Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
La maladie due au coronavirus (COVID-19) a commencé au début du mois de
décembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine centrale, avant de se propager à
travers le monde. La propagation rapide de cette maladie, devenue une pandémie, a
provoqué une panique dans le monde, en particulier chez les professionnels hôteliers.
En effet, l’une des principales mesures pour limiter les nouvelles contaminations
consiste à la mise en quarantaine des zones infectées et à la limitation des
déplacements. En conséquence, plusieurs voyages envisagés dans des zones
touristiques sont annulés. A cet effet, l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT) a
revu ses prévisions d’arrivées de touristes internationaux en 2020 et s’attend
désormais à une évolution négative de -1 % à -3 %, devant se traduire par une perte
qui serait comprise entre 30 et 50 milliards de dollars US au niveau des recettes du
tourisme international. Avant la propagation du COVID-19, l’OMT tablait, pour l’année
2020, sur une croissance positive comprise entre 3 % et 4 %.
Un premier bilan issu des estimations de l’OMT montre que l’Asie-Pacifique serait la
région la plus touchée, avec une baisse attendue des arrivées de 9 % à 12 %.
Au plan national, une analyse des caractéristiques des entrées des touristes sera
effectuée dans les lignes qui suivent afin de faire ressortir un potentiel impact de la
pandémie COVID-19 sur l’activité touristique. Les résultats du compte satellite du
tourisme et les données du Bulletin des statistiques du Ministère du tourisme, publié
en décembre 2019, seront mis à profit.
I. Caractéristiques des entrées globales des touristes
Les entrées globales aux postes frontaliers (Terre – Air – Mer) ont été estimées à fin
décembre 2018 à 1 698 7901 visiteurs dont 1 693 126 touristes. Comparativement à
l’année précédente, une progression de 11,1% a été notée respectivement pour les
visiteurs et les touristes. Cette performance est essentiellement imputable à la forte
augmentation des arrivées en provenance d’Europe. Sur le continent européen, la
France reste le principal marché émetteur (74,8%), suivie par l’Italie et l’Espagne. Le
marché français a enregistré une hausse de 14,4% en 2018, après 15,0% en 2017.
Les entrées des non-résidents sont également marquées par une forte saisonnalité.
Les mois de décembre et février constituent les plus grandes affluences de touristes
en termes de fréquentation. En revanche, les mois de juillet et septembre enregistrent
les plus faibles nombres d’arrivées de touristes récepteurs.
1
Source bulletin des statistiques du MTTA, décembre 2019
Tableau 1 : nuitée des touristes selon la nationalité
2016 2017 2018
Nationalité
(jour) (jour) (jour)
Français 2,16 2,06 1,96
Espagnols 2,04 2,3 2,59
Italiens 1,95 2,13 2,33
Chinois 1,81 1,65 1,5
Source : Bulletin des statistiques du MTTA
Au titre du montant des dépenses effectuées par jour et par touriste, l’enquête réalisée
en 2014 par l’ANSD, en collaboration avec le MTTA, dans le cadre de l’élaboration du
compte satellite du tourisme a permis d’estimer le montant de la dépense moyenne
journalière selon la nationalité du touriste. En effet, de manière empirique le
comportement des touristes est stable sur le court et le moyen terme. Le niveau des
dépenses moyennes par touriste, estimé en 2014, sera alors utilisé. Le tableau suivant
fournit les dépenses journalières selon la nationalité.
France 45 108
Belgique 56 720
Italie 44 005
Espagne 44 190
Autres Pays Européens 50 826
Etats-Unis 61 927
Autres Pays Américains 62 022
Pays Asiatiques 69 499
Source : ANSD, rapport CST
Les données sur les entrées, la durée de séjour et la dépense moyenne journalière
vont permettre d’apprécier l’effet de la propagation de la maladie sur le secteur du
tourisme.
H2 : la pandémie est maitrisée avant la fin du 3ème trimestre et durant cette période
la répercussion sur les entrées de touristes se présente comme suit :
Le scénario optimiste est que la pandémie ne dure que trois mois. Dans ce cas, le
tableau suivant montre les conséquences sur l’économie sénégalaise.
Une maitrise de la pandémie avant la fin des trois prochains mois aura un impact
négatif matérialisé par une diminution de 147,9 milliards du chiffre d’affaires de l’offre
de services liés au tourisme. Les secteurs de la restauration et de l’hébergement
seront les principaux touchés avec des pertes respectives de 56,2 et 51,1 milliards
FCFA.
Le scénario pessimiste porte sur la propagation de la pandémie sur les 6 prochains
mois. Les effets de cette situation sont consignés dans le tableau ci-après.
Une propagation de la pandémie sur les 6 prochains mois pourrait entrainer une baisse
239,6 milliards du chiffre d’affaires des entreprises offrant les services consommés par
les touristes. C’est une perte d’environ 60% de la production de l’industrie touristique
qui est attendue. Un des secteurs les plus fragiles à surveiller est le transport aérien,
avec la compagnie nationale de transport qui est une entreprise naissante.
Conclusion
Cette note a cherché à évaluer l’impact direct d’une baisse des entrées touristiques
provenant des principaux pays touchés par la pandémie du Coronavirus sur l’offre de
services touristiques au Sénégal. Bien évidemment, l’ampleur de cet impact dépendra
de la durée de la pandémie et des mesures de restrictions des déplacements y
afférents. Aussi, la réduction du chiffre d’affaires des entreprises offrant des
produits destinés aux touristes pourrait-elle se situer entre 148 et 240 milliards
selon que la pandémie dure trois (3) mois au six (6) mois.
L’ampleur des pertes devraient être plus importante si on tenait compte, d’une part, du
développement de l’offre de service de transport aérien avec la mise en place de la
compagnie nationale « Air Sénégal » intervenue après la collecte des données de
référence pour les comptes satellites du tourisme et, d’autre part des effets induits par
la baisse des activités touristiques sur les autres secteurs de l’économie.