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En tant que liberté fondamentale, ce droit à laction suppose que toute personne puisse
soumettre ses prétentions à un juge afin quil tranche le litige. En tant que pouvoir légal, il
oblige le juge saisi à statuer sur les prétentions portées devant lui.
Le droit dagir en justice appartient donc à chacun ; il est libre cest-à-dire quil ne
pourra pas être contraint ni faire lobjet dune renonciation anticipée surtout si les motifs sont
obscurs. Cette liberté ne doit pas donner lieu à des abus qui seraient sanctionnés par la théorie
de labus de droit. Le droit dagir est aussi facultatif, cest-à-dire quune personne peut tout à
fait, pour des causes qui lui sont propres, choisir une autre voie de règlement du litige
notamment le règlement amiable.
Laction en justice ainsi définie nécessite, pour sa mise en uvre, la réunion dun
certain nombre de conditions qui ne sont pas sans lien avec celles de la recevabilité de la
demande en justice dans la mesure où celle-ci permet de concrétiser laction, pouvoir virtuel.
Ces conditions concerneront dune part lexistence même de laction (I), dautre part
lexercice de laction (II).
Lexistence de laction implique le respect de certains délais dans lesquels elle est
enfermée mais aussi le respect de la moralité de la demande. Concernant les délais, il peut
sagir des délais pour exercer des voies de recours : un mois pour lappel, deux mois pour le
pourvoi en cassation
; il peut sagir de délais de prescription à lissue desquels laction est
éteinte (prescription trentenaire par exemple) ; mais aussi de délais dans lesquels doivent être
accomplies certaines formalités (par exemple, laffaire doit faire lobjet dun enrôlement au
greffe du tribunal saisi dans les deux mois de lassignation). Ces exigences de délais se
retrouvent tout au long de la procédure et font partie des garanties à un procès équitable.
Quant à lobjet de la demande, il va de soi quil doit être compatible avec lordre
public et non contraire aux bonnes murs. En effet, le juge ne peut statuer que sur des
prétentions, des contestations issues de situations légales.
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Dautres conditions se rattachent directement aux personnes qui agissent en justice.
Ces conditions sont complémentaires des premières et indispensables pour être admis
à engager une action en justice : ce sont lintérêt et la qualité.
Quant à la qualité pour agir en justice, elle est souvent confondue avec lintérêt
personnel et direct du requérant lorsquil agit personnellement. La qualité nest alors quun
aspect de lintérêt. En revanche, la loi impose parfois, en plus dun intérêt direct et personnel,
une habilitation spéciale afin de réduire le nombre des personnes ayant un intérêt à agir. On
parle alors dactions attitrées (par exemple, seuls les époux peuvent demander le divorce).
Enfin, la loi attribue à certaines personnes ou groupements la qualité pour agir alors même
quils ny ont aucun intérêt personnel ou direct : cest le cas pour laction dun contribuable
par substitution à la commune dans laquelle il réside, de celle dun syndicat pour défendre
lintérêt collectif de la profession quil représente, ou de laction dune association pour la
défense dune grande cause, ou encore du ministère public quand lordre public est intéressé
ou dans lintérêt de la loi
Une fois ces conditions réunies, laction peut être exercée mais là encore dans le
respect de certaines dispositions.
Pour intenter une action en justice, le requérant doit avoir la capacité de le faire, cest-
à-dire quil ne doit pas être frappé dincapacité comme cest le cas pour le mineur non-
émancipé ou le majeur placé sous tutelle, sinon il appartiendra aux représentants de
lincapable dexercer laction en vertu dune habilitation légale (parents, tuteurs, représentants
légaux
).
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En revanche, certaines personnes, tout en disposant de cette capacité, auront recours à
dautres personnes habilitées à le faire et dans ce cas, on passe insensiblement de la capacité
au pouvoir dagir au nom de la personne pour laquelle on agit et pour son compte. On parle en
fait de représentation ou de mandat dans lequel le mandant confie le soin au mandataire
dexercer pour lui laction quil aurait pu exercer lui-même. Quant aux personnes morales,
elles sont généralement représentées par une personne physique habilitée par la loi ou
désignée dans les statuts sociétaires.
Enfin, laction suppose une intervention, une prétention qui sera matérialisée,
concrétisée par la demande en justice à laquelle le défendeur pourra sopposer par le biais de
moyens de défense.
La demande en justice est un acte juridique par lequel il sera sollicité du juge lexamen
dune prétention. Il sagit dun acte unilatéral de manifestation de volonté de soumettre cette
prétention au juge en réponse duquel le défendeur soumettra au juge sa volonté de présenter
ses moyens de défense.
Les moyens de défense vont permettre au défendeur de répondre à lattaque dont il est
lobjet et de faire échouer les prétentions de son adversaire. Hormis la demande
reconventionnelle examinée plus haut, le défendeur pourra invoquer trois moyens de défense :
la défense au fond, lexception de procédure et la fin de non-recevoir.
Les défenses au fond qui pourront être invoquées en tout état de la procédure, même
en appel, consistent à faire échouer la prétention du demandeur au motif quelle est injustifiée
ou mal fondée. Cest la dénégation du droit daction du demandeur, soit par rapport à la règle
de droit invoquée, soit par rapport aux faits allégués (par exemple, le demandeur agit en
justice pour obtenir le remboursement dune créance mais le défendeur apporte la preuve que
cette somme a été donnée ou remboursée). La défense au fond entraîne léchec définitif de la
demande qui ne pourra pas être renouvelée.
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Les exceptions de procédure permettent au défendeur de suspendre temporairement la
poursuite de linstance au motif que le débat sest engagé de manière irrégulière, il ne sagit
donc pas de discuter le fond de la prétention et la procédure pourra être reprise après
régularisation de la situation. On distingue les exceptions de nullité, de connexité, de
litispendance, dincompétence ou dilatoire ; elles doivent être invoquées ensemble et
simultanément.
Enfin, les fins de non-recevoir ne visent pas le fond de la prétention mais entraînent
léchec définitif de la prétention qui devient irrecevable. Il peut sagir dun défaut de qualité,
dintérêt, du principe de la chose jugée ou encore de la conciliation des époux dans une
procédure de divorce
Elles peuvent être invoquées en tout état de cause à la différence des
exceptions de procédure qui doivent lêtre avant toute défense au fond ou fin de non-recevoir.
En conclusion, les actions en justice, aussi diversifiées soient-elles, doivent réunir ces
conditions de valeur générale. En cas domission de lune dentre elles, les conséquences
quant à la procédure ou au jugement rendu seront considérables (nullité, anéantissement
rétroactif
).