Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
HEUREUX
COMME UN FRANÇAIS
EN FRANCE
Comme un air de déjà-vu
FAUX !
Les Français sont parmi
les plus productifs
au monde
FAUX !
La France bouge et sait
adapter
l’organisation
de ses services
Administration rigide ?
« La France est un pays très administratif, témoigne l’auteur
10
britannique Stephen Clarke . J’ai créé une société d’édition. J’étais le
seul employé et je n’arrêtais pas de recevoir des lettres qui me
menaçaient de pénalités si je ne m’assurais pas pour les congés
maternité de mes employés. Je leur disais : “Mais je suis le seul
employé […]”. Et ça continuait, alors j’ai dit : “[…] J’arrête !” A un
niveau supérieur, ces tracasseries administratives peuvent être un vrai
problème. »
Les témoignages qui pointent les lourdeurs ou les manquements
de l’administration française sont légion. « Le gros problème de la
France, qui en même temps forme une part de son identité et qu’il
faudra bien traiter d’une manière ou d’une autre un jour, c’est le culte
de l’Etat et de ses composantes, argumente Nicolas Véron. C’est une
force, mais c’est surtout un fardeau. » Pour lui, la centralisation
politique à outrance, qui génère tant de pesanteur, a son corollaire en
économie : « On a le culte des champions nationaux, des
mastodontes. On pense uniquement en termes de grandes entreprises
leaders. » Jusqu’à en oublier que l’entrepreneuriat français se
compose en grande majorité de petites et moyennes entreprises. Ces
modes de fonctionnement ou de pensée imprègnent jusqu’au moindre
rouage de l’administration nationale ou locale et des services publics
ou parapublics. « En France, tout part du haut », renchérit Jean-
Benoît Nadeau. Chaque administration ou collectivité décide en
apesanteur, sans se soucier de la globalité, prenant des initiatives sans
tenir compte des autres, ou multipliant les interlocuteurs, rendant
inefficaces les meilleures intentions du monde, au détriment de
l’usager, qu’il soit particulier ou entreprise.
En 2013, l’Etat a pris « dix-neuf engagements au service d’un
accueil de qualité ». Et ceux qui fréquentent les bureaux de poste
parisiens admettront que de profonds changements s’y sont produits
qui soulignent la capacité de remise en question de services
considérés par la plupart comme extrêmement rigides. Combien de
fois avons-nous pesté sur le temps d’attente nécessaire pour retirer un
courrier recommandé, opération simple mais confiée au même
guichet que celles de la Banque postale ? Nouvelle disposition,
organisation revue et corrigée et queues interminables transformées
en mauvais souvenirs. Des chamboulements en bonne et due forme
qui ont simplifié la vie des usagers et amélioré le quotidien de chacun
d’entre nous.
L’administration et les services publics ne se révolutionnent pas du
jour au lendemain. Mais il ne faut pas pour autant minimiser la
capacité d’innovation ou de changement des bataillons de la fonction
publique et des entreprises d’Etat. Les organismes sociaux se
montrent eux aussi capables de bouger en profondeur, on l’a vu
notamment avec le lancement de la carte Vitale ou du site Ameli.fr il
y a quelques années. Aujourd’hui, les dispositifs d’accueil des usagers,
en direct ou à distance via le Net, font l’objet d’une attention
particulière.
Petit à petit, les démarches administratives de création
d’entreprise se simplifient ; le suivi des obligations fiscales ou le
paiement d’une contravention se font de plus en plus facilement.
Avec plus de trente mille municipalités et autant de services au
niveau local, le territoire bénéficie d’un maillage dense.
Il reste beaucoup à faire pour améliorer le quotidien administratif,
mais dans ce domaine aucun pays n’est épargné par les lourdeurs et
les difficultés. Il suffit de sonder ses relations parmi les Français
vivant à l’étranger – à l’exception des salariés partis dans le cadre de
l’expatriation, souvent accompagnés dans leurs démarches par
l’entreprise ou un service spécialisé. Nombre d’émigrés français
témoignent des problèmes rencontrés dans le pays d’accueil pour
ouvrir un compte en banque ou pour obtenir un titre de séjour (pas
d’emploi = pas de logement = pas de compte en banque = pas de
carte de séjour, et ainsi de suite). Quant aux démarches auprès des
assurances sociales, par exemple, elles sont souvent décrites comme
éprouvantes.
Aujourd’hui, il y a des raisons concrètes de se réjouir puisque,
selon une étude menée par l’Organisation des Nations unies en 2014,
la France arrive en tête du classement européen en matière de
services administratifs en ligne grâce à sa politique de développement
numérique ambitieuse et la qualité de ses infrastructures de
télécommunications. Le site service-public.fr est reconnu
internationalement. En 2014, le département des affaires
économiques et sociales de l’ONU a classé l’administration française
numéro un mondial en la matière.
1. The Daily Telegraph, 15 juin 2015.
2. Die Zeit, 17 avril 2013.
3. Benoît Duteurtre, La Nostalgie des buffets de gare, Payot, 2015.
4. Des paroles et des actes, France 2, 28 mai 2015.
5. Blog LeFloid, 15 juillet 2015.
6. Marianne, 15 juin 2014.
7. Cynthia Fleury, La Fin du courage, Fayard, 2010.
8. Le 1, 9 avril 2014.
9. Le Parisien, 23 octobre 2014.
10. A nous Paris, 16 novembre 2011.
« L’économie française
est en chute libre ;
on est nuls en export » ?
FAUX !
La France reste l’une
des grandes
puissances économiques
mondiales
Ça va mieux en le disant
Selon Business France, opérateur public qui aide les entreprises
françaises à exporter, notre pays est sixième au palmarès des
exportateurs mondiaux de biens, et quatrième exportateur mondial
de services. Rien de très étonnant, puisque la France est leader
mondial dans plusieurs secteurs, le nucléaire par exemple.
Beaucoup, à l’étranger, nous envient nos réseaux ferroviaire et
routier. Le pays possède en effet des connexions performantes avec
l’ensemble de l’Europe, d’abord, mais aussi avec le monde entier.
Selon une étude menée en 2014 par Eurostat, le réseau routier
français est le premier d’Europe. Le réseau ferré à grande vitesse est
le deuxième plus performant.
La France bénéficie d’une forte reconnaissance pour ses aéroports.
En 2013, l’ACI (Airports Council International, Conseil international
des aéroports) classe Roissy Charles-de-Gaulle deuxième aéroport de
passagers après Heathrow et premier aéroport de fret d’Europe.
En 2014, deux ports français, Marseille et Le Havre, arrivent
sixième et huitième ports d’Europe en tonnage.
La France dispose aussi d’un domaine maritime exceptionnel,
encore sous-exploité, avec sa bande côtière, ses mers et ses trois
océans. Un exemple : le Cotentin. Entre la pointe nord-ouest de la
presqu’île et l’île d’Aurigny, se trouve le Raz Blanchard, « deuxième
meilleur spot au monde pour la production d’électricité », selon
François Piquet, directeur général d’Ouest Normandie Energies
7
marines . La différence brutale de profondeur y accélère le débit des
courants marins, qui peuvent atteindre la vitesse de douze nœuds, et
forme des tourbillons si puissants qu’ils font blanchir l’écume à la
surface de la mer. Des champs d’hydroliennes y verront le jour, mille
cinq cents à terme, avec des milliers d’emplois à la clé.
Au total, le domaine maritime de la France, métropolitaine et
d’outre-mer, compte onze millions de kilomètres carrés ; il est le
deuxième au monde après celui des Etats-Unis, et le premier par sa
diversité, avec les perspectives économiques qui vont avec : dessalage
des eaux, culture d’algues marines, élevage de poissons, extraction de
métaux… Xavier Louy, auteur de Parlons France 8, écrit que la France,
grâce à son immense territoire planétaire, maritime en particulier, et
à ses savoir-faire technologiques, peut prétendre à une des premières
places mondiales à l’horizon 2050 en matière économique. Trop
optimiste ? L’objectif nécessite un investissement colossal, mais le
potentiel est là, semble-t-il.
La France représente aussi le deuxième marché d’Europe avec
plus de 65 millions d’habitants et une démographie qui croît
avantageusement.
Allemagne-France
9
Un article publié dans The Daily Telegraph et traduit par le
magazine Courrier international 10 compare les économies allemande
et française. Contre toute attente, le quotidien britannique conclut
que la France pourrait doubler l’Allemagne d’ici 2024 et même
dominer l’Europe continentale. « La France est perçue comme
l’homme malade de l’Europe, mais les problèmes de l’Allemagne sont
plus profonds, enracinés dans le dogme mercantile, la glorification de
l’épargne pour son propre compte et la psychologie corrosive du
vieillissement », avertit ce journal, qui cite analyses et spécialistes,
notamment l’un des meilleurs économistes allemands, Marcel
Fratzscher, directeur de l’Institut allemand pour la recherche
économique et auteur de Die Deutschland-Illusion (« l’illusion
allemande »). « L’Allemagne se considère comme le modèle à suivre
dans le monde, mais après l’orgueil vient le déclin », écrit Olaf
Gersemann, rédacteur en chef des pages économiques du quotidien
d’outre-Rhin Die Welt et auteur du livre Die Deutschland-Blase (« la
bulle Allemagne »). « Depuis des décennies, les erreurs en matière de
politique publique se succèdent, constate The Daily Telegraph. Les
impôts et les structures sociales ont engendré la chute du taux de
fécondité du pays. Le manque d’investissement a aggravé cet état de
fait. D’ici cinq ans, il est évident que l’Allemagne se trouvera dans une
situation grave et qu’un budget équilibré ne lui sera pas suffisant
pour se défendre. »
En France, il est de bon ton de brandir l’exemple allemand à tout
bout de champ comme réponse à tous nos soucis. Lorsque Chantal
Jouanno, sénatrice UDI, a tweeté en avril 2013 : « Le PS accuse
l’Allemagne d’être responsable de notre effondrement. Jaloux de ne
pas avoir le courage de mener les réformes de nos voisins », je lui ai
demandé : « Pouvez-vous aller au-delà de la formule et détailler les
réformes allemandes réellement déclinables en France ? » J’attends
toujours la réponse.
L’Allemagne fait-elle donc mieux que la France en matière
économique ? Difficile de tirer des conclusions claires, car les
indicateurs se contredisent. « La France aligne une administration-
cigale mais des administrés-fourmis, écrit L’Expansion 11. En effet,
lestée d’une dette publique de 2 000 milliards d’euros, elle fait porter
à chaque citoyen une ardoise d’environ 30 000 euros, mais chacun
d’eux en moyenne dispose, à force d’épargne, d’une richesse
immobilière et financière légèrement supérieure à 100 000 euros, soit
7 % au-dessus des Allemands. » Odile Chagny, coauteure du livre
Faut-il suivre le modèle allemand ? 12, nuance aussi son analyse quant
aux performances des deux pays : « D’un côté, la France propose un
modèle de cohésion sociale et de plus grande homogénéité de sa
société par rapport à l’Allemagne. D’un autre, l’Allemagne, toute-
puissante économiquement, domine l’Europe à presque tout point de
vue. Ses performances en matière d’emploi ou de compétitivité sont
incontestables. Mais cette obsession actuelle qui consiste à regarder
ce qui se passe chez nos voisins d’Outre-Rhin au vu de ses
performances économiques renvoie à une autre obsession, celle du
benchmarking. » En calquant le modèle allemand, quitte à tirer le
nôtre vers le bas, beaucoup espèrent atteindre de meilleures
performances. L’Allemagne serait donc la référence ultime en matière
économique, le seul modèle déclinable dans l’Hexagone ? « Le
problème est qu’on omet de souligner que les inégalités salariales
s’accroissent outre-Rhin, que la pauvreté augmente, que la population
est vieillissante, contrairement à celle de la France, ajoute Odile
Chagny. Il faut cesser de regarder uniquement de ce côté et prendre
conscience que tout n’est pas exportable, car cela dépend d’équilibres
complexes et du contexte du territoire, de l’histoire institutionnelle et
culturelle et des contraintes propres à chaque pays. »
Le modèle allemand comporte aussi ses zones d’ombre. Rappelons
encore la démographie apathique de nos voisins : avec environ 1,3
enfant par femme contre deux en France, quand notre pays gagne
5 millions d’habitants en une quinzaine d’années, l’Allemagne en perd
plusieurs centaines de milliers.
D’autre part, les « minijobs », comme on appelle là-bas les contrats
de travail à très bas salaires, sortis du chapeau de Gerhard Schröder,
alors chancelier, ont accru la précarisation d’une partie de la
population allemande, car ils n’offraient, jusqu’à il y a peu, aucune
garantie de rémunération ni de sécurité d’emploi, et ne permettaient
d’ouvrir qu’un faible niveau de droits à la retraite. Aujourd’hui, le
montant minimum de rémunération garantie pour un minijob s’élève
à 450 euros par mois et, depuis l’instauration du salaire minimum
outre-Rhin, le nombre d’heures est plafonné à 53 heures par mois –
l’équivalent du Smic français lancé après guerre n’a été, en effet, créé
que début 2015 en Allemagne ; auparavant, il n’existait aucun
minimum garanti.
« En France, poursuit Odile Chagny, ce qui est marquant, c’est la
volonté de maintenir implicitement un contrat social fort, de refuser
de “déshomogénéiser” et de laisser faire, afin de ne pas accroître les
inégalités en matière de rémunérations ou de fiscalité par exemple.
Le débat qui monte outre-Rhin à présent [en 2015] montre que la
politique économique allemande est allée si loin qu’elle a entraîné des
écarts considérables entre les couches de la population. Il faut à
présent fixer des normes minimales et instaurer des règles qui
permettent de construire ou reconstruire une cohésion sociale
profondément altérée là-bas. »
Finalement, est-ce une bonne chose d’obtenir la première place
économique en Europe au prix d’une cohésion nationale durement
acquise ? Ne faudrait-il pas renoncer à être sur le podium en misant
plutôt sur l’avenir du pays ?
« Réformons le modèle social français, car il nuit gravement à la
santé de l’Hexagone », tel est le mot d’ordre des déclinologues.
Pourtant, l’hebdomadaire britannique The Economist, journal
considéré comme l’un des plus libéraux du monde, qui prône la
dérégulation, se moque du dirigisme, des lois sociales et des
entreprises publiques tricolores, a célébré en 2009, une fois n’est pas
coutume, le modèle économique et social français en titrant son
enquête « Vive la différence ! » 13, en français s’il vous plaît. Ce qu’il
considérait jusque-là comme un handicap aurait permis à la France
d’amortir la crise financière de 2008 et constituerait un formidable
atout.
La même année, d’autres organes de presse, à l’instar de Time ou
de Newsweek, deux magazines américains, se sont enflammés sur le
même thème, vantant les bons côtés de notre pays et de son système,
« Le dernier modèle qui marche, la France », soulignant notamment
que l’Hexagone résiste mieux à la crise que ses voisins. « On dit que
notre modèle social est notre talon d’Achille, constate Odile Chagny,
car il alourdit l’économie, mais des signes montrent que cela peut
être payant. On voit que le pays favorise une sorte de résilience,
privilégie l’équilibre et la cohésion. En revanche, ce qui est frappant,
c’est de constater que les Français se sentent malheureux dans ces
conditions… » Peut-être parce que, masquant les points positifs, les
classements internationaux qui se succèdent pèsent sur le moral de la
nation. Or ces résultats, repris par des « intellectuels » toujours
prompts à se saisir d’arguments qui soutiennent leur parole libérale,
déforment la réalité. Le magazine L’Expansion 14 fait remarquer que,
teintés d’a priori idéologiques, « ces classements réputés ne reposent
sur aucune méthode scientifique. Et pas de chance, leur
méthodologie pénalise injustement la France ». Et de citer plusieurs
exemples édifiants tels que celui du World Economic Forum où « la
compétitivité de la France est plombée par des enquêtes… d’opinion.
[…] la moitié de la note finale », et cela sur la base de seulement
quatre-vingts personnes interrogées par écrit ! Pas vraiment sérieux,
donc. Autre classement biaisé, celui de Shanghai sur la recherche, qui
« fait la part belle aux pays anglo-saxons [car] ils ne prennent pas en
compte le CNRS, pourtant au premier rang mondial pour les
publications scientifiques ».
FAUX !
En France,
l’entrepreneuriat
a le vent en poupe
Salauds de patrons ?
On ne sait pas bien de quoi on parle quand on évoque les
entrepreneurs ni quelle réalité recouvre les vocables « patron », « chef
d’entreprise », « dirigeant » ou « créateur de boîte ». Une certitude en
revanche – la vox populi le dit, et les médias le répètent –, les Français
ont un préjugé négatif à l’encontre de leurs entrepreneurs, victimes
d’un véritable désamour de la part de leurs compatriotes.
Au détour d’une conversation, j’ai saisi ce propos, qui en relayait
d’autres comme une évidence : « Le succès fait peur, alors que
l’entrepreneur est quelqu’un qui a su démontrer ses capacités : on
sent une certaine jalousie. » Ce genre de commentaire est-il nourri de
l’expérience ou s’agit-il d’une simple extrapolation ? A ressasser un
ouï-dire, ne risque-t-on pas de lui donner la force d’une vérité ? Les
Français n’aiment pas les entrepreneurs. Ils les jalousent même. C’est
devenu un fait.
Xavier Niel corrige le cliché. A la question « Que pensez-vous de
l’image des patrons ? » posée par Le Parisien 4, il répond : « Les
Français aiment leur patron, mais pas le patronat. En France, il y a un
capitalisme un peu consanguin. On a fait les mêmes écoles, etc. Cela
laisse penser qu’un certain nombre de gens sont exclus. Quand vous
prenez des gens sans emploi, aux Etats-Unis, ils disent : “Je vais
retrouver un job, créer ma société.” En France, ils se disent : “Je suis
mauvais, je ne vais pas m’en sortir.” L’idée, c’est de faire émerger des
jeunes qui réussissent et qui deviennent des exemples. Créer une
nouvelle exemplarité qui fasse boule de neige. »
Le prétendu désamour des Français pour leurs entrepreneurs
relèverait donc surtout d’une méconnaissance ou d’une
représentation faussée du monde de l’entreprise. Illustration :
Stéphanie Maubé, trente-cinq ans, ex-graphiste, est éleveuse de
moutons de prés-salés au Mont-Saint-Michel ; Tanguy Le Rolland,
trente-huit ans, ex-ingénieur chimiste, paysan boulanger, moud sa
farine lui-même sur une meule de pierre… Sont-ils, au titre de
créateur de leur entreprise, l’égal de Vincent Bolloré, dont le groupe
est un mastodonte de l’industrie et des médias ?
Autre cliché dont la récurrence est suspecte : par essence, le
système français veut la peau des entrepreneurs. Faisons un détour
par le Québec, le temps d’un sourire. François Cardinal, journaliste et
chroniqueur du quotidien canadien La Presse 5, a intitulé un de ses
billets d’humeur : « Je ne voudrais pas être commerçant à
Montréal… » « En fait, explique-t-il, je ne voudrais pas être un petit
commerçant à Montréal. Un commerçant qui prend des risques avec
son argent, qui veut participer à l’animation de la ville, qui ne
regarde pas à la dépense pour embellir sa devanture. Bref, je ne
voudrais pas être un petit commerçant qui a de l’initiative, tout
simplement parce que je passerais mon temps à me battre contre la
bureaucratie toute-puissante de Montréal, qui semble avoir comme
objectif d’enterrer les gens d’affaires sous la paperasse, les règlements
et les frais de toute sorte. Histoire que rien ne retrousse (sic), nulle
part, jamais. » Tiens, tiens… Le lobbying idéologique essaie pourtant
de nous faire croire que tout cela n’arrive qu’en France.
Ce genre de critiques est d’abord relayé sur les réseaux sociaux
puis repris avec délice par les médias. Une tribune titrée « Barrez-
vous » a ainsi circulé sur le Net en 2012. Le mouvement est né dans
la foulée de celui des « Pigeons » puis des « Poussins », et ainsi de
suite, initié par des jeunes et/ou des entrepreneurs contestataires, qui
lancent la mobilisation contre la politique fiscale, la perte de
compétitivité du pays, « toutes les lois qui empêchent d’avancer », etc.
Ce discours négatif peut être l’expression d’une mauvaise expérience
vécue, mais il est repris et déformé chaque jour par d’épuisants
chroniqueurs et éditorialistes économiques, qui en font un des
creusets du pessimisme ambiant.
Les forces vives quittent la France – mais combien fuient,
exactement ? – pour s’installer ici ou là, à Montréal (mauvaise pioche,
semble-t-il), à Londres, à Sydney, à Shanghai ou à New York. Dans
toutes les contrées paradisiaques qui leur tendent les bras. Dans ces
pays où l’on aime l’entrepreneuriat, où la réussite est bien vue, « pas
comme chez nous, ma brave dame… ». Certains en profitent pour
régler leurs comptes professionnels ou personnels avec le pays. Pour
reprendre un autre cliché, n’est-ce pas « très français » de mettre sur
le dos du collectif nos manquements ou insatisfactions ? Mais on a vu
que ce travers est assez répandu dans le monde… Et les Français qui
pensent à « se barrer » devraient regarder de plus près quelles sont
les véritables conditions de lancement d’une entreprise en France.
Made in France
Autre signe de changement, des entreprises françaises comme
Solex ou Rossignol reviennent s’implanter sur leurs terres d’origine.
Un choix d’image et de notoriété, mais pas uniquement. Le retour au
bercail permet de réduire des coûts logistiques, de supprimer les
problèmes liés aux taux de change, de simplifier la gestion de l’outil
de production, de se réapproprier le savoir-faire local et de se
rapprocher des clients attachés à la marque de leur pays d’origine. A
coups de communication, l’ex-ministre en marinière, Arnaud
Montebourg, a réussi à impulser l’idée que la production et la
consommation doivent reprendre des couleurs bleu-blanc-rouge.
J’ai visité deux outils industriels français qui illustrent comment le
made in France peut devenir un argument porteur.
L’entreprise Mauviel fabrique des batteries de cuisine en
Normandie. Elle emploie environ quatre-vingts personnes à Villedieu-
les-Poêles, et dispose d’une filiale aux Etats-Unis. Ses matières
premières, des planches de métal, proviennent principalement
d’Europe, et les manches en bois de l’entreprise Tournabois, installée
dans la même ville de la Manche. Si les grands chefs français tels
Alain Ducasse, Thierry Marx ou Yannick Alléno sont dingues des
ustensiles de cuisson de cette marque, c’est parce que l’entreprise
fonctionne comme une manufacture soucieuse de qualité. Une
planche de cuivre, d’inox ou d’alu, détourée puis emboutie à l’aide
d’une puissante machine, donne la forme du produit qui passe
ensuite de main en main d’ouvriers pour se transformer en poêle ou
en casserole. Hérités d’un autre âge, les savoir-faire artisanaux se
transmettent toujours. Certaines pièces, comme la turbotière en
cuivre, sont entièrement fabriquées à la main. Le poinçon made in
France orne chaque objet sorti de l’usine. Valérie Le Guern-Gilbert,
présidente, représente la septième génération à la tête de l’usine
créée en 1830. « C’est une volonté de tous les jours que de maintenir
un tel niveau de qualité et de fabriquer à Villedieu, argumente-t-elle.
C’est aussi notre marque de fabrique. » Tout est produit sur place,
sauf les poignées et les queues, faute de fonderies en France.
Un peu plus au sud de la Manche, dans le bourg de Saint-James,
trois cents personnes travaillent la laine et le coton dans l’usine du
même nom. Depuis plus d’un siècle et demi, tricots et marinières font
la gloire de la société labellisée « Entreprise du patrimoine vivant »
pour ses savoir-faire artisanaux et industriels. « Notre réussite repose
sur le made in Saint-James, plaisante Luc Lesénécal, président de
l’entreprise. Notre métier d’origine, c’est le tricotage. Pulls marins et
vestes en laine sont confectionnés sur place. Même chose pour les
produits en coton, la marinière notamment. » Le reste, pantalons et
chemises, est sous-traité ailleurs en France et dans le bassin
méditerranéen. Seul ce qui est fait en France est étiqueté made in
France. « L’idée de délocaliser ne nous traverse même pas l’esprit,
lance-t-il, car le “fabriqué en France” a un très bon impact pour
l’export. » Produire dans une optique de qualité a en effet permis
d’attaquer le marché mondial à un niveau où la concurrence est
moindre ; plus d’un tiers de la production de Saint-James est ainsi
vendu à l’étranger.
Ces deux exemples prouvent qu’un industriel peut investir dans
l’Hexagone et produire sur place tout en tirant bénéfice de son outil
de production. En conséquence, il maintient ou développe des
emplois au niveau local, et valorise des savoir-faire spécifiques qui ne
sont pas pour autant archaïques.
L’origine France peut donc avoir un impact positif sur les ventes à
l’étranger. La friteuse Tefal a ainsi eu l’honneur d’être citée sur Twitter
par Oprah Winfrey, animatrice de télévision et comédienne
américaine. Le stylo Bic connaît un succès intemporel. Beneteau et
d’autres chantiers navals de plaisance font de la France un pays
leader en matière d’exportation de voiliers. Les exemples ne
manquent pas. Et c’est la montée en gamme qui permet le plus
souvent de faire la différence, tout en améliorant les marges
financières des industriels. Les entreprises qui le comprennent
investissent toujours plus dans les domaines de la R&D (recherche et
développement).
Depuis 2015, les produits fabriqués en France, à l’instar des
parapluies d’Aurillac ou des espadrilles de Mauléon, bénéficient du
label « IG », qui signifie « indications géographiques » et garantit
l’origine de fabrication. Ce label se calque sur le système proposé
dans le secteur de l’agroalimentaire qui protège par exemple la
saucisse de Morteau et le cidre de Normandie. Double objectif de la
manœuvre, mettre ces produits à l’abri de la contrefaçon et les
valoriser. C’est payant : le « bleu, blanc, rouge », qui orne de plus en
plus polos et autres « Slips français », est en passe de devenir fashion.
Outre l’industrie, nombre d’artisans, ferronniers d’art, orfèvres,
ébénistes, tailleurs de pierre, tonneliers, maroquiniers, façonniers
s’activent à travers le pays. Leurs talents sont loués à l’étranger. « Il ne
faut pas sous-estimer le rôle des artisans au savoir-faire unique, écrit
le magazine M 14 : […] bronziers, doreurs, staffeurs, tapissiers,
ébénistes… une filière disséminée dans toute la France et qui travaille
chaque jour au rayonnement de la décoration hexagonale. » Les
métiers traditionnels, qui contribuent eux aussi à l’image du pays à
l’extérieur, n’ont pas perdu leurs couleurs. Les métiers de bouche non
plus, pâtisserie, charcuterie, affinage ou chocolaterie.
Tout ne va donc pas si mal, même s’il y a… du pain sur la
planche. « Il est aujourd’hui indispensable, recommande Odile
Chagny, de mener une réflexion de fond sur le tissu productif national
et sur les modes d’organisation du dialogue social au sein des
entreprises avec comme objectif de développer d’autres modes de
collaboration entre salariés et patronat. Là, les Allemands sont plus
forts que nous. Les industriels et les syndicalistes qui visitent
l’Allemagne disent que les usines n’y sont pas si modernes que ça, et
que les centres d’apprentissage ne semblent pas avoir un si haut
niveau de formation technique qu’on le pense. C’est surtout la force
du collectif et la qualité du dialogue social qui avantagent, outre-
Rhin. Et qui pénalisent notre pays. » Parmi les propositions d’Odile
Chagny : décentraliser le système de négociation en France afin
d’accorder plus de poids au niveau de la branche ou de l’entreprise.
C’est à ces instances de dépasser leurs réticences, de prendre le
taureau par les cornes pour que la situation en la matière évolue
enfin.
FAUX !
La France séduit
les investisseurs
FAUX !
La France maintient
sa cohésion sociale
« Aux Etats-Unis, ils ont la même crise que chez nous, mais ils s’en
sortent, ils ne se plaignent pas toute la journée, les Américains,
tranche notre Johnny Hallyday national, version café du Commerce,
dans le magazine Le Point 1. Il faut s’en sortir, alors ils bossent. Ici, on
a l’impression d’être assisté : on ne bosse pas, on fait les 35 heures,
on fait des manifs, la grève… Je trouve ça désolant. C’est pas comme
ça qu’on s’en sortira. » Sans complexes, lui et sa femme ont fait le
choix, en 2006, de s’installer en Suisse. Selon les explications
données sur Europe 1, il en avait « marre, comme beaucoup de
Français, de payer ce qu’on nous impose comme impôts ». « Est-ce
ainsi que la France s’en sortira ? » aimerait-on lui demander. Soyons
sérieux. Quitter un pays qui lui a tant offert, tant donné, et se
permettre de critiquer ceux qui restent, dont ses fans… Présenter les
assistés comme des privilégiés, culpabiliser des gens qui, en majorité,
font face à de lourdes difficultés, et prendre ce genre de situation
pour prétexte de son opportunisme fiscal… Soyons franc, il y a de
quoi être choqué. Combien de ceux qui crachent ainsi sur une
prétendue « France des assistés, des petits profiteurs » sont eux-
mêmes des « assistés de la France d’en haut », pour reprendre une
autre expression, qui dissimulent des rentrées d’argent pour payer
moins d’impôts, contournent le système de façon à optimiser leur
bénéfice sur le dos de la collectivité, obtiennent des passe-droits ou
profitent de petits arrangements afin d’échapper à leurs obligations,
fiscale ou autres ?
Ne parlons même pas de l’assistanat qui assiste trop les assistés…
Qui n’a pas entendu un jour au détour d’une rue ou dans un café, ou
n’a pas lu sur un forum ou sur le fil d’un réseau social, qu’une
personne qui ne travaille pas et touche le RSA s’en sort mieux qu’une
autre qui gagne le Smic sans bénéficier d’aucun avantage ? Cumuler
toutes les aides possibles destinées aux plus défavorisés serait le
meilleur moyen de vivre la belle vie en se la coulant douce. Chacun y
va de son commentaire : « honteux », « injuste », « société
d’assistés ! »… Sauf que le calcul est faux, voire malhonnête.
Le site Rue89 2 a démasqué l’arnaque du tableau largement diffusé
sur Facebook, qui comparait les revenus entre deux familles de cinq
personnes, dont l’une touchait un salaire au Smic et l’autre
exclusivement des aides sociales. Son article est intitulé « La fable
bidon de la famille RSA qui gagne plus que la famille salariée ». Il
démontre que, corrections faites, il reste préférable de ne pas être un
assisté, en France. Néanmoins, même si l’auteur du fake a regretté
cette « connerie destinée à faire sourire quelques amis Facebook », les
idées reçues qu’il a servies continuent à se propager. On les retrouve
même dans la bouche de quelques politiques, tel Laurent Wauquiez
(UMP, l’ancien nom du parti Les Républicains), qui extrapolait ainsi
3
sur BFM : « Aujourd’hui, un couple qui ne travaille pas, qui est au
RSA, en cumulant les différents systèmes des minima sociaux, peut
gagner plus qu’un couple dans lequel une personne gagne un Smic.
Ce n’est pas logique, c’est la société française qui tourne à l’envers. »
Comme le démontrait Le Point.fr 4 à l’époque, c’est tout aussi faux.
Mais ce discours s’insinue dans les cerveaux et tient lieu peu à peu de
« vérité ».
Pourtant, l’Etat providence résiste. Même Nicolas Sarkozy, qu’avait
soutenu le numéro un des rockers suisses, a déçu ceux qui espéraient
le voir tirer un trait sur le modèle social français. Son quinquennat,
de 2007 à 2012, n’y a pas changé grand-chose : l’Etat providence
continue à régner en ce beau pays. Un lobbying bien orchestré a beau
répéter sur tous les tons que les fonctionnaires bullent et que les
chômeurs profitent du système… rien n’y fait.
Oui, la France cultive son rapport spécifique à la solidarité. Sur le
fronton des mairies, le mot ÉGALITÉ s’affiche comme un des trois
piliers fondamentaux de la nation. La Sécurité sociale exerce ses
prérogatives via les régimes d’assurances que financent les
contributions des employeurs et des employés. L’impôt limite les
disparités entre riches et pauvres. Maladie, invalidité, maternité,
retraite, chômage… toutes ces situations sont couvertes par des
indemnités ou des allocations. Et quand les principes de solidarité qui
régissent les actions de l’Etat sont le moins du monde menacés, la
population descend dans la rue – d’ailleurs plus souvent inspirée par
des mouvements citoyens venus de la base que par les syndicats, qui
prennent souvent le train en marche.
5
Aussi apprend-on sans grande surprise, dans une enquête
réalisée en 2015 auprès de trois mille personnes, que les Français
sont largement satisfaits de leur système de protection sociale ; 80 %
d’entre eux pensent même qu’il peut servir de modèle à d’autres pays.
FAUX !
La fiscalité en France
est comparable
à celle des autres pays,
pour de meilleurs
services et prestations
« On ne fait que payer ! », « La France, c’est le pays où l’on paye le
plus d’impôts »… Observons les chiffres pour vérifier si ce sentiment
général est justifié et comparons ce qui est comparable.
Selon les chiffres publiés fin 2014 par l’OCDE, le niveau
d’imposition générale au regard du PIB place la France au deuxième
rang après le Danemark devant la trentaine de pays de l’OCDE qui
peuvent être considérés comme les plus riches du globe. Depuis 2009,
ce niveau d’imposition générale connaît une augmentation régulière,
qui s’est tassée à partir de 2014.
Le montant des prélèvements de cotisations sociales et d’impôts
locaux se révèle largement supérieur à celui de la plupart des pays
comparables à la France en termes de niveau de vie. En 2010, la taxe
d’habitation a même remporté la palme des pays de l’OCDE.
En revanche, les trois taux de TVA appliqués en France – 20, 10 et
5,5 %, ainsi que le taux particulier de 2,1 % – se situent dans la
moyenne. En Belgique, par exemple, ces taux s’élèvent à 21, 12 et
6 %. Les taux français, souvent plus raisonnables qu’ailleurs, sont
faits pour permettre à toute la population l’accès aux biens de
première nécessité tels que les produits alimentaires.
Comparativement, au Danemark notamment, le taux élevé de TVA à
25 % rend certains produits aussi simples qu’un sandwich ou une
boisson hors de prix. Un petit tour à Copenhague ou à Roskilde remet
d’ailleurs les pendules à l’heure pour tous ceux qui trouvent la vie
chère en France.
Autre point – ô surprise –, le taux de l’impôt sur le revenu se
révèle plus faible en France que dans nombre d’autres pays. En
pourcentage du PIB, le pays se distingue même par un chiffre
nettement inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE. Toujours selon
les chiffres donnés par l’OCDE, Belgique, Allemagne, Danemark,
Hongrie, Autriche sont en tête du palmarès des pays où le poids de
l’impôt sur le revenu est le plus élevé en 2014. En France, ce qu’on
nomme le plancher de revenus annuels à partir duquel un foyer fiscal
est imposé sur son revenu se situe à 9 690 euros en 2015. Ce type
d’impôt est donc proportionnellement moins lourd en France que
dans bien des pays.
Contrairement aux idées reçues, et répétées lors de chaque
départ, avorté ou non, façon Gérard Depardieu ou Bernard Arnaud,
nos voisins d’outre-Quiévrain payent le plus lourd tribut en matière
d’impôt sur le revenu. Au cours d’un séjour dans l’Aude, j’ai fait la
connaissance d’un couple de quinquagénaires belges installés à leur
compte en France. Propriétaires d’une épicerie de village, tous deux
ont lâché la brillante carrière qu’ils exerçaient dans leur pays
d’origine pour venir vivre dans l’Hexagone, entre autres pour des
raisons fiscales. « En Belgique, nous sommes assommés par les
charges », me déclarent-ils. Ce qui ne manque pas de me surprendre.
Je cherche à en savoir plus. Tous deux se disent amusés par la rumeur
qui fait de la Belgique un paradis fiscal, et concluent en chœur :
« C’est vrai, mais uniquement pour les très riches ! Les autres sont
écrasés d’impôts. » Le couple me fait part de sa grande satisfaction à
vivre en France, où il bénéficie de meilleures prestations pour un coût
fiscal moindre.
Certes, la contribution des Français à leur sécurité sociale est
supérieure de plus de sept points à la moyenne européenne, en tête
de classement, loin devant la République tchèque. Certes, les
cotisations salariales et patronales sont les plus lourdes d’Europe,
selon une étude menée par le cabinet BDO en 2014, et donc les
salaires plus fortement mis à contribution qu’ailleurs. Mais, selon
l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le fait
que la part de cotisations salariales soit plus faible que celle des
cotisations patronales est une exception, car, en général, la
répartition des prélèvements est plutôt équilibrée. Avantage pour le
salarié français donc.
In fine, selon les calculs du Figaro 1, « un couple ayant deux
enfants et gagnant à eux deux 50 000 euros bruts par an s’acquitte en
France de plus de 10 000 euros de cotisations salariales, auxquels se
retranche également l’impôt sur le revenu, évalué à 1 120 euros par
an. Lui reste donc dans la poche 38 195 euros, une somme plutôt
dans la moyenne haute des pays étudiés par BDO. » En effet, il reste
37 890 euros dans la poche du couple suisse, 37 450 dans celle du
couple britannique et 34 265 euros dans celle de l’allemand…
Différence notable et appréciable. En revanche, l’employeur français
aura payé un plus lourd tribut, puisqu’il se sera acquitté de
21 000 euros de cotisations patronales pour un salaire brut de
50 000 euros contre 14 500 euros pour son homologue italien, 9 500
s’il est allemand et 5 500 s’il est originaire du Royaume-Uni.
Certes, notre système fiscal « est l’un des plus lourds au monde,
pointe Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE, en réponse à Francetv
2
info , mais il est extrêmement redistributif. On prend beaucoup aux
riches selon divers dispositifs, et on distribue beaucoup aux pauvres
selon autant de méthodes ».
Impôts et prélèvements ont une vertu majeure, celle de financer le
fonctionnement des services à disposition de la population et de
prestations en tous genres. « La fiscalité élevée de la France est due à
un niveau de service public élevé lui aussi », confirme Nicolas Véron.
Les impôts financent notamment les dépenses que l’Etat entreprend
en matière d’éducation, de santé, de solidarité, de sécurité, des
infrastructures et équipements en tous genres. « Les Français
attendent beaucoup de l’Etat, exposent Jean-Benoît Nadeau et Julie
Barlow dans leur ouvrage Pas si fous, ces Français ! 3, ce qui explique
en partie pourquoi leurs services publics sont d’aussi bonne qualité. »
La dépense publique, donc, sert l’ensemble de la société française,
même si nous n’en avons pas toujours conscience. C’est humain :
chacun d’entre nous voudrait payer moins d’impôts mais bénéficier
d’aides et de prises en charge en tous genres. Paradoxe. Même si
l’étude date un peu puisqu’elle remonte à 2000, l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), s’agissant du système de santé, classe la
France en tête des cent quatre-vingt-onze pays qu’elle regroupe, loin
devant les Etats-Unis. Autre comparaison à creuser, les Français,
censés payer plus d’impôts que les Britanniques, bénéficient de
réseaux routier et ferroviaire et d’hôpitaux publics en meilleur état
qu’outre-Manche, sans parler du métro parisien.
Qu’en est-il du niveau de protection des travailleurs et
d’indemnisation des demandeurs d’emploi ? Les auteurs de Pas si
fous, ces Français !, après avoir admis que les Français sont plus
fortement imposés qu’aux Etats-Unis ou en Allemagne par exemple,
notent que « les différences ne sont pas aussi grandes qu’il y paraît,
en partie parce que les Français en ont pour leur argent ». Leur
argumentation s’appuie notamment sur un comparatif avec les
Américains. Ils additionnent le montant des impôts et taxes au coût
des fonds de retraite privés et aux dons aux associations et
obtiennent un résultat à peu près équivalent à ce que payent les
Français. « Les Français donnent peu aux associations caritatives,
poursuivent-ils. […] En France, c’est l’argent des contribuables qui
remplit le rôle des fondations et remplace les dons privés des sociétés
anglo-américaines. » Le système français, basé sur sa fiscalité, à coup
sûr perfectible, œuvre donc à la cohésion du pays.
FAUX !
La France reste
une terre d’innovation
et de recherche
FAUX !
Les Français voyagent,
et c’est bon signe !
FAUX !
Les institutions
françaises ne sont
ni pires ni meilleures
qu’ailleurs
FAUX !
La « douce France »
a gardé ses admirateurs
1. Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow, Pas si fous, ces Français !, op. cit.
2. Denis Tillinac, Dictionnaire amoureux de la France, op. cit.
3. Buzzfeed, 12 juin 2013.
4. AFP, 15 mai 2015.
5. Le 1, 4 mars 2015.
6. A nous Paris, 16 novembre 2009.
er
7. Challenges, 1 février 2015.
« Le système scolaire
et universitaire français
est à bout de souffle » ?
FAUX !
L’excellence française
est reconnue
à l’international
FAUX !
Culture, art,
gastronomie, langue…
l’exception française
Gastronomie
A la question « La France reste-t-elle la capitale de la
3
gastronomie ? », l’auteur britannique de Français, je vous haime ,
Stephen Clarke, répondait 4 : « Là, je dois dire que la France gagne
facilement. Parfois, des amis me disent : “Viens voir, il y a un super
restaurant qui vient d’ouvrir à Londres.” On y va. Le décor et les
serveurs sont fabuleux, mais derrière, en cuisine, il y a des étudiants
qui réchauffent les plats au micro-ondes. En France, on fait une école,
on apprend à cuisiner, à choisir les ingrédients. C’est plus artisanal. »
Et ça vaut de l’or ! « L’univers de la gastronomie a rarement été aussi
5
exaltant, répond Alexandre Cammas , fondateur du fooding, à ceux
qui en annoncent le déclin. Dans les années 1970, la nouvelle cuisine
était une révolution bourgeoise. Ce n’était pas aussi intéressant que
ce qui est en train de se passer en ce moment. Là, on parle d’une
révolution non seulement gastronomique mais également culturelle,
avec la naissance du “cool” en cuisine. » La gastronomie française est
donc de moins en moins la cuisine coincée et guindée que décrie
encore la presse étrangère, reprise en chœur par ses homologues
tricolores.
Comme le rappelle Laurence Duboys Fresney : « Les Français
restent fiers de leur cuisine et de leur terroir. Pour eux, la
gastronomie fait partie des fleurons français. » Ils le confirment dans
les enquêtes faites sur le sujet. En mars 2015, dans un sondage
réalisé par l’institut spécialisé Odoxa, ils citent la gastronomie en
premier parmi les caractéristiques tricolores dont ils sont le plus fiers.
Le vin est un autre fleuron de notre couronne, le champagne en
particulier, associé à toute célébration dans une grande partie du
monde. C’est pourquoi les coteaux, les maisons et caves de
Champagne sont inscrits depuis 2015 au patrimoine mondial de
l’Unesco, aux côtés des climats de Bourgogne, ces parcelles de terre
parfaitement délimitées par leurs conditions géologiques et
climatiques particulières. Corollaire, le rituel de l’apéritif passe les
frontières, et les terrasses de café à la française rencontrent un vif
succès à l’étranger.
Même le sandwich baguette conquiert les cœurs de nos voisins.
« Ce symbole du patrimoine alimentaire hexagonal continue à tenir la
route, et même à s’exporter ! » constate Laurence Duboys Fresney. En
effet, non seulement les Français en mangent près de 1,3 milliard par
an, ce qui témoigne d’une belle résistance aux burgers, mais il tient
maintenant une place honorable dans les vitrines de la célèbre chaîne
de fast-food britannique Pret A Manger. Deux tranches de baguette
fraîche et croquante, quelques tranches fines d’authentique jambon
sec ou de Paris : le bonheur des choses simples 6…
Mode
Il suffit de taper « capitale de la mode » dans un moteur de
recherche du Web pour le constater : blogueurs, médias et
influenceurs préfèrent maintenant Milan, Londres et New York à
Paris, détrôné haut la main. « Paris est-elle encore la capitale de la
mode ? » La question revient sans cesse, et conduit
immanquablement à la conclusion que le « chic parisien » est mort.
The Global Language Monitor, un cabinet basé à New York qui
collecte et analyse les contenus des médias et les algorithmes
Internet, établit, à partir du nombre d’occurrences, des tendances
diverses à l’échelle du monde. Chaque année, entre autres
statistiques, il réalise à partir du mot « mode » un classement des
villes les plus fashion qui fait la pluie et le beau temps dans ce
secteur. Or, systématiquement, ses mesures placent une ville
anglophone en tête. Londres puis New York, ou l’inverse.
Relativisons ses résultats. Premier bémol : l’usage de l’anglais
dans le travail d’enquête peut inciter à mettre en question le côté
« scientifique » de l’étude. Deuxième bémol, il en faut peu pour faire
pencher la balance, semble-t-il ; en 2011, le même cabinet expliquait
la première place de Londres dans son palmarès par l’impact du
mariage royal, auquel était associé Alexander McQueen, couturier de
Kate Middleton.
« Paris, au top du classement de la Haute Couture, a évidemment
des siècles d’héritage d’avance, ayant inventé le concept, mais son
score est aussi élevé pour le prêt-à-porter », rappelle Bekka Payack,
directrice mode du cabinet The Global Language Monitor, dans
7
l’étude qu’elle a dirigée. Certes, comme l’écrit Le Monde : « La haute
couture n’est plus une affaire franco-française : de grandes maisons
parisiennes ont peu à peu quitté la scène. Balmain, Saint Laurent,
Rochas, Thierry Mugler, ou plus récemment Givenchy ont laissé des
places désormais occupées en partie par des maisons étrangères […].
C’est grâce à ces couturiers et à leurs particularismes que la haute
couture d’aujourd’hui adopte une nouvelle physionomie pleine de
reliefs. »
LVMH, groupe français qui inclut quelques activités du domaine
de la mode – maroquinerie, bijouterie et parfumerie notamment –,
avec entre autres Dior, Céline, et Vuitton, conserve sa place de chef de
file mondial de l’industrie du luxe en termes de chiffre d’affaires.
C’est un acteur incontournable de la mode. Un second groupe
français de dimension internationale, Kering, possède les maisons
Saint Laurent, Balenciaga, Boucheron, et figure aussi parmi les
leaders mondiaux de l’habillement et des accessoires. Des marques
plus récentes réussissent à s’imposer à l’étranger, à l’instar de Zadig et
Voltaire ou des accessoires Jérôme Dreyfuss. La liste est loin d’être
exhaustive. Avec un quart du chiffre d’affaires mondial du secteur, les
marques de luxe tricolores paradent au premier rang, comme le
montre l’étude 2013 du cabinet de conseil Bain & Company. Selon le
ministère de l’Economie, près de la moitié des marques de prestige
d’envergure internationale sont françaises. En conséquence, Paris
maintient sa tradition d’accueil de toutes les modes, et reste un
passage obligé pour les créateurs du monde entier, auxquels elle offre
une reconnaissance incomparable. La référence.
Littérature
On entend souvent poser une question similaire pour le secteur de
l’édition. Pourquoi les livres français, pays d’écrivains illustres – Jules
Verne se place au deuxième rang des écrivains les plus traduits au
monde derrière Agatha Christie, selon l’Index Translationum émanant
de l’UNESCO –, se vendent maintenant si peu hors des frontières
hexagonales ?
D’après les chiffres recueillis auprès du Syndicat national de
l’édition, du Centre national du livre et du Bureau international de
l’édition française, il semble que la France obtienne en fait des
résultats plus qu’honorables. Le pays reste troisième pays européen
exportateur de livres après le Royaume-Uni, qui l’emporte grâce à la
suprématie de la langue anglaise dans le monde, et l’Allemagne.
Par ailleurs, les livres écrits en français sont les plus traduits aux
Etats-Unis (un chiffre à nuancer, certes, puisque 1 % seulement des
romans publiés chaque année outre-Atlantique proviennent d’une
traduction). Dans le monde, ils sont les plus traduits après les
ouvrages écrits en anglais. Pas si mal, donc.
Environ un quart du chiffre d’affaires de l’édition française résulte
des ventes à l’étranger. C’est dans ce cadre que nombre d’écrivains
français partent à l’assaut des librairies du monde entier. Michel
Houellebecq, qui n’est pourtant pas considéré comme un auteur
populaire, a ainsi vendu des dizaines de milliers d’exemplaires de son
livre Particules élémentaires en Allemagne, aux Etats-Unis et en
Espagne. Son nom est connu à travers le monde, encore plus depuis
que ses livres font polémique. Un de ses romans a même été numéro
un des ventes en Allemagne et en Italie.
Dans un autre style, Marc Levy, auteur français le plus lu sur la
planète, est traduit en quarante-huit langues. Ses livres se sont
vendus à une trentaine de millions d’exemplaires. Même engouement
pour Guillaume Musso, dont les ouvrages sont déclinés en trente-huit
langues.
Autres exemples. Le prix Goncourt décroché par Marie NDiaye, en
2009, a propulsé sur la scène internationale cette auteure, qui a fait
la couverture du célèbre New York Times en 2012. Des auteurs tels
qu’Anna Gavalda, traduite en vingt-cinq langues, Tatiana de Rosnay,
Frédéric Beigbeder, Christian Jacq, Fred Vargas, Eric-Emmanuel
Schmitt… obtiennent d’excellents scores en nombre d’exemplaires
vendus à l’étranger. L’Elégance du hérisson de Muriel Barbery a paradé
plusieurs semaines d’affilée dans la liste des best-sellers du New York
Times.
Grâce à Patrick Modiano, lauréat en 2015 après Le Clézio en
2008, la France affiche le nombre le plus élevé au monde de prix
Nobel de littérature (15), devant les Etats-Unis (12) et le Royaume-
Uni (10). Selon Livre Hebdo, la France compte des milliers d’éditeurs
et publie chaque année près de soixante-dix mille ouvrages. Quand le
JDD 8 demande à Theodore Zeldin, philosophe anglais et auteur
9
fameux du livre Les Français , pourquoi il publie son dernier ouvrage
en France plutôt qu’au Royaume-Uni, il répond : « Je publie chez
Fayard, car ces éditeurs français sont bien plus efficaces qu’outre-
Manche. Le système britannique d’édition est trop lourd. Si vous avez
l’impression que la France est en mauvais état, sachez que, dans
certains domaines comme l’édition, elle excelle ! » Comme dirait le
célèbre Canard français : « Pan sur le bec ! »
Cinéma
Si le quotidien anglais The Guardian expliquait récemment que le
cinéma français tend à passer inaperçu, accusé de ne produire que
des biopics d’icônes populaires franco-françaises, ce qui n’est pas
entièrement faux, il n’en reste pas moins que la France, pays où le
cinéma a vu le jour, reste le deuxième exportateur mondial de films
après les Etats-Unis.
En 2012, grâce à trois films – The Artist, Intouchables et Taken 2 –,
le cinéma français a cassé la baraque avec près de 145 millions
d’entrées dans le monde et près de 900 millions d’euros de recettes
(chiffres donnés par Unifrance, organisme chargé de promouvoir le
cinéma français). Ces trois films ont concentré plus de 60 % de la
fréquentation totale des films français à l’étranger dans l’année.
D’autres films ont permis d’obtenir une fréquentation record en
Asie, en Amérique du Nord, au Proche et au Moyen-Orient, en Europe
centrale et orientale : Le Prénom, La Délicatesse, Le Capital, Les Neiges
du Kilimandjaro, Les Adieux à la reine, Derrière les murs, Amour (film
de l’Autrichien Michael Haneke, mais de production française) et Et si
on vivait tous ensemble ?… Unifrance a commandité une étude auprès
de l’institut Opinion Way, qui souligne le taux de satisfaction des
spectateurs étrangers des films français. Trois personnes sur quatre
affirment ainsi apprécier notre cinéma. Le taux de satisfaction le plus
haut est celui des spectateurs russes, allemands, américains et
anglais.
Côté cinéma d’animation, le succès du long-métrage Les Minions,
après Moi, moche et méchant, confirme le savoir-faire des réalisateurs
français dans ce domaine. Des studios américains s’appuient depuis
longtemps déjà sur des équipes françaises pour réaliser quelques-uns
de leurs films et obtiennent grâce à eux de beaux succès
internationaux. L’Ecole de l’image des Gobelins, une des meilleures
écoles d’animation au monde, est parisienne. Selon Michel Ocelot,
réalisateur de Kirikou : « L’animation française est la troisième du
monde derrière les Etats-Unis et le Japon, si on inclut l’industrie
télévisée », et Ginger Gibbons, réalisateur de films d’animation
britannique, confirme : « La France forme d’excellents animateurs aux
Gobelins, que les chasseurs de têtes des grands studios américains et
canadiens visent très vite ! Parmi les studios français connus dans la
profession, Les Armateurs, La Fabrique Folimage, Millimages, Jean-
François Laguionie, TeamTO… »
En 2014, sur cinq films sélectionnés dans la catégorie animation
aux Oscars, deux ont été fabriqués en France, Ernest et Célestine et
Moi, moche et méchant 2. La production française Un monstre à Paris
a bien fonctionné à l’international, en particulier dans les salles
britanniques. L’animation a l’avantage de supprimer la barrière de la
langue, frein majeur à l’exportation vers les Etats-Unis, rétifs au
doublage comme au sous-titrage.
Il y a donc de quoi se réjouir. « On n’a pas beaucoup d’industries
qui résistent au niveau mondial, et l’audiovisuel en est une, déclare
10
Philippe Rousselet , patron de Vendôme Production, qui travaille
autant avec les Etats-Unis qu’avec la France. Même les Américains
nous envient notre cinéma », ajoute-t-il.
Un atout du cinéma français : le système d’avance sur recettes. Il
permet de financer cette industrie et de produire des longs-métrages
dans des registres éclectiques. « Le gouvernement français promeut
les politiques militantes dans ce domaine, par le biais de
réglementations relatives à “l’exception culturelle française”, écrit sur
son site le World Cities Culture Forum, réseau coordonné par un
cabinet anglais. Ce système de subventions vise à préserver une offre
culturelle forte et à réduire les inégalités d’accès à la culture […]
ainsi, le cinéma français représente 50 % des 600 films qui sortent
dans les cinémas du pays chaque année. » Un cas rare. Quelle nation
en Europe peut se targuer d’un tel pourcentage ? Pas le cinéma
italien, ni même le cinéma espagnol, deux pays qui ont connu leur
heure de gloire dans ce domaine. Pas même le cinéma britannique,
qui bénéficie pourtant d’un avantage de poids, celui de la langue. Des
647 films sortis en 2012 au Royaume-Uni, seuls 25 % y sont produits.
80 % des recettes du cinéma britannique proviennent du cinéma
américain. Comme en France, des systèmes d’aides y ont été instaurés
ces dernières années pour permettre de relancer la production.
11
« J’admire cette exception française, lance Theodore Zeldin car cela
veut dire : “Le monde est monotone, mais nous essayons de faire
quelque chose d’autre.” Le problème, c’est que vous n’expliquez pas
au reste de la planète ce que vous faites. La France a des atouts
extraordinaires, mais elle ne sait pas les mettre en valeur. » A bon
entendeur.
Autre spécificité française en matière de cinéma, le public est un
des plus cinéphiles et des plus ouverts au monde, le pays un des
mieux équipés de la planète par rapport au nombre d’habitants. Les
événements autour du cinéma y prolifèrent, avec un nombre de
festivals particulièrement élevé, dont l’un des plus réputés à l’échelle
internationale : le festival de Cannes.
Les comédiens français aussi s’exportent. Les femmes en
particulier. Des carrières impressionnantes, telle celle de Marion
Cotillard, comédienne oscarisée, montrent qu’être français n’est pas
un frein. Mélanie Laurent rencontre elle aussi un succès qui dépasse
les frontières. Pour répondre aux courageux anonymes qui se
moquent des deux comédiennes sur les réseaux sociaux, citons
12
Télérama , qui souligne ce travers français : « [A part] Simone
Signoret et Juliette Binoche, on n’aime pas que nos actrices se la
jouent à l’international – cf. Marion Cotillard quand elle va (mal)
mourir chez Batman. » Mais que sait-on du rapport qu’entretiennent
les populations des autres pays avec leurs célébrités locales ? Est-ce
que la jalousie fait partie des tares à mettre sur le dos des Français,
ou est-elle un défaut bien partagé à travers la planète ? Allez savoir.
Influence géopolitique
« [La France] est un pays-monde comme il en existe peu,
expliquent Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow dans Pas si fous, ces
18
Français ! , au même titre que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
De même que les Etats-Unis ont l’Alaska et Hawaï […], la France est
présente sur sept mers du globe grâce à ses anciennes colonies […].
Les “DOM-TOM” représentent 5 % de la population et 20 % de la
superficie totale du pays. » En plus de nos voisins européens, nous
avons des frontières communes avec le Brésil, les Etats-Unis, Haïti, le
Canada, Madagascar, l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-
Zélande. Le magazine L’Expansion 19 recense vingt-huit « frontières »
terrestres et maritimes, si bien que la France est « le pays qui compte
le plus de voisins au monde ». Avec 5 150 kilomètres de frontières
maritimes communes, l’Australie est de loin le premier d’entre eux.
Ainsi, seuls 8 % « du territoire français – terrestre et maritime – se
trouvent en Europe ».
Ce rayonnement géographique confère au pays, qui représente
moins de 1 % de la population mondiale, un rôle de premier plan sur
la scène internationale. Le journaliste géopolitique Bernard Guetta le
rappelait dans sa chronique quotidienne sur France Inter 20 : « La
France n’est aujourd’hui pas au mieux de sa forme économique et,
donc, politique, mais elle garde […] des atouts dont elle paraît enfin
se souvenir et très bien jouer. » Et selon lui, quelques autres pays s’en
souviennent, qui prennent la peine de resserrer étroitement les liens.
« Les monarchies sunnites l’ont fait pour marquer une distance avec
les Etats-Unis […]. Cuba l’a fait car ce pays craint que la
normalisation de ses relations avec Washington ne retisse des liens
trop exclusifs et inégaux avec un si proche et si puissant voisin […].
La France dispose de grandes industries à même de satisfaire tous les
besoins d’équipement, civil et militaire. La France est […] membre
permanent du Conseil de sécurité et pèse d’un poids certain […]. »
En outre, la France s’est « vigoureusement opposée à l’aventure
irakienne de George Bush, ajoute Bernard Guetta. […] Quoi qu’on en
retienne, cette singularité de la France qui la différencie tant de
l’Allemagne ou de la Grande-Bretagne a énormément joué en sa
faveur […]. La France a là un capital immensément précieux […]. »
Les réactions internationales qui ont suivi les attentats de
janvier 2015 ont démontré que la France occupe toujours une place
centrale lorsqu’il s’agit de porter des valeurs. Dix-sept pays étrangers
ont jugé important d’être représentés dans la « marche républicaine »
du 11 janvier, mouvement citoyen spontané qui soulignait la posture
spécifique de la population française vis-à-vis du droit d’expression et
de la liberté de penser. L’universalisme que défend la France en
matière de droits de l’homme a retrouvé ce jour-là toute sa force :
d’innombrables journaux dans le monde en ont fait leur une le
lendemain même de la manifestation.
Les Français sont-ils finalement bien plus unis ou plus attachés à
ces valeurs qu’ils ne le pensent ? Robert Darnton, historien américain,
professeur émérite à Princeton, directeur du réseau des bibliothèques
de l’université Harvard, était présent le 11 janvier à Paris. Il témoigne
dans le magazine Le 1 21 : « J’y ai vu notre héritage commun des
lumières », commence-t-il, avant d’évoquer la tradition française,
« mélange entre l’esprit de contestation et la gauloiserie qui apporte
beaucoup de sel », qui forge une liberté d’expression spécifique, à la
France, née dans « les cafés, les estaminets, mais aussi dans les
jardins comme ceux du Palais-Royal ou du Luxembourg ».
Tourisme
Classée première destination touristique planétaire en nombre de
visiteurs étrangers selon l’OMT (l’Organisation mondiale du
tourisme) en 2014, « la France reste, selon Jean-Benoît Nadeau, le
point focal du tourisme mondial ». Près de 85 millions de personnes
venues du monde entier se sont rendues en France cette année-là
contre 78 millions en 2006 et 80 millions en 2008. En conséquence,
Paris est la capitale du monde qui recense le plus grand nombre
d’offres d’hébergement sur le site international Airbnb, créé aux
Etats-Unis.
Cet engouement pour l’Hexagone atteste que le pays non
seulement ne manque pas d’attraits mais continue de faire rêver.
Cependant, les parts de marché diminuant et les retours sur la qualité
de l’accueil des professionnels du tourisme français n’étant pas des
meilleurs, le Quai d’Orsay, sous la houlette du ministre des Affaires
étrangères, a entrepris des actions dans le but d’améliorer, sur ce
point, l’image de la France. L’enjeu est de taille, car le secteur
contribue largement à l’économie et au PIB et regroupe des centaines
de milliers d’emplois. Quand les déclinologues se plaisent à faire
remarquer que la France est descendue d’une ou deux places dans le
palmarès, il faut s’interroger. La France démérite-t-elle tant que ça en
n’étant « que » deuxième ou troisième pays le plus visité au monde,
compte tenu de sa superficie et de sa population ?
1. Buzzfeed, 12 juin 2013.
2. Les Inrockuptibles, 27 octobre 2014.
3. Stephen Clarke, Français, je vous haime, Nil, 2009.
4. A nous Paris, 16 novembre 2009.
5. Télérama, 4 juin 2015.
6. Le Figaro.fr, « En 2014, le sandwich jambon-beurre a coûté… ».
7. Le Monde, 8 juillet 2015.
8. Le Journal du Dimanche, 14 octobre 2014.
9. Theodore Zeldin, Les Français, op. cit.
10. Le Parisien Economie, 2 février 2015.
11. Le Journal du Dimanche, 14 octobre 2014.
12. Télérama, 12 novembre 2014.
13. L’Express, 8 juillet 2015.
14. M, 4 avril 2014.
15. M, 4 avril 2014.
16. Denis Tillinac, Dictionnaire amoureux de la France, op. cit.
17. Le 1, 9 avril 2014.
18. Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow, Pas si fous, ces Français !, op. cit.
19. L’Expansion, novembre 2014.
20. France Inter, 13 avril 2015.
21. Le 1, 4 mars 2015.
« Paris, c’est fini ! » ?
FAUX !
Paris, ville capitale
en mouvement !
La grande bouffe
Il est de bon ton de critiquer la gastronomie parisienne. La
question revient sans arrêt : Paris est-elle – encore – la capitale
gastronomique mondiale ? : Le New York Times, par exemple, titrait
début 2014 : « Y a-t-il quelqu’un pour sauver la gastronomie
française ? » Dans ce domaine aussi, la presse étrangère peut avoir la
dent dure. Mais, depuis, la restauration parisienne s’est mise dans un
tel état d’ébullition que les plus critiques ont dû ravaler leur mauvais
esprit. D’autant que les chefs étrangers gardent une affection
particulière pour la ville. Les critiques culinaires aussi, même si
d’autres villes comme Tokyo, Saint-Sébastien, Barcelone, New York
font beaucoup parler d’elles, à juste titre.
Objectivement, quelle capitale réserve autant de place à la
nourriture de qualité, hormis la capitale japonaise, qui affiche
quelques trois étoiles de plus que Paris mais compte des dizaines de
milliers de restaurants contre seulement treize mille à Paris ? Quelle
autre ville aligne des rues entières de restaurants ? Qui continuent à
se multiplier. Dans un article intitulé « L’Est parisien, nouvel eldorado
de la gastronomie » 8, Télérama notait : « Une génération de jeunes
chefs qui remixe la cuisine de bistrot s’est installée dans les quartiers
est de la capitale […] Entre déco épurée, tarifs accessibles et assiettes
raffinées, la gastronomie parisienne est en pleine mutation. […] Plus
un mois sans que le petit monde des « foodies » bruisse d’une adresse
où courir d’urgence dans le Far East parisien. » Quant au chroniqueur
culinaire François-Régis Gaudry, il souligne, toujours dans Télérama,
« la frénésie quasi hystérique de nouveauté qui souffle sur la planète
food parisienne », expliquant : « Il y a encore cinq ou six ans, j’arrivais
à suivre toutes les ouvertures d’adresses dans la capitale. Aujourd’hui,
je fais au minimum huit restaurants par semaine, et malgré ça, il y a
des choses que je suis obligé de laisser de côté. Depuis deux ou trois
ans, il y a une accélération que je trouve dingue. Et en même temps,
toute cette agitation fait de Paris une ville énergique qui résiste à la
morosité ambiante. »
Autre commentaire, étranger celui-là, publié dans Le Figaro 9 :
« Récemment, Paris m’a très positivement frappé par la prolifération
de “nouveaux bistrots”, se réjouit Carlo Petrini, fondateur et président
de Slow Food en Italie. C’est ça aujourd’hui qui fait tendance et met
Paris à l’avant-garde. »
Les petits commerces de bouche se multiplient, eux aussi.
Boucheries, charcuteries, traiteurs, crémeries, épiceries en tous
genres et de tous pays, concepts stores culinaires, spécialistes de tel
ou tel produit ou boissons et cavistes à la pelle envahissent l’espace.
Qui s’en plaindrait ? Chaque petit coin ou quartier dispose à présent
de ses nouveaux marchands de vin reconvertis par passion. Des
boutiques d’ustensiles de cuisine rencontrent un succès non démenti
dans un pays où la bouffe compte plus que tout. Des jeunes Français
apprennent le métier chez Ferrandi, célèbre école de gastronomie, ou
ailleurs, rejoints par des apprentis cuisiniers de toutes origines, et
pour lesquels la France et Paris restent une référence. Ceux-là
garderont une tendresse particulière pour le pays qui les a formés et
sa gastronomie.
Laissons les grincheux se repaître de classements. Le « 50 Best »
de la gastronomie mondiale, organisé chaque année par le groupe
britannique de médias et d’événementiel William Reed, est chaque
fois l’occasion de pleurer sur la gloire perdue de la France et de sa
capitale. Est-ce parce qu’un restaurant se voit récompensé à Londres
que cela condamne la cuisine parisienne ? Faut-il rappeler que, même
si ce « baromètre annuel du goût gastronomique », lancé en 2002, a
désigné en 2015 Hélène Darroze, la cheffe française, « Meilleure
femme chef du monde », il n’a jamais récompensé un seul restaurant
en France, pays qui n’en manque pourtant pas ?
Une pétition circule aujourd’hui sur Internet pour que partenaires
publics et privés arrêtent « de financer et de soutenir ce classement
opaque ». Elle a recueilli la signature de chefs français tels que Joël
Robuchon, mais pas uniquement. « Le French bashing me soûle un
peu, déclare Jean-François Piège 10, un des grands noms de la cuisine
actuelle. Pour y répondre, il ne faut pas se plaindre ou revendiquer, il
faut proposer. Ce que je vais faire. » Ce chef a investi 2 millions
d’euros dans la création d’un nouvel établissement, Le Grand
Restaurant, qui compte dix-sept salariés.
Certes, tout n’est pas rose. « A Paris, le café est vraiment mauvais !
lançait Joe Ray, écrivain du voyage et de la gastronomie pour le
11
Boston Globe américain, à François Simon, du Figaro . […] Et c’est
cher. » Mais il ajoutait : « Vous oubliez tous vos problèmes quand […]
le propriétaire du Severo apparaît en portant […] quatre bouteilles
de vin et […] une assiette avec une superbe côte de bœuf. […]
Quand Laëtitia, au Bistrot Paul Bert, vous […] offre un verre avant de
vous proposer une bouteille qui convient à votre goût et à votre
portefeuille. Quand […] vous vous rendez compte qu’il est 5 heures
du matin et que vous êtes à table depuis neuf heures. Champion du
monde indéniable ? Plus maintenant. Mais l’exception française
règne. Disons que Paris est première ex aequo. Et pour moi, elle le
sera pour toujours. »
Dans le même article, Luiz Hort, journaliste en vins et spiritueux
brésilien, constate que Paris reste un lieu où viennent se former la
plupart des chefs.
Ken Hom, chef cuisinier sino-américain, auteur et présentateur de
télévision, également interrogé par Le Figaro, pense lui aussi que Paris
reste une référence ultime en raison de son passé gastronomique,
mais aussi de son autorité en matière de techniques ou de qualité de
ses ingrédients.
Nick Lander, critique gastronomique au Financial Times, ajoute
que les chefs parisiens continuent à innover et à surprendre.
Enfin, Anissa Helou, journaliste gastronomique et spécialiste de la
cuisine méditerranéenne et du Moyen-Orient conclut qu’à Paris, le
choix est « impressionnant, radicalement différent de Londres, New
York ou de la baie de San Francisco ».
Finalement, ce dont souffre le plus Paris, c’est du snobisme et du
masochisme d’une poignée de Français qui prennent plaisir à
dénigrer leur capitale et ses merveilles culinaires. Outre ce goût pour
le déclin, une autre maladie menace la capitale. Quel virus s’est
emparé des restaurateurs, qui cèdent à la facilité en copiant par
exemple la mode des burgers, comme pour faire de Paris un nouveau
Brooklyn ? On espère que les Parisiens réagiront contre
l’uniformisation qui les guette en faisant preuve de plus de curiosité.
Saliver à l’idée d’un burger, d’un os à moelle parsemé de gros sel ou
d’un Paris-Brest les prive parfois de l’envie de découvrir d’autres
saveurs venues d’horizons plus lointains et parasite leur ouverture
d’esprit.
Paris la nuit
A l’heure de l’apéro, on n’a que l’embarras du choix : un mojito à
l’ombre de quelques arbres au fond d’une cour discrète ; une ou deux
bières le long d’une ancienne voie ferrée, ou en plein cœur du parc
des Buttes-Chaumont ; un verre dans un tout nouveau bar spécialisé
dans le vin naturel… Mais quand arrive l’heure des rythmes
endiablés, beaucoup l’affirment, plus rien. La fête a quitté Paris pour
d’autres cieux. Les esprits chagrins s’échauffent à nouveau pour
regretter la grande époque des nuits parisiennes. Celle qu’ils ont
connue il y a dix, vingt ou trente ans. Pourtant, s’il est vrai que la
plupart des bars parisiens ferment à deux heures du matin, il y a pire
ailleurs. En Angleterre, d’après le journaliste du site américain
Buzzfeed 12, ce sont les boîtes de nuit qui mettent leurs clients dehors
à deux heures. En France, elles restent souvent ouvertes jusqu’à
quatre heures du matin, voire plus tard.
Quant aux nostalgiques du Balajo, du Palace, des Bains Douches
ou du Banana, sont-ils en mesure de comprendre les phénomènes
nocturnes actuels ? Savent-ils ce qui se passe aujourd’hui dans les
coins et recoins de la capitale ? L’interdiction de fumer dans les lieux
publics, appliquée à partir de 2007, a profondément changé les
habitudes. Elle a donné à la ville un air plus agité, avec ses
devantures de bars où se massent des clients peu discrets. Les fêtards
se sont mis à boire et fumer au pied des immeubles, quitte à se faire
engueuler par les voisins. Mais les fêtards du jour sont les riverains
du lendemain. Les Xe et XIe arrondissements, notamment, recensent
un nombre impressionnant de bars, dont beaucoup sont des sources
de nuisances sonores. En conséquence, les professionnels se voient
contraints de faire preuve d’une grande vigilance pour ne pas faire
l’objet de contrôles à répétition, voire d’une fermeture administrative.
Dans d’autres villes aussi, les riverains font entendre leur voix. A
Barcelone, une référence en matière de vie nocturne, la population
est au bord de la révolte, au point qu’on voit des manifestants se
13
regrouper pour scander : « Dehors, les touristes ivres ! »
A Paris, la ville s’adapte. François Jeanne-Beylot, coordinateur
d’une étude menée en 2008 et 2009 et intitulée Pourquoi les nuits
14
parisiennes sont nulles (et ne créent pas d’emploi) , déclarait au
magazine Next 15 : « Depuis 2008, les améliorations se font sentir
(décalage de l’horaire de métro, ouverture plus tardive de quelques
magasins), et l’image de la nuit évolue. » Les Palace ou Bains Douches
ont laissé la place à d’autres établissements que les ex-fêtards
nostalgiques ne connaissent pas, soit parce qu’ils sont hors jeu, soit
parce qu’ils n’ont plus la pêche. On ne peut que conseiller aux
partisans du « C’était mieux avant » de s’organiser une tournée des
lieux insolites de Paris et de sa périphérie, afin de découvrir les
scènes alternatives et les clubs qui ravissent les noctambules aux
goûts pointus. Ces oiseaux de nuit d’aujourd’hui deviendront peut-
être à leur tour des rabat-joie nostalgiques. Yoyo, Badaboum, Zig Zag
Club, Eko Club, Concrete et autres lieux resteront gravés ou pas dans
leurs mémoires. Puis d’autres leur succéderont. Paris n’a pas dit son
dernier mot. « Question vitalité nocturne, la capitale française serait
même passée devant Londres et Berlin, note L’Express 16. Pas moins de
seize festivals électro ont vu le jour ces cinq dernières années en Ile-
de-France. » La roue tourne, mais la nuit parisienne n’est pas près de
s’éteindre. N’en déplaise aux trouble-fête.
VRAI…
mais ils se soignent !
FAUX !
Les Français sont
ouverts d’esprit
et la France
est un melting-pot
« En matière de digital… »
New York Times, 29 juin 2015, « Unemployment Is High, but
France Is Fertile Ground for Start-Ups », par Celestine Bohlenjune,
traduit par Guillaume Nail
« 12 médailles Fields… »
http://www.mathunion.org/general/prizes/fields/prizewinners/
« Les livres écrits en français sont les plus traduits aux États-
Unis… »
http://www.sgdl.org/ressource/documentation-sgdl/actes-des-
forums/la-traduction-litteraire/1519-les-chiffres-de-la-traduction-par-
geoffroy-pelletier
« À Barcelone… »
Le Figaro, 25 août 2014, « Dehors les touristes ivres ! », par
Thomas Eustache
« La capitale française serait même passée… »
L’Express, 8 juillet 2015, « Les scènes des festivals sous électro
choc », par Igor Hansen-Love
Vive la France ?
« Roger Cohen, l’éditorialiste du New York Times…
New York Times, 11 juillet 2013, « France’s Glorious Malaise »,
traduit pour Courrier International
« Les Français manquent non seulement de confiance… »
http://www.oecd-
ilibrary.org/docserver/download/8111042ec026.pdf?
expires=1447948656&id=id&accname=guest&checksum=BC79F07
AF2F6C6A46DEF4FC7A1E39411
17. Les Français ont une espérance de vie supérieure de trois ans
à celle des Américains. (2015, ONU)
http://esa.un.org/unpd/wpp/publications/files/key_findings_wp
p_2015.pdf
19. Les Français ont produit environ 47 euros par heure travaillée,
soit 10,70 euros de plus que la moyenne de l’OCDE. (2013, OCDE),
(2014, Le Monde.fr)
Le Monde.fr, 18 septembre 2014, « La France, pays où l’on
travaille le moins ? », par Alexandre Pouchard, Delphine Roucaute et
Samuel Laurent
35. Paris se place est classée première dans la liste des cinquante
meilleures villes étudiantes devant Londres, Boston, Melbourne et
Vienne (2015, Quacquarelli Symonds Ltd).
http://www.topuniversities.com/qs-world-university-rankings
EAN 978-2-258-13361-7