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Université Mohamed V de Rabat ‫جامعة محمد الخــامس بالرباط‬

Faculté des Sciences Juridiques ‫كلية العلوم القانونية و االقتصادية‬


Economiques et Sociales – Salé ‫ ســــال‬- ‫و االجتماعية‬

Cours
Problèmes
économiques
et sociaux
Semestre 3
2018/2019

Pr. Benjamaa
1
Introduction :
Les problèmes économiques et sociaux sont des situations à l’origine de déséquilibre pouvant aboutir à
des blocages. Les problèmes économiques et sociaux varient en fonction des périodes (il y a 20 ans :
l’inflation, maintenant : la croissance et l’endettement public), ces problèmes varient aussi en fonction
des régions (en Afrique noir : la pauvreté, en Europe : la croissance).
Les problèmes sont souvent inter reliés, interdépendants (par exemple : les problèmes de croissance et
de chômage sont intimement liés).
Les problèmes économiques et sociaux sont soit des problèmes de court terme soit des problèmes de
long terme (long terme : l’inflation, les problèmes monétaires - court terme : croissance, chômage …)

Les problèmes de court terme peuvent devenir des problèmes de long terme ou influer sur des
problèmes de long terme.

- Certains problèmes sont exogènes, c’est-à-dire qui viennent de l’extérieur (Ex : chocs pétroliers).
- D’autres sont endogènes, c’est-à-dire crées par les gouvernements ou les politiques publiques (Ex :
déficits publics).

Chapitre 1 : le problème de la croissance


Section 1 : la mesure de la croissance
I. De la production au PIB :
- En économie fermée : Tout ce qui a été produit dans le pays est utilisé pour la consommation, la
consommation intermédiaire et l’investissement. (𝑃 = 𝐶 + 𝐶. 𝐼 + 𝐼 )
- En économie ouverte : Tout ce qui a été produit et importé est utilisé pour la consommation,
l’investissement, la consommation intermédiaire et les exportations. (𝑃 + 𝑀 = 𝐶 + 𝐶. 𝐼 + 𝐼 + 𝑋)
Donc : 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 − 𝑀
Il y a une égalité entre l’offre globale (𝑌 ) et la demande globale (𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 − 𝑀) , ou entre les
ressources et les emplois. Cette équation représente l’équilibre ressources-emplois, cet équilibre est
comptable. (La croissance est tirée à la fois de la demande interne et la demande externe)

Pour assurer l’équilibre, la différence entre l’offre globale et la demande globale ou agrégée est appelée
variation de stocks.
- Si : L’offre > demande → les entreprises accumulent des stocks et la variation est alors positive.
- Si : L’offre < demande → les entreprises réduisent leurs stocks et la variation est alors négative.
On a alors : 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 − 𝑀 ± ∆ 𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘𝑠

II. Les modes de calcul du PIB :


Tous les agents économiques ou « secteurs institutionnels » contribuent à la production :
Les entreprises (sociétés non financières) – les ménages (y compris les entrepreneurs individuels) – les
sociétés financières – les administrations publiques et institutions sans but lucratif

La production totale est mesurée par le PIB qui est la somme des valeurs ajoutées des secteurs
institutionnels résidents. Le critère retenu est donc celui de la territorialité et non celui de nationalité.
𝐏𝐈𝐁 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐫𝐢𝐱 𝐝𝐮 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡é =  𝐝𝐞𝐬 𝐯𝐚𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐣𝐨𝐮𝐭é𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐞𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐢𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐬 𝐫é𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭𝐬
+𝐓𝐕𝐀 − 𝐬𝐮𝐛𝐯𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬

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La première mesure du PIB part donc de la production. Le PIB peut aussi se mesurer par la somme des
emplois finals intérieurs de biens et services :
𝐏𝐈𝐁 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐫𝐢𝐱 𝐝𝐮 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡é = 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐨𝐦𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐥𝐞 + 𝐢𝐧𝐯𝐞𝐬𝐭𝐢𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 + 𝐗 − 𝐌
Dans la mesure où la valeur ajoutée est distribuée sous forme de revenus, le PIB peut aussi être calculé par la
somme des revenus distribués par les unités résidents, soit :
𝐏𝐈𝐁 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐫𝐢𝐱 𝐝𝐮 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡é = 𝐑é𝐦𝐮𝐧é𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐚𝐥𝐚𝐫𝐢é𝐬 + 𝐄𝐁𝐄 +
𝐈𝐦𝐩ô𝐭𝐬(𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐢𝐦𝐩𝐨𝐫𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬) − 𝐬𝐮𝐛𝐯𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬

Le PIB mesure aussi la production marchande que la production non marchande :


- Dans le secteur marchand, c’est le produit de la vente qui permet de calculer la valeur ajoutée.
- Dans le secteur non marchand, la valeur ajoutée est calculée à partir des coûts de production.
La production non marchande représente les services produits essentiellement par les administrations
publiques qui ne sont pas vendus sur le marché mais qui sont disponibles gratuitement (éducation, santé …).
Pour produire ces services, l’Etat achète des biens aux entreprises et paie des salaires aux ménages.

Lors du calcul du PIB, il faut faire la distinction entre :


- Le PIB nominal (ou en valeur) raisonne en prix courants, c’est-à-dire qu’il intègre l’inflation.
- Le PIB réel (ou en volume) raisonne en prix constants et élimine l’inflation ou la hausse des prix, et ne
prend donc en considération que la hausse des quantités produites.

III. Les atouts et les limites du PIB :


1. Les atouts du PIB :
Le PIB est l’indicateur le plus utilisé pour mesurer la croissance, il permet de :
- Mesurer la richesse créée dans un pays (somme des valeurs ajoutées).
- Situer l’économie dans la hiérarchie mondiale et donc de faire des comparaisons dans l’espace en
comparant les PIB nominaux des différents pays.
- Mesurer le taux de croissance d’une année à l’autre et donc de faire des comparaisons dans le temps .
- Mesurer le niveau de vie des populations lorsqu’il est rapporté à la population ou PIB/hab.

2. Les limites du PIB :


- Le PIB est sous-évalué, car il n’intègre pas toutes les productions notamment la production de l’économie
informelle (économie souterraine) et la production domestique (travail des femmes au foyer).
- Le PIB est sur évalué, car il intègre dans son calcul les productions dites « réparatrices » comme les
dépenses de dépollution, les dépenses liées aux dégâts physiques (accidents de la route, incidents, …).
- Le PIB est un critère de développement artificiel : un pays pourra par exemple améliorer son classement
par l’appréciation des prix du pétrole sans qu’il y ait eu création de richesse.
- Le PIB/hab est un indicateur quantitatif du niveau de vie des populations, mais ne reflète pas la qualité
de vie ou le bien-être des populations qui peut être mesuré par exemple par l’accès aux soins de santé,
à l’éducation, …

IV. De nouveaux indicateurs de développement :


Les critiques adressées au PIB comme indicateur de bien être vont aboutir à la construction de nouveaux
indicateurs dont le plus connu est l’indicateur de développement humain (IDH). L’IDH retient la moyenne
de trois indicateurs : Le revenu national brut/ hab – L’espérance de vie à la naissance – Le niveau
d’éducation.

Les faiblesses de l’IDH :


- C’est un indice qui inclut lui-même le revenu national brut/hab.
- Il ne prend pas en compte davantage de critères qualitatifs en particulier les inégalités sociales.

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Les faiblesses de l’IDH ont amené les institutions internationales à calculer deux nouveaux indices : l’IPH
(indice de pauvreté humaine) en 2002, et l’IPM (indice de pauvreté multidimensionnelle) en 2010.
Ces deux indicateurs intègrent des dimensions qualitatives comme la part de la population en dessous
du seuil de pauvreté.
D’autres indicateurs peuvent être utilisés au niveau national tels que :
- Le BIP 40 en France, baromètre des inégalités et de la pauvreté.
- L’indicateur de bien-être économique appliqué au Royaume Uni et en Norvège.

Section 2 : Les facteurs de la croissance


I. Les facteurs liés à l’offre :
Pour augmenter durablement (rapidement) la production de biens et services (générer une croissance
durable), une économie peut :
- Augmenter le volume des facteurs de production utilisés (agir sur la quantité des facteurs capital et travail) :
la croissance nécessite un effort d’investissement en capital et/ou une augmentation de la population active
occupée.
- Les combiner plus efficacement (meilleure combinaison productive ou améliorer la qualité avec laquelle ces
facteurs sont mis en œuvre) : la croissance repose sur l’accroissement des gains de productivité.
- Ou faire les deux.

• Quand la croissance repose sur l’augmentation de la quantité des facteurs de production utilisés, on
parle de croissance extensive.
• Quand la croissance repose sur l’amélioration de l’efficacité des facteurs de production, on parle de
croissance intensive.

1. L’augmentation du volume des facteurs de production : la croissance extensive :


a. Augmentation de la quantité de facteur travail :
L’accroissement de la population active occupée est l’un des facteurs de la croissance. La population active
occupée augmente sous l’effet :
- D’une forte croissance démographique.
- De l’augmentation du taux d’activité et donc de la baisse du taux de chômage.
- De flux migratoires importants.

La contribution de la quantité de travail à la croissance économique a été significative au 19 ème siècle. La


réduction du temps de travail ayant largement compensé l’augmentation de la population active occupée,
en effet, la population active a continué d’augmenter au cours du 20 ème siècle mais la baisse de la durée
annuelle du travail observée dans l’ensemble des pays développés a été beaucoup plus importante que
l’augmentation du nombre de travailleurs.

La baisse du nombre annuel d’heures travaillées par actif employé observée dans l’ensemble des pays
développés est liée à : l’évolution des droit sociaux, et au développement du temps partiel.
Vers la fin du 20ème siècle et le début du 21ème siècle, la croissance est redevenue plus intensive en emploi en
raison de l’essor du secteur de services.

b. Augmentation de la quantité de facteur capital :


L’augmentation du stock de capital fixe dépend :
- De l’investissement désigné sur le plan comptable par la formation brute de capital fixe ou FBCF.

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- Du taux d’utilisation du capital technique.
Dans les pays industrialisés, la croissance économiques s’est accompagnée d’une augmentation de
l’intensité capitalistique (stock de capital par travailleur) qui s’est accélérée durant les trente Glorieuses
(1945-1975) et s’est poursuivie ensuite dans un contexte de ralentissement de la croissance
économique. Ce ralentissement après 1975 était dû au choc pétrolier et à la diminution brutale de la
croissance de la productivité dans les pays industrialisés.

Cette baisse de la productivité s’explique notamment par la loi des rendements factoriels décroissants.
Si la population active occupée augmente et que le stock de capital augmente aussi, on parle de
rendements d’échelle. C’est le progrès technique qui permet de tirer un meilleur parti des facteurs de
production et il est à l’origine de rendements d’échelle croissants.
Le facteur capital a donc perdu de son efficacité après la période des « Trente Glorieuses » essentiellement
parce que l’augmentation du facteur capital ne s’est plus accompagnée de l’augmentation de la population
active occupée.
2. L’augmentation de la productivité des facteurs de production : la croissance intensive
Avant 1956, les économistes considéraient que la croissance ne pouvait résulter que de l’accumulation
des facteurs de production.
A partir de 1956, le modèle de Solow prend en considération la productivité globale des facteurs (PGF),
la PGF est la part de la croissance qui n’est pas expliquée par l’accroissement des facteurs de production
capital et travail. Elle comprend :
- Le progrès technique (ou innovation technologique) : c’est l’élément principal de la productivité globale
des facteurs. Il consiste en l’invention de produits et/ou de procédés nouveaux qui augmentent le bien-
être de la population par un accroissement ou une transformation de la consommation.
- L’innovation organisationnelle (organisation scientifique du travail)
Dans son article de 1957, Solow décompose les sources de la croissance entre capital, travail et progrès
technique. La méthodologie consiste à séparer la contribution des facteurs de production capital et
travail à la croissance d’une part, et d’autre part, la part qui reste inexpliquée qu’on attribue
essentiellement au progrès technique appelée résidu de Solow.

Dans les modèles néoclassiques de la croissance, le progrès technique est une variable exogène, alors que
les deux facteurs capital et travail peuvent être contrôlés. Le progrès technique est reconnu comme ayant
joué un rôle crucial dans le processus de croissance.

A la fin des années 80, de nouvelles théories de la croissance sont apparues (théorie de la croissance
endogène). Pour les théoriciens de la croissance endogène, le progrès technique n’est pas considéré
come une variable exogène et repose lui aussi sur les décisions des agents économiques.

La logique de séparation stricte entre le volume des facteurs de production d’une part, et la contribution du
progrès technique à la croissance d’autre part, a été remise en question par les théoriciens de la croissance
endogène dans la mesure où plusieurs facteurs peuvent avoir un impact sur le progrès technique :
- Le rythme d’accumulation du capital : plus le rythme d’accumulation du capital est élevé, plus le progrès
technique sera important.
- D’autres facteurs tels que : les efforts en recherche-développement – les investissement réalisés dans
l’éducation d’une population qui la rendent plus apte à innover.

Les modèles de croissance endogène retiennent différentes sources de croissance :

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L’investissement en capital technique – l’investissement en capital humain – le progrès technique ou
innovation technologique – la division du travail – le capital public

3. Evaluation des deux types de croissance :


Dans la pratique, aucune croissance n’est purement intensive ou purement extensive. Mais la croissance
est plutôt extensive dans les pays émergents et en développement, et plutôt intensive dans les pays
industrialisés.

La croissance intensive est la seule qui repose sur un véritable progrès et peut donc sembler préférable.
Toutefois, une croissance intensive fondée sur un haut niveau de productivité crée moins d’emplois et peut
se traduire par une augmentation du chômage.

II. Les facteurs liés à la demande :


L’entreprise ne peut augmenter sa production s’il n’y a pas augmentation de la demande qui lui est
adressée. Cette demande, comme le montre l’équilibre emplois-ressources provient :

- De la consommation finale des ménages : Elle est plus stable que les autres emplois. En période de crise,
elle permet d’atténuer la baisse de la croissance. La consommation des ménages dépend : du revenu
nominal – du revenu réel (pouvoir d’achat) – de la répartition du revenu entre consommation et épargne.
- De l’investissement des entreprises (FBCF) : Il est particulièrement sensible à la conjoncture. La confiance
dans les institutions, le climat des affaires jouent un rôle déterminant en matière d’investissement.
- Des dépenses de l’Etat : La FBCF des administrations publiques et leur consommation finale sont
généralement plus stables que celles des autres agents économiques dans la mesure où l’Etat doit
soutenir l’activité économique lorsqu’elle est morose.
- Des consommateurs étrangers : Il est difficile d’influencer la demande étrangère au Maroc car elle
dépend de la qualité et du prix des matières exportées, ainsi de la situation économique et financière du
pays importateur.

III. Le rôle de l’état dans la croissance :


1. Les dépenses publiques, un facteur de la croissance endogène :
La hausse des dépenses publiques, financée par l’impôt, peut avoir un impact favorable sur la croissance. Le
modèle de croissance endogène proposé par Robert Barro en 1990 est fondé sur la distinction entre capital
privé et capital public, et sur le niveau de dépenses optimal :

- Le capital public : Les infrastructures durables (routes, ports, …) que l’Etat finance par l’augmentation
des dépenses publiques, est à l’origine d’externalités positives sur l’efficacité du capital privé.
- En revanche, la hausse des impôts consécutive à l’augmentation des dépenses publiques exerce un effet
désincitatif sur la production car elle peut freiner l’investissement.

Barro montre qu’il existe un niveau de dépenses optimal qu’il ne faut pas dépasser. Si l’on se situe en
dessous de ce niveau, la hausse des dépenses publiques favorise la croissance économique.

2. Politique éducative et croissance :


Les dépenses d’éducation rendent l’acquisition de nouvelles compétences plus facile dans l’économie
grâce à la maitrise des savoirs fondamentaux. Les pouvoirs publics peuvent améliorer la croissance par
une politique de formation appropriée.

3. Politique industrielle et innovation :


Elle recouvre l’ensemble des mesures prises par l’Etat pour orienter et développer le secteur industriel.
L’objectif de la politique industrielle est de rendre l’économie plus compétitive afin d’améliorer la
croissance économique, de réduire le chômage et d’améliorer la situation de la balanc e des paiements.
4. Les facteurs institutionnels de la croissance :

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Les institutions favorables à la croissance peuvent être de nature très variée ; par exemple : les règles de
la concurrence, la qualité des institutions financières et le bon fonctionnement des institutions
juridiques, administratives et politiques qui permet de réduire la corruption considérée comme un frein
essentiel à la croissance.

Chapitre 2 : Croissance économique et développement


Section 1 : Définitions
• La croissance économique : est l’augmentation soutenue pendant une longue période de la production
d’un pays. La croissance est une notion purement quantitative. Mesurée par PIB sur une longue période.
• L’expansion : est une augmentation conjoncturelle de la production, c’est-à-dire sur une courte période.
Mesurée par le PIB.
• Le progrès : est une notion plus générale qui s’assimile soit :
- À une amélioration sociale (amélioration du niveau d’étude, …), on parle alors de progrès social.
- À un progrès technique qui consiste en l’invention de produits et de procédés nouveaux.
- À un progrès économique (ouverture des frontières, …)
• Le développement : il a un caractère quantitatif (PIB/hab), mais également qualitatif puisqu’il prend en
compte les changements structurels qui accompagnent une croissance durable (éducation, santé, …).
Mesuré par les indicateurs alternatifs (IDH, IPH, IPM, …)

Section 2 : La relation entre croissance et développement


L’évolution de la notion de développement de 1945 à nos jours reflète l’évolution du courant de pensée
de l’économie de développement :

- En 1945, à la fin de la 2ème guerre, les pionniers du développement ne distinguaient pas entre croissance et
développement : le développement était synonyme de croissance du PIB sur une longue période, et la
croissance se traduisait par une amélioration du bien-être des populations et la diminution de la pauvreté.
- A partir des années 50, on observe une séparation entre la croissance et le développement par les
économistes du développement : pour eux, il n’y avait pas de développement sans croissance, mais les
politiques de développement devaient également s’attacher à réduire les inégalités.
- A partir du début des années 80 et jusqu’au début de la décennie 90, on assiste à la mort de
l’économie de développement et à l’ascension dans les pays industrialisés des courants de pensée
néolibéraux et monétaristes qui préconisaient des stratégies basées sur l’économie de marché. La
gestion de la crise des années 80 a été confiée à la Banque mondiale et à FMI qui ont mis en place des
politiques économiques et des Programmes d’ajustement structurel (PAS).
- A partir du début de la décennie 90, on assite à un renouveau de l’économie de développement suite à
l’échec des Programmes d’ajustement structurel (PAS).
- A partie du début des années 90, la composante humaine du développement a été prise en
considération et une importance accrue a été accordée aux indicateurs alternatifs.
- En septembre 2000, la déclaration du Millénaire. Cette déclaration met en valeur le principe selon lequel
l’être humain doit être au centre de tous les programmes pour aider les populations à mieux vivre. De
nouveaux indicateurs sont construits : les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sont au
nombre de 8, qui ont été remplacés en janvier 2016 par les Objectifs pour le développement durable (ODD)
qui sont au nombre de 17.
- Depuis 2007, le concept de développement humain a encore évolué, et il est de plus en plus centré sur
le bien-être de l’individu et la manière dont le bien-être évolue au cours du temps.

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Section 3 : les différentes stratégies de développement :
I. Le développement autocentré (industrialisations basées sur le marché intérieur) :
1. L’industrialisation par substitution aux importations (ISI) :
(Adoptée par : Brésil, Mexique, Argentine, Maroc, Côte d’Ivoire) Cette stratégie consiste à se libérer de la
dépendance au commerce international en substituant progressivement la production nationale aux
importations. Elle nécessite des politiques protectionnistes pour protéger les industries naissantes mais
aussi des investissements massifs qui ont été financés par l’endettement international. Le développement
doit être assuré par une stratégie de remontée de filière qui permet de diversifier la production.

2. L’industrie industrialisante :
(Adoptée par : l’Inde et l’Algérie) Une autre voie consiste à mettre en place une politique volontariste de
l’Etat qui privilégie les industrie lourdes (chimie, …), et oriente les investissements vers ces secteurs
considérés comme stratégiques, car ils pourront dégager des gains de productivité qui favoriseront la
croissance de l’économie toute entière.

 Ces stratégies ont permis de diversifier la production industrielle à court terme, mais elles sont
traduites par une augmentation des importations en particulier dans le secteur agricole du fait de
l’abandon du secteur primaire. Ces stratégies n’ont pas permis d’amorcer un processus de
développement durable, la pauvreté et les inégalités sociales restant fortement présentes, et ont aggravé
le déficit de l’Etat, soit une crise de l’endettement au début des années 80 (cas de l’Algérie et l’Inde).

II. Le développement extraverti (participation croissante au commerce international) :


1. L’exportation de produits primaire :
Les pays en développement dotés de ressources naturelles abondantes vont se spécialiser dans les
exportations de ces produits primaires. Les ressources financières tirées de ces exportations doivent
permettre d’importer des biens d’équipement pour favoriser l’industrialisation du pays. Cette stratégie
s’est révélée ruineuse pour la plupart des pays exportateurs d’un seul produit primaire en raison de la
dégradation des termes de l’échange.

2. La stratégie de promotion des exportations :


Cette stratégie consiste à remplacer progressivement les exportations de produits traditionnels par les
exportations de produits à plus forte valeur ajoutée en intégrant progressivement du progrès technique
et en assurant la formation de la main d’œuvre.

 Ce développement extraverti n’a été succès que pour les pays qui ont su faire évoluer leur
spécialisation en remontant la filière de leurs exportations (c’est le cas de Hong Kong, Singapour, Taiwan, …).
En revanche, plusieurs pays d’Amérique Latine (Brésil, Chili, Mexique) n’ont pas réussi à sortir de leur
spécialisation initiale et ont vu leur dette extérieure s’accroitre fortement au début des années 80.
III. L’échec des PAS et le nouveau modèle de développement :
Les stratégies de développement vont être uniformisées à partir du début des années 80 avec la mise en
place des (PAS) pour aider les pays en développement à surmonter la crise de l’endettement. Les PAS
vont subir de nombreux échecs qui vont provoquer leur remise en cause au cours des années 90. Une
réflexion est alors menée pour repenser le développement.

8
Chapitre 3 : la problématique de la pauvreté
Section 1 : définition et mesure de la pauvreté
1) La pauvreté monétaire : est la pauvreté en termes de revenu
• La pauvreté extrême : une personne vit dans la pauvreté extrême si elle ne dispose pas des revenus
nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels.
• La pauvreté relative : une personne vit dans la pauvreté relative si elle ne dispose pas des revenus
suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaire (tels que l’habillement, …).
• La notion de vulnérabilité : au Maroc, une personne est dite vulnérable lorsqu’elle dispose d’un
revenu compris entre 2,15 et 3,20 Dollars.

2) La pauvreté non monétaire ou humaine : signifie que les individus sont privés des besoins essentiels
pour mener une vie décente.
Le niveau de pauvreté humaine d’un pays est mesuré par l’indicateur de pauvreté humaine (IPH). L’IPH
utilise les indicateurs incorporant les dimensions les plus fondamentaux de la pauvreté.
IPH1 indice adapté aux pays en développement, et IPH2 indice adapté aux pays industrialisés. Les trois
sous indicateurs pour l’IPH1 et l’IPH2 sont les mêmes, seuls les critères de mesure varient.
Les deux IPH prennent en considération la situation des plus défavorisés. Plus un IPH est élevé, plus un
pays est pauvre.

L’IPH est remplacé par un nouvel indice, indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM), qui évalue la
pauvreté dans pays en développement. A partir de 10 indicateurs à la fois : la nutrition – les années de
scolarité– l’électricité – l’eau potable – …

Section 2 : problématique de la corrélation entre croissance et réduction de la pauvreté


La corrélation entre la croissance et la pauvreté a suscité un débat entre les néolibéraux et les
économistes du développement :

• Pour les néolibéraux, il existe un lien entre la réduction du taux de pauvreté et la croissance du
PIB/habitant. Pour eux, la croissance est une condition nécessaire et suffisante pour réduire la pauvreté.
• Pour les économistes du développement, il existe une corrélation entre croissance et réduction de la
pauvreté, mais la corrélation n’est absolument pas automatique.
L’observation des faits met en évidence l’existence d’une relation entre croissance du PIB/hab et
réduction du taux de pauvreté :
- On observe généralement que lorsque le PIB/hab augmente rapidement, le nombre de pauvres diminue
fortement (le cas du Vietnam).
- Inversement, les pays à faible croissance ont connu une augmentation de la pauvreté (le cas du Zambie).

L’observation des faits a également démontré que cette corrélation positive entre croissance
économique et réduction de la pauvreté n’est absolument pas automatique et qu’il n’y a pas de relation
de causalité entre les deux phénomènes. La croissance est donc une condition nécessaire mais non
suffisante pour assurer une réduction de la pauvreté.
Les pays moins avancés (PMA) ont connu une croissance économique élevée entre 2000 et 2005, mais
cette croissance ne s’est pas traduite par une réduction de la pauvreté.

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Section 3 : pourquoi la croissance n’est-elle pas suffisante pour réduire la pauvreté ?
La croissance économique n’assure pas automatiquement la réduction de la pauvreté, car la distribution
des revenus joue un rôle important dans l’intensité du lien entre croissance et réduction de la pauvreté.
Plus la distribution des revenus est inégalitaire (plus le coefficient de Gini est élevé), plus la croissance
doit être élevée pour réduire le taux de pauvreté.

Ce sont donc les sociétés les plus égalitaires qui transforment plus facilement la croissance en réduction
de la pauvreté. Ceci est vrai non seulement pour la répartition des revenus mais aussi pour la répartition
des terres, l’accès aux services de santé et d’éducation, à l’eau potable, …

C’est à partir de ce constat qu’est apparue la croissance pro-pauvres qui consiste à : accélérer le rythme
de croissance des revenus, et à mettre cette croissance au service des pauvres par la mise en place
d’une politique de redistribution appropriée.

Chapitre 4 : La problématique de la pauvreté au Maroc


I. Caractéristiques de la pauvreté au Maroc :
Entre 2001 et 2014, l’évolution de la pauvreté monétaire a été marquée par une tendance générale à la
baisse. Au niveau national, l’incidence de la pauvreté est passée de 15,3% en 2001 à 4,8% en 2014.

La pauvreté au Maroc reste aujourd’hui un phénomène à dominante rurale. Le monde rural est
globalement plus pauvre mais la pauvreté n’y est pas répartie de manière homogène.

Au cours de la période 2007-2014, parallèlement au recul de la pauvreté, la vulnérabilité économique a


également diminué : La vulnérabilité monétaire renseigne sur le risque des ménages de basculer dans la
pauvreté si leur filet de sécurité ne leur permet pas de faire face à des situations très défavorables.

La pauvreté multidimensionnelle demeure principalement un phénomène rural, elle s’explique


essentiellement par les déficits en termes d’éducation qui représentent un peu plus de la moitié de cette
pauvreté.

II. Lien entre croissance et réduction de la pauvreté et origines de la pauvreté au Maroc :


Au cours des décennies 80 et 90, réalisation de taux de croissance positifs mais augmentation de la
pauvreté. L’absence de corrélation entre croissance et réduction de la pauvreté s’explique par :
- Les années de sécheresse qui ont affecté l’activité agricole, principale source de revenus de la
population rurale pauvre, ce qui a aggravé les inégalités et exacerbé la pauvreté.
- Les effets de politiques économiques dans le cadre des PAS, facteur essentiel d’aggravation de la
pauvreté au Maroc, suite aux réductions des dépenses publiques.
Actuellement, la croissance contribue positivement à la réduction de la pauvreté au Maroc :
- L’indice de croissance pro-pauvres était de 0,94 en 2001, et de 1,13 en 2014.
- L’examen de l’élasticité croissance-pauvreté indique que la croissance prend de plus en plus
d’importance dans la réduction de la pauvreté.

III. Impact positif des mesures de réduction de la pauvreté :


Plusieurs mesures mises en œuvre ont permis de faire reculer la pauvreté de manière sensible :
- La réalisation de programmes sectoriels
- L’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH)
- Les efforts de généralisation de la scolarisation de base
- Les envois de fond des Marocains Résidents à l’Etranger

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IV. Inégalités et pauvreté au Maroc :
Au cours de la période 2000 - 2015, le Maroc est passé à un palier supérieur de croissance, mais la
croissance économique ne s’est pas accompagnée d’une répartition beaucoup plus équitable des
revenus afin de satisfaire les besoins des populations défavorisées.
Après une hausse sensible des inégalités pendant les années 80 et 90, les inégalités ont été sensibilisées
au cours de la période 2000 - 2007 et ont légèrement diminué sur la période 2007 - 2014. Cette
réduction des inégalités a permis d’augmenter légèrement la part des dépenses des classes de niveau de
vie intermédiaire.

Chapitre 5 : Economie marocaine – Evolution de la croissance


I. Evolution de la croissance au Maroc :
• Autonomisation de la croissance économique par rapport à la compagne agricole :
• Une diversification des sources de la croissance :
- Dynamisation de certains secteurs « traditionnels » : Tourisme, Commerce, Transport, …
- Identification et renforcement de nouveaux métiers : Offshoring, Aéronautique, électroniques, …
• Lancement de politiques sectoriels innovantes :
Stratégie logistique – Stratégie énergétique – Stratégie offshoring – …

II. Une croissance basée sur la demande intérieure (2000 - 2012) :


Croissance tirée par la demande intérieure ; rappelons que : 𝑃𝐼𝐵 = 𝐶 + 𝐼 + (𝑋 − 𝑀) (économie ouverte)

• Un rythme d’investissement qui s’accélère.


• Favorisé par une dynamique de l’investissement public.
• Un renforcement substantiel de l’épargne.
• Une augmentation de la consommation finale des ménages grâce à la maitrise de l’inflation.
Une croissance basée sur la demande intérieure doit être :
- Au soutien de la consommation des ménages.
- A l’amélioration du marché de travail.
- A la génération d’une nette progression des revenus

III. Réorientation progressive du modèle de croissance vers une nouvelle approche basée sur
l’offre (2013 - 2018) :
Le modèle de la croissance a commencé à présenter des signes d’essoufflement à partie de 2012 : La
politique de soutien de la demande interne a accentué les déséquilibres macroéconomiques :
- Le creusement du déficit budgétaire.
- Une hausse de l’endettement public, et une augmentation de la dette extérieure.
- Le déficit extérieur s’est aggravé suite au creusement du déficit commercial.

La réorientation progressive du modèle de croissance vers une approche basée sur l’offre à travers :
• La confirmation du potentiel de croissance des nouveaux secteurs émergeants de l’économie marocaine.
• Le lancement d’une nouvelle génération de stratégies sectorielles et de réformes.

Renforcement de la croissance potentielle et de son caractère inclusif :


Accélération de la transformation industrielle 2014-2020
Compensation industrielle – Qualifications des ressources – Soutien financier
Plan d’accélération logistique – Plan textile (2025) – Plan chimie-parachimie (2023)

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