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Définition et fonctions économiques de l’entreprise

L’entreprise : essai de définition

Pour le sens commun une entreprise est définie par son activité : la production de biens et de
services en combinant du travail et du capital (des équipements). ces biens et services sont
destinés à être vendus dans le but de réaliser un profit.
C’est d’ailleurs une définition de ce genre que retient l’INSEE : « est entreprise toute activité
qui a pour but de produire des biens et des services destinés à être vendus sur des marchés en
vue de générer des profits ».
Dans les manuels d’économie d’entreprise la définition renvoie à une autre logique :
l’entreprise est présentée comme une organisation caractérisée par sa hiérarchisation et son
fonctionnement comme système
L’économie d’entreprise est devenue une discipline autonome longtemps après la naissance de
l’économie politique (l’économie générale dans les cours de ce site).
Traditionnellement l’acte de naissance de l’économie d’entreprise est daté par la publication
d’un article de Ronald Coase, intitulé The nature of the firm Dans cet article Ronald Coase
s’étonne de l’absence de l’entreprise ou et de l’entrepreneur dans l’analyse économique.
Celle-ci explique comment le marché permet la coordination des décisions individuelles des
offreurs et des demandeurs mais ne dit pas pourquoi il existe des zones dans lesquelles la
coordination échappe au marché. Il souligne ainsi la fonction qui fonde l’entreprise, elle
permet de supprimer les coûts de transaction en mettant en place des relations qui ne sont pas
négocier en permanence
Ainsi l’entreprise est un lieu de « coordination dirigée » par opposition au marché, lieu
de« coordination spontanée ».

Il est inutile de chercher une définition juridique de l’entreprise : il n’en existe pas.
En revanche le droit distingue des formes juridiques d’entreprise : entreprise individuelle,
EIRL, EURL, société civile ou commerciale, société coopérative...
Parce qu’elle entretient des relations contractuelles avec d’autres personnes (physiques ou
morales) l’entreprise est soumise à des obligations légales : enregistrement auprès des
autorités compétentes (Registre du commerce et des sociétés ; registre des métiers pour les
entreprises artisanales ; URSSAF pour les professions libérales).
Elle peut alors être "identifiée" par chacun par une inscription au répertoire SIREN (Système
d’Identification du Répertoire des ENtreprises) et un numéro dans le code SIRET (système
d’identification du répertoire des établissements) tenu par l’INSEE.
L’exercice de l’activité de l’entreprise peut faire l’objet d’une autorisation préalable délivrée
à titre permanent ou révisable. Là encore dans le cadre des législations en vigueur (activités de
banque, assurance, pharmacie, travail temporaire... condition d’exercice de la médecine, du
notariat... ).
Cette approche juridique éloigne de l’approche économique présentée plus haut parce qu’elle
fait apparaître des formes d’entreprises dont l’objectif n’est pas le profit, même si toutes les
entreprises doivent équilibrer leurs comptes (recettes et dépenses) pour survivre durablement.
Ainsi à côté des entreprises privées intervenant dans le secteur marchand il y a un grand
nombre d’entreprises ayant la forme d’associations et de coopératives (qui peuvent être sans
but lucratif) et il y a des entreprises publiques dans le secteur marchand et le secteur non
marchand.
L’entreprise est une des formes des organisations productives à côté par exemple des
administrations publiques qui produisent des services non marchands.
Il semble que l’entreprise peut être caractérisée à partir des 3 affirmation suivantes :
1) l’entreprise est une organisation productive (comme une administration publique ou une
ISBLSM)
2) l’entreprise utilise et combine des facteurs de production (comme une administration
publique et une ISBLSM)
3) L’entreprise vend les produits qu’elle fabrique sur un marché (ce qui n’est pas le cas d’une
administration publique ou d’une ISBLSM)
Par conséquent, le critère principal de définition qui conduit à distinguer l’entreprise des
autres organisations productives est le fait de mettre en oeuvre une production marchande.
Pour en savoir plus sur la distinction entre organisation productive et entreprise voir cet article

Les fonctions économiques de l’entreprise

Les fonctions économiques de l’entreprise retenues dans le cours d’économie d’entreprise sont
principalement :
la création de richesse à travers la production de biens et de services
la répartition de ces richesses à travers le partage de la valeur ajoutée
l’innovation.

1) La production et la création de richesses.

L’entreprise produit des biens et des services marchands, ce qui recouvre au sens de l’INSEE les
biens et services destinés normalement à être vendus sur le marché à un prix calculé pour
couvrir leur coût de production.
Tous les biens produits sont marchands en revanche pour les services les économistes
considèrent qu’un producteur rend des services non marchands lorsqu’il les fournit
gratuitement ou à des prix qui ne sont pas économiquement significatifs.

2) La répartition de la valeur ajoutée.

La valeur de la production vendue par une entreprise est mesurée par le chiffre d’affaires.
Cette production intègre des consommations intermédiaires c’est-à-dire des produits achetés
par l’entreprise pour être transformés. La valeur de ces consommations intermédiaires doit
être déduite du chiffre d’affaires pour mesurer la valeur réellement produite par l’entreprise,
la valeur ajoutée

[*VA = CA-CI*]

La valeur ajoutée ne doit pas être confondue avec le bénéfice ou le profit.


En effet le bénéfice c’est la valeur restant pour l’entreprise une fois que toutes les dépenses
engagées pour produire ont été déduites alors que dans le calcul de la valeur ajoutée les seules
dépenses déduites sont celles qui concernent les achats de biens e services transformés
pendant la production.
Ainsi par exemple la rémunération du travail n’est pas déduite du CA pour calculer la VA.
C’est d’ailleurs avec la valeur ajoutée que seront payés les salaires et les charges salariales, et
toutes les autres dépenses de fonctionnement.
Ces opérations décrivent la circulation de la valeur ajoutée créée par les producteurs et
répartis entre les différents agents qui ont contribué à l’activité productive.

La valeur ajoutée fait l’objet de partages successifs.

Il faut d’abord payer les dépenses directement liées à l’activité productive :


 les dépenses liées à l’utilisation de salariés (rémunération du travail), la rémunération
des salariés contient les salaires et les cotisations sociales qu’elles soient versées par
l’entreprise ou par le salarié (c’est le coût complet du travail, le "coût salarial").
 et les impôts liés à la production (TVA et autres impôts liés à la production) Ce qui ne va
pas aux salariés ou à l’État reste momentanément dans les comptes de l’entreprise et
constitue l’excédent brut d’exploitation (EBE).

Ce revenu d’exploitation n’est pas le bénéfice.

 d’une part il est complété par des revenus que l’entreprise perçoit en dehors de son
activité productive proprement dite : des revenus de brevets, des primes d’assurance,
des intérêts ou/et des dividendes sur des titres qu’elle possède, des loyers...).
 et d’autre part, inversement l’activité de l’entreprise a été rendue possible par les
ressources financières dont elle a disposé, les capitaux apportés par les actionnaires et
les sommes empruntées, elle doit verser des revenus aux apporteurs de capitaux sous
forme de dividendes et d’intérêts. Elle est soumise à des prélèvements liés à des
obligations légales : impôts sur le revenu et le patrimoine, cotisations d’assurance, loyer,
redevances de brevets, licences d’exploitation...).

L’excédent brut d’exploitation ainsi modifié devient le revenu disponible brut.

C’est une expression comptable de ce qu’on appelle dans le langage courant le bénéfice.
Celui-ci supporte des impôts et dans le cas d’une société peut être distribué sous forme de
dividendes.
Le bénéfice après impôts et dividendes constitue une réserve financière, une capacité
d’autofinancement.

3) L’entreprise et l’innovation

C’est l’économiste autrichien Joseph Alloïs Schumpeter qui donne ses lettres de noblesse à
l’entrepreneur.
Selon lui l’économie « au repos » est un ensemble de marchés interdépendants simultanément
en équilibre grâce au mécanisme des prix. Les agents sont spontanément rationnels et
adoptent les comportements requis par expérience, même s’ils n’en comprennent pas les
raisons exactes. L’économie ainsi décrite est nécessairement stationnaire, la dynamique, c’est
à dire la croissance ne peut venir dans ces conditions que du comportement d’agents
particuliers, les entrepreneurs qui sont à l’origine des innovations.
L’entrepreneur est celui qui introduit le changement en ne se conformant pas aux
routines, qu’il soit chef d’entreprise, manager, ou même fonctionnaire d’une économie
planifiée… Il est nécessairement un aventurier puisqu’il ne se conforme pas aux comportements
établis et agit dans l’incertain : dans son domaine, les connaissances nécessaires au calcul
économique font défaut. Ce domaine, c’est l’innovation.
Elle se présente sous plusieurs formes :
innovations de produits
innovations de procédés
innovations organisationnelles
innovations de marchés...
L’innovation est un pari offrant l’espoir d’un succès spectaculaire (le profit) mais faisant aussi
courir le risque d’un échec total (la faillite).
Ce sont ces hommes qui révolutionnent sans cesse les processus de production, créent de
nouveaux produits et menacent les situations acquises. Le capitalisme, de ce fait, crée une
dynamique qui est à l’origine de la croissance économique.
L’innovation qui consiste à passer de l’invention à la réalisation est le propre de
l’entrepreneur. Il a donc un rôle dynamique et révolutionnaire, c’est-à-dire qu’il consacre son
énergie et risque son argent pour produire et vendre autre chose ou autrement, comparé à ce
que font les entreprises en place. Ce processus, que Schumpeter appelle "la concurrence
destructrice", est générateur de gaspillage social. Il contribue en effet à déclasser des
activités, des emplois et des machines et, en outre, s’accompagne fréquemment de dépenses
inutiles : " les frais de campagne de publicité, l’étouffement des nouvelles méthodes de
production (achats de brevets pour ne pas les exploiter) et ainsi de suite " .
Pour toutes ces raisons, ni le plein-emploi ni la production maximum (à court terme) ne sont
garantis. Mais cette concurrence destructrice est aussi une « destruction créatrice qui
révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant
continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs » .
Les règles du système capitaliste vont sélectionner des individus dotés des propriétés requises :
la propriété privée, la possibilité de protéger l’innovation par des brevets ou parfois par des
pratiques monopolistiques à l’origine d’une rente de monopole, ménagent la possibilité de
succès éclatants. Ceux qui ne réussissent pas à s’adapter sont généralement éliminés, et
surtout l’incertitude du jeu tient en haleine les entrepreneurs.
Sélection et stimulation attirent des parieurs qui assureront l’innovation.
Bien sûr Schumpeter distingue à côté de ce petit nombre d’individus qui sont les "vrais
entrepreneurs" tous ceux qui constituent le plus grand nombre et dirigent des entreprises de
manière routinière. L’innovation finit toujours d’ailleurs par céder la place à la routine
routine, planifiée et organisée, prise en charge par des salariés spécialisés : les managers.

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