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Quant aux simples clercs et aux moines, un grand nombre
d'entre eux étaient eunuques. Sous Justin 11 (565-578), l'eunu
que Narsès, cubiculaire et protospathaire, fit bâtir le monastère
des Katharoi (Theoph. 376). Ce monastère était spécialement
réservé aux eunuques (Note à Theoph. 461. Cf. L. Marin, Les
moines à Constantinople, 27). Le même Narsès créa de nom
breuses fondations pieuses, hospices, asiles, etc., vraisembleble-
ment aussi réservées aux eunuques (Patria II 249 ; Codin 104).
11 semble, en effet, qu'il y avait à Byzance des monastères spé
ciaux pour les eunuques. Léon VI (886-912) fit bâtir, dans le
quartier de Topoi, le couvent de Saint-Lazare réservé aux
eunuques (Leo Gramm. 274).
Les eunuques disgraciés étaient souvent tonsurés clercs ou
tondus moines. Tel Antiochos, préposite-patrice et précepteur
de Théodose Π (408-450), que le basileus irrité obligea à entrer
dans les ordres (Cedr. I 600). Tel aussi Samonas, l'eunuque
favori de Léon VI, que celui-ci fit tondre moine et enfermer
dans le couvent de Martinakios (Theoph. Cont. 316). Cédrène
rapporte aussi (II, 339) l'histoire d'un certain clerc eunuque,
nommé Jean, que Constantin VII Porphyrogénète, à la suite de
quelque méfait, avait obligé à revêtir l'habit monastique. Pro
tégé par Romain il (959-963), Jean quitta sa robe de moine
pour reprendre le costume ecclésiastique et il entra au, service
du basileus, 'malgré les protestations du patriarche Polyéucte.
Après la mort de TComain II, Jean se hâta d'endosser de nou
veau la robe de moine.
Les eunuques, grâce à la bienveillance de l'empereur, en pre
naient assez à l'aise avec l'Eglise. L'eunuque Nicéphore, ancien
prêtre, avait déposé l'habit ecclésiastique pour rentrer dans
le siècle. Ce fait n'empêcha pas Constantin IX Monomaque,
qui l'avait eu jadis à son service, de lui confier le commandement
d'une armée et de lui conférer la haute dignité de recteur. Nicé-
plioro n'avait, d'ailleurs, aucune capacité militaire, mais le
basileus pouvait compter sur sa fidélité (Cedr. II 593).
Les monastères les plus illustres de Byzance étaient ouverts
aux eunuques. L'eunuque Nicéphore, homonyme de l'eunuque
Nicéphore cité plus haut, ancien protovestiaire de Constant
in VU! (1025-1028) et titré proèdre, prit sous le règne de Mi
chel IV le Piiphlagonien (1034-1041) l'habit monastique et se
retira dans le célèbre monastère de Stoudios (Cedr. IL 514. 480).
LÉS EUNUQUES DANS L'EMPIRE BYZANTIN 205
aussi les plus hautes magistratures. Son palais, l'un des plus
magnifiques de Byzanee, s 'élevait sur la Mésè, non loin du Pré
toire (Patria II, 170 ; Codin. 37). Il succéda comme patrice et
préposite à Antioehos et à Efoitrope dans la faveur de Théodose
II (Cedr. il 587).
De l 'eunuque Kalopodios, nous ne savons rien de précis (Cedr.
11. id). Par contre, nous connaissons mieux l'eunuque Khrysap
hios.De son vrai nom Taïouma (Theoph. 151) ou Tumna (Cedr.
T, 601) ou Tzoumas (Patria II, 182 ; Codin. 47) ou encore Ztom-
mas (Malal. 363), Khrysaphios exerça une influence considérab
le sur Théodose II, à la fin du règne de cet empereur. D'après
Malalas, Théodose II aimait Khrysaphios à cause de sa beauté
(Malal. id et 368). D'après Malalas, il était cubiculaire, d'après
la Chronique Pascale, spathaire (p. 390) et d'après les Patria
(II, 182 ; Codin 47), parakimomène. Tout puissant au Palais
(Theoph. 150; Prisons 227), Khrysaphios était partisan d'Eu-
tychès et ennemi juré du patriarche Flavien. Khrysaphios mit
tout en œuvre pour faire déposer celui-ci et ses agissements
troublèrent gravement l'Eglise byzantine. Pulchérie, sœur de
Théodose II, dirigeait alors l'empire au nom de son frère. Khrys
aphios panant à jeter la discorde entre elle et l'impératrice
Eudocie. Pulchérie dut finalement quitter la cour et Eudocie
prit en main le gouvernement. Elle obtint un préposite pour
l'assister dans la direction des affaires- publiques. Khrysaphios
devint alors tout puissant au Palais (Theoph. 151-154). Il pours
uivit plus âprement que jamais sa lutte contre le patriarche
Flavien, en faveur d'Êutychès. Mais Théodose II se décida à
sévir. Khrysaphios fut exilé. Toutefois, d'après Zonaras (III,
108), il serait parvenu à faire nommer patriarche Anatole à la
place de Flavien, en 449. Du temps de sa toute puissance, Khrys
aphios avait tenté de faire assassiner Attila (Priscus 147-150).
Le complot fut découvert et Attila exigea la tête de Khrysap
hios.Mais Théodose II éluda la demande et Khrysaphios apai
sa la colère d'Attila en lui envoyant des présents (Priscus 212
sq).
Devenue impératrice par son mariage avec Marcien, Pul
chérie avait été appelée au moment de Pexil de Khrysaphios
en même temps que l'impératrice Eudocie quittait la cour, com
promise dans une intrigue amoureuse (Theoph. 154-158). Pul
chérie se vengea de Khrysaphios en le livrant à son ennemi
218 ÉTUDES BYZANTINES
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mortel, Jordanès, qui le fit mettre à mort (Theoph. 160; Chr.
Pasc. 390 ; Malal. 368 ; Zonar. III 107-109, Cedr. I, 601-1603).
Toutefois, d'après Malalas, la cause de la mort de Khrysaphios
serait toute différente. Khrysaphios aurait été le chef de la
faction des Verts, que Théodose II avait protégée (Malal. 351).
La condamnation à mort de Khrysaphios eut vraisemblablement
une raison politique. Appuyé sur les Verts, Khrysaphios sus
cita peut-être des troubles et l'on sait que Marcien était parti
sandes Bleus (Malal. 368). Celui-ci fit probablement mettre
à mort l'eunuque trop intrigant.
Les basileis trouvaient chez les eunuques des gens prêts à
exécuter tous leurs ordres, quels qu'ils fussent. A la demande
d 'Ariadne, Zenon donna l'ordre au cubiculaire Urbikios de
faire assassiner Ulus. L'attentat fut manqué d'ailleurs (Theo
ph. 197) et Illus put quitter la capitale. Urbikios était encore
en exercice à la mort de Zenon (Cedr. I, 92, 421). Ce fut grâce
à lui qu'Anastase parvint au trône (Leo Gramm. 118).
Sous Anastase, l'eunuque Kalopodios montra que les eunu
ques ne reculaient devant aucune mission, même la plus sacri
lège. Kalopodios, en effet, déroba les actes du concile de Chal-
cédoine dans l'église de Sainte-Sophie pour les livrer au basi-
leus (Theoph. 239).
Le préposite Amantios (Theoph. 253), qui avait peut-être
succédé au préposite Antiochos, en exercice, vers 500, à la mort
d'Anastase (C, J. V, 62, 25 de excusât.; XII, 16, 5, de silent.),
s'était cru assez puissant pour pousser au trône l'une de ses
créatures, le comte Théocrite. Il avait même acheté à prix d'or
le concours de Justin. Mais le peuple et l'armée repoussèrent
le candidat de l'eunuque et proclamèrent basileus Justin I.
Le nouveau basileus s'empressa de faire mettre à mort Amant
ios et son complice, le cubiculaire André, ainsi que le préten
dantThéocrite (Theoph. 255; Chr. Pasc 610-612).
Sous Justinien I, l'un des auteurs de la sédition Nika fut le
cubiculaire et spathaire Kalopodios (Theoph. 279 ; Chron. Pasc.
6*20), qui devait avoir une influence assez grande pour oser mol
ester impunément le peuple de la capitale. Kalopodios devint
plus tard préposite (Theoph. 360).
Sous Justin Π, les eunuques semblent avoir été plus particu
lièrement chargés du service intime du Palais, service de la
table, service de la chambre, service du vestiaire (Corippe, de
laud. Just. Ill, 214 sq).
LES EUNUQUES DANS L'EMPIRE BYZANTIN 219
Cet Index ne comprend que les noms des personnages eunuques cités au cours
de l'étude précédente.
Mystique, Jean, 208 ; Jean, 233. kios, 207, 219 ; Théoctiste, 220,
Théodore, 207, 219.
NobilissTme, Constantin, 211, 228, Primieier, iMamalos, 220.
Notaire, Elysée, 220. Proèdre, Basile, 224, 225, 226 ; Nieé
Orphanotrophe, Jean, 210. phore, 204 ; Siméon, 210, 228.
Protospathaire, Aétios, 207, 219 ;
Papias, Jacob, 219. Jacob, 219 ; Kamatèros, 207 ; Ores-
Paradynaste, Basile, 224, 225, 226 ; tès, 210 ; Pardas, 212 ; Samonas,
Bringas, 210, 224, 226, 227 ; Jean, 209, 221, 222.
208 ; Théophane, 208, 223. Protovestiaire, Basile, 224, 225, 226;
Parakimomène, Basile, 224, 225, 226 ; Georges, 210, 228 ; Jean, 201, 213,
Bringas, 210, 224, 226, 227 ; Cons 232 -, Léon, 209, 210 ; Michel, 209,
tantin, 221, 222 ; Damianos, 220 ; 227 ; Nieéphore, 204 ; Procope,
Nieéphore, 213, 233 ; Sarnonas, 209, 207 ; Rentakios, 221 ; Théophane,
221, 222 ; Théophane, 208, 223 ; 208, 223.
Théophane, 219.
Patriarche, Constantin III, 203 ; Recteur, Nieéphore, 203, 211.
Etienne II, 203 ; Eustratios Gari- Sacellaire, Constantin, 220 ; Jean,,
das, 203 ; Germanos I, 202 ; Ignace, 207 ; Stéphane le Perse, 219.
203 ; Méthode, 202 ; Nicétas, 202 ; Sébastophore, Nieéphore, 231 ; Sté
Polyeuete, 203 ; Théophilacte, 203. phane, 212.
Patrice, Antioehos, 204, 216 ; Baanès, Spathaire, iKalopodios, 218.
221 ; Basile, 224, 225, 226 ; Bringas, Stratège de Thrace et de Macédoine,
210, 224, 226, 227 ; Christophore, Léon, 208.
227 ; Constantin, 208 ; Constantin, Stratège do Calabre, Eustathe, 208.
221, 222; Damianos, 220 ; Gongylos Stratopédarque, Phokas (Pierre), 209-
(Constantin), 208, 222, 223 ; Jean le 210.
Philosophe, 212 ; Jean l'orphano-
trophe, 210 ; Lausus, 216 ; Michel, Tatas, Eonopolita, 214.
209, 227; Narsès, 204, 205, 206; Ni- Τραπέζη:, ο επί της Constantin, 232.
eétas, 209 ; Nicolas, 209 ; Phoikas
"Vestarque, Nestor, 231.
(Pierre), 209, 210 ; Salomon, 206 ; Yestis, Michel, 209, 227.
Samomis, 209, 221, 222 ; Staura-