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La cicatrisation cutanée est l’un des points clés du pronostic d’un patient brûlé.

Tant qu’elle

n’est pas engagée, elle menace le pronostic vital du patient (risque infectieux), et une fois

débutée, son évolution peut engendrer un handicap du fait de séquelles fonctionnelles et/ou

esthétiques, qu’elle soit spontanée ou post-greffe Du fait de son action contre la

formation des cicatrisations pathologiques, le masseur-kinésithérapeute tient ainsi un rôle

central dans la rééducation et réadaptation des patients victimes de brûlures *hadi bghya nzidoha f
introduction *

Objectifs
- Anticiper et prévenir les séquelles
- Surveiller et encadrer l’évolution cicatricielle
- Surveiller et contenir l’inflammation et l’œdème
- Lutter contre l’hypertrophie
- Lutter contre les rétractions
- Lutter contre les adhérences
- Limiter l’enraidissement lié à l’immobilité et la sous-utilisassion
- Retrouver de la mobilité et des amplitudes fonctionnelles
- Améliorer l’état général (force et endurance)
- Améliorer le confort du patient (installation, lutte contre la douleur, la sécheresse et
le prurit
Principes
La rééducation doit être précoce afin de prévenir et limiter les séquelles. Elle doit tenir
compte de l’âge du patient, de sa fatigabilité, des douleurs, de la localisation des brûlures et
de leur gravité (profondeur, surface, traitement chirurgical…). Il faudra éviter les
mobilisations itératives et l’échauffement cutané, favorisant l’inflammation. Le thérapeute
devra rester à l’écoute du patient et travailler avec toute l’équipe pluridisciplinaire
Traitement kinésithérapique
Installation
Au lit : elle a pour objectifs de prévenir les troubles liés au débitus dorsal et de lutter contre
l’apparition et/ou l’évolution des séquelles cutanées (rétractions, déformations…). Elle va
donc lutter contre les attitudes vicieuses antalgiques et l’œdème
L’attitude en croix  : préconisée en phase de réanimation : avec extension du cou, pieds
à angle droit, extension des genoux et des hanches en légère abduction, mains et poignets
brûlés dans une grande orthèse statique, coudes en extension-supination et abduction des
épaules
es coudes sont positionnés au maximum de l’extension possible et en position neutre car la
supination est douloureuse. Les épaules sont en légère abduction. La confection de mousses
pour positionner les membres supérieurs à donc été réalisée. Elles placent les bras en
déclive pour drainer l’œdème et ont été évidées au niveau des coudes pour éviter l’appui,
qui générait des douleurs.
La position neutre des bras (pouce au zenith) et la rotation externe d’épaule va lutter contre
l’attitude vicieuse d’enroulement des épaules et les rétractions antérieures. L’ouverture des
épaules va permettre de lutter contre les brides axillaire
Au fauteuil : des mousses ont été confectionnées et placées sur les accoudoirs pour limiter
l’appui dur sur les coudes et améliorer le confort du patient. Des bandes biflex doivent être
mise en place pour favoriser le retour veineux
Appareillage
 Compression :
Elle va permettre de lutter contre l’inflammation, l’œdème et l’hypertrophie . En effet,
elle va permettre une hypoxie locale et va ainsi contenir l’inflammation. Le meilleur retour
veineux, assuré par la compression, va permettre de réduire l’œdème. La contention des
tissus cicatriciels par aplatissement va lutter contre l’hypertrophie. La compression pourrait
avoir une action sur les myofibrolastes en diminuant leur synthèse et en ayant une action de
réorganisation des fibres de collagène, permettant d’agir sur les phénomènes de rétractions
Le kinésithérapeute vérifie les compressifs, les mets en place parfois et surveille l’évolution
cicatricielle (lésions cutanées éventuelles). Il devra être vigilent à la coloration des
extrémités (doigts et pieds
 Montres :
Les montres sont des dispositifs de modelage
dermique graduel (DMDG) (Guillot 2010) créées et
mises en place au centre Romans Ferrari. Ce sont des
petites empreintes en forme de haricot. Ces
dispositifs augmentent la pression et génèrent des
pressions tangentielles et verticales. Cela va
permettre de réharmoniser les tensions cutanées et
favorise à distance la croissance cicatricielle (9). Les
montres sont en relief de silicone et sont appliquées
transversalement par rapport à la zone de tension. Le médecin réalise un dessin grâce à des
tampons sur la zone cutanée à traiter, l’appareilleur les fabrique et le kinésithérapeute les
positionne et surveille leur action (marquage et plaies éventuelles). Elles se placent sous les
vêtements compressifs, dans la mesure du possible, et sous le masque au niveau du visage.
Les douleurs d’Adrien lors de l’habillage des vêtements compressifs empêchent souvent
l’application des montres sous les vêtements. Une adaptation est donc nécessaire et les
montres sont posées par-dessus les compressifs au niveau des bras lors du début de la prise
en charge. Progressivement, les montres seront positionnées sous les compressifs. Elles
doivent, comme les compressifs, être idéalement portées en permanence
 attelles :
Une demande de réalisation d’attelles a été effectuée mais sera mise en place après
la fin de ma prise en charge. Elles permettront de lutter contre les déformations et les
rétractions.
Elles permettront la mise en tension maximale de la peau et vont suppléer les postures
manuelles réalisées en kinésithérapie
Mobilisation passive
Les mobilisations passives sont effectuées lentement et en respectant la douleur du patient.
Lors des premières séances, les mobilisations sont réalisées en actif-aidé, en raison des
fortes douleurs. En effet, l’actif-aidé engendrera moins de douleur et permettra donc d’aller
plus loin dans les amplitudes.
Progressivement, les douleurs diminuent, il arrive à se relâcher au cours des
séances. Les mobilisations peuvent alors être réalisées en passif, avec de plus grandes
amplitudes.
Les mouvements sont lents pour éviter de stimuler le phénomène de rétraction. En effet, les
mobilisations rapides et répétées stimulent la différenciation des fibroblastes en
myofibroblastes. Ces derniers ont des propriétés contractiles, conduisant à un effondrement
de la cicatrice sur elle-même, engendrant des rétractions.
Les limitations d’amplitude peuvent être dues à une perte d’élasticité de la peau et des
glissements tégumentaires entre eux, mais également à l’alitement prolongé, avec une
absence de mouvement. Les mobilisations vont permettre de maintenir les amplitudes
articulaires, d’assurer le glissement des différents plans entre eux (cutané, aponévrotique,
osseux…) et de lutter contre l’ankylose.

Lors des mobilisations, il faut faire attention à nos prises, celles-ci ne doivent pas être
douloureuses. Il faudra donc éviter l’appui au niveau des coudes ou de toute autre séquelle
cutanée douloureuse (plaie, phlyctène…) et être à l’écoute du patient. Nos mains seront tout
de même posées sur des zones brûlées et le lavage des mains ainsi que leur désinfection
sera un acte à réaliser méticuleusement.
Posture
Les postures réalisées ont pour but de restaurer un crédit de longueur de peau au placard
cicatriciel et de lutter contre les rétractions du cou, du dos et des deux membres supérieurs.
En effet, un nouveau derme cherche à se reconstruire. Les fibroblastes se différencient en
myofibroblastes, possédant des capacités contractiles. Ainsi, par contraction, un
rapprochement des berges s’opère et conduit à des rétractions cutanées. La mise en
capacité cutanée maximale (CCM) (3) entraine une ischémie de la peau, qui, étant trop
tendue, comprime les capillaires sous-jacents. L’hypoxie des myofibroblastes ainsi réalisée
limite le phénomène de rétraction.
Les postures sont réalisées par le biais de postures manuelles mise en place par le
kinésithérapeute et par les appareillages, qui immobilisent le patient dans une position
déterminée
Les postures manuelles :
Principes : (3)
- Les postures doivent être maintenues 15 à 20 minutes.
- Elles doivent être lentes et progressives.
- Elles doivent respecter la tolérance du patient.
- La couleur des extrémités et la sensation de fourmillement doivent être contrôlées.
- Les prises ne doivent pas être douloureuses (attention aux coudes pour Adrien).
- La posture doit respecter la biomécanique sous-jacente (articulations etc…).
- Lors de la mise en tension cutanée, la limite entre coloration et décoloration de la
peau doit être respectée
Réalisation :
Avec un contrôle visuel, sur peau visible (sans pansements) : Le kinésithérapeute place la ou
les articulations de façon à atteindre progressivement l’étirement cutané maximal. Il veille
donc à obtenir un début de blanchiment de la peau qui doit s’estomper rapidement malgré
le maintien de la posture. En effet, le blanchiment total ne doit pas être atteint car il
traduirait une ischémie locale trop importante. Lors de la levée de cette dernière, un afflux
sanguin naîtrait et augmenterait ainsi l’inflammation. Progressivement, le kinésithérapeute
cherche à gagner en amplitude lorsque le patient se détend, que la peau s’assouplit et que
les résistances cutanées cèdent.
Sans contrôle visuel, sous pansements ou compressifs : la posture est guidée par le ressenti
du kinésithérapeute et du patient. Le kinésithérapeute se réfère aux sensations perçues
entre ses mains (relâchement, baisse de tension…) et demande au patient son ressenti au
sujet de l’étirement imposé. C’est pourquoi la sédation du patient peut être un inconvénient
à la prise en charge.
Massage
Les massages réalisés pour Adrien cherchent à être antalgiques, à améliorer la qualité de la
peau (souplesse et mobilité) et à diminuer les adhérences ().
Principes :
- Les massages doivent être lents et sans frottements pour ne pas créer
d’échauffement local.
- Pas de mouvements itératifs qui stimuleraient la contraction des myofibroastes et
donc les rétractions (phénomène de défense de la peau face à une agression). Il faut
donc changer en permanence de zone sur la peau.
- Les massages ne peuvent être effectués si le test de vitropression un inférieur à 2
secondes (8).
- Pas d’échauffement local (hyperthermie) qui favoriserait l’inflammation
Pressions statiques type tampons buvard
Des manœuvres statiques étagées, en tampon buvard, sont réalisées au niveau du dos, des
avant-bras et des faces dorsales des mains du patient.
Outre leur effet drainant, elles permettent de prendre contact avec le patient mais
également d’améliorer sa sensibilité par le tact et donc d’apprivoiser sa nouvelle enveloppe
corporelle
Drainage manuel
Le drainage va permettre de lutter contre l’œdème lié à l’inflammation . Les manœuvres sont
lentes, dans le sens de
circulation de la lymphe et sont réalisées essentiellement en résorption. En effet, des études
ont montré l’importance d’insister sur les manœuvres de résorption plutôt que d’appel. Le
but de ce drainage est de débarrasser le corps de ses toxines et ainsi de lutter contre
l’inflammation et l’œdème qui en résulte

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