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hiérarchie sociale.

Aujourd'hui, il apparaît plus démocratique dans sa répartition entre les descendants mais
plus inégalitaire entre les membres d'une société.

2/ Du particulier au patrimoine collectif, la construction du patrimoine des Etats

Les institutions ont théorisés la notion de patrimoine au sens de bien collectif.

A L'EPOQUE MÉDIÉVALE ET MODERNE


– EGLISE : Patrimoine de Saint Pierre, fausse donation de Constantin au pape Sylvestre par Lorenzo Valla,
1440. Les papes ont cherché à justifier légalement l'existence d'un patrimoine attaché perpétuellement
à l'institution.
– ETAT : « Les deux corps du roi » : un corps physique et mortel, et un autre politique et immortel
symbolisant la transcendance du royaume selon Ernst Kantorowicz (histoire médiévale et philosophie
politique) Ex : « Le roi est mort, vive le roi » (Louis XII, 1515)
– ARISTOCRATIE : Les cabinets de curiosités se développent avec les Grandes découvertes européennes,
c'est l'essor de la notion de bien exceptionnels, un patrimoine préservé par une élite (objets d'art et de
pouvoir)
Ex : Têtes maoris (1ère prélevée par l'expédition de James Cook en 1770). Aujourd'hui, les têtes
humaines ne sont finalement plus considérés comme des biens culturels par les autorités publiques
(une tête du muséum d'Histoire naturelle de Rouen, objet d'un don particulier en 1875, a été
restituée et inhumée en Nouvelle Zélande en 2011)
– MARCHÉ : La notion de patrimoine est associée à celle de pillage et du marché. La règle des tiers est
issue des fouilles dans l'Empire ottoman (un tiers de la valeur des découverte revient au propriétaire de
la terre, un autre à l’État et le dernier au découvreur et à son mécène), règle valable jusqu'en 1884.

A L'ÉPOQUE CONTEMPORAINE : L’État prend un rôle moteur dans la définition et la gestion du patrimoine
collectif.
– 1790 : L'inventaire des biens du Clergé (bâtiments et œuvres d'art), la création du Musée du Louvre
(tout comme celle du Bristish Museum et du Prado) et celle du Conservatoire national des Arts et
métiers est décidée par l'Etat. Cette évolution est liée à un sentiment d'urgence, à une prise de
conscience de la perte de biens communs lors des destructions liées à la Révolution.
– 1837 : Le patrimoine est un « monument historique » selon Guizot (homme politique conservateur et
historien), définition valable jusqu'au XX siècle.
– 1860 : pillage du Jardin d'été des empereur chinois par les troupes françaises et britanniques
(https://www.arte.tv/fr/videos/086127-004-A/quand-l-histoire-fait-dates/) Dans le cadre de la seconde
vague de la colonisation, le goût pour les curiosités et la politique d'asservissement culturel se mêlent
sous la forme du pillage des biens autochtones.
Patrimoine = identité = outil de pouvoir et de domination

Suite à la Seconde guerre mondiale, on assiste à un élargissement de la définition du patrimoine et à


accroissement des attentes sociales.
– 1964 : La création de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France a
pour objectif le recensement général « des biens qui présentent un intérêt culturel ou scientifique »
défendu par André Malraux. Il s'agit de recenser et de faire connaître les « ouvrages typiques » d'un
territoire plutôt que de préserver. Pour autant, on assiste à un élargissement de la notion vers le « petit
patrimoine », voire les « nouveaux patrimoines », pour la prise en compte des caractéristiques d'un
territoire (conscience de la population). La conception du patrimoine bascule de l'histoire de l'art
traditionnel vers l'ethnologie.
– 1970 : On assiste au développement des associations pour préserver le patrimoine industriel en
déshérence avec la désindustrialisation.

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– 1980 : « Année du patrimoine », marquant le début du « tout patrimoine » (Guillaume)

>> Face aux périls de la destruction, L’État révolutionnaire puis celui de la Libération transfèrent cette notion
de patrimoine du bien privé au bien national car le patrimoine devient un marqueur important d'une identité
collective dont la valeur mérite d´être transmise aux générations futures. Les traces du passé acquièrent une
vocation édifiante mais aussi marchande.

3/ La patrimonialisation en questions

Selon Jean Davallon, le processus de patrimonialisation, c'est à dire une procédure d'appropriation
d'une valeur patrimoniale à un objet qui a perdu sa valeur d'usage (Jean Michel Leniaud), se constitue en 5
étapes ou « gestes » :
1. Intérêt porté à l'objet par un collectif ou un groupe social plus ou moins large, plus ou moins organisé,
se traduisant par la reconnaissance d'une « valeur » de l'objet, c'est la « trouvaille » selon J. Davallon.
2. Production du savoir sur l'objet et son mode d'origine.
3. Déclaration du statut de patrimoine (de l'énonciation à l'acte juridique) entraînant trois obligations : la
conservation, la mise à disposition pour le collectif et la transmission aux générations futures.
4. Accès du collectif à l'objet patrimonial dans un cadre où la mise à disposition du patrimoine a pour
objectif de faire revivre le moment de la « trouvaille » par un rituel (muséographie).
5. Transmission aux générations futures qui instaure une continuité dans le temps depuis le présent,
entre le passé et le futur.

Des critiques s'érigent contre la « prolifération », « l'inflation », « l'obsession » patrimoniale :


– Marc Guillaume, économiste : l'accumulation patrimoniale est un substitut partiel, une quête sans fin
de la recherche d'un lien entre le monde visible et la présence de l'invisible dans nos sociétés (sociétés
industrielles), assumée avant par la sépulture (sociétés traditionnelles). La patrimonialisation montre la
désymbolisation de notre société.
– Henri Pierre Jeudy, « Mémoires du social », 1986 : Il parle d' « une pulsion collective muséophile », la
patrimoine crée l'illusion d'une identité unique et intemporelle au détriment de sa diversité et de ses
variations.
– Pierre Nora : Il oppose l'histoire et le patrimoine (associé aux mémoires et aux identités) car le
patrimoine entretien une relation passionnelle au passé alors que l'histoire en a une approche
problématisée.
– François Hartog : Il interprète la patrimonialisation comme un trait du « présentisme des sociétés »
actuelles, le patrimoine est vue au travers des passions, des tensions sociales et non pas pour sa valeur
intrinsèque > c'est l'intérêt du patrimoine selon David Lowenthal
– Françoise Choay : critique de la « consommation patrimoniale » transformant les monuments en
« produits culturels » au détriment de leur « compétences d'édifier ».

Par conséquent, la patrimonialisation accentue les tensions :


- entre ses acteurs : entre spécialistes des monuments historiques et des musées traditionnels et les
défenseurs / les militants des nouveaux patrimoines dans les années 1970 par exemple.
- sur ses usages : question de la vénalité de l’État (le patrimoine découvert est versé au trésor national
permettant de soutenir l'économie nationale - capacité à emprunter à des taux bas, tourisme - sous forme
d'un placement particulièrement rentable). Ex : France, Arabie Saoudite, EAU (le Louvre Abu-Dhabi)

II. Le patrimoine mondial de l'UNESCO, un patrimoine universel ?

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