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GUSTAVE FLAUBERT

Madame Bovary, le premier grand roman de Flaubert. C’est l’histoire d’une petite-
bourgeoise normande qui n’a pas dépassé Rouen, et à qui ses lectures romanesques et
romantiques ont rendu insupportable une vie sociale et sentimentale étriquée, et qui se
suicide. Le ridicule est partout dans ce monde de province, dont le romancier reproduit
les propos stupides dans un style indirect qui conserve les termes, l’accent et le rythme de
la parole directe. Ridicule aussi l’héroïne, pour qui le bonheur et les grands sentiments
sont fonction du décor, des accessoires et des chiffons. Mme Bovary devait être pendant
un siècle la patronne des provinciales romanesques et inassouvies, et enrichir le
dictionnaire et la psychologie du mot « bovarysme ».

Le Nouveau Roman, partant d’une critique de Balzac, romancier « omniscient » et


créateur de héros, se recommande de Flaubert.

Flaubert inaugure la littérature désenchantée qui caractérise le penchant du siècle.


Destruction du héros volontaire, énergique, lutteur, selon Stendhal et Balzac. Les
personnages de Flaubert ne sont plus que le reflet de ce qu’ils ont lu ou vu, des «
spectateurs » d’un monde réduit pour eux à n’être qu’une « représentation ».
La passivité et la nullité intellectuelle du personnage déterminent la forme même du
roman: elles expliquent la priorité donnée à la description sur le récit, au tableau sur la
scène, aux impressions sur l’analyse.

Flaubert a innové dans la description: il emprunte à la peinture impressionniste


commençante ses notations fines de couleur, de luminosité, d’atmosphère.
Le souci majeur de Flaubert anti-romantique et antibalzacien, qui refuse les ressources de
l’intrigue et des grands caractères, est un souci de peintre. Il a voulu faire des romans
d’une certaine couleur: grise dans Madame Bovary, pourpre dans Salammbô.
Flaubert est sans doute le premier romancier à donner au style une place
primordiale. Avec Flaubert, la littérature tend à se replier sur elle-même. Non seulement
à cause de ce souci tout formel, mais à cause de l’énorme documentation livresque, de la
boulimie encyclopédique qui préside à l’élaboration de chaque œuvre.

L’effet pictural que recherche Flaubert s’obtient par des moyens grammaticaux (Proust
définit Flaubert « un génie grammatical »):
- monologue intérieur;
- style indirect;
- l’imparfait substitué au passé simple.

Le souci de la couleur se double chez Flaubert d’un désir de rendre la phrase musicale.

[source Rose Fortassier, Le roman français au XIXe siècle]

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