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Mathématiques pour l’ingénieur Fayçal MTAR

Séries de Fourier
Jean-Baptiste Joseph Fourier 1768-1830

Objectif :
Ce chapitre a pour objectif d’étudier les séries de Fourier (présentation fréquentiel d’un signal
temporel) utiles dans des nombreux domaines tels que : la physique, le traitement de signal,
traitement d’images,… En effet de nombreux signaux périodiques peuvent être décomposés en
sommes de signaux simples trigonométriques (monochromatiques) connus, ce qui facilite leurs
analyse (principe de superposition).

1. Fonctions périodiques :

1.1. Définition :
Une fonction est dite -péroidique ( > 0) ssi ∀ ∈ ℝ, ( + ) = ( ).
Notons que , n’est pas nécessairement la plus petite période.

Exemples :
1. Les fonctions constantes sont -péroidiques pour tout ℝ.

2. Les fonctions cos( ) sin ( ) sont –périodiques pour tout ≠ 0.

1.2. Proposition :
Soient , deux fonctions -péroidiques, ∝∈ ℝ et ℎ: ℝ → ℝ quelconque.

1. ∝ + est -péroidique.
2. est -péroidique.
3. Si ∀ ∈ [0, ], ( ) ≠ 0 alors est -péroidique.
4. ℎ est -péroidique.
5. Si est dérivable, ′ est -périodique.
6. Pour tout ∈ ℝ, ∫ ( ) =∫ ( ) .
7. Les primitives de sont -péroidiques, ssi ∫ ( ) =0.
Remarque :
Une fonction définie sur ℝ, périodique de période est complètement déterminée par ses valeurs
sur un intervalle de longueur , de la forme [ , + [. Le graphe de f s’obtient en reproduisant ( par
translation) le graphe de la fonction motif. La fonction motif est la fonction, notée , définie par :

( ) [ , + ]
( )=
0

Exemples sur les fonctions périodiques :

Exemple 1:
A- On considère la fonction définie sur ℝ par :

( ) = sin( ) ∈ [0, ]

− é

1. Tracer la courbe de .
2. Etudier graphiquement la continuité et la dérivabilité de au point =2 .

B- On considère la fonction définie sur [0, +∞[ par :

( )= ∈ [0, 1]

1− é

1. Tracer la courbe de .
2. Etudier graphiquement la continuité et la dérivabilité de au point = 2.

C- On considère la fonction définie sur ℝ par :

( ) = sin( ) ∈ [0, ]
( )=0 ∈ [ ,2 ]
2 − é

Tracer la courbe de et étudier sa parité.

Exemple 2:
Soit : ℝ ⎯⎯⎯⎯ ℝ, définie par : ∀ ∈ ℝ, ( ) = 1 + | (2 )|.

1) Montrer que est –périodique.


2) Donner la table de variation de sur une période, et dessiner son graphe sur
l’intervalle[− , ].
3) Etudier la parité de .

2
Exemple 3:
Pour les fonctions suivantes définies continues et dérivables sur [ , ],

tracer les graphes des trois prolongements périodiques possibles. Préciser celui qui présente le plus
de régularité (continuité et dérivabilité sur ℝ).

sur [ , ] on a :

Indication : A chaque fonction on peut associer 3 prolongements :

 On prolonge , par périodicité, on considère que est − é .


 On prolonge à – , , par imparité , et on considère que est 2 − é .
 On prolonge à – , , par parité, et on considère que est 2 − é .
1) ( )=
2) ( )= ( − )
3) ( )= −
4) ( )= − ( − )+1

3. Séries de Fourier :

3.1. Définition :
On appelle série de Fourier, à coefficients réels, toute série ∑ ( ) dont le terme général s’écrit :

( )= cos( )+ sin ( ). sont des réels, appelés coefficients réels de Fourier.

Le terme général ( ) (pour ≥ 1) est périodique de période = . Lorsque la série converge,


la fonction somme est donc périodique, de période = .

Les conditions suffisantes de l’existence de la série de Fourier (conditions de Dirichlet) :

1. ( ) possède un nombre fini de discontinuités sur une période.


2. ( ) possède un nombre fini de maximas et de minimas sur une période.
3. ( ) est une fonction bornée.

Exemple de fonction qui ne possède pas de série de Fourier ;

( ) = tan ( )

Convergence :

Si les séries numériques ∑ et ∑ sont absolument convergentes, alors la série de Fourier


∑ cos( ) + sin ( ) est absolument convergente sur ℝ.

3
3.2. Calcul des coefficients :
Soit la série de Fourier:

cos( )+ sin ( )

Supposée convergente, de somme ( ) périodique, de période = .

On a donc :

( )= + cos( )+ sin ( )

En admettant que la série est intégrable terme à terme sur tout intervalle de la forme (justifier) :

[∝, ∝ + [ ( ℝ), en tenant compte des égalités suivantes (pour , ∈ ℕ, ≥ 1 ),

A retenir (Exercice traité en TD):

(E1): ∫ ( ) =

(E2) :∫ ( ) =

(E3): ∫ ( ) ( ) =


(E4): ∫ ( ) ( ) =
=


(E5): ∫ ( ) ( ) =
=

On obtient les formules suivantes :


= ∫∝ f(t)dt


= ∫∝ f(t) cos( ) dt


= ∫∝ f(t) sin( ) dt

Exemple 4 :
Soit une fonction- périodique vérifiant ( ) = sur [0, [.
1) Dessiner le graphe de sur l’intervalle [−3 , 3 [.

2) Donner la série de Fourier ( )( ) à coefficients réels associée à .

4
3.3. Cas d’une fonction paire :
Si la fonction est une fonction paire alors les coefficients de Fourier se calculent d’après les
formules suivantes :

= ∫ f(t)dt

= ∫ f(t) cos( ) dt

=0

Une fonction paire est développable en série de cosinus.

(N.B. Pour voir la parité de , on peut faire la représentation graphique)

Exemple5 (signal triangulaire)


Soit une fonction- 2 périodique vérifiant ( ) = | | sur [− , [.
1) Dessiner le graphe de sur l’intervalle[−3 , 3 [.

2) Donner la série de Fourier ( )( ) à coefficients réels associée à .

3.4. Cas d’une fonction impaire :


Si la fonction est une fonction impaire alors les coefficients de Fourier se calculent d’après les
formules suivantes :

=0

=0

= ∫ f(t) sin( ) dt

Une fonction impaire est développable en série de sinus.

(N.B. Pour voir la parité de , on peut faire la représentation graphique)

Exemple 6 (signal carré) :


[0, [
Soit une fonction- 2 périodique vérifiant ( ) =
− [− , 0[
1) Dessiner le graphe de sur l’intervalle[−3 , 3 [.

2) Donner la série de Fourier ( )( ) à coefficients réels associée à .

5
3.5. Fonctions de classe C1 par morceaux sur ℝ :

Définition 1: Fonction continue par morceaux :


Une fonction ∶ [ , ] → ℝ , est dite continue par morceau sur [ , ] est continue sur

[ , ] sauf éventuellement en un nombre fini de points qui admettent des limites à gauche

et à droite. En particulier, ( +) ( −) existent.

Définition 2: Fonction lisse par morceaux ( ou de classe C1 par morceaux):


Une fonction ∶ [ ; ] → ℝ est dite lisse par morceaux sur [ , ] sont continues par
morceaux sur [ , ]. En particulier, ′( +) ′( −) existent.

Une fonction ∶ ℝ → ℝ est continue (respectivement lisse) par morceau sur ℝ si elle est continue
(respectivement lisse) par morceaux sur tout intervalle borné [ , ] ⊂ ℝ.

Exemple 7 :
Soit la fonction définie par :

( )= ∈ [0,1[

( )= −2 ∈ [1,3]

Montrer que est de classe C1 par moreaux sur l’ intervalle [0,3].

Définition 3 (cas des fonctions périodiques)


On dit que la fonction -périodique est de classe C1 par moreaux sur ℝ si elle est de classe C1 par
moreaux sur un intervalle de la forme [ , + ], ∝∈ ℝ.

Théorème de Dirichlet (convergence ponctuelle):


Si est une fonction -périodique, de classe C1 par moreaux sur ℝ, alors la série de Fourier associée
à est convergente en tout point de ℝ et on a :

1
[ ( )+ ( )] = + cos( )+ sin ( )
2

En particulier, en tout point , où est continue on a :

( )= + cos( )+ sin ( )

Exemple :
Revenir aux 3 exemples précédents, montrer que est de classe par morceaux, et donner la
limite de ( )( ) pour ∈ ℝ.

6
Remarque (Approximation) :

Une fonction qui vérifie les hypothèses du théorème de Dirichlet est approximée par une somme
finie de signaux monochromatiques : en fixant , en tout point , où est continue on a :

( )≅ + cos( )+ sin ( )

En reprenant l’exemple de signal carré (en prenant, = 2 ) on obtient les approximations montrées
par la figure ci-dessous :

figure 1 : Convergence de l’approximation d’un signal carré par les premiers


harmoniques, ( ( ))se rapproche de quand augmente.

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Exemple 8 : (signal triangulaire)
Soit une fonction 2 −péroidique, définie par : ( ) = | | [− , ].

Vérifier que la dérivée du signal triangulaire est un signal carré (rectangulaire) (voir exemple)

En déduire le développement en série de Fourier de la fonction .

4. Interprétation physique et vocabulaires spécifiques :


Soit est une fonction -périodique, de classe C1 par moreaux sur ℝ, (sur une période) alors la série
de Fourier se décompose en la somme :

 D’un terme constant égale à la valeur moyenne de sur une période,


 D’une infinité de termes sinusoïdaux de périodes , ,⋯ .

Le terme de période est appelé le fondamental.

Le terme de période est appelé l’harmonique de rang .

Remarquons que :

( )= cos( )+ sin ( )= cos ( − ),

8
= cos( )
avec = + et
= s in( )

où : = est la pulsation, est l’amplitude, est la phase de l’harmonique de rang , =


fréquence du signal (le nombre de cycle par unité).

On appelle spectre d’amplitude de , le diagramme en bâtons obtenu en représentant en


fonction de = = .

= +

2 3

Spectre d’amplitude

On appelle spectre de phase de , le diagramme en bâtons obtenu en représentant en fonction


de = .

Un signal est complètement déterminé par ses spectres d’amplitude et de phase.

Exemple 9 :
On considère la fonction 2-périodique, définie sur [0,2[ par :

( )=1 [0, 1[
( )=0 [1, 2[

1. Donner le développement en série de Fourier ( ( )), associé à la fonction .


2. Etudier la convergence de ( ) et déterminer sa limite.
3. Dessiner le spectre d’amplitude de .

5. Séries de Fourier complexes :


Le terme général de la série de Fourier ( )= cos( )+ sin ( ) peut s’écrire en utilisant
les formules d’Euler :

( )= +

= −

= +

9
Cette écriture conduit à introduire le coefficient de Fourier complexe :
∝ ∝
= = ∫∝ f(t) cos( ) dt − ∫∝ f(t) sin( ) dt

C'est-à-dire :


1
= f(t) dt


Et = ∫∝ f(t)dt =

∝ ∝
En remarquant que = ∫∝ f(t) dt = ∫∝ f(t) dt =

on obtient donc :

( )
( )( ) = + ( + )

Que l’on résume en :

( )( ) =

Exemple 10 :
On considère la fonction , définie sur ℝ par :

( )= [0, 1[
1− é

1. Tracer la courbe de .
2. Calculer les coefficients de Fourier complexes, associés à .
3. Donner le développement en série de Fourier à coefficients réels de [0,1[

6. Propriétés des coefficients de la série de Fourier:


Soient deux fonctions − é , dont les coefficients de Fourier complexes, sont
respectivement ( ) et ( ). On a alors :

P1) Linéarité :
( + ) = ( )+ ( )

P2) Dérivation d’une série de Fourier :


Soit une fonction dérivable, développable en série de Fourier. Si sa fonction dérivée est
développable en série de Fourier, on obtient :

10
( ) = ( )

( ) = ( )

( )=− ( )

P3) Intégration d’une série de Fourier :


Soit une fonction développable en série de Fourier. Une condition nécessaire pour que (la
primitive de ) soit développable en série de Fourier est que :

= ∫∝ f(t)dt = 0 (C’est-à-dire la valeur moyenne sur un période est nulle)

Dans ce ca on a :

1
( ) = ( )

1
⎧ ( ) = − ( )

⎨ 1
⎪ ( )= ( )

P4) Translation d’une série de Fourier :

( − ) = ( ( ))

7. Identité de Parseval :
Soit une fonction -périodique de classe C1 par moreaux sur ℝ. Si représent un signal en

fonction du temps, alors ∫∝ f (t)dt , notée aussi ( ), est puissance du signal sur une période.
En notant le nième harmonique, dans la décomposition en série de Fourier, par ( ).

( ) - la puissance du nième harmonique est définie par :

1
( )= ( cos( )+ sin ( ))

En développant et en tenant comte des égalités (E1), …, (E5), on obtient :

( ) +( )
( )=
2

( ) +( )
( )= +
2

Or =

( ) ( )
Donc | | = =| | et | | = | |

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Sachant que la puissance (totale) d’un signal -périodique ( de classe C1 par moreaux sur ℝ)est
la somme :

 du carré de sa valeur moyenne ( )


( ) ( )
 des puissances de ses harmoniques ( ∑ )

Cela peut être résumé par la formule de Parseval :

∝ ( ) +( )
1
(t)dt = + = | |
∝ 2

Si est une fonction paire alors est paire donc :

∝ ( )
1
(t)dt = +
∝ 2

Si est une fonction impaire alors est paire donc :

∝ ( )
1
(t)dt =
∝ 2

8. Annexe :

Formulaire :
cos( ) = sin( ) =

cos( ) = (−1) = cos( + ) = (−1) cos( )

sin( )=0 s in( + ) = (−1) s in( )

(−1) =2 (−1) = 2 +1
cos = sin =
0 =2 +1 0 =2

Le signal :

Le bruit :

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Le système :

Applications:

A1. Télécommunications :
Faire passer le maximum d’information par un canal.
La fonction de télécommunications est de faire transiter des informations d’un point à un autre. Ces
informations peuvent être des conversations téléphoniques, des signaux de télévision, des données
d’informatiques, et d’autres types de données. Pour acheminer ces informations, il est nécessaire de
disposer d’un canal entre les deux points. Ceci peut être une paire de fils conducteurs, un signal
hertzien, une fibre optique etc.., et l’électronique associée.
Les compagnies de télécommunication sont payées à la quantité d’information transférée et doivent
en revanche payer la location ou la maintenance des canaux. La conséquence financière de cette
équation est simple : faire passer un maximum d’information dans un minimum de temps et de
canaux.

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Ce support est en cours de rédaction et de modification, je vous remercie pour bien vouloir
m’envoyer vos corrections, remarques, critiques, …

A2. Traitement d'images:

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A3. Transformée de Fourier discrète:

https://www.youtube.com/watch?v=Y9pYHDSxc7g

https://www.youtube.com/watch?v=LznjC4Lo7lE

http://www.canal-
u.tv/video/cerimes/la_transformation_de_fourier_et_ses_applications_en_physique.9297

http://www.precisionstrobe.com/

http://www.wikipedia.org/wiki/Musicaltuning

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