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E-COMMERCE
Vers
l’omni-canal
Du e-commerce au multicanal et demain jusqu’à l’omni-canal ? Les
distributeurs marchent sur les plates-bandes des pure players qui
eux-mêmes partent à la découverte des points de distribution
physiques… Pourquoi et comment ?
©M ETIS CONSULTING
mode de livraison choisi (à domicile, en
point relais, en magasin, etc.). L’en-
seigne doit être capable de traiter ces
différentes combinatoires et interactions,
à la fois en termes de flux physiques et
M
ulticanal, cross-canal, de flux d’information, et ce de manière
omni-canal, on l’aura complètement fluide, ‘sans coutures’ ».
compris, l’heure est à
la multiplication des Des pure players en quête de Philippe
canaux de distribution points de distribution physiques Bourriot,
et à leur interaction. « Aujourd’hui dans Depuis plusieurs années déjà, les distri- Directeur du
Développe-
le monde, les grands retailers intègrent buteurs traditionnels (avec historique- ment
complètement le canal e-commerce dans ment un réseau de magasins) se sont de Viapos
leur stratégie et comme un mode de lancés sur le web, notamment pour faire
vente complémentaire des magasins. Le connaître la marque dans des zones où
terme e-commerce est de moins en celle-ci n’était pas physiquement pré-
moins utilisé. Dans le monde anglo- sente, pour augmenter leur assortiment ©VIAPOST
Du multicanal à l’omni-canal…
Néanmoins, la route est encore longue
avant d’atteindre ce que l’on pourrait
qualifier de distribution omni-canal ou
de « continuité de l’expérience client ».
« La plupart des distributeurs sont
Mikaël encore dans une logique multicanal qui
Pichavant,
Partner est en fait une logique en silos dans
chez Vinci laquelle le canal Internet est séparé du
©VINCI CONSULTING OPERATIONS
©FEVAD
fonctionnant l’un à côté de l’autre à
deux canaux complètement intégrés. Associé chez Diagma. Il est conseillé en
Certains distributeurs l’ont déjà bien général de mettre en place un stock
compris et s’illustrent en la matière, ce commun plutôt que de le dupliquer.
qui est le cas de Darty, Sephora, la C’est par exemple ce que prévoit de faire
Fnac, Boulanger, Kiabi, etc. « Le textile Toys R Us avec son site de Saint-Far-
a le vent en poupe depuis longtemps geau-Ponthierry (77). Mais, en pratique,
sur Internet. Ce secteur est donc plus beaucoup de distributeurs maintiennent
François avancé sur les questions de distribution deux stocks distincts, comme c’est le
Papini,
Directeur cross-canal. Le High Tech également », cas de Castorama. « Certains ont même
Général déclare Jean-Pierre Gautier, Directeur un prestataire logistique pour le BtoB et
de C-Log des Métiers chez Acsep. « Tous les un autre pour les activités BtoC. On
secteurs sont maintenant concernés. minimise ainsi la possibilité d’augmen-
Lorsque le panier moyen est à marge ter son chiffre d’affaires et cela est
élevée comme pour le High Tech, il est contraire à l’omni-canal. Les entrepôts
©C-LOG
entreprises ont intérêt à avoir un stock aussi se trouver sur des sites différents
commun et un picking mutualisé. Entre avec un système de navettes quoti-
200.000 et 1.000.000 de commandes, diennes ou multi-quotidiennes depuis le
les réserves peuvent rester communes stock mutualisé. « Avec certains de nos
mais les pickings séparés de façon à clients, l’entrepôt principal prépare les
mettre en place des processus de prépa- commandes e-commerce comme une
ration plus optimisés partout. Au-delà commande magasin, puis tout le porte-
d’1.000.000 de commandes, on a même feuille de commandes de la journée est
intérêt à dédier une partie des réserves », envoyé sur un autre entrepôt, dans le
détaille François Rochet, Directeur même périmètre géographique, dédié à
Gautier,
Directeur
la préparation BtoC où nous utilisons ce type de préparation. François Papini des Métiers
notre trieur automatisé pour reconsti- prône quant à lui la différenciation chez Acsep
tuer les commandes. Cela permet de retardée : « Lorsqu’on travaille sur le
limiter le stock mais requiert un délai même stock (BtoB et BtoC), nous mas-
d’une journée supplémentaire. Nous sifions la préparation de commandes.
le faisons notamment pour plusieurs Les deux activités bénéficient ainsi du ©ACSEP
nécessite pour l’entrepôt d’adapter son zon, dont la logistique est même un
organisation et d’être encore plus flexi- avantage concurrentiel, de Vente-Privée
ble qu’auparavant », développe Jean- et de Cdiscount pour l’essentiel de leurs
Pierre Gautier. flux. S’agissant des pure players de taille
plus modeste, dont la logistique n’est
Des mouvements de balancier pas le cœur de métier, l’externalisation
avec les prestataires est le cas le plus courant. Le transport
« Le premier mouvement des distribu- est souvent un critère clef dans cette
Olivier teurs traditionnels a consisté à exter- décision. « Les transporteurs proposent
Dubouis,
Directeur naliser la logistique BtoC. Lorsque les des tarifs très variables et liés à la quan-
Associé volumes gagnent en importance, la tité transportée. Par ailleurs, la part du
chez Diagma question de la ré-internalisation se pose, transport dans le coût total de la logis-
notamment pour optimiser la gestion tique du e-commerce est conséquente.
des stocks », constate Olivier Dubouis, Mutualiser les volumes, comme le font
Directeur Associé chez Diagma. C’est les prestataires, offre une meilleure
©DIAGMA
pour cela que les réflexions actuelles capacité de négociation », justifie Fran-
sont nombreuses sur la question. « Cer- çois Papini.
tains de nos clients s’interrogent actuel-
Une mise à niveau nécessaire
Le commerce physique à l’ère du digital des WMS
Du côté des systèmes d’information,
Le livre blanc de Mappy (septembre 2013), écrit en partenariat avec Novedia et la distribution omni-canal soulève de
BVA, « Web-to-store : enjeux & opportunités pour le commerce physique à l’ère nombreuses interrogations. « S’agissant
du digital » identifie quatre grands comportements d’achat : de la préparation BtoC, les WMS n’ont
■ Le « ROPO » (Research Online, Purchase Offline) : le consommateur pas tous le même degré de maturité.
s’informe en ligne avant de venir concrétiser son achat en magasin. La Néanmoins, les principaux éditeurs
démarche Web-to-Store permet aux commerçants traditionnels de répondre commencent à intégrer ces réflexions.
au comportement ROPO Cela est fondamental car on traite en
■ Le « Showrooming » : le consommateur explore les magasins, sollicite les général une quantité importante de
vendeurs et achète une fois chez lui, sur Internet ou depuis son smartphone commandes en BtoC. Il y a donc une
■ Le « Full Store » : l’intégralité de l’achat est effectuée en magasin de la phase valeur ajoutée très forte dans l’optimi-
de renseignement à la conclusion sation du regroupement de ces com-
■ Le « Full Digital » : l’intégralité de l’achat est effectuée sur Internet, de la phase mandes », explique Olivier Dubouis.
de renseignement à la conclusion Regrouper les commandes (celles avec
Les réseaux d’enseignes ont été les premiers à se positionner sur Internet, à la un emballage spécifique, celles nécessi-
fois pour bénéficier d’une vitrine mondiale, mais surtout pour aborder la vente tant un calage supplémentaire, etc.)
en ligne comme un canal de vente complémentaire. Ils ont aussi pris conscience pour maintenir de bons niveaux de pro-
que leur valeur ajoutée face aux pure-players du web résidait dans leur implan- ductivité et de rentabilité, telle est donc
tation physique et dans l’expérience client en magasin. Dispositifs in-store, écrans la mission confiée aux WMS ! Pour ce
ou bornes interactives, QR codes, stations de paiement prolongent la cohérence faire, les éditeurs les mettent actuelle-
de l’offre online et offline, proposent une continuité de service au consommateur ment à niveau en intégrant des modules
et gomment la rupture entre les univers physique et virtuel. ■ d’ordonnancement plus élaborés, des
modules de qualification des com-
Mais il peut y avoir des écarts entre quée au consommateur (voir encadré
l’information dans le SI et la réalité « Les Français réclament plus de service
opérationnelle dans le magasin (vols, et plus d’information ! » page 32). « Il y
articles non passés en caisse mais entre a encore beaucoup de progrès à réaliser
les mains d’un client, etc.). Cela peut sur ce point. Le client doit être le plus
être gênant dans le cas où la profon- intégré possible dans le suivi de sa com-
deur de stock en magasin est faible. Un mande. Les distributeurs prennent
de nos clients a d’ailleurs défini comme conscience de l’importance de cette
règle qu’à moins de trois articles indi- question depuis quelques mois et
qués comme disponibles dans le SI, la œuvrent à la faire progresser », com-
référence en question n’est plus dispo- mente François Rochet.
nible pour la vente e-commerce », com-
plète Olivier Dubouis. La réservation en Le Click and Collect
magasins (pendant une heure en géné- a le vent en poupe !
ral) se développe effectivement pour les Certains distributeurs étudient la per-
distributeurs dont les stocks sont inté- tinence de la préparation de com-
grés. Kiabi a par exemple lancé très mandes e-commerce en magasin. « Il
récemment une offre d’e-réservation. Le s’agit d’une solution encore peu déve-
temps réel est également fondamental loppée. Néanmoins, l’un de nos clients
©ARVATO
Entrepôt Arvato
pour fiabiliser l’information communi- a lancé une solution de livraison en
deux heures, à l’occasion de la Saint-
Valentin, permettant aux internautes
de passer leur commande en ligne puis
d’être livrés par un coursier depuis la
boutique la plus proche où la prépa-
ration de la commande a été réalisée.
La boutique est donc utilisée comme
un point logistique », confie Benoît
Boulet. Au-delà de ces services spéci-
fiques, la préparation de commandes
BtoC en magasins se développe outre-
Atlantique chez certaines enseignes
dans le cadre de leur stratégie omni-
canal. Mais gare aux perturbations en
magasin que cela peut générer… Sans
compter le surcoût occasionné. La
livraison des commandes BtoC en
magasin (Click and Collect) quant à
elle explose véritablement. Une belle
illustration de stratégie omni-canal.
La commande retrait magasin repré-
©FEVAD
©BAZARCHIC
canal. La vente en ligne répond à un besoin des Bazarchic, de combien de maga-
consommateurs. Cependant, nous constatons sins disposez-vous ?
qu’une partie d’entre eux a besoin de voir et de P. C. : Le groupe NGR dispose de trois magasins
toucher le produit. Ils expriment en effet de plus depuis presque 10 ans. Nos ventes en ligne peu-
en plus le souhait de découvrir le produit en vent se prolonger au sein de ces boutiques NGR.
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événementielle. ■
Entrepôt Bazarchic
PROPOS RECUEILLIS PAR BRUNO SIGUICHE
sible ce nouveau flux avec avant 14 h est expédiée le jour même dans le cas
l’organisation logistique, d’une livraison express. L’objectif est de réduire
le stock, la préparation de encore ce délai et d’accélérer la livraison. Par ail-
commandes et les trans- leurs, nous travaillons énormément sur l’amélio-
porteurs des autres flux ration de la qualité du service et de l’information
existants pour que le communiquée au client tout le long du traitement
coût soit moindre et pour de la commande. ■
favoriser la fluidité des PROPOS RECUEILLIS PAR BRUNO SIGUICHE
opérations. Une com-
mande passée sur la borne
est traitée de façon iden-