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Journal Européen des Urgences et de Réanimation (2017) 29, 142—155

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MISE AU POINT

Urgences en neuro-ophtalmologie夽,夽夽,夽夽夽
Neuro-ophthalmic emergencies

A. Caignard a, S. Leruez a, D. Milea a,∗,b,c

a
Service d’ophtalmologie, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France
b
Singapore National Eye Centre, Singapore Eye Research Institute, Duke-NUS, Medical School,
Singapore, Singapour
c
Glostrup, Copenhagen University Hospital, Copenhagen, Danemark

Disponible sur Internet le 24 mai 2017

MOTS CLÉS Résumé Les urgences neuro-ophtalmologiques peuvent représenter un défi diagnostique et
Diplopie ; thérapeutique, en raison du risque potentiel immédiat vital ou visuel. Les principales urgences
Anisocorie ; sont la conséquence d’une atteinte ischémique (notamment dans le cadre d’un accident vas-
Œdème papillaire ; culaire cérébral), d’une compression anévrysmale ou tumorale, ou encore d’une atteinte
Maladie de Horton ; infectieuse ou inflammatoire. Une diplopie peut révéler un anévrysme intracrânien, notam-
Neuropathie optique ment en cas d’atteinte partielle du IIIe nerf crânien, s’accompagnant d’une atteinte pupillaire.
ischémique Les troubles de la motricité conjuguée peuvent être le mode de révélation d’une lésion
antérieure aiguë inflammatoire ou ischémique, le plus souvent dans le tronc cérébral. Un œdème papillaire
bilatéral, témoignant d’une hypertension intracrânienne, peut être la manifestation d’un pro-
cessus expansif intracrânien. Une tumeur intracrânienne peut aussi se manifester par une ou
plusieurs paralysies oculomotrices, une neuropathie optique compressive ou encore des défi-
cits systématisés au champ visuel, en cas d’atteinte chiasmatique ou rétrochiasmatique. Une
neuropathie optique ischémique antérieure aiguë peut être la première manifestation d’une
maladie de Horton. La suspicion d’une origine artéritique impose un traitement parentéral
par corticostéroïdes, en urgence, pour prévenir l’atteinte controlatérale. Un syndrome de
Claude-Bernard-Horner (douloureux) fait suspecter une dissection carotidienne ; ailleurs, il
peut témoigner d’une lésion de la chaîne sympathique dans sa portion centrale ou encore

DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.jfo.2016.05.003.


夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence de cet article mais la référence de sa première parution : Journal français d’ophtalmologie
2016;39(8):716—28. http://dx.doi.org/10.1016/j.jfo.2016.05.003.
夽夽 Cet article appartient à la série « Neuro-ophtalmologie ».
夽夽夽 Retrouvez cet article, plus complet, illustré et détaillé, avec des enrichissements électroniques, dans EMC Ophtalmologie : Caignard

A, Leruez S, Milea D. Urgences en neuro-ophtalmologie. EMC Ophtalmol 2016;13(1):1—12 [Article 21-480-E-02].


∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : damilea@chu-angers.fr (D. Milea).

http://dx.doi.org/10.1016/j.jeurea.2017.04.006
2211-4238/© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Urgences en neuro-ophtalmologie 143

thoracique. À travers quelques descriptions neuro-ophtalmologiques, cette actualisation, non


exhaustive, remet en perspective la conduite clinique et les examens les plus appropriés en
situation d’urgence.
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Summary Neuro-ophthalmic emergencies can cause life-threatening or sight-threatening


Diplopia; complications. Various conditions may have acute neuro-ophthalmic manifestations, including
Anisocoria; inflammatory or ischemic processes, as well as tumoral, aneurysmal compression or metabolic
Optic disc swelling; and systemic diseases. Diplopia related to a partial third nerve palsy with pupillary involvement
Giant cell arteritis; may reveal an intracranial aneurysm. Abnormalities of conjugate gaze may reveal an inflamma-
Acute anterior tory or ischemic lesion, most often of the brainstem. An intracranial tumor may also manifest
ischemic optic itself as a single or multiple oculomotor palsy, or causing various visual field defects, due to
neuropathy optic nerve, chiasm or retrochiasmal involvement. Arteritic anterior ischemic optic neuropathy
may be the first manifestation of giant cell arteritis, prompting rapid treatment with steroids
to prevent contralateral involvement. A (painful) Horner syndrome may be the presenting sign
of carotid dissection, or it may be a sign of a central or thoracic sympathetic lesion. Beyond
these classical emergencies, this non-exhaustive review will also present more rare clinical
situations, describing novel algorithms for quick recognition and prompt intervention in acute
neuro-ophthalmology.
© 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction (test de Hess Lancaster), et la recherche de signes associés


permettent d’orienter les hypothèses topographiques.
L’apparition brutale de symptômes neuro-ophtalmologiques
impose un raisonnement clinique précis en raison de la pos- Anomalies du regard conjugué
sibilité d’une urgence vitale sous-jacente.
L‘enquête diagnostique repose donc d’abord sur les don- La découverte d’une anomalie subite du regard impose la
nées cliniques permettant de localiser l’atteinte, afin de réalisation d’une imagerie cérébrale en urgence, de pré-
guider notamment la neuro-imagerie. L’urgence de sa réa- férence une imagerie à résonance magnétique (IRM), à la
lisation sera aussi dictée par l’histoire de la maladie et le recherche d’une origine tumorale, vasculaire (accident vas-
terrain du patient (âge, antécédents). Enfin, les données de culaire cérébral [AVC], plus rarement une malformation
l’imagerie devront être en adéquation avec les hypothèses artérioveineuse), ou inflammatoire.
émises.

Paralysie de la verticalité
Anomalies de la motilité oculaire Syndrome de Parinaud (ou « Dorsal midbrain syn-
drome »)
Un trouble de la motilité oculaire provoque le plus souvent Il s’agit d’une atteinte supranucléaire caractérisée par
une diplopie binoculaire. Une première approche permet l’association d’un ou plusieurs éléments :
de différencier une atteinte infranucléaire (nerf crânien, • une paralysie de la verticalité touchant le regard vers le
jonction neuromusculaire ou muscle oculomoteur) d’une haut, vers le bas ou les deux sens. Il existe typiquement
atteinte supranucléaire, qui affecte la motricité conjuguée. une hypotropie bilatérale en position primaire ;
Le réflexe oculocéphalique explore la motricité conjuguée • une rétraction palpébrale bilatérale (signe de Collier) ;
des globes oculaires lors de la mobilisation passive de la • une limitation de la convergence pouvant aller jusqu’à
tête horizontalement ou verticalement. En cas d’atteinte une paralysie complète, et parfois associée à une paraly-
supranucléaire, cette manœuvre permet de vaincre la limi- sie de l’accommodation ;
tation oculomotrice volontaire. Les mouvements oculaires, • une dissociation de la réponse pupillaire à la lumière et en
en revanche, restent limités en cas d’atteintes nucléaires ou convergence (myosis absent lors de l’éclairement, appa-
infranucléaires (Fig. 1). Lors d’une atteinte infranucléaire, raissant en convergence) ;
il est important déterminer s’il s’agit d’une dysfonction d’un • parfois des mouvements oculaires anormaux tels que le
nerf crânien, de la jonction neuromusculaire ou du muscle nystagmus retractorius (en position primaire ou dans le
oculomoteur en lui-même. Pour cela, l’étude attentive des regard vers le haut), ou encore des spasmes en conver-
versions et ductions, avec la réalisation d’une coordimétrie gence.
144 A. Caignard et al.

Figure 1. Arbre diagnostique devant une diplopie. Adapté de Tuil et al. [25].

Il est secondaire à une atteinte des voies de la vertica- par IRM cérébrale doit rechercher une atteinte d’origine
lité, par une lésion tumorale, une hydrocéphalie, une lésion centrale, notamment au sein du tronc cérébral.
inflammatoire, dans le cadre par exemple d’une sclérose en
plaques (SEP), ou encore un AVC. Paralysie de l’horizontalité
Ophtalmoplégie nucléaire
Une atteinte du regard latéral (limitation de l’abduction
Skew deviation d’un œil — du côté de la lésion — et de l’adduction de l’autre
Elle se caractérise par une déviation verticale acquise non œil) oriente vers une atteinte du noyau du VI ou de la forma-
paralytique des axes oculaires [1], souvent responsable de tion réticulée pontique paramédiane (FRPP), dans la partie
diplopie verticale et oblique. L’atteinte est le plus sou- basse du pont. Il s’agit le plus souvent d’une atteinte isché-
vent concomitante, à l’inverse d’une paralysie du nerf mique ou inflammatoire (SEP), imposant une imagerie par
trochléaire (qui est le principal diagnostic différentiel). IRM, visualisant la fosse postérieure.
Il existe un défaut d’alignement vertical des deux globes,
le côté étant donné par convention par l’œil le plus bas. Elle Ophtalmoplégie internucléaire (OIN)
peut s’accompagner d’un torticolis et d’une cyclotorsion, Secondaire à une lésion du faisceau longitudinal médian
cette triade définissant la réaction de torsion oculaire ou (FLM), l’OIN provoque :
« ocular tilt reaction ». • une limitation de l’adduction de l’œil homolatéral à la
De façon physiologique, l’inclinaison de la tête d’un côté lésion du tronc, qui peut aller d’un simple ralentissement
provoque une cyclotorsion des deux yeux vers l’oreille la de la saccade jusqu’à la paralysie ;
plus haute, soit une incyclotorsion de l’œil le plus bas et une • un nystagmus ataxique de l’œil controlatéral en abduc-
excyclotorsion de l’œil le plus haut. Dans le cas d’une réac- tion ;
tion de torsion oculaire, lors de l’inclinaison de la tête sur • une convergence typiquement respectée.
un côté, on observe une hypertropie + une incyclotorsion de Chez le sujet jeune, elle est fréquemment secondaire à
l’œil « le plus haut », et une hypotropie + une excyclotorsion une SEP, particulièrement si l’atteinte est bilatérale. Chez
de l’œil « le plus bas ». À l’inverse, dans le cas d’une para- les patients plus âgés, il s’agit le plus souvent d’une atteinte
lysie du IV, lorsque la tête s’incline du côté de l’atteinte, ischémique [2].
il existe une hypertropie mais aussi une excyclotorsion de
l’œil « le plus bas ». Syndrome de « un et demi » de Fischer
Sa présence est toujours une urgence diagnostique, et C’est l’association d’une OIN à une paralysie de
indique une atteinte des voies vestibulaires otolithiques, l’horizontalité homolatérale, par atteinte combinée
allant du nerf vestibulaire au mésencéphale. Un examen du noyau du VI ou de la FRPP, et du FLM adjacent. Le seul
Urgences en neuro-ophtalmologie 145

mouvement encore possible dans le plan horizontal est


Tableau 1 Règle des « 5 P ». Devant une paralysie du III
l’abduction de l’œil controlatéral à la lésion ; la conver-
nerf crânien non traumatique, et de survenue brutale, la
gence est elle aussi respectée, tout comme la verticalité.
présence de l’un des « 5 P » motivera une imagerie neu-
Une paralysie du nerf facial peut s’y associer (syndrome de
rovasculaire en urgence à la recherche d’un anévrysme
« huit et demi »).
ou d’une apoplexie hypophysaire.
Un cas à part : l’encéphalopathie de Wernicke Règle des 5 « P »
Il s’agit d’une pathologie due à une carence en thiamine
(vitamine B1) qui se caractérise par une triade (classique Pupille : présence d’une mydriase
mais très souvent incomplète) : Progressive
• ophtalmoplégie, avec limitation de la verticalité et/ou de Pain : l’existence de douleurs associées
l’horizontalité. Il s’agit souvent d’un déficit bilatéral de Partiel : le caractère incomplet de l’atteinte extrinsèque
l’abduction ou d’une anomalie du regard latéral ; Pas plus de 50 ans
• syndrome cérébelleux avec ataxie ;
• syndrome confusionnel.
Elle est rencontrée habituellement lors de situations cardiovasculaires, a fortiori en cas d’atteinte pupillaire
favorisantes (alcoolisme chronique, malabsorption diges- et/ou de douleur associées (Tableau 1). En revanche, une
tive, nutrition parentérale sans adjuvants vitaminiques, mydriase strictement isolée, sans atteinte oculomotrice,
chirurgie bariatrique, vomissements prolongés, notamment est exceptionnellement un symptôme de compression ané-
d’origine gravidique, anorexie. . .). L’IRM cérébrale, qui peut vrysmale. Une paralysie partielle ou progressive, affectant
parfois être normale, retrouve typiquement des hypersi- successivement les muscles droits supérieur, inférieur et
gnaux en T2 sur les corps mamillaires et le thalamus. Le médial ainsi que du releveur de la paupière oriente vers une
dosage plasmatique de la thiamine ne doit pas retarder atteinte compressive [5].
la supplémentation urgente en cas de suspicion diagnos- La présence d’une douleur associée à la paralysie oculo-
tique (injection parentérale de vitamine B1), afin d’éviter motrice peut être liée à l’irritation d’un contingent de fibres
l’aggravation clinique (syndrome de Korsakoff) et le décès nerveuses sensitives provenant de la branche du nerf triju-
[3]. meau, qui chemine avec le III. En cas de fissuration d’un
anévrysme, les céphalées peuvent entrer dans le cadre d’un
Paralysies oculomotrices périphériques syndrome méningé, et s’associer à une photophobie et à
une raideur de nuque. Une IRM avec angiographie par réso-
Les paralysies du IIIe ou du VIe nerf crânien peuvent révéler
nance magnétique (angioRM) ou, plus facilement accessible,
de véritables urgences vitales sous-jacentes. La paralysie
un scanner avec angioscanner, possèdent une très bonne
du IVe nerf crânien est, en revanche, plus rarement une
sensibilité pour détecter les anévrysmes > 5 mm.
urgence, car peu fréquemment un symptôme isolé d’une
La microangiopathie du IIIe nerf crânien concerne plu-
compression tumorale ou vasculaire. Toute paralysie oculo-
tôt les hommes de plus de 50 ans ayant des facteurs de
motrice récente ou transitoire, unique ou multiple, chez un
risque cardiovasculaires (diabète principalement, mais aussi
patient de plus de 50 ans motivera un interrogatoire orienté
hypertension artérielle [HTA], dyslipidémie, tabac. . .). La
et un dosage de la vitesse de sédimentation (VS) et de la
paralysie survient le plus souvent de façon brutale mais des
protéine C réactive (CRP) à la recherche d’une maladie de
atteintes progressives ne sont pas exceptionnelles [6]. Elle
Horton (cf. infra).
peut s’accompagner de douleurs, et l’atteinte intrinsèque
est le plus souvent absente (80 %) ou très modérée [7]. La
Paralysie du IIIe nerf crânien paralysie régresse de façon spontanée dans les 6 mois, par-
Une paralysie complète associe, avec plusieurs degrés : fois en 2—3 mois, l’absence de récupération justifiant une
• une paralysie extrinsèque (ptosis, perte de l’élévation, de imagerie cérébrale si celle-ci n’avait pas été réalisée au
l’abaissement et de l’adduction), provoquant une dévia- départ.
tion spontanée de l’œil, le plus souvent en exotropie ; Plus rarement, une apoplexie hypophysaire peut se mani-
• une paralysie intrinsèque, se manifestant par une fester par une paralysie du III douloureuse avec atteinte
mydriase ou une diminution du réflexe photomoteur. intrinsèque ; elle sera détaillée dans les atteintes oculo-
motrices bilatérales.
La présence de signes neurologiques associés (hémi-
Enfin, chez les patients de plus de 65 ans, il faut recher-
plégie, troubles de la vigilance, ou encore un syndrome
cher une maladie de Horton lors de l’installation rapide
méningé) fait suspecter une origine parenchymateuse céré-
d’une paralysie du IIIe nerf crânien, associée souvent à des
brale ou méningée, imposant une prise en charge en
céphalées temporales. L’apparition de cette paralysie peut
milieu neurologique ou neurochirurgical pour une explora-
être précédée d’épisodes de diplopies transitoires.
tion urgente, notamment par neuro-imagerie et ponction
lombaire.
Lors d’une paralysie brutale isolée du III, les deux grandes Paralysie du VIe nerf crânien
causes évoquées sont la microangiopathie et l’anévrysme de La paralysie du nerf abducens provoque une ésotropie avec
l’artère communicante postérieure dont la rupture engage une limitation de l’abduction, et donc une diplopie horizon-
le pronostic vital [4]. tale.
Un anévrysme est plus volontiers suspecté chez Chez les enfants, les causes principales sont trauma-
les patients de 20—50 ans, sans facteurs de risques tiques et tumorales. Dans ce dernier cas, l’atteinte du VI
146 A. Caignard et al.

isolée oriente vers une lésion pontique, mais n’a pas de La fistule carotidocaverneuse (FCC)
valeur localisatrice dans le cas d’une hypertension intracrâ- Il s’agit d’une communication anormale entre la carotide
nienne (HIC), où il est habituel de constater une paralysie et le contingent veineux du sinus caverneux, qui peut être
bilatérale. directe ou indirecte.
Chez l’adulte de moins de 50 ans, les principales causes La fistule directe, à haut débit, comporte un plus haut
sont plutôt inflammatoires, traumatiques, compressives ou risque de complications. Elle résulte d’une altération de la
par HIC, ou encore idiopathiques [8]. L’imagerie cérébrale paroi de la carotide interne d’origine principalement trau-
et orbitaire en urgence (de préférence une IRM) est donc matique, mais est aussi décrite dans le cas d’anévrysme
recommandée, ainsi qu’une ponction lombaire en cas de intracaverneux ou de pathologies du tissu conjonctif (Ehlers-
normalité du premier examen. Danlos. . .). Bruyant et d’installation rapide, le syndrome
Chez un patient de plus de 50 ans, une paralysie aiguë du orbitaire sera accompagné :
VI unilatérale, isolée, et sans antécédent néoplasique mais • d’une dilatation des vaisseaux épiscléraux « en tête de
en présence de facteurs de risque vasculaires, fait suspecter méduse » ;
une microangiopathie. La nécessité de réaliser en urgence • d’une congestion périorbitaire ;
une imagerie cérébrale est alors discutable, à condition • d’une possible hypertonie oculaire ;
d’observer une surveillance rapprochée, et de recourir à • d’une ophtalmoplégie avec un ptosis ;
cet examen en cas d’aggravation, d’apparition de nouveaux • d’une baisse d’acuité visuelle par neuropathie ischémique
symptômes ou en l’absence de récupération à 2 mois. ou déficit vasculaire rétinien ;
Ailleurs, une paralysie du VI chez un patient de plus de • d’un syndrome d’effusion uvéale.
60 ans impose la réalisation d’un dosage de la CRP et de la
VS en urgence à la recherche d’une maladie de Horton. L’exophtalmie a un caractère pulsatile avec un souffle
supra-orbitaire, qu’il faut rechercher à l’aide d’un sté-
thoscope. La neuro-imagerie morphologique classique
Paralysie du IVe nerf crânien recherche des signes indirects (visualisation d’une veine
La paralysie du nerf trochléaire provoque une diplopie ophtalmique dilatée, augmentation de la taille des muscles
oblique ou verticale, avec une hypertropie homolatérale oculomoteurs par phénomène de stase). La confirmation est
majorée en adduction et lors de la manœuvre de Biel- apportée par une imagerie neurovasculaire (angioMR), sui-
schowsky, du côté atteint. vie d’une artériographie conventionnelle, qui est souvent
Les principales causes de paralysie aiguë du IV sont : l’occasion d’un premier temps thérapeutique par emboli-
• traumatique (Fig. 2), d’autant plus qu’elle est bilatérale ; sation. Cette intervention est une urgence vitale car la FCC
• ischémique, par microangiopathie ; peut être responsable d’une hémorragie massive par saigne-
• décompensation aiguë d’une paralysie congénitale non ment intracrânien ou par épistaxis.
connue : torticolis ancien retrouvé sur les photographies, La fistule indirecte, de bas débit, est une malforma-
excyclotorsion objective, grande amplitude de fusion tion artérioveineuse sous-durale. Les symptômes sont, à
verticale. . . l’inverse de la fistule de haut débit, plus discrets, avec
une hyperhémie conjonctivale, des troubles oculomoteurs
En l’absence d’argument pour l’une de ces 3 causes, modérés et une élévation de la pression intraoculaire (PIO).
une imagerie cérébrale avec injection doit être réalisée à L’abstention thérapeutique est fréquente en cas de reten-
la recherche des autres causes, bien que rarement respon- tissement modéré.
sables d’un IV isolé : tumorale, infectieuse, inflammatoire. Atteinte bilatérale de l’oculomotricité
L’apoplexie hypophysaire, par envahissement des sinus
Paralysie de plusieurs nerfs crâniens caverneux, peut être responsable d’une ophtalmoplégie uni-
ou bilatérale, avec une atteinte préférentielle du IIIe nerf
Atteinte unilatérale
crânien, suivie par le VIe , puis le IVe . D’autres signes de syn-
D’un point de vue anatomique, l’association d’une paraly-
drome chiasmatique s’associeront à l’ophtalmoplégie (cf.
sie du IIIe , IVe , et/ou du VIe nerfs crâniens homolatéraux
Atteintes chiasmatiques et rétrochiasmatiques). Il s’agit
suggère une lésion du sinus caverneux ou de la fissure orbi-
d’une urgence vitale, nécessitant une imagerie cérébrale
taire supérieure, d’autant plus s’il existe une atteinte de
en urgence pour confirmer le diagnostic.
la première division du Ve nerf crânien et/ou des dys-
Une lésion tumorale, ou encore une FCC peuvent être
fonctions oculosympathiques homolatérales (syndrome de
à l’origine d’un envahissement simultané des deux sinus
Claude-Bernard-Horner [CBH] postganglionnaire). Il peut
caverneux.
s’agir :
Le syndrome de Miller-Fisher, variant du syndrome de
• d’une thrombose du sinus caverneux ;
Guillain-Barré, survient généralement après une infection,
• d’un anévrysme intracaverneux ou d’une dissection caro-
et est caractérisé par une triade (qui peut être incomplète) :
tidienne ; • ophtalmoplégie externe, mais une atteinte pupillaire y
• d’une inflammation (granulomatose, syndrome de Tolosa-
est souvent associée ;
Hunt) ; • ataxie cérébelleuse ;
• d’un syndrome tumoral avec extension intracaverneuse.
• aréflexie.
Dans le cas d’un syndrome de l’apex, l’atteinte oculomo- Les autres nerfs crâniens peuvent aussi être atteints,
trice multiple unilatérale s’associe à une atteinte du nerf notamment le nerf facial. La ponction lombaire met en
optique homolatéral à son entrée dans l’orbite. évidence une augmentation de la protéinorachie, sans
Urgences en neuro-ophtalmologie 147

Figure 2. Paralysie IV gauche après traumatisme crânien (chute de cheval). La patiente présentait une position en torticoli douloureuse.

cellularité. De manière caractéristique, il existe des anti- beaucoup plus rarement par l’infection d’une blessure [10].
corps antigangliosides dans le sérum (anti-GQ1B, ac antiGM, L’ophtalmoplégie externe et le ptosis sont des symptômes
etc.). La récupération clinique est spontanément favorable, précoces de la maladie et vont être accompagnés d’une
mais des traitements immunosuppresseurs et/ou par plas- mydriase bilatérale quasi aréactive et d’une paralysie de
maphérèse sont parfois nécessaires. l’accommodation. Cette atteinte parasympathique, tout
comme la présence de symptômes digestifs, permet de
distinguer le botulisme d’une myasthénie généralisée, et
Pathologies de la jonction neuromusculaire
d’anticiper les complications vitales respiratoires et car-
diaques qui marquent l’évolution naturelle de la maladie.
La myasthénie oculaire
Elle se caractérise par une atteinte oculomotrice et/ou
palpébrale, uni- ou bilatérale, qui est variable dans le Pathologies musculaires
temps. Ainsi, toute diplopie accompagnée ou non de pto-
sis, non douloureuse et sans atteinte pupillaire, peut être Les causes musculaires et orbitaires de diplopie sont souvent
une première manifestation d’une myasthénie oculaire. accompagnées d’un syndrome orbitaire :
L’apparition secondaire de symptômes respiratoires peut • la douleur orbitaire ou à la mobilisation du globe ;
ensuite rapidement engager le pronostic vital, ce qui en fait • l’exophtalmie ;
une urgence diagnostique et thérapeutique. • l’œdème palpébral ;
L’atteinte ophtalmologique de la myasthénie peut • l’hyperhémie conjonctivale ;
concerner tout muscle oculomoteur, avec une prédilection • le chémosis.
pour le muscle droit médial et le releveur de la paupière
supérieure. Le déficit est typiquement plus marqué en fin
de journée ou après sollicitation musculaire, et sera amé-
Origine infectieuse : cellulite orbitaire
lioré par le repos [9], par un test au glaçon (Fig. 3) ou Pathologie volontiers pédiatrique, la symptomatologie orbi-
®
par un test à l’édrophonium (Tensilon ). Le bilan diagnos- taire est bruyante et s’accompagne d’un syndrome septique
tique comporte le dosage des anticorps anti-récepteurs à avec fièvre, douleur et adénopathies. Elle complique une
l’acétylcholine (retrouvés seulement dans 50 % des myasthé- infection des voies lacrymales (dacryoadénite, dacryocys-
nies oculaires) et la réalisation d’un électromyogramme. La tite), ORL (sinusite) ou cutanée, et est favorisée par
négativité de ces tests n’exclut pas une myasthénie, dont le l’immunodépression (diabète, corticothérapie) ou encore la
diagnostic est clinique. Le traitement, en collaboration avec prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens.
les neurologues, repose notamment sur les inhibiteurs de L’ophtalmoplégie débute plus fréquemment par une
l’acétylcholinesthérase, la corticothérapie et/ou d’autres atteinte du VIe nerf crânien, et la stase veineuse est res-
immunosuppresseurs. ponsable d’une dilatation des veines rétiniennes et d’un
œdème papillaire (OP), parfois a minima. Une baisse de
l’acuité visuelle est secondaire à une kératite neurotro-
Le botulisme phique par anesthésie cornéenne (par atteinte du V), à une
Cette toxi-infection alimentaire est responsable d’une neuropathie optique (NO) ou à une ischémie rétinienne.
paralysie généralisée des jonctions neuromusculaires, de L’une de ses complications à redouter est la thrombose
progression symétrique et descendante. Elle est secondaire du sinus caverneux. La symptomatologie associe un syn-
à une endotoxine sécrétée par Clostridium botulinium, drome orbitaire à des signes plus généraux (céphalées,
retrouvée dans des boîtes de conserves artisanales, nausées/vomissements, pouvant aller jusqu’au syndrome
148 A. Caignard et al.

Figure 3. Test au glaçon positif chez un patient suspect de myasthénie oculaire ; a : présentation initiale : ptosis droit. Noter l’exotropie
gauche liée à une limitation de l’adduction notamment ; b : nette amélioration du ptosis après l’application pendant 2 min d’un glaçon sur
la paupière supérieure droite.

méningé), inhabituels dans le cadre d’une cellulite isolée en urgence repose alors sur les bolus de corticoïdes par
[11]. voie intraveineuse, une radiothérapie externe, voire une
Le diagnostic est confirmé par la réalisation d’un scan- chirurgie de décompression orbitaire.
ner ou d’une IRM encéphalique et orbitaire avec injection
et séquences vasculaires permettant de visualiser les foyers Inflammation orbitaire spécifique/non spécifique
infectieux potentiels et l’éventuelle thrombose associée. Une inflammation orbitaire peut provoquer une atteinte
Le traitement, en urgence, repose sur l’association d’un oculomotrice par le syndrome orbitaire restrictif ou par le
traitement antibiotique ciblé avec parfois un débridement déficit musculaire. Outre une exophtalmie uni- ou bilaté-
chirurgical des tissus nécrotiques, et sur un traitement anti- rale progressive, non réductible, l’inflammation peut être
coagulant à dose efficace en cas de thrombose. localisée à un ou plusieurs muscles oculomoteurs (myosite),
Une forme particulière de cellulite orbitaire est la mucor- responsable d’une limitation oculomotrice douloureuse.
mycose. Il s’agit d’une redoutable infection fongique qui L’exploration étiologique repose sur un bilan biologique
survient plus volontiers chez les patients immunodéprimés. inflammatoire et la réalisation d’une imagerie orbitaire avec
Il s’agit d’une symptomatologie bruyante, associant un syn- injection de produit de contraste. En cas d’inflammation de
drome orbitaire aigu et parfois une fièvre. Il est crucial structures accessibles, ou en cas de suspicion de patholo-
de rechercher une escarre nasale ou palatine. Elle peut se gie infiltrative type lymphome ou métastase, il est légitime
compliquer rapidement tant sur le plan oculaire (névrite d’avoir recours à une biopsie diagnostique, avant d’instaurer
rétrobulbaire, rétinochoroïdite) que général (méningite, un éventuel traitement d’épreuve par corticothérapie orale.
abcès cérébral, atteintes multiviscérales). Il s’agit d’une En cas de risque chirurgical plus important, on pourra sur-
urgence diagnostique et thérapeutique, compte tenu de seoir à la biopsie de première intention, qui sera rediscutée
la mortalité élevée (1 cas sur 2) dès la première semaine si la corticothérapie est inefficace, ou en cas de rechute.
d’infection [12]. Une biopsie tissulaire doit s’accompagner Si le diagnostic est dans la majeure partie des cas une
d’une analyse et d’une coloration fongique adéquates, inflammation orbitaire non spécifique (IONS), celui-ci reste
demandées par le clinicien. Le traitement antifongique, par- un diagnostic d’élimination. Dans 10 % des cas, il s’agit
fois associé à un traitement chirurgical, doit être instauré d’une maladie de système : maladie de Wegener, sarcoïdose,
en urgence. périartérite noueuse. . .

Origine inflammatoire Origine tumorale


L’orbitopathie dysthyroïdienne Une limitation des muscles oculomoteurs est possible par
L’ophtalmopathie dysthyroïdienne survient principalement l’infiltration de l’orbite par une masse tumorale, d’origine
en cas d’hyperthyroïdie (maladie de Basedow), avec une primitive (lymphome, rhabdomyosarcome chez l’enfant)
phase inflammatoire qui dure 2 ans en moyenne. Elle est ou métastatique, parfois par l’extension d’une lésion voi-
responsable d’un syndrome orbitaire bilatéral, avec une sine (sinus paranasaux). Un syndrome orbitaire accompagne
inflammation oculomotrice affectant préférentiellement les généralement la limitation oculomotrice. Le diagnostic
droits inférieurs et les droits médiaux, et d’une rétraction repose sur une imagerie orbitaire, parfois complétée par une
palpébrale, responsable d’une asynergie oculopalpébrale. biopsie.
Le caractère restrictif de la limitation est confirmé par
le test de duction forcée et par l’élévation de la PIO
dans les regards opposés au champ d’action du muscle Anomalies pupillaires
atteint. L’imagerie orbitaire met en évidence l’exophtalmie
et l’augmentation de volume des muscles oculomoteurs, qui La constatation d’une anomalie pupillaire impose une
épargne typiquement les tendons musculaires. démarche diagnostique rigoureuse. Devant une anisocorie,
De même, une exacerbation inflammatoire majeure peut il est toujours nécessaire d’étudier son degré en fonc-
se produire après thyroïdectomie ou un traitement à l’iode tion de l’éclairement. Si la différence est plus marquée à
radioactif, provoquant alors une exophtalmie œdémateuse l’éclairement que dans la semi-obscurité, la pupille patho-
maligne associant une exophtalmie majeure irréduc- logique est la pupille la plus large, et il s’agit donc d’une
tible avec ophtalmoplégie, des complications cornéennes mydriase anormale. À l’inverse, on parlera de myosis si
(ulcères, abcès) et une NO. Outre le traitement étiolo- l’anisocorie est moins marquée en pleine lumière que dans
gique de l’hyperthyroïdie, le traitement symptomatique la semi-obscurité (Fig. 4). L’anisocorie physiologique, qui
Urgences en neuro-ophtalmologie 149

Figure 4. Arbre diagnostique devant une anomalie pupillaire.

concerne 20 % de la population, sera elle d’amplitude égale diluée à 0,125 % provoque un myosis seulement du côté
quel que soit l’éclairement. atteint, n’affectant pas la pupille saine (Fig. 5). Avec le
temps, la taille de la pupille peut se modifier et pas-
ser à l’inverse en myosis, devenant une pupille d’Adie
Mydriase « vieillie ».
Une dilatation pharmacologique de la pupille peut être
En dehors de la paralysie du IIIe nerf crânien, et des consécutive à une instillation volontaire ou occulte d’une
atteintes intraoculaires (glaucome aigu, séquelles post- substance parasympatholytique ou sympathomimétique.
traumatiques. . .), les autres causes représentent rarement Une paralysie par atteinte pharmacologique atropinique ne
une urgence diagnostique. L’engagement temporal pro- réagit pas après instillation de pilocarpine 2 %.
voquant une mydriase peut menacer très rapidement le
pronostic vital, mais il survient toujours dans un contexte
neurologique marqué. Une mydriase isolée est exception- Myosis
nellement le tout premier signe d’une paralysie du III,
particulièrement en cas de compression anévrysmale. Néan- Syndrome de Claude-Bernard-Horner (CBH)
moins, même dans ce cas, un examen attentif aura pour but Il s’agit d’une parésie oculosympathique, responsable classi-
de détecter les prémices d’une atteinte extrinsèque : pto- quement d’un ptosis et d’un myosis. L’atteinte sympathique
sis débutant, parésie minime du droit médial ou du droit provoque un ptosis (par atteinte du muscle de Müller de la
supérieur. paupière supérieure) et une ascension de la paupière infé-
Les causes les plus fréquentes de mydriase unilatérale rieure, l’ensemble donnant l’impression d’une énophtalmie
isolée sont la pupille d’Adie et la mydriase d’origine phar- ipsilatérale. Une hyperhémie conjonctivale y est fréquem-
macologique. ment associée. Le diagnostic est confirmé par une anisocorie
La pupille d’Adie affecte principalement les femmes > 1 mm 45 minutes après l’instillation de cocaïne 4 % dans
d’âge moyen (70 %), de façon volontiers unilatérale. À la chaque œil. Toute lésion du nerf sympathique sur son trajet
phase initiale, la pupille pathologique est dilatée et peu pouvant provoquer un CBH homolatéral, il est utile d’essayer
réactive à la lumière. La présence de contractions vermi- de localiser l’atteinte afin d’orienter la recherche radiolo-
formes de l’iris est alors très évocatrice de la pupille d’Adie. gique (Fig. 6).
Avec le temps, la pupille aura une meilleure contraction Une dissection carotidienne peut se manifester par un
lors de l’accommodation/convergence prolongée (« pupille CBH, souvent douloureux, retrouvé dans environ deux-
tonique »). De même, après arrêt de la convergence, la tiers des cas [13]. Des épisodes d’amaurose transitoire,
redilatation pupillaire est « lente ». Lors d’une atteinte de secondaires à l’hypoperfusion de l’artère ophtalmique, sont
type Adie, on peut mettre en évidence une hypersensibi- retrouvés dans 30 % des cas [13], et plus rarement on peut
lité de dénervation : l’instillation bilatérale de pilocarpine observer des occlusions de branche ou d’artère centrale de
150 A. Caignard et al.

Figure 5. Pupille d’Addie droite. À droite, aspect après instillation de pilocarpine 0,125 % dans les 2 yeux : notez la quasi-inversion de
l’anisocorie.

la rétine. La dissection carotidienne, en l’absence de trai- permis par la réalisation d’un angioscanner, d’une angioRM
tement, peut se compliquer d’AVC ischémique, qui survient ou plus rarement par un échodoppler des troncs supra-
généralement moins d’un mois après l’apparition des symp- aortiques, qui est un examen très opérateur-dépendant.
tômes décrits précédemment [14]. En cas de suspicion de Ces examens montrent un hématome intramural avec une
dissection carotidienne, il est important de positionner à diminution du calibre artériel. Le traitement repose sur une
la phase aiguë le patient en décubitus dorsal strict afin de anticoagulation efficace, afin de prévenir les complications
favoriser la perfusion encéphalique. Le diagnostic positif est thromboemboliques.

Figure 6. Tests pharmacologiques devant un syndrome de Claude-Bernard-Horner.


Urgences en neuro-ophtalmologie 151

Les pathologies des voies visuelles parfois survenir dans le cadre d’une inflammation sys-
témique (sarcoïdose, lupus) ou d’une infection (syphilis,
Une NO se caractérise par une baisse d’acuité visuelle, lyme). Il est donc nécessaire de réaliser un bilan biologique
un trouble du champ visuel (CV), une dyschromatopsie, un devant une névrite atypique ou l’absence de récupération
déficit du réflexe pupillaire afférent en cas d’atteinte uni- visuelle. L’interrogatoire recherchera, par ailleurs, des
latérale ou asymétrique, tandis que l’aspect de la papille épisodes neurologiques déficitaires antérieurs.
varie selon le siège de l’atteinte. Si l’atteinte est antérieure, L’IRM cérébrale est indispensable dans le bilan d’un
il existe un OP, alors que si l’atteinte est située derrière premier épisode de névrite optique, dans un but essentiel-
la lame criblée, la papille est par définition normale (NO lement pronostique. L’existence d’une SEP est recherchée
rétrobulbaire). Après 6—8 semaines d’évolution, la papille par une IRM cérébrale et médullaire, qui peut montrer
deviendra pâle, voire atrophique. des lésions de la substance blanche. Leur absence sur ces
Au plan sémiologique, lors d’une NO, on peut retrouver 2 examens prédit un risque d’évolution à 15 ans vers une
des photopsies brèves, plutôt déclenchées par les mouve- SEP de 25 % [16].
ments oculaires. La douleur à la mobilisation du globe est Le traitement d’une névrite optique dépend de sa cause.
un symptôme fréquent d’une NO inflammatoire, ou névrite En cas d’inflammation isolée ou associée à une SEP, le
optique. traitement repose sur une corticothérapie par voie géné-
rale intraveineuse. L’étude ONTT a démontré l’utilité des
corticostéroïdes pour accélérer l’amélioration visuelle et
Troubles visuels transitoires
pour soulager les douleurs à la mobilisation. Le traitement
La notion de survenue d’un ou de plusieurs épisodes brefs de requiert une administration par voie intraveineuse (schéma
baisse visuelle transitoire doit avoir a priori la même valeur classique de bolus de 1 g de solumédrol par jour pendant
d’alerte que celle d’un accident ischémique transitoire. 3 jours), suivie ou non par la prise d’une corticothérapie par
Toute amaurose transitoire unilatérale est une urgence voie orale pendant 2 semaines. À l’inverse, le traitement
imposant la recherche d’une maladie de Horton (si terrain corticostéroïde par voie orale seule est contre-indiqué, car
en faveur), ainsi que des sources d’embolies, notamment associé à un risque accru de survenue d’un nouvel épisode
carotidienne, plus rarement cardiaque. La visualisation de démyélinisation [15].
d’emboles rétiniens rend le caractère d’urgence de ces
explorations certain. Les autres diagnostics urgents à évo-
quer sont résumés dans ce schéma (Fig. 7). Périnévrite optique (PNO)
L’importance de sa distinction avec la névrite optique est
Atteintes préchiasmatiques double : typiquement, il n’y a pas de risque évolutif vers une
SEP, et le traitement par cortisone influence sa récupération
Névrite optique et son évolution.
Elle touche plus volontiers les adultes, typiquement entre La PNO concerne une population plus âgée, avec une
20 et 45 ans, et plus souvent les femmes (77 %). Elle est prédominance féminine. La présentation clinique est sou-
responsable d’une baisse visuelle rapide plus ou moins pro- vent similaire à la névrite optique, avec une baisse d’acuité
fonde avec douleurs à la mobilisation du globe dans 92 % visuelle douloureuse plus progressive, souvent associée à un
des cas [15]. Les examens retrouvent un scotome souvent OP. Le CV retrouve un déficit paracentral avec une relative
central au CV ou une atteinte diffuse, plus rarement un épargne centrale. L’IRM met en évidence un réhaussement
déficit de localisation autre, associé à une dyschromatopsie des gaines du nerf optique ainsi que du tissu périoptique,
rouge vert. Au fond d’œil, la tête du nerf optique peut être en « rail de train » visible en coupe axiale ou en « donut »
normale (névrite optique rétrobulbaire [NORB]) ou œdéma- en coupe coronale. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une
teuse (papillite). En cas d’atteinte plus ancienne, une pâleur forme d’inflammation orbitaire idiopathique, qui reste un
papillaire est manifeste. diagnostic d’exclusion. Il est important de rechercher une
Les causes de névrites optiques sont principalement infection (tuberculose, etc.) ou encore une maladie systé-
la SEP et l’inflammation idiopathique, mais elles peuvent mique inflammatoire (granulomatose de Wegener).

Monoculaire
= cécité monoculaire transitoire
Binoculaire
- Neuropathie optique
° Compression du NO - Atteinte occipitale
° Malformation artério-veineuse
- Vasculaire
Trouble visuel transitoire ou tumeur
° Ischémie oculaire ° Insuffisance vertébro-basilaire
° Embol ° Crise convulsive occipitale
° Dissection carotidienne
° Vascularite (Horton ++) - Hypertension intra crânienne
° Vasospasme
° Trouble de la coagulation

Figure 7. Étiologie des troubles visuels transitoires.


152 A. Caignard et al.

La PNO répond bien au traitement par corticostéroïdes destiné à limiter la dégradation visuelle et surtout à préve-
qui peut être administré par voie orale. Il doit parfois être nir l’atteinte controlatérale. À ce titre, la mise en place du
poursuivi pendant plusieurs mois [17]. traitement parentéral est une urgence d’autant que la bila-
téralisation survient en moins d’1 semaine [19] en l’absence
Neuropathie optique ischémique antérieure d’un traitement approprié.
Dès la suspicion du diagnostic, il est usuel d’administrer
aiguë (NOIAA)
une forte dose de corticoïdes (500 mg à 1 g/jour pendant
La NOIAA est le résultat d’une ischémie de la tête du nerf 3—5 j), généralement par voie intraveineuse. Les bolus sont
optique secondaire à une hypoperfusion au sein des artères relayés par un traitement per os à 1 mg/kg jusqu’à nor-
ciliaires courtes postérieures. Elle se définit par une baisse malisation de la VS, soit en moyenne 4 à 6 semaines. Ce
d’acuité visuelle unilatérale brutale, accompagnée d’un OP résultat obtenu, le traitement par corticoïdes est diminué
sectoriel ou diffus, d’hémorragies en flammèche et péripa- progressivement et maintenu pour 1 à 2 ans au minimum.
pillaires. Le déficit du CV est classiquement altitudinal ou
arciforme, mais peut être central. On différencie les NOIAA NOIAA non artéritique
non artéritiques des NOIAA artéritiques, moins fréquentes Plus commune que la NOIAA artéritique, elle concerne des
(10 % des NOIAA), secondaires à la maladie de Horton. patients un peu plus jeunes (âge moyen 60 ans). Le dia-
gnostic de NOIAA est purement clinique, et le principal défi
NOIAA artéritique = maladie de Horton est d’éliminer une origine artéritique (Tableau 2). La plainte
Il s’agit d’une vascularite systémique touchant les artères visuelle, indolore, est souvent constatée au réveil. L’examen
de moyen et gros calibres, plus particulièrement les artères retrouve une baisse d’acuité visuelle moins sévère que dans
temporales et du reste du crâne. Pouvant s’associer à une la NOIAA artéritique, avec une amputation altitudinale uni-
pseudopolyarthrite rhumatoïde, elle touche préférentielle- latérale du CV. Le fond d’œil montre une papille plutôt
ment les femmes (2/3), avec un âge médian de 75 ans. colorée, avec un OP sectoriel ou diffus, des hémorragies
Les épisodes de cécité monoculaire transitoire (CMT), ou péripapillaires fréquentes, et une papille pleine controlaté-
amauroses fugaces, y sont fréquentes (30 %) [18]. Lors d’une rale. La prise en charge d’une NOIAA non artéritique repose
maladie de Horton, elle présage de la survenue rapide (8 j) tout d’abord sur la lutte contre les facteurs favorisants. Il
d’une NOIAA dans environ 50 % des cas [19]. n’existe pas à l’heure actuelle de consensus pour un traite-
La NOIAA artéritique se manifeste par une baisse visuelle ment dans la NOIAA non artéritique. Les différentes options
brutale, profonde, liée à un OP ischémique, très pâle au fond sont l’aspirine (qui pourrait prévenir une bilatéralisation
de l’œil (contrairement à la NOIAA non artéritique) et possi- de l’atteinte), la corticothérapie orale, la corticothérapie
blement accompagné de nodules cotonneux. L’angiographie intravitréenne ou les anti-VEGF. Il n’existe à l’heure actuelle
à la fluorescéine retrouve un retard au remplissage choroï- aucune étude de classe I prouvant l’efficacité d’un de ces
dien. L’atteinte peut être bilatérale dans 30 % des cas au traitements.
moment du diagnostic, et dans ce cas est évocatrice du dia-
gnostic [20]. L’atrophie optique, irréversible, s’installe en
Neuropathies optiques toxiques
4—6 semaines.
La très grande majorité des NO toxiques résulte d’une intoxi-
Autres atteintes ischémiques du nerf optique dans cation prolongée, avec une détérioration visuelle lente, et
la Maladie de Horton représentent donc rarement une urgence diagnostique, en
Si la NOIAA est la plus fréquente des atteintes ophtal- dehors de l’intoxication par méthanol. Présent dans l’antigel
mologiques de la maladie (97 %) [19], l’atteinte du nerf ou l’alcool frelaté, l’ingestion de méthanol peut être létale
optique peut être très postérieure et le fond d’œil peut même à faible dose. Douze à 24 h après l’absorption appa-
alors apparaître normal. Il s’agit alors d’une neuropathie raissent des troubles neurologiques (céphalées, hémorragies
optique ischémique postérieure (NOIP), beaucoup plus rare cérébrales) et digestifs (nausées, douleurs abdominales)
que la NOIAA, dont les principales causes sont la maladie de qui vont accompagner l’atteinte ophtalmologique. Il s’agit
Horton et l’hypotension artérielle sévère prolongée, souvent d’une NO bilatérale symétrique avec une baisse d’acuité
associée à une anémie. visuelle profonde et un OP (Fig. 8). Le diagnostic, évoqué par
le contexte (troubles digestifs, neurologiques, confusion) et
Diagnostic suspecté devant une acidose métabolique, est confirmé par
Le diagnostic est fortement suspecté par l’association de le dosage positif de la méthanolémie. Le traitement, qui
signes cliniques systémiques typiques avec un syndrome est une urgence vitale, repose notamment sur les moyens
®
inflammatoire. L’élévation de la CRP serait plus sensible que de soutien des fonctions vitales, et sur le Fomépizole , qui
celle de la VS, et l’association des deux constitue le meilleur limite la dégradation hépatique du méthanol. Malgré cela, le
algorithme diagnostique biologique, en première intention. pronostic est redoutable avec une évolution vers l’atrophie
La maladie de Horton est confirmée par une biopsie optique [21].
d’artère temporale retrouvant une artérite gigantocellu-
laire segmentaire et focale, avec destruction de la limitante
Hypertension intracrânienne
interne. Ces signes peuvent être retrouvés jusque 4 à
6 semaines après l’instauration d’une corticothérapie. L’OP est la manifestation non spécifique d’une souffrance
de la tête du nerf optique ou de sa portion intraorbi-
Évolution et traitements taire. L’élévation de la pression intracrânienne peut être
La baisse visuelle secondaire à la maladie de Horton est dans responsable d’un OP, pratiquement toujours bilatéral bien
la grande majorité des cas irréversible. Le traitement est que parfois asymétrique. L’OP nécessite au moins 24 h pour
Urgences en neuro-ophtalmologie 153

Tableau 2 Distinction entre NOIAA artéritique et NOIAA non artéritique. Adapté de Tuil et al. [25].
NOIAA Non artéritique Artéritique
Âge Après 50 ans 70 ans
Symptômes associés 0 Céphalées
AEG
CMT
Claudication mâchoire
Baisse acuité visuelle Modérée Profonde < 1/10
Œdème papillaire Segmentaire, hyperhémique Pâle
Fond d’œil Normal sinon Nodules cotonneux
Papille controlatérale Pleine, non excavée Normale
Angiographie fluo Retard remplissage papille Retard remplissage choroïdien + papille
Bilatéralisation Possible Rapide (jours), très fréquente en l’absence de traitement
CRP/VS Normale Élevée

Figure 8. Neuropathie optique toxique au méthanol : le fond d’œil retrouve des hémorragies en flammèche péripapillaires. Il existe un
épaississement de fibres péripapillaires en OCT.

apparaître, et son importance est généralement corrélée • hydrocéphalie ;


à celle de l’HIC. Un fond d’œil normal ne signe donc pas • fistule durale ;
l’absence d’une HIC hyperaiguë ou de faible importance. • méningite, hémorragie sous arachnoïdienne ;
Dans le cas d’une HIC, l’OP est rarement isolé, et l’on • iatrogène : vitamine A, isotrétinoïne, cyclines, oestropro-
retrouve à l’interrogatoire et à l’examen d’autres symp- gestatifs, amiodarone. . .
tômes évocateurs :
• des céphalées ; HIC idiopathique
• une diplopie par paralysie du VIe nerf crânien uni- ou bila- L’HIC idiopathique, qui touche principalement les femmes
téral ; jeunes (98 %) obèses, est évoquée devant un OP de stase
• des acouphènes ; bilatéral avec imagerie cérébrale normale, imposant une
• des éclipses visuelles. ponction lombaire avec manométrie du liquide céphalo-
rachidien (LCR) [22]. L’acuité visuelle est le plus souvent
Au fond d’œil, les caractéristiques de l’OP de stase sont conservée ou peu diminuée (32 %), le fond d’œil montre un
des bords flous qui masquent en partie les vaisseaux réti- OP avec disparition du pouls veineux spontané, et les déficits
niens, une disparition du pouls veineux, une hyperhémie du CV, qui précèdent la baisse visuelle, peuvent être arci-
papillaire, des télangiectasies pré- et péripapillaires et des formes, nasaux ou centraux [22]. Le diagnostic est confirmé
hémorragies en flammèche. par la mesure de la pression d’ouverture du LCR en décu-
Une fois l’HIC suspectée, une IRM, une angioMR ou un bitus latéral, qui sera supérieure à 25 cm H2 O, avec une
angioscanner est indispensable afin de rechercher une cause composition du LCR normale.
d’HIC secondaire, et avant la réalisation d’une ponction lom- L’HIC idiopathique peut menacer la fonction visuelle.
baire. Les principales causes d’HIC secondaires sont : Ainsi, une baisse d’acuité visuelle profonde (HIC fulmi-
• thrombose veineuse cérébrale ; nante) peut nécessiter un traitement urgent, qui repose
• tumeur cérébrale ; sur des ponctions lombaires soustractives, une dérivation
154 A. Caignard et al.

ventriculopéritonéale ou lombopéritonéale du LCR, ou Références


encore une fenestration des gaines du nerf optique.
Cependant, la fonction visuelle étant rarement altérée, [1] Brodsky MC, Donahue SP, Vaphiades M, Brandt T. Skew deviation
le traitement repose sur des moyens médicaux (acétazo- revisited. Surv Ophthalmol 2006;51:105—28.
[2] Keane JR. Internuclear ophthalmoplegia: unusual causes in 114
lamide, topiramate ou encore furosémide), sans négliger
of 410 patients. Arch Neurol 2005;62:714—7.
l’importance de la perte de poids [23].
[3] Galvin R, Bråthen G, Ivashynka A, Hillbom M, Tanasescu
R, Leone MA. EFNS. EFNS guidelines for diagnosis, therapy
Atteintes chiasmatiques et rétrochiasmatiques and prevention of Wernicke encephalopathy. Eur J Neurol
2010;17:1408—18.
Une lésion parachiasmatique (adénome, méningiome, crâ- [4] Jacobson DM. Relative pupil-sparing third nerve palsy: etio-
niopharygiome chez l’enfant, etc.) peut être responsable logy and clinical variables predictive of a mass. Neurology
d’une compression chiasmatique. Le CV retrouve alors un 2001;56:797—8.
déficit bitemporal respectant le méridien vertical, pouvant [5] Lee AG, Hayman LA, Brazis PW. The evaluation of isolated
se limiter à la région centrale en cas de compression posté- third nerve palsy revisited: an update on the evolving role
rieure. La NO compressive secondaire est responsable d’une of magnetic resonance, computed tomography, and catheter
papille pâle avec une perte de fibres temporale et nasale, angiography. Surv Ophthalmol 2002;47:137—57.
[6] Jacobson DM, McCanna TD, Layde PM. Risk factors for ischemic
et d’une possible excavation.
ocular motor nerve palsies. Arch Ophthalmol 1994;112:961—6.
L’apoplexie hypophysaire, causée par l’hémorragie d’un
[7] Demierre B, Safran AB. Paralysis of the IIIrd cranial nerve.
adénome pré-existant au sein de la glande hypophysaire, Pain and its value in the differential diagnosis. J Fr Ophtalmol
provoque des céphalées avec un syndrome méningé. Elle est 1981;4:133—41.
responsable d’un syndrome chiasmatique brutal qui associe : [8] Peters GB 3rd, Bakri SJ, Krohel GB. Cause and prognosis of non-
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• envahissement des sinus caverneux avec ophtalmoplégie 2002;109:1925—8.
uni- ou bilatérale ; [9] Barton JJ, Fouladvand M. Ocular aspects of myasthenia gravis.
• insuffisance hypophysaire aiguë. Semin Neurol 2000;20:7—20.
[10] Caya JG. Clostridium botulinium and the ophthalmologist: a
Le pronostic vital peut être engagé en raison de review of botulism, including biological warfare ramifications
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l’hémorragie intrahypophysaire sur le diencéphale ; une IRM [11] Thatai D, Chandy L, Dhar KL. Septic cavernous sinus throm-
cérébrale, plus sensible que le scanner pour cette patholo- bophlebitis: a review of 35 cases. J Indian Med Assoc
gie, est à réaliser en urgence pour confirmer la suspicion 1992;90:290—2.
diagnostique. [12] Spellberg B, Edwards J, Ibrahim A. Novel perspectives on
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[13] Guillon B, Biousse V, Massiou H, Bousser MG. Orbital pain as an
respectant le méridien vertical. Il peut s’agir le plus souvent
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d’un AVC, mais aussi de lésions tumorales, inflammatoires pitfall. Cephalalgia 1998;18:222—4.
ou traumatiques. En cas d’atteinte du territoire artériel [14] Biousse V, D’Anglejan-Chatillon J, Touboul PJ, Amarenco
carotidien, d’autres déficits neurologiques sont associés à P, Bousser MG. Time course of symptoms in extracranial
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congruente isolée évoque plutôt une lésion occipitale, 1995;26:235—9.
territoire vascularisé par l’artère cérébrale postérieure. La [15] Optic Neuritis Study Group. The clinical profile of optic neu-
cécité corticale résulte d’une destruction des deux lobes ritis. Experience of the Optic Neuritis Treatment Trial. Arch
occipitaux. Elle peut être précédée d’épisodes de cécité Ophthalmol 1991;109:1673—8.
[16] Optic Neuritis Study Group. Multiple sclerosis risk after optic
binoculaire transitoire, de quelques minutes, responsables
neuritis; final follow-up report from the optic neuritis treat-
de flou visuel bilatéral avec scintillements. La persistance
ment trial. Ophthalmology 2008;115:1079—82.
d’un réflexe pupillaire normal à la lumière permet de [17] Purvin V, Kawasaki A, Jacobson DM. Optic perineuri-
distinguer la cécité corticale d’une atteinte chiasmatique tis: clinical and radiographic features. Arch Ophthalmol
sévère bilatérale. 2001;119:1299—306.
[18] Rahman W, Rahman FZ. Giant cell (temporal) arteritis: an over-
view and update. Surv Ophthalmol 2005;50:415—28.
Conclusion [19] Kawasaki A, Purvin V. Giant cell arteritis: an updated review.
Acta Ophthalmol 2009;87:13—32.
Souvent associées à d’autres symptômes généraux ou neuro- [20] Hayreh SS, Podhajsky PA, Zimmerman B. Ocular manifestations
logiques, les atteintes neuro-ophtalmologiques sont parfois of giant cell arteritis. Am J Ophthalmol 1998;125:509—20.
isolées ; la caractérisation des signes retrouvés permet de [21] Brahmi N, Blel Y, Abidi N, Kouraichi N, Thabet H, Hedhili A,
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Toxicol (Phila) 2007;45:717—20.
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[22] Wall M, Kupersmith MJ, Kieburtz KD, Corbett JJ, Feldon SE,
plan radiologique [24]. Friedman DI, et al., NORDIC Idiopathic Intracranial Hyperten-
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Déclaration de liens d’intérêts 2014;71:693—701.
[23] NORDIC Idiopathic Intracranial Hypertension Study Group Wri-
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. ting CommitteeWall M, McDermott MP, Kieburtz KD, Corbett JJ,
Urgences en neuro-ophtalmologie 155

Feldon SE, Friedman DI, et al. Effect of acetazolamide on visual Pour en savoir plus
function in patients with idiopathic intracranial hypertension
and mild visual loss: the idiopathic intracranial hypertension Retrouvez cet article, plus complet, illustré et détaillé, avec des
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