais est incassable
il dure également plus long- et provoque moins
© Fabrice Dimier pour l’INRS
L’essentiel
n L’ENTREPRISE Permaswage
Des raccords
les opérateurs concernés.
n À L’ÉBAVURAGE, l’atelier
a été équipé d’une
sans poussières
installation de ventilation
associée à un système
de captage à la source.
ni manutentions
A
lors que c’est une Boeing, Bombardier, Dassault,
entreprise leader et d’autres encore. Basée aux
dans son domaine, Clayes-sous-Bois, dans les Yve-
son nom est peu lines, cette entreprise emploie
LE CHIFFRE connu du grand 130 personnes.
80 %
public. Permaswage, fondée Le process de fabrication des
en 1938, est spécialisée dans raccords comporte différentes
la conception, la fabrication et phases : usinage des éléments
des accidents la distribution de raccords ser- (en titane, inox, aluminium) sur
du travail recensés tis pour les circuits de fluides tour à commande numérique,
dans l’entreprise pour aéronefs. Qu’ils soient ébavurage, ressuage, traitement
en inox, en aluminium ou en de surface et opérations finales.
sont des coupures titane, ces éléments équipent Les questions de santé au tra-
liées aux machines en grand nombre les avions vail font l’objet d’une attention
à commande commerciaux, militaires et busi- suivie depuis longtemps dans
numérique. Céline Ravallec ness jets construits par Airbus, l’entreprise. Dans les années
I
et les poussières.
l y a encore quelques mois, « Nous devons bien évidemment
c’était une simple barre d’im- prendre en compte tous ces élé-
meuble appartenant à Immo- ments, souligne Marc Pouchain,
bilière 3F, un bailleur social, conducteur de travaux. Pour ce
et qui abritait des locataires. qui est de l’école maternelle, il
Une barre d’immeuble, comme il faut savoir que les enfants font
en a été construit des centaines la sieste entre 13 h 30 et 15 h,
au début des années 1970. il nous est donc impossible de
Aujourd’hui, elle est en cours faire du bruit à ce moment-là.
de curage et demain elle sera En ce qui concerne le tout nouvel
détruite. Situé beau milieu d’un immeuble, nous veillons à ne pas
quartier du centre de Colombes, trop faire de poussières ou de
dans les Hauts-de-Seine, le gravats pour ne pas le salir. » Le
chantier souffre d’un environne- tout en veillant à la prévention
LE CHIFFRE
ment particulièrement contraint : des risques professionnels.
Endotoxines
?
Quelles activités professionnelles peuvent exposer aux endotoxines ?
Quels sont les risques, et comment s’en protéger ?
RÉPONSE Les endotoxines sont des composants poussières organiques (« ODTS »), voire une bron
de la paroi des bactéries Gram négatif, libérés chopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
lors de la division cellulaire ou de la mort de ces lors d’expositions répétées. Il est possible de mesu
organismes. Ce sont des molécules complexes, rer les endotoxines dans l’air, en mettant en place
qui persistent longtemps dans l’environnement une stratégie de prélèvement bien formalisée. En
après la disparition des cellules. On peut les ren l’absence de valeur limite d’exposition profession
contrer dans de nombreux milieux solides (pous nelle, le réseau Assurance maladie-risques profes
sières, déchets ménagers, compost, plantes…) ou sionnels a établi deux valeurs guides (200 UE/m3
liquides (eaux usées, fluides de coupe…) contenant et 1 000 UE/m3) définissant des actions à entre
de la matière organique. Les professions connues prendre pour diminuer les expositions.
comme susceptibles de provoquer des exposi Les mesures de prévention des risques liés aux
tions aux endotoxines sont : le traitement des endotoxines sont spécifiques à chaque secteur
eaux usées (« syndrome des égoutiers », stations d’activité. Il convient d’évaluer les risques et de pri
d’épuration…) ; le compostage et le traitement des vilégier les mesures de prévention et de protection
déchets ; les industries du coton et des autres fibres collectives, en supprimant ou en réduisant l’émis
végétales ; le travail en secteurs agricole et agro sion des endotoxines. Des actions de lutte contre la
alimentaire ; l’industrie du tabac, etc. L’inhalation prolifération bactérienne (contrôle de température,
d’endotoxines peut déclencher une hyperréactivité hygrométrie, présence de nutriments…) peuvent
bronchique non spécifique (HRBNS) ou, lors d’une être envisagées, de même que la limitation de
exposition massive, un syndrome toxique des l’exposition aux poussières ou aérosols contami
nés (capotage des sources d’émission, ventilation
des locaux, organisation des espaces de travail :
En savoir plus cloisonnements, accès limités…). Ces mesures
n LES ENDOTOXINES en milieu de travail. INRS, ED 4412. peuvent être complétées par le port d’équipements
n « VALEURS GUIDES endotoxines : Interprétation des résultats de métrologie de protection individuelle respiratoire. Le suivi
des bioaérosols », article paru dans Hygiène & Sécurité du travail n° 239, médical des salariés exposés devra comprendre
juin 2015. INRS, NT 25. une évaluation de la fonction pulmonaire. La for
À consulter sur www.inrs.fr.
mation et l’information des salariés restent là aussi
des éléments essentiels de prévention. n
Signalisation de santé
et de sécurité au travail
Quelles sont les règles en matière de panneaux de signalisation de santé et de sécurité au travail ?
C
ette histoire risque de se finir aux existé à travers le Moyen-Âge, notamment en Pro- Notes
Prud’hommes », entend-on souvent vence. Une loi du 18 mars 1806, complétée par
lorsque les litiges autour du contrat un décret la même année, créant un conseil de 1. Loi n° 2015-990
du 6 août 2015 pour
de travail, entre employeurs et sala- prud’hommes à Lyon, est promulguée par Napo- la croissance, l’activité
riés, ne peuvent être réglés, à moins léon Ier. Des tribunaux favorisant la conciliation et l’égalité des chances
d’en appeler à cette juridiction. Chaque année, entre les fabricants de soie et les ouvriers lyonnais économiques (dite
plus de 200 000 salariés saisissent les quelque (« canuts ») existent déjà et servent d’exemple. « loi Macron »). Voir :
www.legifrance.gouv.fr.
15 000 juges des 210 conseils de prud’hommes
répartis sur le territoire français (près de De fortes évolutions 2. Apparu au XIe siècle,
le terme « prud’homme »
188 200 jugements ont été rendus en 2014). Dans La loi du 27 mai 1848 inscrit dans les textes et signifie « homme
plus de 98 % des cas, c’est le salarié qui saisit la les pratiques le paritarisme, avec des décisions de valeur, de bon
juridiction prud’homale. 80 % contestent le motif rendues collégialement entre « employeurs » et conseil » et s’appliquait
de leur licenciement. Après une tentative de « salariés ». Tous les ouvriers deviennent élec- alors aux défenseurs
des métiers, en cas de
conciliation préalable devant le bureau de conci- teurs et éligibles. En 1880, le président et le
litiges entre artisans.
liation, composé d’un conseiller prud’homme vice-président sont élus paritairement. En 1905,
3. Les élections
salarié et d’un conseiller prud’homme employeur la législation supprime la voix prépondérante pour la désignation
(lire l’encadré « Repères » ci-dessous), les parties du président. En 1907, se met en place une des conseillers
sont convoquées devant le bureau de jugement véritable juridiction sociale, étendant ses dis- aux prud’hommes
où siègent quatre conseillers nommés de façon positions aux femmes et aux étrangers. La « loi ont été jugées très
coûteuses (environ
paritaire : deux représentants du « collège sala- Boulin » du 18 janvier 1979, complétée par la loi
91,6 millions d’euros
riés » et deux du « collège employeurs ». En cas de du 6 mai 1982, a généralisé l’institution, sur le en 2008) pour un taux
désaccord entre eux, l’affaire est renvoyée devant plan géographique, la couverture de l’ensemble d’abstention compris
un juge professionnel. Cette juridiction, unique des secteurs d’activité et le statut des conseillers entre 65 et 70 % dans
dans le paysage judiciaire européen, a été large- prud’homaux. les collèges salariés
et employeurs,
ment réformée par la loi du 6 août 2015, dite « loi La « loi Macron », qui porte particulièrement aux dernières élections
Macron » 1. sur des aspects de l’activité économique (plus (2002 et 2008). En 2013,
La toute première juridiction de ce type fut enre- de 300 articles), vient apporter de nombreuses les conseillers
gistrée en France en 1296 : le conseil de la ville modifications au fonctionnement de cette juri- prud’homaux ont été
désignés en fonction
de Paris nomma 24 « prud’hommes » 2 et les char- diction. Elle ambitionne notamment de favori-
de leur représentativité
gea de juger les contestations entre marchands ser la résolution amiable des litiges et d’alléger « réelle » dans les
et fabricants. Des conseils de prud’hommes ont les procédures devant l’instance prud’homale entreprises (sur la base
pour réduire les délais de jugement. À titre des élections
d’exemple, à la section « Encadrement du conseil professionnelles).
REPÈRES de prud’hommes de Paris », il faut compter neuf
Les prochaines
désignations auront lieu
Le conseil de prud’hommes est chargé à douze mois en moyenne avant de pouvoir plai- en 2017.
de régler les litiges entre employeurs der un dossier. À Nanterre, entre douze et vingt-
et salariés, liés à tout contrat de travail quatre mois d’attente sont nécessaires. Sans
de droit privé. L’assistance d’un avocat compter les procédures d’appel, qui demandent
n’y est pas obligatoire. Une procédure préalable deux ans en moyenne avant de confirmer ou
dont l’objectif est de concilier les parties infirmer les jugements. Le texte prévoit également
a lieu devant un bureau de conciliation une formation initiale obligatoire des conseillers
et d’orientation, constitué d’un représentant prud’homaux, qui seront tenus de se conformer
salarié et un employeur. En cas de désaccord, à des obligations déontologiques. Ces conseillers
l’affaire est renvoyée en audience ne sont plus élus au suffrage universel direct par
de jugement. En cas d’urgence notamment, les salariés ou les employeurs, mais désignés sur
le conseil de prud’hommes peut être saisi la base de la représentativité des syndicats dans
en référé. La formation de référé est alors les entreprises 3. La loi instaure des critères indi-
composée d’un conseiller employeur
catifs pouvant servir de base au juge pour fi xer
et un conseiller salarié.
les indemnités dues au salarié en cas de licencie-
ment sans cause réelle et sérieuse. ■ Antoine Bondéelle
www.inrs.fr/garages
Vous y trouverez :
En partenariat avec :
SERVICES
QUESTIONS-
46 RÉPONSES
Documents officiels
47
RETOUR SUR…
EXTRAITS DU JO
Arrêté du 2 octobre 2015 relatif à la prévention des risques la liste prévue à l’article L. 5139-1 et pris en application de
professionnels à la direction générale de la sécurité extérieure. l’article R. 5139-20 du Code de la santé publique.
Ministère chargé de la Défense. Journal officiel du 21 novembre 2015- Ministère chargé de la Santé. Journal officiel du 24 novembre 2015-
8 p. pp. 21796-21797.
Un avenant, en date du 27 février 2014, à la convention collec- Le document signale une décision de la Commission euro-
tive des services de santé au travail interentreprises rappelle péenne en date du 24 novembre 2015 qui autorise l’utilisa-
les missions et activités pouvant être assurées par le collabo- tion, par la société Vlisco aux Pays-Bas, du trichloroéthylène
rateur médecin dans ses services. Il détermine également le comme solvant pour l’élimination et la récupération de la
classement des collaborateurs médecins dans la grille de clas- résine des tissus teints notamment. Il n’existe pas en effet à
sification de la convention (classe 20) ainsi que leur rémunéra- l’heure actuelle de substances de substitution appropriées et
tion minimale annuelle. Cet arrêté porte extension de l’avenant les avan-tages socio-économiques l’emportent sur les risques
du 27 février 2014 et rend obligatoires ses dispositions pour qu’entraîne l’utilisation de la substance pour la santé humaine.
tous les employeurs et tous les salariés compris dans le champ
d’application de la convention collective nationale des services ■■Valeurs limites
de santé au travail interentreprises. Avis aux organisations professionnelles d’employeurs et de
salariés.
RISQUES CHIMIQUES ET BIOLOGIQUES Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 10 novembre 2015 –
p. 21011.
RISQUE BIOLOGIQUE
Dans cet avis, le ministère chargé du Travail annonce la
■■Micro-organismes consultation des organisations professionnelles d’employeurs
Arrêté du 4 novembre 2015 fixant les doses et concentrations et de salariés sur un projet de décret fixant, pour le styrène,
maximales des micro-organismes et des toxines figurant sur une valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) contrai-
➜
travail & sécurité – n° 768 – janvier 2016
SERVICES
QUESTIONS-
48 RÉPONSES
49 RETOUR SUR…
gnante (8 heures à 23,3 ppm sanitaires et sociaux liés aux vagues de froid 2014-2015 est
EXTRAITS DU JO et court terme 15 minutes à abrogée.
46,6 ppm) à partir du 1er janvier
2019. BTP
Dans ce contexte, cet arrêté modifie les références du protocole des examens, organismes de certification, organismes d’éva-
de mesure in situ pouvant être utilisé pour justifier de ce res- luation...
pect des VLEP. À compter du 5 novembre 2016, les exploitants Enfin, les conditions applicables à la reconnaissance mutuelle
doivent recourir au protocole référencé ANFR/DR 15 -3.1, dispo- des certificats délivrés conformément à ces prescriptions sont
nible auprès de l’Agence nationale des fréquences. également détaillées.
L’obligation de détenir un certificat conformément à ce règle-
ment, pour les activités liées aux unités de réfrigération des
Environnement, santé camions et remorques frigorifiques, s’applique à compter du
1er juillet 2017.
publique et sécurité civile Le règlement (CE) n° 303/2008 est abrogé.
STATUTS ET MISSIONS et de l’ergonomie, dont les moyens très divers n Union professionnelle artisanale (UPA)
n L’Institut national de recherche et concourent à la réalisation des programmes L’association est soumise au contrôle
de sécurité (INRS) est une association d’activité. financier de l’État.
(loi du 1er juillet 1901), constituée sous l’égide
de la Caisse nationale de l’Assurance maladie. MEMBRES PRÉSENTS DE DROIT CONSEIL D’ADMINISTRATION
n Le directeur de la Direction générale n Président : Guy Vacher
Son conseil d’administration est composé
du travail (ministère chargé du Travail) n Vice-président : Jean-François Naton
en nombre égal de représentants des
organisations professionnelles d’employeurs n Le directeur de la Sécurité sociale n Secrétaire : Pierre-Yves Montéléon
et des organisations syndicales de salariés. (ministère chargé de la Sécurité sociale) n Trésorier : Ronald Schouller
n L’INRS apporte son concours à la Caisse n Le directeur du Budget n Secrétaire adjoint : Nathalie Buet
nationale de l’Assurance maladie des travailleurs (ministère du Budget)
n Trésorier adjoint : Pierre Thillaud
salariés, aux caisses régionales d’Assurance n Le directeur de la Caisse nationale
n Administrateurs titulaires :
maladie, aux comités d’hygiène, de sécurité de l’assurance maladie
Daniel Boguet, Jocelyne Chabert,
et des conditions de travail, aux entreprises n Le controleur général économique
Hugues Decoudun, Renaud Giroudet,
ainsi qu’aux services de l’État et à toute et financier auprès de l’Institut national
Serge Gonzales, Anne Heger, Edwina Lamoureux,
personne, employeur ou salarié, qui s’intéresse de recherche et de sécurité.
Marie-Hélène Leroy, José Lubrano,
à la prévention. Carole Panozzo, Monique Rabussier,
MEMBRES ACTIFS DE L’ASSOCIATION
n L’INRS recueille, élabore et diffuse toute n Confédération générale du travail (CGT) Bernard Salengro,
documentation intéressant l’hygiène
nC
onfédération française démocratique
et la sécurité du travail : brochures, dépliants, n Administrateurs suppléants :
du travail (CFDT)
affiches, films, renseignements bibliographiques... Philippe Debouzy, Alain Delaunay,
nC
onfédération générale du travail-force Isabelle Delorme, Christian Expert,
n L’INRS forme des techniciens
ouvrière (CGT-FO) Christine Guinand, Christian Lesouef,
de la prévention.
n Confédération française des travailleurs Jean-Baptiste Pascaud, Alain Lejeau,
n L’INRS procède, en son centre de Lorraine, Salomé Mandelcwajg, Philippe Maussion,
chrétiens (CFTC)
aux études permettant d’améliorer les conditions Mohand Meziani, Annie Michel,
de sécurité et d’hygiène du travail. nC
onfédération française
Anne Nowak-André, Martine Philippon,
de l’encadrement (CFE-CGC)
n Le centre comprend des départements Philippe Prudhon, Jean-Benoit Sangnier,
et services scientifiques dans les domaines nM
ouvement des entreprises de France (Medef) Betty Vadeboin.
des risques chimiques, des risques physiques, nC
onfédération générale des petites
de la sécurité des machines et des systèmes, et moyennes entreprises (CGPME)
n NOM DU DESTINATAIRE.....................................................................................................................................................................................................
DOSSIER
L’industrie
de la plasturgie
n ADRESSE..........................................................................................................................................................................................................................................
n CODE POSTAL............................................................................................................ n BP...............................................................................
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2016
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QUELS RISQUES Les perturbateurs endocriniens et les agents
AU TRAVAIL ? sensibilisants sont deux classes de substances
présentant des dangers particuliers. Ce colloque
QUELLE PRÉVENTION ? permettra de faire le point sur les effets de ces
substances pour la santé des travailleurs exposés,
les postes de travail concernés, les risques
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