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LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET LES DEBUTS D’UN NOUVEL

ORDRE MONDIAL (1945-1948)


Introduction : 1945 est marquée par la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Cette guerre fût un
traumatisme immense pour l’ensemble du globe dont la question centrale devient celle de la construction
d’un monde nouveau. Pour beaucoup de pays, 1945, c’est l’année zéro. Il faut reconstruire des pays
détruits, des systèmes politiques balayés. Si très vite émerge l’idée d’une nouvelle organisation mondiale,
les rivalités entre les vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale et les tensions liées à la remise en cause
du système colonial européen projettent rapidement le monde dans « l’après 1945 ».

Problématique : Comment, en trois ans, le monde bascule-t-il dans des tensions qui aboutissent à la
Guerre Froide ?

I. Un monde à reconstruire.
A. 1945, l’année zéro.
Bilan humain : Par la logique de l’anéantissement, la Seconde Guerre mondiale a coûté la vie à environ
60 millions de personnes. La particularité de ce conflit réside dans le fait que le nombre de civils morts est
supérieur aux militaires. Ainsi, L’URSS, avec 25 millions de morts dont 16 millions de civils est le pays le
plus durement touché. La Pologne a perdu près de 20 % de sa population et 95 % des Juifs polonais sont
morts. L’Allemagne a perdu près de 9 millions de personnes alors que la France de son côté est moins
touchée, même si ce sont 240 000 soldats et 330 000 civils qui ont perdu la vie pendant ce conflit.

Des destructions matérielles considérables : Face à la violence des combats, les destructions sont
immenses. L’Allemagne, le Japon mais aussi la Pologne sont entièrement dévastées (45 villes allemandes
sont détruites à plus de 50 %). Les voies de communication et les ports ont partout été largement
endommagés. Les productions agricoles et industrielles se sont complètement effondrées, entraînant
pour les populations des pénuries de nourriture et de logements (28 millions de Soviétiques sont sans
abri). En France, les combats de 1944 et les bombardements intensifs pour préparer le débarquement ont
détruit près de la moitié des voies ferrées et la totalité des ports.

Un monde traumatisé : Le principal choc est la découverte du génocide perpétré par les Allemands en
1945. La libération d’Auschwitz le 27 janvier 1945 témoigne de l’ampleur du crime. La volonté
d’exterminer de manière industrielle toute une population provoque la stupeur et, le rapatriement des
populations survivantes dans les pays européens constitue un choc que beaucoup ne veulent pas voir en
face. L’autre grand traumatisme est la naissance d’une arme de destruction totale, l’arme atomique.
Utilisée à Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945, la bombe atomique est la preuve que les Hommes
ont les moyens de détruire la planète.

B. Le règlement du conflit.
Des Conférences pour préparer la paix : Alors que la guerre n’est pas encore terminée, les Alliés
préparent le retour à la paix en Europe :

• A Yalta, en février 1945, Roosevelt, Churchill et Staline se mettent d’accord sur la mise en place
d’élections libres dans les pays libérés et sur le tracé des nouvelles frontières européennes.

Alors que l’Allemagne perd de nombreux territoires, notamment au profit de la Pologne, le véritable
gagnant territorial est l’URSS qui s’étend à l’Ouest.

La naissance d’une justice internationale : La question d’un jugement international est très vite une
évidence pour les Alliés face aux atrocités commises par l’Allemagne et le Japon. Le procès de Nuremberg
qui s’ouvre en novembre 1945 juge 22 chefs militaires et dirigeants nazis de crimes de guerre, crimes
contre la paix et de crimes contre l’Humanité par la France, le Royaume Uni, les États-Unis et l’URSS. Pour
la première fois, un pays est jugé pour ses actions et le crime contre l’Humanité entre dans le droit
international. Un tribunal international se met en place au Japon pour juger 28 criminels de guerre, mais
pas l’Empereur que les Américains maintiennent en place pour garantir la stabilité du Japon.

C. Reconstruire les pays.


La généralisation de l’État-providence : L’un des points majeurs de la sortie de la Seconde Guerre
mondiale est la reconstruction des pays. Sous l’impulsion de l’économiste britannique William Beveridge
en 1942, le Royaume-Uni décide de mettre en place un système plus protecteur. Partout, dans les pays
libérés, les États mettent en place des politiques de protection des citoyens contre les aléas de la vie :
maladie, chômage, vieillesse.

En France, le Conseil National de la Résistance, créé en 1943, met en place dès mars 1944 un
programme pour la Libération et la reconstruction. Basé sur le modèle de l’État-providence, ce
programme envisage des réformes sociales pour protéger les populations avec notamment la création de
la Sécurité Sociale en octobre 1945. Dans le domaine économique, face à l’importance des destructions et
à la désorganisation, l’État nationalise les secteurs clés de l’économie (énergie, assurances, banques,
transports).

II. La naissance d’un nouvel ordre international.


A. Une nouvelle organisation économique.
Les accords de Bretton Woods : Les États-Unis assument pleinement leur rôle moteur de l’économie
mondiale. Avec les accords de Bretton Woods signés en 1944, le dollar devient la seule monnaie
convertible en or et les autres monnaies sont convertibles en dollar qui devient la monnaie référence,
remplaçant la Livre Sterling.

B. La naissance du droit international


L’idée d’un droit international se concrétise dès l’été 1941 lorsque Churchill et Roosevelt avec la Charte
de l’Atlantique envisagent de créer une nouvelle organisation pour remplacer la SDN. L’Organisation des
Nations Unies est créée lors de la Conférence de San Francisco (26 juin 1945) avec pour missions de
garantir la paix dans le monde, de promouvoir la démocratie et les libertés individuelles et de garantir le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Les principaux organes de l’ONU sont :


• L’Assemblée Générale qui regroupe tous les pays membres et vote des recommandations.

• Le Conseil de Sécurité qui réunit 11 puis 15 membres parmi lesquels les cinq grands vainqueurs de la
Seconde Guerre Mondiale disposent du droit de véto. Le Conseil de Sécurité prend des résolutions et
décide notamment de l’envoi des Casques bleus.

III. De nouvelles tensions.


A. Un nouvel ordre dominé par les deux superpuissances.
Les États-Unis un leader mondial affirmé : Contrairement à la Première Guerre Mondiale, les États-Unis
décident d’assumer leur position de superpuissance et de sortir de leur isolationnisme. Forts de leur
armée, qui est la seule à posséder la puissance nucléaire, les États-Unis se posent en leaders du monde
libre et sont persuadés qu’ils doivent exporter leur modèle basé sur la démocratie et le libre-échange afin
d’assurer la prospérité et la paix mondiale. Les nouvelles institutions internationales qui sont créées ont
leur siège aux États-Unis (FMI, BIRD, ONU) qui devient le centre politique du monde.
Les ambitions soviétiques en Europe : L’autre grand vainqueur de la guerre est l’URSS. Son armée,
l’armée rouge bénéficie d’un prestige immense après avoir libéré l’Europe de l’Est. Staline veut profiter de
cette domination pour établir dans les pays occupés par l’armée rouge des régimes communistes
permettant l’expansion du communisme ainsi que la mise en place d’un bloc protégeant l’URSS. Les
élections organisés dans les pays d’Europe de l’Est sont truquées, organisées sous la pression des
communistes.

B. La naissance de la Guerre Froide en Europe.


Le rideau de fer : En 1946, Winston Churchill dénonce la mise en place par les Soviétiques d’un rideau de
fer qui coupe l’Europe en deux et isole l’Est. En mars 1947, le président Truman met en place un plan
d’aide aux pays européens pour éviter qu’ils ne basculent dans le communisme, c’est le plan Marshall.
L’URSS riposte en obligeant les pays d’Europe de l’Est à refuser l’aide américaine. Le blocus de Berlin
Ouest entre juin 1948 et mai 1949 est la première grande crise de la Guerre Froide.

Le coup de Prague : En Tchécoslovaquie, les communistes remportent les élections de 1946, sans
toutefois obtenir de majorité absolue. Le gouvernement est dirigé par un communiste, Gottwald, mais
avec la représentation de tous les partis politiques. Le Parti communiste organise en février 1948 des
manifestations et des menaces et oblige Benes à accepter un gouvernement uniquement composé de
communistes et à démissionner. Ce qu’on appelle « le coup de Prague » est un séisme en Europe de
l’Ouest et aux États-Unis.

C. Le Proche Orient nouvel espace de tensions.


La question des mandats au Proche Orient : Le Proche et Moyen Orient sous mandat depuis la fin de la
Première Guerre mondiale, est marqué par de fortes tensions nationalistes. Si la plupart des pays de la
région accèdent à leur indépendance en 1945-1946, la question en Palestine est beaucoup plus complexe.
Si ce territoire est peuplé majoritairement d’Arabes, les Britanniques ont favorisé le développement d’une
migration juive importante dans les années 20 à qui ils ont promis un état, tout en garantissant aux
populations arabes une future indépendance. Après le choc de la Shoah, de nombreux rescapés décident
de s’installer en Palestine pour créer un état (sionisme). C’est le triste épisode de l’Exodus, navire rempli
de 4500 Juifs qui cherchent à débarquer en Palestine et sont renvoyés de force en Allemagne.

La naissance d’Israël : Alors que les tensions entre communautés arabe et juive sont très fortes en
Palestine, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine en deux états avec un statut international
pour Jérusalem mais les Arabes rejettent ce plan. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame
l’indépendance de l’État d’Israël. Dès le lendemain, les états arabes voisins entrent en guerre. Israël
remporte ce premier conflit, entraînant l’expulsion et l’exode de près d’un million de Palestiniens arabes
dans les pays voisins.

Conclusion :
L’année 1945 marque donc un tournant majeur dans l’histoire de la planète. Par le choc moral, humain et
économique immense qu’elle a engendré, la Seconde Guerre mondiale a aussi marqué la volonté de
construire un monde nouveau basé sur la coopération et le droit international, incarné par de nouvelles
institutions dont l’ONU. Mais, face aux tensions entre les deux grandes superpuissances et à la volonté de
Staline de répandre le communisme, les tensions et la peur d’un nouveau conflit mondial ressurgissent
très vite alors que la guerre en Palestine montre déjà les limites et les difficultés de la question du droit
international.

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