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ISSN 1662 – 4599 27 juillet 2009

Horizons et débats
Horizons et débats
9e année
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Hebdomadaire favorisant la pensée indépendante, l’éthique et la responsabilité


pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
Edition française du journal Zeit-Fragen

La Banque Alternative Suisse BAS


«Cela, nous ne le faisons pas»
par W. Wüthrich, Zurich
Il y a quinze jours, Horizons et débats a pré- la lutte contre l’exploitation du Tiers Monde,
senté, dans sa série d’articles consacrés aux contre le nucléaire, contre la destruction de
banques d’un type particulier, la Freie Ge- l’environnement, pour l’émancipation des
meinschaftsbank. Aujourd’hui aussi, nous femmes. On expérimentait de nouvelles
présenterons une banque d’un type particu- formes de vie, qui allaient des communautés
lier: la Banque Alternative BAS. A maints d’habitation à la fondation de bistrots et
égards, elle ressemble à la Gemeinschafts- d’exploitations autogérés.
bank. Les preneurs de crédit sont présentés,
avec leur accord, dans le journal de l’éta- L’autogestion, idée maîtresse
blissement et dans le rapport de gestion, et Le modèle d’autogestion libérale, inspiré de la
chacun sait à quoi sert l’argent. Les diffé- Yougoslavie socialiste de l’époque, était l’es-
rences sont tout aussi prononcées. Celui qui poir audacieux de nombreux groupements,
lit les brochures et les dépliants de la BAS même au sein du parti socialiste (PS). L’auto-
remarque immédiatement que la banque a gestion devait être l’élément central d’une fu-
un aspect politique. Elle se veut banque al- ture société socialiste libérale.
ternative – au sens politique du terme égale- Au début des années quatre-vingt, il y avait
ment. en Suisse quelque 200 exploitations auto-
gérées. Beaucoup d’entre elles formaient un
«Pêcher en eau trouble pour réaliser un béné- Siège principal de l’ABS à Olten en travaux. «Au cours des deux dernières décennies, la signification réseau d’autogestion et publiaient un journal.
fice maximal. Telle n’est pas notre affaire.» du terme ‹alternatif› a évolué. Des notions comme ‹esprit pionnier›, ‹autogestion›, ‹mouvement anti- Des groupes de travail se sont formés pour ré-
nucléaire›, ‹antimilitarisme› ont fait place à l’image d’un établissement qui se considère comme une
La Banque Alternative BAS se présente par ‹Banque à visée écologique et sociale› et qui travaille de manière professionnelle.» (photo mad)
soudre les problèmes en suspens. Le «Groupe
de tels slogans. Le ton est rafraîchissant et de travail Finances» a cherché des moyens de
provocateur; il indique que les banques Un fonds spécial d’innovation est entre- présentés dans moneta et dans le rapport de procurer de l’argent aux exploitations auto-
suivent éventuellement, avec l’épargne qui tenu par la BAS et par des donateurs. Il sou- gestion. Les bailleurs de fonds doivent être gérées. La demande était forte. Les membres
leur est confiée, des objectifs fort éloignés de tient des entreprises qui ne recevraient guère certains que leur argent recevra une affec- qui disposaient de fonds ont accordé des prêts
ceux de leurs clients et même susceptibles de de crédits autrement et opèrent dans des sec- tation satisfaisante. exempts d’intérêts. Toutefois, le montant était
contrevenir à l’éthique de ceux-ci. teurs tels que l’énergie de substitution, les nettement insuffisant. Theo Pinkus, le libraire
projets lancés par des femmes ainsi que la Objectifs relevant de la critique sociale suisse bien connu, est alors entré en action,
Modèle d’entreprise coopération et le développement. moneta – «La BAS doit devenir une autre banque proposant aux milieux suisses et allemands
L’établissement met l’accent sur les opérations le journal pour un usage différent de l’argent pour une autre Suisse – une solution de rem- de l’autogestion de créer leur propre banque.
bancaires classiques – collecte de l’épargne et – paraît une fois par trimestre et sert de forum placement dans le système financier.» Il vaut Dix ans devaient encore s’écouler jusqu’à sa
octroi de crédits – tout en respectant des di- de discussion et d’information. la peine de jeter un coup d’œil sur l’époque réalisation. Les idées foisonnaient et quelques
rectives éthiques et écologiques claires. Con- Le modèle d’entreprise de la BAS se base de la fondation, fragment d’histoire sociale groupes se sont mis au travail. Quel serait
trairement à la Freie Gemeinschaftsbank, la sur le principe de transparence: l’anonymat de la Suisse. l’aspect du modèle d’entreprise choisi? Un
BAS offre des fonds en obligations et en ac- entre le client qui dépose son argent et celui La BAS tire ses racines de mai 68. A modèle se substituant au système économi-
tions sélectionnés et effectue des transactions qui le reçoit comme crédit disparaît. Le pre- l’époque, l’action antiautoritaire présentait que en cours? Une banque de gauche?
boursières à la demande de ses clients depuis neur de crédit renonce au secret bancaire en une gamme étendue de nouveaux mouve-
quelques années. acceptant que son nom et son projet soient ments sociaux. Les principales idées étaient Suite page 2

La réintroduction des grands carnassiers


réduit l’espace vital de l’homme
Les loups font des ravages en Suisse –
le Conseil d’Etat valaisan demande un changement du «Plan loup»
Depuis les années 70 du XXe siècle, on cons- ment sur les reportages en images des jeu- oreilles ce qui éveille automatiquement la Mais là, il ne s’agit guère d’un simple repor-
tate, particulièrement en Europe, une cons- nes loups du zoo de Zurich. Sur de grandes sympathie des lecteurs. Les loups dans leurs tage concernant le zoo de Zurich, mais plutôt
cience accrue de l’environnement. Dans cet photos, et ceci pas seulement dans les quo- enclos ne constituent aucun danger, ne cau- d’une campagne de communication orches-
engagement, tout d’abord, la préoccupation tidiens gratuits, les louveteaux sont présen- sent pas de dommages et ne posent guère de trée dans le but d’augmenter l’acceptance
légitime sur l’avenir de la terre et par consé- tés en train de se masser mutuellement les problèmes. Quiconque oserait s’y opposer? dans la population de la réintroduction des
quent de l’homme a été primordiale. Mais il grands carnassiers.
s’est avéré que les soucis quant à l’homme La veille, la radio suisse alémanique DRS
ont été instrumentalisés pour en tirer profit a relaté que dans le canton de Fribourg, au
au niveau politique. Aujourd’hui, le salut de cours du mois de juin, 18 moutons avaient été
l’homme n’est plus sur le devant de la scène, tués par un loup et que la Direction des insti-
mais il s’agit de poursuivre, sous le camou- tutions, de l’agriculture et des forêts du can-
flage de la protection de la nature et de l’en- ton recommande de prendre des mesures de
vironnement, des buts qui relèvent de la po- protection appropriées, formule assez floue.
litique de force. Dans cette perspective-là, Le même loup a fait des ravages, dans le can-
la réintroduction de grands carnassiers tels ton de Berne, sur 8 autres moutons. En une
que l’ours, le loup et le lynx apparaît sous un seule nuit le loup a attaqué les 8 moutons,
jour entièrement différent. Il s’agit en effet de donc beaucoup plus que nécessaires à sa sur-
réduire, dans certaines régions, la civilisa- vie. Dans ces cas-là le loup ne tue pas ses
tion en tant qu’acquis positif de l’action hu- proies mais leur inflige de graves blessures
maine et de préférer le bien-être de quelques pour les immobiliser. Ainsi ils sont condam-
espèces d’animaux, particulièrement celui du nés à mourir lentement dans des conditions
loup, au détriment des valeurs issues de l’ex- lamentables tout en offrant ainsi une source
ploitation agricole et des soins du paysage. de viande fraîche au loup qui reviendra, les
Ce n’est plus l’homme qui doit être protégé jours suivants.
des animaux féroces qui envahissent son do- Depuis des semaines, le loup hante aussi
maine, mais ce sont certaines espèces d’ani- le Bas-Valais. Depuis la mi-mai on compte
maux qui sont devenues prioritaires. Nom- 43 moutons attaqués et 13 animaux dispa-
breuses sont les régions dont les habitants et rus. Les tueries se sont produites surtout au
leurs animaux de rente souffrent de la réin- Val-d’Illiez. Selon un reportage paru dans
troduction artificielle de grands carnassiers «Le Nouvelliste», le 23 juin, le loup a atta-
encouragée par des organisations écologistes qué un mouton en plein jour tandis que le
et certains politiciens. berger ne se trouvait qu’à cent mètres de di-
stance. Quand on a finalement réussi à faire
thk. Tous ceux qui ont lu les quotidiens Un mouton grièvement blessé par un loup souffre énormément. Souvent, les loups ne tuent pas leur
suisses du 16 juillet sont tombés inévitable- proie mais leur infligent des morsures profondes pour les immobiliser. (photo mad) Suite page 2
page 2 Horizons et débats No 29, 27 juillet 2009

«La Banque Alternative Suisse BAS» cambriolage d’une banque, comparé à la fon- Au début, la nouvelle banque suscita cer- l’agriculture biologique, les énergies alterna-
suite de la page 1 dation d’une banque?» (Mackie Messer dans taines réserves sur la place bancaire suisse. tives, la construction écologique. Les choses
l’«opéra de quat’sous» de Bertolt Brecht) se passent de la manière suivante: Le client
Initiative populaire contre l’abus du secret Qui investirait de l’argent? Il fallait recueillir Comment achète une «obligation de caisse de soutien».
bancaire et de la puissance des banques cinq millions de francs au minimum. Quelle dirige-t-on une banque alternative? Il renonce volontairement aux intérêts ou à
Parmi les discussions des années quatre- forme juridique devait avoir la banque? Il n’existait pas véritablement de modèle à une partie des intérêts et précise qui recevra
vingt, mentionnons la lutte du Parti socia- L’association demanda de l’aide. On par- suivre. Les attentes des employés étaient très l’argent ou quel projet (présenté dans mo-
liste suisse pour l’initiative populaire «contre vint à obtenir celle d’organisations telles que diverses. Beaucoup s’attendaient à une entre- neta) il veut soutenir. Au début, environ un
l’abus du secret bancaire et de la puissance l’Action Place financière suisse, la Déclara- prise autogérée et à des modes de travail et à cinquième de l’argent était investi de cette
des banques». tion de Berne, Greenpeace Suisse, Les Verts des formes d’exploitation alternatifs. D’autres manière mais maintenant la proportion est
L’opinion publique avait appris alors que Parti écologiste de Suisse, l’EPER Entraide étaient favorables à une nette hiérarchie et ne nettement inférieure.
des dictateurs avaient transféré des fonds en protestante suisse, Helvetas, divers syndicats voulaient pas ou guère entendre parler de pro- A quoi cela tient-il? Les bistrots et les entre-
Suisse et que le secret bancaire protégeait par et sections cantonales du parti socialiste. cessus décisionnaires collectifs parce que les prises autogérées sont devenus rares. Le «ré-
ailleurs d’autres fonds d’origine douteuse. Le opérations bancaires sont très complexes. Ce seau d’autogestion» (d’où est née la Banque)
Conseil fédéral et le Parlement ont promis Fondation de la Banque Alternative BAS sont avant tout les spécialistes en économie s’est réduit. Le modèle autogestionnaire libé-
d’y remédier en adoptant de nouvelles lois. En 1990, les travaux préparatoires ont été bancaire qui étaient de cet avis. (pour en sa- ral qui, dans les années 1980, inspirait en-
La loi fédérale sur les banques devait être ré- achevés et l’argent nécessaire recueilli. La voir plus, cf. moneta 2/1992, p. 5). Des con- core certains groupements a perdu de son at-
visée et une loi sur le blanchiment d’argent forme juridique choisie était celle de la so- ceptions différentes du mode de coopération trait. Est-ce lié au fait que la Yougoslavie et
devait être adoptée, ce qui a eu lieu depuis ciété anonyme. 2700 actionnaires avaient in- et de direction suscitèrent encore des conflits son modèle autogestionnaire se sont effond-
lors. En mai 1984, l’initiative du PS suisse a vesti un montant moyen de 3400 francs, soit pendant plusieurs années et furent à l’origine rés grâce à l’«aide» vigoureuse de l’occident
été refusée par 73% de non. un capital-actions de 9 millions de francs. de changements dans le personnel et l’équipe et de l’OTAN? Ou la mondialisation a-t-elle,
Cependant, les discussions à propos de Aujourd’hui encore, aucun actionnaire ne de direction. Ces conflits existent toujours. d’une manière générale, rendu les affaires
l’initiative ont donné de l’élan au projet de peut posséder plus de 3% des actions. Les or- plus individuelles, plus «privées»?
banque. 35 000 personnes avaient acheté le «li- ganisations et institutions qui contribuent à la Phase de croissance
vret bancaire alternatif» de l’«Action Place fi- réalisation des idéaux de la Banque ont une La situation financière s’améliora. Les frais Une banque à visée écologique et sociale
nancière suisse – Tiers Monde». Toutefois, les situation privilégiée. Elles peuvent acquérir de constitution furent bientôt amortis et à Au cours des deux dernières décennies, la
membres du «réseau d’autogestion» ne sont des actions à droits de vote dit privilégié, à partir de 1994 commença une phase de crois- signification du terme «alternatif» a évolué.
pas tombés d’accord sur la conception et le un dixième du prix d’une action normale. De sance. L’objectif était un total du bilan de Des notions comme «esprit pionnier», «auto-
credo de leur banque. Les idées ne manquaient telles actions ont le même droit de vote que 100 à 120 millions de francs, qui fut atteint gestion», «mouvement antinucléaire», «an-
pas. Devait-il s’agir d’une banque écologique, les actions normales. Les actions BAS peu- au bout de trois ans déjà. timilitarisme» ont fait place à l’image d’un
comme il y en avait déjà en Allemagne? Ou vent être achetées et vendues, mais seulement En 1997, l’Union de banques suisses fu- établissement qui se considère comme une
bien fallait-il chercher une solution sociale gé- par l’intermédiaire de cette banque. sionna avec la Société de banque suisse pour «Banque à visée écologique et sociale» et qui
nérale de substitution? La question se posait A l’été 1990, la Commission fédérale former UBS. Cela préparait le terrain pour travaille de manière professionnelle.
ainsi: comment trouver une voie praticable? des banques donna son feu vert. Le 29 oc- une grande banque mondiale, aujourd’hui La collaboration y est déterminée par la
On parvint tout d’abord à fonder une caisse tobre, la Banque Alternative BAS ouvrit un un «superpétrolier», selon le terme uti- structure hiérarchique d’une société ano-
de pensions pour le «réseau d’autogestion», la guichet à Olten. Au cours du premier se- lisé récemment par le président du Conseil nyme: Assemblée générale, Conseil d’admi-
Fondation «Abendrot», à Bâle. mestre, 2300 comptes furent ouverts bien d’administration Kaspar Villiger. Cette fu- nistration, Direction, employés. Cependant
que l’ABS offrît des taux d’intérêts infé- sion n’a pas été appréciée par tous les cli- il existe toujours certaines limites de pou-
«Qu’est-ce que rieurs à ceux des banques ordinaires. Une ents. La BAS a été assaillie par de nouveaux voir et des éléments autogestionnaires. Con-
le cambriolage d’une banque, équipe de sept employés commença à déve- clients. Le débat sur les avoirs en déshérence formément à son modèle, la Banque fait par-
comparé à la fondation d’une banque?» lopper l’établissement. Le Conseil d’éthique eut le même effet. La BAS doubla son per- ticiper ses employés aux décisions. Ils sont
En 1987 a été fondée une association dont l’ob- (cf. encadré) clarifia les questions fondamen- sonnel: «Nous n’avons plus fait autre chose représentés au Conseil d’administration.
jectif était de mettre sur pied en quatre ans une tales relatives aux opérations bancaires et dé- que de mettre au courant, de sélectionner et Personne ne peut posséder plus de 3% des
banque de substitution. A ses débuts, elle a at- finit les critères auxquels devaient obéir les de mettre au courant.» Nous n’avons abso- actions. Les différents salaires sont connus
tiré l’attention par le slogan «Qu’est-ce que le investissements entrant en ligne de compte. lument pas pu nous en tenir à la semaine de de tous. (Les membres de la direction ga-
36 heures que nous souhaitions introduire. Le gnent environ deux fois et demi plus que les
Surveillance éthique de l’ABS système informatique a dû être renouvelé. Le employés aux plus bas salaires.) Il n’y a pas
ww. Les fondateurs de l’ABS ont instauré le les statuts? Les débats furent vifs et inten- total du bilan avait atteint entre-temps 400 mil- de bonus.
Conseil d’éthique en 1991. Dans la hiérarchie ses. Ils ne prirent fin qu’en 1997 lorsque trois lions mais le nombre des crédits à problèmes L’ABS ne cesse de se développer, notam-
de la Banque, cette institution était située au- membres quittèrent le Conseil d’éthique. avait également augmenté. Au tournant du ment en raison de la crise financière. Le total
dessus du Conseil d’administration. Elle avait L’ABS a conservé les intérêts tout en invi- millénaire, la direction de la Banque freina de bilan est de 840 millions de francs. Dès
accès à tous les documents; ses membres pou- tant ses clients à y renoncer. En 2005, le prési- la croissance. 1997, une filiale a été ouverte à Lausanne et
vaient participer aux séances du Conseil d’ad- dent du Conseil d’administration résumait le
il y a des bureaux d’information à Zurich,
ministration et ils contrôlaient la Direction. Ils résultat de cette controverse de la manière Politique de crédit Genève et Bellinzone. 79 employés sont au
avaient même le droit de convoquer une As- suivante: L’ABS est contrainte d’adapter bon
semblée générale extraordinaire. gré mal gré sa politique au système financier Le modèle économique de l’ABS repose es- service de 23 000 clients.
Les premières années, les questions de existant. sentiellement sur les opérations bancaires Comme nous l’avons dit plus haut, l’ABS
fond furent au premier plan. Le Conseil classiques: la banque reçoit l’épargne des ne recherche pas l’optimisation des profits.
La surveillance éthique aujourd’hui clients pour en prêter une grande partie sous En 2008, elle a enregistré un profit d’un mil-
d’éthique (pour éviter une confusion possi-
ble avec l’autre conseil) réfléchit au rôle de En 2005, l’Assemblée générale a décidé de forme de crédits. Elle soutient également des lion de francs et un rendement des fonds
l’argent et aux aspects du pouvoir dans les supprimer le Conseil d’éthique car sa collabo- formes alternatives d’habitat communautaire. propres d’à peine 2%. (A titre de comparai-
opérations monétaires et de crédit. Ainsi, un ration avec le Conseil d’administration était Et aujourd’hui elle accorde de plus en plus de son, Josef Ackermann veut porter le rende-
large débat eut lieu sur les taux d’intérêt et devenue problématique. L’Assemblée des ac-
crédits pour les maisons individuelles. 80% ment de la Deutsche Bank à 20%.) Les profits
les questions relatives à l’endettement hypo- tionnaires a confié la surveillance éthique à
thécaire. Fallait-il, à long terme, supprimer les l’Institut d’éthique économique de l’Univer-
des crédits sont des prêts hypothécaires. servent à augmenter les réserves et à alimen-
intérêts? Cet objectif devait-il être inscrit dans sité de Saint-Gall. Une partie sert en particulier à soutenir des ter le Fonds d’innovation. Le reste est distri-
projets tels que des entreprises autogérées, bué sous forme de dividendes. •
«La réintroduction des grands …» l’existence de l’ours qui continue, semble-t- développer de nouveaux plans de domination tion, multitude qui n’existe pas encore et qui
suite de la page 1 il, à s’approcher de nouveau de l’Engadine et loin du bas peuple? sera très coûteuse. En plus, d’autres animaux
la réintroduction forcée du lynx, cinq à huit S’agit-il de priver les hommes de leurs tra- des Alpes tels que les marmottes souffrent
fuir le carnassier, il s’est retourné à plusieurs loups vivraient en Suisse. Les dégâts parmi ditions qui sont liées particulièrement à la vie de ces chiens, ce qui provoque l’abandon de
reprises pendant sa fuite comme s’il voulait les animaux de rente sont considérables et montagnarde? leur habitat naturel. A toutes ces charges sur
se rendre compte si on le pourchassait tou- dépasseront bientôt la centaine de victimes. Les autorités valaisannes – qui n’ont pas le dos des propriétaires s’ajoutent encore les
jours. Quant à la biologiste de l’Office agri- Or, les défenseurs des espèces prennent une encore donné leur aval officiel à la chasse au coûts et le règlement des responsabilités au
cole du canton du Valais, Christina Cavalera, attitude très claire. Pour eux ce ne sont pas loup – critiquent le Plan loup de l’OFEV qui niveau du droit civil. Jacques Melly, conseil-
elle estime que «le loup s’est habitué à la pré- les grands carnassiers qui constituent un pro- présente selon elles divers points faibles. Elles ler d’Etat valaisan, dit être particulièrement
sence de l’homme». Elle ne croit pas à sa ré- blème, mais l’homme doit être contraint de se heurtent entre autres à l’idée de doter les préoccupé du fait que les loups ne craignent
introduction naturelle, ce qui trouve toute sa vivre ensemble avec eux. Face aux animaux troupeaux de chiens de garde disant qu’elle plus l’homme et qu’ils surgissent dans des ré-
justification dans le fait que l’animal man- de rente attaqués, les paroles du chef du Plan est porteuse d’un potentiel accru de conflits gions habitées.
que de toute timidité envers l’homme. Cette loup, Jean-Marc Weber, ne manquent pas de et de risques. C’est précisément dans les ré- C’est pour ces raisons-là que le Conseil
vue va de pair avec la présomption de Jür- cynisme quand il déclare, comme mercredi gions de haute montagne qu’on courra le dan- d’Etat valaisan a demandé aux autorités fédé-
gen Rohmeder, secrétaire de l’«Association passé à Zernez, que le loup trouve, en Suisse, ger que ces chiens prennent des randonneurs rales d’entamer «une modification urgente du
pour la défense contre les grands carnas- une table bien fournie – le quart de sa nou- paisibles pour une menace du troupeau ce qui Plan loup». Celui-ci devrait tenir compte des
siers» et auteur du livre très intéressant in- rriture se compose d’animaux de rente – ce pourra provoquer une attaque si ceux-ci ne intérêts des éleveurs d’animaux de rente qui ne
titulé «Un loup contre 50 moutons – la pro- qui est suffisant pour qu’il s’acclimate chez se retirent pas aussitôt. Dans les Alpes où les sont pas responsables de la présence du loup.
tection des espèces contre la protection des nous. Mais c’est «l’attitude de la population» troupeaux occupent de vastes terrains, il fau- Sans pâture en haute altitude, les Alpes retour-
animaux». Il y défend l’hypothèse, étayée par qui sera décisive. Weber part de l’idée qu’à drait une multitude de ces chiens de protec- neront à l’état sauvage. •
un grand nombre d’indices, (cf. Horizons et l’avenir davantage de loups s’installeront en
débats no 21 du 1er juin) que le loup n’a pas Suisse et mentionne que l’exode rural des ha-
pris de son gré la direction de la Suisse, mais bitants des Apennins a favorisé l’expansion Une simple modification du règlement de la chasse résout le problème:
qu’on l’y a déposé pour ainsi forcer sa réin- du loup.
Il y a donc de bonnes raisons d’introduire un autre ordre politique à propos des pâturages:
troduction. Si le loup montre si peu de timi- La réintroduction du loup, de l’ours et du
• L’élevage et la chasse bénéficient d’une priorité vis-à-vis de la protection des espèces des
dité envers l’homme, il constitue également lynx vise-t-elle à faire abandonner par leurs grands carnassiers.
un danger pour les randonneurs et touristes habitants les régions de montagnes qui sont • La protection des espèces sera partagée en deux classes selon leur utilité pour l’environ-
qui peuplent ces contrées. prétendument trop chères pour assurer les in- nement:
Ce n’est pas uniquement en Suisse ro- frastructures nécessaires? S’agit-il de mettre – des espèces utiles et nécessaires comme par exemple des espèces menacées, des insec-
mande mais aussi dans plusieurs cantons la main sur les réserves d’eau de la Suisse? tes indispensables pour la pollinisation et
de Suisse centrale que le loup devient un Va-t-on vider ces régions en faveur de riches – des espèces souhaitées par une partie de la population pour des motifs esthétiques et
problème grandissant pour les éleveurs de investisseurs, comme à Andermatt, afin d’y sentimentaux comme par exemple les grands carnassiers européens.
moutons et de chèvres. Selon l’OFEV (Of- construire plus tard des résidences de va- cf. Horizons et débats, no 17 du 4/5/09
fice fédéral de l’environnement), à part cances pour les super-riches qui pourront y
No 29, 27 juillet 2009 Horizons et débats page 3

La Constitution doit redevenir


la référence pour la politique allemande
Interview de Willy Wimmer, ancien secrétaire d’Etat parlementaire, député au Bundestag, membre du groupe parlementaire CDU/CSU

mission de défense qu’on aurait pu instaurer tion, nous aurions d’autres graves problèmes dit de m’exprimer, on me supprima des voya-
trois commissions. Aujourd’hui, il est diffi- dans le pays. ges de service et la direction du groupe pro-
cile d’y remplir les rangs. La Commission céda à mon isolement.
de politique extérieure fut toujours une unité Vous souhaitez donc le maintien d’une
d’élite. On n’y était admis que dans la mesure Grande coalition? Il en ressort donc que les députés qui s’élè-
où on en savait plus que ce qui était néces- Bien entendu. Mais les dirigeants d’une telle vent contre les décisions de leur groupe par-
saire dans sa circonscription. Le Bundestag Grande coalition doivent se comporter entre lementaire se heurtent à des difficultés?
a changé. Je constate aussi que la qualité du eux autrement que ce ne fut le cas au cours des Oui. Et ô combien! Il vaut la peine, ici aussi,
travail au sein des commissions s’est modi- trois dernières années. Ils ont tout de même de jeter un regard dans la Constitution. Les
fiée. Il y a un processus parallèle du côté du une responsabilité envers le pays. Nous nous groupes parlementaires devraient avoir une
gouvernement. Je ne puis me souvenir qu’il y trouvons peut-être à la veille d’une guerre autre conception dans ce domaine. Certes, on
ait eu, du temps de Bonn, des projets de lois contre l’Iran – du moins, ce n’est pas impossi- est tenu de respecter l’ensemble d’une con-
aussi bâclés que maintenant à Berlin. L’ad- ble. Si cela nous tombe dessus, avec en plus un ception, mais on ne peut pas se recroqueviller
ministration publique allemande avait de la chômage atteignant 5,5 millions de personnes, dans son trou si l’on estime ne pas être d’ac-
tenue dans l’ancienne république fédérale. et qu’il faille maîtriser tout cela avec une pe- cord. Et, en ce qui concerne le droit interna-
Aujourd’hui, il faut faire appel à des bureaux tite coalition, alors ce sera désespérant. tional, il n’y a aucun point d’accord dans cette
Willy Wimmer (photo emf) d’avocats pour espérer mettre sur pied des affaire. Et lorsqu’on dit non, il faut que cela
lois; c’était impensable à l’époque. La qualité En tant qu’expert en matière de défense, vous soit accepté et non pas sanctionné.
était tout autre et, à mon avis, bien meilleure. vous êtes opposé à plusieurs reprises aux en-
Le Parlement: Vous avez pris place au Bun- Dans le contexte de la crise financière et éco- gagements de la Bundeswehr à l’étranger. Dans l’affaire du traité de Lisbonne vous
destag il y a 33 ans. Quelles étaient alors vos nomique on peut se demander si le gouverne- Pourquoi? étiez le seul à vous y opposer. Vous sentez-
motivations, vos objectifs? ment et le Parlement sont capables d’en sai- La Constitution est notre référence, y com- vous conforté par le jugement de la cour
Willy Wimmer: Mon intérêt s’était porté dès sir la portée. pris pour les parlementaires. Son fondement constitutionnelle?
mon plus jeune âge sur la politique extérieure réside dans le respect du droit international. Certes oui. Mais il ne s’agit pas de cela.
et de sécurité. L’histoire était déjà à l’école C’est un jugement cruel … Alors, avant la guerre en Yougoslavie, je me Lorsqu’on éloigne d’aucuns des débats parle-
mon point fort. En fait, c’est la politique euro- Mais réaliste. Certes, je ne veux pas dépré- suis posé la question suivante: Comment est- mentaires, leur interdisant de s’exprimer au
péenne de Konrad Adenauer qui m’a attiré cier mon temps passé au Parlement. Il est tou- il possible, en connaissant l’histoire récente Parlement et les rejetant de la Commission
vers la politique, ce qui se comprend de la tefois important de transmettre son savoir et de l’Allemagne, de mener une guerre dans lorsqu’ils se risquent à s’exprimer, on assiste
part de quelqu’un qui vient de la Rhénanie. d’attirer l’attention sur son importance. On ne laquelle les règles du droit international sont à une dégénérescence du système parlemen-
J’ai voulu me rapprocher de nos voisins euro- peut pas continuer ainsi. Etant donné l’état de bafouées? C’est sur la base de ces réflexions taire.
péens d’une façon qui n’avait pas été possible fait, le prochain président du Bundestag de- que je m’y suis opposé.
pour nos générations précédentes. vrait mettre en place une commission d’en- Est-ce par résignation que vous quittez le
quête, afin de se préoccuper du véritable rôle Avez-vous refusé l’engagement en Afghanis- Parlement?
Quelles sont les différences fondamentales des députés. tan pour les mêmes raisons? Non, pas du tout. J’ai tenté pendant dix ans
dans l’action parlementaire depuis 1976? Lorsqu’on prétend qu’il ne doit plus y avoir de défendre dans nos rangs le droit internatio-
En prenant les deux dernières élections au Est-ce que cette évolution négative, que vous de danger pour nous venant d’Afghanistan, il nal. Quand je suis venu j’avais 33 ans, main-
Bundestag, il y a eu environ 70% de défec- décrivez, est en relation avec la Grande coa- faut tenter d’y parer par tous les moyens po- tenant que je quitte j’en ai 66. C’est une belle
tions. C’est une saignée insupportable. Je suis lition? litiques. Mais on n’atteindra pas cet objectif période. Je quitte sans amertume. Toutefois
certes pour un renouvellement au Parlement, Au début, la Grande coalition avait une par des attaques aériennes et des bombarde- je précise qu’on va dans une fausse direc-
mais contre la perte d’un savoir reposant sur chance, mais elle a été abandonnée. Elle con- ments par l’artillerie qui touchent la popula- tion. Et ma volonté de me retirer est accom-
la tradition. L’ancien Bundestag à Bonn met- sistait surtout dans la possibilité de sortir de tion civile. pagnée du souhait que la génération suivante
tait l’accent sur le savoir des parlementaires la guerre des tranchées de la coalition pré- puisse jouir de meilleures conditions. Qu’on
expérimentés. Il est vrai que nous nous en- cédente. Du fait que les deux grands partis Mais les troupes allemandes ne mènent pas leur marque plus de respect du fait qu’ils sont
gagions davantage; ceci dit sans vouloir nous y étaient impliqués, l’exécutif n’avait plus d’offensives. des députés élus librement. C’est pourquoi je
tresser des couronnes. L’ancien Bundestag à la vie facile. Au cours des trois premiers Nous participons à cette guerre. Nous ne pou- m’exprime aussi clairement.
Bonn avait une autre vue sur le travail à ac- semestres, il y eut de remarquables débats. vons prétendre que ce sont les autres qui mè-
complir. Mais, au bout de deux ans les directions des nent la guerre et que nous nous contentons de Willy Wimmer (66 ans, CDU) est membre du
deux partis de la Grande coalition perdirent la sécurité des bases. Nous participons à l’en- Bundestag depuis 1976. En tant que l’un des
Est-ce que ces changements ont quelque leur enthousiasme, ce qui entrava massive- semble de l’événement. plus anciens députés, il quitte ce Parlement,
chose à voir avec le déménagement à Ber- ment le travail parlementaire. Lorsqu’on en- dans lequel il fut toujours élu comme candi-
lin? tend dire de la part de ministres qu’ils n’ont Quelle fut la réaction de votre groupe parle- dat direct de la Rhénanie, à la fin de la légis-
C’est possible. Mais, à mon avis, ce n’est plus envie de travailler en Grande coalition, mentaire quant à ce refus? lature. •
pas l’essentiel. Dans le passé, il y avait une que croyez-vous qu’il se passe dans la tête des Un groupe parlementaire aussi important Source: Le Parlement du 13/7/09
telle demande pour faire partie de la Com- députés? Par ailleurs, sans la Grande coali- aurait pu l’accepter. Toutefois, il me fut inter- (Traduction Horizons et débats)

L’Allemagne avant les élections parlementaires


Une proposition informative et constructive
par Karl Müller
Dans 10 semaines, le 27 septembre, on élira le loi fédérale allemande selon laquelle les par- kotte, publie un livre intitulé «Vorsicht Bür- aussi suivre des principes éthiques et res-
futur parlement allemand. Les semaines avant tis doivent être organisés de manière démocra- gerkrieg! Was lange gärt, wird endlich Wut» pecter le bien-être de tous ceux qui par-
les élections offrent à chaque citoyen allemand tique (article 21 de la Loi fondamentale). Si (ISBN 978-3-938516-94-2) [«Attention, ticipent directement ou indirectement à
une bonne occasion de réfléchir et également bien qu’un député de la CDU (Union chréti- guerre civile! Ce qui fermente longtemps, celles-ci et tous ceux qui sont concernés
de parler sur l’état de l’Allemagne, l’état de la enne-démocrate d’Allemagne) du parlement explose enfin»] et qu’il peint sur les murs par celles-ci.
politique allemande, l’économie allemande et allemand qui se retirera après 33 ans de tra- un avertissement fatidique d’une guerre ci- C’est un bon signe que les associations
la société allemande – sans s’attarder sur une vail parlementaire a déclaré dans une inter- vile dans les villes allemandes et fait sem- d’entreprise protestent maintenant forte-
liste purement négative qui en vérité pourrait view avec l’hebdomadaire Das Parlement (in- blant d’être du côté de la population contre ment lorsque les instituts financiers les
être longue. Cependant, il faut rechercher des terview sur cette page) qu’«on assiste à une les puissants de la politique et de l’économie, privent de crédits nécessaires, bien que
thérapies en partant d’un diagnostic fondé. dégénérescence du système parlementaire». alors on doit ici aussi rester plutôt critique. l’Etat ait mis à la disposition de ces derniers
Il existe également en Allemagne de nom- Parce qu’il était et il est contre les interventi- Mais de manière plus pondérée: ce sont les des centaines de milliards et qu’ils fassent
breuses voix et initiatives qui n’attirent pas ons allemandes dans les guerres, il a été traité Allemands qui profiteraient le moins d’une de nouveau des profits juteux. C’est pour-
seulement l’attention sur les points névral- par sa propre fraction de la manière suivante: escalade violente des conflits en Allemagne tant un scandale s’il est vrai que les grandes
giques mais qui recherchent aussi une solide «Il me fut interdit de m’exprimer, on me sup- – ce sont d’autres qui en profiteraient cepen- banques comme JP Morgan ou Goldman
perspective. prima des voyages de service et la direction dant. Sachs enregistrent à nouveau, au moyen de
Personne ne doit se contenter par exemple de du groupe procéda à mon isolement.» Que peut-être toutefois la réponse à la manœuvres spéculatives, des augmenta-
vouloir renforcer la démocratie allemande uni- Ce n’est probablement pas non plus une question de savoir ce que les Allemands tions de profit à deux chiffres («Neue Zür-
quement par des droits de codécision du parle- perspective quand on parie sur davantage de peuvent faire afin que leur pays se déve- cher Zeitung» du 17 juillet) – et en même
ment lors de décisions de l’Union européenne. démocratie au moyen de l’Internet et du blog. loppe dans une meilleure direction? On de- temps font avancer le processus de mono-
Car l’état du parlement allemand actuel est de Au contraire: quand deux partisans de la po- vrait aussi prendre plus en considération le polisation dans le système bancaire.
toute évidence peu encourageant. Les profes- litique américaine intitulent un article paru fait suivant: être soi-même une voix de la • des institutions et des personnalités des
seurs de droit Karl Albrecht Schachtschneider dans l’édition de juillet/août 2009 de la revue raison et de l’humanité – et ainsi regarder communautés religieuses qui montrent une
et Hans Herbert von Armin ont toujours at- Internationale Politik éditée par la Deutsche où existe encore de telles voix, faire la con- profonde humanité empreinte de croyance,
tiré l’attention sur le fait que l’oligarchie des Gesellschaft für Auswärtige Politik [Société naissance de celles-ci et conclure une alli- de raison et de sentiments et ne sont plus
partis en est la cause. Selon les experts, cette allemande pour la politique étrangère] – une ance politique humaine. «uniquement» actives au niveau caritatif
oligarchie a pratiquement aboli la séparation usine à penser proche du gouvernement – Par exemple avec: aujourd’hui. Elles apparaissent clairement
horizontale et verticale des pouvoirs et l’a rem- «Comment le web 2.0 change la politique», • des directions ou des conseils d’entreprise devant l’opinion publique avec leur reven-
placée par une clique de personnes liées entre alors il faut plutôt se méfier que se réjouir. qui savent qu’une entreprise n’est pas bien dication de vie communautaire pour tous
elles par le pouvoir et leurs intérêts. Cette olig- Enfin: Quand, quelques semaines avant les menée quand elle se dédie uniquement au
archie est dirigée d’en haut et ne suit plus la élections, un auteur douteux comme Udo Ulf- profit maximal. Les entreprises doivent Suite page 4
page 4 Horizons et débats No 29, 27 juillet 2009

Le système coopératif, modèle d’économie sociale


par Ariet Güttinger
Dans la cuisine confortable, nous reau est attribué pour 3,85 le kilo
nous entretenons avec la famille de poids vif au marchand. Près du
paysanne sur la situation écono- commissaire-priseur, de jeunes
mique actuelle. Le paysan se met à et de vieux paysans suivent at-
parler du système coopératif: «En tentivement la vente, assez sa-
Suisse, nous avons une grande tra- tisfaits des prix. «Les prix sont
dition dans ce domaine. En plus bons, actuellement, on obtient
des coopératives immobilières, plus qu’autrefois», dit l’un d’eux.
c’est avant tout dans l’agriculture Un vieux paysan dit en souriant:
qu’il y a beaucoup de coopéra- «Mon fils ne savait pas s’il pour-
tives. Ce sont des organisations rait en tirer 3 francs. Maintenant il
d’entraide qui ont un bel avenir de- a vendu la bête pour 3,65».
vant elles, surtout maintenant que A proximité du commissaire-
la situation économique s’aggrave. priseur, on s’agite. Un jeune pay-
A beaucoup d’endroits, les jeunes san tient une puissante bête par la
mères et les personnes âgées n’ont corde. Le marchand essaye de le
pas la possibilité de faire leurs convaincre: «Je n’offre pas plus de
courses à proximité. On pourrait 3,95.» «Alors je la reprends!», dit
y gérer des magasins sur le mode le paysan énergiquement. «Comme
coopératif. Les coopérateurs qui tu veux!» et le marchand tourne les
ont souscrit des titres de participa- talons de façon tout aussi énergi-
tion ont intérêt à ce que le magasin que. A la fin, le paysan est quand
marche bien.» même d’accord: «Bon, alors, pour
3,95.» «5 centimes de plus ou de
Coopérative Marché moins par kilo, ça fait quand même
couvert Toggenburg quelque chose pour l’agriculteur»,
Son optimisme, c’est le quotidien dit un paysan retraité de la vallée
qui le donne au paysan: «Dans le du Rhin. En route vers le canton de
Toggenburg, par exemple, nous «Dans le Toggenburg, par exemple, nous avons bâti un marché couvert. Nous avons fondé une coopérative avec titres de par- Zurich il s’est arrêté à la vente aux
avons bâti un marché couvert. ticipation. J’en ai souscrit deux et maintenant j’en ai fait don à la coopérative. Ces titres rapportent des intérêts mais on de- enchères. A notre question de sa-
Nous avons fondé une coopéra- mande aux personnes concernées si elles veulent y renoncer. Ils peuvent ainsi contribuer au renforcement de la coopérative. voir s’il arrivait qu’un paysan rem-
tive avec titres de participation. Les titres sont transmissibles». (photo ag) porte sa bête, il répond: «Bien sûr,
J’en avais souscrit deux et mainte- peut-être qu’il obtiendra davantage
nant j’en ai fait don à la coopérative. Ces ti- au marché au bétail de la Coopérative Mar- propriétaires le long du mur vers le commis- la fois suivante.»
tres rapportent des intérêts mais on demande ché couvert Toggenburg. saire-priseur, les marchands de bestiaux se Chaque fois que nous discutons avec les
aux personnes concernées si elles veulent y retrouvent au milieu et jaugent les bêtes en gens, ils se disent satisfaits du nouveau mar-
renoncer. Ils peuvent ainsi contribuer au ren- Aperçu du marché au bétail experts. Les marchands viennent de partout, ché couvert. Le marché au bétail est aussi une
forcement de la coopérative. Les titres sont Il pleut très fort quand nous descendons de des campagnes bernoise, lucernoise, voire du occasion de rencontre. On se retrouve autour
transmissibles.» voiture à Wattwil. Sous le large avant-toit pays de Vaud. Il y a même des Tessinois et d’un café, on parle de ses soucis quotidiens:
Nous suivons attentivement ses explica- en demi-cercle de la halle, le marché au bé- des Grisons. de l’estivage des génisses, de la suppression
tions: «Au marché couvert de Wattwil, on tail bat son plein. Chaque bête est pesée. Des «Production IP, 637 kg, 3 francs 20!», an- des contingents de lait, de la création d’une
commercialise du grand et du petit bétail. experts examinent la bête, l’évaluent et con- nonce le commissaire-priseur. On entend: nouvelle coopérative fromagère et de tous les
On y trouve toute l’offre de la vallée du Tog- seillent un prix qui est communiqué au com- «3,25», «3,30», «3,35». «3,35 une fois, 3,35 petits et gros soucis du travail et de la ferme.
genburg jusqu’au-delà du Ricken. Les agri- missaire-priseur. Pendant que les vaches, les deux fois et…», «3.40» propose un autre
culteurs qui ne sont pas membres de la coo- taureaux et les veaux sont amenés par leurs marchand. A la fin, le jeune et puissant tau- Fondation d’une coopérative
pérative peuvent aussi y vendre leur bétail. C’est à l’automne 2003 que la Coopérative
L’offre est présente, on voit à quoi on a af- Marché couvert Toggenburg a été fondée.
faire. Et on marchande. En règle générale, on Extrait des statuts de la coopérative «Markthalle Toggenburg» Après le premier coup de pioche en décem-
obtient un bon prix. I. Dispositions générales – d’encourager la vente de produits bre 2004, le marché couvert a pu être inau-
Beaucoup d’acheteurs sont présents, ce qui agricoles, guré en septembre 2005.
Article Premier: Nom et siège
permet d’obtenir de meilleurs prix. Beaucoup En plus d’une salle pour 1500 personnes et
d’acheteurs s’intéressent aux bêtes et font Sous la dénomination de «Markthalle – d’organiser des marchés, des ven- d’un restaurant de 120 places, il y a aussi une
Toggenburg», il est créé, conformément tes aux enchères, des expositions et
monter les prix. Les bêtes sont vendues aux d’autres manifestations. tribune pour 300 personnes.
enchères et lorsqu’on obtient ne serait-ce que aux présents statuts et aux dispositions Le marché couvert est utilisé de façons très
20 à 30 centimes de plus au kilo, ça fait une du titre XXIX du Code suisse des obliga- diverses. Ainsi, il y a des marchés au bétail
Art. 14 Droit de vote
différence quand il s’agit de 1000 kilos ou de tions, une société coopérative dont le hebdomadaires, comme le marché aux veaux
siège est à Wattwil. Chaque coopérateur a le droit de partici-
plusieurs fois 1000 kilos. De plus, l’argent per à l’Assemblé générale. Chaque mem- du lundi, avec une offre de 100 à 120 veaux.
reste dans la vallée. 2. But bre possède une voix. Un coopérateur Avant il avait lieu dans la petite ville historique
Avec le nouveau marché couvert, le com- La coopérative «Markthalle Toggenburg» peut se faire représenter par un autre. de Lichtensteig. Des manifestations de socié-
merce est devenu plus facile. La halle n’est a pour but, dans un esprit de solidarité Personne ne peut représenter plus d’un tés y ont lieu, comme la fête de la société can-
pas réservée au commerce de bétail. Chacun entre ses membres: autre coopérateur. tonale de tir de Saint-Gall, des assemblées de
peut la louer.» – de construire et d’administrer un mar- sociétés ou encore un marché d’antiquités.
Notre interlocuteur a éveillé notre intérêt, ché couvert, (Traduction Horizons et débats) Ce qui est également remarquable, c’est la
et le mardi suivant nous nous sommes rendus solidarité au sein de la coopérative. Elle se
manifeste aussi vis-à-vis de l’extérieur. Ainsi
on peut lire dans la présentation de la coopé-
«L’Allemagne avant les élections …» rative: «Nous recommandons à nos membres
suite de la page 3 Nos aliments quotidiens et amis de soutenir des organisations suis-
ses: Schweizer Berghilfe, Patenschaft für die
les êtres, basée sur la dignité, la justice et Ne pas livrer l’approvisionnement de base à la spéculation Berggemeinden.» •
la paix. Les origines de cette souffrance
sont examinées très exactement pour pou- Est-ce que cela a un intérêt pour nous lement. La nourriture est un droit fon-
voir prendre des mesures. de savoir combien de nourriture la Suisse damental qu’il ne faut pas, dans notre Horizons et débats
• des centaines de petites et importantes ini- produit elle-même? Nos pays voisins ex- propre intérêt, abandonner aux bourses Hebdomadaire favorisant la pensée indépendante,
tiatives sur place, qui s’occupent de ques- portent bien volontiers de la viande, des et aux multinationales. l’éthique et la responsabilité
tions écologiques et sociales, ou qui se pour le respect et la promotion du droit international,
légumes, de la farine ou des plats cui- La valeur de la nourriture ou la sou- du droit humanitaire et des droits humains
vouent à l’engagement pour la paix et qui sinés. Et les matières premières agrico- veraineté alimentaire signifient: Tout en
cherchent des solutions tout à fait concrètes les importées d’outre-mer sont meilleur respectant les animaux et l’environne- Editeur
aux problèmes tout à fait concrets, et qui Coopérative Zeit-Fragen
marché. ment, le but est de couvrir les besoins
mettent ces solutions en pratique. Les consommatrices et consomma- de base en produits alimentaires. Les im-
Rédacteur en chef
• des personnalités partout dans le monde Jean-Paul Vuilleumier
teurs bio-conscients voient plus loin. La portations ne doivent que compléter le Rédaction et administration
qui ont reconnu que cela ne peut pas durer
qualité des produits, l’exploitation éco- menu sans nous rendre dépendants des Case postale 729, CH-8044 Zurich
comme jusqu’à présent et qu’on a besoin Tél. +41 44 350 65 50
phile et le bien des animaux leur sont im- fluctuations de la récolte et des spécula-
d’urgence d’alternatives à une globalisation Fax +41 44 350 65 51
exploitatrice et violente, avec sa liberté de portants et ils savent: On peut influencer tions sur le marché mondial.
ces facteurs dans l’agriculture nationale, E-Mail: hd@zeit-fragen.ch
circulation de capital qui appauvrit tant Herbert Karch, directeur VKMB et Internet: www.horizons-et-debats.ch
d’individus, qui est tellement destructrice mais pas dans les importations. membre du comité directeur de Bioterra
(Avec l’aimable autorisation CCP 87-748485-6
et qui enrichit énormément seulement Le choc des prix de 2008, qui a mis
de la revue «Bioterra») Imprimerie
quelques-uns. sens dessus-dessous le commerce agri- Nüssli, Mellingen
cole mondial, a ouvert les yeux à de (Traduction Horizons et débats)
• tous les individus et les initiatives qui ne Abonnement annuel 198.– frs / 108.– €
sont pas poussés par l’égoïsme maladif nombreuses personnes: Il n’est pas évi- «Bioterra» est une revue suisse contenant
dent que nos assiettes soient toujours un grand nombre de conseils pour les jar- ISSN 1662 – 4599
mais qui contribuent de manière naturelle
au bien-être humain, en petit comme en pleines. L’approvisionnement de base dins bio; elle contient beaucoup d’impor- © 2009 Editions Zeit-Fragen pour tous les textes et les illustrations.
Reproduction d’illustrations, de textes entiers et d’extraits impor-
grand. par une agriculture nationale est impor- tantes informations sur les produits bio et tants uniquement avec la permission de la rédaction; reproduction
Dans tous les cas, il s’agit de faire valoir le tant pour qu’un pays fonctionne norma- décrit la vie quotidienne des paysans bio. d’extraits courts et de citations avec indication de la source «Hori-
zons et débats, Zurich».
droit des êtres humains. •
No 29, 27 juillet 2009 Horizons et débats page 5

60e anniversaire des quatre Conventions de Genève

Le droit international humanitaire


Une importante réalisation et un engagement
de la communauté internationale de résoudre les conflits de manière pacifique
par Urs Knoblauch, Fruthwilen (TG)

La Charte des Nations Unies, la Déclaration aux hostilités ont droit au respect de leur Au sujet de la protection des blessés, il est
universelle des Droits de l’homme, les activi- vie et de leur intégrité physique et morale. précisé que «les Parties au conflit accorderont
tés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Ces personnes seront, en toutes circons- au Comité international de la Croix-Rouge
le droit international humanitaire font partie tances, protégées et traitées avec huma- toutes les facilités en leur pouvoir pour lui
des grandes réalisations de notre civilisation. nité, sans aucune distinction de caractère permettre d’assumer les tâches humanitaires
En 2009, on célèbre les 60 ans d’existence défavorable. qui lui sont attribuées par les Conventions et
des quatre Conventions de Genève. Signées 2. Il est interdit de tuer ou de blesser un ad- le présent Protocole afin d’assurer protection
le 12 août 1949 à Genève, elles sont une com- versaire qui se rend ou qui est hors de com- et assistance aux victimes des conflits.»
posante essentielle du droit international hu- bat. Pour le travail avec les élèves du deuxième
manitaire. Tous les Etats du monde les ont 3. Les blessés et les malades seront recueillis cycle du secondaire et des écoles profession-
ratifiées. Trois Protocoles additionnels y ont et soignés par la partie au conflit qui les nelles, la lecture en commun et la discussion
été ajoutés. aura en son pouvoir. La protection couvre des textes courts est à elle seule très sugge-
En créant la Croix-Rouge en 1863, le également le personnel sanitaire, les éta- stive. On peut organiser d’utiles journées-
Suisse Henry Dunant (1828 – 1910) a établi blissements, moyens de transport et maté- projet en recourant à des articles de journaux
les fondements du droit international hu- riel sanitaires. Les emblèmes de la croix et à des photos récents, à des courts-métrages
manitaire. En 1919 a été créée la Ligue des rouge, du croissant rouge et du cristal du CICR ou à la participation d’un délégué
Sociétés de la Croix Rouge et du Crois- rouge sont le signe de cette protection et du CICR ou de collaborateurs de la Croix-
sant-Rouge qui regroupe les sociétés natio- doivent être respectés. Rouge. L’étude de l’ouvrage de Hans-Peter
nales. Elle effectue depuis un travail pré- 4. Les combattants capturés et les civils qui Gasser, ancien délégué et conseiller juridique
cieux. Il s’agit d’éviter les guerres par tous se trouvent sous l’autorité de la partie ad- du CICR, intitulé: «Le droit international hu-
les moyens car elles entraînent toujours verse ont droit au respect de leur vie, de manitaire: introduction», paru en 1993, per-
d’effroyables destructions, crimes et souf- leur dignité, de leurs droits personnels et met une bonne introduction au sujet. Cepen-
frances. Aussi le droit international huma- de leurs convictions. Ils seront protégés dant il est important que les élèves puissent
nitaire, les Conventions de Genève et les contre tout acte de violence et de repré- apporter leurs idées, faire part de leurs expé-
Protocoles additionnels fixent-ils des limi- sailles. Ils auront le droit d’échanger des riences et poser des questions. Il est réjouis-
tes précises aux conflits armés. La commun- nouvelles avec leur famille et de recevoir sant de les voir s’exprimer avec engagement partie des richesses nationales et cela à une
auté internationale et les parties aux conflits des secours. et approuver spontanément le travail huma- époque où le monde connaît d’innombrables
sont tenues de respecter des normes humani- 5. Toute personne bénéficiera des garanties nitaire. Ces journées-projet peuvent égale- problèmes existentiels en matière d’économie,
taires qui sont en rapport avec la Charte des judiciaires fondamentales. Nul ne sera ment avoir un impact sur leurs choix profes- d’alimentation, de santé et d’éducation. Les
Nations Unies et la Déclaration universelle tenu pour responsable d’un acte qu’il n’a sionnels et leur recherche du sens de la vie. fondements et les règles du droit interna-
des droits de l’homme. pas commis. Nul ne sera soumis à la tor- Ainsi, deux jeunes filles de 16 ans ont écrit: tional, qui sont beaucoup trop mal connus,
En tant que pays neutre, la Suisse a une ture physique ou mentale, ni à des peines «Cette journée nous a tellement impression- montrent qu’il faut chercher à mettre fin aux
responsabilité internationale particulière, car corporelles ou traitements cruels ou dégra- nées que cela nous a encouragées dans notre guerres par tous les moyens.
«elle est dépositaire de nombreux traités in- dants. désir d’adhérer au CICR et de participer à
ternationaux, dont les quatre Conventions de 6. Les parties au conflit et les membres de une intervention à l’étranger.» Les violations du droit international et les
Genève de 1949, les Protocoles additionnels I leurs forces armées n’ont pas un droit illi- crimes de guerre doivent être poursuivis
et II de 1977 et le Protocole additionnel III de mité quant aux choix des méthodes et des Protection de la vie humaine, «Si le droit international humanitaire s’adresse
2005». Tous les Etats se sont engagés à re- moyens de guerre. Il est interdit d’employer de la dignité humaine, avant tout aux Etats et autres parties au con-
specter ces règles et principes mais chaque des armes ou des méthodes de guerre de des bases existentielles et de la culture flit (comme les groupes armés), bon nombre
citoyen des Etats membres porte également nature à causer des pertes inutiles ou des Dans la brochure «ABC du droit internatio- de ses dispositions doivent aussi être respec-
cette responsabilité. C’est pourquoi une large souffrances excessives. nal humanitaire» élaborée par la «Direction tées par les individus. Les Etats sont tenus de
diffusion de ces principes éthiques est si im- 7. Les parties au conflit feront, en tout temps, du droit international public» et édité par le se conformer à ses normes, de faire cesser
portante pour sauvegarder la paix dans le la distinction entre la population civile et Département fédéral des Affaires étrangères toute violation ainsi que de juger ou extra-
monde: «Les Hautes Parties contractantes les combattants, de façon à épargner la po- (DFAE), on nous explique plus en détail les der les personnes accusées d’infractions gra-
s’engagent à diffuser le plus largement pos- pulation et les biens civils. bases et les notions-clé du DIH. «Le droit in- ves aux règles du droit international humani-
sible, en temps de paix comme en période de Ni la population civile en tant que telle, ni les ternational humanitaire – aussi appelé droit taire, notamment de crimes de guerre.»
conflit armé, les Conventions et le présent personnes civiles ne doivent être l’objet d’at- des conflits armés ou droit de la guerre (jus in La connaissance de ces fondements juri-
Protocole.» taques. Les attaques ne seront dirigées que bello) – s’applique dans le contexte des con- diques nous montre que les guerres impli-
Il est par conséquent très utile que le CICR contre les objectifs militaires.» flits armés. Sa fonction est double: réglemen- quent de nombreuses et importantes obliga-
et le Département fédéral des Affaires étran- Ces extraits des «Règles essentielles des ter la conduite des hostilités et protéger les tions et interdictions:«Les parties au conflit
gères aient publié à l’occasion de cet anniver- Conventions de Genève et de leurs Protocoles victimes des conflits armés. […] Le droit in- sont tenues de respecter le droit interna-
saire important de précieux documents gra- additionnels» sont destinés à faciliter la con- ternational humanitaire s’applique à tous les tional humanitaire en toutes circonstances,
tuits qui permettent de faire de l’information naissance du droit international humanitaire. types de conflits armés, indépendamment de quel que soit le comportement de la par-
dans les écoles, les familles ainsi que dans les En sa qualité de gardien du droit interna- leur licéité, et doit être respecté par toutes les tie adverse. Une partie ne peut donc pas in-
institutions ecclésiastiques et politiques. Le tional humanitaire, le CICR a pour mission parties au conflit. voquer le fait que l’autre partie ne respecte
CICR publie d’ailleurs régulièrement et dif- de faire connaître et respecter les règles dudit Une partie essentielle du droit international pas le droit international humanitaire pour
fuse sur Internet d’excellents documents. En droit. Lorsqu’elles sont respectées, elles pré- humanitaire concernant la conduite des hosti- se soustraire à ses propres obligations. En
2009, il a réédité le remarquable et très com- servent l’humanité dans son ensemble. C’est lités a été élaborée lors des deux Conférences d’autres termes, la preuve d’une infraction
plet programme éducatif visant à sensibiliser pourquoi il est si important que chacun se les internationales de la Paix qui se sont tenues similaire commise par d’autres personnes
les jeunes de 13 à 18 ans aux règles et approprie et les applique. en 1899 et en 1907 à La Haye (‹Droit de La ne peut en aucun cas disculper un accusé de
principes essentiels du droit international Haye›). Les participants à ces conférences y son propre crime. La règle de l’exception
humanitaire intitulé «Explorons le droit hu- Des règles et des interdictions ont adopté plusieurs déclarations et conven- d’inexécution, généralement admise dans le
manitaire» (Horizons et débats a publié une claires pour limiter les souffrances tions restreignant les moyens et méthodes de droit des traités, ne s’applique donc pas dans
série de six articles à ce sujet entre décem- Outre ces fondements, le dépliant aborde di- guerre telles que les Conventions de La Haye ce cas. Précisons que les Etats sont aussi liés
bre et juillet 2007). Il est également très ré- vers sujets avec dans chaque cas une photo- de 1899 et 1907 concernant les lois et coutu- par les conventions si la partie adverse n’y
jouissant d’apprendre que de nombreux en- graphie et un texte court. Par exemple, on mes de la guerre sur terre, les diverses con- a pas adhéré.»
seignants et élèves utilisent ce programme peut lire au sujet de la «Protection des prison- ventions de 1907 régissant la guerre maritime Il est important que les élèves apprennent
avec enthousiasme. Dans ce cadre, la Croix- niers» ce qui suit: «Les prisonniers de guerre ou encore les déclarations de 1899 interdisant que plus tard, en tant que soldats, ils ne seront
Rouge de la jeunesse effectue un travail im- doivent être traités en tout temps avec huma- les balles ‹dum-dum› et les projectiles con- pas obligés d’exécuter des ordres qui violent
portant. nité. Tout acte ou omission illicite de la part tenant des gaz toxiques.» le droit international humanitaire ou que leur
de la Puissance détentrice entraînant la mort La technologie moderne des armements et conscience condamne. Cependant lorsque
Précieuses informations du CICR ou mettant gravement en danger la santé d’un les guerres actuelles affectent à 90% la po- leur existence est menacée, ils ont le devoir
sur le droit international humanitaire prisonnier de guerre en son pouvoir est in- pulation civile et causent des dégâts et des de se défendre et de défendre leur pays.
Le dépliant publié en 2009 et intitulé «Droit terdit et sera considéré comme une grave in- destructions inimaginables. On a recours En ce qui concerne les armes à sous-muni-
international humanitaire» et la plaquette in- fraction à la présente Convention. En parti- aux munitions à l’uranium et aux armes nu- tions, il est expliqué qu’en 2008, d’importants
titulée «Des limites à la guerre» sont excel- culier, aucun prisonnier de guerre ne pourra cléaires les plus récentes qui sont particu- progrès ont été réalisés en vue de leur inter-
lents pour des journées-projet et l’enseigne- être soumis à une mutilation physique ou à lièrement atroces. D’innombrables personnes diction. L’armée américaine les utilisait déjà
ment ordinaire. J’ai moi-même fait de très une expérience médicale ou scientifique de succombent à des maladies, en particulier à dans la guerre du Vietnam et dans ce pays,
bonnes expériences avec ce matériel. Les tex- quelque nature qu’elle soit qui ne serait pas des cancers. La vie et l’agriculture ne sont des gens en souffrent et en meurent encore.
tes très brefs et les photos facilitent les dis- justifiée par le traitement médical du prison- presque plus possibles. L’alliance de guerre Ces bombes contiennent entre une douzaine
cussions. «Les Conventions de Genève et nier concerné et qui ne serait pas dans son in- européenne et l’OTAN ont causé en Yougos- et plusieurs centaines de petites munitions
leurs Protocoles additionnels sont des traités térêt.» lavie des destructions inimaginables et aban- qui sont libérées sur une grande surface, ex-
internationaux qui contiennent les règles es- Concernant la protection de l’environne- donné ensuite les habitants à leur sort. Des plosent ou non et représentent un danger per-
sentielles fixant des limites à la barbarie de la ment, dont la violation est particulièrement églises ont également été détruites délibéré- manent pour la population. «Les armes à
guerre. Ils protègent les personnes qui ne par- grave dans les guerres actuelles avec leurs ment afin de priver les habitants de leur iden- sous-munitions peuvent avoir des effets hu-
ticipent pas ou ne participent plus aux hostili- bombardements massifs de vastes territoires, tité et de leur histoire. C’est scandaleux de la manitaires graves, car elles frappent indi-
tés.» Les sept règles fondamentales à la base il est dit ceci: «Il est interdit d’utiliser des mé- part de l’alliance et également de la commun- stinctement.»
des Conventions de Genève et de leurs Proto- thodes ou moyens de guerre qui sont conçus auté internationale et constitue une grave vio- En 1997 a été signée, suite à de fortes
coles additionnels sont: pour causer, ou dont on peut attendre qu’ils lation du droit international humanitaire. pressions de la société civile, la Convention
«1. Les personnes mises hors de combat et causeront, des dommages étendus, durables Il en va de même des guerres en Irak et
celles qui ne participent pas directement et graves à l’environnement naturel.» en Afghanistan. Elles détruisent une grande Suite page 7
page 6 Horizons et Horizons
débats – La página en español
et débats No 29, 27 juillet 2009

Banco suizo alternativo BAS


«A río revuelto ganancia de pescador, pero no con nosotros.»
por W. Wüthrich, Zurich
Horizons et débats presentó hace una se- Política de crédito
mana en su serie de artículos sobre bancos Control ético en el BAS Los negocios del banco BAS se basan en el
«especiales», el Freie Gemeinschaftsbank ww. Los fundadores del BAS crearon un con- eran intensas. Llegó a su fin recien cuando clásico modelo de bancos: con la mayoría de
(Banco libre de la comunidad). Hoy presen- sejo ético en 1991. Ese gremio estaba por en 1997 tres miembros del consejo ético re- los ahorros depositados se otorgan créditos,
tamos nuevamente un banco que también es sobre el consejo de administración dentro de nunciaron. en primera línea para la vivienda. Primera-
especial: el Banco Alternativo Suizo, BAS. la jerarquía bancaria. El Consejo tenía acceso El BAS continuó con los intereses aunque mente obtenían créditos sobre todo pequeñas
En muchos aspectos es similar al Gemeins- a toda la documentación, sus miembros po- propone desistir de ellos voluntariamente. En cooperativas de construcción. También otras
chaftsbank. Aquellos que obtienen créditos, dían tomar parte en las reuniones del con- el año 2005, el presidente del consejo de ad- formas de vivienda colectiva fueron impul-
sejo de administración y controlaban a la di- ministración resumió el resultado de esa con-
con su aprobación, son presentados en el sadas. Hoy se otorgan cada vez más créditos
rección. Tenía incluso el derecho de llamar a troversia: El BAS con su política de negocios,
«diario interno» y en el informe sobre tran- una asamblea general extraordinaria. sea como sea, tiene que incertarse en el sis-
para viviendas individuales. El 80% de los
sacciones, y así cada uno sabe dónde se co- En los primeros años del BAS, se cuestiona- tema monetario existente. créditos están respaldados por hipotecas.
loca el dinero. Pero las diferencias entre ron temas fundamentales. El consejo ético se Con una parte de los créditos se fomentan
ambos son también muy claras. Quien lea interesaba por el rol del dinero y aspectos del Control ético actual especialmente ciertos proyectos sociales: em-
los folletos del BAS, enseguida notará que el poder en el negocio del dinero y del crédito. En 2005 la asamblea general decidió abolir el presas autoadministradas, agricultura bioló-
banco tiene un dejo político. Se considera al- Así hubo una amplia controversia sobre los in- consejo ético. El trabajo conjunto entre el con- gica, energía alternativa, construcción ecoló-
ternativo – también en el orden político. tereses y sobre el endeudamiento con las hi- sejo ético y el consejo administrativo nunca fue gica y otros similares. Esto se realiza de la
potecas. ¿Deberían suprimirse los intereses a fácil. La asamblea de los accionarios transfirió manera siguiente: El cliente compra una ob-
largo plazo? ¿Se debería fijar esa meta en los el control ético al Instituto para ética econó-
«A río revuelto ganancia de pescador, pero no ligación de promoción. Desiste voluntaria-
estatutos? Las discusiones sobre esos temas mica de la Universidad de San Gallen.
con nosotros.» Con ese tipo de slogans se pre- mente de todos los intereses o parte de ellos,
senta al público el Banco Alternativo Suizo y decide quién o cuál proyecto quiere fomen-
BAS. El tono es nuevo y provocante, y señala stración abogó por el proyecto de un banco madas acciones para el derecho a voto, por tar con ese dinero (el proyecto será presen-
que los bancos, con los ahorros que se le han propio. Hasta su realización transcurrirían un décimo del precio normal de una acción tado en moneta). Al comienzo se invertía una
confiado, en ocasiones hacen operaciones que 10 años. Había muchas ideas y muchos gru- normal – pero sólo a través del banco BAS. quinta parte del dinero de esa forma. Hoy es
a sus clientes le son extrañas, o incluso con- pos de trabajo. ¿Cómo debería ser ese modelo En el verano de 1990 la Comisión bancaria mucho menos.
trarias a su sentido ético. comercial? ¿Una alternativa al sistema econó- suiza dió luz verde. El 29 de octubre el Banco ¿Cuáles son los motivos? Hoy existen
mico dominante? ¿Un banco de izquierda? Alternativo Suizo BAS en Olten abrió sus ven- pocas empresas autoadministradas. La «red
Modelo de negocio tanillas. El comienzo fue exitoso: en los pri- de la autoadministración» (de la que surgió
Básicamente, se realiza el clásico negocio Iniciativa popular contra meros seis meses se abrieron 2300 cuentas, a el banco en sus comienzos), se ha reducido.
bancario con depósitos de ahorros y créditos, el abuso del secreto y del poder bancario pesar de que BAS pagaba menos intereses que El modelo de la autoadministración, que en
respetando directivas éticas y ecológicas. A Parte de la discusión de los años 80 era la lucha los bancos normales. Un grupo de siete emple- los años 80 le dió apoyo y orientación a al-
diferencia del Freie Gemeinschaftsbank, el por la iniciativa popular del partido socialde- ados comenzó con el trabajo. El consejo ético gunos grupos, ha perdido su poder de con-
BAS ofrece también especiales fondos de mocrático de Suiza (PS) «contra el abuso del (ver recuadro) aclaró los principios funda- vicción. ¿Tiene que ver con el hecho de que
obligaciones y acciones, y a pedido del cliente secreto bancario y del poder bancario.» mentales del negocio bancario y definió crite- Yugoslavia y su practicado modelo de auto-
hace transacciones en la bolsa. En aquel entonces se dió a conocer que rios para una situación financiera responsable. administración, con la poderosa ayuda de oc-
Los fondos de innovaciones provienen del dictadores dudosos transferían su dinero a Al comienzo, en el centro bancario Suiza el cidente (y de la OTAN) se derrumbó? ¿O que
BAS y de donantes. Estos fondos especiales Suiza y que había además dineros de prove- nuevo banco fue visto con reparos. con la globalización, la economía y la vida en
apoyan a empresas que normalmente no ob- niencia sospechosa que estaban protegidos común se han vuelto más individuales, más
tendrían préstamos, como el sector de la ener- por el secreto bancario. El Consejo federal y ¿Cómo se conduce un banco alternativo? «privadas»?
gía alternativa, proyectos femeninos, trabajos el parlamento prometieron ayudar con nuevas No había un verdadero modelo. Las especta-
de desarrollo y otros similares. Foro de discu- leyes: la ley bancaria debería ser corregida y tivas de los colaboradores eran diversas. Mu- Un banco especial
sión e información es la publicación moneta se dictaría una ley sobre lavado de dinero (lo chos esperaban una empresa autoadminis- orientado ecológica y socialmente
– el periódico para el dinero y el espíritu, que que entre tanto se hizo). La iniciativa del PS trada, con formas alternativas de trabajo y En el transcurso de casi 20 años, el signi-
aparece cada cuatro meses. suizo fue rechazada en mayo de 1984 con el organización. Otros, por otro lado, preferían ficado del término «alternativo» ha va-
El modelo de negocio del BAS se basa en 73% de votos negativos. una clara jerarquía y no querían saber nada riado. Expresiones propias de los comienzos
el principio de la transparencia: se anula el Las discusiones sobre la iniciativa popu- de decisiones colectivas, por la complejidad como «espíritu pionero», «autoadministra-
anonimato entre el cliente que deposita el di- lar dieron impulso al proyecto del banco. del negocio bancario. Sobre todo la gente de ción», «movimiento anti-nuclear», «antimi-
nero y el que recibe el crédito. El que recibe 35 000 personas se habían comprado el «li- banco especializada defendía esa posición litarismo», han dado paso a la imagen de un
el crédito desiste del secreto bancario al acep- brito del banco alternativo» de la «Acción (sobre esto más detalles en moneta 2/1992, banco profesional que se autodenomina como
tar que su nombre y su proyecto sean presen- centro financiero Suiza – Tercer mundo». pág. 5). Distintos conceptos sobre el trabajo «un banco especial orientado ecológica y so-
tados en moneta y en el informe del estab- Pero los miembros de la «Red para autoadmi- en común y la dirección crearon un potencial cialmente».
lecimiento. Los que dan el dinero deben estar nistración» no llegaron a un acuerdo sobre un de conflictos y fueron motivo para cambios El trabajo conjunto está determinado por
seguros de que éste es utilizado de acuerdo a concepto común y un modelo para su banco. en el personal y dentro de la dirección. Esas la estructura jerárquica de la sociedad por ac-
sus criterios. Ideas no faltaban. ¿Tendría que ser un banco discusiones continúan aún hoy. ciones: junta general, consejo de administra-
ecológico como ya existía en Alemania? ¿O ción, dirección, colaboradores. Existe pero
Orígenes en la crítica social habría que buscar una alternativa social com- Fase de crecimiento aún hoy límites de poder y elementos de au-
«Deberá ser el Banco para una Suiza dife- pleta? La cuestión era: ¿Cómo encontrar un Económicamente había adelantos. Los costos toadministración. De acuerdo a sus princi-
rente – una alternativa en el sistema finan- sistema que sea realizable? Para comenzar de iniciación estaban ya amortizados. A partir pios, el banco hace participar a sus colabora-
ciero». Vale la pena echar un vistazo a la se logró crear una caja de pensiones para la de 1994 comenzó la fase real de crecimiento. dores en las decisiones sobre sus actividades.
época de su fundación; es una parte de la his- «red para autoadministración», la Fundación La meta era un balance de 100 a 120 millones Éstos están representados en el consejo de
toria social de Suiza. Abendrot en Basilea. de francos, que se logró después de tres años. administración. Nadie puede poseer más del
Las raíces del BAS están en el movimi- En 1997 se fusionaron el Schweizerische Bank- 3% de las acciones. La lista de sueldos es co-
ento del 68. La protesta antiautoritaria se ex- «¿Qué es un asalto a un banco com- verein (Asociación bancaria suiza) y Schwei- nocida por todos. (El director gana dos veces
tendió en un espectro de nuevos movimientos parado con la fundación de un banco?» zerische Bankgesellschaft (Sociedad bancaria y medio más que un empleado con el sueldo
sociales. Las ideas conductoras eran: lucha En 1987 se creó una asociación con el pro- suiza) para formar el UBS. Con esto se senta- más bajo.) Extras no hay.
contra la explotación del tercer mundo, contra pósito de crear, en el término de cuatro años, ron las bases para un gran banco global – hoy El Banco Alternativo Suizo ha seguido cre-
la energía atómica, contra la destrucción del un banco alternativo. La asociación hizo pu- un «supertanque» como llamó al banco en ese ciendo – también a causa de la crisis finan-
medio ambiente, por la emancipación de la blicidad con el slogan «¿Qué es un asalto a entonces el presidente de la administración, ciera. La suma del balance llega a 840 mil-
mujer etc. Se probaron nuevas formas de vida: un banco comparado con la fundación de un Kaspar Villiger. Ese paso no fue bien visto por lones de francos. Ya en 1997 se abrió una
desde la vida en comunidad hasta la fundación banco? (Mackie Messer en la «Opera de los todos los clientes. El Banco alternativo suizo sucursal en Lausanne. En Zurich, Ginebra
de empresas con autoadministración. tres centavos» de Bertolt Brecht) se vió invadido por nuevos clientes. Un efecto y Bellinzona hay oficinas de información.
¿Quién invertiría dinero? 5 millones de similar tuvo la discusión sobre los capitales 79 colaboradores atienden hoy a 23 000 cli-
Autoadministración francos debían reunirse como mínimo. ¿Qué sobre los cuales no se tiene información. El entes.
como idea conductora forma jurídica debería tener el banco? banco duplicó el número de empleados. «No Como ya se dijo anteriormente, BAS no
El modelo de una libre autoadministración – La asociación buscó apoyo. Lograron hacíamos más que iniciarlos – elegirlos e ini- aspira a lograr un máximo de ganancia. En el
orientada a la Yugoslavia socialista de aquel ganar a asociaciones conocidas – por ejemplo ciarlos.» La meta de las 36 horas semanales año 2008 obtuvo una ganancia de un millón de
momento – era una esperanza audaz dentro la Acción centro financiero Suiza, la Aclara- no podía mantenerse. El sistema electrónico de francos y logró un rédito de un 2% del capital
de diversos grupos, y también del partido so- ción de Berna, Greenpeace Suiza, el partido datos tenía que ser renovado. La suma del ba- propio (como comparación: Josef Ackermann
cialdemocrático (SP). «Autoadministración» verde de Suiza GPS, la obra benéfica de la lance había subido entre tanto a 400 millones quiere lograr para el Deutsche Bank un rédito
debía ser el elemento central de una sociedad iglesia evangélica de Suiza HEKS, Helvetas, de francos. Pero también el número de créditos del 20%). Con la ganancia se aumentan las re-
futura, libre y socialista. algunos sindicatos y secciones cantonales del problemáticos aumentó. A fines del milenio la servas y los fondos de innovación se acumu-
A comienzos de los años 80 había en partido socialdemócrata. dirección del banco frenó el crecimiento. lan. El resto se paga como dividendo. •
Suiza unas 200 empresas autoadministradas.
Muchas de ellas estaban reunidas en la «red Fundación
Europäische Arbeitsgemeinschaft
del Banco Alternativo Suizo BAS Invitación al congreso «Mut zur Ethik»
para autoadministración» y editaban un pe-
riódico. Se formaron grupos de trabajo, que En 1990 se había terminado con los traba-
se ocupaban de los problemas existentes. El jos preliminares y se había reunido el di- Soberanía popular o imperialismo:
«grupo de trabajo finanzas» se ocupaba de nero necesario. Sería una sociedad por ac- ¿en qué consiste una auténtica democracia?
buscar posibilidades para conseguir dinero ciones. 2700 accionarios con un promedio
para las empresas autoadministradas. La de- de 3400 francos habían reunido la suma de del 4 al 6 de septiembre 2009
manda era grande. Miembros que contaban 9 millones de francos. Aún hoy un accionario Mut zur Ethik en Feldkirch/Austria
con medios financieros, daban créditos libres no puede poseer más del 3% de las acciones.
de intereses. Pero aún así era muy poco. El Una posición de privilegio se les reservó a Inscripción y contacto:
conocido librero suizo Theo Pinkus tomó la instituciones que persiguen los mismos idea- Oficina del congreso «Mut zur Ethik», Caja de correo 756, CH-8044 Zurich,
Tel: +41 79 400 51 57, e-mail: mze@cyberlink.ch
iniciativa y en el ambiente de la autoadmini- les del banco. Ellas pueden comprar las lla-
No 29, 27 juillet 2009 Horizons et débats page 7

«Déplacer les montagnes»


Une classe au travail dans la Valle Bavona, au Tessin
10 élèves entre 15 et 16 ans font un travail
d’utilité publique dans leur camp scolaire de
la Valle Bavona, au Tessin. Ils fréquentent
une classe à effectif réduit d’un établissement
secondaire. Voici le compte-rendu de la pro-
fesseure principale.

mh. Au début, je n’ai pas déchaîné l’enthou-


siasme, je dois l’avouer. Quand j’ai proposé à
mes élèves, pour leur camp scolaire annuel,
un chantier d’utilité publique dans une région
de montagne, j’ai récolté quelques protesta-
tions: pour leur dernier camp, ils voulaient
s’amuser, que ce soit bien, faire des choses.
J’ai eu droit aux propositions habituelles, évo-
quant plutôt un séjour au Club Méditerranée
qu’un camp scolaire. Il ne m’a pas été facile
de faire accepter mon projet par les élèves.
Crise économique et camp scolaire
Nous avons tenu conseil. J’ai commencé par
une discussion sur la crise économique en
cours. Les élèves ont mis en commun leur sa-
voir et leurs idées, leurs questions et leurs ré-
flexions avec beaucoup d’intérêt. La plupart
avaient déjà parmi leurs parents ou connais-
sances des gens au chômage partiel ou des
chômeurs. Nous avons aussi parlé des con-
séquences que pourrait avoir cette crise sur
leur propre vie. La plupart de mes élèves,
bien que faibles, étaient déjà assurés de trou-
ver une place en apprentissage. Mais après? «C’était un camp formidable sous bien des rapports. Les élèves ont fait reculer les limites de leur capacité à faire des efforts et à tenir, ils
Pouvaient-ils se retrouver au chômage? Et ont effectué un travail d’intérêt général et en même temps un peu vécu la rude vie des montagnards. Ils ont travaillé en commun et fait de
alors? «C’est justement dans une situation de merveilleuses expériences. Ils ont appris qu’ils pouvaient faire quelque chose eux-mêmes et créer avec leurs mains, et en plus y trouver
plaisir.» (photo mh)
ce genre, où vous n’êtes pas assurés de gagner
votre vie, qu’il importe d’être capable de faire C’est là que les premiers comprirent le les élèves suisses que pour les élèves étran- sommes-nous dit, et au travail. Tout se faisait
quelque chose avec rien, de construire, de ré- rapport avec le camp. J’ai parlé très séri- gers qui ont fait leurs cours en Suisse. vite et dans la bonne humeur.
parer, de jardiner. Vous devez être à même de eusement avec eux: j’ai dit que bientôt ils Les élèves y ont réfléchi et peu à peu se A midi, l’aire et le chemin avaient déjà
vous tirer d’affaire, vous et votre famille.» quitteraient l’école et que c’étaient préci- sont familiarisés avec l’idée de travailler dans repris un aspect plus civilisé. Mais après la
Nous avons réfléchi à ce que cela signi- sément ces savoir-faire que je voulais leur le camp. «Allez, on y va, même en travail- pause de midi notre chef de travaux est re-
fiait, aux savoirs et savoir-faire qui seraient faire acquérir avant. Je voulais qu’ils soi- lant on s’amusera» a dit Armin, le leader in- venu et nous a montré qu’ici il fallait tra-
nécessaires. Les élèves ont mis en commun ent capables de s’en tirer même si les temps contesté de la classe. C’était gagné. vailler plus à fond, là avec plus de soin, les
ce que l’un ou l’autre savait déjà faire: faire étaient durs. Et je leur ai présenté concrète- branches étaient encore trop longues et en-
la cuisine ou des soudures, travailler le bois, ment mon projet: le Val leBavona est une Le premier jour combreraient le sentier en été, on trébucherait
réparer des mobylettes ou des autos. Pirmin vallée de haute montagne du Tessin, à pro- Le premier jour, tout le monde était sur place sur ces racines, ailleurs il fallait s’occuper de
raconta, qu’il savait élever et tuer les porcs, ximité de celle de la Maggia, qui menace de à 8 heures. Un diaporama nous a dévoilé les l’herbe. Maintenant il s’agissait de ne pas se
chose elle aussi utile dans cette situation. Un retourner à l’état sauvage. Nous avons re- beautés de la vallée, mais aussi la situation vexer, de ne pas se laisser tomber, mais de se
autre, qu’il avait appris chez les éclaireurs à gardé des photos montrant la vie des paysans difficile où elle se trouve. Puis on est passé mettre au diapason et d’apprendre, de deman-
construire des cabanes, frayer des chemins, d’autrefois, les champs en terrasse et les jar- à la première tâche. Nous nous sommes ren- der des précisions, de s’améliorer.
faire du feu etc. Déjà se dessinait un vaste dins suspendus qu’ils avaient installés pour dus dans un endroit écarté de la vallée, nous Nous avons abattu un gros travail ce jour-
panorama de ce qu’il faut savoir faire pour gagner des surfaces cultivables. Nous avons avons pris des outils (pioches, râteaux, dé- là et nous nous sommes fait les premières am-
survivre. Mais il s’avérait aussi que beau- lu qu’aujourd’hui l’agriculture n’y nourrit broussailleuses, pelles, sécateurs) et chargé poules aux mains. Les élèves étaient littérale-
coup ne possédaient qu’une petite partie de plus son homme et que beaucoup ont donc de ce matériel nous avons emprunté un sen- ment euphoriques et fiers de leur œuvre. Mais
ces connaissances pratiques et qu’il fallait émigré1. Ceux qui sont restés n’ont ni les tier forestier. Le temps était couvert, pas trop nullement fatigués, pas les élèves en tout cas;
donc les développer fortement. moyens financiers ni la force d’empêcher à chaud, idéal pour travailler. Nous sommes deux d’entre eux nous ont préparé avec l’aide
«En outre il faut que vous soyez constam- eux seuls leur pays de retourner à l’état sau- arrivés à un bel endroit avec une petite fon- de ma collègue, une enseignante d’économie
ment en contact les uns avec les autres» en- vage. «C’est pourquoi ils en sont obligés de taine, un endroit où faire des grillades, ma- familiale aux doigts de fée, un extraordinaire
chaînai-je, «savoir travailler ensemble, vous faire appel à des gens comme nous», ai-je gnifique, mais complètement envahi par la repas, comme ils l’avaient appris au cours de
organiser, vous entraider mutuellement, dit aux élèves. Des volontaires bien encad- végétation. Déjà sur le chemin branches et cuisine, les autres jouaient à un jeu de cartes
même sans être payé.» Et nous avons éla- rés aident à remettre en état places et che- rameaux nous giflaient sans cesse. On nous avec une véritable passion. Après le dîner tout
boré en commun un scénario où sans argent, mins dans les montagnes, pour que la val- dit ce qu’il y avait à faire: couper et empor- le monde est descendu à la rivière proche pour
dans une grande pauvreté, en comptant sur lée reste habitable et attire les touristes. J’ai ter les herbes hautes, les orties et les ronces, se baigner et escalader les rochers du lit. Dans
ses propres talents et savoir-faire et en prati- ajouté qu’ainsi nous faisions preuve de soli- couper branches et rameaux, enlever les raci- les chambres on a bien sûr continué à se déten-
quant une entraide solidaire, on pouvait sur- darité envers les montagnards et montrions nes en saillie sur le sol. Elèves et professeurs dre. A quelques reprises les profs ont trouvé
vivre et faire face aux situations sans issue et un peu notre reconnaissance au pays qui a ont écouté attentivement et mémorisé exacte-
au désespoir. tant fait pour nous. Ceci vaut aussi bien pour ment les indications du forestier. Facile, nous Suite page 8

«Le droit international humanitaire» recourant à des sources complémentaires, ils les Etats, les écoles et les parents que de pro- et du respect des obligations nées des trai-
suite de la page 5 se rendront compte de l’importance consi- téger, de diffuser et d’enseigner les traités du tés et autres sources du droit international;
dérable de ces textes juridiques. Il faut ces- droit international et les principes éthiques. à favoriser le progrès social et à instaurer de
d’Ottawa sur l’interdiction de l’emploi, du ser de mener des guerres et chercher à ré- Chaque citoyen se doit de respecter les lois meilleures conditions de vie dans une liberté
stockage, de la production et du transfert des soudre les conflits pacifiquement. Les biens de l’Etat de droit et du droit international. Il plus grande […].»
mines antipersonnel et sur leur destruction. suprêmes de l’humanité sont la coexistence faut rappeler à tous les Etats membres des Il a été également précisé que l’ajustement
Au chapitre «armes de destruction massive», pacifique, l’égalité et la justice sociale. Cet Nations Unies, aux politiques et à l’ONU leur ou le règlement de différends doit être réalisé
il est précisé que les armes biologiques, chi- idéal est conforme aux données de l’anthro- mission originelle qui consiste à créer la paix uniquement «par des moyens pacifiques, con-
miques et nucléaires «se distinguent des pologie, à la nature de l’homme, à la raison et la justice. formément aux principes de la justice et du
autres armes par le fait qu’elles ont été con- et à de nombreuses doctrines religieuses. La Charte des Nations Unies du 26 juin droit international» et qu’il faut «développer
çues pour causer des pertes humaines et ma- Les hommes sont capables de se donner et 1945 donne clairement pour mission à entre les nations des relations amicales fon-
térielles à grande échelle et qu’elles peuvent de respecter des règles qui leur permettent la communauté internationale de respec- dées sur le respect du principe de l’égalité de
occasionner des dommages substantiels et de s’épanouir ensemble, de protéger leur di- ter la dignité humaine et d’encourager droits des peuples et de leur droit à disposer
durables à l’environnement.» gnité et de résoudre les conflits pacifique- l’application des droits de l’homme et des d’eux-mêmes». •
A propos des armes nucléaires, il est pré- ment. Il est du devoir de la culture, de l’école droits fondamentaux. Dans le préambule, la La brochure «ABC du droit international hu-
cisé que «dans un avis consultatif de 1996, et de la politique de défendre et de renfor- communauté internationale nouvellement manitaire» peut être commandée gratuitement
la Cour internationale de justice des Na- cer cet idéal. créé a affirmé de manière exemplaire le re- au DFAE, tél. +41 31 322 31 53 ou par courriel
publikationen@eda.admin.ch. Elle est disponible en
tions Unies a considéré que les effets de Le contenu de la Charte des Nations Unies, spect de la vie. français, allemand, italien et anglais.
l’utilisation d’armes nucléaires sont géné- les objectifs du CICR et du droit international «Nous, peuples des Nations Unies, réso- Le dépliant du CICR et la plaquette peuvent
ralement contraires au droit international hu- humanitaire sont si importants qu’ils doivent lus à préserver les générations futures du être commandés gratuitement auprès du CICR,
manitaire». absolument faire partie de la culture générale fléau de la guerre qui deux fois en l’espace tél. +41 22 730 21 71 ou par courriel
dispensée par les écoles. Aussi les nombreux d’une vie humaine a infligé à l’humanité don.gva@cicr.org.
Diffuser, soutenir et imposer les objectifs parents et les enseignants de tous les degrés d’indicibles souffrances; à proclamer à nou-
du CICR, de la Charte des Nations Unies qui intègrent ces principes d’éducation ci- veau notre foi dans les droits fondamentaux Bibliographie
et du droit international humanitaire vique dans leur activité éducative ou leur de l’homme, dans la dignité et la valeur de «Explorons le droit humanitaire»: CICR, Genève,
Le matériel d’information présente tant de enseignement ont-ils beaucoup de mérite. la personne humaine, dans l’égalité de droits 2009, coffret de ressources pour l’enseignant (conte-
nant une brochure d’introduction, des modules édu-
sujets différents et est si bien organisé que C’est ainsi que se développe la volonté poli- des hommes et des femmes, ainsi que des catifs, un glossaire, un guide méthodologique et un
tous les enseignants et élèves intéressés tique d’appliquer ces dispositions juridiques. nations, grandes et petites; à créer les con- DVD), 31,5 x 28,5 x 9 cm, anglais, français / prix
peuvent en tirer profit. En l’utilisant et en Il n’y a pas de mission plus méritoire pour ditions nécessaires au maintien de la justice 40 francs / réf. 0942.
page 8 Horizons et débats No 29, 27 juillet 2009

«Déplacer les montagnes» humeur. Alors le travail est aussi un plaisir. lui en ai parlé et lui ai proposé de travailler «Le camp le plus cool
suite de la page 7 Cette conversation a beaucoup détendu l’at- un quart d’heure, puis de s’arrêter cinq mi- que j’aie jamais fait»
mosphère et rendu à tous la bonne humeur. nutes. Elle a été d’accord. Au bout d’un quart «C’était le camp le plus cool que j’aie jamais
cela un peu bruyant – nous étions fatigués – Le travail a recommencé à bien progresser. d’heure je lui ai rappelé ce dont nous étions fait» a conclu Dragan, résumant l’ambiance
mais deux ou trois rappels à l’ordre, le dernier convenues mais elle a préféré continuer: elle générale. Je ne peux que lui donner raison:
un peu plus énergique, ont suffi pour qu’on L’union fait la force – au sens propre ambitionnait maintenant de savoir si elle était l’ambiance était vraiment bonne. Et le cer-
parle moins fort. Les jeunes sont restés éveil- Et un travail qui laisse des traces durables, capable de tenir. Et elle a travaillé une heure tificat décerné pour leur engagement que les
lés longtemps encore, mais pas nous. Nous ils en ont finalement eu un. Nous devions tra- entière, sans hâte mais régulièrement. Plus élèves ont reçu au cours du repas de fête que
n’en demandions pas davantage. Je pense vailler sur un joli sentier bordé de murets tard elle a souvent raconté qu’elle y était ar- leur a offert la Fondazione Valle Bavona les
qu’en voyage scolaire les jeunes ont le droit construits avec les pierres ôtées des champs. rivée. a remplis de fierté et d’émotion.
de s’amuser, même la nuit. Nous sommes con- Sans paraître y attacher d’importance le fo- Jamais encore dans un camp je n’avais été
venus qu’ils dormiraient ou non, c’était leur restier nous a parlé d’une pierre qui dépassait Voir les élèves sous un nouveau jour si détendue et si heureuse. Nous autres ensei-
affaire, mais qu’ils nous laisseraient dormir, le sol de 20 cm environ et qui gênait. Cela a Une élève m’a totalement surprise. C’est une gnants avons bien sûr participé tout le temps,
qu’ils resteraient dans leurs chambres et serai- incité trois ou quatre de mes garçons qui fai- élève très faible, très silencieuse et introvertie. et c’était un dur travail physique. Et un camp
ent debout le matin à 6 heures et demie. Ils saient de la musculation à ôter la pierre. Au Elle a de la peine à nouer des liens amicaux. comme celui-là non plus ne fonctionne pas
ont tenu promesse. Le matin – tous les matins début cela semblait facile: 20 cm de hauteur, A l’occasion de ce camp je l’ai découverte tout seul; il a fallu encadrer la bande. Nous
– tout le monde était là à l’heure, un peu en- 30 de diamètre. Ils ont commencé à piocher sous un tout nouveau jour: elle a travaillé in- avons pris des risques calculés, par exemple
dormi quelquefois, nettement plus calme que tout autour dans la terre caillouteuse, dure fatigablement et avec beaucoup de plaisir. autorisé les élèves à sortir le soir, à condi-
la veille, mais là. En plus deux des filles se sont comme pierre, pour dégager le bloc. Mais Elle m’a beaucoup parlé d’elle, a montré son tion de rentrer à une heure donnée et de ne
levées d’elles-mêmes en avance pour préparer plus on creusait et plus ce dernier s’avérait sens de l’humour et, le soir, s’est mêlée de pas consommer d’alcool ni de drogues. Des
le petit déjeuner, tous les matins, pour tout le d’une taille et d’un poids respectable. Il était plus en plus aux jeux des autres. jeunes de cet âge ont besoin d’un espace de
monde. D’elles-mêmes et régulièrement. profondément enfoncé dans la terre. Les tra- Il y a eu un conflit, les autres se sont payé liberté. J’avais fait un tour au village et dans
vaux de déblaiement passèrent ensuite alter- sa tête. Nous avons discuté de toute l’histoire les environs et je m’étais dit: ici il ne peut pas
Travailler par temps très chaud nativement par des phases d’enthousiasme et avec tout le monde. J’ai rarement participé à arriver grand-chose. Et bien sûr nous avons
Le lendemain nous devions faire le même tra- de découragement. Mais chaque fois que les un aussi bel échange, bien qu’il m’arrive sou- évalué en permanence l’ambiance et leur re-
vail à un autre endroit. Il faisait très chaud et jeunes songeaient à abandonner une tâche ap- vent d’en avoir avec mes élèves. Il a ouvert lation avec nous. Sachant tout cela nous éti-
c’était pénible. J’ai senti que l’ambiance était paremment impossible, il y en avait un pour tant de possibilités de mieux se comprendre ons sûrs que nous pouvions leur laisser la
moins bonne. Après la pause de midi nous penser qu’il fallait tout de même continuer et et de se réconcilier, on a fait montre de tant bride sur le cou, qu’il n’arriverait rien. Et il
avons tenu un «conseil de travail» (analogue entraîner les autres. d’indulgence envers les erreurs des autres que en a été ainsi. La porte de notre maison re-
au «conseil de classe»). Nous nous sommes Finalement l’un d’eux a eu l’idée d’utiliser c’en était un vrai plaisir. Beaucoup d’élèves stait ouverte toute la nuit. Il ne s’est rien
assis à l’ombre des arbres sur de grosses de gros bâtons pour ébranler le bloc. Unis- ont été soulagés de voir qu’il ne s’agissait pas passé. C’était un camp formidable sous bien
pierres et j’ai demandé aux élèves ce qui n’al- sant leurs forces, ils sont parvenus, après d’un tribunal, mais d’un approfondissement des rapports. Les élèves ont fait reculer les li-
lait pas. Ils ont exprimé clairement leurs pré- plus de deux heures d’effort, à faire bouger des liens amicaux. Et ensuite Benita s’est mites de leur capacité à faire des efforts et à
occupations: c’était le même travail que la le monstre, puis à l’aide de troncs minces à trouvée encore un peu mieux intégrée. tenir, ils ont effectué un travail d’intérêt gé-
veille, et pénible, ils aimeraient mieux faire l’extraire de son trou et à l’installer contre le Il y a eu aussi une élève qui, jusqu’à la fin, néral et en même temps un peu vécu la rude
autre chose. J’ai bien écouté ce qu’ils disaient muret. Pleins de fierté ils ont tiré du sol avec a plus ou moins essayé de freiner, cherché vie des montagnards. Ils ont travaillé en com-
et leur ai donné raison: oui, c’était la même plus d’élan encore, malgré la pénibilité, un souvent des occasions de gâcher un peu tout, mun et fait de merveilleuses expériences. Ils
chose, mais cela aussi il faudrait l’apprendre: second bloc un peu plus petit qu’ils roulèrent et m’a obligée à être sur mes gardes pour ont appris qu’ils pouvaient faire quelque
on ne peut pas toujours changer d’occupation, près du premier. qu’elle ne mette pas les autres de mauvaise chose eux-mêmes et créer avec leurs mains,
il faut apprendre à persévérer, à se tenir à Depuis ils sont là, offrant un siège aux ran- humeur. Mais elle aussi je la connais mieux et en plus y trouver plaisir. Une remarque an-
quelque chose, même et surtout si c’est péni- donneurs fatigués. Les garçons qui ont réa- maintenant. Elle n’était pas en dernière année, nexe: beaucoup de ces élèves ont au quoti-
ble. (Plus tard nous avons discuté entre collè- lisé cette œuvre étaient emplis d’une juste il lui en reste encore une avec moi. Il faudra dien des problèmes sociaux non négligeables
gues: c’est justement ce que nous n’apprenons fierté. «Maintenant nous avons fait quelque qu’elle essaie de s’insérer différemment dans et un comportement perturbé. Peut-être fau-
pas à nos élèves; finalement nous autres ensei- chose que nous pourrons montrer à nos pe- une communauté, de manière plus construc- drait-il réfléchir au moyen d’aider ce type
gnants nous efforçons infatigablement d’offrir tits-enfants» a dit Armin, reprenant les mots tive et optimiste. Elle n’est en effet pas dé- d’élèves dans l’esprit de Hartmut von Hentig
un enseignement varié, de changer en perma- d’un de mes collègues masculins, et il parlait pourvue de qualités et n’a aucune raison de «Se rendre utile: une utile expérience.»2 C’est
nence de médias, d’activités etc.) Je leur ai sérieusement. Voilà qui ne peut guère arriver tout gâcher. pourquoi j’ai repris, sagement et avec un sou-
rappelé quelques expériences faites lors de à l’école, sans parler d’un parc d’attractions Jusqu’au jeudi nous avons bien travaillé, rire, le «C’était le camp le plus cool que j’aie
leurs stages d’informations, où leurs patrons dédié à la surconsommation. préparé le soir de délicieux repas et les élèves jamais fait» sans corriger la langue.
s’étaient plaints justement de ce manque de ont même trouvé la force de participer à un Ce chantier a été organisé et réalisé avec la
persévérance. Puis je leur ai dit que s’ils per- Fière de sa persévérance et de sa ténacité tournoi de foot organisé par Armin. Le der- collaboration du CECOVO-montagne (Centre
sévéraient dans quelque chose, ils pourraient Le troisième jour nous travaillions sur un haut nier jour nous avons terminé par une prome- du volontariat en montagne). Le CECOVO-
ensuite regarder fièrement en arrière et dire plateau sous une chaleur écrasante. Alexia, nade à travers la splendide vallée, en suivant montagne est un projet communautaire de la
«C’est moi qui ai fait ça.» «Oui», a répondu qui était chargée de mettre l’herbe en tas avec la rivière, et nous avons découvert un paysage SAB (Groupement suisse pour les régions de
Armin, le chef, «si nous pouvions regarder un râteau s’est plainte d’avoir trop chaud. Je féerique: de gros rochers couverts de mousse montagne) de l’Aide suisse aux montagnards
quelque chose que nous avons fait, un pont l’ai emmenée à l’ombre pour lui parler. J’ai entre d’énormes arbres centenaires, des et du Parrainage Coop pour les régions de
que nous aurions construit, par exemple, ou tout aussi chaud que toi, lui ai-je dit, mais on bords de rivière qui invitaient à la baignade, montagne. cf. www.berge-versetzen.ch •
quelque chose comme ça. Mais les chemins peut tout de même continuer. On ne va pas des coins idylliques sous les arbres. Un vrai
que nous nettoyons seront tout pareils l’an tomber en syncope ni en mourir. De temps en paradis. Un énorme rocher nous empêchait
1
Balli, Frederico et Giuseppe Martini, Valle Ba-
vona. Ein Hauch vergangener Tage. [Valle Ba-
prochain et nous ne pourrons pas montrer à temps on boit un peu, on fait une petite pause d’accéder au sentier de randonnée situé plus vona. Un reflet des jours d’autrefois.] Fondazione
nos parents ce que nous avons fait.» Et il avait et au travail! Je lui ai dit que cela lui ferait du haut; deux de mes élèves qui avaient fait la Valle Bavona, 2002.
raison. Mais nous avons constaté que cela bien de voir qu’elle en était capable. Alexia a Jungwacht ont construit avec quelques gros- 2
Von Hentig, Hartmut. Bewährung. Von der nütz-
vaut pour bien des tâches de la vie et nous tendance à vite baisser les bras devant un tra- ses pierres un escalier qui a permis aux pro- lichen Erfahrung, nützlich zu sein. [Mise à
avons conclu ensemble que l’important, c’est vail fatigant, justement ce qu’elle ne devrait fesseures et au chien qui nous accompagnait l’épreuve. Se rendre utile: une utile expérience.]
que tout le monde participe, et dans la bonne pas faire en tant que future aide ménagère. Je de poursuivre leur chemin. Weinheim und Basel 2007.

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