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Terre rare

groupe de métaux aux propriétés


voisines
  1 2   3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
1H    
2 Li Be   B C
3 Na Mg   Al Si
4 K Ca   Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge
5 Rb Sr   Y Zr NbMo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn
6 Cs Ba * Lu Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb
7 Fr Ra ** Lr Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Nh Fl
  ↓  
  * La Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er
  ** Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm

Ne doit pas être confondu avec


Hypothèse de la Terre rare.
Les terres rares sont un groupe de
métaux aux propriétés voisines
comprenant le scandium 21Sc, l'yttrium
39Y et les quinze lanthanides.

Minerai de terre rare (avec une pièce de 1 cent de $


pour la taille).

Six oxydes de terres rares (dans le sens des


aiguilles d'une montre à partir d'en haut à gauche) :
gadolinium, praséodyme, cérium, lanthane,
néodyme et samarium.

Ces métaux sont, contrairement à ce que


suggère leur appellation, assez répandus
dans la croûte terrestre, à l'égal de
certains métaux usuels. L'abondance du
cérium est ainsi d'environ 48 ppm[1], alors
que celle du thulium et du lutécium n'est
que de 0,5 ppm. Sous forme élémentaire,
les terres rares ont un aspect métallique
et sont assez tendres, malléables et
ductiles. Ces éléments sont
chimiquement assez réactifs, surtout à
des températures élevées ou lorsqu'ils
sont finement divisés.

Leurs propriétés électromagnétiques


proviennent de leur configuration
électronique avec remplissage progressif
de la sous-couche 4f, à l'origine du
phénomène appelé contraction des
lanthanides.

Il faut attendre le projet Manhattan, dans


les années 1940, pour que les terres
rares soient purifiées à un niveau
industriel, et les années 1970 pour que
l’une d'elles, l'yttrium, trouve une
application de masse dans la fabrication
de luminophores des tubes cathodiques
utilisés dans la télévision couleur. Du
point de vue de l'économie mondiale, les
terres rares font désormais partie des
matières premières stratégiques.

Liste, étymologie et
utilisations des terres rares
Le tableau suivant donne le numéro
atomique, le symbole, le nom,
l'étymologie et des utilisations des 17
terres rares.

Le nom d'une terre rare dérive selon le


cas :
du nom de lieu de la découverte
(Ytterby, Scandinavie) ;
du nom d'un découvreur (Gadolin,
Samarski) ;
de la mythologie (Cérès, Prométhée,
Thulé) ;
des circonstances de la découverte
(voir La, Pr, Nd, Dy).
Z Symbole Nom Étymologie Utilisations [2],[3],[4],[5]

Alliages légers aluminium-scandium : aéronaut ique


du lat in
milit aire ; addit if (ScI 2) dans les lampes aux
21 Sc Scandium Scandia (la
halogénures mét alliques ; 46Sc : t raceur radioact if
Scandinavie).
dans les raffineries.

Lasers : Grenat d'yt t rium et d'aluminium (YAG)


dopé aux lant hanides[6] (Nd, Ho, Er, Tm, Yb) ;
du village vanadat e YVO4 dopé avec Eu : luminophores
d'Yt t erby, en rouges (TV), dopé avec Nd : lasers, dopé avec
Suède, où le Ce 3+  : LED GaN ; ampoules fluocompact es ;
premier oxyde mixt e de baryum, de cuivre et d'yt t rium
39 Y Yt t rium
minéral de (YBCO) : supraconduct eurs haut e t empérat ure ;
t erre rare a zircone cubique st abilisée par l'yt t rium (en)
ét é (YSZ) : céramiques conduct rices réfract aires ;
découvert . grenat de fer et d'yt t rium (YIG) : filt res micro-
onde ; bougies d'allumage ; 90Y : t rait ement du
cancer.

du grec Bat t eries nickel-mét al hydrure ; verres d'indice de


57 La Lant hane λανθάνειν, réfract ion élevé et de faible Dispersion ; laser
«caché». (YLaF) ; verres fluorés ; st ockage de l'hydrogène.

Agent chimique oxydant  ; poudre de polissage du


de la planèt e
verre (CeO2) ; colorant jaune des verres et des
naine Cérès,
céramiques ; décolorat ion du verre ; cat alyseurs :
nommée
revêt ement s de four aut o-net t oyant s, craquage
58 Ce Cérium d'après la
des hydrocarbures, pot s d'échappement  ; YAG
déesse
dopé au Ce : luminophore jaune vert pour les
romaine de
diodes élect roluminescent es ; Manchons à
l'agricult ure.
incandescence.

du grec
Aimant s permanent s (allié à Nd) ; Amplificat eurs à
πράσινος,
fibre ; colorant s des verres (vert ) et des
59 Pr Praséodyme «vert pâle»,
céramiques (jaune) ; lunet t es de soudeur (allié à
et δίδυμος,
Nd).
«jumeau».
60 Nd Néodyme du grec νεο-, Aimant s permanent s (éoliennes ; pet it es
«nouveau» et cent rales hydrauliques ; voit ures hybrides) ; lasers
δίδυμος, YAG ; colorant violet des verres et des
«jumeau». céramiques ; condensat eurs céramique ; lunet t es
de soudeur (allié à Pr).

du Tit an
Promét hée, Applicat ions pot ent ielles de 147Pm : peint ures
61 Pm Promét hium qui apport a le lumineuses, bat t eries nucléaires, source d'énergie
feu aux pour sonde spat iale.
mort els.

de l'ingénieur
russe des Aimant s permanent s (SmCo5) ; lasers à rayons
62 Sm Samarium mines Vassili X[7] ; cat alyseurs ; capt ure neut ronique ; masers ;
153
Samarsky- Sm : radiot hérapie.
Bykhovet s.

Luminophores rouges (Eu3+ ) et bleus (Eu2+ ) :


lampes fluocompact es, écrans renforçat eurs
du cont inent pour rayons X, TV ; lasers ; crypt es : sondes
63 Eu Europium
Europe. biologiques par t ransfert d'énergie ent re
molécules fluorescent es ; barres de cont rôle
(réact eurs nucléaires).

de Johan
Lasers ; capt ure neut ronique : réact eurs
Gadolin,
nucléaires ; agent de cont rast e en IRM[8] ;
64 Gd Gadolinium découvreur
Luminophores vert s ; écrans renforçat eurs pour
de l'yt t rium
rayons X ; addit if des aciers.
en 1794.

Luminophores vert s : lampes fluocompact es,


du village
écrans renforçat eurs pour rayons X, TV ; lasers ;
65 Tb Terbium d'Yt t erby,
crypt at es (voir Eu) ; Terfenol-D (Tb0,3Dy0,7Fe 1,9) :
Suède.
magnét ost rict ion, t ransduct eurs.

66 Dy Dysprosium du grec Aimant s permanent s ; lampes aux halogénures


δυσπρόσιτος, mét alliques ; disques durs ; lasers ; Terfenol-D
(voir Tb).
«difficile à
obt enir».

du lat in
Holmia Lasers chirurgicaux infrarouges ; colorant rose
67 Ho Holmium (forme des verres ; st andard de calibrat ion en
lat inisée de spect rophot omét rie ; Aimant s permanent s.
St ockholm).

du village Lasers infrarouges (dent ist erie) ; Amplificat eurs à


68 Er Erbium d'Yt t erby fibre ; colorant rose des verres et des
(Suède). céramiques.

de la t erre Luminophores bleus pour écrans renforçat eurs de


myt hologique rayons X ; supraconduct eurs haut e t empérat ure ;
69 Tm Thulium
du Nord, lasers YAG infrarouges ; 170Tm : curiet hérapie,
Thulé. radiographie port able.

du village
Lasers proche infrarouge ; horloge at omique ;
70 Yb Yt t erbium d'Yt t erby
acier inoxydable ; 169Yb : radiographie port able.
(Suède).

de Lut èce Dét ect eurs en t omographie par émission de


71 Lu Lut écium (ancien nom posit ons ; t ant alat e LuTaO4 hôt e de luminophores
de Paris). pour élect rons et rayons X.

Les métaux non séparés des terres rares,


ou mischmétal, ont des utilisations
supplémentaires :

ferrocérium des pierres à briquet ;


additifs des aciers (désoxydation,
désulfuration) ;
catalyseurs de craquage des
hydrocarbures.

Premières découvertes et
appellation
Découvertes des terres rares.
Yttrium (1794)
Yttrium

Terbium (1843)

Erbium (1843)

Erbium

Thulium (1879)

Erbium

Holmium
Holmium (1879)

Dysprosium (1

Yt
Ytterbium
Ytterbium (1878)
Lu

Scand
Cérium

Lanthane

Néodyme (
Didyme

Praséodym

Cérium (1803)
Lanthane (1839)
Didyme (1839)
S
Samarium
Samarium (1879)
E

Gadolinium (1

Prométhium (1947)

Diagrammes des découvertes des terres rares


dates entre parenthèses sont les dates d'annon
découvertes[9]. Les branches représentent les
séparations des éléments à partir d'un ancien (
nouveaux éléments conservant le nom de l'anc
pour le didyme).

L'aventure débute en 1787, lorsqu'un


minéralogiste amateur suédois,
lieutenant d'artillerie de son état, Carl
Axel Arrhenius, visite les carrières de
feldspath d'Ytterby et y découvre un
minéral noir qu'il nomme « ytterbite » : un
nouvel oxyde est alors identifié qui
prendra le nom d'yttria et yttrium pour
l'élément qui lui correspond[10]. En 1803,
le cérium est identifié indépendamment
en Allemagne par Martin Heinrich
Klaproth et en Suède par Jöns Jacob
Berzelius et Wilhelm Hisinger[11].

Leur nom de terres rares vient du fait


qu'on les a découverts à la fin du
e e
 siècle et au début du  siècle
dans des minerais (d'où le nom de
« terres », utilisé à l'époque en français,
langue des échanges internationaux, pour
les oxydes réfractaires au feu) peu
courants à cette époque et à
l'exploitation commerciale rendue
compliquée par le fait que ces minerais
étaient éparpillés et les terres difficiles à
séparer les unes des autres : « terres
rares » signifiait donc « minerais
rares »[12]. Cependant, en raison de leurs
propriétés géochimiques, ils sont répartis
très inégalement à la surface de la Terre,
le plus souvent en deçà des
concentrations rendant leur exploitation
minière économiquement viable.

Comme les terres rares ont des


propriétés chimiques très voisines, on les
trouve en mélange dans un même
minerai et il est difficile de les séparer.
Les techniques de séparation par
cristallisation fractionnée sont
développées par Paul-Émile Lecoq de
Boisbaudran ou Georges Urbain au début
du e
 siècle[13]. La chimie des terres
rares est depuis une tradition française :
au niveau de la recherche, un laboratoire
des terres rares est fondé par Urbain
dans les années 1930 à l'École nationale
supérieure de chimie de Paris et repris
par deux de ses anciens élèves, Paul Job
et Félix Trombe, puis un deuxième
laboratoire à l'École supérieure de
physique et de chimie industrielles de la
ville de Paris, repris et dirigé par un de
ses élèves Georges Champetier ; au
niveau industriel, l'usine de La Rochelle
du groupe Rhodia fut la plus grande usine
de séparation des terres rares[14].
La Société des produits chimiques des
terres rares est fondée en 1919 par
Georges Urbain avec le soutien financier
du groupe Worms ; elle installe une usine
de traitement de monazite à
Serquigny[15]. Cette usine est détruite par
les bombardements lors de la Seconde
Guerre mondiale[16]. En 1948, la Société
des terres rares installe un établissement
à La Rochelle qui devient ensuite l'usine
Rhodia-Terres rares[17]. La société des
terres rares fabrique du nitrate de
thorium dans les années 1910-1950[18].
Dans le cadre de l'opération Alsos, les
équipes de Samuel Goudsmit
perquisitionnent les locaux de la Société
des Terres Rares à Paris où ils trouvent
des documents attestant du transfert de
thorium vers l'Allemagne[19].

Occurrence naturelle

Minéraux …

Deux minéraux représentent l'essentiel


des réserves mondiales de terres rares :

la bastnäsite  (en) (Ln,Sc,Y)CO3F,


essentiellement en Chine et aux États-
Unis ;
la monazite, essentiellement en
Australie, au Brésil, en Chine, en Inde,
en Malaisie, en Afrique du Sud, au Sri
Lanka, en Thaïlande et aux États-Unis,
déclinée en quatre variétés selon leur
composition chimique (les éléments
indiqués entre parenthèses sont les
plus abondants par concentration
décroissante) :
« monazite-Ce »
(Ce,La,Pr,Nd,Th,Y)PO4 ;
« monazite-La » (La,Ce,Nd,Pr)PO4 ;
« monazite-Nd »
(Nd,La,Ce,Pr)PO4 ;
« monazite-Pr » (Pr,Nd,Ce,La)PO4.
Les minéraux suivants en contiennent
parfois assez comme éléments mineurs
ou dans des minerais associés :

l'apatite Ca5(PO4)3(F,Cl,OH) ;
la chéralite  (en) (Ca,Ce)(Th,Ce)(PO4)2 ;
l'eudialyte
Na15Ca6(Fe,Mn)3Zr3SiO(O,OH,H2O)3(Si3
O9)2(Si9O27)2(OH,Cl)2 ;
la loparite (Ce,Na,Ca)(Ti,Nb)O3 ;
les phosphorites
3Ca3(PO4)2·Ca(OH,F,Cl)2 ;
le xénotime (Y,Ln)(PO4) ;
la thorite (Th,U)(SiO4) ;
les argiles à terres rares (adsorption
ionique) ;
la monazite secondaire ;
les rejets de solutions d'uranium.

Gisements et production …

Utilisées depuis longtemps dans les


pierres à briquet (travaux de Carl Auer
von Welsbach sur un alliage de terres
rares, le mischmétal), les terres rares
sont difficiles à extraire et doivent
attendre le projet Manhattan pour être
produites en grande quantité, le chimiste
canadien Frank Spedding  (en) mettant au
point des techniques de séparation par
échange d'ions sur résines qui
permettent d’obtenir des terres rares à
l’état pur[20].

En raison de leurs usages multiples,


souvent dans des domaines de haute
technologie revêtant une dimension
stratégique, les terres rares font l'objet
d'une communication restreinte de la part
des États, de sorte que les statistiques
macroéconomiques à leur sujet
demeurent très lacunaires. Les réserves
mondiales en oxydes de terres rares
étaient estimées par l'Institut d'études
géologiques des États-Unis (États-Unis)
à 120 millions de tonnes fin 2018,
détenues à 37 % par la Chine, devant le
Brésil (18 %), le Viêt Nam (18 %), la
Russie (10 %), l'Inde (6 %), l'Australie
(2,8 %), les États-Unis (1,2 %), etc.[21]. La
Chine estime quant à elle détenir
seulement 30 % des réserves mondiales
de terres rares, bien qu'elle fournisse
90 % des besoins de l'industrie et se
penche sur les techniques de recyclage
de ces terres rares dans les déchets
électroniques[22]. La production mondiale
d'oxydes de terres rares de la Chine s'est
élevée à environ 120 000 t en 2018 sur
une production mondiale de 170 000 t,
soit plus de 70 % du total mondial ;
l'Australie, deuxième producteur, n'en a
extrait que 20 000 t (12 %), les États-Unis
15 000 t (9 %), le Myanmar 5 000 t (3 %),
la Russie 2 600 t (1,5 %), etc.[21].

Réserve potentielle …

Les réserves de terres rares sont


difficiles à évaluer. En juillet 2011, des
scientifiques japonais ont annoncé avoir
trouvé une nouvelle réserve de terres
rares dans les eaux internationales du
Pacifique[23] (à 1 850 kilomètres au sud-
est de Tokyo), qui pourrait porter le
niveau réserve connue actuelle à environ
100 milliards de tonnes, réparties sur
78 sites à des profondeurs de
3 500 à 6 000 mètres[24]. Même si cette
découverte est intéressante étant donné
la demande grandissante de ces
matériaux, l'extraction pose des
problèmes environnementaux
importants[25] et ne pourrait commencer
que vers 2023[26].

En juin 2012, une première expédition a


étudié les fonds marins de l'île
Minamitori, menée par la JAMSTEC  . (en)

En janvier 2013, une seconde expédition


a suivi[27]. En mars 2013, les chercheurs
annoncent que des échantillons de
sédiments vaseux prélevés à
5 800 mètres de profondeur présentent
une concentration de terres rares vingt à
trente fois plus élevée que celle des
mines chinoises[28].

En avril 2018, dans la revue Nature, ils


estiment que ces gisements représentent
sur 2 500 km2 environ 16 millions de
tonnes de terres rares, à plus de
5 000 mètres de profondeur ; sur
2 499 km2, le fond recèlerait plus de
16 millions de tonnes d'oxydes de terres
rares, soit 780 ans d'approvisionnement
mondial en yttrium, 620 ans pour
l'europium, 420 ans pour le terbium, et
730 ans pour le dysprosium selon une
publication d'avril 2018 dans la revue
Scientific Reports[29],[30].

Hégémonie de la production
chinoise

Répartition de la production mondiale de terres


rares de 1950 à 2000.
Jusqu'en 1948, la plupart des sources de
terres rares provenait de dépôts de sable
en Inde et au Brésil. Durant les années
1950, l'Afrique du Sud est devenu le
principal producteur après la découverte
d'immenses veines de terres rares (sous
forme de monazite) à Steenkampskraal.

Du fait des conséquences


environnementales de l'extraction et du
raffinage des terres rares, la plupart des
exploitations ont été fermées en
particulier dans les pays développés.

Sur les 170 000 tonnes produites en


2018, 70,6 % (120 000 tonnes) l’ont été
par la Chine, selon le US Geological
Survey. Les autres producteurs
— Australie (20 000 tonnes) et États-Unis
(15 000 tonnes — sont loin derrière. La
Chine dispose de 37 % des réserves
mondiales[31].

Pour asseoir son contrôle sur ces


minéraux stratégiques, Pékin met en
œuvre une politique industrielle de long
terme[32], et s'emploie à bousculer le
grand jeu géopolitique mondial[33].

Depuis le début des années 2000, les


mines indiennes et brésiliennes
produisent toujours quelques concentrés
de terres rares, mais ont été surpassées
par la production chinoise qui assurait, au
début des années 2010, 95 % de l'offre
de terres rares[34],[35]. Les États-Unis et
l'Australie disposent de réserves
importantes (15 et 5 % respectivement),
mais ont cessé de les exploiter en raison
des prix très concurrentiels de la Chine et
des inquiétudes environnementales[36].

Cette prépondérance inquiète les pays


occidentaux, qui cherchent à diversifier
leur approvisionnement, d'autant plus que
la Chine a annoncé le 1er septembre 2009
vouloir réduire ses quotas d'exportation à
35 000 tonnes par an (sur une production
de 110 000 tonnes) dès 2010.
L'argumentation justifiant cette décision
porte sur la volonté de préserver des
ressources rares et l'environnement. En
effet, le ministère chinois du Commerce a
récemment affirmé que les réserves de
terres rares du pays avaient chuté de
37 % entre 1996 et 2003[37]. Mais ces
mesures visent surtout à satisfaire sa
demande interne, en forte croissance. De
2006 à 2010, la Chine a réduit ses quotas
d'exportation de 5 % à 10 % par an, et la
production a été limitée de peur que ses
réserves ne s'épuisent d'ici quinze ans[36].
Toute la gamme des terres rares est
extraite par la Chine principalement en
Mongolie-Intérieure comme le dépôt de
Bayan Obo, dans le district minier de
Baiyun. On trouve aussi des terres rares
sur le plateau tibétain[38]. Les mines
illégales sont répandues dans la
campagne chinoise et souvent liées à
des pollutions des eaux environnantes.
La Chine annonce qu'elle réduira ses
exportations et sa production de Terres
rares de 10 % pour 2011 pour des
« questions environnementales »[39].
Après une plainte déposée par l'Union
européenne, les États-Unis et le Mexique
à la fin de 2009, l'OMC condamne le
7 juillet 2011 la Chine à mettre un terme
aux quotas imposés pour les terres
rares[40],[41].

L'impact de l'exploitation des terres rares


sur l'environnement a des conséquences
sociales majeures en Chine et le
gouvernement essaye de mieux
rentabiliser son monopole pour en
équilibrer les effets néfastes et pour
mettre en place les processus coûteux
permettant de réduire l'impact
environnemental. Pékin instaure des
quotas sévères depuis 2005, et réduit ses
exportations de 5 à 10 % par an.
Officiellement, en Chine les bénéfices
financiers liés à l'exploitation des terres
rares ne couvrent pas le coût du désastre
écologique : « Ce qui est frappant, c'est
que ce chiffre a largement dépassé les
bénéfices de l'extraction de terres rares.
À la fin de 2011, les 51 entreprises du
secteur de la province du Jiangxi ont
réalisé un bénéfice de 6,4 milliards de
yuans, occupant le premier rang du
secteur national. Le bénéfice résulte
pourtant de la multiplication par quatre
du prix de vente de leurs produits au
cours de ces dernières années. Et selon
les rapports annuels du secteur des
terres rares, les treize entreprises cotées
du secteur, dont l'aciérie de Baotou, ont
affiché en tout un bénéfice de
6,075 milliards de yuans en 2011, soit
une multiplication par plus de deux du
bénéfice de 2010 (2,438 milliards de
yuans). Mais cela reste incomparable
avec le coût nécessaire pour couvrir le
traitement de la pollution sectorielle »[42].

Le 13 mars 2012, les États-Unis, l'Union


européenne et le Japon ont déposé une
plainte devant l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) du fait des limitations
imposées par la Chine à l'exportation de
17 terres rares[43].
La Chine a mis fin au début 2015 aux
quotas à l’exportation qu’elle avait
imposés sur les terres rares ; ces quotas
seront remplacés par un régime de
licences qui seront nécessaires aux
producteurs chinois pour vendre à
l’étranger. Les autorités chinoises
auraient fait savoir par ailleurs en
mars 2014, d’après Reuters, que le pays
ne souhaitait plus assumer le coût
écologique lié à la production très
polluante de l’immense majorité des
terres rares du monde[44].

En mai 2019, en pleine escalade du


conflit commercial sino-américain, la
Chine menace de couper
l'approvisionnement des États-Unis en
terres rares, une ressource cruciale pour
de nombreuses industries : aimants,
téléviseurs, batteries pour téléphones
mobiles et véhicules électriques,
ampoules à basse consommation, pots
catalytiques, éoliennes, etc. La Chine
contrôle 90 % de la production mondiale
et représente 80 % des importations vers
les États-Unis ; non seulement elle assure
elle-même plus de 70 % de la production
mondiale de terres rares, mais un
consortium emmené par le groupe
chinois Shenghe a mis la main en 2017
sur la mine de Mountain Pass, le seul
grand gisement américain de terres rares,
après la faillite de l'exploitant américain
Molycorp[45].

Économies et diversification de
l'approvisionnement depuis 2011

La flambée des prix des terres rares en


2011 (par exemple le cours du
dysprosium a été multiplié par six, celui
du terbium par neuf[46]) et le quasi-
monopole chinois a conduit plusieurs
pays à relancer l'exploration. En 2011,
c'est ainsi plus de 312 projets
d'exploration de gisements de terres
rares qui étaient recensés sur la planète,
impliquant plus de 202 sociétés de tailles
très diverses dans pas moins de
34 pays[47]. La réouverture de la mine
sud-africaine est à l'étude[48]. Certains
gisements canadiens (Hoidas Lake),
vietnamiens, australiens et russes sont
aussi en cours d'évaluation. En 2013, la
société australienne Lynas ouvre une
mine en Malaisie, la plus importante de
terres rares hors de Chine. La mine
californienne de Mountain Pass a été
rouverte après dix ans de fermeture et
après des investissements de
1,25 milliard de dollars. À terme, ces
deux sites devraient représenter 25 % de
la production mondiale[46]. Cette flambée
des prix a aussi conduit les pays
consommateurs à mettre en place un
meilleur recyclage des produits
manufacturés[46]. Le Japon mise ainsi
fortement sur la récupération des terres
rares pour alimenter son industrie
nationale. En France, Solvay a ouvert en
2012 près de Lyon une unité de
récupération de six terres rares
contenues dans les ampoules basse
consommation usagées. Les industriels
ont également cherché à réduire la
quantité de terres rares nécessaires à
leur production. Dans les aimants pour
les moteurs de ses véhicules électriques
par exemple, Nissan a réduit de 40 % la
quantité nécessaire de dysprosium[46].

En 2012, la Chine n'a donc exporté que


12 000 tonnes de terres rares contre
70 000 tonnes en 2003[46].

Au début 2015, seuls deux gisements


sont exploités en dehors de Chine, l’un à
l’ouest de l’Australie, Mount Weld, l’autre,
Mountain Pass, en Californie. Une
cinquantaine de projets sont en cours de
développement, dont la moitié sont bien
avancés, en particulier au Canada, en
Australie, aux États-Unis et au Groenland
(à Kvanefjeld). D’ici à 2020, une vingtaine
de sociétés seront a priori capables de
produire des terres rares en dehors de
Chine, pour des coûts de développement
avoisinant au total 12 milliards de
dollars, selon Bloomberg, alors que le
marché des oxydes de terres rares dans
sa globalité est évalué à 3,8 milliards de
dollars en 2014. Le projet de Norra Kärr
en Suède, l’un des rares en Europe, est
très attendu par le marché européen, car
il peut produire en quantité du
dysprosium, terre rare devenue de plus en
plus difficile à obtenir pour les industriels,
qui tentent de réduire son utilisation ; elle
sert à la fabrication d'aimants
permanents utilisés par exemple dans les
éoliennes ; on la trouve aussi dans les
réacteurs nucléaires. China Minmetals,
l'un des trois géants chinois des terres
rares, indiquait en octobre 2014 au South
China Morning Post que la part de
marché du pays dans le secteur pourrait
baisser à 65 %[49].

Conséquences
environnementales
L'extraction et le raffinage des terres
rares entraînent le rejet de nombreux
éléments toxiques : métaux lourds, acide
sulfurique ainsi que des éléments
radioactifs (uranium et thorium). « Il faut
injecter sept ou huit tonnes de sulfate
d'ammonium dans le sol pour extraire
une tonne d'oxyde, ces liquides toxiques
vont résider longtemps et les
conséquences seraient épouvantables si
l'eau souterraine était polluée », a indiqué
le vice-ministre de l'Industrie et des
Technologies de l'information chinois Su
Bo[42]. À Baotou, plus grand site chinois
de production, les effluents toxiques sont
stockés dans un lac artificiel de 10 km3
dont les trop-pleins sont rejetés dans le
fleuve Jaune[50].

À cette pollution s'ajoute la radioactivité.


Mesurée dans les villages de Mongolie-
Intérieure proches de Baotou, elle y est
de 32 fois la normale (à Tchernobyl, elle
est de 14 fois la normale). Des travaux
menés en 2006 par les autorités locales
ont montré que les niveaux de thorium
dans le sol à Dalahai étaient 36 fois plus
élevés que dans d'autres endroits à
Baotou[51].
En conséquence, le bétail autour des
sites d'extraction meurt, les récoltes
chutent et la population est atteinte de
cancers[50]. D'après la carte des
« villages du cancer » en Chine, la
mortalité par cancer y est de 70 %[52]. Il
s'agit de cancers du pancréas, du
poumon et de leucémies[50]. Soixante-six
villageois de Dalahai ont succombé à un
cancer entre 1993 et 2005[51].

Ces pollutions ont été dénoncées en


2011 dans un rapport de Jamie Choi,
alors responsable de Greenpeace
Chine[51].
Santé environnementale
Les effets écotoxicologiques et
toxicologiques des formes solubles des
terres rares ont été assez peu étudiés,
mais selon les données disponibles[53] :

Quelques études ont néanmoins porté


sur certaines terres rares proposées
comme additifs d'alliages d'implants
dégradables (chirurgie dentaire ou
reconstructrice).
Il semble exister des organes-
cibles[54]. Par exemple plus de 78 %
des terres rares administrés par
injection à des rats de laboratoire sont
retrouvés dans leur foie (organe de
détoxication), leurs os (parfois utilisés
pour stocker des toxiques, tels que le
plomb) et leur rate[54]. À doses élevées,
Y, Eu, Dy administrés au rat sous forme
de chlorure en injection ciblent surtout
la rate et les poumons et affectent le
taux de Ca dans le foie, la rate et les
poumons. La cinétique de quelques
terres rares et les variations
temporelles de concentrations
conjointes de Ca ont été étudiées par
exemple pour Pr, Eu, Dy, Yb (à faible
dose), et Y (dose élevée). Elles sont
extraites du sang en 24 h, par le foie
essentiellement (où après injection
dans le sang les taux augmentent
rapidement et fortement dans les 8 à
48 h suivantes pour ensuite décliner),
mais sont retenues par divers organes
durant une « longue période »[54].
Le foie semble le mieux capter Y, Eu, Dy
et Yb qui ensuite y diminuent sauf le Pr
hépatique qui reste élevé[54].
Les variations de concentrations de Ca
dans le foie, la rate et les poumons
sont « en accord » avec les variations
des terres rares[54]. Une hépatotoxicité
sévère a été observée après
l'administration de Ce et Pr (avec
jaunisse et un taux sérique élevé de
GOT (ou ASAT) et GPT (ou ALAT) sont
les plus élevés au « Jour 3 »)[54].
Du point de vue de leur hépatotoxicité
et perturbation du Ca, les chlorures de
terres rares semblent pouvoir être
classés en trois groupes (léger, moyen,
lourd) avec une toxicité variant selon
leur rayon ionique et selon leur
comportement et cinétique dans
l'organisme[54].

Géographie économique
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Article connexe : Matières premières


critiques.

Les terres rares sont un groupement de


dix-sept éléments utilisés principalement
dans les produits de haute technologie
ainsi que dans les produits des nouvelles
technologies vertes. Les principales
concentrations de minerai de terres rares
se trouvent en Chine (Mongolie-
intérieure), aux États-Unis, en ex-URSS.

Du fait de l'impact environnemental


désastreux, les exploitations de terres
rares ont fermé partout hormis en Chine
où les autorités ne se sont pas montrées
un tant soit peu regardantes sur la
pollution générée. [réf. nécessaire].

Utilisation, recyclage

Généralités …

Nombre de ces éléments possèdent des


propriétés uniques qui les rendent utiles
dans de nombreuses applications :
optiques (coloration du verre et de la
céramique, télévision couleur, éclairage
fluorescent, radiographie médicale),
chimiques et structurales (cracking du
pétrole, pots catalytiques), mécaniques
(leur dureté associée à une réaction
chimique facilite le polissage du verre
dans l’optique de pointe), magnétiques
(propriétés exceptionnelles leur
permettant, en alliage avec d'autres
métaux, la miniaturisation d’aimants très
performants, utilisés dans certaines
éoliennes en mer, la téléphonie (en
particulier les téléphones mobiles),
l'électroménager)[55] ; ainsi l'utilisation
des terres rares s'est accrue depuis la fin
e
du  siècle.

En outre, les terres rares sont utilisées


pour la croissance verte[56].

En 2012, des quotas chinois à


l'exportation de terres rares menacent la
fourniture d'industries de haute
technologie en Europe ou Amérique
(quotas dénoncés devant l'OMC qui doit
se prononcer à ce sujet). Des entreprises
se présentant comme issues du domaine
des (éco-)technologies ayant besoin de
scandium, d'yttrium et des lanthanides
ont incité des industriels à ouvrir des
unités de recyclage, dont en France avec
Récylum afin de récupérer dans les
lampes fluo compactes en fin de vie
notamment du lanthane, du cérium, et
surtout de l'yttrium, de l'europium, du
terbium et du gadolinium aujourd'hui
précieux[57]. Pour cela, Rhodia a ouvert
une unité de récupération de poudre
blanche de lampes à Saint-Fons (69),
ainsi qu'une unité de
récupération/retraitement à La Rochelle
(17)[57]. Les deux sites ont été fermés fin
2016 pour manque de rentabilité[58]. Un
pôle de compétitivité, TEAM2 basé dans
le Pas-de-Calais, se spécialise sur le
recyclage de ces terres rares.

Le recyclage des terres rares (très


complexe dans le cas des alliages) a un
coût supérieur à leur valeur en 2018. Le
prix des métaux rares recyclés pourrait
être compétitif si les cours des matières
premières étaient eux-mêmes élevés,
mais depuis fin 2014 ils sont bas[59].

Composants pour véhicules


électriques et hybrides

La croissance des ventes de véhicules


électriques aurait renforcé l'intérêt pour
certaines terres rares : composant
d'accumulateurs de type NiMH (lanthane)
et la fabrication d'aimants compacts
pour les moteurs électriques synchrones
dit « sans balais » (néodyme,
dysprosium, samarium).

Cependant, deux types de voitures


électriques récentes (Renault Zoe, Tesla)
utilisent des accumulateurs de type Li-ion
et des « bobines d'excitation », et non des
aimants permanents, de sorte qu'elles ne
nécessitent pas plus de terres rares que
les autres véhicules (pour les micro-
moteurs électriques de rétroviseurs, les
lève-vitres, les sièges, etc.)[60]. Mais ces
moteurs sont plus gros et plus lourds
que les moteurs avec aimants contenant
des terres rares, comme ceux des
véhicules de Toyota, Nissan, Mitsubishi,
General Motors, PSA et BMW[61].

Composants pour pots


catalytiques

La constitution d'un pot catalytique


nécessite l'emploi d'un oxyde de cérium,
ainsi que les métaux rares du groupe des
platinoïdes : outre le platine lui-même, le
palladium et le rhodium.
Diodes électroluminescentes …

(LED)

Dans le projet de limiter la


consommation d'énergie électrique pour
s'éclairer, le marché de la lampe à diode
électroluminescente ne cesse de
s'accroître, et ces lampes utilisent des
terres rares[62].

Alliages métalliques …

L'oxyde d'yttrium Y2O3 est utilisé dans les


alliages métalliques pour renforcer leur
résistance à la corrosion à haute
température.
Colorants …

Les oxydes et sulfures de terres rares


sont également utilisés comme
pigments, en particulier pour le rouge
(pour remplacer le sulfure de cadmium)
et pour leurs propriétés fluorescentes,
notamment dans les lampes à décharge
(néons, ampoules fluocompactes), les
« filets » des lampes à gaz de camping,
comme photophores des écrans
cathodiques ainsi que, récemment,
comme dopant dans différents types de
lasers.
Toutefois, une part importante de la
production de terres rares est utilisée en
mélange.

Le mélange des métaux de terres rares


appelé mischmétal est généralement
riche en terres cériques. Du fait de cette
importante proportion de cérium, il est
incorporé dans les alliages pour pierre à
briquet. On l'utilise également comme
catalyseur, pour le piégeage de
l'hydrogène (réservoir).

Précautions
Les utilisateurs professionnels encourent
des risques. Voir la brochure de l'INRS
sur ce sujet : INRS ND 1881 .

Configuration électronique
des atomes et des ions
Étant donné un élément des terres rares
la configuration électronique des
couches internes de l'atome est
symbolisée par celle du gaz rare
isoélectronique :

Argon Ar = 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 pour le


scandium ;
Krypton Kr = Ar 4s2 3d10 4p6 pour
l'yttrium ;
Xénon Xe = Kr 5s2 4d10 5p6 pour les
quinze autres éléments, ou
lanthanides.
Configuration électronique des terres
rares
Élément Élément
Configuration
chimique chimiqu
21Sc Scandium Ar 4s2 3d1 61PmPr

39Y Yttrium Kr 5s2 4d1 62SmSa

57La Lanthane Xe 6s2 5d1 63Eu Eu


Xe 6s2 4f1
58CeCérium 64Gd Ga
5d1

Pr PraséodymeXe 6s 2 4f3
59 65Tb Te

60NdNéodyme Xe 6s2 4f4 66Dy Dy

Si la règle de Klechkowski était respectée


toutes les lanthanides auraient pour
configuration électronique Xe 6s2 4fn
avec 1 ≤ n ≤ 14 puisque la sous-couche
4f est pleine avec 14 électrons, d'où 14
éléments.

En fait il y a 15 lanthanides[10] car le


lutécium = Xe 6s2 4f14 5d1 leur est
rattaché à cause de propriétés
chimiques similaires ; il est en même
temps le troisième métal de transition
de la colonne 3 du tableau périodique,
sous le scandium et l'yttrium.
En début de série le lanthane = Xe 6s2
5d1 et le cérium = Xe 6s2 4f1 5d1 font
exception à la règle de Klechkowski, ce
qui indique que les électrons 5d et 4f
ont alors des énergies très voisines. La
troisième exception est le gadolinium
Gd = Xe 6s2 4f7 5d1 et non Xe 6s2 4f8.
Ceci est dû à la stabilité particulière
des sous-couches demi pleines, ici 4f7.
Chez les métaux de transition, le
chrome Cr = Ar 4s1 3d5, et non Ar 4s2
3d4, présente un cas analogue avec sa
sous-couche 3d demi pleine. Ces
exceptions n'ont pas de conséquence
directe sur les propriétés chimiques
car elles concernent les atomes et non
les solides métalliques.
Pour donner des ions, les métaux de
transition perdent en priorité les
électrons s de valence, et le cas échéant
des électrons d. Ainsi le scandium et
l'yttrium perdent leurs trois électrons
externes pour former les ions Sc3+ = Ar et
Y3+ = Kr. De même l'ion le plus stable de
la lanthanide Ln est Ln3+ = Xe 6s2 4fn-1,
où n est le nombre d'électrons 4f de
l'atome (+ 1 électron 5d pour La, Ce et
Gd). Quelques lanthanides donnent en
plus des ions de charge +4 ou +2, moins
stables dans l'eau que Ln3+ :

Le cérium donne l'ion Ce4+


isoélectronique de La3+ et de Xe.
L'europium et l'ytterbium donnent les
ions respectifs Eu2+ = Xe 4f7 et Y2+ =
Xe 4f14. Leur relative stabilité est due à
la présence de sous-couches 4f
respectivement demi pleine (cf. Gd) et
pleine.

Notes et références
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Maestro, Pierre-Charles Porcher,
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unitaires. Génie de la réaction
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DOI 10.1007/978-94-009-0287-9),
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« Maîtresse du haut-plateau tibétain,
l’armée chinoise y entretient
d’immenses exploitations agricoles
et de grands élevages,
commercialise le bois, construit les
routes à son gré, prospecte et
exploite des gisements miniers : or,
uranium, métaux non ferreux, terres
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症村地图 China Cancer Villages
Map » [« 100 terrains chinois
cancérigènes dangereux »], sur
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22 janvier 2019) : « Original map
found here:
https://maps.google.com/maps/ms?
ie=UTF8&oe=UTF8&msa=0&msid=10
4340755978441088496.00046961
1  ».
53. Charles E. Lambert, Lanthanide
Series of Metals Encyclopedia of
Toxicology, 2e éd., 2005, p. 691-694
(extrait / 1re page )
54. Yumiko Nakamura, Yukari Tsumura,
Yasuhide Tonogai, Tadashi Shibata,
Yoshio Ito, Differences in Behavior
among the Chlorides of Seven Rare
Earth Elements Administered
Intravenously to Rats, Fundamental
and Applied Toxicology, vol. 37, n° 2,
juin 1997, p. 106-116 résumé ).
55. Yves Fouquet et Denis Lacroix, Les
ressources minérales marines
profondes, Éditions Quae, 2012, p. 67
5 . « Le Monde, La croissance verte
est-elle vraiment durable » . C'est le
sujet de La guerre des métaux rares,
de G. Pitron, 2018.
57. Actu environnement, Focus sur le
procédé de recyclage des terres
rares issues d'ampoules basse
conso hors d'usage, 26 septembre
2012
5 . « La Rochelle : fermeture de l'atelier
de recyclage des terres rares de
Solvay d'ici fin 2016 », Sud Ouest,
15 janvier 2016 (lire en ligne ,
consulté le 7 mai 2018).
59. G. Pitron, La guerre des métaux
rares, Les liens qui libèrent, 2018,
p. 76
0. « Véhicules électriques et terres
rares : un florilège de fake news » ,
sur automobile-propre.com,
14 février 2018 (consulté le
17 avril 2018).
1. G. Pitron, La guerre des métaux
rares, Les liens qui libèrent, 2018,
p. 35, note 1
2. G. Pitron, La guerre des métaux
rares, Les liens qui libèrent, 2018,
p. 36

Voir aussi

Bibliographie et filmographie …

Guillaume Pitron, Serge Turquier, La


Sale Guerre des terres rares, France 2,
2012, un documentaire qui parle de
Molycorp  , de sa mine de Mountain
(en)

Pass, de Magnequench et de l'industrie


des terres rares en Chine  (en) à Baotou et
de ses mines de Baiyun.
Guillaume Pitron (préf. Hubert Védrine),
La Guerre des métaux rares, Les Liens
qui libèrent, 2018, 296 p.
(ISBN 979-10-209-0574-1)

Articles connexes …

Matières premières critiques


Ressource naturelle
Aimant aux terres rares

Liens externes …

Sénat - Les enjeux des métaux


stratégiques : le cas des terres rares
(Compte rendu de l'audition publique
du 8 mars 2011 et de la présentation
des conclusions, le 21 juin 2011) ,
rapport n° 782 (2010-2011) de MM.
Claude Birraux, député et Christian
Kert, député, fait au nom de l'Office
parlementaire d'évaluation des choix
scientifiques et technologiques
« Les terres rares, quels impacts ? » ,
Ecoinfo, août 2010, septembre 2012
« Exploration d'un gisement » ,
Ressources21, 2014
  1 2                    
1  H  
2  Li Be
3  Na Mg
4  K Ca  
5  Rb Sr  
6  Cs Ba   La Ce Pr Nd PmSm Eu Gd Tb
7  Fr Ra   Ac Th Pa U Np Pu AmCm Bk
8  119120 *
  * 121122123124 125 126 127 128 1291

Métaux   Alcalino-     Lanthanides     Métaux d


  Alcalins   terreux Actinides transitio
    Superactinides   
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