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Cours 8 : Théorie de l’esprit. Style indirect libre.

(d’après J.Moeschler, A.Reboul Dictionnaire de la pragmatique)

- Théorie de l’esprit (Theory of mind) est la capacité d’attribuer aux autres des états mentaux
(croyance, désir) et de raisonner de manière inférentielle pour comprendre leurs intentions.
D’après la stratégie de l’interprète proposé par Dennett les autres individus sont des agents
rationnels et ils sont dotés de croyances de désirs et d’autres états. Cette stratégie est à l’origine
des procédures de calculs pragmatiques. La théorie de l’esprit n’est pas simplement une capacité
inférentielle. Elle requiert la capacité de raisonner au sujet des états mentaux d’autrui.
- Le test permettant de déterminer si un sujet a développé sa théorie de l’esprit est le test de fausse
croyance. Il permet de contrôler la dissociation entre ses propres croyances et celles des autres.
« La petite fille range un livre dans la valise. Elle sort. La grand-mère met le livre dans le
placard. La petite fille revient dans la cuisine. »
Question contrôle : Où est le livre ?
Question test : Où la petite fille va-t-elle chercher le livre ?
- Les personnes qui ne sont pas en mesure d’acquérir la théorie de l’esprit prennent tout ce qu’on
dit de façon littérale et, de façon générale ils ne tiennent pas compte de l’interlocuteur.
- La théorie de l’esprit intervient de manière cruciale non seulement dans la communication, mais
aussi dans la fiction (style indirect libre).

- Le discours indirect libre est l’intermédiaire entre le discours direct et le discours indirect. Il est
particulièrement utilisé dans les récits littéraires. Plus léger que le discours indirect, le discours
indirect libre permet de rester dans la continuité de la narration, tout en faisant entendre les
paroles de quelqu’un ou en rapportant ses pensées.

- Discours direct : «Non ! Je ne partirai pas d’ici, demain !»


Discours indirect : Elle lui dit qu’elle ne partirait pas de là, le lendemain.
Discours indirect libre : Elle se fâcha. Non ! Elle ne partirait pas de là, le lendemain !
- L’intérêt du style indirect libre est qu’il relève de l’énonciation historique et de l’usage subjectif
du langage (usage d’un temps de l’histoire – imparfait ; usage d’une non-personne – 3ème
personne) :
- Il [Frédéric] s’y montra gai. Mme Arnoux était maintenant auprès de sa mère à Chartres. Mais
il la retrouverait bientôt, et finirait par être son amant. (Flaubert, L’Education sentimentale)
L’imparfait signale la contemporanéité de la pensée et du point de référence (l’imparfait
+maintenant).
- Dans les phrases au style indirect libre on trouve des marques temporelles déictiques (qui se
rapportent au moment de l’énonciation) et des temps du passé ce qui fait un paradoxe.

L’énonciation étant un acte égocentrique dans les termes de repères de personne, de temps et de
lieu (C’est un je qui parle, ici et maintenant) suit ces principes :
1 expression / 1 je (pour chaque expression, il existe un référent unique de je – locuteur et un
référent unique de tu - interlocuteur)
1 expression / 1 présent (pour chaque expression il y a un unique référent de temps présent, qui
est cotemporel avec maintenant) 

- Pour expliquer la subjectivité de la 3 ème personne et la compatibilité entre indexicaux temporels


et temps du passé, Banfield (1982) propose deux principes qui nuancent les principes
mentionnés :
1 expression / 1 sujet de conscience (pour chaque expression, il existe au plus un référent,
appelé sujet de consciences auquel tous les éléments expressifs sont attribués)
Priorité au locuteur (s’il y a un je, il est coréférentiel au sujet de conscience ; en absence d’un
je un pronom de 3ème personne peut être interprété comme le sujet de conscience)
1 expression / 1 maintenant (toutes les instances de maintenant dans une même expression
renvoient au même moment)
Priorité du présent (s’il y a un présent, maintenant est cotemporel au présent ; en l’absence
d’un présent, maintenant est cotemporel au passé)
Ces principes permettent d’expliquer les paradoxes associés à des temps du passé : l’imparfait, le
plus-que-parfait et le conditionnel.
- Le paradoxe temporel disparaît si dans la fiction principale (l’ensemble des événements attribués
aux personnages de la fiction) fait l’intrusion la fiction secondaire (dont les protagonistes sont le
narrateur et le lecteur).

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