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Université Paris1 - UFR d’économie – L 2 – 2010-2011 Cours de J.-M. Monnier, et B. Tinel.

Économie du budget, de la fiscalité et de la protection sociale


DOSSIER 1 : L’ORGANISATION DE LA PROTECTION SOCIALE

Corrigé : dans ce corrigé ne soyez pas étonné car vous retrouverez les mêmes informations plusieurs fois répétées, pour une
meilleure compréhension.

Document 2 : « La sécurité sociale : organisation of gouvernance » Les notices, La protection sociale en France, 2008.

1) Décrivez l’architecture des régimes de la sécurité sociale : quels risques ? quelles caisses ?

La sécurité sociale française est en fait décomposée en 4 ensembles, chacun s’occupant d’une partie spécifique de la population
(ouvriers, agriculteurs, retraités..), étant financé par des caisses spécifiques et régi par ses propres règles qui aboutissent à la notion
de « régime » de sécurité sociale. Les 4 sont : le régime général, le régime agricole, le régime des indépendants (les non salariés
du secteur agricole) et les « régimes spéciaux ».

Pour le régime général la lecture du document fait apparaître qu’il y a eu une « substitution-remplacement » de la caisse
« nationale globale », par plusieurs autres caisses nationales à savoir : une caisse nationale d’assurance maladie, une caisse
nationale d’assurance vieillesse et une caisse nationale des allocations familiales. De ce fait le régime général est donc
décomposé administrativement en trois ensembles de caisses. C’est une des premières modifications et évolution de la structure du
régime de protection sociale. Ainsi donc, même si la gestion de la trésorerie reste commune et que le recouvrement des cotisations
est confié à une Agence centrale des organismes de sécurité sociale, il existe désormais trois types de caisses nationales qui
constituent le régime général. Ensuite chaque échelon national est décomposé en échelon régional. Et on compte 16 caisses
régionales d’assurance maladie qui appliquent la tarification, cordonnent la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles et qui versent les pensions de retraite pour le compte de la caisse nationale d’assurance vieillesse. Ensuite il y a
128 caisses primaires d’assurance maladie qui gèrent les risques maladie par leurs proximité, elles sont aussi un rôle d’action et de
prévention sanitaires et sociales, et enfin elles versent les prestations d’assurance maladie, maternité, invalidité, décès et d’accidents
du travail aux assurés sociaux. Et puis pour la caisse nationale des allocations familiales, elle regroupe « 101 unions pour le
recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales ». Celles-ci sont en charges de percevoir toutes les
cotisations du régime générale, la CSG, la CRDS sur les revenus d’activité et de remplacement non agricoles, et certaines autres
taxes et cotisations. Donc au final on peut dire pour synthétiser que dans le régime général, il existe 16 caisses régionales
d’assurance maladie (CRAM) sont chargées de coordonner la prévention des accidents du travail et les maladies
professionnelles mais aussi de verser les pensions de retraite. Les 128 caisses primaires d’assurance maladie versent des
prestations d’assurance maladie, maternité, invalidité, décès et d’accidents du travail. Les 123 caisses d’allocations familiales
(CAF) versent des prestations sociales telles que les prestations familiales ou encore le RMI, l’aide au logement, etc.. Et les 101
unions pour le recouvrement des cotisations de sécurité social et d’allocations familiales (URSSAF) sont chargées de récolter les
cotisations, la CSG et la CRDS.
On notera aussi qu’il existe également d’autres régimes de sécurité sociale comme les régimes agricoles, les régimes des
indépendants et les régimes spéciaux. Le régime agricole s’occupe à la fois des salariés et exploitants agricoles, ce qui fait qu’il
existe 2 régimes agricoles. Les salariés agricoles sont couverts par le régime général, tandis que les exploitants agricoles sont
couverts par un régime d’assurance vieillesse et de maladie différent. Mais ce régime étant en déficit du fait d’un déséquilibre
démographique des exploitants agricoles il est subventionné par l’Etat. Ces régimes agricoles disposent d’une caisse centrale et de
49 caisses locales qui sont chargées des prestations et des cotisations sociales spécifiques à ces régimes. Financièrement, ce régime
est intégré au régime précédent ce qui veut dire que les recettes et les dépenses se trouvent dans les comptes du régime général. La
structure dans ce régime agricole est de plus séparée entre les salariés agricoles et les exploitants agricoles. Les salariés agricoles
sont couvert pour les mêmes risques que les concernés du régime générale mais ils supportent des cotisations et reçoivent des
prestations propres à leur régime. Les exploitants agricoles sont couverts pour les risques de maladie et de vieillesse (les risques liés
aux accidents et aux maladies professionnelles ne sont couverts que depuis 2001) Le régime des indépendants, qui eux ne sont pas
soumis au régime général ; ce régime concerne les professions libérales, les artisans, les commerçants ; et chacun de ces trois corps
de professions a sa propre caisses d’assurance maladie ; cependant les prestations des commerçants et des artisans sont alignés sur
celles des salariés qui dépendent du régime général. L’idée de plus en plus est sans doute de rapprocher l’ensemble du système vers
une certaine homogénéisation ou harmonisation. Ces régimes des indépendants disposent de trois régimes d’assurance vieillesse
spécifiques mais ont été fusionnés au sein du régime social des indépendants (RSI) qui compte une caisse nationale et trente
caisses de base. Toutes les précisions sont dans le document. Ces régimes des indépendants ont en fait émergé car ces professions
indépendantes ont refusé d'être intégrées dans le même régime que les salariés. Les régimes d'assurance vieillesse sont spécifiques
et dépendantes de caisses autonomes (ORGANIC, CANCAVA...). Cependant les pensions vieillesse sont alignées sur celle du
régime générale (pour l'ORGANIC et la CANCAVA) alors que les autres caisses permettent de cotiser pour sa retraite de manière
plus « libérée ». Il faut enfin retenir que les régimes spéciaux ont fait l’objet de réformes multiples, car leurs comptes pour certains
sont chroniquement déficitaires, et qu’il y a alors la « tentative » de rapprocher ces régimes spéciaux du régime général, par soucis
de « justice sociale » étant donné que les très pénibles et très dures conditions de travail qui jadis justifiaient des régimes spéciaux
pour certaines professions, ces conditions de travail de jadis se sont améliorées. Ces régimes spéciaux qui concernent des
travailleurs salariés sont liés à l'histoire des institutions et des entreprises qui les emploient. Ils comportent une assurance vieillesse
et prennent en charge d'autres risques sociaux aussi. Les montants des pensions versés dans ces régimes restent cependant proches
du régime général. Il y a une différence sur l’âge du départ à al retraire à taux plein.

2) Quelle est la tendance ce fond en matière de gouvernance de la sécurité sociale ? Expliquez les principales étapes de
ce mouvement et réfléchissez à ses implications.

Alors qu’avant le poids de l’État dans la gestion du régime de protection sociale était faible, aujourd’hui, il est devient de plus en plus
important. En effet, les rôles joués par les syndicats, et plus globalement par la « démocratie sociale » (ensemble des partenaires sociaux)
mise en place au sein de la gestion du régime générale a été délaissée au profit d’un État désormais omniprésent que ce soit directement
ou indirectement par la nomination d’individus au sein des conseils d’administrations… Cela s’explique par la préoccupation croissante
de L’État pour la sécurité sociale. Cette attention est née des nombreux déficits engendrés par les problèmes de financement de la
sécurité sociale. Les différents problèmes démographiques ont amené l’État a surveillé la gestion de ce système de protection sociale. Il
en va de la cohésion sociale, et avec le contexte de crise économique, les comptes se sont dégradés, particulièrement sous l’effet
« ciseaux », à savoir la hausse des dépenses et la baisses des recettes (travaux de P ROSANVALLON, la triple crise de l’état
providence). Pour résumer on peut donc rajouter que bien qu’au départ la sécurité soit une institution des travailleurs français, pour les
travailleurs français, gérée par eux, depuis ces dernières années on constate que l’état est de plus en plus interventionniste. En effet la
sécurité sociale à l’origine est gérée de manière autonome par les partenaires sociaux, ce sont eux qui s’organisent en conseils
d’administrations composés d’une parité de salariés et d’employeurs désignés par les syndicats pour les caisses du régime général, et
d’élus pour les caisses des indépendants. Mais puisqu’ils ne se sont jamais décidés à établir des budgets pour les dépenses
d’assurance maladie, c’est l’état qui a du occuper ce rôle en prenant des décisions impopulaires comme la réduction de certaines
prestations. De plus puisque la sécurité sociale est un service public l’état doit s’impliquer dans la gestion car les politiques de
l’état ont directement des effets sur la sécurité sociale, et les partenaires sociaux ne sont pas aussi légitimes que l’état, qui doit donc
réglementer la sécurité sociale. Le pouvoir de l’état dans la sécurité sociale est d’autant plus renforcé que des fonds de financement sont
administrés par des établissements publics où les représentants ne sont pas ou très peu représentés. Ainsi donc à la base la gouvernance
de la sécurité sociale était aux mains des partenaires sociaux (représentants des assurés sociaux), plusieurs étapes ont menés à une
gouvernance directe de l'Etat. En effet en principe la sécurité sociale est gérée par les partenaires sociaux, les syndicats et le patronat, et
les conseils d'administration des caisses de sécurité sociale étaient ainsi composés de chaque représentant des partenaires sociaux.
Seulement depuis 1996, l'Etat désigne des personnalités qualifiées dans les conseils. De plus depuis 1945, les partenaires sociaux étaient
responsables de leur équilibre financier dans leur gestion des régimes de sécurité sociale. Mais cette responsabilité n'ayant jamais été
remplie, l'Etat depuis 1970 se substitue aux partenaires sociaux pour prendre les décisions affectant la situation financière de la sécurité
sociale ; aujourd'hui les partenaires sociaux se contentent de gérer les décisions prises par l'Etat. La place croissante de l'Etat dans la
sécurité sociale se justifie par le fait qu'il est « normal »qu'il exerce un contrôle sur ce domaine de la sécurité sociale auquel il a délégué
la gestion. L'Etat en trouve un bénéfice d'autant plus important que ça lui permet de déterminer les règles d'organisation et le régime des
prestations sociales. La tendance de fond est caractérisée par un grand rôle de l’Etat qui a un pouvoir réglementaire puisqu’il
détermine à la fois les règles d’organisation et le régime des prestations sociales de la sécurité sociale.

Document 3 : « L’Etat social et la réduction des inégalités » Cahiers Français, n°314

1) A quel « modèle » l’Etat social qui existe en France correspond-il ? Quelles en sont les principales caractéristiques ?

L’état social français est souvent qualifiée de modèle « conservateur corporatiste » en effet, le financement de la protection sociale
se fait par l’intermédiaire des cotisations sociales prélevées sur les salaires. Les cotisants donc et leurs familles en sont les
bénéficiaire. Revoir la typologie de Gosta Esping Andersen sur la diversité des états providences. Pour l'auteur, il n'existe pas un
modèle unique d'Etat-providence, mais trois, chacun ayant sa propre cohérence: conservateur (ou corporatiste), social-
démocrate et libéral. Ces modèles sont définis comme des ensembles complexes d'interrelations légales ou organisationnelles
entre l'Etat et l'économie qui permettent la "dé marchandisation" partielle du travail salarié. Ils sont le résultat des forces
historiques. L'auteur fait également une analyse comparative des influences de ces trois modèles sur le marché du travail, les
politiques de plein-emploi d'après-guerre, les transformations actuelles de l'emploi et les trajectoires de l'Etat-providence. Pour
en savoir plus voir le lien http://www.alternatives-economiques.fr/les-trois-mondes-de-l-etat-providence--essai-sur-le-
capitalisme-moderne-gosta-esping-andersen_fr_art_222_25309.html.

Ainsi en fait dans le système français le fait de recevoir une pension de retraite, une allocation familiale, d’être remboursé des ses
frais médicaux est considéré comme « la contrepartie des efforts antérieurs ». De plus, il existe des prestations familiales visant à
compenser le poids des d’enfants dans une famille. En outre, il subsiste de multiples aides sociales financées par l’impôt qui vise à
aider les ménages n’ayant pas contribué aux régimes de sécurité sociale ou aux revenus les plus faibles. Au final nous avons à faire
à un régime ou coexistent la double logique de l’assistance et de l’assurance (modèles bismarckien et beveridgien) mais l’Etat
social français correspond majoritairement au modèle conservateur corporatiste. Ce modèle dit autrement de modèle
« bismarckien » se caractérise par une grande importance des régimes de remplacement du revenu lorsque la source principale de
revenu serait interrompue. Un grand rôle de l’Etat puisqu’il a le monopole de la réglementation et que les institutions autonomes de
l’Etat social sont en fait de plus en plus sous sa tutelle. Le financement de la protection sociale repose sur des cotisations sur les
salaires. Cependant avec l’introduction progressive de la CSG et du CRDS il y a aussi aujourd’hui un financement par le biais de
l’impôt. Ce modèle fonctionne surtout selon un système de solidarité horizontale (idée d'une auto-organisation des individus) qui
consiste à établir une solidarité au sein de catégories sociales plus ou moins homogènes ; à la différence de la solidarité verticale
(attitude corrective de l'Etat des inégalités ; prestations pour les moins avantagés ; redistribution riches vers les pauvres). Ainsi ce
modèle sociale privilégie une logique de remplacement du revenu dans une situation de source primaire interrompue. On retrouve la
logique assurancielle bismarckienne.

2) Expliquez en quoi, selon l’auteur, l’Etat social français valorise davantage la sécurité que l’égalité.

Selon l’auteur, l’état sociale français assiste en cas de besoin et ne répond pas directement au souci d’égalité. Les aides misent en
places et les risques recouverts sont là pour aider les individus dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins, et non pour tenter de
réduire les inégalités entre individus. La politique familiale illustre cette pensée dans la mesure où elle assure un revenu universel à
toute famille ayant des enfants. Cependant s’il y avait une logique d’égalité, elle devrait prendre en compte les couples qui
souhaitent vivre sans avoir d’enfants, or le système fiscal valorise les ménages qui en ont (politique familiale volontariste françaises
on retrouve ici le document de P Laroque). Selon l’auteur l’état social français valorise davantage la sécurité que l’égalité. En
effet pour lui l’objectif de la sécurité sociale est non pas de lutter contre les inégalités par la redistribution mais de mettre en
place une certaine sécurité, car une famille par exemple d’après l’auteur par le biais de sa consommation donc de ses revenus va
ainsi plus contribuer à l’économie, à la croissance économique d’un état. L'auteur explique aussi en fait que contrairement à ce que
l'on pourrait croire, l'Etat social français n'est pas associé à la lutte contre les inégalités mais correspond plutôt à une volonté de
réduire l'insécurité sociale. Il existe selon l'auteur un attachement à l'importance de la protection sociale qui est lié à l'existante
récente de notre sécurité sociale et par la situation d'entre-deux-guerres dans laquelle l'insécurité sociale était généralisé. Ainsi cet
attachement serait une compensation à cette période. L’Etat social français valorise davantage la sécurité que l’égalité parce qu’il
s’est édifié sur un idéal de réduction de l’insécurité sociale. En plus la sécurité est le but affiché dès le départ par les
réformateurs. Cet objectif appartient à la société française tout entière qui y est très attachée et principalement du point de
vue de la protection sociale contre la maladie et la vieillesse.

3) Rappelez les grandes étapes de la formation de ce système.

Alors que L'Allemagne et la Grande-Bretagne créent les assurances sociales obligatoires respectivement dans les années 1880 et
1910, en France elles n'apparaissent qu'en 1930. Durant l’entre deux guerres, on est dans un état d’insécurité sociale ou la
vieillesse est la maladie sont des mots synonyme de pauvreté. C’est uniquement à partir de 1930 (front populaire) que les
assurances sociales sont crées, elles sont très restrictives (car ne concernent qu’une petite partie de la population ouvrière et en
dessous d’un certain plafond) C’est à la fin de la guerre que fut en place le système de protection sociale, l’ordonnance du 4 octobre
de 1945 institua les piliers d’un système visant à favoriser la croissance économique tout en garantissant un revenu minimum en cas
d’accident du travail ou de mise à la retraite. Au tout début la sécurité sociale ne concernait que les ouvriers en dessous d'un certain
niveau de revenu avant d'être instituée en 1945 et d'étendre son champs d'action à toute la population en 1980. Ainsi d'après les
mots de H. Hatzfeld la sécurité sociale amène une transformation du statut de salarié, et une série de droits protecteurs en témoigne :
création du SMIC, du CDI, quasi gratuité des soins hospitaliers, assurance contre les accidents du travail... L'Etat social a de plus
émergé avec le contexte des Trente Glorieuses, ainsi on avait une corrélation de la croissance économique et de l'amélioration
sociale des conditions de vie pour la population. Le régime de protection sociale est l’acquis sociale de le plus important pour les
français, il n’a été que très rarement remis en cause ou modifié, même lorsque que la gouvernance était de « droite ».

4) Quel fut l’impact de la crise des « trente glorieuses » sur l’Etat social et les inégalités ?

Les Trente glorieuses ont conduit à une amélioration du social notamment par l’instauration du SMIC à la place du SMIG visant à
réduire les inégalités. Les Trente Glorieuses ont eu pour effet de d’améliorer la Sécurité sociale, par le « partage des fruits de
la croissance ». Il y a une croyance dans la mobilité sociale ascendante et donc à une réduction des inégalités. Le plein emploi
assure les cotisations et les prestations ce qui confère une légitimité accrue à la sécurité sociale. Les « trente glorieuses » étaient une
période de croissance forte et continue et de chômage inexistant, mais a partir du milieu des années 1970, l’activité économique
ralentit fortement, et le chômage réapparait. Des lors, on met en place des prestations sociales ciblées, visant à réduire les dégâts de
la crise des années 70. Ces aides s’appliquent à la famille, ou au logement mais c’est la naissance d’un revenu minimum d’insertion
qui demeure l’emblème de ces nouvelles prestations sociales. Le RMI aujourd’hui n’existe plus il a été remplacé par le RSA. Avec
la fin des Trente Glorieuses c’est l’effet ciseau à savoir une baisse des recettes et une hausse des dépenses sociales, c’est le
début des importants déficits. C’est une rupture totale avec la période actuelle car durant les Trente Glorieuses, on peut
noter une très forte croissance (5% en moyenne) ainsi qu’une confiance dans l’ascension sociale. Le model keynésien
s’efforçait avec réussite d’allier croissance économique, de surmonter les oppositions sociales et d’assurer la sécurité sociale. Il y a
au sortir de la seconde guerre mondiale une réduction du taux de chômage grâce notamment au fordisme par lequel les ouvriers non
qualifiés peuvent également trouver facilement un travail. Ensuite ce sera même le « plein emploi » (pas de chômage, c’est l’époque
où le besoin de main d’œuvre est colossal et où l’on fait venir les travailleurs des départements français des anciennes colonies.
Autant de cotisants donc aux caisses de sécurité sociale. La protection sociale est donc pensée légitimement à ce moment de
l’histoire, car chacun pense bénéficier du résultat de ses efforts antérieurs par le travail fournis durant les années travaillées. La
croissance élevée, la richesse acquise va permettre de réduire les inégalités par l’octroi de nouveaux droits économiques, puisque
l’Etat va avoir à sa disposition les fruits de la croissance dont une partie seront redistribuées à la population par le biais de
prestations sociales diverses. Il y a une nette amélioration des conditions de vie (santé éducation alimentation…). On peut ainsi dire
aussi au final que l’impact de la crise des trente glorieuses sur les inégalités est relativement faible du fait de l’existence de l’Etat
social, qui malgré un accroissement très fort du chômage permet d’assurer une revenu relativement constant aux populations sans
emplois. En revanche la crise économique va engendrer quelques nécessités et donc quelques nouveautés pour ce qui est de l’Etat
social : en effet de nouvelles prestations ciblées voient le jour, afin de soutenir au mieux les populations exposés aux risques. (RMI,
RSA, allocations diverses actuelles de lutte contre l’exclusion sociale).

5) Comment la France se situe-t-elle par rapport à ses voisins en matière de réduction des inégalités ?

La France se place dans la moyenne en matière de réduction des inégalités. Donc en matière de réduction des inégalités, le résultat
est mitigé. Au sein de l’OCDE, la France est dans la moyenne. Les inégalités en France demeurent « stables » il n’y a pas de
réduction nette dans ce domaine. Et la crise économique aggrave au final la situation et à certaines périodes les inégalités se
creusent parfois. La France demeure moins égalitaire que les pays nordiques, mais plus égalitaires que les pays anglo-saxons
ou méditerranéen. Si toutefois au niveau de la sécurité la France a un bon bilan, il n’en est pas de même pour la redistribution de
génération en génération. Certes en France les inégalités de revenus sont moins fortes que dans les pays anglo-saxon basés sur un
régime libéral (à taux de prélèvements obligatoires faible et ou le sécurité social est minimale car uniquement financée par l’impôt
comme en Irlande). Mais en France les inégalités sont plus fortes que dans les pays nordiques basés sur un régime social démocrate
(à taux de prélèvements obligatoires élevés, avec une protection sociale maximale pour tous comme au Danemark). Malgré les
prestations sociales ciblées en France, les inégalités persistent. Les ratios inter décile entre d1 (les 10% de la population aux
revenus les plus élèves) et d9 (les 10% de la population aux revenus les plus bas) reste élevé, et ce constat rejoint l’idée de
l’auteur que la sécurité sociale a pour objectif la sécurité et non pas la redistribution.
Au final, contrairement aux pays les plus libéraux (Etats-Unis, Royaume-Uni...) l'impact de la crise en France sur l'Etat social en
général a été contenu. La crise notamment de l'industrie (qui avait été le moteur du développement économique) a mené à une
augmentation du chômage et à une perte massive d'emplois (-700 000 emplois industriels entre 1977 et 1980). Cependant le niveau
des inégalités en France reste stable, alors qu'aux Etats-Unis les 10% les moins payés touchaient (en 1980) un salaire 4,7 fois
inférieur à celui des 10% les mieux payés, ce ratio est passé à 5,6 en 1990. Sur cette même période le niveau des inégalités en
France n'a presque pas évolué. Les prestations sociales ciblées (RMI, aides au logement...) atténuent la dégradation de l'Etat social.
Cependant les jeunes générations en pâtissent, elles sont moins bien protégées. Certains auteurs parlent même de « déclassement
social ».

6) Qu’est-ce qui permet à l’auteur de parler d’inégalités au sein de l’Etat social ? Que faudrait-il faire pour y remédier ?
Les réformes actuelles, à votre avis, en prennent-elles le chemin ?
7)
L’auteur se permet de dire qu’il existe des inégalités au sein de l’état social français dans la mesure où il estime que l’universalité
des taux de cotisations ne favorise pas la réduction des inégalité et l’équité, et que des trop grandes différences entre régimes
spéciaux, générale, agricoles… donnent à chacun des privilèges que d’autres n’ont pas du tout. On a pu voir déjà que l’état social
permet une sécurité relative à tous les travailleurs, cependant un des problèmes réside dans le financement de la sécurité sociale ;
elle est financée par le salaire et est redistribuée sous forme d’un pourcentage du revenu, donc un haut revenu contribue
proportionnellement moins qu’un revenu moyen à la protection sociale. Enfin, il relève le fait que même si les individus vont
pratiquement à la retraite aux mêmes âges, le temps qui leurs reste à vivre après est très inégalitaire selon les catégories
socioprofessionnelles. Par là, il conclut que « l’état social n’a pas été capable de modifier profondément la structure des risques
sociaux ». Donc il faut avoir en tête la différence de l’espérance de vie selon les PCS. Il existe en espérance de vie un écart entre 7 à
9 ans entre les ouvriers et les cadres. Enfin il existe aussi des inégalités face à la santé entre catégories socio- professionnelles le
temps moyen pour profiter de sa retraite quand on est cadre par exemple est de 20,5 ans alors qu'il est de 14 ans pour les
ouvriers. Il faut aussi prendre en compte le niveau des pensions qui varie selon la profession exercée. Enfin il faut aussi penser aux
inégalités hommes femmes (salaires de 30% en moins pour un niveau de qualification identique). Et pour les femmes la prise en
compte du temps de maternité, qui « handicape » le temps de cotisation. En termes de carrière cela pose un problème d’égalité avec
les hommes. L’allongement de la durée de travail aujourd’hui envisagée par le gouvernement français ne tend pas à résoudre les
problèmes ici soulevé, cadres ouvriers, mais la suppression des régimes spéciaux s’inscrit dans la logique développée auparavant de
plus d’homogénéisation avec le régime général. L’auteur parle d’inégalités au sein de l’Etat social parce qu’il constate que tous
les individus ne sont pas protégés de la même manière. Les régimes sont différents et certains groupes tirent un avantage
bien plus important que les autres de cet Etat social. Pour remédier à ces inégalités, il faudrait peut-être tendre à se
rapprocher d'un système social proche des Etats nordiques mais la question est de savoir si la population française serait
prête à accepter un très haut niveau de prélèvement obligatoire. L'auteur indique que la population française est fermement
attachée à ses acquis sociaux et que la possibilité de réformer est limitée. Nous reparlerons des réformes actuelles en Td la semaine
prochaine. La réforme actuelle a été présentée comme sauvant le régime par répartition. Mais il y a un débat certains détracteurs ne
partagent pas du tout ce point de vue. Pour faire face à la réduction des recettes et à la hausse des dépenses certaines mesures ont
déjà été prises : forfait hospitalier, déremboursement de certains médicaments, franchises médicales, médecin traitant, carte vitale,
…… pour réduire les déficits de la SS ou essayer de réduire la progression des dépenses sociales (penser à la loi de Wagner).
Comme autre solution potentielle, il faudrait supprimer les cotisations salariales et patronales sur la partie du salaire inférieure à un
niveau donné. Augmenter la part des contributions des cadres qui sont moins élevés que celle des salariés les moins bien payés. Cela
rétablirait un peu de progressivité sur une distribution très inégale des revenus et des salaires. Comme autre solution encore la
suppression du bouclier fiscal qui bloque aussi la progressivité. Nous en avons parlé en Td lors du corrigé.

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