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LA PERCEPTION
A. Sensation et perception
Pour désigner la connaissance sensible de l’univers, nous disposons de
deux termes : sensation et perception. La sensation paraît être le donné
le plus élémentaire, ce qui est vécu immédiatement par un sujet
incarné : le chaud, le froid, le rouge, le piquant, le sucré. Et encore
l’usage de tels mots pour exprimer les sensations trahit-il leur essence.
Une sensation exprimée par des mots est déjà interprétée, conceptua-
lisée ; une sensation pure serait ineffable.
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leurs que j’interprète ensuite et que j’organise pour aboutir à la per-
ception de cet objet : la chaise.
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Chapitre 8 La perception
A. La théorie de la forme
Mais une célèbre école psychologique, l’école de la Gestalt ou de la
« forme », fondée en 1910 par les Allemands Wertheimer, Koffka et
Köhler, prétend que les intellectualistes ont exagéré le rôle de l’intel-
ligence et des constructions mentales dans la perception. Ce n’est pas
l’intelligence qui construit une forme avec des sensations dispersées,
mais la forme qui est sentie, ou perçue d’emblée. Toute perception
serait d’emblée perception d’un ensemble. Pour la théorie intellectua-
liste, les sensations sont la matière de la perception, et c’est le juge-
ment et la mémoire qui leur donnent une forme. Mais pour la Gestalt-
theorie (ou « psychologie de la forme »), il n’y a plus de distinction
entre sensation et perception. La forme est inséparable de la matière et
nous est donnée intuitivement avec la matière : les objets se découpent
d’eux-mêmes – du fait de leur structure propre – sur un fond indiffé-
rencié. J’ouvre les yeux, non sur une poussière de lignes et de couleurs
en désordre, mais sur un monde d’objets qui, indépendamment de mes
habitudes et de mes jugements, se trouve d’emblée organisé selon la
loi de la « bonne forme », la plus simple et la plus cohérente.
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