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Intro - L'Avènement de La Vème
Intro - L'Avènement de La Vème
- La République est une forme d’organisation de l’exercice politique qui a un fondement populaire
se manifestant par l’élection des détenteurs du pouvoir politique. Or, l’article 1 de notre constitution
consacre la nature républicaine de notre régime et en précise les caractéristiques.
Il est important de comprendre que la Vème République est née en réaction à la IVème Rép et à son échec.
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A. La constatation de cette faillite
Cette faillite se caractérise par 3 choses : d’abord, l’instabilité ministérielle ; ensuite, la délégation
des pouvoirs de l’assemblée au gouvernement ; enfin, par ce qu’il est convenu d’appeler le paradoxe
institutionnel.
1. : La IVème République s’est caractérisée en effet par une très grande instabilité ministérielle :
24 gouvernements se succédèrent en 12 ans (moyenne de vie : 6 mois d’existence). Ministres et députés
étaient incapables de s’entendre ; ainsi, les gouvernements démissionnaient d’eux-mêmes ou étaient
renversés par une assemblée nationale qui leur était hostile.
2. : Incapable d’exercer ses fonctions en raison des nombreux clivages politiques en son sein,
l’assemblée nationale se voyait obligée de déléguer une partie de ses pouvoirs ou compétences législatives
aux différents gouvernements. C’est ce que l’on a appelé la pratique des “décrets-lois” (ancêtres des
actuelles “ordonnances”). Cette pratique a été héritée de la IIIème rép et bien qu’interdite par la
Constitution de 1946, elle s’est qd même imposée... // Pratique contra legem ; // Nécessité fait parfois loi…
T : Constater l’échec de la IVème République ne suffit pas ; encore faut-il maintenant pouvoir
l’expliquer.
Un régime juridique très strict s’appliquait au droit de dissolution sous la IVème Rép. Lorsqu’ils
adoptaient une motion de censure, les députés ne se sentaient pas freinés par la menace d’une dissolution,
puisque aucune ne pouvait survenir dans les 18 premiers mois de la législature, et passé ce délai, ils ne la
craignaient guère dans la mesure où ils contrôlaient ces conditions de mise en œuvre. (2 gvts devaient être
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renversés à la majorité absolue dans une période de 18 mois.) (Exception, une seule fois la disso° aboutit :
sous le gvt d’E. Faure le 2 déc. 1955). La raison constitutionnelle de cette faillite résidait dans un
déséquilibre institutionnel évident. La dissolution ne pouvait contrer la motion de censure. = Prv Ex
inférieur au Prv Leg.
Le contexte politique était en effet défavorable au bon fonctionnement d’un régime parlementaire.
En effet, l’environnement politique idéal d’un régime de collaboration de pouvoirs est le phénomène
majoritaire. Celui-ci peut être défini comme la présence d’une majorité politique à l’assemblée
nationale issue des élections, dont les leaders occupent les fonctions au sein de l’exécutif. (Phéno.
majo. encore appelé phénomène de coïncidence des majorités.) // Situation actuelle F : LRM majo à
l’AN et ses leaders occupent les pcpales fcts au sein du gvt. Or, dans un contexte de multipartisme tel celui
de la IVème République, cette majorité parlementaire ne pouvait résulter des élections parce que le mode de
scrutin adopté, la représentation proportionnelle, était favorable à l’émergence de petits et nombreux partis
politiques. Dans un tel contexte, les majorités parlementaires ou les coalitions ne pouvaient se réaliser que
postérieurement aux élections et comme elles étaient essentiellement circonstancielles, elles étaient par
nature fragiles et éphémères.
Alors que la guerre d’Algérie a éclaté le 1er novembre 1954 dans les Aurès, de graves émeutes ont
lieu en mai 1958. Le Général de Gaulle, resté silencieux depuis l’avènement de la IVème République, est
alors appelé par les autorités politiques de l’époque pour rétablir l’ordre. Cependant, il conditionne son
retour à l’adoption d’une nouvelle constitution.
Ces événements s’inscrivent pdt la décolonisation. Juillet 1957 marque la fin de la guerre
d’Indochine ; depuis 1956, la Tunisie et le Maroc ont conquis leur indépendance. L’Algérie revendique,
dans ce contexte, son autonomie. A partir de 1954, le F.L.N. (Front de Libération Nationale) mène des
actions meurtrières contre les Français d’Algérie, pour obtenir par la violence ce qu’il ne parvenait pas à
avoir par la négociation. La solution au pb est difficile à trouver car le pouvoir politique métropolitain est
en désaccord sur la politique à adopter. En février 1958, on en est à la 22ème crise ministérielle ! P.
Pflimlin, alors nommé Président du Conseil (=chef du gvt), propose un nouveau statut pour l’indépendance
de l’Algérie. Le 13 mai 1958 éclatent de violentes émeutes à Alger pour lutter contre cette décision jugée
trop libérale. Le Général Massu constitue alors un comité de salut public qui s’empare aussitôt de
l’administration française en Algérie. C’est dans ce contexte que De Gaulle est appelé à revenir au pouvoir.
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B. Le retour au pouvoir du Général de Gaulle
Le 15 mai 1958, le Général de Gaulle finira par indiquer qu’il “se tient prêt à assumer les pouvoirs
de la République”, ce qu’il confirme dans une conférence de presse le 19. Il reste cependant attaché à ne
revenir au pouvoir que légalement. Des négociations sont entreprises entre le gouvernement, diverses
personnalités politiques, le Président de la République (R. Coty) et De Gaulle. Après un ultime entretien
avec P. Pflimlin, De Gaulle publie le 27 mai un communiqué par lequel il affirme qu’il a “entamé hier le
processus régulier nécessaire à l’établissement d’un Gouvernement républicain.”
Le 28 mai, le gouvernement Pflimlin démissionne et R. Coty fait alors appel “au plus illustre des
Français”, menaçant de démissionner à son tour si De Gaulle n’est pas investi par l’A.N. La France est au
bord de la guerre civile.
De Gaulle constitue alors un gouvernement d’Union nationale où sont représentés les grands partis
politiques de l’époque. Ce gouvernement est investi le 1er juin par l’Assemblée nationale (329 voix contre
224).
Il obtient le 3 juin suivant de la part de l’AN le vote de deux lois : l’une l’autorisant à exercer les
pleins pouvoirs pour 6 mois ; l’autre l’autorisant à préparer une nouvelle constitution. Un nouveau régime
politique allait naître.
RAPPEL :
Le pouvoir constituant originaire ou initial :
Il s’applique en principe à la suite de la création d’un Etat, ou d’un coup d’Etat.
Le pouvoir constituant dérivé ou institué :
Celui-ci s’applique dans l’hypothèse de la révision constitutionnelle (partielle ou totale).
Le pouvoir constituant originaire était inadapté à la situation politique de mai 1958 (ni création d’un Etat, ni
coup d’Etat). Le pouvoir constituant dérivé, tel qu’il était prévu à l’article 90 de la constitution du 27
octobre 1946, était impossible à mettre en œuvre. En effet, la procédure de révision de la constitution était
extrêmement lourde et complexe, et le temps manquant, il fallait pouvoir agir vite. “Nécessité faisant loi”,
une procédure originale fut retenue.
Par la loi du 3 juin 1958, De Gaulle a obtenu de l’assemblée le pouvoir d’élaborer une nouvelle
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constitution. Cependant, cette loi n’a pas correspondu à une délégation totale et absolue puisqu’elle a fixé la
procédure à suivre pour élaborer la nouvelle constitution ainsi que les principes essentiels à respecter.
De Gaulle obtint la possibilité de réviser la constitution, mais selon une procédure toute différente de
celle initialement prévue à l’article 90 de la constitution de 1946 ou de celle d’une assemblée constituante.
- En effet, le gouvernement, présidé par De Gaulle, fut chargé d’élaborer un avant projet de
constitution.
- Cet avant-projet allait ensuite être soumis à l’examen du Comité Consultatif Constitutionnel
(C.C.C). qui y apporta quelques modifications et à l’avis du Conseil d’Etat (ici conseiller
juridique du gouvernement).
- Enfin, le peuple, à qui le projet définitif fut présenté par Charles de Gaulle le 4 septembre 1958,
devait approuver la nouvelle constitution lors du référendum du 28 septembre 1958 par 80% des
suffrages exprimés.
Les conditions relatives au régime qui devait être celui de la Vème République imposaient que le
régime soit démocratique, seul le suffrage universel pouvant être la source du pouvoir, et qu’il s’agisse
d’un régime parlementaire. En effet, la loi constitutionnelle du 3 juin 1958 exigeait que les pouvoirs
exécutif et législatif soient effectivement séparés et que le gouvernement soit responsable devant le
parlement, éléments qui fixent entre tous les bases du parlementarisme.
De Gaulle n’a donc pas eu véritablement le choix de la formule du régime politique. Il ne pouvait
mettre en place qu’un régime parlementaire. Cependant, il fallait désormais arriver à faire fonctionner ce
régime, alors que les IIIème et IVème Républiques avaient échoué.
La solution au problème a été trouvée grâce à la rationalisation du régime (rappel déf. de P.Pactet :
“Le rég. parlementaire rationalisé est donc celui qui organise de manière minutieuse et détaillée les
rapports du gvt et des ass.”), imposée par le second grand inspirateur de la constitution F après DG, Michel
DEBRE.
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réglementation plus stricte de la motion de censure (art. 49.2).
T : La rationalisation du régime a aussi porté sur l’instauration d’institutions arbitrales permettant
d’éviter ou de résoudre les conflits survenant entre gouvernement et parlement.
T : La rationalisation a enfin porté sur une nouvelle répartition des fonctions entre l’exécutif et le
législatif.
CP : Ainsi, l’influence de M. DEBRE (passionné de droit) et Ch. de GAULLE sur le texte
constitutionnel de 1958 est loin d’être négligeable.
Le premier était un partisan résolu d’un régime parlementaire rénové. Cf son discours prononcé devant le
Conseil d’Etat le 27 août 1958 : “ (…) Pas de régime conventionnel, pas de régime présidentiel : la voie
devant nous est étroite, c’est celle du régime parlementaire. A la confusion des pouvoirs dans une seule
assemblée, à la stricte séparation des pouvoirs avec priorité au Chef de l’Etat, il convient de préférer la
collaboration des pouvoirs. Un chef de l’Etat et un Parlement séparés, encadrant un Gouvernement issu du
premier et responsable devant le second, entre eux un partage des attributions donnant à chacun une égale
importance dans la marche de l’Etat et assurant les moyens de résoudre les conflits qui sont, dans tout
système démocratique, la rançon de la liberté.”
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Le second, converti au parlementarisme plus par raison que par conviction, était soucieux avant tout de la
place de l’exécutif et en particulier du Chef de l’Etat (Cf. sa déclaration in art. de JP Rioux, LM du 27-28
sept 98, dernière colonne ; +Cf. son discours de Bayeux du 16 juin 1946 ; +Cf. LM du 5-6 mai 2002 p 15).
Ils durent, tous deux, parvenir à rédiger une constitution répondant aux caractéristiques contenues dans la
loi du 3 juin 1958, mais aussi à l’impératif essentiel de stabilité. Conciliation de 2 impératifs : l’un posé par
la loi du 3 juin 1958 ; l’autre exigé par DG et Debré.
Le 4 octobre 1958, R. Coty promulguait la constitution : la Vème République était née. Jusqu’à
aujourd’hui (car on ne peut préjuger de rien), les buts vers lesquels ont tendu ces inspirateurs en
rationalisant le régime ont été, dans une large mesure, atteints.
En effet, la rationalisation d’un régime politique a en principe pour objectif, d’une part d’assurer
son efficacité, (Titre I) et d’autre part d’en conserver sa stabilité (Titre II). Nous nous attacherons, à
travers notre étude sur la Vème, à apporter la preuve de ces deux éléments.