Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Problématique : Comment, en trois ans, le monde bascule-t-il dans des tensions qui aboutissent à la
Guerre Froide ?
I. Un monde à reconstruire.
A. 1945, l’année zéro.
Bilan humain : Par la logique de l’anéantissement, la Seconde Guerre mondiale a coûté la vie à environ
60 millions de personnes. La particularité de ce conflit réside dans le fait que le nombre de civils morts est
supérieur aux militaires. Ainsi, L’URSS, avec 25 millions de morts dont 16 millions de civils est le pays le
plus durement touché. La Pologne a perdu près de 20 % de sa population et 95 % des Juifs polonais sont
morts. L’Allemagne a perdu près de 9 millions de personnes alors que la France de son côté est moins
touchée, même si ce sont 240 000 soldats et 330 000 civils qui ont perdu la vie pendant ce conflit.
Des destructions matérielles considérables : Face à la violence des combats, les destructions sont
immenses. L’Allemagne, le Japon mais aussi la Pologne sont entièrement dévastées (45 villes allemandes
sont détruites à plus de 50 %). Les voies de communication et les ports ont partout été largement
endommagés. Les productions agricoles et industrielles se sont complètement effondrées, entraînant
pour les populations des pénuries de nourriture et de logements (28 millions de Soviétiques sont sans
abri). En France, les combats de 1944 et les bombardements intensifs pour préparer le débarquement ont
détruit près de la moitié des voies ferrées et la totalité des ports.
Un monde traumatisé : Le principal choc est la découverte du génocide perpétré par les Allemands en
1945. La libération d’Auschwitz le 27 janvier 1945 témoigne de l’ampleur du crime. La volonté
d’exterminer de manière industrielle toute une population provoque la stupeur et, le rapatriement des
populations survivantes dans les pays européens constitue un choc que beaucoup ne veulent pas voir en
face. L’autre grand traumatisme est la naissance d’une arme de destruction totale, l’arme atomique.
Utilisée à Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945, la bombe atomique est la preuve que les Hommes
ont les moyens de détruire la planète.
B. Le règlement du conflit.
Des Conférences pour préparer la paix : Alors que la guerre n’est pas encore terminée, les Alliés
préparent le retour à la paix en Europe :
• A Yalta, en février 1945, Roosevelt, Churchill et Staline se mettent d’accord sur la mise en place
d’élections libres dans les pays libérés et sur le tracé des nouvelles frontières européennes.
Alors que l’Allemagne perd de nombreux territoires, notamment au profit de la Pologne, le véritable
gagnant territorial est l’URSS qui s’étend à l’Ouest.
La naissance d’une justice internationale : La question d’un jugement international est très vite une
évidence pour les Alliés face aux atrocités commises par l’Allemagne et le Japon. Le procès de Nuremberg
qui s’ouvre en novembre 1945 juge 22 chefs militaires et dirigeants nazis de crimes de guerre, crimes
contre la paix et de crimes contre l’Humanité par la France, le Royaume Uni, les États-Unis et l’URSS. Pour
la première fois, un pays est jugé pour ses actions et le crime contre l’Humanité entre dans le droit
international. Un tribunal international se met en place au Japon pour juger 28 criminels de guerre, mais
pas l’Empereur que les Américains maintiennent en place pour garantir la stabilité du Japon.
En France, le Conseil National de la Résistance, créé en 1943, met en place dès mars 1944 un
programme pour la Libération et la reconstruction. Basé sur le modèle de l’État-providence, ce
programme envisage des réformes sociales pour protéger les populations avec notamment la création de
la Sécurité Sociale en octobre 1945. Dans le domaine économique, face à l’importance des destructions et
à la désorganisation, l’État nationalise les secteurs clés de l’économie (énergie, assurances, banques,
transports).
• Le Conseil de Sécurité qui réunit 11 puis 15 membres parmi lesquels les cinq grands vainqueurs de la
Seconde Guerre Mondiale disposent du droit de véto. Le Conseil de Sécurité prend des résolutions et
décide notamment de l’envoi des Casques bleus.
Le coup de Prague : En Tchécoslovaquie, les communistes remportent les élections de 1946, sans
toutefois obtenir de majorité absolue. Le gouvernement est dirigé par un communiste, Gottwald, mais
avec la représentation de tous les partis politiques. Le Parti communiste organise en février 1948 des
manifestations et des menaces et oblige Benes à accepter un gouvernement uniquement composé de
communistes et à démissionner. Ce qu’on appelle « le coup de Prague » est un séisme en Europe de
l’Ouest et aux États-Unis.
La naissance d’Israël : Alors que les tensions entre communautés arabe et juive sont très fortes en
Palestine, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine en deux états avec un statut international
pour Jérusalem mais les Arabes rejettent ce plan. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame
l’indépendance de l’État d’Israël. Dès le lendemain, les états arabes voisins entrent en guerre. Israël
remporte ce premier conflit, entraînant l’expulsion et l’exode de près d’un million de Palestiniens arabes
dans les pays voisins.
Conclusion :
L’année 1945 marque donc un tournant majeur dans l’histoire de la planète. Par le choc moral, humain et
économique immense qu’elle a engendré, la Seconde Guerre mondiale a aussi marqué la volonté de
construire un monde nouveau basé sur la coopération et le droit international, incarné par de nouvelles
institutions dont l’ONU. Mais, face aux tensions entre les deux grandes superpuissances et à la volonté de
Staline de répandre le communisme, les tensions et la peur d’un nouveau conflit mondial ressurgissent
très vite alors que la guerre en Palestine montre déjà les limites et les difficultés de la question du droit
international.