Vous êtes sur la page 1sur 14

Technologies à large bande:

point sur la situation en Suisse

Office fédéral de la communication (OFCOM), Bienne Juillet 2002


Technologies à large bande en Suisse

Sommaire

1 Qu'entend-on par "large bande"? .................................................................................... 1


1.1 Technologies de transmission par réseau fixe .......................................................... 1
1.2 Technologies de transmission sans fil....................................................................... 1
2 Services de transmission à large bande : utilité............................................................... 2
2.1 Domaines d'application potentiels............................................................................. 2
2.2 Quelle est la largeur de bande nécessaire aux différentes applications? .................. 3
2.3 Utilisation actuelle d'Internet et des technologies à bande large par les particuliers.. 4
2.4 Utilisation actuelle d'Internet et des connexions à large bande dans les entreprises. 6
3 Développement des prestations à large bande en Suisse ............................................... 7
3.1 Ménages................................................................................................................... 7
3.2 Entreprises ............................................................................................................... 8
4 Pull ou push: politique suisse en matière de technologies à large bande par rapport à
celle des autres pays ............................................................................................................. 9

5 Conditions cadre réglementaires pour le développement des technologies à large bande


en Suisse............................................................................................................................. 11

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: i
Technologies à large bande en Suisse

1 Qu'entend-on par "large bande"?


C'est un terme technique qui signifie capacité élevée de transmission de données, autrement
dit capacité à transmettre rapidement une quantité importante de données ou un nombre
élevé d'octets.
Toutes les technologies de connexion qui permettent de transmettre un nombre d'octets
supérieur à celui pouvant être transmis par un modem via ligne téléphonique ou ISDN sont
considérées actuellement comme technologies à large bande.
Celles-ci transmettent toutes les données par le biais de protocoles Internet. Une de leurs
principales particularités est d'être disponibles en permanence pour accéder à Internet
(always on), et d'éviter ainsi à l'utilisateur de perdre trop de temps à établir la
communication. Celui-ci n'a en effet pas toujours envie d'attendre longtemps avant de
pouvoir disposer d'une information.
Autre particularité de ce type de technologie: il s'agit toujours de connexions à double sens,
c'est-à-dire qu'elles permettent aussi bien de réceptionner que d'envoyer des données.
Il existe différentes technologies à large bande. Et plusieurs d'entre elles seront amenées à
coexister à l'avenir. Car aucune des technologies actuelles ne peut assurer une couverture
géographique totale, même si le réseau téléphonique n'en est pas très loin en raison de son
implantation très large.

1.1 Technologies de transmission par réseau fixe

Digital Subscriber Line (DSL) est l'une des technologies de transmission à large bande les
plus répandues dans le monde. Grâce à l'installation d'un modem spécial chez l'utilisateur
ainsi que chez l'exploitant du réseau, le traditionnel câble de cuivre devient une ligne digitale
à grande vitesse de transmission.
Les connexions à large bande pour particuliers sont actuellement assurées en Suisse
par ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line) et par des modems CATV (modems câble).
ADSL utilise le câble en cuivre de la téléphonie traditionnelle comme moyen de transmission;
cette technologie est dite asymétrique parce que ses capacités sont plus grandes au
download qu'à l'upload.
CATV utilise le réseau câblé de télévision; il est par conséquent proposé aux particuliers par
les exploitants de réseau câblé au même titre que l'accès aux programmes radiophoniques
ou télévisés.
PLC (Powerline Communication: transmission de la parole et de données par réseau
électrique) n'est actuellement disponible que très localement et au stade expérimental.
Après un projet pilote dans la commune fribourgeoise de Broc, auquel ont participé les
Freiburgischen Elektrizitätswerke (FEW) et ASCOM, la FEW a obtenu en septembre 2001
une concession pour fournir des prestations de télécommunication par le biais de la
technique PLC à l'ensemble du canton de Fribourg.
Les connexions à large bande par fibre optique sont proposées aux entreprises dans
certaines grandes agglomérations suisses. Mais cette technologie n'est pas disponible à
grande échelle.
La location de lignes est demandée par les entreprises en préambule à d'autres supports
de communication. Le nombre de lignes louées avec une largeur de bande supérieure à 2
Mo/s a augmenté d'environ 70% entre 1998 et 2000.

1.2 Technologies de transmission sans fil


Comparé aux technologies de transmission par réseau fixe, la transmission à large bande
sans fil n'occupe qu'une toute petite place en Suisse pour l'instant. Les technologies
correspondantes ne sont pas encore disponibles, ou très localement seulement.

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 1
Technologies à large bande en Suisse

Le développement de la technologie WLL (Wireless Local Loop), connexion sans fil par ligne
fixe, est freiné par le fait que la plupart des exploitants qui ont demandé une concession en
2000 ne sont toujours pas opérationnels à l'heure actuelle. Cette technologie permet de
transmettre la parole, les données et les services vidéo jusqu'à 2 Mo/s. Mais il reste évident
qu'elle n'est pas destinée à un marché de masse.

Le volume de données théorique (2 Mo/s) pouvant être transmis dans des conditions
optimales avec UMTS (Universal Mobile Telecommunication Services) fait que cette
technologie est proche de la transmission à large bande. Les premiers services UMTS
devraient être disponibles d'ici à fin 2002, mais avec une largeur de bande qui sera dans un
premier temps nettement inférieure à cette valeur maximale.

La Wireless Area Network-Technologie WLAN (appelée aussi Radio Local Area Network,
RLAN), par contre, est une technologie qui ne convient pas aux réseaux globaux. WLAN
permet de créer des "îlots à large bande" qui proposent, selon leurs standards, une capacité
de transmission maximale de 54 Mo/s. WLAN permet d'accéder rapidement à Internet dans
des endroits très fréquentés, appelés hotspots, comme les aéroports 1 ou les hôtels, ou
encore au réseau d'une entreprise à partir d'un immeuble de bureaux.

La technologie de transmission par satellite pourrait être une solution intéressante pour
les régions rurales et reculées. Elle rendrait superflue toute infrastructure de
télécommunication terrestre. Mais l'investissement pour un système de transmission par
satellite (à large bande et à double sens) reste tellement élevé, aussi bien pour les
prestataires que pour les clients, que ce marché est encore très limité.

2 Services de transmission à large bande : utilité

2.1 Domaines d'application potentiels

Il est encore difficile de dire, à l'heure actuelle, quelles seront les applications qui
s'imposeront sur le marché des technologies à large bande. Celles-ci seront principalement
utilisées pour les téléchargements audio et vidéo ainsi que pour des applications où le
facteur temps est essentiel.
Parmi les secteurs les plus en vue sur ce marché, celui du divertissement / entertainment
occupe une place de choix. C'est surtout dans le segment "Ménages" que les applications
comme la vidéo ou l'audio streaming prendront leur essor. Les fournisseurs et les sociétés
de radio, de télévision et d'autres médias trouveront là une opportunité de développer leur
offre.
Dans le domaine de l'e-commerce/e-business, la technologie à large bande peut jouer un
rôle important dans la réorganisation des processus commerciaux, depuis
l'approvisionnement jusqu'à la vente. Les intermédiaires entre les fournisseurs et les clients
sont remplacés autant que possible par des flux de données, ce qui permet de réduire
considérablement les coûts.
Autre application importante possible: l'apprentissage et l'enseignement à distance (e-
learning). Les échanges audio et vidéo en temps réel avec la salle de cours sont une
solution particulièrement intéressante pour les gens à mobilité réduite. Il est possible de se
former toute sa vie durant en bénéficiant d'une grande flexibilité.
Dans le domaine médical, l'on attend beaucoup de la télémédecine qui permettra, par
exemple, aux spécialistes de conseiller les médecins généralistes par vidéoconférence ou
d'établir des diagnostics à distance.

1
Exemple: à l'aéroport de Zurich, cf.: http://www.ibm.com/news/ch/10-04-02.html

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 2
Technologies à large bande en Suisse

2.2 Quelle est la largeur de bande nécessaire aux différentes


applications?

La technologie à large bande permet aux prestataires de service de proposer à leurs clients
l'accès à de nouveaux contenus, logiciels ou technologies. Pour l'instant, il n'existe pas
encore d'offre sur le marché de masse qui ne soit accessible que par connexion à large
bande.
Mais contrairement aux faibles largeurs de bande, la bande large améliore considérablement
la qualité des services grâce à sa grande vitesse de transmission, sa disponibilité
permanente et ses possibilités de transmission à double sens.
La qualité et les contenus des applications varient énormément selon que la vitesse de
transmission est minimale ou adaptée. Les applications interactives sont particulièrement
exigeantes au niveau capacité de transmission.
Selon une étude canadienne,2 un journal électronique qui peut être transmis à raison de 2
Mo/s, peut proposer des vidéos à télécharger en temps réel, ainsi que des blocs de
graphiques, d'images et de textes. Les utilisateurs disposant d'une connexion à 28 ko/s ne
pourront profiter d'une telle offre ou devront se montrer patients. Le téléchargement d'un film
à raison de 56 ko/s dure environ 8 heures, alors qu'avec une connexion à large bande, il ne
faut qu'une demi-heure.

2
http://www.plannedapproach.com/community.htm#apps, cité dans le rapport de la Task Force Bande large canadienne "Le
nouveau rêve national: Réseautage du pays pour l'accès aux services à la large bande", Industrie Canada, Ottawa, novembre
2001.

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 3
Technologies à large bande en Suisse

Le tableau suivant donne un aperçu des taux de transmission minimaux et des taux adaptés
par application:3

Taux de transmission Taux de transmission adapté


Application
minimal en ko/s en ko/s
Télétravail 110 7000
Vidéoconférence 110 800
e-learning 110 7000
Visiophonie 70 200
Vidéo sur demande 1000 7000
Audio sur demande 110 700
Jeux en ligne 40 600
Achats en ligne 40 7000
e-banking 40 400
Journaux électroniques 40 2000
TV digitale 1000 7000

2.3 Utilisation actuelle d'Internet et des technologies à bande large par


les particuliers

En Suisse, plus de 2,2 millions de personnes utilisent régulièrement Internet, soit environ
40% de la population (des plus de 14 ans).

Mais comme en atteste un sondage effectué régulièrement sur l'utilisation d'Internet 4


dans les ménages suisses, ce ne sont pratiquement que des applications à faibles largeurs
de bande qui sont demandées.
Parmi les quelques 14 motifs d'utilisation invoqués, deux seulement pourraient profiter
d'une largeur de bande plus grande: le "téléchargement de programmes" (13,3% des
personnes interrogées) et les "jeux / games en lignes" (6,7%).

Mais l'utilisation la plus courante d'Internet, et de loin, reste l'e-mail: 80,7% des personnes
interrogées s'en servent quotidiennement, voire plusieurs fois par semaine; viennent ensuite
la recherche d'informations par le biais de moteurs de recherche (53,3%) et la lecture de la
presse (34,6%). Toutes ces utilisations ne nécessitent pas une grande largeur de bande.

3
Selon: http://www.plannedapproach.com/community.htm#apps
4
http://www.wemf.ch/d/studien/manet.shtml

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 4
Technologies à large bande en Suisse

Motifs d'utilisation d'Internet: Ménages (septembre 01)5

Motifs d'utilisation d'Internet (plusieurs réponses possibles)

90
80.7
80
70
60
en pourcentage

53.3

50
40 34.6

30
18 16.3
20 13.3
10.9
6.7
10 4.3

0
Utilisation de

presse quotidienne

Informations sur la

Jeux/games en
Consultation

d'itinéraires

produits/prestations
E-mails

Téléchargement de

Demandes
moteurs de
recherche

d'articles
Lecture de la

programmes

Achats de
ligne
Bourse

Si l'on regroupe les clients CATV et ADSL (cf. point 3.1), 3,5% de la population suisse
possédaient une connexion à large bande en mai 2002.

Comparé aux autres pays, se secteur n'est encore que faiblement représenté en Suisse. La
commercialisation de plus en plus active d'ISDN ces derniers temps et le marketing
relativement peu agressif du secteur ADSL n'y sont pas étrangers.

Dans une étude effectuée à la demande de l'OFCOM, le Wissenschaftliche Institut für


Kommunikationsdienste WIK a constaté6 que les connexions câblées étaient nettement plus
nombreuses que les connexions DSL.

Le taux d'augmentation du nombre de connexions par câble a néanmoins diminué par


rapport à celui des connexions DSL. Et Swisscom a même annoncé, en mars 2002, 160 000
connexions DSL d'ici à fin 2002, ce qui laisse supposer d'ambitieux projets de
développement dans ce domaine.

Mais qui sont ces particuliers qui se font installer une connexion à large bande chez eux?
D'après l'étude Forrester sur l'utilisation des connexions à large bande en Europe 7, "Turning
on Broadband Users", il s'agit d'un groupe démographique relativement homogène. Ce sont
des personnes jeunes, à dominante masculine et qui ont un goût certain pour le
divertissement et l'électronique de loisir.8 Ils s'intéressent bien moins à la formation ou aux
achats en ligne qu'au File Sharing, au téléchargement de MP3 et de logiciels ainsi qu'aux
jeux en ligne.
En Suisse, les utilisateurs de connexions à large bande aiment d'ailleurs à se considérer
comme une communauté. C'est ainsi, par exemple, que sont commercialisés, par le portail
www.speeddoesmatter.ch, des t-shirts qui portent l'inscription "Life is too short for 56 k".

5
Selon http://www.wemf.ch/d/studien/manet.shtml
6
Etude "Situation du marché suisse des télécommunications en comparaison internationale", WIK-Consult pour le compte de
l'OFCOM, Bad Honnef, avril 2002, http://www.bakom.ch/imperia/md/content/deutsch/telecomdienste/marktanalysen/2.pdf
7
Etude portant sur 13 pays européens, dont la Suisse
8
http://www.forrester.com/ER/Press/Release/0,1769,665,00.html

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 5
Technologies à large bande en Suisse

D'après une étude américaine publiée récemment,9 les particuliers qui ont adopté les
connexions à large bande sont ceux qui ont été parmi les premiers adeptes d'Internet, qui
bénéficient souvent d'une longue expérience dans ce domaine et qui alimentent bien plus
souvent le web que les utilisateurs d'Internet moyens. Ils sont deux fois plus nombreux à
avoir leur propre site web, à pratiquer le file sharing et à charger des fichiers sur Internet que
les utilisateurs moyens d'Internet, et même si leur préférence va au divertissement via large
bande, ils sont aussi bien plus nombreux à utiliser ce vecteur de communication pour traiter
certaines transactions comme le online banking, les ventes aux enchères ou l'achat et la
vente d'actions. Il est vrai que ces particuliers connaissent Internet depuis de nombreuses
années et qu'ils ont une attitude fondamentalement positive à l'égard de ce média.

2.4 Utilisation actuelle d'Internet et des connexions à large bande dans


les entreprises

La situation est la suivante dans les entreprises: plus une entreprise est grande et plus elle
utilise Internet. Parmi les petites et moyennes entreprises (PME), presque 100% des
entreprises de 100 à 250 employés utilisent Internet, pour les très petites entreprises (2 à 5
collaborateurs), ce pourcentage est de 70%.
Ces chiffres varient cependant selon la branche: alors que dans la restauration, seules 60%
des entreprises utilisent Internet, 100% des entreprises du secteur des assurances ou du
crédit sont connectées à Internet.
Tout comme pour les ménages, l'e-mail est également l'application Internet la plus utilisée
dans les entreprises. 10 Un sondage parmi les PME suisses a révélé qu'au début 2002, plus
de 80% des PME utilisaient régulièrement l'e-mail. Le deuxième motif d'utilisation est la
consultation du WWW (recherche d'informations, etc.). 48% des PME ont leur propre site
web. 14% d'entre elles commercialisent des produits ou des prestations par Internet. Plus de
la moitié d'entre elles (58%) ne réalisent cependant que 5% de leur chiffre d'affaires sur
Internet. 29% des PME interrogées utilisent Internet pour l'approvisionnement, 3% d'entre
elles seulement étant reliées directement au système d'information de leurs fournisseurs. En
ce qui concerne les types de connexion, les PME privilégient très nettement ISDN (62%),
suivi des types de connexion par réseau fixe avec une capacité de transmission plus élevée.

9
http://www.pewinternet.org/reports/toc.asp?Report=63
10
"Einsatz und Nutzung des Internet in kleinen und mittleren Unternehmen in der Schweiz: Von der Einführung 1999 zur
Entwicklung erster geschäftskritischer Anwendungen 2002" (Utilisation d'Internet dans les petites et moyennes entreprises en
Suisse: de l'introduction en 1999 aux premières applications commerciales critiques de 2002), Pascal Sieber AG à la demande
du Seco, avril 2002.

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 6
Technologies à large bande en Suisse

Connexion des PME suisses à Internet de 1999 à 200211

PME: types de connexion (plusieurs réponses possibles)

Analogique

ISDN

Ligne spécialisée

CATV

Terminaux mobiles

Autres

Non connu

0 10 20 30 40 50 60 70
en pourcentage

1999 n=599 2000 n=1356 2002 n=1452

3 Développement des prestations à large bande en Suisse

3.1 Ménages

Depuis 2000, Swisscom propose, par le biais de sa filiale Bluewin, des connexions ADSL
en différentes largeurs de bande. D'autres prestataires dépendent de la vente préalable d'un
produit Swisscom pour pouvoir fournir leurs prestations.
Selon le rapport annuel de Swisscom, 20 entreprises environ avaient bénéficié de cette offre
complète ("Broadband Connectivity Offer") à fin 2001.12 En 2000, 5000 clients étaient
connectés par ADSL; fin 2001, ce chiffre était multiplié par huit. Parmi ces 40 000
connexions ADSL, 32 000 correspondaient à des ménages et 8000 à des entreprises. En
mars 2002, 95 000 connexions ADSL environ ont été enregistrées en Suisse, ce qui
représente une augmentation considérable. Mais il est impossible de déterminer combien de
ces connexions correspondaient à des ménages.
Plus de 85% des ménages étant déjà connectés au câble TV à fin 2000, il est évident que la
connexion à Internet par modem câblé représente une opportunité intéressante pour le
développement de cette infrastructure. C'est ainsi que la Suisse comptait déjà 38 000 clients
connectés à Internet par modem câblé en 2000, 70 000 clients CATV en 2001 et 85 000 en
mars 2002, soit bien plus que les connexions ADSL.
Si l'on compare les prix de connexion Internet à large bande par ADSL, on constate que
ceux-ci ont chuté depuis le début de l'année chez les principaux prestataires pour les
largeurs de bande les plus courantes. Il n'y a que très peu de différences de prix pour ce qui
est de la taxe unique de connexion; les différences se situent par contre au niveau de la
durée minimale de l'abonnement et du volume de données pouvant être reporté à la fin de
chaque mois.13

11
Selon Sieber 2002; par lignes spécialisée, les auteurs entendent aussi bien les lignes louées que les connexions ADSL
12
Voir rapport annuel 2001 de Swisscom SA, p. 19.
13
Situation juin 2002, voir http://www.allo.ch/fr/internet/adsl_256.php

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 7
Technologies à large bande en Suisse

Comparaison de prix pour accès Internet à large bande


Taux de transmission (upstream/ Swisscom* Sunrise** Cablecom
downstream) (ko/sec) jusqu'à mars 2002 dès mars 2002 jusqu'à mai 2002 dès mai 2002
256/64 SFr. 64 SFr. 49 SFr. 64 SFr. 49 SFr. 49
512/128 SFr. 94 SFr. 79 SFr. 94 SFr. 79 SFr. 65
1024/256 SFr. 169 SFr. 169 -- -- --
2048/352 SFr. 279 SFr. 279 -- -- --
Taux de transmission (upstream/ Tiscali** Econophone** & ***
downstream) (ko/sec) jusqu'à juin 2002 dès juin 2002 jusqu'à juillet 2002 dès juillet 2002
256/64 SFr. 62 SFr. 55 SFr. 58 SFr. 45.90
512/128 SFr. 96 SFr. 85 SFr. 74 SFr. 74
1024/256 SFr. 590 SFr. 219 -- SFr. 145
2048/352 SFr. 990 SFr. 339 -- SFr. 245
Source: Etude WIK et OFCOM
* avec transfert de données jusqu'à 3, voire 6 Giga-octets par mois
** sans limite de volume
*** les indications de prix se rapportent à l'offre Preselect d'Econophone

L'étude du WIK sur la situation du marché suisse des télécommunications14 permet de


constater qu'il existe actuellement, du moins au niveau régional, une compétitivité sur le
marché de consommation finale des prestations à large bande, notamment entre les
prestataires de télévision câblée comme Cablecom et les prestataires de DSL comme
Bluewin. Mais, toujours selon l'estimation de WIK, cette concurrence ne semble pas être
durable. Ce qui peut poser un problème pour l'évolution ultérieure des technologies de
transmission à fil.

3.2 Entreprises
Ainsi que nous l'avons déjà mentionné plus haut, les entreprises, et notamment les PME,
profitent également des offres ADSL avec leurs différentes largeurs de bandes.
Par ailleurs, les entreprises des grandes agglomérations peuvent accéder à des connexions
par fibre optique. Des prestataires paneuropéens comme WorldCom et Colt exploitent
localement des infrastructures limitées dans ce domaine.
La location de lignes est pratiquée aussi bien par les entreprises que par les autres
supports, mais ne peut pas être clairement attribuée à l'une ou l'autre catégorie.
De ce fait, il est difficile d'évaluer l'évolution du marché de consommation final. Si l'on s'en
réfère aux données de Swisscom, le nombre de lignes louées, aussi bien analogiques que
digitales, d'une largeur de bande inférieure à 2 Mo/s a diminué entre 1998 et 200015, alors
que celui des lignes louées nationales digitales d'une largeur de bande supérieure à 2 Mo/s
a augmenté.

14
http://www.bakom.ch/imperia/md/content/deutsch/telecomdienste/marktanalysen/2.pdf
15
http://www.bakom.ch/imperia/md/content/deutsch/telecomdienste/marktanalysen/2.pdf, p. 32 f

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 8
Technologies à large bande en Suisse

Evolution du nombre d'accès Internet par large bande entre 2000 et mars 2002

300000 300000

250000 250000

200000 200000

155000
150000 150000

100000 95000
100000 100000

50000 38000 40000 50000

5000
0 0
2000 2001 Mai 2002

Connexions ADSL Modems câblés Nombre total

4 Pull ou push: politique suisse en matière de technologies à large


bande par rapport à celle des autres pays

Bien que le nombre de connexions à large bande augmente dans notre pays, nous en
sommes toujours au début du développement de ces technologies. Sur le plan international,
force est de constater que la possibilité d'accéder à des prestations à large bande joue un
rôle important au niveau de l'attrait géographique et de la compétitivité internationale des
différentes économies. Par ailleurs, la question des disparités régionales au niveau des
infrastructures dans ce domaine est un sujet d'actualité dans des pays comme le Canada ou
la Suède qui ont des grands espaces à faible densité de population.

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 9
Technologies à large bande en Suisse

Connexions à large bande: comparaison au niveau international

Connexions DSL et CATV par 100 ménages, fin 2001


Source: Telecom Markets, calculs OFCOM

Korea (Sept. 2001) 25% 15%

Canada 10% 17%

USA 4% 9%

Germany 6% 2%

France 2% 1%

Italy 2% 0%

Spain 3% 1%

Belgium 5% 5%

Sweden 4% 13%

UK 1% 1%

Netherlands 2% 5%

Austria 3% 5%

Finland 4% 1%

Switzerland 1% 4%

Denmark 6% 4%

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45%

Connexions DSL par 100 ménages Connexions m odem câblé par 100 m énages

Il n'est donc pas surprenant de voir que, dans certains pays développés, l'Etat prévoit ou a
déjà pris des mesures d'interventions pour favoriser le développement des services à large
bande. Ces mesures peuvent être de deux types:
• soutien financier de l'Etat pour les entreprises de télécommunication
• main mise des pouvoirs publics sur l'infrastructure de télécommunication et location
ciblée à des prestataires de services ou à des consommateurs finaux.
A côté de ces programmes publics, beaucoup de pays privilégient l'option du "laissez faire"
qui consiste à ce que l'Etat se concentre sur la création de conditions cadre qui laissent une
marge de manœuvre aux marchés et qui leur évitent des échecs. Des combinaisons entre
programmes d'intervention et politiques d'encadrement sont également possibles.

Arguments en faveur d'un engagement financier actif des pouvoirs publics, que ce soit sous
forme de soutien aux entreprises privées ou de propriété directe de l'Etat:
• Il n'est pas intéressant d'investir dans des infrastructures relativement coûteuses et peu
utilisées pour des régions reculées, l'investissement ne pouvant pas être amorti. Dans
ces cas-là, un engagement de l'Etat serait nécessaire.
• Si une commune possède déjà l'infrastructure pour ce type de technologie, elle pourrait
proposer à tous les prestataires des capacités de réseau à des conditions non
discriminatoires et éviter, ainsi, l'installation d'infrastructures parallèles et des travaux
inutiles.
• Les régions ou communes plus excentrées qui ne pourraient bénéficier des
infrastructures nécessaires que dans une phase ultérieure en raison de leur éloignement
pourraient compenser ce retard par des efforts financiers propres.

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 10
Technologies à large bande en Suisse

D'autres arguments s'opposent à l'intervention directe de l'Etat:


• La communication par large bande n'en est encore qu'à ses débuts et le sort des régions
mal desservies n'est pas encore clairement défini en raison des barrières
technologiques. Une politique d'intervention mal ciblée pourrait par conséquent fausser
les données et engendrer des résultats économiques peu rentables.
• De plus, il est encore trop tôt pour déterminer, avec précision, les régions qui ne seraient
pas desservies en raison d'une rentabilité insuffisante.
• Les différents régulateurs nationaux s'efforcent actuellement de développer la
concurrence sur les marchés de la télécommunication, ce qui ne peut être que propice
au développement des technologies à large bande. Mais la déformation des décisions
d'investissement privées sur la base de programmes d'intervention publics peuvent
également influer sur la situation concurrentielle et freiner l'évolution du marché.
• La création de réseaux communaux peut engendrer une situation de monopole sur le
plan local qui peut aller à l'encontre de l'innovation et de l'efficience.

En Suisse, les infrastructures pour la transmission à large bande avec fil sont déjà bien
développées. Pas moins de 94% des ménages peuvent théoriquement accéder à la
télévision câblée et le pourcentage de ménages effectivement "câblés" atteignait 85% à fin
2001. A l'heure actuelle (fin juin 2002), on compte en Suisse 190 000 usagers internet
connectés par le câble. Parmi tous les raccordements CATV, 1 800 000 permettent
aujourd'hui une transmission bi-directionnelle, c'est-à-dire qu'ils pourraient être utilisés pour
des services à large bande sans grand investissement supplémentaire. Cela correspond à
67% environ de tous les raccordements CATV.
Le nombre de connexions compatibles avec le DSL a également augmenté; elles
représentaient à la fin 2001 85% de toutes les connexions, soit 3'487'000 (source
Swisscom). Cette évolution se poursuit, mais il ne sera pas possible d'atteindre 100% de
connexions compatibles: les caractéristiques physiques entraînent des difficultés au niveau
des lignes aériennes ou des problèmes liés à la longueur des lignes souterraines.
Il n'est donc pas très étonnant de constater que la Suisse ne poursuit pas une politique
interventionniste dans ce domaine et qu'elle se concentre davantage sur la définition de
conditions cadre réglementaires. Le développement au niveau local, par des communes ou
des sociétés de services par exemple, reste toujours possible, mais suscite peu d'intérêt
jusque là.

5 Conditions cadre réglementaires pour le développement des


technologies à large bande en Suisse

Les applications à large bande sont possibles grâce à des technologies de transmission par
réseau fixe ou sans fil. Outre la promotion ponctuelle et tout à fait judicieuse de cette
méthode de communication dans des domaines particuliers comme l'e-learning, la
télémédecine ou l'attribution de facilités d'accès pour certains groupes ("accès pour tous"), la
Confédération se concentre sur la définition de conditions cadres attrayantes et favorables
au développement d'une compétitivité saine.
La compétitivité existe déjà au niveau infrastructures dans le domaine des technologies de
transmission sans fil où plusieurs réseaux de communication mobile GSM ont été créés par
exemple. Les coûts générés par le financement de plusieurs réseaux indépendants sont tout
à fait amortissables sur la durée de la concession et les prestataires n'ont donc plus besoin
d'avoir le monopole pour survivre. Le rôle de l'Etat, par contre, consiste à veiller à l'attribution
des différentes concessions et à définir les conditions nécessaires pour pouvoir utiliser les

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 11
Technologies à large bande en Suisse

fréquences insuffisantes et fournir des services de télécommunication accessibles dans


l'ensemble du pays.
Avec l'introduction du GPRS, les vastes réseaux GSM conviennent parfaitement pour des
applications mobiles. La vitesse d'introduction des nouvelles technologies dépend largement
de la pression sur marché de la téléphonie mobile où les clients sont particulièrement
sensibles aux innovations et aux différences entre les sociétés exploitantes. L'attribution de
quatre concessions UMTS a également permis de réunir les conditions favorables au
développement de la compétitivité au niveau infrastructure pour cette technologie de
téléphonie mobile d'avenir, même si dans certains secteurs, un regroupement de
composantes de réseau, comme les sites d'émission par exemple, serait approprié et
souhaitable et permettrait de réduire les coûts sans pour autant freiner la concurrence. Un tel
regroupement n'est toutefois possible que dans une moindre mesure en raison notamment
des valeurs de tolérance très strictes en matière de radiation.
En ce qui concerne les technologies de transmission par fil, par contre, l'exploitation parallèle
de réseaux pose un problème économique. Comme le révèle l'étude du WIK effectuée à la
demande de l'OFCOM,16 la compétitivité s'est développée de façon satisfaisante sur le
marché de la télécommunication, mais pas sur celui des connexions locales. Il est vrai
qu'une infrastructure locale de transmission à fil représente un investissement très lourd et
n'est pas une entreprise sans risque. Il s'agit en effet d'investissement à fonds perdus ("sunk
costs" dans le jargon), c'est-à-dire des investissements qu'une entreprise doit faire avant de
pouvoir produire et qu'elle ne pourra plus récupérer si elle ne produit pas. Ces coûts sont
bien plus élevés pour les technologies de transmission par réseau fixe que pour les
technologies sans fil et ne peuvent être supportés que par de grosses entreprises de groupe.
Un nouveau venu sur le marché ne peut donc pas se battre avec les mêmes armes qu'une
société qui jouit d'un monopole de longue date et qui a pu construire son réseau de
connexion sur une très longue durée pendant laquelle elle a bénéficié de nombreux
avantages liés à son monopole.
Cette difficulté d'accéder au marché de la communication par réseau fixe est encore
renforcée par le fait que des technologies de substitution comme les connexions sans fil ou
par réseau électrique (PLC) n'ont pas encore fait leurs preuves. L'unique alternative qui
semble promise au succès est le câble qui doit néanmoins être adapté aux besoins des
clients de connexions à large bande au prix d'investissements très coûteux. Compte tenu de
la situation actuelle du marché financier et de l'hétérogénéité partielle du marché CATV en
Suisse, le développement des infrastructures pour le câble et de la concurrence avec les
services à large bande DSL constitue un véritable défi.
L'obligation de dégroupage du réseau de connexion imposée aux principaux prestataires
serait une solution pour résorber le goulot d'étranglement sur les marchés des connexions
d'usagers. Le Conseil fédéral a lancé le 5 juillet 2002 une procédure de consultation pour
permettre aux milieux intéressés de s'exprimer d'ici au 15 octobre 2002 sur les mesures qu'il
propose. Le Conseil fédéral a bien entendu tenu compte des principes économiques qu'il
convient de respecter lors de l'introduction d'un tel dégroupage.17

La politique suisse part du principe que le marché sera parfaitement en mesure de couvrir
les besoins en matière de technologies à large bande à long terme sans que l'Etat n'ait à
intervenir. Celui-ci n'interviendra qu'en cas d'échec du marché, que ce soit en définissant des
conditions cadre en faveur de la compétitivité ou de façon ciblée en cas d'absence
d'investissement privé. La Suisse n'a donc pas de politique interventionniste en matière de
développement des infrastructures de communication à large bande, mais compte sur les
forces du marché.

16
http://www.bakom.ch/imperia/md/content/deutsch/telecomdienste/marktanalysen/2.pdf
17
Voir "Impact économique de l'obligation de dégroupage de la boucle locale",
http://www.bakom.ch/de/telekommunikation/marktanalysen/index.html

Technologies à large bande en Suisse /13/08/02/Brenner Sabine, René Dönni, Patrick Heer/ Page: 12

Vous aimerez peut-être aussi