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UNE OPÉRATION D’INFORMATION

BRITANNIQUE : LE RETOUR DE
BONAPARTE D’EGYPTE
NOTE HISTORIQUE N°7 / OCTOBRE 2007
GÉRALD ARBOIT

On peut définir l’information comme un ensemble de données, éléments de base


disponibles. Elle est le fruit d’un processus construit pour être diffusé. Echange
interpersonnel dans un cadre de proximité, elle concourt à la communication humaine, dont
la presse est une émanation. Améliorée, c’est-à-dire recoupée et confirmée, elle devient
renseignement pour les décideurs. Activité vieille comme l’humanité, elle

« est en amont de tout processus décisionnel ; elle est ainsi à la source du savoir, du vouloir
et du pouvoir. En ce sens, la maîtrise de l’information est au cœur de toutes les stratégies,
et tout particulièrement de la stratégie d’influence1. »

Appliquée à l’art militaire, elle est générée par

« toutes les actions que conduisent les forces (…). Ces actions doivent être interprétées
positivement par ceux que nous cherchons à défendre. Elles peuvent aussi constituer un
message fort pour l’adversaire ou les perturbateurs. L’idée même de lutte d’influence a
toujours accompagné l’action militaire de façon intuitive dans les opérations2 »

L’épopée napoléonienne, depuis l’expédition d’Italie jusqu’à Waterloo, tant côté français que
coalisé, recèle de nombreux exemples de cette gestion intuitive. Certes, elle s’apparente
plus à la guerre de commandement et de contrôle (C2W)3 qu’à une opération d’information ;
elle vise en effet à agir sur les moyens d’information ennemis pour séparer les forces
ennemies de ses chefs, alors que l’opération d’information entend peser « sur la volonté et
les capacités d’adversaires et de tiers, en appui des objectifs de la mission, tout en
soutenant les informations (…) propres »4. La plus intéressante, peut-être parce que la plus
complexe dans le sens où elle est un mélange des deux, se déroula pendant la campagne
d’Egypte (1798-1801) sur l’initiative du capitaine de vaisseau anglais Sir William Sidney
Smith. A la différence de son aîné de six ans, le vice-amiral Horatio Nelson, cet officier
général du XVIIIe siècle, âgé de trente-cinq ans, semble avoir parfaitement compris combien
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« l’information est dans la manœuvre, au même titre que l’usage de la force. Information et
usage de la force se combinent et s’appuient mutuellement dans les voies choisies pour
atteindre l’état final recherché5. »

UNE APPROCHE STRATÉGIQUE DU RENSEIGNEMENT


La véritable différence entre les deux marins britanniques, que seule l’indépendance d’esprit
et de décision rassemblait, était leur approche de l’information au combat. A l’instar du
commandant de la flotte de Méditerranée, l’amiral John Jervis, Nelson ne s’encombrait
guère de considérations politico-diplomatiques dans ses analyses stratégiques. Le
vainqueur d’Aboukir, le 1 er août 1798, n’avait pas la même appréhension des questions de
renseignement que Smith, évadé de la prison du Temple, trois mois auparavant. A cette
époque — et pourrait-on dire jusqu’au dernier tiers du XIXe siècle —, cette activité
d’information se résumait essentiellement au travail des diplomates et de leurs affidés,
parfois appelés « agents secrets ». Au niveau opérationnel, le renseignement naval butait
inévitablement sur les communications. En Méditerranée, il fallait trois à cinq semaines pour
que la correspondance d’un vaisseau atteignît les bureaux de l’Amirauté, le double si une
réponse était attendue ; elle gagnait Hambourg par voie normale à travers l’Allemagne, puis
par mer jusqu’à Londres 6.

Tout commandant de la Royal Navy était donc obligé de concevoir ses propres moyens de
recueillir de l’information utile. Les visites périodiques aux diplomates anglais ou amis dans
les ports d’escale, les conversations avec les bateaux marchands ou les vaisseaux de
guerre amis et neutres rencontrés en haute mer, lire la presse étrangère dans la mesure où
l’on pouvait la traduire fournissait un renseignement utile. Mais l’outil privilégié de recueil de
renseignement d’un commandant était la frégate, fréquemment expédiée pour reconnaître
les ports et les bases ennemis, chercher et interroger des navires marchands étrangers,
opérer des reconnaissances à terre… La plainte commune de Nelson et de ses
contemporains était qu’il n’y avait jamais assez de frégates pour recueillir le renseignement
ou assez de navires d’expédition pour le diffuser — un exemple vieux de deux siècles de
l’éternel problème d’assigner les moyens nécessaires pour acquérir du renseignement et
pouvoir le diffuser efficacement une fois rassemblé. Chaque commandant dirigeait le recueil
et la diffusion au profit d’un autre commandant de vaisseau, d’escadre ou de flotte ; se
posait alors la question de la sûreté de la transmission, au moyen d’un code de deux cent
soixante combinaisons de dix drapeaux, imposé en 1790 par l’amiral Lord Richard Howe7.
Mais il ne disposait d’aucun « officier de renseignement ». D’une manière générale, il n’avait
aucun personnel d’état-major. Pour copier la correspondance, un amiral commandant une
flotte entière pouvait avoir deux ou trois commis, un lieutenant aide de camp, voire parfois
un intendant. Mais, au niveau de l’escadre, on se contentait le plus souvent d’un simple
commis.

Nelson commandait une escadre en Méditerranée. Il avait une idée de l’importance du


renseignement tactique. Il présenta même un talent particulier pour son recueil, au point
d’apparaître comme un remarquable officier de renseignement, bien qu’il ne se pensa
jamais ainsi. Le renseignement n’était pour lui qu’un élément renforçant sa capacité de
combattre, son recueil et son inclusion dans son processus de décision n’étant qu’une partie

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de son modèle de commandement, au même titre que la logistique, la planification, et la
tactique de combat. La majeure partie de ses contemporains qui réussirent en mer traitèrent
le renseignement pareillement8.

Smith présentait un profil plutôt différent, proche de celui de ces adeptes de la « petite
guerre » dans la cavalerie légère. Démobilisé au lendemain du traité de Paris du 3
septembre 1783 – qui mettait fin à la guerre d’indépendance américaine – il avait passé
quelques années à voyager. John Wesley Wright avait fait de même, remplissant même une
mission à Saint-Pétersbourg sous couverture commerciale et « sur un ordre important »9. En
février 1784, ce parfait francophone était arrivé en France, dans la région de Caen. Pendant
deux ans, il sillonna la Normandie et pu observer à loisir l’avancement des travaux de
construction du port de transbordement de Cherbourg… Il décrivit pour l’Amirauté, avec
force détails, la méthode employée pour construire la jetée, estimant qu’une fois achevée, la
base navale aurait « la même taille que Portsmouth », le principal port militaire anglais.
Soupçonné d’espionnage en 1787, il quitta la France pour l’Espagne afin de conserver sa
couverture de voyageur, gagna Gibraltar et, en prévision d’un prochain conflit avec le sultan
Sidi Muhammad bin Abdallâh, se rendit à Tanger. Il établit des rapports sur la ligne de côte
et la marine marocaine, puis suggéra à l’Amirauté un changement de stratégie afin de mieux
contrôler le détroit. Il proposa d’y affecter une seconde escadre à Lagos, au Portugal, et
demanda, sans mentionner qu’il n’avait que vingt-trois ans, que son commandement lui fût
confié… N’ayant pas été écouté, il partit naviguer dans le golfe de Finlande. En 1790, il
accepta « une invitation du roi de la Suède d’être son conseiller naval dans une guerre
contre la Russie et a conduit ses opérations navales du yacht du roi » …

En mai 1792, il était de retour à Londres, où il fut bientôt autorisé par l’Amirauté à rejoindre
son jeune frère, John Spencer, nommé premier secrétaire et chargé d’affaire à
Constantinople. Les renseignements sur les côtes de Méditerranée orientale et de la mer
Noire qu’il transmit à Londres se révélèrent d’une valeur estimable lorsque la Révolution
française porta la guerre dans cette région. A Smyrne, apprenant son déclenchement, il
avait recruté un équipage sans attache et avait rejoint la flotte britannique de Méditerranée
comme volontaire. Sans commandement, il était devant Toulon en décembre 1793. Dans la
nuit du 17 au 18 décembre, avant que la ville ne fut reprise par les Français, il reçut la
mission d’incendier le magasin général et de détruire le plus de vaisseaux possibles. Avec
neuf vaisseaux de ligne et cinq frégates, il réussit un exploit que nulle opération navale
n’avait accompli jusque-là 10. Il y gagna, à compter de janvier 1795, une affectation à la petite
flottille de la Manche 11. Cet honneur, alors qu’il avait laissé plus de la moitié des navires
intacts, manquant l’opportunité de détruire toute la flotte française, lui valut également
l’hostilité de nombre de ses pairs, dont Nelson. Mais il attira l’attention d’un jeune marin,
Wright. En juillet 1795, le capitaine Smith, commandant la frégate HMS Diamond, occupait
les îles Saint-Marcouf, au large des côtes normandes. Sacrifiant deux de ses canonnières, il
entreprit de faire fortifier cette position permettant de bloquer Le Havre, d’intercepter le trafic
côtier et d’assurer le transit des émigrés français12.

Il se fit une spécialité dans ces missions jusqu’à sa capture, le 16 avril 1796, suite à un
malencontreux retournement du vent dans l’estuaire du Havre. Fait prisonnier, et non point
échangé comme il était de coutume, il fut conduit à la prison parisienne du Temple. Son
secrétaire, l’aspirant Wright, et un courrier royaliste camouflé sur l’initiative de Smith en
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domestique canadien, John Bromley, alias Jacques Jean Marie François Boudin de
Tromelin, le suivirent 13. Sa détention dura deux ans, pendant lesquels il consacra toute son
énergie à s’évader. Il parvint à établir une correspondance secrète par l’entremise de
l’Agence de Paris14, qui assurait une liaison via notamment John Alexander Keith. Elle avait
fait enfermer temporairement un agent, le comte dalmate Antoine Martin Viscovitch. Mais le
soupçonnant d’être le courrier de Smith, en août 1797, les autorités françaises renvoyèrent
Tromelin en Angleterre15. Quelque huit mois plus tard, le 24 avril 1798, affublés d’uniformes
républicains et nantis d’un ordre de transfert falsifié du ministre de la Marine16, Viscovitch et
Charles Philippe de Sourdat 17 faisaient s’échapper Smith et Wright. Ils les embarquèrent
dans une calèche, en compagnie de colonel Louis-Edmond Antoine Le Picard de
Phélippeaux18, qui fila vers Le Havre, via Rouen. Le 10 mai, ils arrivaient à Londres19.
Viscovitch fut expulsé par le Directoire et arriva le 15 septembre à Portsmouth20, en même
temps que Keith21.

Ils y retrouvèrent Smith, qui venait de prendre le commandement du Tigre, un vaisseau de


ligne de quatre-vingt canons (classe Duquesne) pris aux Français. S’il avait répondu aux
règles des affectations traditionnelles, ce nouvel emploi en Méditerranée aurait placé Smith
sous les ordres de Lord Saint Vincent, commandant des forces navales de cette région.
Mais il camouflait une opération spéciale que seul l’évadé du Temple pouvait réaliser. Les
« Instrument of Full Power » qu’il reçut le 3 octobre 1798 en faisaient un véritable
commandant autonome, nanti de pouvoirs militaires et politiques22. Quant à Nelson, il voulut
quitter la Méditerranée plutôt que de devoir collaborer avec un tel officier subalterne23.

MANIPULER L’INFORMATION DE L’ENNEMI…


Ces pouvoirs particuliers pour un chef de rang subalterne au commandant de théâtre
s’expliquaient autant par les compétences particulières de Sir Sidney24 que par ses attaches
personnelles. Il était le cousin de William Pitt, Premier ministre, et le neveu de Lady
Grenville, épouse du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Surtout, son frère était
chargé d’affaires à Constantinople. L’ample caution gouvernementale 25 et l’expertise d’un
diplomate de carrière lui permettait de mettre sur pied une opération d’information.
L’entourage de Smith, sur le Tigre, en témoignait aisément. Sept « Volunteers » avaient
embarqué, mais leurs véritables identités ne figuraient pas sur le rôle de l’équipage ; ils
avaient été affublés de noms fictifs, comme « William Sidney Smith Tourning » ;
Phélippeaux était le colonel Perrin, Tromelin, le major Bromley, Viscovitch, le capitaine Du
Roy… Smith avait noté à l’attention de l’Amirauté que ces officiers français avaient été
versés dans le détachement de Royal Marines, commandé par le lieutenant-colonel John
Douglas26. Ces hommes lui apportaient une connaissance utile pour déjouer la propagande
française dans la région et lui permettaient d’infiltrer les rangs de l’armée de Bonaparte.

L’état final recherché était de mettre fin à l’occupation de l’Egypte par le corps
expéditionnaire français débarqué le 1er juillet 1798 et bloqué sur zone depuis la victoire de
Nelson à Aboukir, avait détruit la totalité de la flotte ennemie, le 1 er août suivant. A Londres,
la menace de cette présence en Méditerranée orientale avait été immédiatement reliée aux
velléités territoriales françaises en direction du sous-continent indien27. Pour Sidney Smith, il
était clair que Bonaparte « spécul[ait] (…) sur la conquête de l’Inde »28. Le 26 novembre
1798, le Comité secret de la East India Company informait son nouveau gouverneur
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général, Lord Mornington (Richard Wellesley), de la conquête de l’Egypte par Bonaparte29.
Toutefois, la Grande-Bretagne ne disposait pas des troupes terrestres nécessaires pour le
déloger de cette position. Il lui fallait négocier une alliance avec l’Empire ottoman, le
« Contre projet30 » qu’était justement chargé de co-négocier avec son frère Sidney Smith.
La campagne de Syrie montra rapidement combien la menace était sérieuse. Le 19 avril
1799, l’influant directeur de la East India Company, David Scott, demandait à Lord
Mornington de considérer sérieusement l’envoi d’une force militaire en Egypte31.

Conscient de l’infériorité numérique des troupes anglaises, Sidney Smith échafauda une
manœuvre utilisant l’information comme levier d’action. Il suivait en cela les leçons que sa
« petite guerre » au large du Havre lui avait apprise. Il s’inscrivait également dans les traces
du général Bonaparte. Une des premières mesures de celui-ci, après l’annonce du désastre
d’Aboukir, connue au Caire le 13 août 1798, avait été de hâter l’installation d’une Imprimerie
nationale, dont il confia la direction à Jean-Joseph Marcel, orientaliste, attaché à la
commission scientifique de l’expédition. Il imprima en français, en arabe, en turc ou en grec,
les proclamations et les bulletins officiels, ainsi que les périodiques dont Bonaparte
entendait se doter. Ayant démontré en Italie combien il avait pleinement saisi le pouvoir des
mots et l’utilité de communiquer en opération, le général voulait pouvoir s’adresser aux
populations d’Egypte comme à son armée, tout en assurant sa gloire auprès du Directoire.
Au Courrier d’Italie succéda ainsi le Courrier de l’Egypte, dont la rédaction était assurée par
Marc Aurel, un journaliste professionnel qui avait déjà travaillé à La France vue de l’Armée
d’Italie. Dans ses colonnes, la défaite navale d’Aboukir devint « un malheureux succès
anglais obtenu au prix de douloureuses pertes », qu’une lettre soi-disant écrite par un marin
anglais minimisait encore32.

Arrivé à Constantinople le 26 décembre 1798, Sidney Smith n’apportait pas une imprimerie,
largement inconnue au Proche-Orient, à l’exception de l’Egypte, mais des canons
embarqués sur les côtes marocaines lors du passage du détroit de Gibraltar. Le but de cette
opération d’information n’était donc pas de vaincre Bonaparte, comme laissé entendre aux
Turcs. Il s’agissait de l’amener à quitter l’Egypte, abandonnant son armée à un officier
moins politique, comme Jean-Baptiste Kléber. Celui-ci ne manquerait pas de céder « à la
clameur de l’armée et traiter[ait] en vue de son rapatriement »33. Pour cela, les canons et la
présence d’artilleurs parmi les officiers français devaient être d’une grande utilité, tant il
fallait convaincre les Turcs de le laisser opérer comme il l’entendait. L’Empire ottoman ne
partageait pas toutes les lois européennes de la guerre, dont l’utilisation du parlementaire et
des cartels d’échange34. Or, le plan de Smith reposait sur ce moyen d’entrer en pourparlers
avec l’autre partie en se présentant avec un drapeau blanc. Les réticences ottomanes
étaient nombreuses. Il ne parvint à exposer sa tactique que le 17 janvier 1799 devant le
Reis effendi (ministre des Affaires étrangères). Phélippeaux l’accompagna afin de préciser
son rôle auprès de plusieurs officiers manifestant des opinions royalistes ou simplement
dégoûtés du tour que prenait l’expédition française. Il fut admis que Wright assurerait la
liaison avec le grand Vizir et les pachas, tandis que Keith était promu parlementaire avec
Bonaparte35.

La thématique de l’opération se décomposait en trois parties, destinée autant à la Sublime


Porte, qu’aux contingents ennemis et à la population locale. Elle se nourrissait également
des informations obtenues par les services diplomatiques britannique et alliés, ou
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interceptées dans les courriers saisis ou encore recueillies auprès des prisonniers et des
déserteurs. Pour renforcer la vigueur de la résistance ottomane et semer le doute au sein
de l’armée ennemie, il fit diffuser une fausse lettre de Bonaparte au Directoire détaillant l’état
désastreux de ses hommes ; elle la croyait tellement réelle que la Porte la fit remonter
jusqu’à Londres36. Il laissa également filtrer qu’une puissante armée ottomane était en
marche. Pour contrer le message diffusé par la propagande française, notamment
l’humanité proclamée par Bonaparte, la communication anglaise opposait le jeu du
Directoire, accusé d’avoir exilé volontairement ses soldats pour les faire périr inutilement.
Smith le rappela, alors que les troupes françaises retraitaient vers l’Egypte, aux populations
chrétiennes de Syrie 37. Il utilisa également les services de déserteurs qu’il renvoyait derrière
les lignes françaises38 ou de gens du pays39. Mouillant en baie d’Alexandrie depuis
quelques heures40, il avait déjà envoyé Keith parlementer avec Marmont et il pouvait noter le
7 mars 1799 à l’attention de sa mère :

« Je m’amuse très bien en ce moment à ma manière préférée, harcelant les héros de la


grande nation, et leur faisant sentir que la meilleure chose qui peut leur arriver est de
devenir mes prisonniers, pour que par ce moyen ils puissent remplir leurs ventres et
retourner chez eux près de leurs familles d’où ils maltraiteront et s’opposeront à ceux qui les
ont envoyées dans cette galère41. »

… POUR EN SÉPARER LE CHEF DE SES TROUPES


Bonaparte avait senti le danger. Sur le point de partir en Syrie avec l’armée, il avait interdit
toute négociation avec les Britanniques pendant la campagne (5 février-25 juillet)42. Mais
Sidney Smith était pressé de « reprendre [ses] vieilles pratiques chouannes »43. Pendant le
siège d’Acre (20 mars-21 mai), il fit distiller des appels à la désertion. Le 30 germinal an VII
(19 avril 1799), Bonaparte répondit à la propagande anglaise sous la forme d’une lettre à
son chef d’état-major, le général Berthier, abondamment diffusée :

« Le commandant de la croisière anglaise devant Acre ayant eu la barbarie de faire


embarquer, sur un bâtiment qui avait la peste, les prisonniers français faits sur les deux
tartanes chargées de munitions, qu’il a prises près de Caïffa, dans la sortie qui a eu lieu le
18; les Anglais ayant été remarqués à la tête des barbares, et le pavillon anglais ayant été
au même instant arboré sur plusieurs tours de la place; la conduite féroce qu’ont tenue les
assiégés en coupant la tête à deux volontaires qui avaient été tués, doit être attribuée au
commandant anglais; conduite si opposée aux honneurs que l’on a rendus aux officiers et
soldats anglais trouvés sur le champ de bataille, et aux soins que l’on a eus des blessés et
des prisonniers.

Les Anglais étant ceux qui défendent et approvisionnent Acre, la conduite horrible de
Djezzar, qui a fait étrangler et jeter à l’eau, les mains liées, plus de deux cents chrétiens,
naturels du pays, parmi lesquels se trouvait le secrétaire d’un consul français, doit
également être attribuée à cet officier, puisque, par les circonstances, le pacha se trouve
entièrement sous sa dépendance.

Cet officier refusant d’ailleurs d’exécuter aucun des articles d’échange établi entre les deux
puissances; et ses propos dans toutes les communications qui ont eu lieu, ses démarches
depuis qu’il est en croisière étant celles d’un fou, mon intention est que vous donniez des
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ordres aux différens commandans de la côte pour qu’on cesse toute communication avec la
flotte anglaise, actuellement en croisière dans ces mers44. »

Le ton était donné. La réponse de Bonaparte était d’autant plus forte que son armée était
secouée de tensions et de ressentiments, notamment à l’égard des civils qui l’avaient
accompagnée45. Mais il entendait aussi rompre toute communication avec Smith. Se
sentant attaqué personnellement, l’Anglais voulut laver son honneur par un duel46. La
diffusion du Manifeste de la Sublime Porte, à partir de la mi-mai, appelant à nouveau à la
désertion, montra que, faute de victoire française, l’opération d’information anglaise prenait.

Elle prenait d’autant mieux que ses mots d’ordre sonnaient juste en l’absence de nouvelles
d’Europe depuis le 6 juillet 1798. Le 10 février 1799, Bonaparte avait retardé son départ du
Caire le temps de recevoir les citoyens Hamelin et Livron, qui étaient partis de Trieste le 24
octobre précédent47. Le 4 mars, il avait reçu à Acre le capitaine du bâtiment de commerce
l’America, Boutros Bokti. Ce négociant syrien, né en Egypte, avait été élevé en France. Il
devait devenir le nouvel agent de communication de l’expédition48. Bonaparte fit ainsi
passer la nouvelle de la victoire terrestre d’Aboukir, le 25 juillet 1799, par ce biais ; elle
arriva à Marseille le 25 septembre et à Paris le 4 octobre. Les fragments incomplets
d’informations qu’il avait reçus lui avaient laissé entendre que la république accumulait les
défaites en Italie, sur le Rhin, en Suisse. Ils avaient également été confirmés par les
prisonniers turcs faits à Aboukir 49, comme le général Husayn Mustapha Pacha, l’Ecossais
converti Patrick Campbell50. Le 10 février, Bonaparte avait écrit au Directoire « si (…) la
France [était] en guerre contre les rois, [il] passerai[t] en France » ; la lettre était entre les
mains des Directeurs le 12 avril51.

Bien qu’elle n’ait pas été interceptée par la croisière anglaise, il ne reçut pas la réponse
positive que lui adressa son gouvernement le 7 prairial an VII (26 mai 1799)52. Mais cette
proposition, ou plutôt les échos qu’elle suscita à Paris, arrivèrent aux oreilles de Sidney
Smith. Thomas Grenville, envoyé spécial de la Cour de Londres à Berlin, fut informé d’une
dépêche du ministre prussien à Paris, le baron Alphonse David de Sandoz-Rollin, en date
du 14 avril53, rapportant ces débats. Complétées d’autres informations faisant de Bonaparte
le commandant de l’armée d’Italie, ces renseignements furent communiqués à son collègue
à Vienne, Sir Morton Frederick Eden, pour transmission à Nelson qui la fit passer à Smith54.
Fausse à l’origine, cette information se trouvait probable au moment où Smith l’intégra à son
opération d’information. Elle lui donnant un nouvel axe, d’une modernité extraordinaire
puisqu’elle visait seulement le général en chef de l’expédition ennemie.

La manœuvre débuta avec les pourparlers autour des échanges de prisonniers initiés entre
le 2 et le 5 août, à Alexandrie 55. Bonaparte avait besoin d’informations sur la suite des
événements en Europe. Le général Marmont avait été chargé d’entrer en contact avec les
Anglais. « La chose était facile, car Sidney-Smith saisissait comme une bonne fortune
l’occasion de parlementer et de faire quelques phrases. » Il envoya à bord du Tigre le
commandant de marine Descorches « officier intelligent, parlant anglais et agréable de
conversation » et l’aide de camp Merlin. Ils en revinrent avec l’information provenant du
courrier que Smith avait reçu de Nelson et des journaux jusqu’au 10 juin, Le Gazette de
Francfort et Le Courrier de Londres56. Dans le même temps, à Damiette, la même presse
était remise à Kléber57. Ils furent transmis à Bonaparte qui les lut58 avant de rencontrer
Keith, le 6 août. Le secrétaire de Smith lui parla intentionnellement de Rome et de l’Italie,
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déclenchant chez le général français des propos pleins d’espoir, comme s’il espérait
« rétablir son prestige perdu en retournant sur le théâtre de sa première gloire » ; il lui fit
ensuite part de la lettre de Nelson59. Pour Smith, il était clair que Bonaparte allait tenter
« d’appareiller avec deux frégates, une corvette et un brick »60. A compter du 15 août, les
premiers bruits de son prochain départ commençaient à transpirer dans le camp français61.
La veille, les frégates Muiron et Carrère, ainsi que deux avisos, étaient passés dans le port
neuf d’Alexandrie et l’amiral Ganteaume avait reçu des ordres de se préparer à
appareiller62.

La première partie de l’opération d’information britannique avait fonctionné. Restait à


ramener Bonaparte en France. Le 26 octobre 1799, Sidney Smith notait à l’attention de
Kléber, nouveau commandant en chef français, qu’il avait « laiss[é] le passage libre » à son
prédécesseur63. Cette décision semble n’avoir été prise que par l’officier britannique64. De la
même façon avait-il laissé filtrer à Marmont combien il allait être contraint d’aller
s’approvisionner en Chypre65. Après avoir dit, le 9 août, envoyer les frégates Cameleon et
Theseus, accompagnées de deux vaisseaux turcs, croiser à l’ouest d’Alexandrie66, pour
impressionner les Français autant que pour désamorcer la vigilance de Nelson, il avait levé
le blocus devant le port égyptien quatre jours plus tard. Le 18 août, même les vaisseaux
turcs avaient disparu67. En fait, les Cameleon et Theseus n’étaient pas parties vers Bengazi,
mais la première faisait route le 9 août vers Palerme68 et la seconde ne quitta le blocus que
trois jours plus tard, pour Chypre, puis la côte anatolienne69. Le Tigre la suivit jusqu’à
Limassol. Le 5 septembre l’y retrouva la Cameleon, avec une lettre de Nelson du 20 août
félicitant Smith pour son succès à Acre et ne doutant pas qu’il le rééditerait à Alexandrie 70.
Lui répondant deux jours plus tard, Smith annonça à son supérieur qu’il craignait que
Bonaparte ne s’échappât en dromadaire vers Bengazi et qu’il avait envoyé la Theseus et
une flottille bloquer ce port71… Mais, soucieux de donner « une de ces chances heureuses
que la fortune ne pourra[it] lui refuser »72 à Bonaparte, il ne fit partir sa lettre que le 11
septembre73. Quant à la Theseus, entraînant derrière elle la flotte ottomane, elle ne se
croisa le long de la côte d’Afrique qu’à compter de début octobre ; le 10 octobre,
s’approchant de la terre, elle apprit que Bonaparte avait quitté Alexandrie 74. Le 8 novembre,
Smith notait à l’attention de Nelson que Bonaparte n’avait échappé à la Theseus que de
peu75…

Depuis un mois, Bonaparte était de retour en France. Le 17 vendémiaire an VIII (9 octobre


1799), après une navigation sans encombre jusqu’au large de la Tunisie 76, il avait débarqué
à Antibes et s’était envolé vers sa gloire… Loin d’être une fuite précipitée, comme en
attestait la lente programmation décidée par le général français à compter de son retour au
Caire, le 10 août77, son retour résultait d’une habile manipulation de l’information dont
disposait Bonaparte par Sidney Smith. L’officier anglais avait agi sur les systèmes de
connaissances et de croyances des Français en général, de leur chef en particulier. Mettant
en œuvre un véritable « processus d’orientation », au sens où l’entend John Boyd78, il avait
su utiliser l’incompréhension des soldats ennemis sur le sens de leur mission et leurs
perceptions du séjour égyptien, dans de mauvaises conditions sanitaires et loin de leur
famille. En utilisant ces données empiriques senties ou observées, qui se poursuivirent
après le départ de Bonaparte79 et permirent la conclusion de la convention d’al-Arish, le 24
janvier 1800, il hâta la reddition des Français, et donc leur rapatriement en France, et
éloigna les risques pour les possessions anglaises en Inde. En jouant sur la « psyché
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inconsciente »80 de Bonaparte, il était parvenu à « imposer [sa] volonté à l’ennemi »81. Dans
les deux cas, il avait su tirer profit de la connaissance culturelle que lui apportaient les sept
Français qui l’avaient suivi82.

Malgré son succès évident au regard de la politique indienne et de la sauvegarde de


l’Empire ottoman, cette opération d’information n’avait pas été du goût des autorités navales
anglaises, ni des alliés russes. Il est vrai que le retour de Bonaparte signifiait un
rétablissement de la France sur le continent, tandis que le retour des troupes lui en apportait
le moyen… Sidney Smith fut désavoué par le nouveau commandant des forces navales en
Méditerranée, l’amiral Lord Keith83, et renvoyé en Angleterre dès la capitulation du
successeur de Kléber, le général arabisant Menou, en août 1801. Ses amis français et le
colonel Douglas le suivirent. Keith déclara à ses amis qu’il restait pour faire des affaires. En
fait, il avait été approché par le maître d’Acre, Djazzar Pacha, pour être son consul en
Egypte – une façon élégante de parler d’espionnage84. Wright resta jusqu’en février 1803 en
Méditerranée. Démobilisé par le traité d’Amiens, il accomplit quelques missions de
renseignement en France avant de reprendre du service dans la petite flottille de la Manche
dès la reprise du conflit. Fait prisonnier au large de Quiberon, il retourna à la prison du
Temple le 20 mai 1805. Cinq mois plus tard, il était trouvé mort dans sa cellule. Suicide
selon l’enquête française, assassinat pour venger Trafalgar selon ses amis, défaillance
cardiaque85… A moins que ce ne fut pour faire taire cet acteur du retour de Bonaparte en
France ? Un retour qui, sans être un abandon de ses soldats, apparaît moins glorieux.

1 Instruction 1000 – Doctrine interarmées d’emploi des forces en opération, chapitre 7,


septembre 2000.
2 BYU192b – PIA 03.252 – Doctrine interarmées des opérations d’information, 29 mai 2006.
3 Joint Pub 3-13.1, Joint Doctrine for Command and Control Warfare (C2W), 7 février 1996

http://www.iwar.org.uk/rma/resources/c4i/jp3_13_1.pdf.
4 NATO Research and Technology, Organisation Opérations d’information – Soutien à

l’analyse et exigences de capacités (RTO-TR-SAS-057), 31 décembre 2005,


http://ftp.rta.nato.int/public//PubFullText/RTO/TR/RTO-TR-SAS-057/$TR-SAS-057-ES.pdf.
5 BYU192b – PIA 03.252 – Doctrine interarmées des opérations d’information, 29 mai 2006.
6 Brian Lavery, Nelson And The Nile: The Naval War Against Bonaparte 1798 (Annapolis,

Naval Institute Press/Londres, Chatham, 1998), p. 124.


7 Alfred Thayer Mahan, op. cit., « Howe: The General Officer, as Tactician », pp. 254-319.
8 Steven E. Maffeo, Most Secret and Confidential: Intelligence in the Age of Nelson

(Annapolis, Naval Institute Press, 2000) et John Keegan, Intelligence in War: Knowledge of
the Enemy from Napoleon to al-Qaeda (Londres, Hutchinson, 2003) s’opposent sur
l’importance du renseignement dans l’action de Nelson. Le premier l’estime décisif, le second
non.
9 Sidney Lee (dir.), Dictionary Of National Biography , LXIII (Londres , Smith, Elder, & Co.,

1900), p. 114.
10 Tom Pocock, A Thirst for Glory: Life of Admiral Sir Sidney Smith (Pimlico, New Ed, 1998),

passim.
11 Public record Office (PRO), Admiralty (Adm), 36/13010, Diamond’s Muster Book 1795.
12 Cf. D. K. Broster, « Sir Sidney Smith and Frotte in 1796 », The English Historical

Review, juillet 1908, vol. 23, n° 91, pp. 534-537.

13 9/13
13 Archives du ministère des Affaires étrangères (AMAE), Correspondance politique (CP)
Angleterre, vol. 589, lettres de Smith à son père et à son frère des 7 et 8 mai 1796, f. 242-
245. Cf. Elizabeth Sparrow, Secret Service. British Agents in France 1792-1815
(Woodbridge, The Boydell Press, 1999), p. 88.
14 Sur la genèse de cette agence d’information, cf. Elizabeth Sparrow, op. cit., pp. 61-71 et

Michael Durey, « The British Secret Service and the Escape of Sir Sidney Smith from Paris
in 1798 », History, juillet 1999, n° 275, vol. 84, pp. 437-457.
15 Archives nationales (AN), AF III 454, plaq. 2701, p. 13, séance du Directoire du 3

messidor an V (21 juin 1797) et F7 6150, dos. 754.


16 AN, F 7 6150, dos. 754, lettre de Pléville-Lepeley à Boniface, concierge du Temple, du 5

floréal an VI (24 avril 1798), accompagnées des copies d’une circulaire du Directoire du 1 er
pluviôse an VI (20 janvier 1798) et d’une lettre de Pléville-Lepeley à Mathieu, commissaire
du département de la Seine, du 26 nivôse an VI (15 janvier 1798).
17 Baron Le Menuet de la Jugannière, Le chouan Carlos Sourdat et son père, l’agent royal

(Paris, Firmin-Didot, 1932).


18 Paul Bertrand de la Grassiere, L’homme de Saint-Jean d'Acre. La vie aventureuse de

Louis de Phélippeaux (Le Chevron d’Or, 1947).


19 PRO, Adm, 36/2497, lettre de Smith à l’Amirauté du 16 juin 1798.
20 AMAE, Mémoires et documents (MD) France, vol. lettre de M. de Maizière du 7 octobre

1798, f. 444-449. Cf. aussi Olivier Blanc, Les espions de la révolution et de l’Empire (Paris,
Perrin, 1995), pp. 158-160.
21 Elizabeth Sparrow, op. cit., p. 136.
22 PRO, Foreign Office (FO) 78/20, f. 75-83.
23 Voir ses lettres des 31 décembre 1798 et 1 er janvier 1799 à Lord Saint-Vincent, cité dans

James Harrison, The Life of the Right Honourable Horatio Lord Viscount Nelson , II (Londres,
C. Chapple, 1806),
http://www.ihaystack.com/authors/h/james_harrison/00016913_the_life_of_the_right_
honourable_horatio_lord_viscou/00016913_english_ascii_p001.htm.
24 Il avait été fait chevalier dans l’ordre royal suédois de l’Epée ( Kungliga Svärdsorden) par

Gustave III. Il le portait par autorisation du roi d’Angleterre George III, ce qui lui valait le
surnom dans la Navy de « chevalier suédois »…
25 Le 3 octobre, un conseil de cabinet avait repoussé la formulation finale des Full Powers,

qui donnait à Sir Sidney, officier de Sa Majesté, une mission diplomatique ; Lord Spencer,
Premier Lord de l’Amirauté, s’y était opposé [PRO, FO 78/20, f. 85-88]. Six jours plus tard,
cette objection fut repoussée par « une espèce de cabinet », selon les mots du ministre de la
Guerre, William Windham, qui y assistait avec le Premier ministre, le secrétaire d’Etat aux
Affaires étrangères et le secrétaire à l’Intérieur, le duc de Portland [Ibid., lettre de Grenville à
Spencer Smith du 10 octobre 1798].
26 PRO, Adm 36/14496.
27 Gérald Arboit, « Géopolitique de l’expédition d’Egypte », Revue de l’Institut Napoléon,

janvier 2001, n° 182, pp. 17-35.


28 PRO, Adm 36/14496, lettre de Sidney Smith à Lord Spencer du 9 août 1799.
29 Review of the Affairs of India, 1798-1806 , (Londres, T.Cadwell, 1807), pp. 14, 16.
30 En français dans le texte [PRO, FO 78/20, f. 75-83].
31 Cyril Henry Philips (ed.), The correspondence of David Scott, director and chairman of the

East India Company, relating to Indian affairs, 1, 1787-1805 (Londres, Royal Hist. Soc.,
1951), p. 184.

32 10/13
32 Amin Sami Wassef, L’information et la presse officielle en Egypte jusqu’à la fin de
l’occupation française (Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1975) et Marc
Martin, Les Origines de la presse militaire en France, à la fin de l’Ancien régime et sous la
Révolution. 1770-1799 (Vincennes, Etat-major de l’Armée de terre, service historique, 1975),
p. 371. Cf. aussi Alan Forrest, « Propaganda and the Legitimation of Power in Napoleonic
France », French History, 2004, vol. 18, n° 4, pp. 426-445.
33 PRO, Adm 36/14496, lettre de Sidney Smith à Lord Spencer du 9 août 1799.
34 Cette pratique ne fut formalisée en Europe qu’à partir de la déclaration de Bruxelles, en

août 1874 [Actes de la Conférence de Bruxelles (Bruxelles, Hayez, 1874), pp. 297-305, 307-
308], et du Manuel d’Oxford, en septembre 1880 [Institut de Droit international, Tableau
général des résolutions (1873-1956) (Bâle, Hans Wehberg, 1957), pp.180-198]. Ils furent
repris dans les deux Conventions de La Haye relatives à la guerre sur terre et leurs
dispositions annexes, adoptées en 1899 et 1907 [Conférence internationale de la Paix 1899,
(La Haye, Martinus Nijhoff, 1907)].
35 PRO, Ibid., rapport de Sidney Smith à Lord Spencer du 6 mars 1799.
36 Ibid., FO 78/22, lettre de Sidney Smith à Wright du 17 mai 1799, f. 144.
37 Ibid., lettre de Sidney Smith à Spencer Smith du 7 juin 1799, f. 200.
38 Ibid., lettre de Sidney Smith à Wright du 17 mai 1799, f. 144.
39 Service historique de la Défense (SHD)/Département de l’Armée de terre (DAT), B 6 28,

lettre de Kléber à Bonaparte du 18 thermidor an VII (5 août 1799) [également publiée dans
Henry Laurens, Kléber en Egypte, 1798-1800, 2, Kléber et Bonaparte 1798-1799 (Paris,
Institut français d’archéologie orientale, 1988), p. 494.
40 PRO, Adm 36/14496, lettre de Sidney Smith à Lord Spencer du 6 mars 1799. Il avait

quitté Constantinople le 17 février.


41 John Barrow, Life & Correspondence of Admiral Sir William Sidney Smith G.C.B., I

(Londres, Richard Bentley, 1848), p. 270.


42 Auguste-Frédéric-Louis Wiesse de Marmont, Mémoires du maréchal Marmont, duc de

Raguse, de 1792 à 1841, 2, 1799-1806 (Paris, Perrotin, 1857), p. 29.


43 PRO, FO 78/22, lettre de Sidney Smith à Wright du 17 mai 1799, f. 144.
44 Œuvres de Napoléon Bonaparte, 2 (Paris, Panckoucke, 1821), p. 19.
45 Cf. François Bernoyer notant le 9 janvier 1799 « Depuis toujours règne une sorte

d’antipathie entre les militaires et les employés des administrations. Ici, c’est une véritable
haine à l’égard des savants » [Avec Bonaparte en Egypte et en Syrie 1798-1800 , dix-neuf
lettres inédites retrouvées, transcrites et présentées par Christian Toutel (Abbeville, Les
Presses françaises, 1976), p. 132].
46 Charles de La Jonquière, L’expédition d’Egypte 1798-1801, IV (Paris, Lavauzelle, 1899-

1907), pp. 440-441 et Henry Laurens, op. cit., p. 542 n. 90.


47 Georges Douin, « Le retour de Bonaparte d’Egypte en France », Bulletin de l’Institut

d’Egypte, t. XXIII, 1941, p. 193.


48 SHD/DAT, B6 111, lettre de Kléber au Directoire du 5 frimaire an VIII (26 décembre 1799),

Charles de La Jonquière, op. cit., V, pp. 666-668 et Henry Laurens, Charles C. Gillispie,
Jean-Claude Golvin, Claude Traunecker, L’Expédition d’Egypte 1798-1801. Bonaparte et
l’Islam, le choc des cultures (Paris, Armand Colin, 1989), p. 444 n. 106.
49 Charles de La Jonquière, op. cit., V, p. 460.
50 Charles Mosley (dir.), Burke's Peerage, Baronetage & Knightage, 107th edition, I

(Wilmington, Burke’s Peerage Ltd, 2003), p. 188.


51 Georges Douin, op. cit., p. 194.
52 AN, AF III 604, plaq. 4203, p. 2 et minutes de Lagarde, copies au registre du bureau

particulier, AF* III 19, supplément f. 34-35 et Charles de La Jonquière, op. cit., V, p. 175 n.
1.
53 Charles de La Jonquière, op. cit., V, p. 147 n. 3.

54 11/13
54 James Stanier Clarke, John McArthur, The life and services of Horatio Viscount Nelson, II
(London, Fisher, c1840), p. 246 et Georges Douin, op. cit., pp. 194-195.
55 Elizabeth Sparrow, op. cit., p. 189, commet une erreur chronologique en plaçant cette

phase de négociation pendant le siège d’Acre, aux alentours du 6 mars 1799, lorsque
Sidney Smith releva la croisière de capitaine Troubridge, selon les ordres de Nelson du 31
décembre 1798.
56 Auguste-Frédéric-Louis Wiesse de Marmont, op. cit., pp. 30-31 et Antoine Vincent

Arnault, Souvenir d’un sexagénaire, V (Paris, Dufey, 1833), p. 415 [Une nouvelle édition, en
un volume, a été publiée en 2003 par Honoré Champion].
57 SHD/DAT, B6 28, lettre de Kléber à Bonaparte du 18 thermidor an VII (5 août 1799).
58 Charles de La Jonquière, op. cit., V, p. 542.
59 PRO, Adm 1/400, lettre de Sidney Smith à Nelson du 7 septembre 1799 et Adm

36/14496, lettre de Sidney Smith à Lord Spencer du 22 octobre 1799. Cf. Georges Douin,
op. cit., pp. 189-191.
60 Ibid., Adm 36/14496, lettre de Sidney Smith à Lord Spencer du 9 août 1799. Bonaparte

rejoignit son quartier-général de Rahmanieh le 7 août [Charles de La Jonquière, op. cit., V,


p. 473 n. 1].
61 Edouard de Villiers du Terrage, L’expédition d’Egypte. Journal et souvenir d’un jeune

savant 1798-1801 (paris, Cosmopole, 2001), p. 180.


62 SHD/DAT, B6 28, lettres de Ganteaume à Bonaparte des 27 et 29 thermidor an VIII (14 et

16 août 1799) ; B6 29, lettre de l’ordonnateur de la marine Le Roy à Bonaparte du 29


thermidor an VIII (16 août 1799) et Georges Douin, op. cit., p. 200.
63 Ibid., B6 111, PRO, FO 78/23, f. 26-29 et Henry Laurens, op. cit., 3, Kléber, commandant

en chef 1799-1800, p. 199.


64 Ni les témoins, Pierre-Dominique Martin, Histoire de l’expédition française en Egypte , I

(Paris, 1815), p. 396, et Antoine Clair Thibeaudeau, Histoire de la campagne d’Egypte sous
le règne de Napoléon le Grand, II (Paris, Huzard, 1837), p. 479, ni les historiens Charles de
La Jonquière, op. cit., V, p. 270 et Georges Douin, op. cit., pp. 197-198, n’ont cru à un
accord secret entre Bonaparte et Smith, ce que soupçonnèrent pourtant les observateurs
ottomans, l’envoyé de l’émir Bâchir II Chihâb, le poète Nicolas el-Turq [cité par Charles de
La Jonquière, op. cit., V, p. 592], ou le trésorier de Husayn Mustapha Pacha, Baschi Ali Aga
[cité par Henry Laurens, op. cit., p. 91]. Pourtant, on n’en trouve aucune trace dans la
correspondance de Sidney Smith et encore moins de son frère, dont manquent les lettres de
mai à octobre au PRO.
65 SHD/DAT, B6 29, lettre de Marmont à Bonaparte du 3 fructidor an VIII (20 août 1799) et

Auguste-Frédéric-Louis Wiesse de Marmont, op. cit., p. 35.


66 PRO, Adm 36/14496, lettre de Sidney Smith à Lord Spencer du 9 août 1799.
67 SHD/DAT, B6 29, lettre de Ganteaume à Bonaparte du 3 fructidor an VIII (20 août 1799).
68 PRO, Adm 51/1297, Cameleon’s Muster Book 1799.
69 Ibid., Ibid. 51/3489, Theseus’ Muster Book 1799.
70 Georges Douin, op. cit., p. 205.
71 PRO, Adm 1/400, lettre de Sidney Smith à Nelson du 7 septembre 1799. Dans une lettre

à son frère, le 20 octobre suivant, il déclara avoir donné cet ordre le 29 août [Ibid., FO
78/22, f. 168].
72 SHD/DAT, B6 111, PRO, FO 78/23, f. 26-29 et Henry Laurens, op. cit., 3, Kléber,

commandant en chef 1799-1800, p. 199.


73 PRO, Adm 36/14496, lettre de Sidney Smith à Lord Spencer du 22 octobre 1799.
74 Ibid., Ibid. 51/3489, Theseus’ Muster Book 1799. Voir aussi Ibid., FO 78/22, lettre de

Sidney Smith à Spencer Smith du 20 octobre 1799, f. 168

75 12/13
75 PRO, Adm 1/400, lettre de Sidney Smith à Nelson du 8 novembre 1799. Les Britanniques
ne savaient pas qui avait suivi Bonaparte, cf. SHD/DAT, B6 33, lettre de Keith à Marmont du
16 octobre 1799 et Henry Laurens, op. cit., p. 175.
76 Auguste-Frédéric-Louis Wiesse de Marmont, op. cit., p. 44.
77 Cf. les précautions prises par les savants Monge, léguant sa bibliothèque à l’Institut

d’Egypte, Berthollet et le poète Parseval, s’inventant des voyages en Haute Egypte, pour
cacher qu’ils quittaient le pays avec Bonaparte [Edouard de Villiers du Terrage, op. cit., p.
181].
78 J.S. Fadok, John Boyd and John Warden, Airpower’s Quest for Strategic Paralysis (The

School of Advanced Airpower Studies, 1994), p. 17-29.


79 Cf. SHD/DAT, B6 110, lettre du général Dugua au général Lagrange du 16 vendémiaire an

VII (8 octobre 1799) et PRO, FO 78/23, lettre de Sidney Smith à Lord Grenville du 28
octobre 1799.
80 Au sens de Carl Gustave Jung, Dialectique du moi et de l’inconscient (Paris, Gallimard,

1986).
81 Carl von Clausewitz, De la guerre (Paris, Perrin, 1999), p. 32
82 Promu conseiller militaire de Djazzar Pacha pour les questions d’artillerie, Phélippeaux

était mort, de fatigue et de la peste, dans Acre.


83 Cf. PRO, FO 78/23, lettre de Lord Keith à Kléber du 8 janvier 1800, f. 73.
84 Elizabeth Sparrow, op. cit., p. 196.
85 AN, F 7 6431 dos. 8866, Elizabeth Sparrow, op. cit., p. 293 et Sidney Lee (dir.), op. cit.. Cf.

aussi Ludovic Fortalis, Les Anglais en France. Des cachots de la terreur aux geôles de
l’Empire (Paris, Perrin, 1923), pp. 217-284.

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