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norme et quels sont les principes et modalités de consolidation Un exemple d’activité contrôlée conjointement est celui où des
préconisés. coentrepreneurs se regroupent pour produire et commercialiser
un produit particulier, tel qu’un avion. Chacun des coentrepre-
neurs est chargé d’une partie du processus de production.
LA NORME IAS 31
Chacun assume ses propres coûts et obtient une quote-part du
“PARTICIPATIONS DANS DES COENTREPRISES” produit de la vente de l’avion. L’accord prévoit aussi le partage
des charges encourues en commun.
Il importe de préciser que le terme “coentreprises”, tel qu’il est
utilisé dans l’intitulé de la norme, est à entendre au sens large ■ Les actifs contrôlés conjointement
d’« accord de partenariat », et qu’au sein de la norme il va lui Il s’agit d’un autre type d’accord, qui n’implique pas la création
être donné un sens plus restreint, correspondant à une forme d’une société distincte des coentrepreneurs eux-mêmes. Il
particulière de partenariat. prend souvent la forme d’une copropriété. Les actifs sont appor-
tés pour permettre de réaliser l’objectif poursuivi par le partena-
PRINCIPES GÉNÉRAUX riat. « Chaque coentrepreneur peut prendre sa quote-part de la pro-
Existence d’un accord contractuel duction générée par les actifs et assume une part convenue des
charges encourues » (9). Un coentrepreneur exerce, par le biais de
La norme IAS 31 donne d’abord plusieurs définitions qui font
sa quote-part dans l’actif contrôlé conjointement, un contrôle
référence à un contrat :
sur sa part dans les avantages économiques futurs.
• « le contrôle conjoint est le partage convenu par contrat du
Des exemples peuvent être trouvés dans le secteur du pétrole
contrôle sur une activité économique, et il n’existe que lorsque les
(contrôle et exploitation conjointe d’un oléoduc), du gaz et de
décisions stratégiques financières et opérationnelles correspondant l’extraction de minéraux.
à l’activité imposent le consentement unanime des parties parta-
geant le contrôle (les coentrepreneurs) » (6), ■ Les entités contrôlées conjointement
• « une coentreprise est un accord contractuel en vertu duquel deux Ces entités correspondent aux coentreprises au sens strict, et
parties ou plus conviennent d’exercer une activité économique sous impliquent la création d’une société, ou d’une autre entité, dis-
contrôle conjoint » (6). tincte des coentrepreneurs, dans laquelle chacun de ceux-ci
détient une participation. « L’entité fonctionne de la même maniè-
Ensuite, la norme donne des précisions au sujet de la nature des re que toute autre entité, si ce n’est qu’un accord contractuel conclu
32 questions traitées par le contrat (8) : entre les coentrepreneurs établit le contrôle conjoint sur l’activité
• l’activité, la durée et les obligations de communication finan- économique de l’entité » (10). L’entité contrôle les actifs, contracte
cière de la coentreprise, des dettes, supporte des charges et réalise des produits. Chaque
coentrepreneur a droit à une quote-part dans les bénéfices de
• la désignation des membres du Conseil d’administration (ou
l’entité contrôlée conjointement.
autre organe de direction) et les droits de vote des coentrepre-
neurs, Un exemple particulier concerne une entreprise qui désire s’im-
planter dans un pays étranger et qui est amenée à s’associer
• les apports en capital des coentrepreneurs,
avec l’Etat étranger (ou un organisme public du pays) par le
• le partage entre les coentrepreneurs de la production, des biais d’une entité distincte, contrôlée conjointement.
produits, charges ou résultats de la coentreprise. L’acceptation de cette formule d’association est une condition
pour s’implanter dans le pays en question.
Formes des accords
La norme procède à l’identification de trois grandes catégories
Dans l’IAS 31 la forme juridique apparaît déterminante pour
d’accords.
distinguer les entités contrôlées conjointement, qui seront
■ Les activités contrôlées conjointement consolidées, des autres formules d’accords conjoints.
Elles consistent en l’utilisation d’actifs et autres ressources
appartenant aux coentrepreneurs, plutôt qu’en la création
d’une société particulière. Chaque coentrepreneur se sert de ses
propres immobilisations corporelles et a recours à ses propres Abstract
stocks. Chacun assume ses propres charges et ses propres
dettes, et il recherche des financements, qui représentent des
obligations qui lui sont propres. The IAS 31 currently in force regulates the consolidation of
joint ventures and distinguishes 3 categories of agreements
ensuing from a joint control. This standard advocates the
application of proportional integration for jointly control-
led entities, but project ED 9 considers, for several reasons,
internal or external as regards the IASB system of reference,
6. IAS 31, §3 Définitions, alinéa 4.
eliminating the present preferential method in favour of
7. IAS 31, §3 Définitions, alinéa 5. equity method. Moreover, the next text endeavours to rein-
8. IAS 31, §10. force the principle of pre-eminence of the substance in the
analysis of agreements, which is to be favoured for entering
9. IAS 31, §18.
them in the accounts.
10. IAS 31, §24.
conjointement. Il en résulte notamment la non-présentation des 12. IAS 31, §40.
intérêts hors groupe. 13. Ibid.
Activité commune
OBJECTIFS POURSUIVIS
Ce type de partenariat « consiste à utiliser les actifs, et autres res-
Ils sont de plusieurs ordres : sources, des partenaires, souvent en vue de fabriquer et de vendre
• assurer la convergence avec les normes américaines, au niveau des produits communs » (17). Chaque partenaire utilise ses propres
desquelles la méthode de consolidation préconisée pour les actifs, assume ses propres dettes et réunit son propre finance-
coentreprises (14) est la méthode de mise en équivalence, ment. L’accord précise le mode de répartition du produit de la
• supprimer les options contenues dans les normes, en l’occur- vente des produits communs et des charges partagées.
rence le choix entre l’intégration proportionnelle et la mise en Chaque partenaire comptabilise dans ses états financiers les
équivalence, actifs consacrés à l’activité commune, étant donné qu’il contrô-
• améliorer la cohérence interne du référentiel IFRS. le ses propres actifs. Le même traitement est appliqué aux pas-
sifs.
Ce dernier objectif a les conséquences les plus importantes,
parce qu’il justifie, selon le raisonnement de l’IASB, la suppres- Un exemple d’activité commune est fourni par l’industrie phar-
34 sion de l’intégration proportionnelle. Cette méthode de consoli- maceutique, où deux sociétés peuvent conclure un accord où
dation conduit en effet à faire apparaître respectivement à l’actif l’une a pour mission de mettre au point un médicament et
et au passif des fractions d’éléments qui ne sont pas contrôlés par l’autre d’en assurer la commercialisation.
l’entité et qui ne sont pas des obligations de l’entité consolidan-
te (ou de ses filiales), en raison de la nécessité de l’accord des Actif commun
autres coentrepreneurs. Ces éléments ne répondent donc pas à La caractéristique essentielle d’un actif commun est que « chaque
la définition des actifs et des passifs du cadre conceptuel (15) : partenaire a des droits exclusifs sur une quote-part de l’actif et des
• « un actif est une ressource contrôlée par l’entreprise du fait avantages économiques générés par celui-ci » (18).
d’événements passés et dont des avantages économiques futurs La quote-part de l’actif commun va être comptabilisée à l’actif
sont attendus par l’entreprise », du bilan consolidé. Elle correspond à la prise en compte du droit
• « un passif est une obligation actuelle de l’entreprise résultant d’utilisation, mais l’IASB établit une liste (non limitative) de cri-
d’événements passés et dont l’extinction devrait se traduire pour tères plus large, permettant de démontrer les droits d’un parte-
l’entreprise par une sortie de ressources représentatives d’avan- naire sur une quote-part de l’actif commun (19) :
tages économiques ». • le partenaire a le droit de vendre sa participation dans l’actif,
Pour respecter la cohérence avec le cadre conceptuel, l’IASB • le partenaire a le droit d’utiliser l’actif pour ses propres fins
propose que ne soient comptabilisés que les droits et obliga- durant tout ou partie de la durée de vie utile de cet actif,
tions directs du groupe du fait de l’accord, et non des quotes-
• le partenaire a le droit de donner en garantie sa participation
parts d’actif ou de passif. De plus, le projet met en avant un
dans l’actif pour son propre financement,
principe fondamental qui ne figure pas explicitement dans la
norme actuelle : « Les partenaires comptabilisent leurs droits et • le partenaire a l’obligation contractuelle de payer sa quote-
obligations contractuels découlant de l’accord de partenariat » (16). part du coût de l’actif commun et, par conséquent, a des droits
contractuels sur cette quote-part de l’actif.
L’IASB fournit un exemple d’actif commun dans le domaine des
télécommunications : les câbles de réseau exploités conjointe-
14. Accounting Principles Board Opinion, APB 18, The Equity Method of ment par plusieurs sociétés.
Accounting for Investments in Common Stock.
15. IASB, Cadre conceptuel, §49. Coentreprise
16. ED 9, §1. Le terme de “coentreprise” est utilisé dans l’ED 9 dans un sens
17. ED 9, §8. précis, et ne concerne que la 3e catégorie des accords de parte-
nariat. Une coentreprise est définie comme « un partenariat, ou
18. ED 9, §12.
un élément de partenariat, sur lequel les coentrepreneurs exercent
19. ED 9, §13. un contrôle conjoint » (20). Les coentrepreneurs n’ont pas de droits
20. ED 9, §15. sur des actifs isolés de la coentreprise, et ils ne sont pas tenus
par des obligations au titre des charges de la coentreprise. Par chaque passif de cette entité. Chaque coentrepreneur exerce un
contre, « chaque coentrepreneur a droit à une quote-part du résul- contrôle sur sa participation respective. Par suite, l’application
tat des activités de la coentreprise » (21). de la méthode de l’intégration proportionnelle ne respecte pas
L’ED 9 est plus précis que l’IAS 31, en indiquant que la coentre- les définitions des actifs et des passifs figurant dans le Cadre
prise comprend les actifs et les passifs qui ne sont pas contrôlés conceptuel (28) :
par les coentrepreneurs et qui ne représentent pas des obliga- • « un actif est une ressource contrôlée par l’entreprise du fait
tions pour eux. Le projet de norme ajoute qu’il s’agit des actifs d’événements passés et dont des avantages économiques futurs
et des passifs du partenariat qui ne constituent ni une activité sont attendus par l’entreprise »,
commune ni un actif commun pour les coentrepreneurs.
• « un passif est une obligation actuelle de l’entreprise résultant
Par rapport à l’IAS 31, on peut relever une différence concernant d’événements passés et dont l’extinction devrait se traduire pour
la forme juridique d’une coentreprise. En effet, pour la norme l’entreprise par une sortie de ressources représentatives d’avan-
actuelle, l’existence d’une coentreprise implique la création tages économiques ».
d’une société ou d’une autre entité dans laquelle chaque coen-
L’IASB en déduit que « les montants comptabilisés ne constituent
trepreneur détient une participation. L’ED 9 est plus nuancé :
pas une représentation fidèle des actifs et des passifs de l’entité » (29).
« La coentreprise suppose souvent la constitution d’une entité juri-
dique, telle qu’une société par actions » (22). La caractéristique Cette méthode pourrait même induire en erreur le lecteur des
essentielle d’une coentreprise est qu’elle « contrôle des actifs, états financiers. Un exemple est trouvé dans les postes de tréso-
assume des passifs et des charges et réalise des produits » (23). rerie. Un coentrepreneur comptabilise des soldes de trésorerie
(limités à sa quote-part), mais il n’a pas la possibilité de les utili-
De plus, le projet précise les pouvoirs et responsabilités des
ser sans l’accord des autres partenaires.
coentrepreneurs (24) :
• « aucun des deux coentrepreneurs ne contrôle les actifs pris isolé- Primauté de la réalité économique
ment ni n’a l’obligation d’assumer les passifs et charges de la coen-
L’IASB reproche également à l’IAS 31 de mettre l’accent sur la
treprise »,
forme du partenariat. La comptabilisation des participations
• « en revanche, ils dirigent ensemble ses politiques financières et dans des partenariats selon la norme actuelle est différente selon
opérationnelles et chacun a droit à une quote-part du résultat qu’une entité juridique est constituée ou non. Or, une entrepri-
généré par ses activités ». se pourrait transférer un actif qui lui appartient à une entité
qu’elle contrôle. Cette technique lui permet de limiter sa res- 35
PRÉSENTATION DES ÉTATS FINANCIERS ponsabilité à l’égard de cet actif grâce à une structure juridique.
Consolidation des coentreprises Inversement, « l’entité propriétaire pourrait également renverser
Dans le cas d’une “activité commune” et d’un “actif commun”, les effets de cette structure juridique au moyen de garanties ou
la méthode de comptabilisation préconisée par l’IAS 31 n’est d’une clause d’exonération » (30).
pas modifiée. Par contre, dans le cas spécifique de la “coentre- L’IASB s’est efforcé de préciser le contenu de chacune des caté-
prise”, un changement de méthode est prévu. L’intégration pro- gories de partenariat, et de réserver l’appellation “coentreprise”
portionnelle est supprimée et est remplacée par la mise en équi- aux situations de contrôle conjoint. La définition proposée pour
valence. un partenariat (qui correspond à l’ensemble des formules visées)
La méthode de mise en équivalence qui était la méthode alter- retient le critère du partage des décisions entre tous les parte-
native dans l’IAS 31 devient la seule méthode autorisée. Le pro- naires, plutôt que celui du contrôle conjoint. En effet, le contrô-
jet ne traite pas directement de cette méthode, mais il renvoie le est défini dans l’IAS 27 Etats financiers consolidés et indivi-
à l’IAS 28 Participations dans des entreprises associées. duels par référence au pouvoir sur les politiques financières et
opérationnelles de l’entité. Or, cette définition du contrôle s’ap-
En outre, l’ED 9 souligne (25) que dans le cas où la participation
plique mal à un actif ou à une activité, étant donné qu’il semble
dans une coentreprise devient nulle, le coentrepreneur doit
rare que des partenaires définissent des politiques financières et
continuer à comptabiliser les pertes supplémentaires, et par
opérationnelles pour une activité commune ou un actif com-
conséquent un passif, sous forme d’une provision. Cette
mun (31).
contrainte existe dès lors qu’il a des obligations juridiques ou
implicites ou qu’il a effectué des paiements au nom de la coen-
treprise (26).
Par ailleurs, en cas de perte du contrôle conjoint, la méthode 21. Ibid.
applicable à la coentreprise ne s’applique plus. Cependant, la 22. ED 9, §17.
mise en équivalence peut être maintenue si l’entité conserve 23. Ibid.
une influence notable. Si la consolidation n’a plus lieu d’être
24. ED 9, §19.
(perte de contrôle conjoint et absence d’influence notable), la
participation restante doit être comptabilisée à sa juste valeur, 25. ED 9, §26.
avec imputation au résultat de la différence par rapport à la 26. IAS 28, Participations dans des entreprises associées, §30.
valeur comptable (27). 27. ED 9 §30.
28. IASB, Cadre conceptuel, §49.
Respect des définitions du cadre conceptuel
29. ED 9, BC 8.
Lorsqu’un coentrepreneur exerce un contrôle conjoint, il parta-
ge le contrôle des activités d’une entité, mais il ne contrôle pas 30. ED 9, BC 6.
chaque actif et il n’est pas tenu à une obligation actuelle pour 31. ED 9 BC 17.
En outre, l’IASB établit une analogie entre l’entreprise associée Ainsi, une entité doit indiquer, séparément du montant des
et la coentreprise. Elles correspondent toutes deux à des partici- autres engagements, le montant global des engagements sui-
pations que l’entité ne contrôle pas, mais dont elle a le pouvoir vants :
d’influencer les décisions stratégiques (32). • tout engagement en capital pris par elle au titre de ses parti-
cipations dans des partenariats,
INFORMATIONS À FOURNIR
• sa quote-part des engagements en capital pris conjointement
Les informations complémentaires à fournir sur les participations
avec ses partenaires.
dans des coentreprises devraient, a priori, correspondre à celles
qu’impose l’IAS 28 pour les entreprises associées. Par ailleurs, on peut relever deux types d’informations spéci-
fiques (39) :
Il s’agit notamment (33)
:
• « la nature et l’étendue de toute restriction importante (résultant
• de la juste valeur des participations dans des entreprises asso-
par exemple de toute convention d’emprunt ou de la réglementa-
ciées pour lesquelles il existe des prix cotés publiés,
tion) de la capacité des coentreprises de transférer des fonds au
• des informations financières résumées des entreprises asso- coentrepreneur sous forme de dividendes en trésorerie ou de rem-
ciées, comprenant les montants agrégés des actifs, passifs, du boursement de prêts ou d’avances » (la norme actuelle donnant
chiffre d’affaires et du résultat. la possibilité d’écarter le contrôle conjoint « lorsqu’une entrepri-
Cependant, le projet prévoit aussi le cas des participations dans se est soumise à des restrictions sévères et durables qui limitent de
des coentreprises importantes (34), comme le fait la norme actuel- façon importante sa capacité de transférer des fonds au coentre-
le (35) : preneur » (40)),
• nécessité de fournir une liste descriptive des participations • « la quote-part non comptabilisée des pertes de la coentreprise,
dans des coentreprises importantes, en précisant la part de capi- tant pour l’exercice qu’au cumul, lorsque le coentrepreneur a cessé
tal détenue, de comptabiliser sa quote-part des pertes de la coentreprise ».